Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sommaire

  • : centrafrique-presse
  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
  • Contact

Recherche

Liens

14 avril 2020 2 14 /04 /avril /2020 22:35

 

Lu pour vous

 

https://www.lepoint.fr/ Par Viviane Forson 14/04/2020 à 20:08 - Publié le 13/04/2020 à 20:33 | Le Point.fr

 

Ex-secrétaire général de l'ancêtre de l'UA, cet ancien Premier ministre du Togo était emblématique de toute une génération d'intellectuels post-indépendance.

 

La nouvelle est tombée durant le week-end de Pâques. Tout un symbole pour ce catholique engagé qui s'était choisi comme prénom Edem, qui signifie « Dieu m'a libéré » en langue éwé. Edem Kodjo est décédé dans la matinée du samedi 11 avril à l'Hôpital américain de Neuilly, en région parisienne, où il était hospitalisé depuis plusieurs mois à la suite d'un accident vasculaire cérébral. L'information a été confirmée par plusieurs sources officielles et la famille Kodjo. Avec sa disparition, le Togo et toute l'Afrique pleurent l'un de leurs plus illustres intellectuels. Et l'un des rares hommes d'État à avoir pris la plume pour écrire sur son engagement, et sa foi en l'unité de l'Afrique. Mais qui se cachait derrière cet homme élégant, à l'esprit vif et souvent incompris ?

Un parcours exceptionnel

Vieux routier de la politique, Edem Kodjo a été secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) de 1978 à 1983. Dans son pays, il a été Premier ministre à deux reprises : sous la présidence de Gnassingbé Eyadéma d'abord, d'avril 1994 à août 1996, puis sous celle de son fils, Faure Essozimna Gnassingbé, de juin 2005 à septembre 2006. Infatigable démocrate, Edem Kodjo s'est longtemps positionné dans une voie médiane, ni totalement pour le pouvoir ni dans l'opposition radicale. Dans une toute dernière confidence au journal togolais L'Alternative, répondant à une question sur la crédibilité des élections en Afrique, il répondit : « S'il n'y avait pas d'élections, qu'y aurait-il à la place ? Des régimes centenaires et univoques ? Nous devons à chaque fois remettre l'ouvrage sur le métier jusqu'à ce que nous soyons un jour satisfaits. Avons-nous sauté trop vite à pieds joints sur des modèles de structures gouvernementales en déphasage avec notre culture ? Force est de constater qu'après soixante ans d'indépendance la greffe n'a pas encore pris et qu'il faut faire davantage, notamment dans la partie francophone du continent. »

Une jeunesse sensibilisée aux idéaux de Kwame Nkrumah

Économiste de formation, diplômé de l'ENA (promotion Blaise Pascal), c'est lors de ses études supérieures en France en pleine célébration des indépendances africaines que le jeune Edem Kodjo, né le 23 mai 1938 à Sokodé, dans le centre du Togo, vit pleinement le sentiment d'appartenance au grand ensemble rêvé par Kwame Nkrumah, bien avant même sa désignation au poste de secrétaire général de l'organisation continentale. Edem Kodjo était membre de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF). Un creuset du militantisme pour la majorité des étudiants africains. Comme toute cette génération, il a cultivé la flamme du retour au pays, plongeant dans les découvertes de Cheich Anta Diop, les discours de l'empereur Hailé Sélassié d'Éthiopie, le seul État africain à part entière.

Edem Kodjo avait le choix de poursuivre sa brillante carrière entamée à l'Office de radiodiffusion-télévision française. Mais l'homme à l'éternelle moustache a fait le choix de rentrer dans une période très troublée pour le Togo, après l'assassinat de Sylvanus Olympio. Non seulement il fait ce choix, mais il a aussi pleinement pensé ce retour. Dans ses rares interviews, il a souligné la nécessité pour sa génération de sortir de l'ornière coloniale pour pouvoir se mouvoir dans le nouveau monde qui s'ouvrait pour le continent africain. Ensuite, pour Edem Kodjo, il fallait inscrire cette émancipation à l'échelle internationale. Il est fin prêt en 1967, année de son retour.

Edem Kodjo, les années Eyadéma

1967, donc, année de son retour. Cette année-là, Gnassingbé Eyadéma s'empare du pouvoir. Edem Kodjo est déjà bien occupé à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, où il est administrateur et président du conseil d'administration. À ce titre, c'est lui qui appose sa signature sur les billets ayant cours dans les sept pays de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Dans le même temps, Eyadéma pense avoir trouvé la tête pensante de son futur parti. Et il a eu bien raison puisqu'Edem Kodjo a accepté de mettre en œuvre le Rassemblement du peuple togolais, RPT, en 1969, le parti unique, véritable machine électorale. Il en sera le secrétaire général durant deux ans. Il est ensuite nommé secrétaire général au ministère des Finances, tout en étant gouverneur au Fonds monétaire international (FMI) jusqu'en 1973 puis à la Banque africaine de développement (BAD) entre 1973 et 1976. La première partie de sa vie sera donc celle d'un technocrate. Il enchaîne les portefeuilles sous Eyadéma père : ministre de l'Économie et des Finances, puis ministre des Affaires étrangères. Un poste stratégique qui va le propulser à la tête de l'Organisation de l'unité africaine. En juillet 1978, appuyé et soutenu par plusieurs dirigeants africains, son nom fait consensus.

Des victoires, et un échec à l'OUA

Cette organisation panafricaine avait vu le jour 15 ans plus tôt, le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, en Éthiopie, seul pays d'Afrique à n'avoir jamais été colonisé. Edem Kodjo a l'étoffe pour le rôle, même s'il avouera plus tard avoir vécu ses années les plus difficiles. « Le panafricanisme est le fondement même de l'histoire africaine, parce qu'il faut que le continent trouve des voies et moyens pour s'unir davantage. La réalité se vit ; elle se vit d'une manière qui n'est peut-être pas très visible, mais qui est très concrète. »

Edem Kodjo sera très rapidement confronté à la dure réalité : son mandat est marqué par l'une des plus graves crises de l'histoire de l'organisation continentale : l'admission comme membre à part entière de l'ex-Sahara revendiqué par le Maroc comme partie intégrante de son territoire. L'incident diplomatique éclate avec le royaume chérifien, qui se retire de l'OUA en 1984. Mais ce n'est pas le seul dossier houleux : il y a aussi la mise en œuvre du plan d'action de Lagos, le point de départ des communautés économiques régionales. En 1980, il n'y en avait réellement qu'une seule, c'était la Cedeao. C'est après cet acte final que la CEEAC s'est constituée autour de l'Afrique centrale, la SADC, l'organisation de l'Afrique australe, était encore dominée par l'Afrique du Sud avec son régime d'apartheid. L'Organisation de l'unité africaine a aussi joué un rôle important dans le processus d'Indépendance de la Namibie, arrachée à l'Afrique du Sud en 1990.

Reste la charte africaine des droits de l'homme et des peuples, qui a suscité un vif débat dans les années 1979 à 1981, date de son adoption à Nairobi. De nombreux leaders africains y ont vu une intrusion des pays occidentaux. Sékou Touré, alors président de la Guinée, s'est battu pour qu'on ajoute l'adjectif « africaine » à la charte. Il a fallu attendre 1986 pour que cette charte entre en vigueur.

