Centrafrique : Des retours spontanés des déplacés et des réfugiés enregistrés par des acteurs humanitaires
http://rjdh.org/ PAR JUVENAL KOHEREPEDE LE 1 AOÛT 2016
BANGUI, 1er aout 2016 (RJDH)—Plusieurs refugiés centrafricains ont commencé à rentrer. 728 centrafricains refugiés sur le site de Molai en RD Congo sont déjà rentrés. Selon la Commission Nationale pour les Réfugiés, ces derniers ont pris cette décision à cause de leurs conditions de vie difficile dans le pays d’accueil.
Selon les informations du RJDH, la CNR a déjà enregistré plus de 20.000 retournés. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés renvoie la balle dans le camp du gouvernement. Charles Mbala, représentant adjoint en charge de la protection au HCR présente deux conditions pour le retour « la première condition, c’est la sécurité, la 2e condition est la coexistence pacifique. Il faudrait que celui qui a fui la guerre vive avec son voisin comme avant la guerre » note t-il.
Il y a, selon le HCR et la CNR, trois préalables au retour des déplacés et des réfugiés « le retour est volontaire, il faut une garantie d’intégration pour les réfugiés ou les déplacés qui ne désirent plus rentrer chez eux ou la réinstallation dans un autre pays en cas de menace pour la sécurité du réfugié » a expliqué Ervey Zouaka, Directeur des Réfugiés à la CNR. Ce dernier a indiqué que des mécanismes sont déjà en cours pour faciliter le retour des déplacés et des réfugiés.
Au HCR, on dit ne pas encourager le retour massif « le HCR n’encourage pas un retour massif car pour que le retour soit durable il faut qu’il ait un préalable », a déclaré Magatte Guisse, le chef de bureau du HCR à Bouar. Pour ce dernier, le retour est un processus qui doit être accompagné par l’organe onusien en charge des réfugiés.
Des retours timides sont constatés, ces derniers jours en provenance du Cameroun dans les préfectures de la Nana Mamberé et de la Mamberé Kadei. Il y a aussi des cas de retournés du côté tchadien, de la RDC en faveur respectivement de la Moyenne Sido et de Mobaye ainsi que des retours négligés 0 Birao en provenance du Soudan du Sud.
Centrafrique : Des propriétaires de sites se plaignent de la présence prolongée des déplacés
http://rjdh.org/ PAR AUGUSTE BATI-KALAMET LE 1 AOÛT 2016
BANGUI, 1er août 2016 (RJDH)—Les propriétaires de certains sites de déplacés commencent à se plaindre de la présence prolongée des déplacés. Tandis que certains déplorent le dysfonctionnement de leurs activités d’autres regrettent des dégâts matériels sur leurs infrastructures.
Sur le site des déplacés de la paroisse Saint-Sauveur dans le 2ème arrondissement de Bangui, l’Abbé Bienvenu Paterne Zolo, vicaire de la paroisse fait savoir que les activités paroissiales sont réduites à cause de la présence des déplacés « depuis que les déplacés sont là, il y a un petit frein par rapport aux activités pastorales de la paroisse Saint-Sauveur. L’espace a été occupé entièrement par ces déplacés alors qu’on se trouve dans des difficultés pour tenir les réunions. Les mouvements ne peuvent pas tenir aussi correctement leurs réunions, et le fait qu’on cherche par-ci, par-là des endroits pour tenir les réunions, ça fait ralentir le travail pastoral. Mais en plus de cela, il faudrait noter également le dégât matériel, c’est-à-dire des cas de vol sur le site » a expliqué le religieux.
Pasteur Paul Dénou, responsable de l’église évangélique Luthérienne de Bangui Mpoko, se dit impatient par rapport à la présence des déplacés au sein de l’église, « nous sommes impatients. Nous attendons le départ des déplacés pour réaliser nos projets. Le temps qui passe ne revient jamais » dit-il avant d’interpeler le gouvernement à accélérer le processus du retour des déplacés.
Le Curé de la paroisse Saint-Charles Lwanga de Begoua, le Père Anicet Senganambi déplore plusieurs dégâts matériels sur le site après le retour des déplacés, « nous avons eu beaucoup de dommages au niveau de la paroisse, des bancs ont été cassés, et la disparition de certains matériels. Donc après l’accueil réservé aux déplacés, nous avons besoin d’un appui pour pouvoir réaménager certaines choses cassées » a lancé le Curé.
