Bangui - AFP / 02 novembre 2018 14h21 - La France va accorder à la Centrafrique une aide de 24 millions d'euros et livrer des armes à ce pays en proie à la violence et à l'instabilité, a annoncé vendredi à Bangui le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
"La France souhaite continuer son partenariat historique avec la République centrafricaine", a déclaré M. Le Drian au cours d'une conférence de presse à Bangui après avoir rencontré le président Faustin-Archange Touadéra.
Dans cet esprit, M. Le Drian a signé des conventions d'aide de 24 millions d'euros en 2018 pour contribuer notamment à des paiements d'arriérés de salaires et de retraites, développer les territoires proches du Cameroun touchés par d'importants déplacements de populations et installer des ponts afin de désenclaver plusieurs régions.
Le chef de la diplomatie française a également annoncé que Paris allait "bientôt livrer des armes" à Bangui, en l'occurrence 1.400 fusils d'assaut destinés à équiper les Forces armées centrafricaines (Faca).
"Nous le faisons dans le cadre strict, respectueux et transparent des Nations unies, dans une transparence totale, à la fois sur l'origine, sur l'acheminement, et sur la livraison", a affirmé M. Le Drian. Il serait selon lui "absurde de former des militaires et de ne pas leur donner, à la suite, les moyens d'assurer leurs fonctions".
Interrogé par l'AFP et Radio France internationale (RFI), le ministre centrafricain des Affaires étrangères, Charles Armel Doubane, a estimé qu'il "était temps que la France se décide à mettre à disposition des Faca, dans le cadre effectivement strict des engagements internationaux, (...) ces fusils d'assaut, et nous nous en réjouissons".
Afin de rétablir la paix en Centrafrique, M. Le Drian a réaffirmé la position française, à savoir qu'"il n'y a pas d'alternative à l'initiative africaine de paix".
"Il faut maintenant mettre en oeuvre" et "il ne s'agit plus maintenant que de volonté politique et que d'un seul sujet, la sécurité et le bien être de la République centrafricaine", a-t-il dit. "Ceux qui ont d'autres pensées, ceux qui ont d'autres agendas devront en faire les frais", a-t-il mis en garde.
La médiation de l'Union africaine (UA) lancée en juillet 2017 et soutenue par l'ONU ainsi que par les principaux partenaires de la Centrafrique est critiquée par des diplomates et des observateurs pour sa lenteur et son manque d'efficacité.
Une médiation parallèle a été initiée par la Russie, de plus en plus présente en Centrafrique.
Depuis le début de l'année, la Russie a envoyé dans ce pays cinq officiers militaires et 170 instructeurs civils (des mercenaires selon certains experts) et livré des armes à l'armée nationale après avoir obtenu une exemption à l'embargo de l'ONU.
"La République centrafricaine n'est pas dans une situation de division manichéenne, où il y a des bons ou des méchants", a affirmé M. Doubane. "Ce qui est important pour nous, c'est quelles sont les valeurs communes que nous partageons avec les Etats, quels sont les enjeux de paix et de sécurité en Centrafrique, et comment ensemble, on peut mutualiser les moyens", a-t-il ajouté.
Depuis 2013, la quasi-totalité du territoire centrafricain vit sous la coupe de groupes armés, dans un pays de 4,5 millions d'habitants classé parmi les plus pauvres au monde mais riche en diamants, or et uranium.
A la veille de l'arrivée de M. Le Drian à Bangui, des affrontements entre groupes armés, mercredi à Batangafo, dans le nord de la Centrafrique, ont obligé "plus de 10.000 personnes" à se réfugier à l'hôpital de la ville, selon Médecins sans frontières (MSF).
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Jean-Yves Le Drian débloque des fonds et annonce une livraison d'armes à la RCA
Par RFI Publié le 02-11-2018 Modifié le 02-11-2018 à 18:23
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a entamé sa deuxième journée de visite en RCA. Il a commencé par la visite du camp de formation de l'armée des soldats centrafricains de l'EUTM, formation dispensée par les Européens et dont la France prendra la tête en 2019. Puis il a rencontré le président Faustin-Archange Touadéra à la présidence. Des conventions d'aide au développement et à l'humanitaire d'un montant de 24 millions d'euros ont été signées. Mais surtout le ministre a annoncé la livraison prochaine d'armes par la France à la Centrafrique.
C'est une annonce qui était très attendue, mais qui était à peine espérée. Les autorités françaises après de nombreuses rencontres avec le président Touadéra a décidé de s'engager dans une livraison d'arme.
Ce sont 1 400 fusils d'assaut qui seront livrés prochainement par la France à la Centrafrique. C'est ce qu'a annoncé Jean-Yves Le Drian ce matin au palais de la Renaissance. « Des éléments pour permettre aux Faca d'assurer leur mission », a expliqué le ministre français. Et ceci « dans le cadre strict respectueux et transparent des Nations unies » a-t-il précisé.
« Nous le faisons dans le cadre strict des Nations unies, dans le cadre strict du comité des sanctions et dans une transparence totale à la fois sur l'origine, sur l'acheminement et sur l'utilisation. Il serait absurde de former des militaires et de ne pas leur donner à la suite les moyens d'assurer leur fonction », a déclaré le ministre Jean-Yves Le Drian.
La Centrafrique est sous embargo des Nations unies depuis 2013. Un embargo renouvelé pour un an au mois de janvier. La France avait tenté d'effectuer une première livraison qui n'avait pas abouti. La Centrafrique s'était alors tournée vers la Russie, qui a réussi à obtenir la levée temporaire de l'embargo et mené sa première livraison en janvier 2018. Une première livraison qui a créé la polémique. Les armes fournies n'avaient pu, jusqu'à très récemment, être vérifiées.
De nouvelles livraisons d'armes faisaient partie des demandes répétées de la Centrafrique qui est en pleine reconstruction de son armée. Cette armée qui doit être redéployée en région dans l'effort de reconquête des territoires aux mains des groupes armés.
Un sujet de frustration jusqu'à présent. Le ministre des Affaires étrangères Charles-Armel Doubane se fait le porte-parole du président Touadéra : « Vous savez que c'est un sujet qui lui tient à coeur. C'est lui le garant de la paix, de la sécurité et de la stabilité en République centrafricaine. La République centrafricaine se construit. Elle construit son outil sécuritaire. Et aujourd'hui, nous travaillons à ce que la République centrafricaine reprenne ses droits régaliens. En son nom, je suis comme lui, le peuple centrafricain est content », a déclaré le chef de la diplomatie centrafricaine.
Une livraison qui doit se faire « très rapidement », a assuré le ministre français.
Jean-Yves Le Drian : "La Centrafrique n'est pas un terrain de jeu"
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Le ministre des Affaires étrangères fait le point sur la situation en Centrafrique dans un entretien réalisé par France 24 à Bangui, capitale du pays. « La situation n’est pas stabilisée », affirme Jean-Yves Le Drian, qui loue aussi « la détermination » des autorités centrafricaines. Le ministre réagit par ailleurs à la présence de la Russie dans le pays, et estime que « la Centrafrique ce n’est pas un terrain de jeu, pas un terrain de compétition ». Et il poursuit : « Le seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s’occuper de Centrafrique, c’est le bonheur et l’avenir des Centrafricains, la sécurité de ce pays, son développement. Ils n’ont pas à utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s’implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées. »