Lu pour vous
L’énigmatique retour de François Bozizé en Centrafrique
https://www.sidwaya.info/…/16/le-retour-strategique-de-boz…/ Publié le 17/12/2019 - 16:51
Est-il revenu ? À pied, en voiture ou en avion ? Ses proches assurent que l’ancien chef de l’État est de retour dans son pays, après six ans d’exil. Une présence qui changerait la donne à un an de la présidentielle.6
“Comment Bozizé est-il rentré au pays ?”, se questionne Sidwaya. Cet éventuel retour “stratégique”, comme le qualifie le quotidien burkinabé, de celui qui fut président de Centrafrique de 2003 à 2013, fait jaser. Après six années d’exil en Ouganda, est-il vraiment à Bangui, la capitale centrafricaine, depuis mardi 16 décembre ? C’est ce que ses proches affirment, sans aucune confirmation du principal intéressé ou des autorités du pays.
Un mystère total règne autour de cette affaire. “Il aurait fait la route ‘en partie à pied’ et en partie ‘dans un véhicule’ et cela, sans être accompagné”, rapporte Le Pays. François Bozizé est en effet sous le coup de sanctions des Nations unies, pour avoir attenté à la “paix, la stabilité et la sécurité” de son pays, qui interdisent à toutes les compagnies aériennes de l’acheminer à Bangui.
“Il se pose tout de même des questions. François Bozizé a-t-il pris le soin d’informer les autorités ougandaises, qui lui avaient offert gîte et couvert, qu’il allait regagner son pays ? Ou alors a-t-il décidé d’en faire qu’à sa tête en quittant son pays hôte sans crier gare ?”, s’interroge le journal du Burkina Faso.
Si ce retour présumé fait autant de bruit, c’est qu’il change la donne dans ce pays d’Afrique centrale, encore en proie aux conflits communautaires. Arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État, il en avait été chassé, dix ans plus tard, tout aussi brutalement, en 2013, par la rébellion Séléka. Michel Djotodia avait alors pris le pouvoir.
Depuis, croit savoir Sidwaya, “François Bozizé a multiplié les rencontres avec les chefs d’État influents dans la crise centrafricaine, notamment le Congolais Denis Sassou-Nguesso ou le Burundais Pierre Buyoya. Une manœuvre qui pourrait se révéler payante, puisque la France se serait montrée ‘plus ouverte’ à son retour au pays, depuis quelques mois.”
Ce retour permettrait à l’ancien chef d’État de se porter candidat à la présidentielle de décembre 2020. Le code électoral exige en effet une présence d’au moins un mois sur le sol centrafricain.
Après six ans d'exil, l'ex-président Bozizé de retour en Centrafrique, selon ses proches
https://www.france24.com/ 16/12/2019 - 19:59
En exil après avoir été chassé du pouvoir en 2013, François Bozizé est rentré à Bangui, selon son parti et ses proches. L’ancien président centrafricain n'a jamais caché son intention de reprendre le pouvoir par les urnes, alors que se profile la présidentielle de décembre 2020.
À un an de la présidentielle prévue fin 2020, son retour pourrait redessiner le paysage politique en Centrafrique. Après le coup d'État qui l'a renversé en 2013 et six années d'exil, l'ex-président François Bozizé est revenu au pays, ont annoncé lundi 16 décembre son parti et ses proches.
"Depuis hier, je peux vous le dire de la manière la plus solennelle : François Bozizé se trouve bel et bien dans la capitale centrafricaine", a lancé devant la presse Bertin Béa, le secrétaire général du Kwa na Kwa (KNK), la formation politique de l'ancien chef de l'État. Une information confirmée par nos confrères de RFI.
"Dans les jours à venir, François Bozizé prendra la parole pour s'adresser à ses compatriotes", assure Bertin Béa. "En attendant, ne me demandez pas comment il est arrivé, ni où il se trouve", lâche-t-il. Question de "sécurité".
"Cette annonce ne me semble pas crédible", a toutefois réagi le porte-parole du gouvernement, Maxime-Ange Kazagui.
Le président déchu n'a jamais caché son intention de chercher à reprendre le pouvoir par les urnes. Son retour semble être dicté par sa volonté de respecter le code électoral, qui stipule que les candidats à la présidentielle de décembre 2020 doivent se trouver sur le territoire national au moins un an avant le scrutin.
François Bozizé jouit toujours d'une grande influence dans un pays qu'il a dirigé de 2003, à l'issue d'un coup d'État, à 2013. Une période marquée par deux guerres civiles.
La seconde, en 2013, provoque finalement sa chute. Après des années d'instabilité et de mauvaise gouvernance, la Séléka, une coalition de groupes armés rebelles venus du nord et de l'est, met en débandade l'armée régulière et fond sur Bangui.
