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Centrafrique : De fortes perturbations dans la fourniture en électricité à Bangui
https://www.radiondekeluka.org/ mardi 7 avril 2020 14:26
La ville de Bangui connait depuis une dizaine de jours, des troubles dans la fourniture en électricité. Suite aux perturbations enregistrées, la direction générale de l'Energie centrafricaine (Enerca) a dépêché le mardi 31 mars 2020, une équipe de techniciens sur la centrale thermique de Boali 2. Objectif, remédier à la panne qui plonge une grande partie de la ville de Bangui dans l'obscurité totale.
Constatée le mardi 31 mars 2020 aux environs de 10 heures par une interruption brusque de fourniture d’électricité, l’usine de Boali 2 vient de subir une énième panne technique. Son principal groupe est à l’arrêt. Pour localiser le dysfonctionnement et y remédier en toute urgence, la direction générale de l'Enerca a dépêché une mission technique à Boali. Cette mission, constituée de techniciens pour la plupart, a pour objectif l'expertise du dysfonctionnement et le dépannage du matériel défectueux. Après une brève évaluation faite par ces techniciens, il ressort que l’un des groupes qui alimentent la centrale thermique de Boali 2 est en panne. Même si la partie endommagée a été localisée par les techniciens, le dépannage prendra des jours du fait de manque de matériels.
"Boali 2 pour nous, est notre unité maîtresse. Le délestage au niveau de Bangui se fait en fonction de la puissance disponible au niveau de Boali 2. Le mardi, on a connu aux environs de 10 heures un déclenchement général c'est-à-dire, une interruption brusque de fourniture d'électricité. L'équipe de Boali nous a alertés pour nous dire qu'il y a eu de la fumée au niveau de l'alternateur. C'est hier soir qu'on a pu découvrir cette spire. On continuera les travaux jusqu'à l'installation d'une nouvelle spire." a fait savoir Bienvenu Mony Béya, chef de service de production thermique à l'Enerca.
Après avoir évalué les différentes difficultés, l’Enerca dans un communiqué, rassure sa fidèle clientèle d’un retour à la normale dans les jours à venir.
"Le dépannage tel que nous avons commencé, nous sommes en train de tabler sur une durée d'une semaine à dix jours. Et donc, l'effort est fait pour qu'au plus tard mardi, on remette le groupe en exploitation" a rassuré Bienvenu Mony Béya.
Notant que la réfection de l’ancienne usine de Boali 2 est déjà achevée. Cependant, la nouvelle partie est en cours de réhabilitation grâce à un accord de partenariat avec la République populaire de Chine. "Si tout se déroule comme prévu, il n’y aura plus de délestage à Bangui d’ici à la fin de cette année", a rassuré un responsable de l'Enerca.
Inaugurée en février 1976, la centrale thermique de Boali 2 connait depuis des décennies de multiples interruptions, dues pour la plupart des cas à la vétusté de cette unité de production. Avec le lotissement de nouvelles surfaces et face à une population qui s'accroit rapidement, la production de cette unité ne répond plus aux besoins énergétiques de la population. Le gouvernement est appelé à doubler d'effort en vue de mettre en place d'autres centrales électriques, car le taux d’accès à l’électricité en Centrafrique demeure l’un des plus faibles en Afrique.
Centrafrique/Covid-19: Bientôt le déploiement de 600 agents de la protection civile dans la ville de Bangui.
https://www.radiondekeluka.org/ mardi 7 avril 2020 15:29
Pour renforcer davantage les mesures édictées contre le Covid-19, le ministère de la Santé de la République Centrafricaine, annonce le déploiement prochain des agents de la protection civile. Plus de 600 agents seront déployés dans la capitale afin de faire respecter les mesures barrières et assister les populations en cas de besoin.
Depuis l'annonce des mesures de restriction enjointes par le président de la République, Faustin Archange Touadéra le 26 mars dernier, des initiatives se multiplient pour barrer la route à la propagation du coronavirus en Centrafrique. A l'exemple des pays de la région, les autorités centrafricaines, après avoir décidé de la fermeture temporaire de l'aéroport international Bangui Mpoko, des écoles et lieux de culte, appellent à une mobilisation générale pour mieux lutter contre le Covid-19.
Au cours d'une conférence de presse tenue ce lundi 06 avril 2020 à Bangui, le ministre de la santé Dr Pierre Somsé a annoncé de nouvelles mesures dont le déploiement de plus de 600 agents de la protection civile déjà formés dans différents coins de Bangui. Cette campagne vise l'application stricte et le respect effectif des mesures préventives imposées par les autorités du pays. Ces agents, formés pour travailler dans des conditions difficiles, auront pour mission de faire respecter les conseils sanitaires dans les lieux publics, vulgariser les notions d'hygiène, informer la population sur mesures à respecter et venir en aide aux personnes vulnérables. Pour le ministre de la Santé, il est temps pour chaque individu d'observer les mesures préventives imposées par les pouvoirs publics.
"Les agents de la protection civile sont des agents qui ont été formés pour travailler dans des conditions difficiles. Aller dans des endroits à risque. Et donc dans cette campagne, nous avons besoin des gens comme ça pour encadrer la population et éduquer. Mais une des choses qu'ils sont appelés à faire, c'est de faire respecter l'ordre autour des forages, points d'eau, dans les banques, dans les institutions et même les marchés" a fait savoir Pierre Somsé, ministre de la Santé et de la Population.
