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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 11:14

 

ENQUÊTE

 

Par Joan Tilouine et Xavier Monnier

 

LE MONDE Le 01.08.2016 à 16h11 • Mis à jour le 01.08.2016 à 16h22

 

Intégrer la troupe de danseuses de Koffi Olomidé a longtemps fait rêver les jeunes filles des quartiers populaires de Kinshasa. Et cela relevait du privilège que d’être choisie par le « patron ». Qu’importe si une taquinerie en vogue dans cette mégapole de plus de dix millions d’habitants voulait qu’une dame vêtue de façon sexy soit « habillée comme une danseuse de Koffi ». Car le roi de la rumba congolaise fait partie de ces légendes contemporaines africaines qui a vendu des millions d’albums, adulé par son public et courtisé par des chefs d’Etat de la région. Son visage rond et rieur, ses costumes élégants ou extravagants, ses chansons romantiques ou vulgaires et ses pas de danse ont fait de lui une icône du continent.

 

Interdit de séjour en France

 

Mais au-delà de sa voix douce, ses fans ont redécouvert une violence brute. Vendredi 22 juillet, Koffi Olomidé vient d’arriver à l’aéroport de Nairobi avec sa troupe lorsqu’il porte un coup de pied à l’une de ses danseuses. « Quelques secondes d’égarement », s’est justifié l’artiste dans un message d’excuse.

 

Mais la scène, filmée, a irrigué les réseaux sociaux. Arrêtée par les autorités kényanes, la vedette congolaise est expulsée et voit son concert prévu à Lusaka annulé. De retour à Kinshasa, il est hué à son arrivée, est placé en détention le 26 juillet puis libéré sous caution quatre jours plus tard. « J’ai subi, j’ai compris », écrit-il sur sa page Facebook dans la foulée. Depuis, il poste des « selfies », entourés de sa famille et de Fally Ipupaautre grand nom de la musique congolaise qui a fait ses classes dans le groupe de Koffi Olomidé, Quartier Latin.

 

Pourtant, Koffi Olomidé n’en est pas à sa première frasque. Celui qui a été le premier chanteur africain à faire salle comble à Bercy en 2000 est désormais interdit de séjour en France.

 

Antoine Christophe Agbepa Mumba, de son vrai nom, reste visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice française en 2009 et renouvelé en 2012. « L’instruction est encore ouverte, la procédure n’a pas été clôturée et l’enquête se poursuit », indique-t-on au tribunal de grande instance de Nanterre.

 

La star franco congolaise, née il y a soixante ans à Kisangani, la grande ville du nord du pays, est poursuivie en France pour « viol sur mineure de quinze ans », « séquestration », « aide à l’entrée et au séjour d’une étrangère en France », « conditions de travail ou d’hébergement contraires à la dignité humaine ».

 

Les faits se sont déroulés entre 2002 et 2006 sur des danseuses parfois mineures et aux parcours de vie perturbés par la perte de leurs parents dans la première guerre du Congo (1996-1997), la misère et la violence familiale. Après avoir été contrôlées sans papier à Lyon où elles se trouvaient pour un concert, trois d’entre elles se sont décidées à témoigner devant les juges, avec le soutien du Comité contre l’esclavage moderne.

 

« Viols » réguliers

 

Leurs récits parfois décousus décrivent un envers du décor sordide, dont le théâtre principal est une maison louée par l’artiste en banlieue parisienne, à Asnières (Hauts-de-Seine). Durant les tournées françaises, c’est là que sont hébergées les danseuses dont la plupart sont venues illégalement en France, munies de passeports d’autres individus fournis, disent-elles, par Koffi Olomidé. Un détail frappe les enquêteurs : « les portes et surtout les fenêtres étaient munies de verrous de nature à les empêcher de quitter les lieux », lit-on dans le dossier judiciaire que Le Monde Afrique a pu consulter.

 

Une danseuse y relate son quotidien lors des tournées françaises de Koffi Olomidé :

 

« Dès que le concert était terminé, on devait rentrer à la maison, à Asnières. On était gardées par trois vigiles. On était quatre dans la même chambre, on n’avait pas le droit de sortir sans autorisation. Je ne pouvais pas téléphoner, même à ma mère. On était payé 100 euros pour un concert de minuit à six heures de matin. On était forcées de coucher avec lui : il appelait un vigile pour qu’il amène une danseuse à l’Etap Hôtel ».

 

Puis elle décrit la brutalité sexuelle de l’un des pères de la rumba congolaise également redouté pour ses pratiques mystiques : « il fait de la magie, des trucs bizarres, il nous soufflait sur le corps ».

 

Lorsque ce n’était pas à l’hôtel, les « viols » se déroulaient parfois dans le studio d’enregistrement ou dans les toilettes d’un supermarché d’Asnières, se souvient une autre danseuse âgée de quatorze ans à l’époque des faits.

 

« Il m’a demandé de l’accompagner faire des courses. (…) Il m’a demandé de déposer le caddie, que j’aille aux toilettes et que je ne ferme pas la porte. Après, il est venu. (…) Il m’a dit que je me tourne et a fait rentrer son truc. (…) J’avais mal. Il m’a dit “ne crie pas” parce qu’il y avait des gens à côté ».

 

Celles qui se refusaient à lui étaient renvoyées. Souriantes et avenantes sur scène, les danseuses étaient en fait « humiliées », « salies », régulièrement « violées » par celui qui n’a pas hésité à se présenter comme un défenseur du droit des femmes. Lorsqu’elles tombaient enceintes, Koffi Olomidé les contraignait à avaler des « cachets blancs », raconte l’une d’entre elles. Ce qui provoquait des fausses couches. Parfois, la situation médicale empirait. Et il était contraint de les emmener à l’hôpital où elles étaient admises sous l’identité d’Aliane Olomidé, son épouse.

 

Le roi de la rumba reste populaire

 

Ces danseuses ont aussi vécu enfermées dans la maison à Kinshasa de la mère du chanteur, dans le quartier résidentiel de Ma Campagne. Là encore, elles vivaient sous la surveillance permanente de vigiles, terrorisées et à la merci du « boss ». À côté de cette maison-prison, il y a un hôtel au nom de crustacé où les vigiles amenaient des danseuses contraintes d’assouvir les pulsions de la star qui les y attendait, entièrement nue. Les viols étaient réguliers et brutaux, selon les témoignages consultés par Le Monde Afrique.

 

La plupart d’entre elles adulaient pourtant Koffi Olomidé. Pouvoir danser dans sa troupe, l’accompagner dans ses tournées à l’étranger, était un conte de fée pour des Kinoises belles, talentueuses et désargentées.

 

L’artiste franco congolais a été mis en examen et ne peut plus fouler le sol français où il serait immédiatement incarcéré. Sa défense met en avant des failles de l’enquête. « Le dossier judiciaire est très bizarre, avec l’une des plaignantes qui a menti sur son âge, s’étant présentée comme mineure, ce qui s’est révélé faux, pointe Me Emmanuel Marsigny, l’avocat parisien de Koffi OlomidéLe dossier ne repose que sur des accusations qui ont permis aux accusatrices de rester sur le territoire français où elles étaient entrées illégalement ».