Une carrière entre politique et littérature

Désavoué par le général Eyadéma et non reconduit pour un second mandat, Edem Kodjo s'exile en France pour enseigner à l'université de Paris-1-Sorbonne. Il se fait connaître par un essai majeur, Et demain l'Afrique (Stock, Paris, 1985), devenu une référence incontournable pour toute une génération d'intellectuels et d'étudiants africains. La question du mal-développement de l'Afrique y est centrale.

Edem Kodjo y dresse sans complaisance le bilan de près d'un quart de siècle d'indépendance. Pour lui, une nouvelle approche de l'unité africaine s'impose. Sa vision ? Que les Africains voient dans la lutte pour l'unité le combat vital pour leur survie collective. Edem Kodjo cite les États-Unis d'Amérique ou la Confédération canadienne, des modèles dont l'OUA devenue Union africaine pourrait s'inspirer pour organiser un partage du pouvoir. Au continent les grandes décisions, aux États les initiatives locales. Une question toujours d'actualité. En 2009, Edem Kodjo quitte la politique et crée la Fondation Pax Africana, très active dans le règlement des conflits en Afrique.

L'hommage unanime à un panafricaniste

À l'annonce de sa disparition, de nombreuses personnalités politiques du Togo et d'ailleurs ont salué sa mémoire. Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, s'est exprimé « au nom de l'ensemble du personnel de l'Organisation continentale au service de laquelle Edem Kodjo a beaucoup sacrifié et, en son nom personnel, formule ses plus sincères et profondes condoléances à sa famille, au peuple togolais et à tous les peuples africains ». « Avec le décès d'Edem Kodjo, l'Afrique a perdu un personnage illustre. Panafricaniste, ancien secrétaire général de l'OUA, ancien Premier ministre du Togo et intellectuel raffiné, il a énormément contribué à une Afrique pacifique. Triste nouvelle pour le continent. Condoléances au peuple togolais. À la veille de Pâques, toi chrétien pratiquant, tu retournes vers ton Créateur », a réagi le président de la Namibie, Hage Geingob, concluant : « Sa voix et son rire manqueront à beaucoup. »

 

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 11:07
LE GOUVERNEMENT CENTRAFRICAIN RENFORCE SA PRÉSENCE MILITAIRE À BIRAO

 

https://minusca.unmissions.org/ 10 avr 2020

 

En réponse aux affrontements qui ont touché Birao (préfecture de Vakaga) au cours des derniers mois, le gouvernement de la République centrafricaine a renforcé la présence de ses Forces armées (FACA) de 142 éléments, le 9 avril 2020. Un moyen de rétablir la paix et la stabilité dans la région. Les troupes nouvellement déployées sont arrivées sous l'escorte du bataillon zambien de la MINUSCA depuis Gordil et ont fait le tour de la ville de Birao, pour annoncer leur présence à la population locale et les rassurer.

Le bureau régional de la MINUSCA a facilité leur accueil par le Sultan-maire de Birao, Moustapha Amgabo, qui leur a donné sa bénédiction, en les aspergeant de sable, conformément à la tradition locale. Il s’est dit comblé de cette arrivée des FACA pour renforcer la sécurité, assurer la protection de la population locale et le maintien de la paix dans Birao et sa périphérie.  

Par strict respect des mesures prises par le Ministère de la santé pour lutter contre la maladie à coronavirus, les troupes nouvellement déployées se sont soumises aux protocoles de prévention de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) une fois arrivées à leur base. Le personnel de santé du bataillon zambien a pris la température des soldats et fourni de l'eau chlorée pour le lavage de leurs mains.

Plus tard, en présence du Chef de bureau de la MINUSCA, Bessan Vikou, du Commandant du contingent zambien, le Colonel Teddy Tembo, les troupes ont rencontré par le Sous-préfet de Birao, Zakariah Ramadan, qui s’est dit content de leur venue, et les a exhortés à faire preuve de professionnalisme dans l'exécution de leur mission.

Les nouveaux éléments des FACA remplacent les 50 soldats en place et continueront de travailler au respect de la ‘’Zone sans armes’’ mise en œuvre à Birao depuis le 14 mars 2020. Leur mobilité améliorera également les patrouilles conjointes avec la Force de la MINUSCA, en renforçant les capacités opérationnelles.

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 00:33
Sahel: d’où viennent les armes et les munitions?
Sahel: d’où viennent les armes et les munitions?
Sahel: d’où viennent les armes et les munitions?

Lu pour vous

 

http://www.rfi.fr/ 09/04/2020 - 13:05

 

Qu’il s’agisse de terrorisme, d’insurrections ou de banditisme, l'Afrique de l'Ouest et le Sahel en particulier sont confrontés à la présence de nombreuses armes et munitions en circulation qui menacent la sécurité. D’où viennent ces armes ? Comment les groupes armés, qui ne font pas partie des forces nationales et internationales, se dotent en armements et en munitions dans le contexte actuel ? Réponses avec le chercheur Georges Berghezan. Entretien.

Georges Berghezan est chercheur au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP). Un centre de recherche et d'information indépendant belge sur les problèmes de paix, de défense et de désarmement dans la perspective de l'amélioration de la sécurité internationale en Europe et dans le monde.

RFI : Que sait-on du volume d’armes et du type d’armement en circulation en Afrique de l’Ouest ?

Georges Berghezan : Le volume des armes est un sujet à caution. Sur toute l’Afrique, les estimations donnent environ quarante millions d’armes détenues par des civils, en grande majorité de façon illicite, et une douzaine de millions d’armes sur l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’armes à feu de petit calibre que l’on peut classer en deux catégories : les armes industrielles, où le modèle Kalachnikov domine très nettement, et les armes artisanales, du type fusil de chasse à un ou deux coups. Les groupes catalogués comme « terroristes » n’utilisent pas d’armes artisanales, mais ces armes ne sont pas à négliger. En plus des chasseurs, elles sont principalement utilisées par les milices communautaires, par la criminalité urbaine, les coupeurs de route et les voleurs de bétail. Par exemple à Bamako (Mali) ou à Accra (Ghana),ce sont essentiellement des pistolets artisanaux qui sont utilisés dans les attaques à main armée. La République centrafricaine est l’un des rares pays en conflits où ce sont essentiellement les armes artisanales qui sont utilisées par les milices qui s’affrontent.

D’autre part, quand on parle d’armes illicites, il faut être conscient que la plupart de ces pays n’ont pas de réglementation ou de processus pour délivrer des permis de port ou d’utilisation d’armes, donc beaucoup de gens qui ont des armes sont dans l’illégalité simplement parce qu’il y a un vide législatif ou administratif.

Un pays qui fait exception en Afrique de l’Ouest, c’est le Ghana. C’est un pays qui a fait des efforts pour enregistrer les producteurs et les détenteurs d’armes et qui a une législation opérationnelle. Au Ghana, l’évaluation donne environ un million deux cent quarante mille armes licites enregistrées chez des civils et un million d’armes illégales. D’après les données disponibles du Small Arms Survey, un institut de recherche indépendant basé à Genève, le troisième pays qui aurait le plus d’armes parmi la population est la Côte d’Ivoire (plus d’un million). Mais le pays d’Afrique de l’Ouest qui a le plus d’armes, c’est le géant de la zone, le Nigeria, où l’on parle de plus de six millions d’armes détenues par des civils.

Quelles sont les origines de ces armements ?