Toutefois, la mission de ces agents de protection civile s'élargira car en cas de vaste propagation entrainant une vague de décès due à cette pandémie, elle sera à l'avant garde aux côtés d'autres organisations humanitaires pour gérer cette catastrophe sanitaire.
"Lorsqu'il y a beaucoup de cas, beaucoup de cadavres, ces cadavres doivent être enterrés et doivent bénéficier d'un traitement digne. Ces corps ne seront plus remis aux parents. Et donc, c'est la Croix rouge ou les agents de la protection civile qui vont aider à les enterrer. Nous travaillons déjà dans cette perspective pour identifier des espaces pour les cimetières collectifs. Il y a également la protection de l'enfant et de la femme" a ajouté le ministre centrafricain de la Santé publique.
Avec neuf cas confirmés du coronavirus à ce jour, la République centrafricaine se prépare à toute éventualité. A partir du moment où les derniers porteurs de ce virus sont des patients indigènes, résidants à Bangui, la contamination locale est au centre de toutes les attentions.
République Centrafricaine: un expert de l’ONU lance un appel à la retenue et à la responsabilité
GENEVE (7 avril 2020) – L’Expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en RCA, Yao Agbetse, a lancé un appel à la majorité, l’opposition, les groupes armés et les médias nationaux et internationaux à la retenue et à la responsabilité :
« Tout acteur politique qui a exercé ou envisage d’exercer de hautes fonctions à la tête de la RCA, y compris la magistrature suprême, doit se montrer capable de placer l’intérêt du peuple avant ses propres intérêts ; cette exigence n’est pas négociable ».
« Toute tentative visant à entraver la marche du pays vers la paix fortement exprimée par le peuple centrafricain lors du Forum de Bangui en 2015 et lors des consultations nationales en 2019 dans le cadre de l’Accord de paix de Khartoum est une trahison du peuple qui n’aspire qu’à jouir de ses droits ».
« Toute personne qui pose des actes attentatoires à l’exercice des droits et des libertés fondamentales par le peuple centrafricain s’expose aux sanctions internationales, y compris devant la Cour pénale internationale ».
« Tous les leaders des groupes armés devenus Ministres en faveur de l’Accord de paix de Khartoum ou intégrés au sein de l’appareil étatique doivent exercer un devoir de diligence qui les obligent à respecter les lois républicaines et à s’abstenir de toutes actions incompatibles avec leurs engagements au titre de l’Accord ».
« En vertu de l’Accord de paix, je demande aux groupes armés de « mettre fin de manière immédiate, complète et irrévocable à toutes les hostilités et formes de violence » (article 5) comme ils se sont engagés à le faire.
« Alors que la RCA est confrontée à la pandémie du COVID-19 avec des conséquences potentiellement catastrophiques et que le dispositif électoral en vue du prochain scrutin présidentiel est loin d’être en place, les tensions actuelles sont de nature à saper les efforts qui ont été déjà entrepris et l’espoir légitime de paix de la population ».
« J’appelle les autorités centrafricaines à respecter les normes et standards internationaux applicables en matière d’arrestation, de détention provisoire, de procès juste et équitable, et de privation de liberté, et à éviter de recourir aux détentions arbitraires, aux disparitions forcées, à la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
« J’exhorte les pays voisins et les partenaires internationaux de la RCA à agir en artisans de paix en accompagnant la RCA vers des élections transparentes et à s’abstenir de toute action ou omission susceptible d’hypothéquer le processus électoral et de plonger à nouveau le pays dans le chaos ».
« J’appelle la majorité, l’opposition, les groupes armés et les médias nationaux et internationaux à la retenue et à la responsabilité ».
« J’appelle le Conseil de sécurité des Nations Unies à prendre des mesures d’urgence et à envoyer un message fort aux acteurs centrafricains car les risques d’une irruption dans la violence sont réels ».
FIN
M. Yao Agbetse (Togo) est un avocat des droits de l’homme, chercheur et enseignant qui a consacré les 25 dernières années de sa vie à la justice et aux droits de l’homme, y compris les droits de l’enfant. Il a mis en œuvre des programmes de droits de l’homme au niveau national et a fourni des conseils juridiques et techniques pour l’élaboration et suivi des lois et politiques nationales relatives aux droits de l’homme, notamment au Bénin, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, au Mali et au Togo. Il a créé un espace et des outils pour le dialogue et les efforts communs des acteurs étatiques et des OSC. En RDC, en Côte d’Ivoire et au Mali, il a mis en œuvre des programmes de DDR, formé des chefs de l’armée et de la police et fourni un soutien aux titulaires de mandat et aux opérations des Nations Unies, notamment en participant au dialogue interactif au titre du point 10 lors des sessions du Conseil des droits de l’homme à Genève. Il a fourni des informations factuelles de première main aux experts de l’ONU pour les aider à évaluer les défis relatifs aux droits de l’homme dans différents pays et formulé des recommandations spécifiques et réalisables pour garantir la responsabilité et l’accès à la justice.
Les Experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des « procédures spéciales » du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.
