Par RFI Publié le 10-01-2018 Modifié le 10-01-2018 à 11:30
Depuis la fin décembre des affrontements entre le MNLC d'Ahmat Bahar et un autre groupe armé, RJ (Révolution Justice), se poursuivent dans le nord-ouest de la Centrafrique autour de la ville de Paoua, non loin de la frontière tchadienne. 5 000 personnes seraient arrivées au Tchad. 58 000 à Paoua même, selon les derniers chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
Le député centrafricain Martin Ziguélé, ancien Premier ministre, est natif de Paoua. Il lance un cri d'alarme et en appelle à une intervention militaire de la Minusca comme elle l'a fait à Bocaranga en octobre dernier.
« Nous voulons que la Minusca intervienne, comme cela a été fait à Bocaranga, insiste le député. La Minusca a mis en garde les troupes de Sidiki qui avaient occupé Bocaranga. Et ces troupes-là n’ont pas voulu quitter Bocaranga et la Minusca a réagi immédiatement et fermement. C’est exactement la même chose, la même réaction, la même réactivité, la même fermeté que nous attendons de la Minusca. »
Martin Ziguélé déplore le manque d’action sur le terrain alors que les exactions des groupes armés se poursuivent. « Vendredi dernier, il y a eu une mission conjointe de la Minusca et du ministre de la Défense et de la sécurité à Paoua mais il n’en demeure pas moins qu’il n’y a pas d’action sur le terrain. Donc les groupes armés, monsieur Bahar qui fait venir des renforts de partout, assassinent. »
« Et je dois vous dire que Paoua est la seule ville du nord où toutes les communautés vivent paisiblement, précise le député centrafricain. Vous avez des chrétiens, des musulmans et ils vivent là parce qu’ils ont décidé de vivre ensemble. Aucune force extérieure ne les a obligés à être ensemble. Et c’est cette image-là qui est en train d’être détruire par des aventuriers, des assoiffés de sang, des criminels qui n’ont rien à faire dans cette région-là. »
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Accueil au Tchad
Les affrontements entre le MNLC et RJ ont déjà poussé plus de 5 000 personnes à traverser la frontière avec le Tchad. Innocent Mal Ganga, le responsable d'un ONG présente dans la région frontalière, l'Agence de développement économique et sociale, constate que la majorité des réfugiés sont des femmes et des enfants. « Nous avons remarqué qu’ils ont marché longtemps en brousse, donc ils sont malades. »
Il précise que jusqu'à maintenant, la population locale a bien accueilli les réfugiés centrafricains. « La population autochtone a été, vraiment très, très accueillante. Alors qu’elle vit déjà dans des conditions difficiles. Si on ne prend pas garde à donner une assistance rapide, il se peut qu’il se crée de conflits. Mais pour le moment il n’y a pas encore de conflits, Dieu merci. »
« Ces personnes sont directement intégrées dans les villages, poursuit Innocent Mal Ganga. Et l’approche qui sera adoptée c’est de garder ces personnes dans les villages, où ils ont des espaces agricoles pour pouvoir travailler. Pour le moment la situation est encore gérable ».