Une réunion des agents des différents services de renseignements s’est tenue le jeudi
9 septembre 2010 à Damara de 22 heures à l’aube, sous la présidence de François Bozizé,
assisté de son fils Francis Bozizé, de ses frères militaires et gendarmes, ainsi que de Joël
Moïdamsé Sinféi, le véritable coordonnateur des renseignements à la Présidence et « homme de l’ombre » de Bozizé.
Cette réunion a débattu des points suivants :
Francis
Bozizé a présenté aux
agents de renseignements les appareils miniaturisés qu’ils ont acquis pour les équiper et renforcer leur efficacité : des mini appareils enregistreurs pour enregistrer les propos des
personnes ciblées pour les enquêtes, et des appareils anti-agresseurs pour neutraliser par simple jet des personnes indésirables, sans attirer l’attention et sans bruit. Francis Bozizé que son père a chargé de tous les aspects sécuritaires du pays quand il est absent, a poursuivi sa démonstration en ajoutant que ce
dispositif est plus discret que les coups de feu avec des armes.
François Bozizé
a ensuite pris la parole pour annoncer aux agents de renseignements que
l’ex-Président Ange Félix Patassé lui a fait parvenir un message lui demandant de l’aider encore à rouvrir une action judiciaire contre
Ziguélé dans l’affaire du MLPC au niveau de la justice. François Bozizé a demandé à
tout le monde de réfléchir à l’opportunité et aux conséquences possibles de l’appui sollicité par Patassé. Rendez-vous leur a été donné à la
réunion du samedi 11 septembre pour arrêter une décision.
A la sortie de la réunion, le Capitaine Vianney Semndiro a pris de côté cinq agents de renseignements et leur a distribué 5000 francs F CFA chacun pour qu’à la réunion du samedi 11 septembre,
ils soutiennent la demande de Patassé afin que Bozizé puisse l’appuyer dans sa lutte
judiciaire contre Ziguélé qui est un vrai danger pour le régime.
François Bozizé
a ensuite demandé à Francis de
lui faire le point sur « l’opération Koudoufara », qui est la stratégie d’approche des candidats à la députation de l’opposition pour les retourner contre leur propre camp.
Francis a demandé à le faire à la réunion suivante.
Enfin, François Bozizé a
informé l’assistance que malgré les rapports mensongers d’Elie Ouéfio, maintenu ministre
résident de l’Ouham-Pendé malgré son départ du gouvernement, les informations qui lui parviennent par d’autres canaux indiquent que 90% de l’électorat de l’Ouham-Pendé est toujours favorable à
Ziguélé. L’effet Patassé n’a pas vraiment joué. Il s’est dit très déçu par cette
situation malgré d’importants moyens qu’il a mobilisés et remis à Elie Ouéfio pour le travail dans cette préfecture. Il a conclu en disant
que la seule solution maintenant est de bien réfléchir à la création d’incidents pour annuler les votes de plusieurs bureaux de vote dans cette région.
Il a continué en disant que dans les régions de l’Est, les moustiquaires imprégnées
distribuées par le ministre André Nalké Dorogo, transfuge du MLPC, et présentés aux populations comme don personnel de François Bozizé, sont un excellent moyen de campagne. Il demande que l’OMS soit mise sous pression pour en fournir le maximum possible au Ministre
André Nalké pour continuer ce travail dans d’autres préfectures, en insistant lors
des remises que ces moustiquaires imprégnées sont des dons non pas de l’OMS mais du Président Bozizé qui se soucie de leur santé.
Réunion du samedi 11 septembre 2010
La réunion du samedi 11 septembre a eu lieu a Sassara, de 22 heures à 1 heure du
matin. Elle était présidée par Francis Bozizé, son père étant en déplacement hors du pays .Il était assisté de ses frères dans l’armée et la
gendarmerie, et de Joël Moidamsé Sinféi, coordonnateur du renseignement.
Cette réunion avait pour but de recueillir l’avis des agents de renseignements sur la
suite à donner à la demande d’appui d’Ange Félix Patassé contre Martin Ziguélé dans l’affaire judiciaire du MLPC, afin de diviser et de perturber l’électorat du MLPC. Sur les 50 agents de renseignements sollicités, 35 se sont
prononcés contre toute implication du Président Bozizé dans une affaire judicaire que Patassé avait déjà perdue jusqu’à la cour de cassation. Ils ont ajouté que la manœuvre serait tellement grossière que ni la justice ni la population ne
verraient cela d’un bon œil, et que Ziguélé en serait le plus grand gagnant devant l’opinion. Par contre, 15 agents étaient pour l’aide à
apporter à Patassé.
