Centrafrique : Hollande clôt en catimini l'opération Sangaris
http://www.humanite.fr/ SAMEDI, 14 MAI, 2016
Le président français est passé en coup de vent en Centrafrique pour annoncer le désengagement des troupes françaises. Il a salué le travail des soldats, malgré un bilan contestable et les scandales d'agressions sexuels.
"Aujourd'hui, l'opération Sangaris se termine", a déclaré François Hollande. Il a salué "le courage exemplaire" des soldats. "Sangaris est une opération parfaitement réussie". Après quelques brèves heures sur le sol centrafricain, il est reparti vers le Nigéria pour parler de Boko Haram.
Le bilan de cette opération lancée fin 2013 n'est pourtant pas si flatteur. Les massacres ont continué longtemps après l'engagement des troupes françaises. Les élections présidentielles prévues ont été repoussées avant de se tenir fin 2015 sous haute surveillance militaire. Les tensions dans l'ex-colonie restent quotidiennes et il y a encore des centaines de milliers de déplacés.
Mais surtout depuis plus d'un an, ce sont les viols, notamment d'enfants, commis par des soldats français et casques bleus de l'ONU, qui ont fini de ternir l'opération Sangaris. Des militaires engagés en Centrafrique sont soupçonnés d'abus sexuels pour lesquels trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes à Paris. "S'il y a des responsabilités, il n'y aura pas d'impunité", a simplement répété le président. Selon l’ONU, le nombre d’abus sexuels aurait augmenté l’an dernier avec 69 cas recensés, mais seuls les pays d’origine peuvent engager une procédure pénale. Le mois dernier, l'ONU rapportait des témoignages terrifiants : des soldats auraient forcé en 2014 des jeunes filles à avoir des rapports sexuels avec des animaux en échange d’une somme d’argent.
C'est dans ce contexte que l'opération Sangaris doit se terminer, sans fanfare en décembre, après 4 années de présence. De plus de 2.500 militaires, Sangaris n'en compte déjà plus que 650. "Nos armées sont appelées sur d'autres fronts, toujours la zone du Sahel", mais aussi "la Syrie et l'Irak", a expliqué le président.
"Mais la France est et sera toujours là" dans le cadre de la force de l'ONU (Minusca) et de la mission européenne, a assuré François Hollande à son homologue centrafricain. Paris veut clairement rester omniprésente dans son ancienne colonie : "la France veut prendre la tête d'un groupe de bailleurs pour la Centrafrique", car "il n'y aura de sécurité que par le développement et il n'y aura de développement que par la sécurité" a expliqué le président.
La République centrafricaine a sombré dans le chaos en 2013, lorsque la Séléka, une hétéroclite coalition de rebelles venus du Nord, majoritairement musulmans, a chassé du pouvoir le président François Bozizé.
Pillages, violences : la brève parenthèse Séléka a précipité l’effondrement d’un État déjà vermoulu, rongé par la corruption, dans un pays qui ne s’est jamais libéré de l’étroite tutelle néocoloniale exercée par Paris. En réaction aux exactions des hommes de la Séléka, des milices « anti-balaka », à majorité chrétienne, se sont constituées, avec dans leurs rangs des fidèles du président déchu. Très vite, ces groupes armés se revendiquant de « l’autodéfense » commettaient à leur tour des atrocités, alimentant le cycle infernal des représailles et des violences communautaires, poussant des milliers de musulmans à fuir le pays.
Faustin-Archange Touadéra est devenu le 20 février dernier le nouveau président de la République centrafricaine. Indépendant soutenu par le milieu enseignant et présenté comme le « candidat du peuple », Faustin-Archange Touadéra, 58 ans, a été le dernier premier ministre de l’ex-président François Bozizé, renversé en 2013 par la rébellion Séléka.
En visite en Centrafrique, François Hollande annonce la fin de l'opération Sangaris
http://www.francetvinfo.fr/ 14/05/2016 | 09:10
Les militaires français, déployés dans le pays en décembre 2013, vont progressivement se désengager.
"Aujourd'hui, l'opération Sangaris se termine". Le président français François Hollande a effectué, vendredi 13 mai, une visite de quelques heures en Centrafrique pour parler du désengagement des troupes françaises et la reconstruction d'un pays ruiné.
