http://www.lefigaro.fr/ Par Pierre Jova le 13/07/2016 à 21:41
La présence militaire française avait mobilisé jusqu'à 2500 hommes lors du déclenchement de l'opération fin 2013. Son objectif était de stopper les massacres intercommunautaires dans un pays en proie à une instabilité chronique.
La France réduit son dispositif. Après le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian en mars dernier, le président de la République François Hollande a confirmé mercredi que la France mettrait fin à son intervention militaire en République centrafricaine. «En octobre prochain, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian se rendra en Centrafrique pour prononcer officiellement la fin de l'opération Sangaris», a déclaré le chef de l'Etat lors d'une réception au ministère de la Défense.
«Sangaris», du nom d'un papillon africain, n'était pas moins que la septième intervention militaire française en Centrafrique, depuis l'indépendance du pays en 1960. Lancée en décembre 2013, elle a mobilisé jusqu'à 2.500 hommes à son apogée. Depuis juillet 2015, le déploiement était tombé à 900 militaires. Son objectif était de stopper les massacres intercommunautaires qui ont suivi le renversement du président François Bozizé par le mouvement rebelle Seleka («coalition» en sango, langue officielle de Centrafrique avec le français).
Un pays en proie à l'instabilité chronique
Située au coeur du continent, entre le Cameroun à l'ouest, le Tchad au nord, le Soudan à l'est et la République démocratique du Congo au sud, la Centrafrique est à la croisée des rapports de force entre les Etats voisins. Le pays est également divisé entre les ethnies de l'ouest et du sud, et celles du nord. Ces dernières, qui se trouvent dans la sphère culturelle du Soudan, sont de confession musulmane, alors que plus de 80 % du pays est chrétien.
Peu après son indépendance, le pays est tombé sous la coupe de Jean-Bedel Bokassa, de 1966 à 1976, qui alla jusqu'à se proclamer «empereur de Centrafrique». D'abord soutenu par la France, le dictateur est finalement renversé en 1979 par l'ancienne puissance coloniale, inquiète de la tournure répressive du régime, ainsi que par le soutien qu'il apporte à la Libye, qui lutte contre les intérêts français au Tchad.
Après un régime militaire, Ange-Félix Patassé est élu président de la République centrafricaine en 1993. Dix ans plus tard, il est renversé par le général François Bozizé, originaire de l'ouest du pays. Assez rapidement, un premier conflit oppose certaines ethnies nordistes au reste du pays. En 2007, après l'intervention militaire de la France au profit du régime, les rebelles déposent les armes. Leur chef, Michel Djotodia, rallume la guerre fin 2012, en rassemblant ses anciens partisans, et en recevant le soutien de mercenaires soudanais et libyens. A la tête de la Seleka, il conquiert la capitale, Bangui, en mars 2013. Jugeant le régime perdu, la France n'est pas intervenue.
Rapidement, l'autorité de l'Etat disparaît, et l'anarchie règne. Les rebelles saccagent la capitale et commettent des exactions contre les chrétiens. En face, les «anti-Balaka», une milice pilotée par l'ex-président François Bozizé en exil, s'arme et s'attaque aux musulmans, assimilés aux rebelles. Devant les affrontements, la France n'a pas d'autre choix que de déployer l'opération Sangaris, pour stabiliser le pays.
Ne pouvant agir seule, la France a suscité le création d'une mission onusienne, la Minusca, forte de 10.000 soldats et de 2.000 policiers. Composée en majorité de contingents africains, qui agissent souvent en fonction des intérêts de leurs dirigeants (les Tchadiens soutenant les rebelles dont ils sont ethniquement proches), cette force a également été accusée d'abus sexuels. Certains militaires français sont également soupçonnés d'avoir commis de tels actes.
Le bilan incertain de Sangaris
Deux ans après le début de Sangaris, l'heure est au bilan. Pour Jean-Yves Le Drian, l'opération «a réussi à ramener le calme et à empêcher l'inacceptable», avait-il déclaré en mars dernier devant les forces françaises stationnées à Bangui. Depuis le 30 mars, la Centrafrique a enfin un président élu, en la personne de Faustin-Archange Touadéra, ancien premier ministre de François Bozizé.
L'instabilité demeure cependant. Outre les anciens rebelles de la Sekela qui se sont reconvertis dans le brigandage, la Centrafrique subit les infiltrations de l'Armée de résistance du Seigneur, une secte apocalyptique venue d'Ouganda et soutenue par le Soudan.
Pour poursuivre le désarmement et la réintégration des différentes milices, l'ONU et les autorités centrafricaines doivent offrir un travail aux anciens combattants, et mettre sur pied une armée régulière digne de ce nom. Cette mission de formation de l'armée centrafricaine, confiée à l'Union européenne sera, dans la pratique, remplie par les Français. Malgré la fin de Sangaris, il est prévu qu’environ 300 soldats demeurent dans le pays. La France ne plie pas complètement bagage.
Défense: La France se retire de Centrafrique et se renforce en Irak
http://www.20minutes.fr/
ARMEES
En chef des armées, François Hollande a fait le point ce mercredi sur la politique de défense du pays...
Face à Daesh et au Brexit, la France rebat les cartes de sa politique de défense. François Hollande a fait le point ce mercredi dans un discours au ministère de la Défense.