Au niveau du site des déplacés de la FATEB à Bangui, le Pasteur Francis Bella a quant à lui témoigné son sentiment de compassion envers ces personnes déplacées. Il appelle les humanitaires et les autorités centrafricaines à conjuguer leurs efforts afin de faciliter le retour de ces personnes encore présentes sur le site de FATEB, « pour nous c’est plus tôt un souci. Puisque la volonté est là et les conditions de certains ne sont pas réunies où une partie de la ville de Bangui demeure encore sous l’insécurité grandissante, nous appelons les autorités à tout mettre en œuvre pour qu’ils rentrent » a-t-il avancé.
La ville de Bangui compte aujourd’hui trente sites. Soixante dix autres sont éparpillés dans l’arrière-pays./
Judicaël Yongo et Bati-Kalamet.
Centrafrique : Des retournés déplorent leurs conditions de vie après le retour
http://rjdh.org/ PAR BIENVENUE MARINA MOULOU-GNATHO LE 1 AOÛT 2016
BANGUI, 01 Aout 2016(RJDH)—Des retournés interrogés par le RJDH affirment vivre dans des conditions difficiles depuis leur retour au pays ou à la maison. Ces derniers appellent le gouvernement et les ONG humanitaires à voler à leurs secours.
William Gata, qui a regagné la ville des Mbrès après plusieurs mois passés à Kaga-Bandoro dit vivre dans des conditions très difficiles depuis son retour, « nous sommes nombreux à regagner notre ville natale mais nous vivons actuellement comme des animaux. Nous n’avons pas de maison. Il nous est aussi impossible de reprendre nos activités champêtres à cause de la situation sécuritaire », déplore-il.
Les réfugiés centrafricains qui sont retournés au pays et que nous avons contactés, n’ont pas souhaité se prononcer sur leurs conditions de vie après leur retour. Sous l’anonymat, beaucoup ont affirmé être en train de reprendre leurs activités.
De nombreux retournés rencontrés au quartier Bea-Rex, dans le 3ème arrondissement ont repris le commerce. Tous n’ont pas voulu donner plus de précisions.
Selon Issen Nouraldine, vice-président du comité des retournés de Kaga Bandoro, 3700 réfugiés ont regagné cette ville depuis quelques mois. Il a déploré les conditions dans lesquelles ces derniers vivent et appelle le gouvernement à voler à leur secours. Selon le HCR, prêt de 30.000 déplacés et réfugiés ont regagné le pays ou leurs domiciles depuis le début de l’année.
Centrafrique : « Le gouvernement dispose d’un plan précis de retour des déplacés», affirme la ministre des Affaires Sociales
http://rjdh.org/ PAR JEAN FERNAND KOENA LE 1 AOÛT 2016
BANGUI, 1er Aout 2016(RJDH)—La ministre des Affaires Sociales, Mme Virginie Mbaikoua a confié au RJDH la reprise par le gouvernement du lead des actions humanitaires en Centrafrique. Elle a développé tout le plan que le gouvernement a préparé pour amorcer dans les meilleurs conditions le retour des déplacés et des réfugiés. Virginie Mbaikoua l’a dit dans une interview accordée le vendredi dernier au RJDH.
RJDH Virginie Mbaïkoua Bonjour
Bonjour : Mr le Journaliste.
RJDH : La RCA compte aujourd’hui plus de 400.000 déplacés et plus de 500.000 réfugiés. Le gouvernement a-t-il un plan pour créer les conditions de ces personnes chez elles ?
VM : Merci pour la question. Effectivement, nous avons plus de 900.000 déplacés internes et réfugiés. Aujourd’hui, le gouvernement a repris le lead de la gestion du dossier des personnes déplacées et réfugiées. Avant, c’était les partenaires humanitaires qui avaient le lead vu la crise que le pays traversait. Mais depuis le retour à l’ordre constitutionnel, et étant donné que le président a fait de ce volet la priorité des priorités, le gouvernement a repris le lead pour mener les activités dans le cadre de ce qui a été prévu dans le programme gouvernemental.
