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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 16:33

 

 

 

 

 

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Centrafrique-Presse.com - dans Politique
23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 15:58

 

 

 

Tchad - Idriss Déby Itno : "J'ai trop longtemps prêché dans le désert"

 

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23/07/2012 à 08h:32 Par François Soudan

Crise malienne, situation en Libye, sommet de l’Union africaine, politique intérieure, lutte contre la corruption, succession… Au pouvoir depuis vingt et un ans, l’ancien "comchef" zaghawa est un acteur expérimenté. Avec, souvent, des positions tranchées.

« Je ne suis pas né militaire. Bien sûr, je suis entré dans l’armée de l’air par vocation, puis il m’est arrivé de faire la guerre sur le terrain, par nécessité, jamais par goût. L’odeur de la poudre ne me dit rien. Ce qui me passionne, ce ne sont pas les armes, c’est le développement. » C’est sur cette courte déclaration en forme de recadrage d’image qu’Idriss Déby Itno, 60 ans, a voulu clore l’entretien que nous avons eu avec lui le 5 juillet au palais présidentiel de N’Djamena.

Ses adversaires politiques y verront une illustration de plus du soin qu’apporte celui qu’ils ont toujours pris pour un seigneur de la guerre, dont le maintien au pouvoir depuis vingt et un ans relève à leurs yeux de l’effraction, à se « civiliser », tout au moins en apparence. Pourtant, malgré les attaques de rebelles jusqu’aux portes de sa résidence qui, ces dernières années, l’obligèrent à deux reprises à ressortir son uniforme d’ancien « comchef » de l’armée, ce fils de berger zaghawa né en pleine brousse quelque part au sud-est de Fada n’est jamais aussi loquace que lorsqu’il s’agit de parler de routes, de puits, d’écoles, de dispensaires et de têtes de bétail. Comme un retour aux sources de ce qui, enfant aux pieds nus, lui a le plus manqué.

Le condottiere en chèche, mince comme un guerrier bideyat, taiseux et fumeur, que j’avais rencontré pour la première fois à Arada, entre Ennedi et Ouaddaï, au milieu des années 1980 alors qu’il était le jeune chef prodige d’une armée de 4x4 Toyota qui venait de mettre en déroute les blindés de Kaddafi et qu’à N’Djamena le règne de Hissène Habré basculait dans la terreur, ce Déby-là a, il est vrai, bien changé. Il a renversé le dictateur, rajouté Itno à son patronyme, en est à son quatrième mandat de président et à son quatorzième Premier ministre, a cessé de fumer, ne porte plus son uniforme de général, a pris quelques kilos mais aussi beaucoup de sagesse et la mesure d’un vent de sable démocratique auquel il a bien fallu qu’il s’adapte. Résultat : un dialogue complexe avec une opposition pugnace, quelques prurits d’autoritarisme, une réputation de bâtisseur, une gouvernance que les bailleurs de fonds souhaiteraient plus transparente, mais aussi, dans cet espace sahélo-saharien devenu arc de crise, un climat de paix fragile d’autant plus remarquable que le Soudan et surtout la Libye sont aux portes.

C’est donc un président à la fois serein et sur le qui-vive, tant il a conscience du caractère quasi miraculeux de cette exception tchadienne, qui a reçu Jeune Afrique entre deux averses de saison pluvieuse. À peine l’entretien terminé qu’Idriss Déby Itno en entame un autre, à huis clos, avec une délégation de notables toubous libyens venus de Koufra solliciter sa médiation dans le conflit qui les oppose aux Arabes Zwaï. Dans le désert, tout n’est que recommencement… 

Jeune Afrique : La crise malienne vous concerne, comme tous les pays du Sahel. Pourtant, vous ne semblez pas désireux de vous associer à une solution militaire en envoyant vos troupes prêter main-forte à celles de la Cedeao, comme cela vous a été demandé. Pourquoi ?

Au Mali, la bonne solution serait de mettre en place une force de l’UA avec appui de l’ONU, comme en Somalie, et avec l’aide logistique de l’Otan.

Idriss Déby Itno : Depuis le début des opérations de l’Otan en Libye et jusqu’à la chute de Kadhafi, je n’ai cessé de mettre en garde quant aux conséquences non maîtrisées de cette guerre pour les pays de la région. J’ai trop longtemps prêché dans le désert. Mes avertissements ont été perçus, totalement à tort, comme un soutien à Kaddafi alors que le Tchad a sans doute été la première victime de son régime. Autant dire que ce qui se passe aujourd’hui dans le nord du Mali ne me surprend pas. La dislocation de la Libye et la dissémination de son arsenal en sont les causes directes, et ce n’est pas fini pour une raison très simple : les nouvelles autorités libyennes ne contrôlent toujours pas leur propre territoire. Il s’agit donc là d’un problème qui relève de l’Union africaine [UA, NDLR] et des Nations unies, autant, si ce n’est plus, que de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. Si vous voulez le fond de ma pensée : la gestion actuelle de la crise malienne par la Cedeao seule ne constitue pas une réponse appropriée à la situation. On tourne en rond de sommet en sommet à cause des divergences d’appréciation entre chefs d’État, alors que la bonne solution serait de mettre en place une force de l’UA avec appui de l’ONU, comme en Somalie, et avec l’aide logistique de l’Otan. 

Le Tchad y participerait-il ?

À cette condition, oui. Pour le reste, nous n’avons été invités à aucune des réunions de la Cedeao, bien que nous y ayons le statut d’observateur. 

Certains chefs d’État, à commencer par le Français François Hollandemais aussi le Guinéen Alpha Condé,souhaitent votre participation, d’autant que vos hommes ont une expérience unique de la guerre dans le désert.

Nous avons nos propres impératifs de sécurité. Et je crois avoir été clair : le Tchad n’enverra pas de troupes au Mali sous la bannière de la Cedeao. 

La solution n’est-elle pas politique autant que militaire ?

Les deux à la fois. Il faut sauver les Touaregs du MNLA [Mouvement national pour la libération de l’Azawad], avec qui on peut discuter et qui sont en train de se faire engloutir par les islamistes, et négocier avec eux une sortie de crise qui ne soit pas une partition du Mali. Et il faut combattre les terroristes avec une force suffisamment dissuasive. 

De violents accrochages ont opposé ces dernières semaines les Toubous aux tribus arabes à Koufra, dans le sud de la Libye. Cette tension à votre frontière nord vous inquiète-t-elle ?

C’est évident, le brassage tribal entre Tchadiens et Libyens étant ce qu’il est, je ne peux qu’être inquiet. D’autant que la gestion interne de la Libye par le CNT [Conseil national de transition] ne me rassure guère et que les élections législatives ne permettront pas, à mon sens, d’y voir plus clair. Les Toubous libyens ont toujours été marginalisés sous Kadhafi et ils n’ont pas été payés de retour pour leur engagement aux côtés du CNT. Ils souhaitent être intégrés et respectés dans le cadre de la nouvelle Libye, on les en empêche, ils se rebiffent, on les réprime, il y a des morts et des blessés, ni le pouvoir en place à Tripoli, ni les Occidentaux ne réagissent.

Toubous contre Ould Souleymane et Guedadfa : nous sommes à deux doigts de la guerre civile. Les uns et les autres m’ont demandé de jouer le rôle de médiateur pour éviter le pire. Mais hélas, je ne peux rien faire sans l’accord de l’autorité centrale libyenne – si tant est qu’elle existe vraiment. Plus généralement, quand je regarde l’état actuel de la Libye, où chaque localité est gouvernée sur une base tribale par des milices surarmées ou par ce qu’il reste des forces fidèles à Kadhafi, notamment aux frontières sud et ouest, ma crainte a un nom : la somalisation. 

Est-ce pour cela que vous ne vous êtes toujours pas rendu à Tripoli depuis la chute de Kaddafi ?

Oui et non. Mon frère Mustapha Abdeljalil, le président du CNT, m’y a invité et j’ai accepté. Une date avait même été fixée, à la mi-avril. Mais ce jour-là, la milice de Zintane s’est emparée de l’aéroport de Tripoli, le paralysant pendant vingt-quatre heures, ce qui m’a contraint à annuler ma visite. Depuis lors, le CNT n’a pas reformulé d’invitation. Mais je suis toujours disposé à me rendre dans ce pays qui nous est si proche. Si je peux être utile… 

Comment avez-vous réagi à la décision de la présidentedu Malawi de ne pas accueillir le président soudanais Omar el-Béchirlors du prochain sommet de l’Union africaine ?