 

Or cet épisode judiciaire n’a pas égratigné la popularité de Koffi Olomidé, même s’il a également été condamné à trois mois de prison avec sursis à Kinshasa pour avoir violemment frappé son producteur en 2012. Pour le coup de pied de Nairobi, il est poursuivi par la justice congolaise. Mais la danseuse violentée n’a pas souhaité porter plainte. Il reste dangereux de s’attaquer au roi de la rumba moderne, porté au pinacle par la rue comme par le gouvernement congolais qui l’a décoré en décembre 2015 de la médaille du mérite des arts, des sciences et des lettres.

 

Xavier Monnier

Joan Tilouine


http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/08/01/le-calvaire-des-danseuses-de-koffi-olomide_4977133_3212.html#79SKUeLFC5YjG4eb.99

 

Lu pour vous : Le calvaire des danseuses de Koffi Olomidé, la star de la rumba congolaise
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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 10:58
A la mémoire du regretté Michel LAGUERRE

 

 

 

Il y a exactement deux ans aujourd’hui que la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l’Université de Bangui avait brutalement perdu l’un de ses enseignants, à savoir, le regretté Michel Laguerre. Pour des raisons que j’ignore encore, ses étudiants l’avaient surnommé « Ban ki Moun ». A l’occasion du deuxième anniversaire de sa disparition, les parents du défunt Laguerre m’ont demandé de lui rendre un hommage particulier cette année, en publiant l’oraison funèbre que j’avais prononcée lors de la cérémonie de ses obsèques sur le campus universitaire, oraison prononcée alors en ma qualité de Doyen intérimaire de la FSJP. En voici l’intégralité.

 

 

ORAISON DE L’ANCIEN DOYEN INTERIMAIRE DE LA FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES DE L’UNIVERSITE DE BANGUI, A L’OCCASION DE LA CEREMONIE DES OBSEQUES DU REGRETTE MICHEL LAGUERRE (1956-2014).

 

  • Madame le Ministre de l’Education Nationale, de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ;

-Monsieur le Ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture

-Monsieur le Conseiller à la Présidence de la République en matière des Arts et de la Culture ;

-Monsieur  le  Recteur de l’’Université de Bangui;

-Monsieur le Vice-Recteur ;

-Monsieur  le  Secrétaire  Général ;

-Chers Collègues  Doyens, Directeurs  d’Etablissements et  Instituts  de  Recherche ;

-Messieurs  les Directeurs des Services  centraux ;

-Mesdames et Messieurs les membres du corps académique;

-Distingués Invités en vos rangs, grades et qualités;

-Chers étudiantes et étudiants ;

Chers parents amis et connaissances ;

 

Depuis un certain temps, le décès des enseignants du supérieur se fait passer pour la chose la mieux partagée au niveau de l’Université de Bangui. Rien que pour cette unique année 2014,  sauf erreur de ma part, le cycle des décès a commencé d’abord par Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) ; ensuite la Faculté des Sciences de la Santé (FACSS). S’en est suivi la Faculté des Sciences (FS) ; et aujourd’hui, c’est le tour de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP). A observer attentivement le cycle de ces décès  par Faculté, d’aucuns pourraient légitimement s’inquiéter au jour d’aujourd’hui en ces termes : quel établissement de l’Université de Bangui serait prochainement concerné ?

 

Chacun de nous ne pouvant évidemment répondre à une telle question qui, de mon point de vue relève de l’eschatologie, il ne nous reste plus qu’à psalmodier quotidiennement le « De profondis ad te clamavi domine, Domine exodi voce meam » afin que le ciel puisse nous épargner globalement de ce cycle macabre. Implorons particulièrement le ciel pour la FSJP où la cadence du décès des enseignants et responsables pédagogiques est presque annuelle. Effrayé par le cycle annuel de décès à la FSJP, mon Professeur Emile NDJAPOU s’était exclamé avant-hier en entrant dans mon bureau en ces termes : « Tu vas nous enterrer tous, Doyen ! » Oui, Monsieur l’ancien Recteur NDJAPOU, pour reprendre les propos d’un ancien chef d’Etat français, « Vous avez tout à fait raison ! » Après avoir accompagné jusqu’au PK 12 la dépouille de mon regretté ami Paul Dembo en 2012, j’ai été dans les massif du Fouta Djalon, enterré en décembre 2013, notre regretté Doyen Ismaëla SY, dans son village natale de Télémélé, situé à environ 250 km de Conakry. Dans quelques instants, me voici derechef en train d’accompagner mon ami Michel Laguerre vers sa dernière demeure. Mais avant d’aller le porter en terre, permettez-moi de vous présenter succinctement le collègue Laguerre que nous pleurons aujourd’hui.

 

Né le 4 novembre 1956 à BEDORO dans la sous-préfecture de Paoua, M. Laguerre avait successivement fait ses études primaires à Bozoum et à Bossembélé. Ses études secondaires s’étaient également déroulées en deux phases : d’abord au collège de Fatima (de 1970 à 1974) et, ensuite au Lycée Jean-Bedel BOKASSA (de 1974 à 1977). Nanti de son Baccalauréat, il s’était inscrit à l’ancienne Faculté de Droit et des Sciences Economiques où il obtint une Licence en Droit public. Avec ce diplôme, il se rendra en France pour y poursuivre ses études supérieures. Au pays de nos anciens colonisateurs, il avait pu décrocher tour à tour :

 

-une Maitrise de Droit Public à l’Université de Paris XIII ;

-un diplôme spécialisé de l’Institut de Hautes Etudes Juridiques internationales à l’Université de Paris II (Panthéon-Assas) ;

-et un diplôme d’Etudes Approfondie (DEA) en Droit de l’Economie Internationale et de Développement à l’Université de Paris V (René DESCARTES).

 

De retour au pays, le défunt Laguerre avait été intégré dans le corps des enseignants du Supérieur en 2009. Vous aurez compris que, jusqu’à sa mort, le collègue Laguerre n’avait totalisé que cinq (5) années dans la fonction publique centrafricaine. Mais il s’agit de 5 ans de services bien rendus à la nation centrafricaine. Car, en dehors de multiples cours qu’il dispensait au sein de la FSJP, le défunt Laguerre intervenait aussi à la FLSH, à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), à l’Ecole Nationale des Arts (ENA, en face de l’ENAM), à la Faculté privée de WALOMBE et au sein de bien d’autres établissements privés. Avant d’être nommé l’an dernier Directeur de Cabinet au ministère des Arts et de la Culture, Monsieur Laguerre occupait le poste de Chef de Département de Capacité en Droit à la FSJP.