Vous pouvez suivre l’expert indépendant sur Twitter : @UNIECAR1
Page du HCDH sur le pays : République centrafricaine
Pour des informations additionnelles et des demandes des médias, prière de contacter Isatou Harris (+41 22 928 9422 / iharris@ohchr.org) ou d’écrire à ie-car@ohchr.org
Pour des demandes de renseignement des médias concernant d’autres experts indépendants, prière de contacter Xabier Celaya (+41 22 917 9445 / mediaconsultant2@ohchr.org)
Lu pour vous
Centrafrique : décès d’un sous-officier français affecté au DETAO
https://www.bruxelles2.eu/ 6 avril 2020
(B2) Un sous-officier affecté au détachement d’appui opérationnel (DETAO) en Centrafrique, une unité qui complète les missions d’EUTM-RCA et qui s’occupe du soutien des militaires français sur ce théâtre est décédé a-t-on appris aujourd’hui de l’état-major des armées ce lundi (6 avril) L’adjudant-chef Jean-Bernard Russon a été retrouvé mort dimanche (5 avril) dans sa chambre, dans le camp de M’Poko, à Bangui. Les causes du décès de ce sous-officier du groupement munitions de Brienne-le-Château ne sont pas connues et une enquête de prévôté a été ouverte par la gendarmerie française.
Affecté au détachement d’appui opérationnel (DETAO) depuis novembre dernier, l’adjudant-chef Russon était chef du dépôt de munitions. Cette unité française d’environ 150 militaires, créée fin 2018, conduit des détachements d’instruction technique au profit des forces armées centrafricaines dans des domaines spécifiques (prévôté, sécurité incendie, gestion des munitions, secourisme).
Le DETAO s’occupe également du soutien aux militaires français affectés à des missions internationales en Centrafrique, qu’il s’agisse de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM-RCA) ou de la mission des Nations Unies (Minusca). Il est sous contrôle opérationnel des éléments français au Gabon (EFG).
L’adjudant-chef Russon s’était engagé en 2007 comme sous-officier, dans le matériel, puis dans le service interarmées des munitions. Il sert au cours de nombreuses opérations et déploiements à l’étranger : au Tchad (2009, 2016), en Afghanistan (2010), au Burkina Faso pour les forces spéciales de la Task Force Sabre (2011), au Liban (2012), à Djibouti (2017), au Niger sur Barkhane (2017), en Irak avec les forces spéciales (2018) et enfin en Centrafrique, où il était arrivé en novembre 2019.
(Romain Mielcarek)
Le Tchad est «seul» face à Boko Haram, se plaint le président Idriss Déby
http://www.rfi.fr/ 05/04/2020
Au Tchad, le président Idriss Déby annonce que Boko Haram a été chassé du territoire. Le chef de l’Etat tchadien qui s’est rendu sur le théâtre des opérations, a indiqué que toute la partie tchadienne du Lac Tchad où se trouvaient des éléments de Boko Haram a été nettoyée dans le cadre de l’opération « Colère de Bohoma » lancée, après la mort de plus de 90 soldats tchadiens suite à une attaque de Boko Haram.
« Le Tchad est seul » et Idriss Déby s'en plaint. Face à Boko Haram, le président tchadien affirme que ses voisins manquent d'engagement alors que son armée a obtenu des résultats.
« Il n’y a pas un seul Boko Haram aujourd’hui au Tchad. Deux postes de commandement essentiels dans le lac Tchad ont donc été repris par nos forces et elles ont détruit sérieusement Boko Haram. Le peu qui reste sont soit rentrés au Niger, soit au Nigeria, soit au Cameroun. C’est fini pour ce qui concerne notre pays et il n’y a donc plus de terroristes maintenant », assure-t-il avant d’ajouter que les forces tchadiennes « sont maintenant à l’intérieur des pays voisins et nous leur apportons notre appui. Malheureusement, depuis notre engagement jusqu’à aujourd’hui, le constat qu’on peut faire est que le Tchad est seul à supporter tout le poids de la guerre de Boko Haram ».
Une information crédible
Joint par RFI, Seidik Abba, spécialiste de la région du Lac Tchad, considère qu’au vu des importants moyens déployés, l'armée tchadienne a, selon lui, avancé sans grande résistance, quand une partie des combattants de Boko Haram auraient pris la fuite.
« Boko Haram s’était réfugié dans une partie lagunaire du lac qui était difficile d’accès et qui était un peu sous-administrée. Mais depuis le lancement de l’opération "colère de Bohoma", le Tchad a visiblement pris le dessus et réussi à récupérer les deux principales bases de Boko Haram, là où il y a le commandement général et là où se trouve apparemment le quartier militaire d’où Boko Haram partait faire des attaques, rappelle Seidik Abba. D’après les informations qui remontent, un des commandants opérationnels a été capturé par les forces tchadiennes ».
« Même si Boko Haram a été chassé de la partie tchadienne du lac Tchad, le mouvement reste encore actif dans la forêt de Sambisa, précise l'expert de la région. On sait aussi que certains éléments ont réussi à s’enfuir principalement vers le Niger, le Nigeria et le Cameroun, sans doute ».
Seidik Abba estime aussi que les pays frontaliers doivent s'engager à leur tour dans le cadre de la force mixte multinationale (FMM) qui comprend le Tchad, le Nigeria, le Niger et le Cameroun.
L'OMS condamne «les propos racistes» de chercheurs sur des tests de vaccin en Afrique
http://www.rfi.fr/ 07/04/2020 - 00:54
Le patron de l'OMS a condamné lundi les « propos racistes » de chercheurs ayant récemment évoqué l'Afrique comme « un terrain d'essai » pour tester un vaccin potentiel contre le Covid-19, dénonçant « l'héritage d'une mentalité coloniale ».
« Ce genre de propos racistes ne font rien avancer. Ils vont contre l'esprit de solidarité. L'Afrique ne peut pas et ne sera un terrain d'essai pour aucun vaccin », a affirmé le chef de l'Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus, ancien chef de la diplomatie éthiopienne, au cours d'une conférence de presse virtuelle depuis Genève. « L'héritage de la mentalité coloniale doit prendre fin », a-t-il ajouté, en réponse à la question d'un journaliste nigérian.