Elle n’aurait pas dû violer ce qui est un principe et une position de consensus entre les pays membres de l’UA et qui s’impose à tous, y compris à ceux qui parmi nous sont signataires de la Cour pénale internationale. Dès lors qu’elle s’obstinait, il n’y avait pas d’autre solution que de délocaliser le sommet à Addis-Abeba

Un sommet qui a vu de nouveau s’affronter le Gabonais Ping et la Sud-Africaine Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l’UA, et c'est cette dernière qui l'a emporté. Si l’on en croit l’une de vos déclarations, vous avez choisi de soutenir la seconde – ce qui n’a pas manqué d’étonner en Afrique francophone. Pourquoi ?

Tout d’abord, une question de fond : la bataille, comme vous dites, ne doit pas opposer des régions géographiques ou linguistiques, mais des CV de candidats. En d’autres termes, je me bats pour celle ou celui qui m’apparaît le plus capable de diriger la Commission quelles que soient sa langue et sa nationalité. Je n’ai aucun état d’âme là-dessus.

Il m’est apparu qu’à compétences égales c’était au tour du candidat de l’Afrique australe de diriger la Commission de l'Union africaine.

Maintenant, la forme. En tant que membre du panel de chefs d’État chargés de départager les deux candidats, il m’est apparu, ainsi me semble-t-il qu’à mes collègues, qu’à compétences égales c’était au tour du candidat de l’Afrique australe de diriger la Commission. Pour une raison que vous connaissez : depuis la fondation de l’Organisation de l’unité africaine, jamais un ressortissant de cette région n’a occupé ce poste. Dès lors, mon opinion était la suivante : soit nous élisions à Addis le candidat que proposait la SADC [Communauté de développement de l’Afrique australe], Mme Dlamini-Zuma ou un autre, soit, si le blocage persistait, les deux candidats en lice se retireraient du jeu. Nous aurions fait alors appel à d’autres candidatures. 

En tout état de cause, si l’on vous suit, Jean Pingest « out »…

Je ne souhaite pas personnaliser ce débat. Mais je tiens tout de même à préciser une chose : je n’ai aucun problème avec le Gabon, qui est un pays frère et un partenaire précieux au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale [Ceeac], que je préside en ce moment. 

Votre voisin, la Centrafrique, subit actuellement les assauts d’un mouvement de rébellion mené par un chef de guerre tchadien, Baba Laddé. Vous sentez-vous responsable ?

Baba Laddé est un ex-gendarme tchadien devenu coupeur de route et trafiquant d’ivoire, ce n’est pas un rebelle, comme le prétendent certains médias, mais un bandit de grand chemin. Ce genre de personnage ne constitue pas une menace pour le Tchad. Pour la Centrafrique, c’est possible, mais c’est explicable : l’administration centrafricaine, comme vous le savez, ne contrôle pas toute une partie de son territoire. Il n’y a d’ailleurs pas que Baba Laddé, il y a aussi Joseph Kony et d’autres. 

La rumeur prétend que vous auriez joué un rôle dans le limogeage de l’ex-numéro deux du régime centrafricain, le colonel Sylvain Ndoutingaï,le 1er juin. Vous étiez d’ailleurs en visite à Bangui quelques jours plus tard. Est-ce exact ?

C’est faux. Je me suis rendu à Bangui avec l’ancien président burundais, Pierre Buyoya, qui est médiateur en Centrafrique pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie [OIF]. Objectif : encourager le président François Bozizé et la classe politique centrafricaine à mieux dialoguer. J’en ai profité pour insister auprès de mon frère Bozizé afin qu’il libère le détenu Jean-Jacques Demafouth, chef d’un mouvement politico-militaire et donc acteur de ce dialogue. Il est donc pour le moins étonnant que l’on me prête, dans le cas que vous évoquez, des intentions contraires. Je suis allé à Bangui pour apaiser la situation, pas pour jeter de l’huile sur le feu ou me préoccuper de quelqu’un qu’au demeurant je ne connais pas et qui n’est pas tchadien.

Le président français, François Hollande, vous a téléphoné le 3 juillet. J’imagine qu’il vous a parlé de la situation au Mali…

Oui. Il m’a demandé si nous étions disposés à envoyer des troupes tchadiennes sur place. Ma réponse a été conforme à ce que je viens de vous dire : nous n’enverrons personne dans le cadre de la Cedeao. Mais nous n’avons pas parlé que de cela. Le statut du détachement français au Tchad et l’opération Épervier ont également été abordés. Nous sommes convenus de nous retrouver ultérieurement pour approfondir ce dossier. 

À Paris ?

Sans doute. J’ai beaucoup d’amis en France et, comme vous le savez, je m’y rends régulièrement pour y subir un check-up. Tout véhicule a besoin d’aller de temps à autre au garage pour une révision générale. 

Êtes-vous toujours favorable à la fermeture de la base française de N’Djamena ?

Ce n’est pas nous qui avons demandé cette fermeture. L’initiative en revient à l’ancien ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, lequel, vous vous en souvenez, avait déclaré que la France souhaitait retirer ses troupes du Tchad. Nous en avions alors pris acte, en précisant qu’il s’agissait là d’une initiative souveraine, à laquelle nous ne voyions aucun inconvénient. Des discussions ont suivi, dont l’unique résultat a été le projet de mise en place d’un comité mixte chargé d’étudier les modalités pratiques de ce retrait. Nous sommes prêts, le moment venu, à les reprendre. 

Comment avez-vous accueilli l’élection de François Hollande et la défaite de Nicolas Sarkozy ?

Cela ne change rien à la relation franco-­tchadienne. On a considéré à tort que je soutenais l’ancien président Sarkozy : ce ne sont pas mes affaires. Les chefs d’État passent, mais le socle de l’histoire commune entre la France et l’Afrique demeure, tout comme le partenariat entre pays souverains. On a considéré à tort que je soutenais l'ancien président Sarkozy : ce ne sont pas mes affaires.

Le parti socialiste français a toujours milité pour que l’on connaisse enfin la vérité sur le sort de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, disparu en février 2008. Ne craignez-vous pas de subir de nouvelles pressions en ce sens ?

Absolument pas. Ibni Oumar a disparu lors des tragiques événements de février 2008, tout comme six cents autres Tchadiens dont une trentaine d’officiers et six généraux à qui personne ne s’est intéressé. Ibni avait certes des camarades en France, mais je refuse totalement que ces gens-là se mêlent des affaires intérieures du Tchad. Pour le reste, je fais confiance à notre justice, qui enquête sur ce cas comme sur d’autres depuis trois ans. Attendons que son rapport soit déposé. 

Un sommet des six pays membres de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) est enfin prévu du 22 au 24 juillet à Brazzaville avec beaucoup de retard. On vous dit agacé par les problèmes que rencontre cette institution, au point que vous envisageriez sérieusement d’adhérer à la Cedeao. Le Tchad va-t-il basculer en Afrique de l’Ouest ?

Nous avons le statut d’observateur au sein de la Cedeao depuis plus de dix ans, il n’y a donc pas de contradiction dans une éventuelle double appartenance. Après tout, l’Angola est bien membre à la fois de la SADC et de la Ceeac. Maintenant, il est vrai que la Cemac est pour nous une source d’inquiétude, ne serait-ce qu’à cause des problèmes de gestion réels au niveau de la présidence de la Commission. Cela fait près de trois ans que nous ne nous sommes pas réunis, ce qui n’est pas acceptable au regard des défis que nous avons à relever en commun. J’ai interpellé à plusieurs reprises en ce sens le président en exercice, mon frère Denis Sassou Nguesso. Je sais qu’il fait le maximum et que tout ne dépend pas que de lui. C’est notre responsabilité à nous six [les six pays membres]. 

En ce début de juillet, N’Djamena bruit de rumeurs. Un complot aurait été déjoué au sein de votre garde présidentielle et une poignée d’officiers supérieurs auraient été arrêtés. Vrai ou faux ?

Sept officiers ont été arrêtés, c’est exact. Mais les motifs sont d’ordre disciplinaire : insubordination, mauvaise gestion, refus de regagner son poste. Ils appartiennent à la garde présidentielle, mais aussi à l’armée de terre. Figurent parmi eux un général, un colonel [il s’agit du général Bahr Mahamat Itno et du colonel Abakar Adam], un commandant. Ils seront radiés de l’armée et traduits en justice. 

Y a-t-il un rapport avec l’opération de réduction drastique des effectifs de l’armée tchadienne que vous avez lancée fin 2011 ?

C’est vraisemblable. La grande majorité des militaires concernés par cette réforme l’a acceptée, et nous accompagnons leur réinsertion. Une petite minorité n’a pas supporté de voir remis en question ses privilèges indus et ses rentes de situation. 

Vous avez, vous aussi, lancé une vaste opération anticorruption, l’opération Cobra, et déclaré une guerre sans merci contre ce fléau. Plusieurs comités et agences ad hoc ont été créés. Mais la critique est récurrente : vous en profiteriez pour écarter des personnalités gênantes pour votre pouvoir. Qu’avez-vous à répondre ?