 

Au-delà de nos relations professionnelles, le regretté Laguerre était l’un de mes tous premiers amis à l’Université de Bangui. Ayant compris que je lui avais emboité le pas en quittant la France pour revenir me mettre au service de notre cher et beau pays, il avait manifesté très tôt une très grande sympathie envers ma modeste personne. Avec le défunt Paul DEMBO,  les gens avaient l’habitude de nous voir constamment ensemble dans un cercle composé non seulement de juristes, mais aussi des enseignants d’autres Facultés. Au début de notre amitié, les membres de ce Cercle hétéroclite se donnaient rendez-vous tantôt sous les Manguiers du Castor ou de Sica I, tantôt chez YOYO dans les environs du quartier Fouh, tantôt autour de la place Marabena, tantôt à Benz-Vie chez ou à côté de la Marocaine, tantôt au Stade 20 000 places. Plus récemment, les membres dudit Cercle ont fait la découverte de deux coins forts sympathiques : celui de la « Cave des Ambassadeurs de la paix » et un espace plus discret aux environs de la Nonciature apostolique dans le quartier Sango.  Nos retrouvailles à ces différents lieux étaient agrémentées non seulement par des débats forts animés sur les questions d’actualité politiques nationales et internationales, mais aussi par des histoires drôles, des taquineries et des blagues…

 

Madame et Messieurs les ministres,

 

Au chapitre de nos blagues, permettez-moi de porter à votre connaissance, les conclusions d’une excellente étude onomastique des membres du corps académique de l’Université de Bangui. Cette étude a été dirigée de main de maitre par les collègues Kennedy KETAFIO et NAMPKEAM. A l’instar des chercheurs de l’Ecole de Columbia et de l’Université de Michigan, ces collègues, après une enquête quantitative et qualitative sur le nom des membres du corps académiques de l’Université de Bangui, en sont arrivés à la conclusion que certains enseignants de l’Université de Bangui portaient des noms « cleptomaniques ». Ces noms se terminent généralement par le suffixe « NDJI » qui signifie en sango vol, au sens de voler un bien appartenant à autrui. Ainsi en est-il de DANZI[1], OUANDJI[2], SARANDJI[3] et OUATANDJI[4]. D’autres enseignants de l’Université de Bangui s’illustraient au contraire par des noms  pornographiques : c’est le cas notamment de KENGUETONA[5]. Quant au défunt Laguerre, il était rangé avec le jeune collègue Bruno TOZAI dans la catégorie des enseignants qui portaient des noms belliqueux.

 

Monsieur le Recteur et Monsieur le Vice-Recteur,

 

Toutes ces blagues étaient pour notre regretté Michel Laguerre et les autres membres de son Cercle, une façon de changer d’air, de nous évader des cours magistraux dispensés avec une certaine rigueur scientifique dans les amphithéâtres et autres salles de cours. Force est toutefois de souligner que si le défunt Laguerre portait un nom belliqueux, il était en réalité et pour moi qui fus son supérieur hiérarchique, le contraire de son nom (I). A compter du 2 août 2014, Monsieur Laguerre ne sera plus des nôtres. Mais les circonstances dans lesquelles il a trouvé la mort méritent quelques réflexions intempestives sur l’inquiétante situation des enseignants-chercheurs de l’Université de Bangui(II).

 

I/ Monsieur Laguerre était le contraire de son nom

 

Chers collègues Doyens,

 

Monsieur Laguerre était le contraire de son nom en ce qu’il incarnait la paix dans sa vie professionnelle. En effet, pour qu’il y ait une paix véritable en Centrafrique, chaque Centrafricain, à quelque niveau qu’il se trouve,  devrait tout simplement s’efforcer de respecter les règles qui organisent la vie en société. De son vivant, le défunt Laguerre était le prototype même de fonctionnaire respectueux de la règle de droit régissant la vie professionnelle des enseignants du supérieur, notamment la loi portant Statut général de la fonction publique centrafricaine. Pour paraphraser Georges Brassens, dont le défunt Laguerre aimait fredonner certaines  chansons, cela allait de soi[6], puisqu’il était lui-même titulaire du cours de « Droit de la fonction publique ». A ce titre, il ne pouvait guère s’affranchir des obligations déontologiques découlant de ladite loi, qu’il s’agisse des obligations déontologiques liées à la dignité de sa fonction ou à la morale professionnelle.

 

  1. Le respect des obligations déontologiques liées à sa fonction

 

Les obligations déontologiques liées à la fonction qu’occupait le défunt Laguerre sont consacrées à l’article 27 de la loi portant statut général de la fonction publique centrafricaine. Cet article dispose en effet  que : «  Tout fonctionnaire est tenu de fournir la prestation qui lui est demandée. Il doit faire preuve d’efficacité, de compétence de probité, de ponctualité, d’assiduité, de respect de la hiérarchie et de l’intérêt général. » De l’économie de cette disposition, il s’agit d’une part, de l’obligation de servir et, d’autre part, de l’obligation d’obéissance. Comme l’explique assez joliment M. Emmanuel Aubin, Maitre de conférences (HDR) de droit public à la Faculté de Droit de l’Université de Poitiers, l’obligation générale de servir implique l’exercice personnel, continu et désintéressé de la fonction[7]. Le fonctionnaire doit assurer effectivement et personnellement son service en respectant les horaires du travail afin d’assurer la continuité du service public. En ma qualité de supérieur hiérarchique du regretté Michel Laguerre, il ne m’a jamais été donné de constater une entorse faite par le défunt à l’obligation de servir. Il ne s’était jamais dérobé de ses fonctions. En guise d’illustration, quand bien même il fut nommé Directeur de Cabinet au ministère des Arts et de la Culture, il avait organisé son planning de manière à fournir les prestations que le décanat de la FSJP attendait de lui.

 

Si le regretté Laguerre était respectueux de l’obligation de servir, il savait aussi obéir aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques. Cette obéissance se manifestait à travers sa constante disponibilité. En effet, en tant que Vice-Doyen, je lui avais proposé d’assurer le cours du « droit des collectivités territoriales » en lieu et place d’un collègue indisponible : le défunt Laguerre, avec une spontanéité légendaire, avait accepté d’assumer ce cours à la grande satisfaction des étudiants de Maitrise en Droit public, option « Administration Générale ». De même, lorsque le collègue Eugène DEMBA était mis en position de stage pour aller finaliser sa thèse de Doctorat en France, il n’y avait aucun spécialiste pour assurer le cours du « Droit de la propriété intellectuelle » en deuxième Année de Droit. Encore une fois, le défunt Laguerre s’était proposé de l’assurer. Dans la mesure où la préparation d’un cours nécessite un minimum de recherche bibliographique, je n’arrivais vraiment pas à cerner le secret du collègue Laguerre. Toujours est-il nécessaire de le souligner ici : notre regretté Michel Laguerre se rendait chaque fois disponible pour parer au plus urgent.

 

En dehors du respect des obligations déontologiques inhérentes à la dignité de sa fonction, le défunt Laguerre était également respectueux de celles liées à la morale professionnelle.