Il y a depuis très longtemps des armes dans la région. Il y a eu tout d’abord la pénétration arabe, puis au sud du Sahel, la pénétration française, la colonisation. C’est à ce moment-là que des forgerons ont commencé à produire eux-mêmes des armes en copiant des fusils de chasse français, donc la première source a été la production locale. En général, ce sont des armes non automatiques qui utilisent des cartouches de chasse, mais apparemment certains artisans sont capables de copier des Kalachnikovs, en particulier au Mali, pays dont l’expertise en matière de production d’armes est la plus reconnue.

Sur la proportion d’armes automatiques, les statistiques sont assez rares. On sait, par exemples qu’au Niger, entre 2014 et 2016, sur 462 armes saisies, 56 % étaient des fusils d’assaut dont 95 % du type AK (Kalachnikov), 26 % des armes de poings, pour majorité des pistolets d’alarme reconvertis pour tirer des projectiles, quelques armes traditionnelles artisanales et 12 % toute sorte d’armes légères, allant des mitraillettes aux lance-roquettes.

Concernant les origines des armes industrielles, elles sont très diverses. Par exemple, pendant la guerre civile en Côte d’Ivoire, le président Blaise Compaoré [ancien président du Burkina Faso, ndlr] soutenait les rebelles nordistes [de Côte d’Ivoire] et il y a eu de gros flux d’armes du Burkina Faso vers la Côte d’ivoire. D’après les rapports de l’ONU, la majorité des armes qui ont été transférées depuis les arsenaux de l’armée du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire étaient des « Types 56 », c’est-à-dire la version chinoise de la Kalachnikov. Il y avait aussi des modèles AK (Kalachnikov) provenant de Pologne, des pistolets HK (Heckler & Koch) d’origine allemande mais produits aux États-Unis, et des munitions fabriquées en Serbie et en Roumanie.

On sait qu’après la chute du président libyen Mouammar Kadhafi, il y a eu un flux important d’armes en provenance de Libye sur le Sahara et le Sahel. Ce flux est-il toujours d’actualité et quelles sont aujourd’hui, les principales sources d’approvisionnement ?

Entre 2011 et 2013, c’était vraiment l’inondation d’armes en provenance de Libye : des armes anti-aériennes, des lance-roquettes, mais surtout des armes à feu de petit calibre qui étaient de très loin les plus nombreuses. Même si une partie de ces armes arrivées au Sahel est partie vers d’autres destinations comme la République centrafricaine, l’essentiel est resté au Sahel. Depuis, la part libyenne semble avoir fortement diminué, surtout quand la guerre civile a recommencé en Libye et on a même assisté à des retours d’armes du Mali vers la Libye.

Donc ce flux a décru. Mais en 2011, c’était aussi la fin de la guerre civile en Côte d’Ivoire, quelques années après la fin des combats en Sierra Leone et au Liberia. On a alors assisté à d’importants transferts illégaux d’armes de ces pays, et en particulier par des commandants de zone du nord de la Côte d’Ivoire vers le Mali et le Niger, mais aussi vers la République centrafricaine où la guerre commençait. Cette situation a entrainé une diminution des transferts transcontinentaux tels qu’ils existaient à l’époque des guerres du Liberia et de la Sierra Leone, comme le racontait le film Lord of War. Ces transferts transcontinentaux existent toujours mais ils se sont fortement réduits et leurs arrivées se concentrent sur quelques ports : Dakar, Conakry, Abidjan et Lagos.

Il y a aussi des réseaux de trafic avec des groupes hautement organisés qui opèrent dans le Sahara ou sur un axe est-ouest et qui se caractérisent par ce qu’on appelle les « poly-trafics » car ils combinent les armes avec d’autres produits, comme les stupéfiants, par exemple le haschisch marocain à destination de l’Égypte et du Moyen-Orient, ou la cocaïne d’Amérique du Sud qui transite par le Sahel à destination de l’Europe.

Enfin, il y a le petit trafic, qu’on appelle le «  trafic de fourmis », qui souvent se mêle au trafic de migrants, très actif dans les zones frontalières. Ces zones sont souvent des centres du trafic d’armes, comme par exemple dans le nord de la Côte d’Ivoire sur les frontières avec le Mali et le Burkina Faso.

Mais de mon point de vue, la principale source d’approvisionnement, celle qui compte au moins pour moitié dans certains pays, c’est le trafic provenant des arsenaux des forces de sécurité. Evidemment, il y a eu la Libye, où les arsenaux gouvernementaux libyens se sont vidés. Mais dans des pays comme le Mali et le Niger, les forces de sécurité perdent ou vendent leurs armes au profit de groupes armés, de criminels et de jihadistes. Les arsenaux des armées de ces pays sont sans doute la source majeure d’approvisionnement en armes illicites.

Qui sont les grands acteurs du trafic transnational ?

Les grands trafiquants, qui étaient connus il y a une vingtaine d’années, sont inactifs maintenant. Viktor Bout est en prison aux États-Unis, Arcadi Gaydamak [condamné notamment en France dans l’affaire des ventes d'armes vers l'Angola] ou le Belge Jacques Monsieur, qui pendant des dizaines d’années ont été pratiquement sur tous les grands conflits du monde, sont aujourd’hui neutralisés. Mais même si ces grandes figures du trafic d’armes ne sont plus actives, il faut aussi souligner la responsabilité de certains chefs d’État qui ont beaucoup contribué au trafic d’armes. Quelqu’un comme Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina Faso, a alimenté en armes et munitions à peu près tout ce qui était sous embargo en Afrique à l’époque : la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d’Ivoire et encore avant l’Unita [l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola] en échange de diamants, d’où l’expression des « diamants du sang ».

Certains pays ont joué un rôle très important dans la fourniture d’armes : l’Ukraine, la Bulgarie, avant qu’elle ne rentre dans l’Union Européenne, l’Iran, plutôt actif vers l’est de l’Afrique, ou la Chine dont les munitions et les fusils d’assauts se retrouvent un peu partout en Afrique. Récemment par exemple, il y a eu une très grosse saisie à Lagos (Nigeria) de fusils turcs, la Turquie semble devenir elle aussi un gros exportateur d’armes.

Les transferts d’armes entre États peuvent aussi être officiellement autorisés par les gouvernements au profit d’autres gouvernements, et détournés vers d’autre destinations, comme cela a été le cas par exemple au Burkina Faso. Officiellement, les armes étaient envoyées au Burkina Faso qui était un pays stable et elles étaient détournées vers le Liberia ou la Côte d’Ivoire en guerre.

Avoir des armes, c’est une chose mais encore faut-il pouvoir s’approvisionner en munitions. Y a-t-il des logistiques particulières pour les munitions ?

Quand je parle de trafic d’armes, je parle aussi de trafic de munitions. C’est vrai que les munitions sont des « consommables » alors que les armes, si elles sont bien conservées, on peut les garder des dizaines d’années et elles seront toujours en état de marche. J’ai vu récemment dans la presse malienne que l’armée mauritanienne avait intercepté un convoi d’armes destiné aux jihadistes du Mali et ce qu’on a saisi, c’étaient des mitrailleuses, de la drogue mais aussi des munitions. Les flux se confondent et il y a peu d’indications et d’études sur le trafic spécifique de munitions. Je pense que ce qui se passe au Sahel, c’est à peu près la même chose que ce qui se passe dans une autre zone, en République Démocratique du Congo (RDC). Dans ce pays, les forces armées nationales alimenteraient à 80 % les groupes armées congolais ou étrangers actifs au Congo tandis que, au niveau des munitions, le pourcentage serait encore plus élevé, probablement du fait de la forte demande.

