Conférence – Débat du FARE-2011 FRANCE
Situation politique, sociale et économique en République Centrafricaine:
que faire ?
Intervention du Professeur Raymond Max SIOPATHIS
15/07/2012
Situation sociale et sanitaire en RCA : que faire ?
Introduction
La République Centrafricaine est un pays enclavé, mais doté de ressources naturelles importantes. Néanmoins elle figure
parmi les nations les plus pauvres du monde. Le pays compte officiellement 4,5 million d’habitants. Cette population est inégalement repartie sur une superficie de 63.000 km2, soit l’équivalent
de la surface de la France et du Benelux. Son taux de croissance démographique est de 1,9%.
L’indice de développement humain du PNUD place la RCA au 179ème rang sur 187 pays avec 62,8% de sa population vivant en
dessous du seuil de pauvreté (1,25 USD par jour).
L’espérance de vie à la naissance se situe parmi les plus faibles d’Afrique subsaharienne, soit 48,4 ans contre une
moyenne de 51 ans.
La RCA est en réalité confrontée à une situation de fragilité profonde et durable en raison des conflits récurrents qu’à
connu le pays lesquels ont détérioré les conditions de vie de la population, aggravé par la pauvreté et rendu l’accès de la majorité de la population difficile aux service sociaux de base. En
plus une forte proportion (56%) de la population n’arrive pas à satisfaire les besoins alimentaires de base.
Toutes ces tendances vont dans le sens opposé à celui souhaité pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) visant à réduire de moitié la proportion des pauvres à l’horizon 2015.
Contexte Social
Sur les 4,5 millions d’habitants, que compte le pays, 67% vivent avec moins d’un dollar par jour. Cette pauvreté
compromet de façon durable l’accès d’une plus grande proportion de la population aux soins de santé. Le problème d’accessibilité aux services de soins se pose aussi en termes de mauvaise
répartition des infrastructures et d’insuffisance des ressources. Même là où les infrastructures existent, le coût d’accès aux soins médicaux, restent prohibitifs eu égard au faible pouvoir
d’achat des ménages notamment en milieu rural.
Le taux d’analphabétisme élevé, plus particulièrement en milieu rural constitue un frein à l’accès aux
soins.
Système de santé en RCA
I Organisation
1-Niveau Central
-Administration, gestion centrale
-Ministère de la santé publique, de la population, de la lutte contre le sida.
2-Niveau intermédiaire
Comporte :
Des hôpitaux supposés constitués d’au moins les 4 cliniques de base médecine, chirurgie, maternité, pédiatrie
éventuellement spécialité, plateau technique (minimum nécessaire).
-7 régions sanitaires avec les hôpitaux des régions
3-Niveau périphérique
-16 préfectures
- 8 circonscriptions sanitaires de Bangui.
- Centre de santé, maison de santé
- Service minimum et antenne de vaccination
II Prestation des services de santé
1 - Disponibilité des services
Le Paquet Minimum d’Activité (PMA) irréalisable faute de moyens (plateau technique conséquent) est une bonne conception
qui demeure théorique
2 - Accessibilité aux services.
Il existe encore en RCA des gros problèmes d’accessibilité géographique aux soins de santé. Au moins 25% de la
population parcourent plus de 10 Km de distance pour atteindre une formation sanitaire dont la plupart sont dépourvues d’équipements adéquats, de matériels de premiers soins et des ressources
humaines.
3 - L’accessibilité financière.
La dégradation des conditions socio-économiques du pays entrainant un faible pouvoir d’achat des ménages ne leur
garantit pas un meilleurs accès aux soins de santé. Des dispositions de prise en charges des indigents et des cas d’urgence sontprévues, mais n’ont jamais été appliquées. Il faut souligner ici
que les critères d’indigence n’ont jamais été clairement définis.
4 - Financement des soins de santé
Deux sources :
-Financement public
Il s’agit des ressources propres de l’Etat, des collectivités et ressources extérieures de l’aide publique au
développement.
-Financement privé (communauté, ONG tant nationales
qu’internationales).
La contribution nationale au financement de la santé figure au budget de l’Etat. Sur la période de 2006 à 2009 par
exemple, on constate que le budget prévisionnel de la santé représente en moyenne 1,5% du PIB et 8% du budget général de l’Etat.