 

  1. Le respect de l’obligation déontologique liée à la morale professionnelle

 

Les obligations déontologiques liées à la morale professionnelle ont une multiple déclinaison. Je m’en tiendrais ici d’abord à l’obligation de neutralité, puis à l’obligation de moralité et de dignité.

 

L’obligation de neutralité est un principe de valeur constitutionnelle imposant aux fonctionnaires d’assurer le caractère neutre et laïc du service public. Cette obligation déontologique concerne principalement les enseignants qui se doivent d’adopter un comportement dicté uniquement par l’intérêt du service et non par des convictions politiques ou religieuses. Je laisserais de côté les convictions religieuses pour la simple raison que le défunt Laguerre n’en avait pas. En revanche, sachant qu’il était astreint à l’obligation de réserve dans l’exercice de ses fonctions, le regretté Michel Laguerre n’affirmait jamais ses convictions politiques sur le campus universitaire. C’est en surfant sur Internet que je me suis personnellement rendu compte qu’il était Vice-président d’un parti politique. En tant qu’ami, il ne m’a jamais mis au parfum de sa coloration politique.

 

Par ailleurs, le défunt Laguerre était fermement attaché à l’obligation de moralité et de dignité. Pour l’essentiel, ces deux obligations concernent davantage les comportements du fonctionnaire dans sa vie privée qui doit éviter tout ce qui serait de nature à compromettre la « dignité de la fonction publique »[8]. Des relations et des fréquentations douteuses ou des relations avec une étudiante ayant compromis l’autorité et la dignité de la fonction constituent autant de manquement à cette obligation de moralité. Par exemple, il est arrivé que certains enseignants manifestent une crise de jalousie tantôt en se rentrant dedans, tantôt en portant la main sur une étudiante : le défunt Laguerre ne s’était jamais exposé à ces manquements à l’obligation de moralité et de dignité. Cependant, comme tout bon juriste qui se respecte dans sa tenue, le défunt Laguerre avait non seulement une tenue vestimentaire exemplaire, mais se rendait régulièrement chez son coiffeur pour remettre selon l’expression consacrée, la « boule à zéro ». Il ne pouvait afficher un comportement de nature à compromettre une jurisprudence établie : celle de l’affaire Seckel jugée par le tribunal administratif d’Amiens, le 3 juin 1986. En l’espèce, ce tribunal avait jugé que manque à l’obligation de correction l’agent technique forestier qui se fait raser les cheveux en épargnant une mèche frontale et une touffe de cheveux dans la nuque. Dans la même veine, un gardien de la paix fait légalement l’objet de sanction disciplinaire infligée par le préfet puis le ministre de l’intérieur en raison de la longueur de ses cheveux (CE, 30 décembre 2009, Christian A, n°326604).

 

Au total le défunt Laguerre était un collaborateur agréable et surtout je puis l’affirmer, en paraphrasant un Premier Conseiller[9] au Tribunal administratif de Paris, il était très animé par le souci d’honorer son « engagement de servir dans la fonction publique » centrafricaine. Chers membres du corps académique, à compter du 2 août 2014, Monsieur Laguerre ne sera plus des nôtres ni à l’Université de Bangui, ni sous les Manguiers, ni au quartier Fouh, ni en face de l’école Benz-vie, ni au Stade 20 000 Places, ni à la Cave des Ambassadeurs de la paix. Certes, d’aucuns me diront, c’est la loi de la nature. Il faut simplement s’y résigner. Mais les circonstances dans lesquelles le collègue Laguerre et bien d’autres encore ont trouvé la mort invitent à réfléchir un instant sur l’inquiétante situation des enseignants-chercheurs de l’Université de Bangui.

 

II/ Quelques  réflexions intempestives sur l’inquiétante situation des enseignants-chercheurs de l’Université de Bangui

 

Madame et Messieurs les membres du corps académique, que faire après la disparition inattendue ce certains collègues, tels nos regrettés Paul Dembo et Michel Laguerre ? Les circonstances dans lesquelles ces collègues nous ont quittés ne nous invitent-elles point à revoir nos méthodes d’action ? Devrions-nous nous confiner chaque fois dans ce que le Professeur David Ruzié appelle une « expectative légitime » vis-à-vis d’un Etat non-providentiel qui, par-delà un abandon de ses enseignants-chercheurs (A), fait également montre d’une négligence caractérisée à leur égard (B) ?

 

  1. Un abandon des enseignants-chercheurs par un Etat non-providentiel

 

L’Etat non providentiel est le contraire de l’Etat-providence. Sous d’autres cieux, l’Etat providence a en effet supplanté depuis belle lurette l’Etat gendarme. Cet Etat providence qui organise la croissance et le plein emploi, est dominé par l’Exécutif. L’Etat providence est celui qui intervient activement dans les domaines économiques et sociales dans le but d’assurer un bien-être à ses concitoyens et de les protéger contre un certain nombre de risques liées à la vie en société.

 

 C’est en 1946 que l’Etat providence est né en France, avec l’instauration d’un système généralisé de sécurité sociale pour l’ensemble de la population. La Grande-Bretagne avait ouvert la voie avec le Plan Beveridge en 1942, posant les bases du Welfare State moderne, centralisé, unifié et assurant les citoyens contre l’ensemble des risques sociaux (maladie, décès, vieillesse, maternité, accidents de travail, chômage).

 

Depuis l’indépendance, on n’observe rien de tel en République Centrafricaine : les Centrafricains en général, et les enseignants du supérieur en particulier sont exposés aux risques sociaux. Faute de couverture sociale généralisée, une maladie bénigne peut parfois leur couter la vie.

 

Au-delà de l’inexistence d’un Etat providence en Centrafrique, l’Etat lui-même brille par une négligence caractérisée à l’égard de ses enseignants-chercheurs.

  1.  
  2. Une négligence caractérisée des enseignants-chercheurs par l’Etat centrafricain

Le décès tragique de certains enseignants-chercheurs prouve à quel point l’Etat centrafricain néglige ses fonctionnaires. Pourtant, si l’on peut faire un bilan du parcours scolaire et universitaire de nous qui avons été boursiers du Gouvernement centrafricain jusqu’à la fin de nos études, ce bilan révèlera que l’Etat centrafricain aura dépensé, par exemple pour la formation d’un Docteur en droit, environ treize million six cent quatre-vingt-quinze mille deux cent francs CFA (13 695 200 F CFA) répartis ainsi qu’il suit ;

 

- de la classe de sixième[10] en classe de Terminale : bourses d’études de 7200 x 3 trimestres x 7 années d’études = 151 200 F CFA

- de la Première en Troisième Année de Licence : bourses de 30 000 x 12 mois x 3 années d’études = 1 080 000 F CFA

-de la Maîtrise en Doctorat (en France) : 162200 x 12 mois x 6 années d’études + 800000 F CFA de billet d’avion aller-retour = 11 664 000 F CFA.