M. Tedros n'a pas nommé les scientifiques en cause, mais une vive polémique a éclaté en France et en Afrique notamment après un échange entre un chercheur de l'Institut français de la recherche médicale (Inserm) et un chef de service d'un hôpital parisien le 1er avril sur la chaîne LCI. Dans cette séquence, Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm à Lille (nord de la France), était interrogé sur des recherches menées autour du vaccin BCG contre le Covid-19. Invité en plateau, Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin, lui demande : « Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n'y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c'est fait d'ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées: on essaie des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées. Qu'est-ce que vous en pensez ? »
Le chercheur répond : « Vous avez raison, d'ailleurs. On est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique avec le même type d'approche, ça n'empêche pas qu'on puisse réfléchir en parallèle a une étude en Europe et en Australie. »
Ces propos, pour lesquels les deux mis en cause ont depuis présenté leurs excuses, ont été condamnés par des associations et le ministère français des Affaires étrangères a déclaré qu'ils « ne reflétaient pas la position des autorités françaises ».
« Il est honteux et horrifiant d'entendre des scientifiques tenir ce genre de propos au XXIe siècle. Nous les condamnons dans les termes les plus forts », a conclu M. Tedros.
Pour être honnête, j'étais consterné quand j'ai entendu ça. Alors qu'au même moment j'appelais à la solidarité entre les pays. Ce genre de remarques racistes n'aide pas. L'Afrique ne peut pas et ne sera pas un laboratoire de test pour un quelconque vaccin. Nous suivrons les mêmes règles et le même protocole pour tous les essais de vaccins ou de thérapies partout dans le monde. Ce genre de résurgence de mentalité coloniale doit cesser. C'est vraiment une honte d'entendre ça au 21e siècle, et en plus de la part de scientifiques. Tous les êtres humains seront traités comme tels dans la lutte contre le coronavirus.
(AFP)
Bangui: Des forces de sécurité dans les rues pour faire respecter les mesures contre le Covid-19 dans les transports en commun
https://www.radiondekeluka.org/ samedi 4 avril 2020 10:46
Depuis l'annonce des mesures supplémentaires et drastiques par le chef de l'Etat, Faustin Archange Touadéra contre le Covid-19, certaines consignes ne sont pas respectées par les habitants de Bangui. De l'interdiction de rassemblement de plus de 15 personnes en passant par les mesures de restriction, le constat reste le même. C'est à ce titre que les autorités du pays ont lancé, le lundi 30 mars 2020, une vaste opération de contrôle dans les transports en commun.
Cette vaste opération de contrôle et de suivi s'effectue sur les grandes artères de Bangui. Les éléments de la force publique déployés, sont tenus de faire respecter les consignes mises en place par le gouvernement. Au cours de cette opération qui vise la régularisation des transports en commun, les gendarmes sont positionnés le long des avenues et aux coins des rues. Des véhicules de transport voire des mototaxis sont stoppés. Après un contrôle effectif du nombre de passagers, le véhicule peut reprendre la route tranquillement. Cependant, en cas de surcharge ou de surplus, l'excédent doit être débarqué sans conditions.
Après l'annonce des mesures supplémentaires du chef de l'Etat, des arrêtés subsidiaires ont été pris par le gouvernement. Les transports en commun doivent revoir leurs effectifs. Cette recommandation demande aux minibus de transporter moins de 10 passagers, les taxis quant à eux, doivent limiter à 3 le nombre de passagers et les mototaxis un passager.
Les avis sont partagés autour de cette réglementation. Pour les conducteurs interceptés, notamment ceux de mototaxis, le mobile de cette opération n'est pas justifié. Selon eux, lors de l'interpellation, les éléments des forces de l'ordre immobilisent leurs engins et leur demande de payer l'infraction.
"Au lieu de nous prodiguer des conseils après la saisie de nos motos, ils confisquent nos engins et nous demande de payer une quittance de 15000 francs. Je leur ai proposé 5000F, mais ils ont refusé. Ils m'ont arrêté alors que je transportais 2 personnes. Alors, je demande aux conducteurs de moto de ne plus le faire" regrette un conducteur de mototaxi.
Pour quelques passagers rencontrés en cours de route ou encore débarqués de ces moyens de transport, l'initiative est louable. Car c'est une question de santé publique.
"Certaines personnes ne sont pas contentes de cette initiative. Quand à moi, j'en suis ravi. Mieux vaut prévenir que guérir. Nous devons prendre notre responsabilité car notre santé dépend d'abord de nous" a fait savoir Gaby Brandon Bella, un des passagers débarqués.
La République centrafricaine totalise ce jour huit cas confirmés du coronavirus. Les deux derniers cas annoncés ce mercredi 1er mars 2020 par les autorités, proviennent d'une contamination locale et leurs porteurs résident à Bangui.
Conséquences de la pandémie du coronavirus sur l'économie centrafricaine
vendredi 3 avril 2020 13:06
La pandémie du coronavirus n'a pas que des conséquences sur le plan sanitaire. Les économies des pays sont aussi durement affectées. Cette question a été au menu de l'entretien qu'a accordé Rodrigue Le Roi Benga à son invité. Didace Sabone, banquier et économiste précise qu'il n'est pas question de critiquer les mesures mises en place par le gouvernement afin de freiner la propagation du coronavirus. Mais plutôt, d'évoquer les effets économiques néfastes de cette pandémie.