À Bamako (Mali), il y a une usine de production de munitions, de cartouches « calibre 12 » pour les fusils de chasse et on retrouve ces cartouches dans toute l’Afrique de l’Ouest, donc leur commerce est très mal encadré. En Côte d’Ivoire, une cartouche coûte au détail entre 300 et 600 FCFA, c’est-à-dire entre un demi euro et maximum un euro. Ce sont des cartouches pour équiper les armes artisanales ou les fusils de chasse importés, mais sur les balles pour Kalachnikov, on n’a pas beaucoup d’information.

Combien coûte une arme automatique au Sahel ?

Une Kalachnikov au Sahel coûte entre 100 et 200 euros. Si on compare avec d’autres zones, c’est beaucoup moins cher qu’en Europe de l’Ouest où le prix varie entre 500 et 1 000 euros, mais c’est nettement plus que dans certaines régions comme en RDC où cela coûte entre 25 et 50 dollars à Goma ou à Bukavu (entre 22 et 45 euros). Le prix dépend de l’offre et de la demande. La RDC est maintenant sur-saturée en armes et donc il n’y a plus besoin d’en importer parce qu’il y a tout ce qu’il faut sur place.

La plupart des armes industrielles en Afrique viennent d’Europe de l’Est et de Chine. Cette prédominance s’explique principalement parce que leur prix est beaucoup plus bas que les fusils FAL Belges, HK allemand ou M16 américain. C’est pour cette raison qu’elles ont un tel succès dans les États ou auprès des groupes armés non étatiques. Au Sahel, 95 % des fusils d’assaut sont des Kalachnikovs, le reste sont des armes de fabrication occidentale.

Au Sahel, l’achat d’une arme automatique représente un coût important. Comment les bandes armées peuvent-elles se doter de tels armements ?

Les sources de revenus sont les trafics. Si on prend l’exemple des jihadistes qui n’ont que des armes automatiques, ils escortent par exemple les trafiquants contre rémunération pour s’autofinancer. Si vous observez le Mali, il y a de nombreux conflits : l’insurrection touareg, les jihadistes et des affrontements inter-communautaires où les armes traditionnelles sont de plus en plus remplacées par des Kalachnikovs et ça, c’est très inquiétant. Dans l’est de la RDC, la production artisanale a disparu des zones frontalières à cause de la « concurrence déloyale » des armes industrielles qui sont beaucoup trop bon marché, cela a cassé le marché des armes artisanales qui s’est replié sur l’intérieur du pays, moins gangrené par la prolifération des armes automatiques.

Aujourd’hui au Sahel, les armes proviennent essentiellement du détournement des forces de défense ou de sécurité de ces pays ou des pays voisins. Il y a eu beaucoup de détournements, volontaires ou involontaires, des arsenaux gouvernementaux du Nigeria, du Niger, du Tchad vers Boko Haram au Nigeria. Parfois, c’est un responsable local qui fait cela pour s’enrichir, mais il y a aussi d’autres suspicions et on peut s’interroger. Pourquoi le Burkina Faso n’a-t-il connu aucun attentat sous Blaise Compaoré ? Depuis qu’il a été renversé, les attentats se multiplient. Pourquoi la Mauritanie n’a-t-elle subi aucun attentat ? Pourquoi le Tchad jusqu’en 2015 a-t-il été à l’abri de Boko Haram ? On peut supposer que certains gouvernements de ces pays ont conclu des accords avec les jihadistes pour qu’on les laisse tranquille et qu’en contrepartie, il y a eu une certaine complaisance, pour leur armement par exemple.

D’autre part, il n’y a pas que les détournements volontaires ou organisés des arsenaux des forces de défense et de sécurité. Il y a bien évidemment aussi les prises au combat. En 2012 au Mali, ça été gigantesque. Les Forces armées maliennes (FAMA) se sont enfuies devant l’avancée des jihadistes et des rebelles touareg et elles ont abandonné leurs arsenaux sur place. Or, les prises continuent, c’est souvent ce qui motive les attaques de ces groupes contre les casernes et les campements de l’armée. En RDC, il y a même le phénomène des attaques simulées. Un officier fait un accord avec un groupe armé « tu simules une attaque tel jour à telle heure, on s’enfuit, tu prends le matériel et pour ça tu me donnes d’abord tant de milliers de dollars… ». Au Congo, j’avais inventorié une dizaine de méthodes comme celle-là, pour faire passer des armes aux bandes armées ou aux criminels. Il y a même des locations d’armes et toute sorte de systèmes. De ce point de vue, la situation au Sahel est quand même moins grave qu’en RDC.

Quelles sont les réponses sur le plan législatif ?

Les législations locales sont inadaptées ou absentes, donc les gens s’arment illégalement parce qu’il n’y a pas de loi. Dans certains cas, on a une loi qui précise qu’on peut dans certaines conditions avoir des armes, mais il n’y a pas d’arrêté d’application ou de procédure mise en place. Cela étant, des efforts existent pour lutter contre la prolifération des armes surtout en Afrique de l’Ouest : il y a la convention de la Cédéao sur les armes légères et de petit calibre qui en théorie interdit les transferts internationaux, sauf exemption approuvée par tous les autres États membres de la Cédéao, pour des motifs de sécurité nationale, par exemple. Cette convention contraint aussi les pays à réformer leur législation avec des procédures obligatoires, des définitions, etc. Par exemple, quelles sont les armes de petit calibre pouvant être éventuellement détenues par un civil ? Quelles sont les conditions et formalités pour obtenir un port d’armes ? Ces efforts sont encourageants, mais il reste énormément à faire, tant sur le plan législatif que dans la lutte contre la corruption.

Pour contrôler les armes des forces de défense et de sécurité, la Convention de la Cédéao contraint les États parties à marquer ces armes et les enregistrer. Ainsi, quand on saisit une arme, on peut voir d’où elle vient. Eventuellement cela permet de remonter au moment où elle a été détournée dans le circuit illégal et d’identifier et punir l’auteur du détournement, ce qui aura un effet dissuasif sur les autres. Une autre mesure serait de rapporter les saisies qu’on fait dans un pays aux États voisins et à Interpol. Une personne des renseignements en Côte d’Ivoire me disait, à propos de la dispersion des armes ivoiriennes après-guerre, que « c’étaient des rumeurs de couloir », parce qu’aucun pays ne leur avait notifié officiellement une demande d’enquête sur des armes ivoiriennes qu’ils ont retrouvées chez eux. Il y a un manque de coopération entre les États et aussi une formation insuffisante des services de contrôle douaniers et policiers. Il leur est, à mon avis, souvent difficile de reconnaître des armes en pièces détachées et ils manquent d’équipements de type scanners par exemple.

Au niveau politique, les États d’Afrique de l’Ouest et les pays occidentaux qui les soutiennent devraient accorder une plus grande attention au phénomène du trafic d’armes. On parle beaucoup du terrorisme, mais ce phénomène est justement très lié au trafic d’armes qui est souvent négligé par les autorités de ces pays.

