02/01/18 (AFP)
Des "centaines" de personnes ont fui les affrontements entre groupes armés qui ont lieu depuis mercredi soir autour de la ville de Paoua, dans le nord-ouest de la Centrafrique, a appris dimanche l'AFP auprès de Médecins sans frontières (MSF).
"Il y a des affrontements sur presque tous les axes autour de Paoua. Nous avons vu des centaines de personnes fuir leurs villages pour se réfugier à Paoua", a déclaré par téléphone Jean Hospital, coordinateur projets de MSF à Paoua.
Ces affrontements opposent depuis mercredi soir le groupe armé Mouvement national pour la libération de la Centrafrique (MNLC) créé en octobre par le "général" autoproclamé Ahamat Bahar, au groupe armé Révolution et Justice (RJ).
Les affrontements dans cette zone ont violemment repris fin novembre après qu'un chef de RJ, Clément Bélanga, accusé de nombreuses exactions contre la population, a été tué par des membres du MNLC, selon des sources concordantes.
Depuis mercredi et le début des combats autour de Paoua, MSF indique avoir admis huit blessés à l'hôpital de la ville, dont certains dans un état critique. "On a reçu des civils qui ont été directement visés par des tirs d’armes à feu ou ont été attaqués à la machette. D’autres sont des victimes collatérales des affrontements", a affirmé M. Hospital.
"Les RJ ont dit à la population de s'enfuir pour laisser la voie ouverte au cas où ils attaqueraient", a de son côté raconté à l'AFP Roy-Rodrigue Doutoumbaye, pasteur de la ville de Bétoko, proche de Paoua.
"Ils voulaient vraiment me tuer, mais comme j'avais 110.000 francs (environ 190 euros) sur moi ils ont pris l'argent et m'ont laissé en vie" a pour sa part raconté Jope, un habitant de Bétoko de 52 ans atteint de tuberculose et blessé par balle à la tête, admis à l'hôpital de Paoua.
"Si nous restons seules en ville nous risquons de nous faire violer. Nos maris sont partis au champ pour s'occuper des récoltes", a elle expliqué Marie-Angèle Dembaye, sur la route entre Betoko et Paoua. "Des hommes armés commençaient à tourner en ville pour chercher des femmes", selon elle.
"La situation va être rapidement très compliquée, car ces personnes n’ont pas toutes de famille pour les accueillir à Paoua", s'inquiète dimanche Jean Hospital d'MSF.
Selon les derniers bilans du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) et de la Croix rouge (CICR), il y avait mi-décembre entre 15.000 et 17.000 personnes déplacées à Paoua.
La Centrafrique est embourbée dans un conflit meurtrier depuis 2013. L'Etat, décimé, n'a de contrôle que sur une maigre partie du territoire national, tandis que les groupes armés s'affrontent dans les provinces pour le contrôle du diamant, de l'or et du bétail dans ce pays qui est l'un des plus pauvres du monde.
Insécurité dans le nord : l’initiative de l’UA, une solution pour Touadéra
http://www.radiondekeluka.org mardi 2 janvier 2018 16:13
Les Centrafricains de deux préfectures du nord, Nana Gribizi et Ouham-Péndé, ne peuvent pas circuler librement. A Kaga-Bandoro comme à Paoua, les hommes armés dictent leurs lois. Le chef de L’Etat, Faustin Archange Touadéra, tient au dialogue, une solution de l’Union Africaine, pour rétablir la paix.
Dans la Nana Gribizi, les armes ont encore crépité à Kaga Bandoro. Les hommes armés assimilés aux éléments du FPRC, branche de l’ex-Séléka, se sont attaqués à la population. Au moins une vingtaine de morts a été signalée ces dernières 48 heures. Ce bilan fait suite aux représailles des ex-Séléka revendiquant la tuerie de l’un d’eux par une foule dimanche.