Alors qu’est ce qui se passe aujourd’hui ! Nous avons deux structures qui ont été mises en place : la première est une structure stratégique qui donne des orientations sur les stratégies de retour, et la deuxième structure, c’est une structure technique qui met en œuvre les grandes orientations. La structure technique est dirigée par le président de la République lui-même avec le premier ministre et les ministères concernés par la problématique des personnes déplacées. La structure technique est dirigée par moi-même ainsi que les experts des départements ministériels concernés et les partenaires humanitaires œuvrant en République Centrafricaine.
Nous avons mis en place un projet de retour qui a été écrit. Un chronogramme de retour du premier site pilote qu’est le site du M’poko est décidé. Compte tenu du problème sécuritaire, nous avons voulu commencer par le site de M’poko. Mais pour le retour dans le quartier d’origine ou la relocalisation, il faudrait aussi faire un chronogramme et celui-ci est établi avec des étapes importantes visant à rassurer ce retour-là. Cela veut dire que dans les quartiers de retour, les gens sont partis parce qu’il y a un problème sécuritaire, il fallait sécuriser ces quartiers de retour. Ce que nous avons fait avec l’appui de la Minusca. Nous allons sécuriser certains quartiers qui sont déjà prêts au retour. Nous avons aussi prévu la mise en place des services sociaux de base, c’est-à-dire qu’il faut préparer les quartiers de retour, il faudrait qu’il y ait des points d’eau, qu’il y ait des centres de santé s’il y a besoin, il faudrait qu’il y ait des écoles, tout ce qu’il faudrait pour que la population puisse revivre tranquillement. Nous avons aussi prévu des mesures d’accompagnement pour ceux qui vont revenir dans leur quartier d’origine et même relocalisés ailleurs. Il faut accompagner ces personnes pour s’assurer que leur retour s’est fait dans des bonnes conditions, mais aussi préparer ceux qui sont restés dans ces quartiers de retour pour l’accueil de ces personnes-là afin qu’ils puissent vivre en harmonie. Donc toutes ces activités sont inscrites dans le projet de retour mis en place par le gouvernement. Le gouvernement dispose d’un plan précis de retour des déplacés, plan qui a été consensuellement préparé et sera mis en œuvre par toutes les parties.
RJDH : En dépit de ce qui se fait, il ya des partenaires humanitaires qui sont sceptiques et posent de préalables quant au retour des déplacés et des refugiés. Qu’en dites-vous ?
VM : Quel préalable ?
RJDH : par exemple le HCR ne veut pas entendre parler de retour massif des déplacés et des réfugiés.
VM : Je vais vous dire une chose, nos parents vivent un moment déjà très difficile sur ces sites ou à l’étranger. L’Etat est quand même responsable, il ne peut pas mettre en danger la vie de la population surtout pas le gouvernement, et nous ne pouvons pas le faire. L’Etat doit protéger la population. Si le gouvernement a décidé de mettre en place un processus de retour, c’est que les préalables ont déjà été étudiés.
Nous venons de faire la demande auprès de la Minusca et le ministère de l’Intérieur pour sécuriser les quartiers de retour et parallèlement à ça, il y a un travail de dialogue qui va se faire dans les quartiers de retour pour la cohésion sociale. Je vous dis, il y a des quartiers qui sont propices y’en a qui ne le sont pas. Ceux qui sont prêts, on va permettre aux gens de rentrer, ceux qui ne sont pas prêts et s’il y a un travail de réconciliation, de cohésion sociale, le gouvernement va prendre sa responsabilité pour le faire avant le retour de ces personnes-là. Mais il y a une possibilité de relocalisation ailleurs. Vous savez, il y a des pays qui ont connu la même chose que nous et il y a eu de nouveaux quartiers qui sont nés. On pourra éventuellement créer de nouveaux quartiers avec toute la prise en charge holistique pour que la population puisse vivre normalement.
Vous savez, les partenaires humanitaires sont avec nous dans un groupe de travail, ils sont avec nous dans le groupe technique que je dirige et si vous me dites qu’ils vous disent à vous les journalistes qu’ils ne sont pas d’accord, et qu’à moi ou au gouvernement lors des réunions, ils disent qu’ils sont d’accord, il y a un quiproquo, donc il va falloir que nos partenaires soient clairs sur leur volonté. Est ce qu’ils sont avec nous ou ils ne sont pas avec nous. Mais moi aux dernières nouvelles, ils sont avec nous. Pour moi, ce problème de réticence n’existe pas. Il y a un travail qui se fait. Nous respectons la convention de Kampala, nous respectons la procédure qu’il faut mettre en place pour le retour des personnes déplacées.