 

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 14:03
Les Casques bleus écartelés entre règlements de conflits et lutte contre le Covid-19

 

Les Casques bleus écartelés entre règlements de conflits et lutte contre le Covid-19

 

AFP

 

“Les Casques bleus ne sont pas le remède au Covid-19, mais ils tiennent une place dans la lutte contre ce virus”, selon le responsable des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix.

La pandémie du Covid-19 frappe aussi bien les pays qui sont en paix que ceux ravagés par des conflits armés. Pour Jean-Pierre Lacroix, il y a lieu de s’inquiéter pour les “personnes qui vivent déjà dans des environnements politiques fragiles, dans des sociétés touchées par un conflit ou se relevant d’un conflit, avec peu ou pas d’infrastructures ni de filets de sécurité sanitaire et social”.

Des inquiétudes partagées par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui a averti mercredi que 200 000 personnes ont été déplacées en Libye où les combats se poursuivent et où les infrastructures sanitaires ont été détruites.

"Les défis sécuritaires sont maintenant couplés à de graves préoccupations sanitaires posées par la propagation potentielle du virus COVID-19", a averti l'OIM.

Dans les pays en conflit, de nombreuses communautés n’ont pas accès à de l’eau potable. Ce qui rend difficile le lavage des mains, considéré comme l’un des moyens de lutte contre la propagation du coronavirus.

À côté, des économies s’effondrent; augmentant la vulnérabilité des femmes. Par ailleurs, l’affaissement de l’économie diminue leur capacité à se nourrir et à nourrir leur famille. La situation est plus critique si “ces familles vivent sous la menace de groupes armés ou d’actes terroristes”, s’inquiète Jean-Pierre Lacroix.

“Tout comme un corps se défend moins bien contre le virus si son système immunitaire est affaibli, les populations privées de systèmes de santé ou de filets de sécurité sont encore plus vulnérables à la pandémie et à ses conséquences. Il en va de même des zones où opèrent nos soldats de maintien de la paix. Les civils y sont les plus vulnérables”, explique-t-il.

Selon le chef des Casques bleus, la République démocratique du Congo, la Centrafrique et le Mali sont des pays qui connaissent une paix fragile et où les populations ont déjà trop souffert à cause des conflits armés s’étalant sur de longs mois.

“Nous continuons à patrouiller tout en appliquant les règles de distanciation sociale et nous avons intensifié notre utilisation des ressources en ligne”, souligne Jean-Pierre Lacroix.

Pour endiguer la propagation de la pandémie de coronavirus, les missions se plient aussi aux mesures de précaution, dont la mise en quarantaine et le confinement quel que soit le lieu de leurs déploiements, rassure-t-il.

Les missions soutiennent aussi les efforts des autorités nationales d’endiguer la maladie, grâce à leurs moyens de communication et par le maintien des chaînes d’approvisionnement essentielles. “Notre personnel sensibilise les communautés au coronavirus, par le biais des radios locales et des réseaux sociaux, ou encore lors des patrouilles”, ajoute M. Lacroix.

Un travail qui n'est pas sans risque. Selon le New Humanitarian, cette semaine quatre membres du personnel de l'ONU ont été testés positifs au coronavirus au Soudan du Sud où règne une paix fragile.

“Nous avons plus que jamais besoin de l’appui de nos Etats membres. Leur volonté de maintenir leurs engagements envers les opérations de maintien de la paix est cruciale pour assurer notre capacité d’assistance", plaide Jean-Pierre Lacroix.

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:46
RCA : vers une révision constitutionnelle, de crainte d'un report de la prochaine présidentielle
RCA : vers une révision constitutionnelle, de crainte d'un report de la prochaine présidentielle

 

Centrafrique : vers une révision constitutionnelle, de crainte d'un report de la prochaine présidentielle

 

French.china.org.cn le 11-04-2020  par LIANG Chen

 

Quelque 110 députés centrafricains se déclarent favorables à une révision constitutionnelle de crainte que l'élection présidentielle, programmée fin 2020, ne soit reportée, a indiqué à la presse vendredi le deuxième vice-président du Parlement centrafricain, Mathurin Dimbélé Nakoué.

Cette initiative entend combler une carence qui n'avait pas été prévue par la Constitution centrafricaine, selon le parlementaire. Si par exemple, la présidentielle ne se tenait pas à la date prévue à cause de l'épidémie de COVID-19, dans le cadre de la loi constitutionnelle actuelle, un vide présidentiel de facto serait provoqué.

Il ne s'agit nullement de rallonger le mandat du président, encore moins d'augmenter le nombre de mandats fixé par la Constitution, a affirmé M. Dimbélé Nakoué.

Un projet de modification est déjà sur la table du parlement et que de façon imminente, les députés vont se rassembler pour donner leur avis, a-t-il ajouté.

L'Assemblée nationale centrafricaine compte 140 députés. En vertu de la Constitution centrafricaine, la révision constitutionnelle intervient lorsque le projet a été voté par l'Assemblée nationale à la majorité des trois quarts des membres. Le nombre et la durée des mandats présidentiels sont expressément exclus de la révision.

La République centrafricaine compte actuellement onze cas positifs d'infections au nouveaux coronavirus, selon le dernier bilan établi par les autorités sanitaires du pays.

Fin

Source: Agence de presse Xinhua

 

 

Centrafrique : prorogation du mandat présidentiel, la pilule ne passe pas pour l’opposition démocratique

 

Corbeaunews 9 avril 2020

 

Bangui (République Centrafricaine) -Il est clair aujourd’hui que les députés proches de la majorité présidentielle sont dans la dynamique d’offrir une prorogation d’un mandat d’une ou deux années à Touadera sous prétexte de lutte contre le coronavirus qui bouleverserait le calendrier électoral. Vent debout, la Coalition de l’Opposition Démocratique (COD 2020) met en garde la Touadera de dans sa volonté de tripatouiller la Constitution. Position exprimée lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi à Bangui. 

La COD 2020 ne cache plus son inquiétude sur l’illisibilité du processus d’une part et d’autre part sur la volonté de la Touadera de de tripatouiller la Loi fondamentale afin de se maintenir au pouvoir en raison d’un bonus de deux ans.

A en croire les partis politiques de l’opposition, il existe une pétition sur initiative de Mathurin Dimbelet Nakoe, 2e vice-président de l’Assemblée Nationale, signée par les députés à la solde du pouvoir en vue d’offrir deux années de plus au mathématicien de Boy-Rabe si les élections n’étaient pas organisées pas dans le délai constitutionnel.

Se basant sur l’article 153 de la Constitution du 30 mars 2016, « sont expressément exclus de la révision : le nombre et la durée des mandats présidentiels les dispositions du mandat actuel », ont-ils cité.

Sans tergiverser, la COD 2020 met en garde Faustin Archange Touadera et les pétitionnaires tentés par cette périlleuse et hasardeuse aventure qu’ils sont passibles au crime de haute trahison même après la cessation de leurs fonctions.

Cette prise de position n’altère pas la dynamique des députés acquis à coup de billets de banque par le pouvoir de Bangui. Mathurin Dimbelet Nakoe, déterminé plus que jamais, à faire passer par tous les moyens cette tentative anticonstitutionnelle.

Des avis des juristes, cela ne passera pas et viole la constitution de la République Centrafricaine. Des juristes avisés l’attendent de pied ferme pour saisir la Cour Constitutionnelle.