Ce n’est pas sérieux. Je n’écarte personne. Nous avions au Tchad une administration qui avait pris la mauvaise habitude historique de se servir plutôt que de servir. J’ai décidé de l’assainir et d’en finir avec cette véritable gangrène. Qui n’a pas conscience ici des ravages de l’enrichissement illicite ? Cela n’a rien à voir avec la politique politicienne ni avec une quelconque chasse à l’homme. Et je suis logique avec moi-même : nul n’est à l’abri, nul n’est couvert, y compris mes proches, mes amis et mes collaborateurs. Si la justice les lave de tout soupçon, ils reviendront travailler à mes côtés, cela s’est déjà produit. Mais je n’interviendrai pas dans son fonctionnement, il faut que ce soit clair. L’opération Cobra a déjà permis au Trésor public de récupérer en quelques semaines 10 milliards de F CFA [plus de 15 millions d’euros]. Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. 

L’ancien secrétaire général de la présidence, Mahamat Saleh Annadif, a été libéré pour vice de forme après avoir été détenu pendant trois mois. Quelles charges pèsent contre lui et pourquoi ne relève-t-il pas de la Haute Cour de justice, puisqu’il a rang de ministre ?

Je ne suis pas magistrat et je n’ai pas l’intention de me mêler de ce débat contradictoire. Pour le reste et en ce qui concerne le fond du dossier, il n’est pas reproché à Mohamed Saleh Annadif d’avoir détourné de l’argent à son profit personnel, loin de là. Le problème à son niveau est que mes instructions n’ont pas été respectées. Je lui avais donné une directive précise, en présence du directeur général des grands travaux et projets présidentiels, Zen Bada, qui a lui aussi été appréhendé. Toute sortie d’argent concernant les grands travaux devait être soumise à une double signature, la sienne et celle de Zen Bada. Or les quelque 2 milliards de F CFA que Zen Bada a reconnu avoir détournés ne portaient qu’une seule signature, celle de ce dernier. Pourquoi ? Et pourquoi Annadif a-t-il écrit au directeur général de la Banque commerciale du Chari une correspondance semblant justifier cette anomalie ? En attendant que la justice y voie plus clair, leur sort est en quelque sorte lié. 

Autre affaire : celle du député de l’opposition Gali Ngothé Gatta,arrêté, condamné en mars dernier à un an de prison pour braconnage, puis relâché en appel faute de preuves. Cela fait un peu désordre…

J’ai appris cette histoire à l’aéroport, alors que je m’apprêtais à m’envoler pour le Bénin. On m’a parlé d’un flagrant délit de braconnage de phacochère. Point final en ce qui me concerne, puisque je n’étais pas au courant de cette arrestation et que nul ne m’a demandé mon avis. Puis l’affaire s’est emballée avec l’intervention, assez curieuse dans un pays laïque, de congrégations religieuses en faveur dudit député. Lequel a ensuite été libéré. Il siège de nouveau dans l’hémicycle. 

Au passage, le juge qui s’était prononcé contre son arrestation a été radié par le Conseil supérieur de la magistrature…

Oui, et alors ? Les magistrats ont leur règlement, leur code et leurs sanctions. Encore une fois, ce n’est pas mon affaire, je ne m’en mêle pas. 

L’opposition tchadienneest persuadée que le pouvoir cherche par tous les moyens à la museler et à l’intimider. Le dialogue est-il impossible ?

Non seulement le dialogue est possible, mais il est en cours, mieux que dans beaucoup d’autres pays du continent. Un cadre formel de concertation existe et fonctionne depuis près de cinq ans, dont on ne trouve d’équivalent nulle part ailleurs. 

Recevez-vous les leaders de cette opposition ?

Je suis ouvert. Saleh Kebzabo [le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau], par exemple, que j’ai reçu en début d’année à Léré, a demandé à me revoir. Dès que mon agenda le permettra, je lui fixerai rendez-vous. Je suis un homme de dialogue, plus sans doute que la plupart de ceux qui dans ce pays se proclament démocrates. 

Depuis quand n’êtes-vous plus sous programme avec le FMI et la Banque mondiale ?

Depuis douze ans, mais des contacts ont été renoués en 2011 avec ces institutions, qui devraient bientôt déboucher sur une reprise de la coopération. Reste à régler une légère incompréhension issue de l’emprunt de 2 milliards de dollars [1,6 milliard d’euros] que nous avons contracté avec l’Eximbank chinoise pour des investissements dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’élevage. La Banque mondiale jugeant le taux de ce prêt trop élevé, nous allons le renégocier avec l’aide du FMI. Avec ses 8 % à 9 % de croissance attendus en 2012, le Tchad est un État solvable.

Mais pauvre et trop dépendant des revenus du pétrole, dont la production est en baisse.

C’est exact. Et c’est pourquoi tous nos efforts portent sur le secteur rural, afin de maximiser nos capacités d’exportation. Quant à la pauvreté dont vous parlez, vous ne m’apprenez rien. Je connais mon pays village par village sur toute la superficie de son 1,3 million de kilomètres carrés. Je connais mon peuple et ses besoins souvent criants. Étant issu d’une famille pauvre, je sais ce qu’est la dureté de la vie puisque j’en ai moi-même souffert. Ce combat pour le développement du Tchad est pour moi une obsession. 

La prochaine élection présidentielle est prévue pour 2016. Vous aurez alors 64 ans, ce qui n’est pas encore âgé, dont vingt-six ans au pouvoir, ce qui est pour le moins respectable. Serez-vous une nouvelle fois candidat ?

Ne croyez pas que je m'accroche à mon fauteuil. En 2016, j'aurai un choix à faire. Il n'est pas encore tranché.

Disons que le fait d’être devenu chef de l’État à 38 ans ne joue pas en ma faveur. Certains auraient sans doute souhaité me voir accéder à la présidence avec vingt années de plus, afin que je leur passe la main le plus vite possible. Malheureusement pour eux, je suis toujours là et en bonne santé. Cela dit, je suis un homme qui a sacrifié sa vie privée et familiale et passé un nombre incalculable de nuits blanches au service de son pays. Un homme qui a le droit de se demander si le moment n’est pas venu pour lui de se reposer. Ne croyez surtout pas que je m’accroche à mon fauteuil, mais 2016, c’est dans quatre ans. J’aurai alors un choix à faire. Il n’est pas encore tranché.

Propos recueillis à N'Djamena par François Soudan

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 15:28

 

 

 

cathédrale Notre Dame de Bangui

 

 

VATICAN – Ordination de quatre Evêques en Centrafrique par S. Em. le Cardinal Filoni : « Dieu vous les envoie pour vous enseigner sa Parole qui est…

Agenzia Fides , le 23 juillet 2012 à 14:26  

Bangui (Agence Fides) – « Un message d’espérance et de soutien » a été porté par S. Em. le Cardinal Fernando Filoni, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, à l’Eglise qui est en République Centrafricaine au travers de la consécration de quatre Evêques qu’il a présidé hier, Dimanche 22 juillet, à Bangui. « L’Église de Centrafrique resplendira de la lumière du Christ! Je viens vous inviter à un engagement renouvelé pour la mission: L’heure d’un nouveau départ a sonné! Une ère nouvelle doit commencer ! » – a déclaré le Cardinal devant une foule de plus de 1.500 fidèles réunis sur le parvis de la Cathédrale de Bangui pour la consécration épiscopale de LL. EE. NN. SS. Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui, Nestor-Désiré Nongo Aziabgia, Evêque de Bossangoa, Dennis Abgenyadzi, Evêque de Berbérati et Cyr-Nestor Yapaupa, Evêque coadjuteur d’Alindao.

Avec le Cardinal Filoni, ont concélébré le Saint Sacrifice de la Messe, qui a duré cinq heures, l’ensemble des Evêques de République Centrafricaine, auxquels se sont unis d’autres Evêques provenant de France, du Cameroun, du Tchad, du Ghana ainsi que le Président de l’ACERAC (Association des Conférences épiscopales d’Afrique centrale). Ont participé au rite les plus hautes autorités civiles : le Président de la République, François Bozizé, le Président de l’Assemblée nationale, Célestin Leroy Gaombalet, le Premier Ministre, Faustin Archange Touadera et le Maire de Bangui, Nazaire Guenefe-Yalanga.

« Le Pape Benoît XVI a donné, le 14 mai dernier, Fête de l’Apôtre Saint Matthias, quatre nouveaux pasteurs » a déclaré le Cardinal dans son homélie. « Dieu vous les donne pour vous faire paître, vous gouverner, c’est-à-dire pour combler la soif et la faim de vos âmes, vous menant vers les eaux tranquilles. Dieu vous les envoie pour vous enseigner sa Parole qui est la Lumière et la Vérité qui éclairent les hommes sur la route de la vie. Dieu vous les offre pour vous sanctifier au moyen des Sacrements qui sont la présence de Dieu, par son Esprit, au milieu de nous ».