 

Curieusement, ayant investi autant de sommes pour former un haut cadre de son pays, l’Etat centrafricain l’abandonnera à son triste sort par la suite. Ainsi, intégré parmi les membres du corps académique de l’université de Bangui, un enseignant-chercheur ne bénéficie concrètement d’aucun système de sécurité sociale. En guise d’illustration, ayant attendu en vain sa prise en charge par l’Etat centrafricain, le défunt Paul Dembo s’était endetté pour son évacuation sanitaire au Maroc. Malheureusement, pendant tout le temps d’expectative du paiement de son titre au niveau du Trésor public, la maladie n’attendait pas. Si au moins les frais de vacation étaient versés régulièrement, il aurait dû faire diligence pour sa santé et peut-être avoir la vie sauve. A défaut du versement dans un délai raisonnable de ces frais de vacation, la maladie avait rongé le collègue Paul Dembo et il succombera par la suite, après avoir pris la résolution de contracter un prêt pour aller se soigner au Maroc. Chère étudiantes et étudiants, chers parents amis et connaissances, voilà la triste réalité de l’enseignant-chercheur à l’Université de Bangui. Pour non diligence dans le versement des frais de vacation, l’Etat centrafricain perd tout ce qu’il a investi pendant seize (16) ans pour former un docteur en droit. A la suite de Blaise pascal, on ne peut s’empêcher de lâcher l’exclamation suivante : quelle chimère est-ce donc l’Etat centrafricain ?

 

Messieurs du SYNAES, entendez Syndicat autonome des enseignants du supérieur, que faire pour améliorer notre condition de vie, notamment en matière de santé ?  En marge des grèves, n’est-il important de mettre urgemment sur pied une mutuelle des enseignants du supérieur ? Si nous disposions d’une mutuelle, nos collègues décédés tragiquement n’auraient-ils pas dû avoir la vie sauve ?

 

Mon cher Laguerre, à la suite du regretté Paul Dembo, c’est en l’absence d’une mutuelle au niveau de l’Université de Bangui que tu quittes brutalement ta concubine et tes deux enfants ; c’est en l’absence d’une telle mutuelle que tu quittes définitivement tes collègues et tes étudiants de la FSJP, en laissant derrière toi un vide abyssal difficile à combler dans l’immédiat. Pour terminer, mon cher Laguerre,  Jacques le Fataliste ne disait-il pas que tout ce qui nous arrive ici-bas est mentionné sur un grand rouleau en haut ? En tant que chrétien, j’achève donc mon oraison en te disant qu’on ne peut rien contre la volonté divine :

 

Vas en paix et que la terre de nos ancêtres te soit légère ! Adieu mon ami Laguerre !

 

Alexis N’DUI-YABELA

 

[1] Signifie littéralement en sango, la maison qui abrite des voleurs

[2] Signifie littéralement en sango celui qui a l’habitude de voler.

[3] Signifie littéralement en sango, celui qui a inventé le vol.

[4] Signifie littéralement en sango, un voleur professionnel.

[5] En sango et Gbaya, c’est un nom composé qui signifie littéralement la verge qui ne touche pas l’autre sexe.

[6] Voir G. Brassens dans la chanson intitulée, La Mauvaise réputation.

[7] Voir E. Aubin, L’essentiel du droit de la fonction publique, Paris, 5ème édition Gualino/lextensoéditions, 2010, p.118.

[8] Voir A. Camus, « La dignité de la fonction en droit de la fonction publique », in Revue française de droit administratif, Mai-juin 2015, pp.541-549.

[9] Voir L. Marthinet, « L’engagement de servir dans la fonction publique », in Actualités juridiques du droit administratif, N°23/2015, pp.1304-1311.

[10] Sous l’empire centrafricain, les  bourses étaient versées aux élèves de la Sixième en Terminale.

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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 01:41

 

CENTRAFRIQUE 

 

http://observers.france24.com/  01/08/2016

 

Le trône de Bokassa 1er, ancien président puis empereur autoproclamé de la Centrafrique, se retrouve au centre d’une polémique à Bangui. Lassée de voir cette pièce qu’elle considère comme une partie intégrante du patrimoine national laissée à l’abandon, une association de jeunes Centrafricains a "rénové" l’objet en le peignant couleur jaune et or et l’a déplacé sur l’une des principales avenue de la capitale… le tout sans l’accord des autorités.

L’histoire est aussi ubuesque que pouvait l’être le fantasque Jean-Bedel Bokassa. Depuis samedi, les habitants de Bangui circulant sur l’avenue des Martyrs, tout près du stade Barthélemy Boganda, ont pu constater en bord de route la présence d’un nouvel et imposant objet doré, loin d’être méconnu : il s’agit du trône de l’empereur Bokassa 1er, chef d’État centrafricain de 1966 à 1979. De l’objet original fabriqué par le sculpteur français Olivier Brice, qui représentait le symbole de l’aigle de Napoléon, il ne reste aujourd’hui que l’armature en ferraille.

 
Le coup aura duré trois jours : prévenue de la situation, la ministre des Arts, du Tourisme, de la Culture et de la Francophonie, Gisèle Pana s’est rendue sur place lundi soir et a demandé à ce que le trône soit dégagé. Peu après, un camion procédait à son retrait. 

L’objet historique a été pillé de son or et de ses diamants à la chute de l’empereur en 1979. Il a depuis été entreposé dans les sous-sols du Palais Omnisport, puis placé dans une cour à l’abri des regards, au sein de ce même lieu. 


Plusieurs de nos Observateurs ont pu confirmer qu’il était cependant toujours accessible à n’importe qui. Certains ont même pu nous faire parvenir des photos d’eux s’asseyant sur le trône, sans en être empêchés.

 

"On n'a pas informé les autorités, on a juste voulu agir pour créer le débat"

 

Comment la structure de ce trône s’est-elle retrouvée sur la voie publique ? France 24 a pu contacter Héritier Doneng, le représentant d’une association se présentant comme "Les patriotes centrafricains", à l’origine de cette initiative. Il explique :

Notre objectif en sortant ce monument et en l’exposant publiquement, c’est d’éduquer les nouvelles générations au patrimoine centrafricain. Beaucoup ne connaissent l’empereur que de nom et savent peu de choses sur lui. C’est l’un des seuls éléments qu’il nous reste de son héritage, sa place est dans un musée. On en a eu assez de le voir à l’abandon dans une cour en friche. On a donc décidé de mettre de la peinture jaune or dessus, pour remettre ses couleurs d’origine [sic] et montrer qu’une telle pièce devait être vue de tous.


Héritier Doneng ajoute que l’initiative vient d’une cinquantaine de membres de son association, et affirme ne pas avoir "d’objectif politique". Il confesse :

 

Nous n’avons pas informé les autorités, nous avons juste voulu agir. Ce n’est qu’un premier pas qui, nous l’espérons, poussera les autorités à prendre leurs responsabilités et à créer le débat.

