Centrafrique : « la destitution de Karim Meckassoua va éclaircir le paysage politique centrafricain », dixit le Président du PARC Gaston Mandata N’Guerekata.
La destitution de l’honorable Abdoul Karim Meckassoua, la menace des groupes armés contre les agents de l’État, meeting populaire et musclé de Karim Meckassoua au quartier PK5 et l’éventualité d’une nomination d’un nouveau premier ministre, le Président du PARC, l’éminent Professeur Gaston N’Guerekata revient largement sur les actualités brulantes de la semaine au micro du CNC.
Corbeau News Centrafrique (CNC) : Bonjour Monsieur le Président,
Gaston Mandata N’guerekata (GMN) : Bonjour monsieur le Journaliste,
CNC : Depuis quelques jours, l’actualité politique centrafricaine tourne principalement autour de la destitution du Président de l’Assemblée nationale Abdou Karim Méckassoua du perchoir. Étant un homme politique influant en Centrafrique et Président du parti PARC, que diriez-vous du vote des députés qui met fin à la fonction du Président de l’Assemblée nationale Karim Meckassoua ?
GMN : La destitution du Président de l’Assemblée Nationale est prévue dans les textes fondateurs. Ce n’est d’ailleurs pas une première dans l’histoire de notre pays.
CNC : Mais il semble qu’une somme importante a été engagée dans cette opération…
GMN : Vous dites bien « il semble ». Et si c’en était le cas, eh bien qui tue par l’épée périt par l’épée. Je reste tout de même convaincu que parmi les 98 députés qui ont voté pour la destitution du Président de l’Assemblée Nationale, il y a des personnalités intègres et respectables. Maintenant il faut regarder de l’avant.
CNC : Selon vous, les raisons évoquées dans la motion visant à destituer Karim Meckassoua sont-elles conformes au règlement intérieur de l’Assemblée nationale ?
GMN: Les tribunaux arbitreront s’ils sont saisis de la question. En tant qu’homme politique, je constate que depuis sa mise en place en 2016, la deuxième institution du pays a connu de nombreux scandales de tous ordres, un leadership partisan et arrogant, aucune avancée dans le vote de lois destinées à ramener la paix dans le pays. Le peuple ne se reconnait pas dans son Assemblée Nationale dont le Président passe plus de temps dans les avions entre Paris et Brazzaville ; il était aussi plus préoccupé à créer et alimenter une guerre de Chefs avec le Chef de l’Etat et son gouvernement plutôt que de jouer un rôle stabilisateur en ces temps de crise.
CNC : Meckassoua a tout de même tenu un grand meeting au Km5 pour appeler à la paix.
GMN : Un premier meeting depuis 2016, avec des partisans lourdement armes, quelques jeunes innocents payes pour la circonstance, vous appelez ça grand meeting ? Bravo. Et quel était le message ? J’ai écouté l’enregistrement de sa prestation. Aucun mot pour la population du 3earrondissement. Je croyais un moment qu’il allait saisir cette occasion pour dire qu’a défaut des 140 véhicules qui n’arrivent pas l’argent pourrait servir à construire le premier lycée du Km5…Pour notre compatriote, tout est calibré en fonction de ses ambitions personnelles. Il est déconnecté du peuple, à commencer par ceux qu’il représente à l’Assemblée Nationale.
CNC : Ne pensez-vous pas qu’il y’a deux poids deux mesures dans la politique du chef de l’État Faustin Archange Touadera lorsqu’on voit dans le gouvernement des ministres comme Théodore Jousso qui sont accusés par le Premier ministre de détournements de deniers publics alors qu’ils ne sont pas toujours inquiétés ?
GMN : Je n’ai pas eu connaissance que le Premier Ministre a accusé le Ministre Jousso. Cette allégation vient de certains médias. Il y a tellement de rumeurs en Centrafrique. Les Ministres sont nommés par le Chef de l’Etat. Il les révoque s’il n’a plus confiance en eux. Il n’y a aucune comparaison avec la destitution d’un Président de l’Assemblée Nationale.
CNC : Sur le plan sécuritaire, certains groupes militaropolitiques comme le MPC et l’UPC menacent de rompre tout contact avec Bangui et de ne plus reconnaitre Faustin Archange Touadera comme chef de l’État centrafricain après la destitution de Meckassoua. N’est-ce pas que le jeu politique du clan Touadera ne fait que remettre le pays à la case du départ ?
GMN : La destitution de Méckassoua va éclaircir le paysage politique Centrafricain. Tous ces imposteurs qui traitent la nuit avec les terroristes et le jour se proclament des démocrates seront démasqués. En réalité Meckassoua était mal inspiré de jeter à la face de ses collègues à l’ouverture de cette session historique ces mots d’une arrogance sans pareil : « Je ne me laisserai pas faire ». Il avait fini par repousser certains qui hésitaient encore sur la question. Enfin et surtout, il aurait mieux fait de se retirer en toute dignité, mais son ego était si fort qu’il n’avait pas vu la détermination des élus du peuple.
CNC : Monsieur le président, des informations qui circulent depuis quelques semaines sur une probable prochaine nomination d’un nouveau premier ministre de confession musulmane. Que diriez-vous de ce schéma politique qui ressemble étrangement à celui de la transition dirigée par madame Catherine Samba-Panza ?
GMN: Je suis opposé a toute idée de nomination sur une base sectaire. Seul le mérite devra prévaloir au choix de nos dirigeants. On nous avait fait croire qu’avec un Premier Ministre ou un Président de l’Assemble Nationale musulman, la paix reviendrait de facto. Que neni. La question religieuse est un fond de commerce pour politiciens véreux. Sur 41 députés ayant voté contre la destitution de Meckassoua 38 sont des chrétiens contre seulement 3 musulmans. Maintenant Le Tres Honorable Gon Baba est musulman, élu par plus de 112 voix. Qui dit mieux? Les centrafricains, les vrais centrafricains de souche, ne sont ni anti-musulmans, ni anti-chretiens. Nous avons vécu en harmonie depuis des siecles.
CNC : Et si jamais le Président Touadera vous consultait pour le poste du Premier ministre ?
GMN : Il y a tellement de compatriotes méritants, y compris l’actuel locataire de la tour Pétroca, qui a même l’avantage d’avoir la confiance du Chef de l’Etat.
CNC : Merci Monsieur le Président.
GMN : C’est moi qui vous remercie de l’honneur que vous me faites.
Propos recueillis par Anselme Mbata.