Un habitant joint au téléphone témoigne sous le couvert de l’anonymat : « c’était dimanche que le parent d’une personne disparue ont retrouvé son cadavre dans la rivière Gribizi. Selon les rumeurs, ce serait le chef de brigade (CB) du FPRC qui l’aurait tué. Les parents ont aussitôt demandé des explications et l’un d’eux a frappé le CB d’une brique à la tête. Conduit à l’hôpital, celui-ci est décédé. Au petit matin, les représailles ont fait trois morts dans la rue suivie de l’exécution de tous les détenus à la brigade de gendarmerie ». Selon le témoin, la tension reste vive, toutes les activités sont paralysées dans la ville.
Ces informations sont systématiquement rejetées par le commandant Aboubakar Sidik, porte-parole du FPRC. « Sur le site des déplacés, nous n’avons rien fait. Nos éléments sont restés dans leurs bases respectives. L’état-major a donné des instructions pour que personne ne sorte jusqu’à ce que lumière soit faite dans cette affaire », a-t-il souligné expliquant que « la tension qui monte de lundi à mardi à Kaga Bandoro est liée à l’avancée des FACA à 20 Km sur la route de Bouca ». Aboubakar Sidik a rassuré qu’une enquête onusienne a été ouverte sur la question pour établir les responsabilités.
Appel à l’aide des personnes déplacées de Paoua
Fuyant les combats entre ex-Séléka et éléments du mouvement Révolution Justice (RJ), les déplacés des huit communes de la sous-préfecture de Paoua dans l’Ouham-Péndé vivent dans des conditions difficiles.
La région a été la semaine dernière le théâtre de plusieurs affrontements entre ex-Séléka et éléments de RJ. Les combats ont causé le déplacement massif de la population vers les sites de personnes déplacées de la ville de Paoua. Se trouvant dans des conditions déplorables, les victimes appellent à l'aide.
« Les musulmans qui ont quitté leur quartier se trouvent toujours devant la base de la Minusca. Dans les autres quartiers, les déplacés venus des huit communes sont dans la ville sans assistance humanitaire », a expliqué Zuiransky Dingamnaial correspondant de Radio Ndeke Luka à Paoua. Selon nos sources « seule la Croix Rouge procède au recensement les déplacés en provenance des différentes communes ». Zuiransky Dingamnaial a affirmé que « la force de la Minusca a été déployée sur le terrain, la circulation est mieux que dimanche ». Quelques boutiques ont pu rouvrir leurs portes ce mardi.
La semaine dernière, des sources locales ont signalé des incendies de maisons et des personnes tuées lors des violences.
Faustin Archange Touadéra déterminé à soutenir l’initiative de l’UA
Face aux bruits de bottes dans le pays particulièrement dans nord, le Chef de l'Etat est décidé à tendre la main aux hommes armés en République Centrafricaine. A l'occasion du nouvel an 2018, Faustin Archange Touadéra a réaffirmé son plein soutien à l'initiative du panel de l'Union Africaine. Une détermination devenue son cheval de bataille pour sortir le pays de gouffre.
Pour le président Touadéra, seule la réconciliation et la cohésion sociale pourraient permettre aux Centrafricains de tourner la page sombre de leur histoire. « La reconstruction de notre pays requiert non seulement un climat de paix et de sécurité mais une cordiale entente entre les filles et fils de Centrafrique. J’encourage les facilitateurs du processus politique en cours à poursuivre les actions discrètes qu’ils ont entamé de même, j’instruis le Premier ministre de continuer à travailler pour faire aboutir ledit processus, surtout d’appuyer l’action du panel des facilitateurs de l’Union Africaine chargés de la mise en œuvre de la feuille de route de paix », a déclaré Faustin Archange Touadéra, sur les ondes de la radio nationale dans son adresse à la nation au réveillon.
Le relèvement de la République Centrafricaine est fonction de la prise de conscience des chaque citoyen. Par le changement de mentalité « nous prouverons à la face du monde la maturité du peuple et sa capacité à résoudre ses contradictions. Il est donc important de placer l’année 2018 sous le sceau de la réconciliation nationale nécessaire au relèvement du pays. La cohésion nationale est plus que nécessaire si nous voulons sortir définitivement le pays de l’abîme où il se trouve », a insisté Faustin Archange Touadéra.