 Commentant les lectures bibliques du jour, le Cardinal a mis en évidence combien « Dieu réalise sa promesse d’être le Pasteur de son peuple abandonné en suscitant Jésus de Nazareth, le Bon Pasteur. L’Évangile esquisse un des traits importants de la figure de ce Pasteur: la pitié ». Sur ce thème, le Cardinal s’est attardé longuement, mettant en évidence entre autre que « être chrétien, c’est devenir, à l’instar de Jésus, l’icône de la tendresse, de la miséricorde et de la compassion de Dieu ». Si cela est valide pour tout chrétien, cela l’est plus encore pour ceux qui sont choisis par Dieu pour être Evêques. Après avoir rappelé le sens des rites liturgiques de la consécration épiscopale, le Cardinal Filoni a souligné : « Jésus ne réduit pas le mandat qu’il confie à ses apôtres à une seule dimension, mais il en fait des évangélisateurs sur un rayon d’action de 360 degrés. Il est donc évident que les pasteurs que nous sommes, nous devons avoir conscience de ne pas être envoyés uniquement pour annoncer des vérités, mais également pour accomplir des gestes de compassion, de miséricorde et d’amour ».

Le Préfet du Dicastère missionnaire a conclu l’homélie en adressant cette exhortation aux nouveaux Evêques : « Votre mission est d’éclairer les ténèbres de notre monde par la lumière de la Parole de Dieu au travers de votre témoignage de vie. Au nom du Seigneur je vous supplie: Renouvelez-vous dans votre vie de foi. Puisse l’Année de la Foi, être pour vous une occasion de renforcer et d’approfondir votre foi au niveau personnel et communautaire. Qu’elle vous aide à intensifier le témoignage de votre charité et de votre engagement en société ».

 (SL) (Agence Fides 23/07/2012)

 

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 15:13

 

 

 

 

 

fmi-logo

 

Avec AFP Mis à jour le 20/07/2012 à 21:51 | publié le 20/07/2012 à 21:45

Un économiste du Fonds monétaire international (FMI) en passe de quitter cette organisation lui reproche ses "échecs" en matière de surveillance et le "parti pris européen de sa direction", selon sa lettre de démission révélée aujourd'hui par CNN.

"Après vingt ans de service", Peter Doyle, conseiller au département Europe du FMI, reproche au Fonds de ne pas avoir émis les "mises en gardes répétées et en temps utile qui s'imposaient" à la zone euro alors que les racines de la crise que celle-ci traverse avaient été selon lui "identifiées bien en amont", selon ce document mis en ligne par CNN.

Il explique: "j'ai honte d'avoir été associé au FMI". Et de dénoncer "l'incompétence" du FMI, qui avait identifié les causes de la crise de la zone euro "de longue date" et n'a pourtant pas été capable de la prévenir.

M. Doyle, qui fut au sein de son département chef de la division couvrant la Suède, le Danemark et Israël, attribue notamment les "échecs du FMI en matière de surveillance" au "parti pris européen" du Fonds qui, dit-il, ne cesse "de se renforcer" et se transmet par capillarité du sommet à "l'ensemble de l'organisation".

Le FMI a toujours été dirigé par un Européen, et "même sa directrice générale actuelle", la Française Christine Lagarde, malgré "son sexe, son intégrité et son ardeur", ne "peut racheter l'illégitimité fondamentale du processus ayant abouti à sa sélection", écrit-il en date du 18 juin.

Interrogé par l'AFP sur le contenu de cette lettre, un porte-parole du Fonds, William Murray, a simplement indiqué que "les remarques" de l'intéressé étaient déjà "bien connues et de nature publique" depuis un certain temps.

 

 

NDLR : Ces critiques sont d’autant plus pertinentes qu’elles viennent d’un cadre de l’institution même. Comment expliquer en effet que par exemple en Centrafrique où le régime de Bozizé est passé maître dans l’art du non-respect systématique de la chaîne de dépenses des finances publiques allant jusqu’à refuser exprès l’utilisation des outils informatiques préconisés par le FMI ; comment comprendre qu’un pouvoir qui excelle dans  la dissimulation au même FMI de certaines ressources extrabudgétaires comme les bonus de certaines sociétés minières, cette institution puisse  lui décerner régulièrement des satisfécits et lui octroyer comme elle vient de le faire une facilité de crédits en sachant qu’il n’y a absolument aucune garantie d’une bonne gestion de ces crédits consentis. Le FMI est généralement seul à percevoir souvent des efforts fournis par le régime Bozizé. 

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Centrafrique-Presse.com - dans Relations Internationales
23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 14:43

 

 

 

 

 

 

Des hommes armés sèment la terreur dans le Centre nord centrafricain

 

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Radio Ndéké Luka Lundi, 23 Juillet 2012 12:45

L’insécurité tend à s’installer confortablement en République Centrafricaine et particulièrement dans le Centre-nord du pays.  Les populations de  Bocaranga et ses environs ont de plus en plus de difficultés à se livrer librement à leurs occupations.  Selon le correspondant de Radio Ndeke Luka, la présence d’une  bande armée non identifiée signalée dans la région en serait la principale cause.

Le sous-préfet de cette zone a  confirmé cette information  le dimanche 22 juillet à Radio Ndeke Luka.

Selon cette autorité locale, « il s’agit des hommes armés qui opèrent de manière irrégulière. Ils pillent, rackettent et dépossèdent les populations de tous leurs biens. Les dernières victimes en date ont été deux conducteurs de taxi moto sur qui ils ont pris des téléphones portables, d’importantes sommes d’argent et bien d’autres matériels. A cela s’ajoute l’abattage abusif des bœufs appartenant aux éleveurs de la région ».

Le sous-préfet de préciser qu’ « il est difficile pour la population de Bocaranga de se rendre à Bozoum (nord) et vice versa.  Cette bande armée a installé sa base au niveau du village Tolé situé entre les villes de Bozoum et Bocaranga ».

Il ne se passe plus un jour sans que des plaintes s’élèvent pour dénoncer l’insécurité en Centrafrique.

En mi-juin dernier, Radio Ndeke Luka a diffusé des informations selon lesquelles des hommes aux apparences de maquisards se dirigeaient vers la ville de Markounda. Récemment encore, une autre faction non identifiée a eu un accrochage avec les forces armées centrafricaines à Boali dans l’Ombella M’Poko faisant 3 morts du côté des assaillants.

Qu’est ce qui serait la cause de cette propagation des rebellions en RCA ?

Pour les jeunes de Bozoum, ce début juillet sur Radio Ndeke Luka, c’est« la perméabilité des frontières et du territoire ». Seulement, ils constatent que les  autorités centrafricaines ne réagissent pas pour lutter contre cette instabilité.

 

Un basketteur mort en pleine séance d’entrainement à Bangui

Lundi, 23 Juillet 2012 12:35

Junior Maudy, âgé de 25 ans, est mort sur le plancher du Centre National de Basketball suite à un  arrêt cardiaque ce 22 juillet à Bangui. C’est lors d’une séance d’entrainement que l’ailier du Club le Plateau s’est éteint devant ses coéquipiers et les spectateurs.

Junior se préparait avec son club à affronter le « All Star Game » initié par l’international centrafricain Max Kouguéré, dans le but de détecter les nouveaux talents évoluant dans la ligue de basket de Bangui.

Selon le reporter de Radio Ndeke Luka, « Junior Maudy a bénéficié des premiers soins de la part d’un médecin de l’équipe nationale. Or, d’après les analyses finales au niveau de l’hôpital, le joueur était décédé sur le champ ».

Au-delà de cette triste nouvelle qui vient de frapper la famille du basketball centrafricain, l’on indique tout de même que ladite discipline est en pleine reconstruction avec la réhabilitation du palais Omnisport sport de Bangui.

L’autre défi majeur sur lequel s’attèle la nouvelle équipe de la Fédération Centrafricaine de Basketball est, non seulement l’identification de nouveaux talents locaux, mais aussi mener la réflexion sur le regroupement à temps des poulains pour ces compétitions internationales.

 

NDLR : Selon nos informations, les cas du ministre des sports Jean Serge Bokassa et du président du CNOSCA Jacob Gbéti empêchés jeudi dernier d’embarquer sur le vol d’Air France pour Paris, auraient été finalement résolus et que ces deux larrons devraient en principe prendre le prochain vol pour Londres via Paris afin de prendre part à l’ouverture prochaine des JO d’Angleterre.