Centrafrique: La flambée des prix des denrées alimentaires inquiète les consommateurs
https://www.radiondekeluka.org lundi 6 avril 2020 14:49
Depuis l'annonce des mesures supplémentaires de restrictions ordonnées par le président de la République, Faustin Archange Touadéra le 26 mars 2020, presque tous les prix des produits de première nécessité connaissent une augmentation. Certains produits ont vu leurs prix doublé pendant que d'autres sont quasi invisibles sur le marché. Cette situation inquiète les consommateurs qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts.
La pandémie du Covid-19, déclarée le 14 mars 2020 en République centrafricaine, a poussé le gouvernement à prendre certaines mesures pour freiner la propagation du virus. Après la confirmation des cinq premiers cas par le ministère de la Santé, les autorités du pays ont annoncé à la fin du mois de mars, des mesures supplémentaires. Ces restrictions concernent l'interdiction des regroupements au-delà de 15 personnes, la fermeture temporaire de l'aéroport Bangui-Mpoko, des lieux de culte, bars dancing et débits de boissons, l'interdiction totale de sortir de son lieu de quarantaine, pour les patients et suspects mis en isolement, sauf décision médicale, l'obligation d'isolement pour les cas confirmés, la prorogation de la période de quarantaine et de confinement de 14 à 21, la limitation des cérémonies de deuils, de mariages ou dot à la stricte intimité familiale, la restriction des mouvements des populations entre Bangui et l'intérieur du pays.
Cependant, malgré la volonté des autorités à veiller sur la libre circulation des marchandises, les prix des produits sur les marchés de Bangui, connaissent une hausse considérable. Dans presque tous les marchés de la capitale, le constat est le même. Du marché de Bimbo, Pétévo, Combattant en passant par le centre-ville, les prix de la plupart des produits de première nécessité ont doublé voire triplé. Ce phénomène concerne, les produits tels que l'huile, le savon, la farine de blé, le riz et bien d'autres. Les vendeurs détaillants accusent les grossistes d’être à l’origine de cette flambée de prix.
"Je vends du café avec des beignets. Auparavant, nous achetions un bidon d'huile à 22 500 ou 23 000 francs. Hier subitement, je l'ai payé à 28 000 francs. En plus, il m'a été rapporté par les grossistes que dans 2 jours, le sac de la farine de blé passera à 30 000 francs" affirme une vendeuse au marché Bimbo.
Au cours des investigations faites par Radio Ndeke Luka, d'autres aliments à l'exemple des produits surgelés connaissent également une hausse au niveau de leurs prix. Situation dénoncée par les détaillants qui pointent du doigt les grossistes.
"Je vends des produits congelés tels que le poulet. Les pattes sont à 500 Fcfa le tas et les différents morceaux sont à 1000 francs. Sauf que les Libanais ont augmenté les prix. Un carton de dos de poulet qui se vendait à 10500 Fcfa est passé à 13 000 francs. Nous avons ajouté quelque chose sur les prix pour avoir un petit bénéfice" explique un vendeur de volailles.
Certains commerçants justifient cette hausse par la fermeture des frontières camerounaises alors que cette décision ne concerne pas le transport de marchandises. A cela s'ajoute la rareté des produits locaux. Il est difficile pour certains de s'alimenter en manioc, produit local qui ne connait pas les circuits d'importation.
"Hier soir, nous avions peiné pour avoir la farine de manioc. La cuvette est passé de 3000 à 4500 voir 5000 francs," ajoute Parfait Grezowé habitant le quartier Bimbo.
Pointés du doigt par les détaillants, les grossistes se réservent de tout commentaire. Cependant le ministre de l’Economie met en garde contre cette pratique. Il rassure par ailleurs que ces mesures ne concernent pas la circulation des marchandises.
"Lorsqu'on a annoncé la fermeture des frontières, automatiquement on a vu une poussée inflationniste. On trouve que ce n'est pas cohérent dès lors que les stocks sont de cours. On ne peut pas jouer sur ça pour créer d'autres problèmes sociaux à la population. Nous avons tous convenu qu'au niveau de chaque pays, des mesures doivent être prises," a martelé Félix Moloua, ministre de l'Economie et du Plan.
Lu pour vous
https://mondafrique.com/ La rédaction de Mondafrique 3 avril 2020
Dans un communiqué officiel, le quai d’Orsay annonce que le sommet Afrique France qui était prévu à Bordeaux du 4 au 6 juin est reporté
« Au regard de la progression de la situation liée à l’épidémie de Covid-19 », annonce le Quai d’Orsay, plusieurs événements internationaux prévus en France en juin et juillet prochains et appelant la participation de nombreux chefs d’Etat ainsi que de la société civile seront reportés.
Ainsi le Sommet Afrique–France de Bordeaux ne pourra pas se tenir aux dates initialement prévues.
Cette annonce officielle vient renforcer le sentiment dominant chez les experts et dans la population que la sortie du confinement, début juin, sera loin d’être totale.
La France au secours de l’Afrique !
En lien avec nos partenaires africains, le Président de la République proposera dans les jours qui viennent à ses homologues une initiative consacrée à la réponse sanitaire et économique au Covid-19 à l’échelle du continent.
La France se porterait ainsi au secours de l’Afrique, pour l’instant moins épargnée par l’épidémie. L’ancienne puissance coloniale a-t-elle les moyens des objectifs ambitieux ainsi mis en avant? On peut en douter. D’autant plus que des analystes sérieux, au sein même du sérail diplomatique, s’interrogent sur la pérennité de nombreux régimes africains confrontés, demain, à une pandémie généralisée.