"Je l'avais décidée au tout début de décembre 2013 parce que le chaos avait hélas saisi la Centrafrique et parce que des massacres s'y produisaient", a-t-il rappelé, avant le saluer "le courage exemplaire" des soldats. "Sangaris est une opération parfaitement réussie", a-t-il jugé. L'opération doit se terminer en décembre, au terme d'un désengagement progressif. De plus de 2 500 militaires au plus fort de la crise, Sangaris n'en compte déjà plus que 650, selon l'entourage de Hollande.
"Nos armées sont appelées sur d'autres fronts"
"Nos armées sont appelées sur d'autres fronts, toujours la zone du Sahel", mais aussi "la Syrie et l'Irak", a-t-il expliqué, ajoutant, "la France est toujours sous la menace terroriste". "Mais la France est et sera toujours là" dans le cadre de la force de l'ONU (Minusca) et de la mission européenne, a-t-il assuré à son homologue centrafricain, Faustin Archange Touadéra.
Le président français s'était déjà rendu dans le pays à deux reprises, en décembre 2013 et février 2014, alors que l'opération Sangaris venait de se déployer pour stopper des violences intercommunautaires. Aujourd'hui, "je reviens alors que la transition a réussi, la stabilité a été retrouvée", a affirmé le président français
Sa visite est également intervenue alors que des soldats français et des Casques bleus engagés en Centrafrique sont soupçonnés d'abus sexuels pour lesquels trois enquêtes judiciaires ont été ouvertes à Paris. "S'il y a des responsabilités, il n'y aura pas d'impunité", a-t-il répété.
RCA: François Hollande tourne la page Sangaris
Par RFI 14-05-2016 Modifié le 14-05-2016 à 08:20
Avant de se rendre au sommet anti-Boko Haram à Abuja (Nigeria), François Hollande a fait une brève halte en Centrafrique pour clore la mission militaire française Sangaris. Le chef de l'Etat s'est également rendu dans le dernier secteur musulman de la capitale.
« Ne partez pas! », a lancé ce vendredi une mère de famille musulmane à Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense. C'était pendant la visite de François Hollande au KM5, le dernier quartier de Bangui où vivent encore des musulmans.
De fait, les soldats français ne vont pas tous partir. Certes, Sangaris, c'est fini, François Hollande l'a annoncé officiellement hier soir, et cela lui permet de dire que l'armée française ne s'est pas enlisée en Centrafrique.
Mais en réalité, quelque 500 soldats français vont continuer de stationner à Bangui. Une centaine dans le dispositif européen de formation de la nouvelle armée centrafricaine ; une centaine d'autres dans la conduite des futurs drones de la Minusca ; et surtout, quelque 300 autres à l'aéroport de Bangui-Mpoko, comme embryon d'une force de réaction rapide qui ne dit pas son nom.
On savait que les Français n'étaient pas là pour rester indéfiniment [...] Je regrette simplement que l'armée centrafricaine, les Faca que nous appelons de nos veux n'aient pas été suffisamment restructurées pour que le départ de Sangaris correspondent à leur montée en puissance.
Abdou Karim Meckassoua donne son opinion sur le retrait de Sangaris
14-05-2016
Hier, lors d'un point de presse avec son homologue centrafricain Faustin-Archange
François Hollande: «l'élection peut servir de référence en Afrique»
14-05-2016 - Par RFI
Touadéra, le chef de l'Etat français a tenu à rappeler que les dernières élections en Centrafrique se sont déroulées dans des « conditions exemplaires » et que cela « s'est produit ailleurs en Afrique, mais pas partout », une allusion sans doute au dernier scrutin au Tchad et au Congo-Brazzaville.
De son côté, Faustin-Archange Touadéra a remercié la France pour son engagement en RCA et s'engage à poursuivre ses efforts pour mettre en oeuvre le programme de désarmement DDR, « clé de voûte de notre relèvement, condition sine qua non du retour à la paix et de l'engagement du pays vers la voie du développement », a dit . Touadéra. « Je l'ai compris et j'y travaille sans relâche », a-t-il affirmé, avant de saluer « le leadership » de son visiteur.
Hollande fait une brève visite en Centrafrique, rassurant du soutien de la France pour le retour à la paix
YAOUNDE, 13 mai (Xinhua) -- Le président français François Hollande est arrivé vendredi après-midi à Bangui pour une brève visite en Centrafrique.
C'est la première fois depuis l'accession au pouvoir de Faustin Archange Touadéra fin mars et la troisième depuis 2013 que M. Hollande s'est rendu en Centrafrique.