Sa garde armée sud-africaine vole en éclats et François Bozizé doit fuir la capitale. Le chef de file de la Séléka, Michel Djotodia, le remplace.
Spirale de violences intercommunautaires
Après son départ, la Centrafrique sombre vite dans une spirale de violences intercommunautaires, déclenchant l'opération Sangaris de l'armée française en décembre 2013.
Et, depuis le Cameroun voisin où il est accueilli par le président Paul Biya, François Bozizé continue d'user de son influence pour tenter de rétablir son régime.
En 2013, la Centrafrique lance un mandat d'arrêt international contre lui pour "crimes contre l'humanité et incitation au génocide". Accusé d'avoir soutenu, depuis le Cameroun, les milices chrétiennes anti-balakas, au départ formées pour contrer les exactions de la Séléka à dominante musulmane, Bozizé est également sous le coup de sanctions des Nations unies. Ses déplacements en avion sont interdits et ses avoirs gelés.
Après un régime de transition dirigé par Catherine Samba Panza, il ne peut donc se présenter à la présidentielle de janvier 2016 que remporte Faustin Archange Touadera.
Depuis 2016, une circulaire du ministère centrafricain des Transports interdit également à toute compagnie aérienne desservant ce pays d'y amener François Bozizé. Depuis lors, ses avocats et ses fidèles, encore nombreux dans le pays, militent pour que le gouvernement autorise son retour.
Ces dernières semaines, plusieurs figures de l'opposition s'étaient exprimées en faveur d'un retour de l'ancien président, dont Anicet Georges Dologuélé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2016.
Avec AFP
Lu pour vous
RETOUR DE FRANÇOIS BOZIZE AU BERCAIL
Rien n’est gagné d’avance
http://lepays.bf/ 17 décembre 2019
C’est en toute discrétion que l’ancien président centrafricain, François Bozizé, a signé son retour à Bangui, le 15 décembre dernier. Par quel moyen a-t-il pu regagner son pays natal ? Difficile de répondre à cette question dans la mesure où les autorités centrafricaines, elles-mêmes, se disent surprises par ce retour. En effet, François Bozizé est non seulement sous le coup de sanctions onusiennes, mais aussi les compagnies aériennes desservant Bangui, conformément à une circulaire du ministère centrafricain des Transports, ont l’interdiction de le transporter par avion vers l’ex-Oubangui Chari. Mais si l’on en croit le porte-parole du parti de Bozizé, le Kwa Na kwa (KNK), l’ex-chef de l’Etat aurait fait la route « en partie à pied » et en partie « dans un véhicule » et cela, sans être accompagné. Dès lors, il se pose tout de même des questions. François Bozizé a-t-il pris le soin d’informer les autorités ougandaises qui lui avaient offert gîte et couvert, qu’il allait regagner son pays ? Ou alors a-t-il décidé d’en faire à sa tête en quittant son pays hôte sans crier gare ? La deuxième hypothèse paraît plus plausible. Car on imagine bien que s’il était informé, le pouvoir ougandais aurait pu, pour faire dans le diplomatiquement correct, en informer les autorités centrafricaines. A moins que Kampala n’ait voulu, par cette occasion, se débarrasser d’un colis encombrant.
Tout se passe comme si Bozizé avait fait le choix de mettre les autorités devant le fait accompli
Cela dit, maintenant que François Bozizé est de retour au bercail, que va-t-il se passer ? Sera-t-il, comme le souhaitent ses proches, « traité comme tous les autres acteurs de la crise avec respect et avec les égards dus à son rang », par les autorités ? On attend de voir. Pour le moins, on sait que l’accord de paix signé le 6 février 2019, prévoyait une loi sur le statut des anciens chefs d’Etat. Mais le texte, sauf erreur ou omission, n’a pas encore atterri sur le bureau de l’Assemblée nationale. En tout cas, s’il y a une chose dont on peut être sûr, c’est que les autorités de Bangui ne verront pas d’un bon œil le retour de l’ex-président. Car, tout se passe comme si ce dernier avait fait le choix de les mettre devant le fait accompli en décidant de rentrer en catimini. Mais en le faisant, Bozizé joue gros. En effet, s’il est vrai que pour pouvoir se présenter à la prochaine présidentielle, le successeur de Michel Djotodia devait être de retour au pays avant fin décembre, il ne faut cependant pas oublier que le pouvoir de Bangui, s’il le souhaite, peut lui chercher des noises. Et en pareille occurrence, il suffit de saisir la Justice qui ne manquera pas de motifs pour engager des poursuites contre celui-là dont la gouvernance, on le sait, a été caractérisée par la corruption, le clientélisme et la gabegie. C’est dire donc que rien n’est gagné d’avance. Car, même de retour au pays natal, rien ne garantit pour l’instant l’éligibilité de François Bozizé.
B.O