Compte tenu du contexte de tension actuelle ouvert par l’affaire Ndoutingaï,  la jurisprudence Findiro et Sinfei, Bozizé a dû serrer les vis pour les personnalités devant quitter le pays pour l’étranger. C’est lui-même en personne qui autorise les sorties du territoire pour les personnalités y compris aux membres de son cabinet comme Jacob Gbéti. C’est ainsi en bozizie… !

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 02:48

 

 

 

 

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L'ambassadeur de France Jean-Pierre Vidon cautionnait ce genre de bouffonnerie de Bozizé

 

 

Afin de rafraîchir la mémoire de nos lecteurs, la rédaction de Centrafrique-Presse se fait le plaisir de mettre à leur disposition une lettre adressé à l’époque Emmanuel Bongopassi, celui-là même que Bozizé voudrait nommer ambassadeur de la RCA à Paris, au président André Kolingba dont il voulait la démission. En remplaçant André Kolingba par François Bozizé, cette lettre pourrait être aussi valablement adressée à l’actuel général président centrafricain, expurgée de quelques passages délirants de l'auteur.

Selon nos informations, ce serait curieusement à l’ambassadeur de France à Bangui Jean-Pierre Vidon qui quittait définitivement le pays que les autorités de Bangui auraient remis en juin dernier la demande d’accréditation d’Emmanuel Bongopassi pour la transmettre au Quai d’Orsay à Paris. C’est une bonne chose que cet étrange diplomate ait enfin quitter la RCA car on se souvient qu’il avait aussi accepté de prendre part à une étrange mission dépêchée par Bozizé à Malabo pour aller remettre au président équato-guinéen une fiche mensongère montée de toute pièces par Claude Ricard Gouandja accusant Patassé de vouloir se rendre à Malabo non pas pour se faire soigner mais  afin d’y recruter des mercenaires et venir renverser le régime Bozizé. On connaît la suite de ce gros délire.

La Rédaction

 

 

Mouvement de la Conscience Nationale (M.C.N)                         République Centrafricaine

Justice –Liberté-Travail                                                                    Unité-Dignité-Travail

 

Lettre ouverte à son excellence le General d’armée André Kolingba

Président de la République Centrafricaine

 

 

Par Emmanuel Bongopassi

 

Emmanuel Bongopassi

Ministre Plénipotentiaire,

Grand Officier du Mérite Centrafricain,

Réfugié politique,

S/c de S .E.M L’Ambassadeur de la République Centrafricaine

Auprès de la République Démocratique du Congo

Brazzaville

 

 

Monsieur le Président,

Permettez-moi, avec tout le respect dû à votre personne et à votre très haute charge, que j’appelle très humblement votre très haute attention sur quelques aspects du poison qui envenime durablement la crise nationale exceptionnelle que vous avez personnellement initiée depuis l’accession de Votre Excellence à la Magistrature Suprême de notre Pays, le 1 septembre 1981, d’une part, et d’autres part, de l’antidote que j’estime être de nature à contribuer à l’heureux dénouement de cette crise. Je m’assumerai très franchement, me limitant au constat négatif de votre action globale, source de mes présentes réflexions et observations.

Mais d’avance, j’ai l’honneur de solliciter très respectueusement votre indulgence et votre miséricorde pour ce qui pourrait vous paraître comme une indélicatesse, une injure ou un outrage ; voie, du reste néfaste, qui ne mène guère loin et dans laquelle je n’oserais m’hasarder, sachant que, injures et outrages sont les armes des faibles. Et si d’aventure, quelques circonstances malencontreuses venaient à voiler ma démarche, croyez-moi, Monsieur le Président de la République, elles l’auraient été tout à fait indépendantes de ma volonté.

 

Son Excellence Général d’Armée André Kolingba

Président de la République Centrafricaine

Bangui

 

Monsieur le Président,

Par ma lettre du 5 septembre 1988, je vous exhortais à démissionner de vos fonctions de Président de la République Centrafricaine pour votre incapacité congénitale et pathologique à diriger, fonctions qui s’avéraient plutôt écrasantes pour vos épaules fragiles. J’insistais fortement sur l’obligation et l’urgence particulières que revêtait un tel acte, permettant à la Nation de se reconstituer rapidement et d’assumer pleinement son destin.

Entre temps, vous avez doublé votre talent à faire le mal d’un singulier génie, celui de diviser pour régner. Mais l’illusion ayant fini par lasser, voilà que la fraternité et la solidarité nationales se consolident autour de l’essentiel.

L’existence humaine indique que l’action communautaire est nécessairement animée par un chef qui est lui-même une synthèse, c’est-à-dire, celui en qui tous et toutes se retrouvent et se reconnaissent, un rassembleur, un unificateur, le sommet de la pyramide. Cette propriété le constitue Autorité, Pouvoir, Puissance et Hiérarchie.

Or, tout dénote clairement que votre présence à la tête de la Nation est la négation totale de la synthèse et de l’humanité.

Monsieur le Président,

Hier c’était une poignée de citoyens sacrifiés que vous déclariez indésirables parce qu’ils osaient dire haut ce que le peuple désapprouvait tout bas.

Aujourd’hui, l’odeur du monde a changé, c’est l’immense majorité qui se répand en récrimination contre vous tandis que des profondeurs de la République montent  une clameur redoutable.

Tous, hommes, femmes, enfants, nous faisons corps unique avec les consignataires de la pétition à vous adresser et les félicitons très chaleureusement pour leur bravoure, leur patriotisme-nationalisme.

Le 15 juin 1990 ; présentant à la Radiodiffusion Nationale le texte rédigé par un de vos anciens collaborateurs directs, vous n’avez rien fait de moins que d’injurier les cadres nationaux et outrager le peuple. Savez-vous que l’injure est répréhensible et que l’outrage est un crime ? Ensuite, vous êtes sorti du studio, arrogant et repu d’avoir ainsi rangé les pays sans vos lois et mis les hommes en enfilade, ne laissant cependant derrière vous que votre ombre claudicante, lampassée et perfide. Quelle audace ! Quelle irresponsabilité ! Quel crime abominable !

Toujours plus grave et intolérable est l’outrage au peuple, source de légitimité et de légalité, celui qui élève et rabaisse, celui qui est à la fois instrument et finalité de la politique, celui que vous prétendez servir. Quant aux cadres, que sont-ils devenus ? Qu’en avez-vous fait ? N’est-ce pas que vous vous targuez à longueur de journée en avoir soustraits ignominieusement de la vie politique, écartées subrepticement de leurs responsabilités ou envoyés frauduleusement en exil à titre de sacrifice propitiatoire ? Erreur ! Avarie !

Monsieur le Président,

L’histoire montre que celui qui a trahi trahira toujours, et que les traîtres meurent de leur propre mort. Il est également établi que lorsqu’un individu en arrive au point qui est actuellement le vôtre, il ne lui reste plus qu’à partir.

Quoiqu’il e soit, une chose est sûre, c’est que vous avez, sciemment ou non, coupé la branche sur laquelle vous étiez assis ; maintenant, à vous d’en tirer la leçon ?

Qu’il vous plaise qu’en cette circonstance décisive et douloureuse pour vous de m’autoriser que je rappelle le concept de pouvoir et d’autorité.

Etre chef ne s’improvise pas. Ou in sait commander ou on ne les sait pas. L’autorité est une charge d’un élu.

Un chef est une entité juridique. D’une manière générale, une entité juridique est un sujet de droit, c’est-à-dire, une entité titulaire des droits et des devoirs qui lui sont conférés immédiatement et sans intermédiaire par un ordre juridique. Un système juridique est défini par l’existence de certaines normes, et le destinataire de ces normes s’appelle » sujet de droit de système juridique ». Une fois à l’entité à laquelle elle appartient. Lorsque les normes accordent directement et sans intermédiaire les droits et les devoirs, elle sont dites » normes principales ou normes primaires » : c’est la légitimité ou fondement ou source des droits et des devoirs. Mais lorsqu’elles tendent à rétablir le droit enfreint ou qu’elles accordent indirectement et par intermédiaire les droits et les devoirs, elles s’appellent « normes secondaires » : c’est la légalité ou réglementation du droit.

Dans les deux cas, d’une part, normes primaires ou principales ou légitimité, d’autre part, normes secondaires ou légalité ou réglementation du droit, c’est le peuple, en l’occurrence, le peuple centrafricain, indépendant et souverain.

Il en est de même de la notion d’autorité (latin, autoritas) que vous prétendez à tort incarner. Une autorité primaire ou principale est synonyme de pouvoir, de puissance qui gouverne toutes choses parce que rien de ce qu’elle conçoit ne lui est impossible. Par contre, une autorité secondaire est u  pouvoir ou une puissance limitée, agissant et d’exerçant dans la proportion de ses ressources disponibles, donc, bornée.