Il a visité le quartier PK5, ex-épicentre des violences intercommunautaires dans la capitale centrafricaine, et rassuré du soutien de la France pour le retour à la paix dans ce pays.
En route pour Abuja (Nigeria) où il prendra part à un sommet sur la lutte contre Boko Haram aux côtés de ses pairs de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT) samedi et dimanche, le chef de l'Etat français a salué l'engagement du nouveau président centrafricain et son gouvernement pour la normalisation nécessaire pour relancer l'économie nationale, après plus de deux ans de crise grave.
Ce défi implique le désarmement des groupes armés dont les ex-rebelles de la Séléka et les milices anti-Balakas, les deux principaux protagonistes de cette crise due à la chute du régime de François Bozizé en mars 2013, un dossier crucial pour lequel le pouvoir de Bangui, qui hérite d'une situation délicate caractérisée par une sécheresse financière pour les caisses de l'Etat, sollicite l'aide de la France.
"Le processus de désarment, démobilisation, réinsertion et rapatriement (DDRR) est enclenché sur tout le territoire national et les responsables des groupes armés que j'ai reçus m'ont tous donné leur accord de déposer les armes afin de revenir dans la vie civile et active pour le développement de la RCA", a notamment souligné Faustin Archange Touadéra lors de l'accueil de son homologue.
Ex-puissance coloniale, la France dispose des décennies à Bangui d'une base militaire, renforcée par le déploiement sous mandat onusien en décembre 2013 d'une opération dénommée Sangaris, dans le but d'aider à mettre fin aux violences, en appui de la Mission d'intervention sous conduite africaine (MISCA) alors opérationnalisée par l'Union africaine (UA).
François Hollande, présent à Bangui pour quelques heures entre le milieu de l'après-midi et le début de soirée, a réitéré la décision de retrait de cette force, (aujourd'hui visée par des accusations d'abus sexuels concernant certains de ses soldats) avant la fin de l'année en cours, sans rupture cependant de la présence militaire française dans ce pays pauvre et enclavé d'Afrique centrale.
Avec l'arrivée aux affaires de Faustin Archange Touadéra, le pouvoir français, qui voit d'un mauvais œil la montée en puissance de la Chine dans ce pays comme ailleurs dans son ex-pré carré africain, entend reprendre sa place de partenaire principal de la Centrafrique.
C'est à l'évidence le sens donné à la visite effectuée par le nouveau président en avril à Paris, où il avait été reçu par son homologue pour un entretien en tête-à-tête à l'Elysée.
Suite au coup de force de 2013 de l'ex-coalition rebelle de la Séléka et la mise au ban de la Centrafrique de la communauté internationale, la coopération bilatérale entre les deux pays avait été réduite à un niveau faible.
"La France, à travers l'Agence française de développement, est en train de financer un projet coutant 75 millions d'euros en Centrafrique pour soutenir l'éducation, la santé, l'agriculture ainsi que les travaux à haute intensité de main d'œuvre dans le but de créer de l'emploi sur tout le territoire centrafricain au lendemain cette grande crise", a souligné M. Hollande.
François Hollande décoré à la dignité de Grand-croix dans l’ordre national de la reconnaissance centrafricaine
APA 13/05/2016 à 20:38 UTC
Faustin Archange Touadéra a décoré ce vendredi soir le Président Français François Hollande dans la plus haute distinction honorifique du pays à savoir la dignité de Grand-croix dans l’ordre national de la reconnaissance centrafricaine.
Dans son allocution, le Président centrafricain Faustin Archange Touadéra a rendu une profonde gratitude à la France pour ses appuis qui ont permis à la Centrafrique de s’engager pour son relèvement.
Il a aussi loué les liens qui unissent les deux pays et relevé que la France reste le premier partenaire bilatéral de la RCA en déboursant depuis 2014 plus de 70 millions d’euros en faveur de ce pays.
Le Président centrafricain a demandé à son homologue Français de soutenir son programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion qui reste la clé de voute de relèvement de la RCA.
Il a dit compter sur François Hollande pour l’aider à réhabiliter les bases de l’économie pour créer la croissance.
C’est en compagnie du Président de l’Assemblée nationale Abdou Karim Meckassoua que les deux Chefs d’Etat ont visité l’Institut Pasteur de Bangui et le quartier Km5 habité en majorité par des musulmans de Centrafrique.
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