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 13:23
Mankeur Ndiaye informe avoir été testé négatif

Lu pour vous

 

Covid-19 / Auto-confinement : Mankeur Ndiaye informe avoir été testé négatif

 

https://www.dakaractu.com/

 

L’ancien ministre des affaires étrangères Mankeur Ndiaye, désormais représentant Spécial du Secrétaire général de l’Onu en Centrafrique et chef de la Minusca, est sorti de son auto-confinement. En quarantaine tout comme la Représentante spéciale adjointe de l’ONU, comme il l’avait annoncé, est sorti de son confinement.

« Chers collègues, chers amis, je viens de terminer ma période d’auto confinement de 21 jours et j’ai été testé négatif Covid-19. Restons vigilants et respectons les mesures préventives d’hygiène et de distanciation sociale d’au moins 1m », a-t-il annoncé sur twitter...

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 21:59
L’embargo sur les armes allégé pour la Centrafrique
L’embargo sur les armes allégé pour la Centrafrique
L’embargo sur les armes allégé pour la Centrafrique

Lu pour vous

 

http://club.bruxelles2.eu/ 10 avril 2020  Leonor Hubaut

 

(B2) Depuis la mi-mars, les Européens ont introduit une nouvelle possibilité d'exporter des armes vers la République centrafricaine depuis décembre 2013. Ils suivent ainsi la décision prise au plan international le 31 janvier. Après une dure bataille entre grandes puissances. Cette levée partielle de l'embargo, la seconde après celle de septembre 2019, est une étape importante

Un état des lieux mitigé

La décision s'appuie sur le rapport du groupe d’experts de l'ONU sur la République centrafricaine (RCA), publié le 14 décembre 2019. Les experts y précisent que « le trafic d’armes par les groupes armés se poursuit effectivement ». Mais ils pointent également que « le nombre d’armes lourdes en leur possession reste cependant faible ».

Quant à l'équipement des forces centrafricaines, le tableau dressé par les experts note des lacunes. Pour les forces armées (FACA), « les dons d’armes et de munitions par la Fédération de Russie et la France en 2018 et 2019 suffisent quasiment à couvrir les besoins en armes légères et de petit calibre », jugent les experts. Cependant, « les forces de sécurité intérieure ont toujours cruellement besoin d’armes et de matériel de maintien de l’ordre ». Malgré les dons de matériel non létal, notamment de véhicules, d’uniformes et d’outils de communication, « le soutien logistique aux membres déployés des FACA et aux forces de sécurité intérieure demeurait insuffisant ».

Centrafrique et Russie en faveur d'un assouplissement majeur

Si la résolution est défendue par la France, à la manœuvre sur ce texte, comme un « bon compromis », Russie et Chine se sont abstenues au moment du vote. L'ambassadeur russe, favorable à un assouplissement plus significatif, a souligné que « cet embargo fait obstacle au réarmement de l’armée centrafricaine, alors que celle-ci a la responsabilité de protéger les civils ». Un message qui fait écho aux demandes des propres institutions centrafricaine qui insistent sur le besoin de s'équiper pour faire face aux activités criminelles, alors que « rien n'empêche les fauteurs de troubles de s'armer grâce à la contrebande ». Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a ouvertement réclamé la levée totale de l'embargo à Sotchi, pour le sommet Russie-Afrique de novembre 2019 (lire : La Russie à la reconquête de l’Afrique).

Priorité : équiper les forces centrafricaines 

L'embargo connaissait plusieurs exceptions depuis son établissement, pour la livraison de matériel aux missions internationales présentes dans le pays : celle de l'ONU (Minusca) et l'européenne (EUFOR RCA puis EUTM RCA) ou aux forces soudanaises et tchadiennes qui participent aux patrouilles de la force tripartite. Le point délicat de l'exception, négociée en septembre 2019, est maintenu : il est possible à la RCA d'importer des armes de calibre égal ou inférieur à 14,5mm et des munitions et composants spécialement conçus pour ces armes, ainsi que des véhicules militaires terrestres non armés. Ces équipements sont destinés aux forces armées centrafricaines, pour leur permettre de reprendre le contrôle de leur territoire.

Après les armes, voie libre aux blindés 

La nouveauté, et flexibilité supplémentaire apportée dans cette décision, est la possibilité de livrer des « véhicules militaires terrestres montés d’armes de calibre égal ou inférieur à 14,5 mm, destinés aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre ». Il est stipulé que ces véhicules ne pourrons être « utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité ou de l’appui à celle-ci ». Après avoir pointé les problèmes sécuritaires dans le nord du pays, l'ambassadrice centrafricaine à l'ONU a déclaré que « doter les forces de défense et de sécurité de moyens roulants leur permettra une mobilité assurée dans les zones d’insécurité et facilitera une intervention rapide auprès des civils en détresse ».

Une décision valable six mois 

Outre la bataille sur les points précis de la levée de l'embargo, c'est également sur sa durée que les diplomates se sont affrontés. Le régime d'embargo adapté a finalement été ramené à 6 mois, au lieu d'un an. L'objectif étant de pouvoir ajuster la décision en juillet prochain, et pouvoir alors décider d'une prolongation d'un an. Ceci permettra de ne pas faire de l'embargo un enjeu en vue des élections législatives prévues en décembre 2020 en RCA. Les représentants du Niger, de la Tunisie et de l’Afrique du Sud, « les A3 » du Conseil de sécurité, ont ajouté que ces sanctions ne sont pas une fin en soi, mais plutôt l’expression de « notre engagement pour une transition du pays vers la stabilité et la paix ».

Une décision déjà transcrite en droit européen 

Cette résolution de l'ONU a été transposée dans l'Union européenne par une décision adoptée le 17 mars 2020 par le Conseil de l'UE durant la période de confinement, publiée le jour même dans un addendum au journal officiel (L 80i) et applicable dès le lendemain.

(Leonor Hubaut)

 

Télécharger la résolution 2507  du Conseil de sécurité de l'ONU du 31 janvier 2020 et la décision de l'UE du 17 mars 2020

 

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 15:30
Pâques 2020 par Abbé Joseph Marie Ngoui Akandji Père spirituel, Séminaire St Paul Bangui

 

Dimanche

Pâques 2020

12 Avril

"Il est vraiment ressuscité, Alléluia!"

Chers frères et sœurs en Christ,

Bonne et sainte fête de Pâques à tous. Le Christ est vraiment ressuscité, Alléluia.

"Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts? Il n'est pas ici, il est ressuscité." Ce reproche de l'Ange de Dieu s'adresse non seulement à ces dames de Galilée mais  à nous tous qui croyons à Notre Seigneur Jésus-Christ (Luc 24, 5-6). Oui, les femmes constatent que le tombeau est vide. Toutes tremblantes mais aussi toutes joyeuses (souligne l'Evangéliste) les voilà qui courent annoncer la Bonne Nouvelle aux disciples. Pierre et Jean arrivent eux aussi en courant. Ils constatent que les femmes ont dit vrai : le tombeau est bien vide; seuls les linges sont là. "Pierre retourne chez lui tout étonné de ce qui était arrivé" (Luc 24, 12).

Chers frères et sœurs,

Allons-nous aussi ce matin, avec Pierre, Jean et les saintes femmes de Galilée, nous tenir devant le tombeau du Seigneur Jésus-Christ.