 

"Estomaqué par ce que je viens de découvrir"

 

Philippe Bokoula, directeur général des arts et de la Culture pour le ministère

 

Contacté par France 24, le directeur général des Arts et de la Culture pour le ministère de la Culture, Philippe Bokoula, découvrait au moment de notre appel la présence de la statue sur l’avenue des Martyrs. À chaud, il a expliqué :

Je suis estomaqué par ce que je viens de découvrir. Ce n’est pas comme ça qu’on attire l’attention des autorités, nous aurions dû être informés de cette initiative. Ici, sur la voie publique, l’objet est à la merci de n’importe qui et pourrait être endommagé.

Nous étions au courant que l’objet était au Palais Omnisport et nous cherchions la possibilité de le déplacer dans un lieu culturel. Par manque de moyens jusqu’ici, nous n’avions pas pu transporter cet objet, car il est très lourd et nécessite des moyens logistiques importants. Sous le gouvernement de transition [de janvier 2014 à avril 2016, NDLR], la Culture était rattachée au ministère de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme, et dans le cadre de la reconstruction du pays, ce n’était malheureusement pas la priorité du gouvernement. 

 

Le trône de Jean-Bedel Bokassa ne serait pas le seul à souffrir du manque de moyens des autorités centrafricaines. Nos Observateurs qui ont pu se rendre se rendre sur les lieux affirment que la cité de Berengo, qui fut le siège de l’empire, ou encore le musée Boganda, ancienne résidence du premier président centrafricain Barthélémy Boganda à Bangui, seraient partiellement laissés à l’abandon.

 

Alexandre Capron ,Journaliste francophone

 

Lu pour vous : Des "patriotes" centrafricains exhument et exposent le trône de Bokassa
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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 01:39
Lu pour vous : Burundi : Fachosphère d’influence

 

ENQUÊTE

 

Par Dominique Albertini et Pierre Benetti  Libération — 1 août 2016 à 20:21

 

Luc Michel, figure mal connue de l’extrême droite belge, conseille le président Pierre Nkurunziza et l’incite à ne pas dialoguer avec l’opposition.

 

Le cortège officiel roule dans la poussière en direction d’un stade entouré d’hommes armés : ce 2 mai, c’est la Fête du travail au Burundi, et le président Pierre Nkurunziza va s’adresser à la nation. Dans l’enceinte, les diplomates étrangers applaudissent poliment, les autorités locales un peu plus fort. A quelques mètres du chef de l’Etat, un Blanc à lunettes est tout sourire. Quinquagénaire, crâne rasé, vêtu de noir, l’homme est accompagné par une jeune femme qui filme la cérémonie. Le discours terminé, voilà qu’il enchaîne les photos souvenirs avec les cadres du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), le parti au pouvoir depuis 2005.

 

Surprenant pour les observateurs, ce petit manège n’est qu’un épisode parmi d’autres du séjour burundais de Luc Michel, citoyen belge et hôte du pouvoir local. Tout juste un an après le début de la crise ouverte par la candidature du président à un troisième mandat, au printemps 2015, Luc Michel a été convié à neuf jours de vadrouille à travers le pays. Neuf jours durant lesquels ce militant radical, prophète autoproclamé du «national-bolchévisme», a joué les consultants auprès du régime, et a fait la promotion de celui-ci dans les médias et auprès de la population. «Je suis quelqu’un de controversé, je n’ai pas l’habitude de vendre de l’eau tiède : je vends de l’eau glacée ou de l’eau brûlante», a-t-il déclaré lors d’une réunion publique à Bujumbura, entre deux éloges d’un «panafricanisme» dont Pierre Nkurunziza serait le nouveau champion. Rebelote fin juillet, cette fois à Québec, où Luc Michel a accompagné Willy Nyamitwe, frère du ministre des Affaires étrangères et maître de la communication officielle du régime, à une conférence sur «les vrais enjeux de la crise au Burundi».

 

«National-bolchévisme»

 

«Comme le dit Luc Michel, tous les ennuis du pays viennent du Rwanda et de l’Occident», s’enthousiasme le patron d’un petit hôtel de Ngozi, fief du président dans le nord du Burundi, reconnaissant toutefois qu’il ne connaissait rien du personnage quelques jours auparavant. Et pour cause : non seulement il n’était jamais venu dans ce pays avant cette visite, mais de plus, le curriculum vitæ du «géostratège», présenté par la communication burundaise, reste extrêmement flou. Présent sur plusieurs sites internet (en plus du sien), Luc Michel, né en 1958, se dit «géopoliticien» sans citer de titre qui pourrait le prouver, s’affirme «juriste» sans qu’on sache dans quelle école il a étudié, ou encore auteur d’un livre sur la Libye, non référencé. Du côté de l’opposition burundaise, on dénonce en cet homme un «néonazi» venu encourager le régime dans sa féroce répression.

 

Mais d’où sort donc cet improbable faire-valoir ? Même en Belgique, ils sont peu nombreux à connaître le parcours baroque de ce personnage d’extrême droite, reconverti avocat providentiel de régimes en déroute. «Il est pratiquement impossible de faire un topo sur Luc Michel, reconnaît Jean-Yves Camus, spécialiste des droites radicales. Au fond, on ne sait pas vraiment qui il est.»

 

Le journaliste belge Manuel Abramowicz est cependant familier du personnage. «Luc Michel est originaire de Charleroi, une cité minière en déclin, raconte-t-il. Il a commencé son parcours politique dans les années 70, parmi la mouvance nationaliste révolutionnaire», une branche radicale de l’extrême droite. L’homme est devenu ensuite disciple du Belge Jean Thiriart, collaborateur pendant la Seconde Guerre mondiale, issu du socialisme, qui a ensuite théorisé le «national-bolchévisme». Cet ambitieux projet veut opposer aux superpuissances américaine et chinoise un «empire européen» autarcique, jacobin et non aligné. En 1984, Luc Michel fonde le Parti communautaire national-européen (PCN), partisan d’une «grande Europe de Vladivostok à Reykjavík, du Québec au Sahara». Vomissant «l’anticivilisation yankee», ce parti rejette officiellement le racisme au profit d’un discours révolutionnaire et tiers-mondiste.

 

En dépit de ses grandes ambitions, le mouvement ne dépassera jamais le stade groupusculaire, pas plus que Luc Michel ne deviendra le nouveau Thiriart. «Humainement, c’est un mec un peu fêlé et d’une hallucinante mégalomanie, qui s’est fait des ennemis partout», témoigne un homme qui est passé par la mouvance national-révolutionnaire. «Je me suis dit qu’on était un peu chez les fous», raconte un ancien membre du PCN, qui a participé en 2005 à l’université d’été du mouvement : «On s’est retrouvés dans une sorte de village de vacances en Wallonie, à 30 ou 40, dont un certain nombre de Libyens.» Car en parallèle, Luc Michel s’est fait agent d’influence : politiquement proche des régimes autoritaires arabes, il a entretenu des contacts en Syrie et dans l’Irak de Saddam Hussein, avant de se mettre au service de la Libye kadhafienne. «A l’époque, dès que les Libyens trouvaient quelqu’un capable de rouler pour eux, ils l’arrosaient»raconte un ancien de la mouvance PCN. Contacté par Libération, Luc Michel se targue d’avoir présidé «le réseau paneuropéen des Comités révolutionnaires libyens»Sur le Net, la seule trace de son séjour est un photomontage le montrant avec le Kadhafi à l’arrière-plan. Depuis 2006, le Belge dirige Eode, un organisme chargé de superviser des élections dans des Etats à la démocratie douteuse. «A la demande de ces pays ou de leur Parlement», précise Luc Michel, citant les scrutins en Moldavie ou, plus récemment, le référendum ayant rattaché la Crimée à la Russie.