Pour le quai d’Orsay, le Covid-19 pourrait balayer plusieurs régimes africains
Le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS), cellule prospective de la diplomatie française, évoque un possible effondrement des Etats en place.
Voici l’analyse que publient nos confrères de la Tribune, titrée « L’effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ? », sous la signature de Michel Cabirol.
Chronique d’une implosion annoncée… Dans une note du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) que La Tribune a consultée, le Quai d’Orsay estime que la crise du Covid-19 pourrait être en Afrique « la crise de trop, qui déstabilise durablement, voire qui mette à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale) ». En tout cas, la crise du Covid-19 sera probablement le révélateur des limites de capacité des Etats, incapables de protéger leur population. En Afrique, elle va également amplifier les facteurs de crise des sociétés et des Etats. Un nombre élevé de morts, le décès d’une personnalité ou, enfin, la comparaison entre Etat fragiles (Sahel et Afrique centrale) et solides (Rwanda, Sénégal) Ce qui pourrait déclencher une contestation.
La crise du Covid-19 va révéler de nouveaux rapports de force politique pour le contrôle de l’Etat, pendant et après la crise. « Anticiper le discrédit des autorités politiques signifie accompagner en urgence l’émergence d’autres formes d’autorités africaines crédibles pour s’adresser aux peuples afin d’affronter les responsabilités de la crise politique qui va naître du choc provoqué par le Covid-19 en Afrique », fait valoir le CAPS. Pour l’heure, l’Afrique était mercredi encore peu touchée par le virus avec 200 décès (5.778 cas). Mais l’ouragan est en approche.
Le coup fatal à certains régimes africains
« Face au discrédit des élites politiques, il convient de trouver d’autres interlocuteurs africains pour affronter cette crise aux conséquences politiques », affirme ce groupe de réflexion du ministère des Affaires étrangères, chargé de mener des missions d’analyse de l’environnement international. D’autant que le risque d’infection d’un dirigeant âgé et déjà malade pourrait avoir de lourdes conséquences et obligerait la France « à se positionner clairement et rapidement sur la fin d’un système et sur une transition ». Pour le CAPS, il est clair que l’onde de choc à venir du Covid-19 en Afrique pourrait être « le coup de trop porté aux appareils d’Etat ». Pourquoi ? Parce que le taux de médicalisation est quasi-nul et les systèmes de santé nationaux peuvent être considérés comme saturés d’office, estime-t-il.
LA PLUPART DES ETAT AFRICAINS VONT FAIRE « MASSIVEMENT LA PREUVE DE SON INCAPACITÉ À PROTÉGER SES POPULATIONS. CETTE CRISE POURRAIT ÊTRE LE DERNIER ÉTAGE DU PROCÈS POPULAIRE CONTRE L’ETAT, QUI N’AVAIT DÉJÀ PAS SU RÉPONDRE AUX CRISES ÉCONOMIQUES, POLITIQUES ET SÉCURITAIRES », SOULIGNE LE QUAI D’ORSAY.
Selon le CAPS, en Afrique de l’Ouest, les mesures de confinement saperont l’équilibre fragile de l’informel, économie de survie quotidienne essentielle au maintien du contrat social. En Afrique centrale, « le choc pourrait précipiter la crise finale de la rente pétrolière au Cameroun, au Gabon et au Congo-Brazzaville (effondrement d’un prix du baril déjà en crise avec la demandé, aggravé par un ralentissement de la production, et risque d’accélération de la réflexion d’opérateurs pétroliers – Total au premier chef – de quitter ces pays), là aussi au cœur des équilibres sociaux », précise le Quai d’Orsay. Dans les deux cas, cela pourrait constituer le facteur économique déclencheur des processus de transition politique.
Des populations abandonnées mais manipulées
Certains pays africains devront faire face à ce qu’appelle le CAPS, un « virus politique ». Il part du principe que les villes seront l’épicentre des crises et que très rapidement, la question du ravitaillement des quartiers se posera pour l’eau, la nourriture et l’électricité. « Des phénomènes de panique urbaine pourraient apparaître : elles sont le terreau sur lequel se construisent les manipulations des émotions populaires. Cette recette fait le lit d’entreprises politiques populistes », explique le CAPS. Ce sont les classes moyennes en cours de déclassement qui seront les premières fragilisées, car leur quotidien risque de s’effondrer, précise-t-il.
RÉSULTAT, LA QUESTION DE LA SÉLECTION NE PORTERA PAS SUR LES PERSONNES À SAUVER SUR LE PLAN MÉDICAL (FAUTE DE CAPACITÉS D’ACCUEIL), MAIS « SUR LES BESOINS DE PREMIÈRES NÉCESSITÉS : QUEL QUARTIER RAVITAILLER ? QUELLES AUTORITÉS LOCALES CRÉDIBLES PEUVENT ÊTRE LES RELAIS D’ORGANISATION DE LA DISTRIBUTION ? QUELS PRODUITS DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ FOURNIR DANS UNE PHASE ATTENDUE DE PÉNURIE ?
Le poids des réseaux sociaux va considérablement peser, a fortiori avec le confinement qui va couper littéralement les sociétés des institutions publiques. Faute de parole publique crédible, « les thèses complotistes commencent déjà à fleurir et s’ajoutent aux simples fausses informations pour participer d’une perte de contrôle des opinions publiques. A cela s’ajoutent les dynamiques de rumeurs populaires, lesquelles sont tout autant susceptibles d’être instrumentalisées pour orienter des violences collectives », avertit le Quai d’Orsay.