Chers frères et sœurs, chrétiens et chrétiennes de Centrafrique, avouons que c'est avec un cœur serré, un cœur douloureux que nous célébrons ce mystère pascal. Oui, avec cette pandémie de Covid-19; pour la première fois, la célébration de la Semaine Sainte et de la Pâques 2020 dans notre Eglise de Centrafrique ne connaitront pas leur grande solennité, leur éclat festif. Mais nous chrétiens, chrétiennes, croyants, croyantes, nous savons que notre Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des Vivants. Le coronavirus qui décime le monde n'aura pas le dernier mot. Pâques n'est-elle pas le "passage" de la mort à la vie; de la servitude à la liberté. Tel fut le sens de la sortie des Hébreux de l'Egypte sous la conduite de Moise.

N'est ce pas qu'aujourd'hui, nous aussi nous avons besoin de traverser le désert de l'incroyance, de l'idolâtrie, de l'injustice, de la haine, de la violence, de la guerre, du terrorisme, de la pandémie de "coronavirus". Le Christ est ressuscité. En ces jours où la pandémie de coronavirus sème la terreur et la mort, le Christ-Ressuscité nous invite tous à une vie nouvelle, nous qui croyons en la puissance et à la gloire de celui qui a dit "Je suis la résurrection et le vie" (Jn 11, 25). "Ayez confiance, je suis vainqueur du monde" (Jn 16, 33).

Ecoutons l'Apôtre Paul dans sa lettre aux Romains :

"Frères, nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle nous aussi" (Rm 6, 3-11)

Chers frères et sœurs en Christ,

Nous sommes ressuscités quand nous disons non au péché, nous sommes ressuscités quand nous aimons nos frères et sœurs parce qu'ils sont l'image de Dieu notre Père céleste. Nous sommes ressuscités quand nous pardonnons comme Jésus notre Grand frère a pardonné; quand nous disons la vérité. Nous sommes ressuscités quand nous cessons de voler, de piller, de braquer, de tuer, d'être paresseux, d'être égoïstes; quand nous ouvrons nos mains pour soulager la misère de ceux qui souffrent. Enfin, nous sommes ressuscités quand nous aimons notre pays et travaillons tous, la main dans la main, pour son développement intégral et cela avec abnégation, dévouement et conscience professionnelle.

Alors vous comprenez chers frères et sœurs, pourquoi il ne s'agit pas de rester près du tombeau vide et pleurnicher avec Marie-Madeleine...Non! Non! Jésus-Ressuscité nous invite tous à le rejoindre en Galilée, carrefour des nations, pour une fraternité internationale et universelle (la famille humaine).

Chers frères et sœurs en Christ,

Permettez-moi de conclure notre partage de la parole de Dieu de ce dimanche de Pâques 2020, assombri par le confinement (dû au Covid-19) par cette parole du Pape Emérite (Benoit XVI), je cite : "Dans un monde dominé par l'ombre de la mort, la révélation pascale nous donne le droit de chanter : Alléluia"

Et avec vous tous, chantons ce cantique de Raymond FAU que vous aimez bien :

"Tu es là au cœur de nos vies,

Et c'est toi qui nous fais vivre.

Tu es là au cœur de nos vies,

Bien vivant ô Jésus-Christ."

Bonnes et Saintes fêtes de Pâques à toutes et à tous.

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 15:21
Evariste Ngamana rejette les accusations du KNK
Evariste Ngamana rejette les accusations du KNK

 

Evariste Ngamana rejette les accusations du KNK soupçonnant le régime au pouvoir de vouloir orchestrer l'arrestation de l'ancien président François Bozizé

 

https://www.radiondekeluka.org/ vendredi 10 avril 2020 13:50

 

Evariste Ngamana  est le Porte-parole du Mouvement Cœurs Unis (MCU). Au cours de l'entretien accordé à Jean Fernand Koena, il apporte des éclaircissements sur la récente opération  des Forces de défense et de sécurité dans le secteur du Pk12.

Par ailleurs, il rejette l'idée d'une intention cachée de la part du pouvoir de vouloir arrêter l'ancien président François Bozizé Yangouvonda.

 

https://www.radiondekeluka.org/actualites/politique/35390-evariste-ngamana-rejette-les-accusations-du-knk-soupconnant-le-regime-au-pouvoir-de-vouloir-orchestrer-l-arrestation-de-l-ancien-president-francois.html

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com
10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 15:09
Afrique, l’instrumentalisation des élections

Lu pour vous

 

https://mondafrique.com/ La rédaction de Mondafrique 10 avril 2020

 

 

Dans de nombreux États africains, les élections nationales sont devenues des mirages de la démocratie, permettant à des régimes autocratiques vermoulus de se maintenir, au grand désespoir des populations.

Sauf de rares exceptions, comme récemment en Guinée, le système onusien, les organisations internationales et régionales ainsi que les principaux partenaires techniques et financiers sont avares d’objections pour mettre en cause des processus électoraux manifestement manipulés par les autorités politiques au pouvoir.

Le dogme des élections nationales

Au nom de la démocratie, il faut « aller aux élections « , coûte que coûte, souvent dans des conditions politiques, sécuritaires et sanitaires qui ne permettent pas des élections, libres, transparentes et crédibles.

Ce réflexe pavlovien montre à quel point l’aveuglement et la surdité sont profondément ancrés dans les centres de  décisions bureaucratiques, éloignés des réalités du pays en question.

On retrouve  les mêmes logiciels, les mêmes experts internationaux en élection, occultant les données objectives du rendez-vous électoral. Dans les pays où règne une mauvaise gouvernance endémique, la fièvre électorale accroît les tensions et souvent la violence. Les résultats sont sans surprise, car selon le dicton « on n’organise pas des élections pour les perdre ».

De telles élections, souvent organisées à grands frais, ont-elles améliorées les situations au Mali d’Ibrahim Boubacar Keita (75 ans), en Guinée d’Alpha Condé (82 ans), au Niger de Mahamadou Issoufou (68 ans), au Cameroun de Paul Biya (87ans) en RDC de Joseph Kabila, au Burundi de Pierre Nkurunziza (55 ans), au Congo de Denis Sassou-Nguesso (76 ans), en Centrafrique de Francois Bozizé puis de Faustin-Archange Touadera (63 ans), en Guinée Equatoriale de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (76 ans), au Tchad d’Idriss Deby Itno (67 ans), au Gabon d’Ali Bongo Ondimba (61 ans), en Angola de Eduardo Dos Santos puis de Joao Lourenço (66 ans), au Mozmbique de Filipe Nyusi (61ans)..? Le statu quo doit-il être encore recherché à tout prix ? Ne faut-il pas plutôt revoir le système politique ?

Les détournements du processus électoral 

Sous les yeux des experts et consultants internationaux, généralement du PNUD et de l’Organisation internationale de la Francophonie, les clans présidentiels n’ont aucune difficulté pour mettre en place les obstacles à un processus véritablement démocratique. Ces obstacles seront souvent jugés, a posteriori, par les organisations internationales comme  » n’étant pas de nature à remettre en cause la fiabilité des résultats  

.Dans un premier temps, ces clans, rompus à la corruption et à la prédation, s’assurent de la totale collaboration de la Commission nationale des élections (qui prend diverses appellations avec souvent le qualitatif trompeur d’indépendante) chargée de l’organisation des élections et de la Cour constitutionnelle qui aura à valider les résultats de l’élection. Les nominations dans ces deux organes constitutionnels sont de la seule appréciation du pouvoir exécutif qui maîtrise ainsi l’amont et l’aval du processus électoral. Les tricheries et fraudes peuvent se mettre en place, en toute quiétude.