Le financement des ressources propre de l’Etat.
En l’absence des données précises, on note que sur la totalité des ressources inscrites au budget de l’Etat en faveur de
la santé, le taux d’exécution reste dominé par les dépenses des salaires. Pour certaines périodes dont les données sur l’exécution des différentes dépenses sont disponibles, d’importants arriérés
de paiement ont été accumulés.
Le financement sur les ressources extérieures.
La RCA bénéficie fortement de l’appui extérieur dans le financement des dépenses d’investissements du secteur de la
santé sous forme de subvention et de prêts. La tendance générale de cette aide est à la hausse. Le financement extérieur se situe en moyenne autour de 4 milliards par an.
La participation communautaire.
C’est le moyen de financement approprié pour atteindre les bénéficiaires et ce, sous deux formes
Des coûts : l’achat des médicaments, les consultations, les actes et les hospitalisations. Les tarifs des consultations
varient de 500 à 2000 CFA selon les niveaux de la structure et la qualification des praticiens. Tandis que pour les prestations les tarifications varient selon la nature des actes et les
habitudes de prescription, ce qui rend difficile l’accès aux soins a une bonne partie de la population.
L’approche participative se mesure par la contribution de la communauté sous forme des travaux manuels, apports de
matériaux et contribution financière directe pour les constructions des postes et cases de santé et les pharmacies villageoises dans les communes.
Le financement privé
Il concerne en grande partie les formations sanitaires privées (Cabinets médicaux et Clinique privées).
Nous venons de présenter le paysage sanitaire de la RCA avec l’extrême faiblesse de ses moyens et l’environnement
favorable à une crise humanitaire durable. Cela nous permet d’identifier les facteurs qui peuvent influencer positivement ou négativement le développement des RHS (ressources humaines de santé)
et des services de santé.
L’état de pauvreté, le taux d’analphabétisme notamment en milieu rural rendent les services des soins difficilement
accessibles à la plupart des populations.
Les structures même existantes sont souvent hors de portée de bon nombre de personnes sinon d’un coût prohibitif compte
tenue des moyens des individus.
La qualité des soins appelle une réflexion sérieuse car souvent, les moyens font défauts ou sont
insuffisants.
Je parlerais enfin du problème de la disponibilité des personnels.
Les personnels de la santé, de toutes catégories formées par la faculté des Sciences de la Santé sont recrutés par le
ministre de la fonction public et mis à la disposition du ministère de la santé. Seul le ministre des finances autorise le quota à recruter. Certaines catégories de ces personnels n’acceptent pas
l’affectation en province. Il s’agit souvent de médecins spécialistes, de sages-femmes de personnel féminins etc. Il en résulte une relative pléthore dans la capitale et une pénurie criarde en
province.
L’exactitude et l’assiduité doit être l’objet de gestion efficace par la DRHS du ministère de la santé. Pour résoudre ce
problèmes, les personnels toutes catégories doivent être régulièrement payés afin d’éviter autant que possible les dispersions.
La santé ne peut bien évoluer que dans un environnement sain. L’assainissement des superficies habitable et habité, les
eaux stagnantes doivent être évacuées. La désinsectisation doit être une règle. L’eau potable est un élément indispensable pour la vie de l’homme sain.
Enfin le paupérisme a conduit en corollaire à la famine, et par conséquent la malnutrition a vu sa prévalence augmenter.
En ce qui concerne sa variante la dénutrition, phénomène plus brutal, le taux amorce depuis quelques temps une courbe ascendante chez les individus de toutes les tranches d’âge.
Cet affaiblissement physique fait le lit de la maladie.
« La santé est un bien-être
physique, morale et psychique » «OMS »
La richesse la plus précieuse et qui fait la puissance d’une nation est bien sa population. Elle est le creuset des
cerveaux indispensables à l’évolution du pays. Pour bâtir une nation forte et prospère, il faut nécessairement des hommes valides et épanouis. Les plus grandes puissances du monde ne sont-elles
pas les plus peuplés ? L’exemple de la Chine, de l’Inde, de la Russie et des Etats Unis édifie à suffisance. Tout près de la RCA on trouve le puissant Nigeria.
Les efforts en direction du secteur de la santé doivent se faire sans compter.
Un économiste à dit : « L’homme
est le moteur du développement ».
Source : Projection RGPH 2003