Renforcement du soutien aux forces irakiennes
« Nous allons encore intensifier le concours de l’armée de Terre pour soutenir les Irakiens dans la perspective de la reconquête de Mossoul », a déclaré le président de la République. Environ 300 à 400 soldats français forment déjà des forces irakiennes à Bagdad et des peshmergas kurdes dans le nord de l’Irak, parfois au plus près de la ligne de front, sans prendre part toutefois directement aux combats.
« Le groupe aéronaval avec le porte-avions Charles de Gaulle sera de nouveau déployé au sein de l’opération Chammal à l’automne car nous devons frapper et détruire ceux qui nous ont agressés, ici, en janvier et en novembre 2015 », a ajouté le chef de l’Etat en référence aux attentats de Paris.
Retrait de la Centrafrique
Si la France s’apprête à renforcer sa présence en Irak, elle va au contraire quitter définitivement la Centrafrique, malgré le regain de violences dans ce pays. François Hollande a confirmé que l’opération Sangaris, lancée en 2013 sur fond d’affrontements intercommunautaires, prendrait fin en octobre. La France maintiendra cependant sa présence au Sahel face aux groupes djihadistes « dans les mois qui viennent ».
Défense européenne
Face au défi du Brexit - le Royaume Uni étant avec la France une des deux puissances militaires du continent - et aux enjeux sécuritaires de plus pressants aux frontières de l’UE, Paris va proposer une initiative pour renforcer la défense européenne. « Je constate aussi que nos amis allemands y sont prêts. Nous pourrons donc porter ensemble cette initiative », a noté François Hollande, alors que Berlin a dit vouloir profiter du départ britannique pour relancer l’Europe de la Défense.
Sécurité intérieure
Sur le front intérieur, l’opération Sentinelle, dont l’utilité a été questionnée, va être ramené à 7 000 hommes contre un millier « mais c’est une opération qui va se poursuivre parce qu’elle est indispensable », a confirmé François Hollande.
Centrafrique : fin de l'opération Sangaris, quel bilan de l'intervention française ?
http://www.metronews.fr/
GUERRE - L'opération Sangaris prendra fin en octobre, voilà ce que vient d'annoncer François Hollande. Quel bilan peut-on tirer de cette opération militaire française en Centrafrique ?
Le président François Hollande a annoncé ce mercredi 13 juillet que la France mettrait définitivement fin à son opération militaire Sangaris en Centrafrique : "En octobre prochain, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian se rendra en Centrafrique pour prononcer officiellement la fin de l'opération Sangaris", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une réception au ministère de la Défense. Retour sur cette opération militaire française.
► Pourquoi la France est-elle intervenue en Centrafrique ?
La Centrafrique avait basculé dans le chaos en 2013 après le renversement du président François Bozizé, entraînant une spirale de violences entre la rébellion Séléka à dominante musulmane et les milices chrétiennes anti-Balaka.
Redoutant un "génocide" dans ce pays d'environ 4,5 millions d'habitants, la France avait lancé l'opération militaire Sangaris. Les troubles ont provoqué l'exil de plus de 300.000 réfugiés au Cameroun et au Tchad, ainsi que 415.000 déplacés internes.
► Combien de militaire la France a-t-elle déployé ?
La France a mobilisé jusqu'à 2500 soldats au plus fort des tensions. Au mois de juin 2016, les effectifs de l'armée française en Centrafrique avaient été ramenés à 350 hommes. Parallèlement, 12.000 casques bleus de l'ONU étaient sur le terrain aux côtés de l'armée française.
► Que faut-il retenir de cette opération Sangaris ?
Interrogés par l'AFP, certains habitants de Bangui ne cachent pas leur "inquiétude" après le départ des Français. "Depuis que le président François Hollande a annoncé le retrait de la force Sangaris, les exactions se multiplient. C'est comme si les groupes armés avaient retrouvé leur terrain de prédilection", s'alarme, Valentin Kouangabé, commerçant. "Nous sommes revenus à la case départ. On a chassé Bozizé (renversé par la Séléka) en 2013 et élu Touadéra, son ex-Premier ministre, en 2016", commente un ancien officier centrafricain sous couvert d'anonymat. "Un seul individu est parti, mais le même système est en train de se remettre en place".
De plus, la réputation de l'armée française a été entachée par plusieurs accusations d'abus sexuels en Centrafrique, notamment sur des mineurs, et de sévices physiques.
► Quel avenir pour la Centrafrique ?
La Centrafrique est toujours "en danger", avec des "régions entières" contrôlées par des groupes armés, avait prévenu samedi le président Faustin-Archange Touadéra, en tirant le bilan de ses 100 premiers jours au pouvoir. Son gouvernement doit reconstruire l'Etat en présence d'une force des Nations unies, la Minusca (environ 12.000 hommes et femmes).
Il faut également régler le problème du trafic d'armes. Imposé en 2013, l'embargo sur les armes avait été prolongé d'un an par le Conseil de sécurité des Nations unies en janvier dernier. "Un dialogue est entamé avec l'ONU pour lever petit à petit l'embargo qui frappe les forces armées centrafricaines afin de les remettre en selle et d'assurer la défense du territoire", a déclaré le ministre de la Défense centrafricain Joseph Yakété, selon des propos rapportés sur le site de la radio Ndeke Luka. La levée de l'embargo sur les armes permettrait au gouvernement de reconstruire une armée régulière en Centrafrique.