Dans les deux cas, d’une part, l’autorité primaire ou principale s’identifie au peuple, d’autres part, l’autorité secondaire désigne un chef, un chef d’Etat, par exemple, qui tient sa légitimité et sa légalité du peuple.

Le chef de l’Etat, digne de ce nom, a pour charge de pouvoir à l’organisation et au développement de la vie humaine en participant au gouvernement et en contribuant à l’achèvement de l’humanité.

Or, qu’observe-t-on, sinon que les motivations qui vous animent, vos attitudes et vos comportements justifient votre illégitimité et votre illégalité.

On comprend alors aisément que votre régime personnel ne soit pas investi de significations le constituant un support susceptible d’acquérir automatiquement le siège de la puissance.

On comprend enfin qu’un tel régime organise laborieusement la ruine, la rupture des proportions de manière désordonné et profonde.

En vérité, jamais, de mémoire de centrafricain, un régime, national n’a autant organisé un système d’adulateurs et de sycophantes zélés et inconditionnels, véritables chefs d’orchestre prêts aux pires besognes.

Jamais, mais alors jamais, de mémoire de l’humanité, la République Centrafricaine n’a été aussi non-gouvernée, dévaluée atteinte dans sa chair et son sang, dans sa liberté, sa dignité, son honneur , sa fierté et son orgueil !

Jamais, enfin, la République Centrafricaine n’a été autant isolée, absente de la scène internationale, accusant une telle aboulie et une involution rare !

C’est pour toutes ces raisons de fond et de forme, et d’une certaine éthique, que les cadres et le peuple ne vous ont pas rendu l’hommage que vos fonctions supérieures méritaient, hommage consistant généralement à honorer la dignité et la bienfaisance de telles fonctions dont nous pouvions tous dépendre dans l’ordre des choses. Pareil hommage pouvait marquer le témoignage de reconnaissance qui contribue à l’enrichissement de tous, signifiant que vous êtes estimé, aimé, surtout, pour votre côté extérieur et public qui eût été une révélation de vos grandeurs issues des grandeurs de la Nation.

La fonction politique n’est pas un métier à l’instar de la carrière diplomatique ou militaire. Or, Monsieur le Président, vous avez voulu faire de votre fonction politique un métier. A supposer qu’il en soit ainsi, que vous forciez la raison, que vous vous appropriez le droit, nonobstant les remontrances, c’est-à-dire, que vous considérez vos sentiments, vos émotions et vos ambitions extrêmes pour la réalité, faisant fi des leçons magistrales de l’histoire, cherchant frénétiquement votre propre grandeur, au demeurant factice, vous avez, du coup, sabordé l’essentiel selon lequel, »la grandeur d’un métier est, peut-être, avant tout, d’unir les hommes » selon Saint EXUPERY.

Au lei d’unir vos compatriotes au sein de la solidarité internationale ce qui contribuerait à votre grandeur, vous avez, au contraire, institué un Conseil de destruction, d’un système spécialisé en procédés d’épuration, de manipulation, d’intoxication, de délation, de pillage, de séparation, d’élimination par des médecines rudes : la mythomanie, un Polito drame.

Fondateur d’un régime despotique népotique, incapable de faire abstraction de vos intérêts partisans exorbitants et de ceux, grotesques, de votre entourage dont vous êtes vous-même le produit, au profit de l’intérêt général, vous n’avez jamais été en position de demander des sacrifices pour la Patrie. Ce faisant, vous vous déniez toute qualité de représenter réellement notre société, encore moins, de personnifier la Patrie, la Nation.

Conséquence logique : le non-développement ; la rupture de l’harmonie des contraires ; le refus de la fraternité, de l’amitié, de la solidarité, de la concorde et de la générosité ; le commerce de notre liberté, de notre dignité, de notre honneur, de notre fierté et de notre orgueil ; la dérive ; le péril de mort.

Tels sont, Monsieur le Président, les quelques aspects succinctement présentés du poison qui envenime durablement la crise nationale exceptionnelle que vous avez personnellement initiée depuis  l’accession de Votre Excellence à la Magistrature de notre Pays, le 1 septembre 1981.

Monsieur le Président,

Au stade actuel de notre crise et de notre démarche, la question immédiate qui vient à l’esprit est e savoir quel antidote proposer ?

Est-ce les pratiques insolites, la symbolique du pouvoir et de l’imaginaire alliés aux formules incantatoires qui sauveront notre Pays ? Est- ce l’arrogance, la désinvolture, l’insouciance, l’inconstance, l’incompétence, la vanité qui enrichiront la Nation ?

Seule, compte, à mon avis, la réconciliation nationale, celle-ci passe nécessairement par la rencontre totale : l’aveu, le dialogue, l’unité, la concorde et la paix, facteurs essentiels de développement et de bien-être général. Elle aura pour vertu cardinale de favoriser l’expression véritable de la liberté, à savoir, la tolérance et la démocratie.

Notre liberté est notre capacité ou faculté à faire le bien. C’est notre multiplicité, notre diversité, notre différence, de sorte que chaque centrafricain, chaque centrafricaine, chaque homme, ne sera vraiment libre que lorsque l’autre sera libre, la liberté des uns s’arrêtant là ou commence celle des autres. La liberté est un bien suprême : »Bonum est diffusium sui : le bien aime à  se répandre. C’est un principe métaphysique » a dit Barthélémy BOGANDA, Président-Fondateur de la République Centrafricaine, d’auguste mémoire.

Notre tolérance mutuelle tiendra directement de notre liberté, c’est-à-dire, notre volonté de vivre ensemble, d’accepter notre différence, notre multiplicité, notre diversité : source de créativité. La tolérance est notre synthèse qui autorise l’action.

La démocratie réelle sera, évidemment, l’expression ou le prolongement de la tolérance : moyen privilégié de développement pour le bonheur qui est finalité.

L’antidote constitue une démarche globale, tout à la fois une maîtrise de nous-mêmes qui sert à la maîtrise de l’avenir, une vision spécifique de l’identité centrafricaine qui contribue à la solidarité humaine, une prospective : un projet de société. Il s’articulera autour de deux axes principaux :

·         D’une part, une véritable thérapie précédée d’un diagnostic approfondi, à même de fournir la santé nécessaire à l’ensemble du peuple, y compris les forces de conception, de réflexion et d’organisation.

·         D’autre part, une prospective ou un projet de société clairement défini et que formulerait un Programme d’Action Nationale modeste et réaliste, basé sur notre important capital humain et nos immenses potentialités naturelles ainsi que la solidarité mondial, dans le cadre d’un stricte » Concertation-Participation ».

 

Il s’agira d’un travail ardu, d’un projet hardi parce que exigeant le meilleur de tous et de chacun, sans exclusive ni sans complaisance.

Monsieur le Président,

Il est bien entendu qu’un tel travail, qu’un tel projet ne saurait être conduit par Votre Excellence, ce serait un bébé mort-né.

J’estime en mon âme et conscience que certaines personnes, appelées traîtres ou destructeurs, ayant changé de noms et gardant le même esprit, de surcroît imbus de leur prétention de conquérants et de domination et de leur « supériorité quasi divine sont métaphysiquement incapables de faire la transition et de réaliser leur propre conversion ».

« Le mal a peut-être été involontaire : a tout péché miséricorde » a dit BOGANDA.

C’est pourquoi, Monsieur le Président, il faut partir maintenant, vous aurez sauvé ce qui vous reste encore de cher.

Il faut partir avant que le peuple ne reprenne de force sa légitimité et sa légalité.

A cet égard, Barthélémy BOGANDA, s’adressant, en sa qualité de Député, au Ministre des Affaires Administratives de l’Oubangui-Chari, à la Tribune de l’Assemblée Territoriale de L’Oubangui-Chari, le 5 octobre 1957, observait :

« … Si j’avais un conseil à leur donner, je leur dirais : mieux vaut partir que trahir. Je l’ai fait pour mon compte personnel dans un autre domaine ».

Il faut donc partir, Monsieur le Président, afin que la Nation se reconstitue et s’organise dans le concert des nations libres, indépendantes, souveraines, solidaires et généreuses.

Monsieur le Président,

Contribuer pour ma part à la réconciliation nationale, par conséquent, à la paix et au développement, c’est, du même coup, travailler dans l’intérêt de la Nation et de l’Homme total ; car ces deux choses sont étroitement liées, non seulement par l’obligation qui est faite à tous de parvenir en favorisant l’organisation de la vie humaine et l’achèvement de l’humanité, mais encore par le bonheur de tous.

Aussi, ai-je recours, pour l’instant, au seul moyen qui soit en quelque sorte en mon pouvoir de témoigner à la Nation toute ma disponibilité et pour la bienveillante confiance dont elle honore généralement ses enfants  fidèles en les jugeant capables de concourir à ce but.