 

Paranoïa renforcée

 

Ces derniers temps, enfin, le personnage a renoué avec l’Afrique : partisan de l’unité du continent, comme autrefois d’un grand empire européen, il s’entretient régulièrement avec des dirigeants sur Afrique Média, une chaîne de télévision créée au Cameroun. «Je suis devenu une référence pour le public, se vante-t-il. Alors quand je soutiens un gouvernement, ça a de l’influence. Moi qui suis les "révolutions de couleur" [série de soulèvements populaires en Eurasie et au Moyen-Orient dans les années 2000, ndlr] depuis le début, j’ai tout de suite vu que c’est le même modèle qui se répète au Burundi, d’où mon soutien à Nkurunziza.» Pour le Belge, le président burundais est l’un de ces leaders africains «persécutés par le néocolonialisme» et même par le milliardaire George Soros, «un cache-nez du gouvernement américain».

 

Ce soutien ne pouvait pas échapper à un régime au pied du mur : il a valu à Luc Michel une invitation à découvrir le pays - un voyage appuyé par Willy Nyamitwe, le chef de la communication, en particulier sur les réseaux sociaux. «Je suis arrivé à un moment où le gouvernement manquait d’arguments, alors ils ont pris les miens»affirme Luc Michel. Sur place, il participe avec le Président aux «travaux communautaires» ,dans lesquels les autorités appellent la population à construire les édifices publics ou à nettoyer les routes. Cette fois-ci, ce sera pour le nouveau stade de Ngozi. Il a d’ailleurs assisté à un match de l’équipe personnelle de Pierre Nkurunziza, le Halleluya FC, et obtenu un entretien filmé au palais présidentiel avec celui qui ne parle à aucun média. Pas ingrat, le conseiller belge s’est fait, en seulement neuf jours, une excellente image de ce pays pourtant en crise ouverte : à Libération,il vante son «autosuffisance alimentaire», le «bon état de ses routes» et une sécurité «meilleure que ce à quoi [il s’attendait]».

 

Surtout, Luc Michel a martelé un message propre à renforcer la paranoïa et la fermeture du régime burundais, incitant celui-ci à ne pas participer au dialogue avec l’opposition organisé sous l’égide du président tanzanien, Benjamin Mkapa - position désormais tenue par les autorités, qui ont même déserté le dernier sommet de l’Union africaine au Rwanda. Le leader du PNC a ensuite quitté le Burundi pour la république démocratique du Congo, où il a affirmé son soutien au président Joseph Kabila, dont le dernier mandat doit s’achever en novembre. C’est ensuite en Guinée-Equatoriale que Luc Michel a fait escale, s’y affichant partisan du régime de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis 1979.

 

Que gagne le gouvernement burundais à exhiber un faire-valoir aussi baroque ? «Ne pensez pas que les gens sont dupesnuance une source proche du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Nous savons très bien que Luc Michel ne pèse rien en Occident. Mais c’est un Blanc, bon à exhiber dans le Burundi profond.» Si l’homme dément avoir été rémunéré pour son déplacement, plusieurs observateurs doutent que celui-ci ait été effectué à titre gracieux. Quoi qu’il en soit, «il est venu pour consolider les thèses des plus dures du régime, explique Innocent Muhozi, directeur de Télé Renaissance, média indépendant installé au Rwanda depuis sa fermeture par le gouvernement burundais. C’est leur seul appui "intellectuel". Mais le panafricanisme ne peut pas se faire contre les vies des Africains». 

 

Dominique Albertini Pierre Benetti

 

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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 23:43

 

 

01/08/16 (AFP)

 

Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a indiqué lundi qu'il allait bientôt "démarrer les échanges" avec les groupes armés pour mettre en place le programme "DDR" (désarmement, démobilisation, réinsertion) dans son pays miné par l'insécurité post-guerre civile.

 

"Avec les représentants des groupes armés, je pense que dans la semaine ou la semaine prochaine, on va démarrer les échanges pour clarifier un certains nombre de points. Avec les groupes armés et les experts", a déclaré M. Touadéra à la radio Ndeke Luka de Bangui.

 

"Il y a beaucoup d'armes dans le pays, du grand banditisme. Dans l'arrière pays, les gens ne peuvent pas aller aux champs. Il faut aborder très vite ce processus", a ajouté M. Touadéra, de retour de son premier sommet de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac) samedi à Malabo.

 

Les autres pays membres (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée-Equatoriale, Tchad) ont annoncé une aide de quatre milliards de francs CFA (environ six millions d'euros) en faveur du retour de la paix en Centrafrique.

 

"Les quatre milliards ne vont pas suffire pour couvrir tout le processus mais c'est un signal très fort", notamment pour encourager "les autres pays amis à suivre le pas", a commenté M. Touadéra. Une conférence des bailleurs de fonds de la Centrafrique va se tenir à Bruxelles le 29 novembre.

 

M. Touadéra a été élu en début d'année avec pour mission de relever son pays ravagé par la guerre civile en 2013 après le renversement du président François Bozizé entre rébellion Séléka et milices anti-Balaka.

 

Une mission des Nations unies d'environ 12.000 soldats et policiers (la Minusca) a pris sur le terrain le relais de l'opération militaire française Sangaris, dont Paris a annoncé la fin pour octobre, en attendant la reconstruction d'une armée centrafricaine.

 

Un total de 3.152 ex-combattants ont été enregistrés en un an par le programme pré-DDR, avait indiqué fin juillet un porte-parole de la Minusca.

 

Désarmement en Centrafrique: Touadéra va bientôt parler avec les groupes armés
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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 23:38

 

 

01/08/16 (APA)

 

APA – Douala (Cameroun) - Le nouveau gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), le Tchadien Abbas Toli Mahamat, prendra fonction en janvier prochain, a-t-on appris de source interne de cet institut d’émission monétaire sous régional.

 

Désigné lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) samedi dernier à Malabo, en Guinée équatoriale, Mahamat était auparavant président de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC). Il était en poste à Brazzaville, au Congo.

 

Il succède à l’Equato-guinéen, Lucas Abaga Nchama, en vertu du principe de la rotation adopté en 2010 et qui veut que, désormais, le poste de gouverneur et des autres institutions soit tournant au terme d’un mandat non renouvelable.