Quels interlocuteurs pour la France ?
Pour la France, dans ce chaos, il s’agit de trouver des interlocuteurs à la fois fiables et légitimes pour compenser la possible faillite des Etats. « L’immanquable détournement de biens publics (à commencer par des masques) et de l’aide sanitaire internationale à venir (déjà dénoncée sous le terme « Covid-business ») peut facilement cristalliser l’ultime perte de crédit des dirigeants », justifie ainsi le CAPS. A ce stade, quatre catégories d’acteurs ont la capacité de mobiliser des foules. Ils doivent « donc d’ores et déjà constituer des interlocuteurs pour nos efforts de gestion de la crise en Afrique », estime le Quai d’Orsay.
Quels sont ces interlocuteurs ? Les premiers sont les autorités religieuses. Si des institutions ont accepté d’accompagner les premières consignes (Eglise catholique, certaines confréries musulmanes), d’autres, qui ont fondé leur succès sur la canalisation politique des émotions populaires, pourraient vouloir défier l’ordre public pour imposer le leur dans ce moment de faiblesse de l’Etat. Les deuxièmes sont les diasporas, qui peuvent avoir un devoir d’information civique. Les troisièmes sont les artistes populaires : « ils restent – à quelques exceptions près – des autorités morales crédibles et façonnent les opinions publiques », assure le CAPS.
Les quatrièmes peuvent être des entrepreneurs économiques et des businessmen néo-libéraux.« Ils peuvent jouer un rôle s’ils décident d’engager leurs moyens ou de se poser en intermédiaires entre le système de gouvernance mondiale et l’Afrique, mais dans tous les cas, ils souligneront la faillite de l’Etat », note le Quai d’Orsay. Enfin, face à l’incapacité de l’Etat à protéger ses populations et face aux possibles ambitions opportunistes de certains, il convient, selon le CAPS, de « soutenir des paroles publiques d’experts africains scientifiques et spécialistes de la santé ». Il existe une communauté scientifique médicale africaine qui peut être mobilisée et soutenue.
Lu pour vous
En Centrafrique, le coronavirus change la donne pour les humanitaires
Par Gaël Grilhot Publié le 6 avril 2020 à 12h15, mis à jour à 15h33
Alors qu’une grande partie de la population dépend de leur aide, les ONG doivent réduire certaines de leurs activités pour éviter les rassemblements.
En Centrafrique, les organisations humanitaires sont confrontées à plusieurs défis dans la lutte contre le Covid-19. Eléments essentiels du mécanisme gouvernemental face à la pandémie liée au coronavirus, elles doivent également se prémunir elles-mêmes, pour ne pas en devenir le vecteur, et veiller à leur propre sécurité. Seuls neuf cas ont été détectés dans le pays – trois ont depuis été guéris –, mais les organisations humanitaires s’attendent au pire et s’organisent pour faire face.
A l’entrée de la base d’Action contre la faim (ACF), à Bangui, les gardiens sont accueillants, mais inflexibles. Toute personne pénétrant dans les locaux doit impérativement se laver les mains avec une solution chlorée – un des gestes barrières contre le Covid-19 auxquels on ne déroge plus ici. « Depuis fin février, au vu de la propagation accélérée du virus dans le monde, on s’est rendu compte qu’il serait difficile qu’un pays soit épargné, explique Thierno Samba Diallo, directeur d’ACF dans le pays. Nous ne voulons pas être un vecteur de transmission du virus, mais plutôt un vecteur de protection. » Difficile pourtant de tenir ce rôle, tant le matériel de protection individuelle manque – même pour les ONG.
Début mars, il a fallu s’organiser pour gérer les déplacements des membres de l’équipe. Pour ACF, qui compte près de 500 membres en Centrafrique, dont une quarantaine d’expatriés, des questions lourdes de sens se sont posées. « Il a été décidé que ceux qui étaient en pause dans un pays de foyer du virus ne reviendraient pas tout de suite et continueraient de suivre les missions en télétravail », précise Thierno Samba Diallo. Pour les autres, des décisions ont été prises au cas par cas. « En Centrafrique, connaissant la capacité limitée de prise en charge du système sanitaire, il fallait réduire un peu les effectifs afin de ne pas se retrouver bloqué ici avec tout le monde », résume-t-il.
« On n’arrive pas à trouver du personnel »
« La Centrafrique a le système de santé le plus faible de la planète », confirme François Batalingaya, responsable du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Pour lui, l’impact du virus sur les activités humanitaires n’a pas été tout à fait anticipé. « On n’arrive pas à trouver du personnel prêt à venir travailler en Centrafrique », explique-t-il.
L’épidémie de Covid-19 intervient alors que le pays se remet à peine de la crise politico-militaire de 2013. La Centrafrique est classée 188e sur 189 selon l’indice de développement humain (IDH) ; et, bien que reprenant timidement sa place, l’Etat est loin de satisfaire à l’ensemble des services de base pour les populations. Selon l’OCHA, près de 2,7 millions de Centrafricains (sur 4,7 millions d’habitants) sont encore aujourd’hui dans le besoin : accès à l’eau, aux soins, à la nourriture… Et les quelque 700 000 déplacés internes que compte le pays dépendent toujours autant des 164 organisations humanitaires présentes (93 ONG nationales, 56 internationales et des institutions onusiennes).