RJDH : Vous parlez très peu des réfugiés, Mme.
En ce qui concerne les réfugiés, c’est vrai, dès qu’ils ont appris que le retour à l’ordre constitutionnel est établi, beaucoup ont manifesté la volonté de rentrer. Il y a eu des rentrées qui se sont faites spontanément, il y a aussi des problèmes. Ces jours-ci, je vais me rendre dans certaines villes de provinces avec mes collègues en lien avec ce dossier pour essayer de faire un travail de préparation de retour. En même temps, il y a une équipe qui est arrivée ce dimanche pour préparer le retour de nos frères qui sont dans les pays limitrophes. Vous savez qu’une fois qu’ils sont des réfugiés, il y a des préalables donc les choses vont se faire à un rythme que nous ne maitrisons pas, mais avec une volonté ferme du chef de l’Etat et du gouvernement de préparer le retour de nos compatriotes qui sont à l’extérieur depuis plus de deux ans et qui ont envie de rentrer et moi je pense que cela va se faire correctement, j’y crois.
RJDH : Quelques déplacés du grand séminaire St Marc de Bimbo ont reçu de l’Archevêque de l’argent pour payer les loyers. Que fait donc le gouvernement pour consolider ce qu’il a commencé ?
Je venais de vous dire qu’il y a une coordination de toutes les activités de retour étant donné que nous avons repris le lead. Je suis au courant de ce dossier parce que le Nonce Apostolique est passé avec toute l’équipe de la Caritas pour nous exposer tout le travail qu’ils ont fait pour le retour des déplacés du grand séminaire de Bimbo. Nous travaillons en étroite collaboration. L’objectif c’est quoi ? Ce n’est pas d’être tous au même endroit, s’ils sont à Bimbo, nous, nous devons aller dans un autre secteur pour permettre un autre retour sur un autre secteur. Ça permet à tout le monde de rentrer rapidement au lieu d’aller tous au même endroit et investir au même endroit.
C’est clair qu’il y aura un suivi qui va se faire étant donné que ce secteur a été pris en main par la Caritas. Nous restons en lien étroit avec la Caritas pour voir l’évolution de ce retour et en même temps nous commençons à fermer d’autres sites qui sont insignifiants dans le même objectif c’est-à-dire ceux qui veulent rentrer et qui ont besoin de kit, en partenariat avec nos partenaires et même le gouvernement va les aider.
On va mettre en place ce qu’il faut parce que ces personnes-là n’ont pas besoin de grand-chose et pour les cas les plus difficiles, cela va être traité cas par cas parce chaque personne déplacée à un profil différent de l’autre. Donc, on ne peut pas globaliser le retour de tous les déplacés, en disant qu’ils rentrent tous. Il y a des gens qui sont seuls et qui ont besoin d’un appui pour partir. Il y a des gens qui vont jusqu’à 11 dans une famille, selon chaque cas, nous essayons de trouver une réponse adéquate pour permettre le retour digne des déplacés.
RJDH : Certains retournés de Berberati ont éprouvé des difficultés pour leur sécurité est ce avec le nouveau mandat de la Minusca leur sécurité sera garantie ?
Je ne parlerai pas à la place de la Minusca, mais je pense que oui si la Minusca est chargée d’assurer la sécurité, elle doit le faire et je pense qu’ils vont le faire. Je ne pense pas qu’ils ne vont pas le faire, ils sont là pour nous aider, ils l’ont confirmé quand j’ai rencontré l’équipe qui devait assurer la sécurité des quartiers de retour.
Ils nous ont rassurés qu’ils vont accompagner le gouvernement. Aujourd’hui, je n’ai pas à douter de cette ferme volonté de sécuriser, mais c’est vrai et je sais qu’à Berberati il y a eu quelque souci parce que vous savez que c’est là où on parle de préparatif de retour. Mais je pense que le retour de Berberati a été spontané. C’est pourquoi d’ailleurs, il faudrait que j’aille là-bas avec une équipe pour essayer de régler ce problème pour que le retour puisse se faire rapidement.
Mme, Je vous remercie !
Propos recueillis par Jean Fernand Koena