Après des échanges nourris, la décision a été précise de ne pas donner une suite
favorable à la demande Patassé, car il n’a aucune chance de gagner un éventuel procès dans cette affaire.
En divers, le problème de la location de la villa Baba à Sica 2 pour la Direction Nationale de campagne du MLPC, dont une partie du mobilier a été saccagé par l’ex-Ministre d’Etat Gonda a été évoqué. Francis Bozizé a affirmé que c’est Henri Pouzère, en tant que coordonnateur de l’UFVN et habitant à Sica 2, qui a œuvré pour que cette villa soit louée au MLPC. Il a poursuivi en disant
qu’il faut aussi contrecarrer Jerry Baba, le bailleur, dans toutes ses actions et déterrer ses dossiers judicaires notamment l’affaire
Moov.
Un lieutenant de la Grade Présidentielle a informé l’assistance que lors des obsèques
de Simplice Moholo à Boda le week-end du 10 au 12 septembre, Ziguélé a fait le
déplacement de Boda avec trois véhicules dans sa suite, et cela signifie donc qu’il est déjà en campagne. Des mesures énergiques doivent être prises pour l’empêcher de faire une campagne
déguisée.
Réunion du samedi 18 septembre
2010
Cette réunion qui a duré de 16 h à 19h a été présidé par Francis Bozizé, en l’absence de son père en déplacement hors du pays.
La réunion s’est focalisée sur l’évaluation des opérations de déstabilisation des
partis de l’opposition démocratique. Ainsi, il a été évoqué les difficultés de la ministre Solange Ndakala à Bambari 2, rejetée par la
population locale, et de la nécessité d’envisager à partir des situations similaires, les voies et moyens d’acheter des candidats les mieux placés de l’opposition pour les retourner.
Francis Bozizé
a informé l’assistance qu’il a déjà remis de l’argent à beaucoup de personnes
contactées, mais celles-ci lui ont demandé d’être patient, afin d’éviter des réactions comme dans l’affaire de David Gbéti du RDC qui selon
lui, n’a pas été bien menée. Les soutiens de David Gbéti au sein du RDC ont été rapidement identifiés par leur Bureau Politique, et toute la
stratégie du pouvoir mise à nu. En plus, les personnes qui ont servi d’intermédiaire à David Gbéti (une est aux affaires étrangères et une
autre est une dame, épouse d’un haut-fonctionnaire) ont plus « mangé » que les jeunes destinataires des subsides. Alors a-t-il conclu, la prudence est de mise cette fois-ci.
Sur le plan opérationnel, 50 nouveaux téléphones portables ont été remis aux agents
de renseignements, qui seront répartis en groupe de 5 par arrondissement, pour surveiller et informer la hiérarchie des réunions de l’opposition.
Réunion d’urgence du dimanche 19
septembre 2010
Une réunion d’urgence a été convoquée
le dimanche 19 septembre de 12 h à 15 h, sous la direction de Francis BOZIZE, pour faire le point sur le déplacement de Martin Ziguélé dans la Nana-Mambéré.
Dès le début de la réunion, Francis
Bozizé a appelé au téléphone le Commissaire Spécial de la ville de Béloko et a mis le haut-parleur du téléphone en marche. Le commissaire spécial les a informés que Ziguélé est entré à Baboua le jeudi 15 septembre à 17h30 et a été escorté par une foule très importante, il
s’est directement rendu au domicile de la famille de Charles Massi. Il a tenu un meeting devant la maison familiale et a promis un soutien à
la famille Massi en cas de sa victoire.
La même nuit, en toute discrétion, le Préfet de Bouar s’est rendu en moto conduit par
un soldat à Baboua pour vérifier la situation. Ne pouvant rencontrer lui-même Ziguélé, il a demandé au sous-préfet de Baboua, Marc Ouéfio, assisté de ses collaborateurs et du maire,
d’aller sous prétexte de visite de courtoisie, sonder Ziguélé sur ses intentions de tenir la place mortuaire de Massi.
Un fils de Bozizé a
immédiatement réagi pour demander la liste des localités visitées par Ziguélé. Le commissaire spécial de Béloko a cité au téléphone une par
une, les villes et les villages où Ziguélé s’est arrêté.
Le débat a repris entre les participants qui ont demandé que les meetings des
opposants soient purement et simplement interdits à l’intérieur du pays. En cas d’impossibilité de les interdire, il faut demander aux forces de l’ordre de les perturber.