Centrafrique : Un prêtre tué par des hommes armés proches de l’UPC à Bambari
PAR JEAN FERNAND KOENA LE 30 JUIN 2018
BANGUI, le 30 Juin (RJDH)—L’abbé Firmin Gbagoua, vicaire général du diocèse de Bambari a été tué hier soir par des hommes armés proches de l’UPC. Information confirmée au RJDH par des sources concordantes.
Le prêtre, selon nos informations, a reçu une balle au ventre lors d’une attaque contre la cathédrale Saint Joseph où il s’y trouvait. Certaines sources parlent de braquage « ces hommes armés sont venus tard la nuit avec intention de nuire. Pris de peur le prélat s’est mis à l’abri et malheureusement il a été aperçu par ces bourreaux qui l’ont sommé de leur donner de l’argent. C’est dans les échanges avec ses hommes armés qu’ils l’ont tiré à bout portant. Amené à l’hôpital, il n’a pas survécu » a raconté au RJDH une source locale.
Un paroissien de Bambari joint par le RJDH confirme la mort de ce prélat en ces termes « l’abbé, Firmin Gbakoua est mort suite à ses blessures car transféré à l’hôpital, il n’a pas pu être pris en charge comme il se doit. C’est aux environs de 2 heures du matin que le vicaire général de Bambari a rendu l’âme » a-t-il témoigné.
Tout le diocèse est sous le choc. Les prêtres et les sœurs contactées par le RJDH n’ont pas pu répondre aux appels. C’est le deuxième prêtre du diocèse de Bambari tué par les ex-Séléka. Le premier a été l’abbé Désiré Agbabata, tué en avril dernier dans sa paroisse à Séko, une ville située à 63 kilomètres de Bambari. Cette attaque replonge l’église dans l’émoi s’il faut penser à Toungoumalé Baba, Désiré Agbata et Firmin Gbagoua nonobstant les paroissiens de Notre Dame de Fatima.
Centrafrique : Les évêques du pays s’opposent à toutes tentatives d’amnistie en faveur des auteurs de crime
PAR BIENVENUE MARINA MOULOU-GNATHO LE 30 JUIN 2018
BANGUI, 29 Juin 2018(RJDH) —Réunis en conférence des évêques à Berbérati à l’ouest du pays, les évêques ont exprimé entre les lignes leur opposition à toute idée d’amnistie sous une forme quelconque en faveur des auteurs présumés de crimes. Conclusion de cette rencontre le 24 juin à Berberati.
La position des évêques de Centrafrique a été rendue publique le 24 juin 2018 à la clôture de l’assemblée ordinaire des évêques de Centrafrique tenue à Berberati. Cette position vient renforcer les dispositions de la loi suffisamment claire sur la question d’amnistie. Elle intervient au moment où les leaders de la société civile et une partie de la classe politique soupçonne l’initiative africaine pour la paix dans le pays de converger dans le sens de l’amnistie.
Les évêques ont rappelé le gouvernement, la communauté internationale sur la force de l’autorité de l’Etat, « l’autorité de l’Etat est non négociable et par conséquent ne peut faire l’objet d’un quelconque marchandage », peut-on lire dans la déclaration.
Pour mémoire, plusieurs personnes visées par la justice ont été amnistiées. Par exemple en 2003, les proches de François Bozizé qui avait pris le pouvoir par les armes en chassant le président démocratiquement élu Ange Félix Patassé ont bénéficié de l’amnistie au bénéfice du dialogue de réconciliation nationale. Neuf (9) ans après le pays retombe dans la même situation avec la prise du pouvoir par les armes de Michel Djotodia Amnondroko. La justice et la réparation constituent pour les évêques la seule voie de retour définitif de la paix à l’exemple du Rwanda.
Face à cette expérience du passé, les évêques ont par la même occasion interpellé le gouvernement sur la justice seul moyen pour un retour définitif de la paix, « il n’y a pas de réconciliation ni de développement durable sans la justice. L’impunité et l’amnistie que certains tentent de nous imposer ne nous apporteront pas la paix. Car elles portent en elles-mêmes les germes d’autres crises », ont-ils mentionné dans la déclaration.
La justice est la voie privilégiée par les évêques de Centrafrique après l’échec de justice internationale dans le procès Bemba et l’ouverture des enquêtes par la Cour Pénale Spéciale.
L’Église centrafricaine endeuillée par un nouvel assassinat de prêtre
La flambée de violences en République centrafricaine a fait une nouvelle victime à Bambari, dans le centre du pays. L’abbé Firmin Gbagoua, vicaire général du diocèse de Bambari, touché par balle ce vendredi 29 juin, est décédé. L’abbé Mathieu Bondobo, recteur et curé de la cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception de Bangui confirme sa mort à Vatican News.
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Selon l’abbé Mathieu Bondobo, encore sous le joug de l’émotion, l’abbé Firmin Gbagoua a reçu une balle à bout portant dans l’abdomen vers 19h00 vendredi 29 juin, avant de succomber à ses blessures, alors «qu’il était à table pour dîner à l’archevêché de Bambari, en compagnie de confrères».
L’émoi dans le pays est d’autant plus grand que ce meurtre intervient dans un contexte centrafricain extrêmement tendu. «Personne n’est protégé dans ce pays, mais l’Église ne se taira pas», clame l’abbé Bondobo.
Les combats entre groupes armés et milices d’autodéfense prennent de plus en plus d’ampleur dans le nord du pays. Des religieux, des casques bleus sont ciblés, des maisons brûlées. «Ces criminels qui continuent de tuer, nous savons où ils se trouvent», indique le recteur de la cathédrale de Bangui, appelant les autorités «à faire leur travail».
Cette recrudescence des violences inquiète donc naturellement aussi les évêques centrafricains. Dans une lettre parue à l’issue de leur assemblée extraordinaire le 24 juin dernier, l’épiscopat avait constaté «avec étonnement et amertume, l’arrivée «de nouveaux mercenaires qui rendent difficile la résolution de la crise ». «L'impunité et l'amnistie que certains tentent de nous imposer ne nous apporteront pas la paix», écrivaient-ils, se référant aux multiples accords de paix qui permettraient, selon eux, «de faire gagner du temps à certains groupes armés».
«Nous rappelons au gouvernement, à la communauté internationale et aux groupes armés que l’autorité de l’État est non négociable, et qu’elle ne peut faire l’objet d’un quelconque marchandage», plaidaient les évêques.
Depuis 2013, la quasi-totalité du territoire de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés et de milices qui y commettent d'innombrables violences et exactions.
L’émotion de l’abbé Mathieu Bondobo, curé et recteur de la cathédrale de Bangui