Pour l’organisation du scrutin proprement dit, les motifs d’élimination des candidats, susceptibles d’être des adversaires dangereux, ne manquent pas. En dernier recours, la voie judiciaire permet leur inéligibilité. Les démembrements de la Commission nationale des élections, au niveau local, se font de manière unilatérale, rendant ainsi les opérations préélectorales difficilement contrôlables.

Le fichier électoral est rarement mis à jour. Dans les États en proie à des rébellions, il est quasiment impossible de l’actualiser. Que deviennent les inscriptions des réfugiés de l’étranger, des déplacés de l’intérieur et tout simplement les disparus ? De même, d’innombrables citoyens ont perdu leur carte d’électeur tandis que des officines s’activent pour en multiplier de fausses. Les bureaux de vote font souvent l’objet d’une surveillance minimale et faute de la présence de mandataires des partis de l’opposition, menacés et donc en nombre insuffisant, ils permettent rarement des votes sincères et libres. Les bulletins dans les urnes ne sont pas toujours uniquement ceux des votants. Quant au dépouillement et à la comptabilisation des bulletins, la vieille citation  de Staline est toujours d’actualité :  » ce qui compte ce ne sont pas les votes, mais ceux qui comptent les votes « .

Les crises post électorales 

Les résultats, parfois qualifiés de  » hold up électoraux » font rarement l’objet d’acquiescements de l’opposition. Le changement par les urnes est très rare. Au Sénégal, Abdou Diouf et Abddoulaye Wade se sont pliés au verdict démocratique des urnes. Ce furent aussi le cas du Nigerian Goodluck Jonathan, du Burundais Pierre Boyoya, du Zambien Rupiah Banda, de la Malawite Joyce Banda, des Béninois Nicephore Soglo et du « Caméléon » Mathieu Kerekou, en 2006 et du Tunisien Moncef Marzouki.

En revanche, d’autres chefs d’Etat s’enfermèrent dans le déni, avant de partir piteusement comme l’Ivoirien Laurent Gbagbo et le Gambien Yahya Jammeh.

Le plus souvent, les élections sont donc fermées à l’alternance et surajoutent une nouvelle crise, mettant à mal l’unité nationale. Des leaders de l’opposition,  probablement floués, ne désarment pas et vont continuer leur combat dans la Rue. Ces personnalités aussi crédibles que le Gabonais Jean Ping, le Camerounais Maurice Kamto, le Congolais de RDC  Martin Fayulu, le Guinéen Cellou Dalein Diallo et le Togolais Agbéyomé Kodjo, feraient-elles mieux que l’actuel locataire du Palais présidentiel dont le bail a été renouvelé ?  On peut se rappeler la victoire, en 2010, du prometteur Alpha Condé, alors âgé de 72 ans où celle de l’accession au pouvoir, à la mort de son père, de Joseph Kabila, alors âgé de 29 ans…Plutôt qu’une simple question de personne pour diriger un pays, peut-être ne faudrait-il pas s’interroger sur la nature du régime politique et l’organisation de l’État.

Des réformes institutionnelles

N’en doutons pas, des bouleversements viendront dans les gouvernances de tous les États de la planète avec les conséquences désastreuses de la pandémie du Covid-19 et de l’effondrement des rentes pétrolières pour certains États. Il y aura également une remise en cause d’un multilatéralisme, beaucoup trop permissif et hors sol, qui a atteint ses limites. Afin d’alimenter le débat, deux pistes peuvent être proposées :

 

1- renoncer à l’extrême présidentialisation 
 

Le mimétisme des institutions françaises a probablement été trop proche de la copie. Si le bicéphalisme de l’exécutif est à conserver, en revanche un régime de type parlementaire, voire semi-présidentiel, garantirait davantage la crédibilité des élections. Dans de tels systèmes, le président de la république n’est plus la clef voûte des institutions. Il n’est plus élu au suffrage universel direct comme en Allemagne, en Italie ou même s’il l’est,   comme au Cabo Verde, il n’est plus le chef de l’exécutif.

La réalité du pouvoir appartient au Premier ministre, chef de gouvernement, qui ne dépend plus du chef de l’État mais reste sous le contrôle d’une Assemblée nationale pluraliste, qui peut le démettre de ses fonctions.

Dans ces conditions, la fonction de chef de l’État, moins attractive, tarit le vivier de candidatures et promeut davantage la sagesse plutôt que les mauvaises pratiques.

Quant aux tricheries et fraudes électorales, elles pourraient se reporter sur les élections législatives. Elles seraient néanmoins plus difficiles, car le contrôle de proximité des citoyens serait plus efficace et le mal-élu ne pourrait pas se protéger avec un parti présidentiel tout-puissant. Quant aux corrupteurs potentiels, leur cible ne serait plus un seul candidat présidentiel national mais des cibles aléatoires parmi les candidats à la députation. Il serait plus difficile de prévoir la nomination du chef de gouvernement qu’aujourd’hui organiser l’élection du président de la république.

 

2- En finir avec la concentration du pouvoir
 

Dans les nombreux Etats devenus quasiment fictifs, le président de la république avec quelques conseillers présidentiels, dont la fidélité est souvent d’origine familiale et tribale, accapare les fonctions normalement dévolues au gouvernement. Avec une primauté du Premier ministre, les ministères  beaucoup moins nombreux, retrouveraient leur vocation première. L’administration pourrait être revitalisée avec des programmes d’objectifs et de moyens, élaborés avec les partenaires financiers et techniques. Le Secrétariat du gouvernement, organe essentiel, coordonnerait ces programmes  et les évaluations des ministères. Enfin de parfaire la déconcentration, les services extérieurs des ministères, souvent disparus depuis des lustres, seraient remis en place dans les régions, les départements et certaines communes. Les autorités déconcentrées de l’État (préfet) assureraient la tutelle des nouvelles collectivités territoriales, issues des élections locales. Déconcentration et décentralisation sont intimement liées. Ces collectivités territoriales feront le maillage du territoire national, laissé tellement en jachère. Les élections locales doteront les communes et les régions d’organes exécutif et délibératif représentant enfin les populations. Selon les pays, les chefs coutumiers reconnus pourraient retrouver leur place dans le dispositif administratif. Les projets locaux et régionaux seraient sérieusement pris en compte et réalisés effectivement car élaborés en fonction des priorités locales  sous la pression de la population. La Coopération décentralisée avec les collectivités des pays du Nord accompagnerait ce développement local et territorial.

Avec de telles réformes, à la fois institutionnelles et administratives, les élections présidentielle, législatives et régionales pourraient retrouver leur vocation d’origine qui est faire vivre la démocratie et non pas quelques centaines de personnes autour du président de la république. Le moment est bientôt venu de mettre fin à cette mascarade.

 

LIRE AUSSI LE RAPPORT DE HRW SUR LE DERNIER SCRUTIN EN GUINEE

https://www.hrw.org/fr/news/2020/04/10/guinee-un-referendum-entache-de-violences

 

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com