Même si elles mènent toutes leurs propres programmes, ces ONG se coordonnent par activités à travers des « clusters » (santé, nutrition, protection de l’enfance, etc.). « Nous avons convenu d’utiliser les mécanismes de coordination existants pour faire face à la pandémie », assure François Batalingaya. Les organisations ont néanmoins dû revoir leurs priorités. « Les activités de développement, qui ne servent pas tout de suite à sauver des vies, ont été réduites », souligne Thierno Samba Diallo.
Stigmatisation et agressions verbales
Pour respecter les mesures prises par le gouvernement, qui a interdit tout rassemblement de plus de quinze personnes, ACF a réduit sa mobilisation dans le cadre des foires alimentaires. L’ONG compte réadapter ses activités, notamment dans la sensibilisation des leaders communautaires, « pour qu’ils deviennent les relais des messages de prévention et de protection contre le Covid-19 ».
Mais certaines activités sont difficiles à limiter. Le coronavirus n’est pas le seul virus qui menace la Centrafrique, où les populations doivent faire face depuis plus d’un an à une épidémie de rougeole qui a touché plus de 7 600 personnes et fait 83 morts, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Difficile, dès lors, de réorganiser les dispositifs de consultation pour éviter des rassemblements de plus de quinze personnes. François Batalingaya craint en outre que les bailleurs de fonds ne se réorientent complètement vers la lutte contre le Covid-19. « Ils peuvent réaiguiller vers le coronavirus les financements qui étaient destinés à des sites de déplacés, par exemple. C’est une réelle inquiétude. »
La question sécuritaire demeure toujours en toile de fond en Centrafrique. Avec plus de 300 incidents visant directement des acteurs humanitaires en 2019, qui ont fait six morts et 42 blessés, le pays reste l’un des plus dangereux pour les ONG, qui craignent que cette situation ne s’aggrave. « Lorsque le premier cas de Covid-19 a été déclaré, c’était un cas importé et il y a eu un sentiment de stigmatisation du personnel des ONG », souligne François Batalingaya. Des agressions, le plus souvent verbales, ont été signalées, conduisant à des mesures de confinement ou de couvre-feu plus sévères au sein des différentes organisations.
Gaël Grilhot (Bangui, correspondance)
Lu pour vous
https://mondafrique.com/ Aza Boukhris - 5 avril 2020
Le Directeur général adjoint du Fonds Monétaire International (FMI), le Chinois Tao Zhang a annoncé, le 2 avril 2020, que le FMI accorderait une aide exceptionnelle d’urgence de 109,4 millions d’us dollars au Rwanda, afin de soutenir l’économie et en conséquence la balance des paiements du pays de Paul Kagame, particulièrement frappée par la pandémie du Covid-19.
Tao Zhang, l’ancien Vice-Gouverneur de la Banque centrale chinoise, qui a pris une grande importance au départ de la Française Christine Lagarde à la direction générale du FMI, remplacée par la très effacée Bulgare Kristalina Gueorguieva, s’est félicité de cette première aide pour un pays africain, dans le cadre du programme anti-Covid-19.
Le Rwanda apprécié du FMI
Ce programme d’un montant global de 50 milliards us dollars, devrait tenter de soutenir les économies des pays émergents et fragiles, dont la plupart à faible revenu. Cette aide sera prise dans le cadre de la Facilité de crédit rapide, avec une conditionnalité limitée pour les pays à faibles revenus.
Le Président Paul Kagame peut se réjouir de cette aide très importante qui permettra de faire face, en partie, au trou d’air de l’économie de son pays, qui enregistrait encore une croissance de 8% du PIB, en janvier 2020.
La gouvernance de Paul Kagame récompensée
Evidemment les exportations notamment agricoles, les recettes du tourisme en pleine expansion et les recettes minières sont très affectées sinon réduites quasiment à néant. Bon élève du FMI, le Rwanda tire les bénéfices de sa gouvernance, certes très autoritaire mais aussi expurgée de la corruption, de la concussion et du népotisme. Le Rwanda est aussi l’un des rares pays africains à avoir pris les mesures protectrices devant la pandémie du Covid-19 : confinement généralisé, fermeture des frontières, mobilisation du secteur sanitaire et tests programmés.
Les pays de la CEMAC envient le Rwanda
De son côté, la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC), banque centrale des six États de la Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) essaie, tant bien que mal, de réagir à la fois à la pandémie du Covid-19, mais aussi à la crise pétrolière. Le Comité de politique monétaire de la BEAC a certes baissé deux de ses trois taux d’intérêt, doublé les allocations de liquidités pour les banques commerciales, programmé pour la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale ( BDEAC) un fonds de 137 millions d’euros pour des projets de lutte contre le Covid-19 et ses conséquences économiques, le recours au FMI est surtout envisagé dans le cadre de la Facilité de crédit rapide dont vient de bénéficier le Rwanda. Ce ne sera probablement pas aussi simple pour les six États de la Cemac largement pétroliers- sauf la Centrafrique- qui font partie des États ayant la plus mauvaise gouvernance de la planète et dont les chefs d’Etat accumulent longévité exceptionnelle au pouvoir, bidouillage des élections, « biens mal acquis », népotisme caricatural et absence de développement de leur pays resté en jachère. Sauf pour l’aspect autocratique du pouvoir, on peut convenir qu’on est assez loin du Rwanda de Paul Kagame. Avec la restriction drastique des contributions des partenaires du FMI, le temps des soutiens financiers du FMI a tout-va sera bientôt révolu. Son guichet ne sera plus ouvert aussi facilement.