 

De sources proches de la BEAC, sa nomination est sans surprise bien que le Tchad ait présenté trois candidats, dont deux ont été naturellement disqualifiés.

 

Il s’agit de Bedoumra Kordje, l’actuel ministre secrétaire général de la présidence et ancien vice-président et dernièrement candidat à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), et de Tahir Hamid Nguilin, vice-gouverneur dans l’équipe sortante de la Banque centrale.

 

L’autre décision des chefs d’Etat de la CEMAC concerne la nomination du Camerounais Dieudonne Evou Mekou, actuel directeur général de la Caisse autonome d'amortissement du Cameroun (CAA), au poste de vice-gouverneur.

 

Le secrétaire général de la BEAC et les directeurs généraux prendront tous fonction au même moment que le nouveau gouverneur.

Le nouveau gouverneur de la BEAC prend fonction en janvier 2017
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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 23:36

 

 

01/08/16 (AFP)

 

Les Etats d'Afrique centrale, qui traversent une mauvaise passe économique, ont réaffirmé samedi leur volonté d'accélérer les négociations en vue d'un accord de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne (UE) au cours d'un sommet à Malabo en Guinée-Equatoriale.

 

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a plaidé pour la signature d'un "accord de partenariat économique (APE) complet, juste et équilibré" avec l'UE, au nom de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (Cemac).

 

Les négociations entre l'UE et la Cemac (Congo, Cameroun, Gabon, Tchad, Centrafrique, Guinée-Equatoriale) ont commencé en 2003. Seul le Cameroun a signé un accord avec l'UE en 2009.

 

L'Afrique centrale n'a pas conclu d'accord avec Bruxelles contrairement à l'Afrique de l'Ouest. Ces accords sont censés faciliter l'exportation des produits africains vers l'Europe.

 

La croissance économique en Afrique centrale ne devrait être que d'1,7% en 2016 contre 2,5% en 2015, avait dit début juillet le gouverneur de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC).

 

La croissance était en 2014 de 4,9% dans les pays de la sous-région.

 

Le gouverneur de la BEAC avait prescrit aux Etats-membres de diversifier leur économie pour moins ressentir les chocs provoqués par la baisse des cours du pétrole.

 

Pendant la réunion à Malabo, les pays de la Cemac ont par ailleurs décidé de consacrer un fonds de quatre milliards de FCFA (environ six millions d'euros) à la reconstruction de la Centrafrique.

Morose, l'Afrique centrale mise sur un accord économique avec l'UE
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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 23:32

 

 

Par RFI Publié le 31-07-2016 Modifié le 31-07-2016 à 14:14

 

La délégation olympique centrafricaine a décollé en direction des Jeux olympiques de Rio. Ils sont six athlètes, hommes et femmes, à partir représenter le pays sur le continent sud-américain. Envoyer une délégation de RCA aux JO n’a pas été chose aisée.

 

Une délégation de six athlètes, mais une délégation quand même. « Très sensible aux problèmes qui sévissent en République centrafricaine, le président du Comité international olympique a décidé d'attribuer six places au pays. Nous avons ainsi pu avoir des invitations. En athlétisme et en natation, nous avons deux garçons et deux filles, en boxe, une fille, et en taekwondo, nous avons eu notre champion national et vice-champion d'Afrique, qui est aussi invité pour ces Jeux », raconte Gilles Gilbert Gresenguet, le président du Comité national olympique.

 

La crise militaro-politique qui a frappé le pays, ces dernières années, a gâché l’occasion pour de nombreux sportifs de participer aux compétitions internationales et donc de se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio. Le manque d’argent dans les caisses n'a pas non plus aidé à l'envoi d'une délégation. Mais les six sportifs invités n’y vont pas que pour participer.

 

Une chance pour le pays

 

« Je suis très contente d'y aller au nom de mon pays pour ramener une médaille. Malgré l'état de crise, je suis prête à défendre les chances de notre pays aux Jeux olympiques », a notamment déclaré Judith Bouyade, la boxeuse de la délégation.

 

Représenter la Centrafrique et donner de l’espoir à tout une nation, c’est peut-être déjà la première victoire de la délégation centrafricaine.

RCA : six athlètes représenteront le pays aux Jeux olympiques de Rio
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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 23:31
Les policiers burundais quittent la Centrafrique

 

 

01/08/16 (BBC)

 

Les autorités burundaises ont annoncé lundi le retrait de tout son contingent de policiers déployés en Centrafrique.

 

Près de 126 policiers sont arrivés à Bujumbura à bord d'un vol d'Ethiopien Airlines.

 

Un autre groupe de 280 policiers qui venaient de passer une année et dix mois à Bangui sont attendus dans la soirée à Bujumbura.

 

Seulement 10 policiers vont rester en Centrafrique pour assurer la garde des équipements lourds.

Le porte-parole de la police burundaise Pierre Nkurukiye a indiqué qu'ils ont bien rempli leur mission auprès de la population centrafricaine.

 

En juin, l'ONU avait annoncé qu'elle ne renouvellera pas le mandat des policiers burundais accusés d'exactions commises au Burundi avant leur déploiement.

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1 août 2016 1 01 /08 /août /2016 23:28

 

 

Par RFI Publié le 01-08-2016 Modifié le 01-08-2016 à 11:48

 

En Centrafrique, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU souhaitent donner une nouvelle impulsion à la mission onusienne en RCA. Mais pour une ONG internationale, Oxfam, la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) manque de moyens. C’est le constat qu’elle dresse dans un nouveau rapport.

 

Avec 920 millions de dollars alloués par an, plus de 12 000 hommes et femmes répartis sur tout le territoire : les chiffres de la Minusca sont impressionnants, mais c’est peu en comparaison avec d’autres missions onusiennes sur le continent africain. Par exemple, la Mission des Nations unies au Congo-Kinshasa (Monusco), c’est plus d’un milliard quatre cents millions de dollars pour 20 000 hommes.

 

Autrement dit, la Minusca est tout simplement sous-financée, et cela a des conséquences sur la protection des civils, selon Isidore Ngueuleu, de l’ONG Oxfam en Centrafrique : « C’est une incapacité à pouvoir réagir rapidement. Et ça, c’est une demande des civils eux-mêmes. C’est une incapacité à pouvoir patrouiller sur des routes secondaires, mais aussi à faire des patrouilles nocturnes ou des patrouilles à pied ».

 

A la Minusca, on sait et on promet d’agir, comme en témoigne le général Balla Keïta, commandant en chef de la force onusienne en Centrafrique : « Dans certains coins reculés de la Centrafrique, des troupes qui travaillent dans des conditions difficiles. Mais ça n’a pas impacté sur la qualité du travail que ces soldats sont en train de faire parce que ce sont des hommes de sacrifice, ce sont des hommes de foi ».

 

En Centrafrique, 12 000 personnels de la Minusca sont répartis sur 600 000 km². Ils sont seulement 1 500 pour couvrir 41% du territoire, à l’est du pays.

RCA: Oxfam critique envers les moyens des missions de l’ONU
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