Celui qui aime réellement son pays n’a pas de plus grand désir que de trouver dans l’approbation de ce même pays libre, indépendant, souverain, solidaire et généreux un puissant encouragement à des efforts persévérants qui sont loin d’être sans utilité soit éloignée, et que, de ce fait elle soit effectivement inconnue ou méconnue du vulgaire.

C’est pourquoi, Monsieur le Président, en considération de tout ce qui précède, d’une part et de l’autre, pour vos raisons personnelles et nationales, je vous souhaite un bon départ de vos fonctions de Président de la République Centrafricaine, dans les conditions de lieu et de temps que vous aurez jugées propices. Le peuple vous aura infiniment gré de votre sens du devoir et de votre courage.

   Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, les assurances renouvelées de ma plus haute et déférente considération.

Brazzaville, le 4 août 1990

 

Le Président,

Emmanuel BONGOPASSI

 

 

Monsieur le Président,

En vous communiquant très respectueusement en annexe les conclusions des travaux des Patriotes-nationalistes Centrafricains, réunis en Assemblée Générale Extraordinaire dans une ville africaine, du 4 au 10 août 1988,

Nous avons l’insigne honneur et l’agréable devoir de vous demander, pour des raisons nationales et au nom du peuple centrafricain, de nous remettre immédiatement le pouvoir de l’Etat que, depuis le 1er septembre 1981, vous confisquez impudiquement et impunément.

Notre ferme exigence vise directement tant votre délivrance et votre sécurité personnelles que l’intérêt supérieur de la Nation. Elle se justifie par le constat d’échec cuisant de votre politique dans tous les domaines de la vie nationale et internationale. Votre échec s’explique singulièrement par votre incompétence et votre irresponsabilité notoires qui ont aggravé le drame et la tragédie de la Patrie depuis longtemps en péril de mort. Vous avez donné de notre Pays la pire image : un Etat incolore et inodore, apparemment sans âme, ni ambition, ni espérance. La crise a atteint son paroxysme, tout comme si la mission qui vous était assignée était d’accentuer la pauvreté et la misère de notre vaillant et laborieux peuple, pire, de sacrifier une Nation qui se veut libre, indépendante, souveraine, solidaire et généreuse.

 

Son Excellence Général d’armée André KOLINGBA

Président de la République Centrafricaine

Bangui

 

En démissionnant avant qu’il ne soit trop tard, vous témoignerez de votre courage et votre résipiscence, permettant ainsi à la Patrie de se procurer rapidement la force créatrice et de renouveler d’espoir dont elle a besoin pour survivre, procréer et perpétuer l’espèce centrafricaine. De cette façon, votre démission n’aura pas été inutile puisqu’elle aura permis à notre société de reconstituer son tissu déchiré.

Dans le cas contraire, il est évident que vous accepterez de gaîté de cœur d’assumer une lourde responsabilité devant la Nation et le monde entier. S’il est possible que la tragédie engendre la régénération, nul n’est d’avance assuré des conditions et des dimensions de ses ravages.

En revanche, nous vous assurons que nous sommes en mesure d’assumer la haute Direction de l’Etat, pour plus de démocratie, de liberté et de justice, de droit, de solidarité et de générosité, de dignité et d’honneur, dans l’unité et le travail, pour la paix et le progrès.

Une mort pour une  cause noble est parfois meilleure qu’une longue vie encombrante et inutile, négative. Nous sommes fiers de vous offrir l’heureuse opportunité de quitter la politique néfaste que vous avez pratiquée avant qu’elle ne vous quitte.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, les assurances renouvelées de notre opiniâtre détermination ainsi que nos sentiments patriotiques-nationalistes impeccables.

 

Brazzaville, le 5 septembre 1988

Le Président

Emmanuel BONGOPASSI

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 02:13

 

 

 

 

le rebelle Ndoutingaï

 

Dans l’interview téléphonique accordée par Ndoutingaï vendredi à la Voix de l’Amérique, on a remarqué que ce dernier était très en colère par l’arrestation puis l’enlèvement de son chauffeur, opération qu’il a qualifiée « d’arbitraire et d’un autre âge ». C’est surtout ce qui lui a fait affirmer à la fin de l’interview qu’il était effectivement très inquiet.

Selon nos informations, Ndoutingaï aurait été bel et bien arrêté et placé en lieu sûr mais face aux menaces que font planer sur Bozizé sa clique de complices en tout genre, surtout depuis la sanction prise par Bozizé contre son chef de cabinet particulier, le général Joël Sinfei Moidamsé qu’il a brutalement envoyé à la retraite, Ndoutingaï aurait été aussitôt libéré et ramené à Bangui et a pu ainsi accorder sa fameuse interview à VOA.

En réalité, ce n’est pas tellement l’arrestation en tant que telle de son chauffeur qui l’inquiète mais certaines vérités que Bozizé et son fils Francis pourraient extorquer du chauffeur qu’il craint. En effet, en procédant à l’arrestation non seulement du chauffeur de Ndoutingaï intervenue après celle de son frère aîné, le commandant Martin Ouanti, Bozizé a pu apprendre un bout sur les missions que Ndoutingaï et son frère ainé faisaient accomplir aux dits chauffeurs.

C’est ainsi que toujours d’après nos informations, après leur arrestation, les chauffeurs de Ndoutingaï et celui de son frère aîné le commandant Martin Ouanti, auraient été conduits auprès deBozizé en personne à qui ces derniers auraient expliqué qu’en réalité, leurs patrons les envoyaient souvent à Douala au Cameroun prendre livraison d’armes de guerre mais ces missions étaient maquillées sous d’autres buts insoupçonnables.

Peu après le départ en France du commandant Martin Ouanti pour théoriquement des vacances d’un mois environ, Francis Bozizé aurait dépêché des forces de sécurité fouiller la maison du frère aîné de Ndoutingaï mais ayant fait chou blanc, son chauffeur fut néanmoins arrêté. Après avoir achevé le séjour d’un mois en France, Martin Ouanti n’a pas pu ou voulu retourner à Bangui comme prévu mais ne se trouve plus non plus à son lieu de vacances en Loire Atlantique.

Selon des informations fournies à C.A.P par une source ayant requis l’anonymat, le frère aîné de Ndoutingaï serait parti en Ukraine chercher des armes de guerre. On le voit, les choses prennent une tournure très sérieuse et Bozizé a raison de s’inquiéter quant à l’éventualité de la réaction de Ndoutingaï et sa bande qui visiblement, sont loin d’avoir dit leur dernier mot.

Bozizé doit à présent se mordre les doigts et regretter d’avoir laissé longtemps Ndoutingaï jouer au tout-puissant et accumuler beaucoup d’argent, ce qui lui permet maintenant de pouvoir se constituer son propre stock d’armes de guerre afin d’envisager lui aussi un changement anti-constitutionnel à la tête du pays, exactement comme Bozizé l’avait réalisé en 2003 contre Ange-Félix Patassé. L’histoire est donc en train de bégayer à nouveau en Centrafrique.

La Rédaction

 

 

infos Source : www.tchadactuel.com Samedi 21 juillet 2012 :

Les corps de 2 gendarmes tchadiens ont été rapatriés de Bangui par avion spécial, le jeudi 19 juillet 2012. Qui sont ces deux gendarmes? Qu’est-ce qu’ils faisaient en RCA? Dans quelles circonstances leur décès est-il survenu? Les corps ont-ils été rendus aux familles ou enterrés en catimini? Que des questions auxquelles il faut répondre.

Des armes françaises au Tchad?

Selon nos informations, le régime de Deby s’apprête à envoyer un régiment équipé des armes françaises en RCA. Présentement, une équipe de 7 techniciens français initient les membres de ce régiment au maniement de ces armes, dans un petit camp à la sortie sud de Ndjamena, tenu loin des yeux du public. Selon la même source, la logistique pour l’envoie des militaires tchadiens au Mali est aussi en train de se mettre en place de manière très discrète. Le retour en force de la Françafrique? A suivre.

 

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 01:20

 

 

 

 

Bangui-vue-aerienne.jpg

 

Radio Ndéké Luka Dimanche, 22 Juillet 2012 14:59

Ouf de soulagement pour les usagers de l’axe fluvial Bangui-Brazzaville. Les travaux de dragage du Fleuve Oubangui  ont démarré ce 21 juillet 2012 à Kolongo à Bangui. L’objectif poursuivi est de faciliter la navigation durant toute l’année entre le port d’exploitation de la Société Centrafricaine de Transport Fluvial (SOCATRAF) et le port Kolongo.

Les travaux sont en train d’être exécutés par la drague aspiratrice Pikoundou, d’une longueur de 54 mètres, propulsée par 2 moteurs de 600 chevaux de marque Baudouin. Le rendement théorique de cette machine est de 500 mètres cube heure sur une conduite de 380 mètres.

Selon Jean Luc Muniglia, Administrateur du GIE SCEVN, « les travaux devront durer entre 3 et 4 mois et seront destinés à évacuer environ 200 000 mètres cubes de sable. Toutefois, les risques d’interruption du chantier peuvent être liés à une hauteur de l’eau supérieure à 5 mètres car, au-delà de cette distance, le dragage n’atteindrait pas la profondeur des eaux. Aussi, la rencontre d’épaves au milieu de la zone de dragage nécessiterait l’emploi d’autres matériels ».

Pour de nombreux observateurs de la vie économique, la réussite d’un tel chantier contribuerait à l’approvisionnement du pays en produits de première nécessité par la voie fluviale en toute saison surtout que l’Oubangui connait souvent un étiage sévère en saison sèche.

Dans les années 60, la drague LEOTARD a permis de remblayer les marécages de Bangui, afin d’implanter différentes industries telles que BATA, CENTRACOLOR, CICI, AGIP et bien d’autres.

En 2005, 15 000 mètres cube de sable ont été dragués et déposés à la base du SCEVN à Kolongo, contribuant ainsi à la construction de nombreux bâtiments de la ville de Bangui. Le contrat de subvention a été élaboré par la Communauté ECONOMIQUE et Monétaire en Afrique Centrale (CEMAC) et financé par les Actons Extérieures de l’Union Européenne.

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 00:55

 

 

 

 

 

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L’anecdote qui suit est incroyable mais vraie. Avec Bozizé, plus rien ne peut surprendre. Courant mai et début juin dernier, un des vols réguliers d’Air France qui est parti de Paris avait à son bord le premier ministre centrafricain, Faustin Archange Touadéra et son ministre des affaires étrangères le général Antoine Gambi qui rentraient tous les deux à Bangui en provenance de New York où ils étaient allés plaider la nécessité que les pays amis de RCA puissent contribuer financièrement au programme DDR.

Au départ de Paris, ils ne devaient sans doute pas se douter qu’il y avait également sur leur vol, un « important » ami de leur président. Ils seront encore davantage plus surpris de constater en débarquant de l’appareil à l’aéroport Bangui M’poko, que leur président himself se soit pointé pour accueillir son french ami. Qui est cet ami ?

Il s’agissait d’un certain Jean-Louis Gouraud, journaliste et amateur de chevaux, ancien directeur de la rédaction de Jeune Afrique, un ami certes de longue date de François Bozizé qui a dû probablement donné un coup de main à ce dernier pour la réussite de son coup d’Etat de mars 2003. Ce n’est pas par le pur des hasards si celui-ci a osé prendre sa plume pour publier dans le célèbre quotidien parisien le Figaro du 23 juin 2003, soit trois mois après le coup d’Etat du 15 mars de la même année de son ami François Bozizé, un long plaidoyer intitulé : « Il faut sauver le soldat Bozizé ».

Dans cet article, Jean-Louis Gouraud traçait un parallèle entre l’éviction de Saddam Husssein d’Irak et le renversement par ce qu’il appelait « un modeste bataillon de François Bozizé » du régime d’Ange-Félix Patassé qu’il qualifiait de « bouffon tyrannique ».  

Mais ce qui est franchement hallucinant et en tout cas inadmissible, c’est la présence pour le moins incongrue et inacceptable de Bozizé en personne pour soi-disant accueillir son ami Jean-Louis Gouraud. C’est un scandaleux abaissement de la fonction de président de la République centrafricaine par Bozizé qui témoigne de sa mauvaise conception des charges de ladite fonction mais Bozizé en est un habitué. Qu’est-ce qui pouvait l’empêcher de faire accueillir son ami en question fût-il Jean-Louis Gouraud, par un agent du protocole qui se chargera de le conduire dans un hôtel ou une villa à lui affectée pour son séjour banguissois, en attendant qu’il soit reçu par son président d’ami.  

Ce jour-là, il a fallu que Bozizé finisse d’accueillir son ami et quittent les lieux pour que le premier ministre Touadéra et le général Gambi ne puisse eux-aussi rentrer chez eux. Bozizé a fait mettre à la disposition de Jean-Louis Gouraud une voiture Mercedes avec motards d’escorte. C’est même avec ces mêmes motards d’escorte que  le french ami du président a été aperçu plus tard en train de prendre un pot au Grand Café du centre-ville de Bangui. Près de dix ans après son putsch, Bozizé n’a pas encore fini de remercier ses soutiens or son pouvoir est maintenant au bout du rouleau et va sans doute prendre fin bientôt, à en juger par les graves contradictions qui ont brusquement surgi dans son propre clan.

La Rédaction

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 00:45

 

 

 

 

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adio Ndéké Luka Dimanche, 22 Juillet 2012 15:05

Le prix d’un sac du sucre de 50 kilogrammes passe de 37 000 à 54 000 francs CFA ce dimanche 22 juillet 2012 sur les marchés de la ville de Bangui. Cette hausse vertigineuse provoque une véritable grogne des commerçants dits détaillants. Ils ont de ce fait des difficultés de se procurer cette marchandise très prisée par leurs clients.

A Bangui, deux boutiques seulement situées en face de Amigos au KM5 dans le 3èmearrondissent détiennent actuellement le monopole de la vente du sucre en sac.

« Le mercredi passé j’étais à la SUCAF, on m’a fait savoir qu’il y a une crise de sucre. D’habitude, j’y achète le sac au prix de 37.309 Francs CFA. Et puisqu’il y a une crise, je suis allé au Km 5 le jeudi, le prix était à 42.000 Francs. Vendredi dernier, le prix est passé à 52.000 Francs. Ce dimanche, le sac de 50 Kg a grimpé à 54.000 Francs. Finalement nous ne nous retrouvons pas. Chaque jour c’est une augmentation de 2.000 Francs sur le prix du sac. Avec cela le sac de sucre risque de se vendre à 60.000 où 70.000 Francs », explique un commerçant à Radio Ndeke Luka.

Pour un autre commerçant, « ce que nous vivons, le prix du sucre, du haricot et du riz augmente sous prétexte qu’il y a une crise. Du coup nous avons des problèmes, car nous vendons à perte. Les commerçants intermédiaires nous imposent d’acheter aux prix qu’ils ont fixés. Et le sac de sucre varie de 40.000 à 50.000 Francs ».

Un chauffeur de l’axe Bangui-Douala affirme que le sac de sucre de 50 Kilogrammes coûte 27.000 F CFA au Cameroun. Seulement, les tracasseries routières ne leur permettent pas d’en acheter pour ravitailler les centrafricains.

Il faut dire qu’à ce jour, SUCAF est l’unique société du pays qui a le monopole de la vente du sucre. A en croire certaines sources qui ont requis l’anonymat, cette société serait en phase de mettre les clés sous le paillasson. Pour l’heure, sur 10 sacs commandés par ses clients, l seul pourrait être livré ont mentionné ces mêmes sources.

 

NDLR : Pendant longtemps, Mme Monique Bozizé et la maîtresse de Bozizé, Renée Madeleine Bafatoro, se sont livrées à un honteux mais juteux trafic de sucre consistant à acheter hors taxes chez Sucaf des centaines de tonnes de sucre et à les revendre tranquillement TTC aux commerçants libanais de la place, empochant au passage de rondelettes sommes d’argent. Tout cela fausse les données économiques d’un pays avec pourtant un aussi petit marché intérieur que la RCA. La pauvre ministre du commerce Mouliom Roosalem n’y voit que du feu occupée qu’elle est avec Ndoutingaï d’un côté, les femmes de Bozizé et le capitaine Eugène Ngaikoisset et son trafic de bidons d’huile de l’autre. Selon nos informations, lors d’un récent conseil de ministre, elle se serait fait ridiculiser et remonter les bretelles par Bozizé en personne à propos de son arrêté d’encadrement des prix que personne du reste, ne respecte.

Interrogée par Bozizé à répondre sur le problème du non-respect de son arrêté, elle aurait répondu qu’elle était fatiguée tout en ajustant sa perruque sur sa tronche, ce qui aurait eu le chic de faire sortir Bozizé de ses gonds. Il lui aurait rappelé que c’est elle qui lui avait demandé depuis Libreville où elle se trouvait encore après sa brutale éviction de la BVMAC, à entrer au gouvernement. « On se dit intellectuel et voilà comment on n’arrive même pas à travailler pour son pays » aurait claquer en substance Bozizé à Roosalem. Un ange passa… ! Depuis le déclenchement de l’affaire Ndoutingaï dont Roosalem est réputée à Bangui être une des maîtresses favorites, celle-ci n’arriverait même plus à trouver le sommeil. Les rumeurs de son limogeage du gouvernement après le même Ndoutingaï et Findiro bruissent régulièrement dans tout Bangui sans être encore officialisées pour l’instant.

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