BANGUI, 11/05/15 (Reuters) - Le forum de réconciliation nationale en République centrafricaine s'est prononcé samedi pour le report des élections présidentielle et législatives prévues en juin ou juillet, que l'Autorité nationale des élections (ANE) a jugé impossible d'organiser dans ces délais. Les délégués à cette réunion ont recommandé la mise en place d'un nouveau calendrier électoral sur la base de consultations entre l'ANE, le gouvernement de transition et les médiateurs régionaux et internationaux. Ils ont également souhaité la prolongation du mandat du gouvernement transitoire, qui expire en août prochain. Dans un rapport présenté cette semaine devant le forum, l'ANE a souligné que l'organisation d'élections d'ici juin ou juillet serait impossible en raison du manque de matériel électoral, des difficultés logistiques liées à la saison des pluies et de la persistance de poches d'insécurité dans le pays.
L'ANE a également relevé qu'un quart seulement du budget nécessaire à cette organisation était pour l'instant réuni. Le forum de Bangui, qui rassemble quelque 580 représentants des partis politiques, des milices, de la société civile et des religions, ainsi que des émissaires des pays voisins, de l'Union africaine, de la France et des Nations unies, vise à mettre fin à des années de violences qui ont fait des milliers de morts et plus d'un million de personnes déplacées en RCA.
(Sebastien Lamba; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
Centrafrique : les responsables de la transition maintenus jusqu’aux prochaines élections
APA Bangui (Centrafrique) 2015-05-11 11:55:55 Les délégués au Forum national de réconciliation, ouvert mardi dernier à Bangui, ont adopté une recommandation maintenant à leurs postes les responsables de la transition jusqu’aux prochaines élections prévues en Centrafrique en juin et juillet prochains.
Pour entrer en vigueur, la recommandation doit cependant être approuvée par la Communauté économiques des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), indique-t-on.
Quelques délégués, pour la plupart des hommes politiques, ont quitté la salle du forum, pour protester contre le maintien dans leurs fonctions des responsables de la transition alors que ces derniers ont montré qu'ils n'étaient pas à la hauteur de la situation pour n'avoir pas pu organiser les élections dans les délais impartis et, cela, à deux reprises.
Les partisans du maintien estiment, pour leur part, qu'on ne peut changer une équipe alors que les élections sont prévues dans trois mois.
Selon eux, la mise en place d'une nouvelle équipe équivaudrait à reléguer les élections aux calendes grecques.
Les groupes armés et le pouvoir ont signé dimanche un accord en vue du désarmement, de la démobilisation.et de la réinsertion (DDR) des groupes rebelles.
Certaines recommandations, au cours du forum national qui s'achèvent lundi, ont exigé la traduction en justice des auteurs, coauteurs et complices des graves violations des droits de l'homme dans le pays et la privation de leurs droits civiques.
Centrafrique: les ateliers du Forum national de Bangui
http://www.diaspora-magazine.com Samedi 9 Mai 2015 à 20:27
Diaspora Magazine/ Les ateliers du forum national de Bangui ont démarré depuis mardi, 05 mai 2015 dans les différents lieux notamment au Stade 20 000 places, au siège de la CEMAC, au ministère des Affaires Etrangères et à l’hôtel Azimut. Ces lieux ont été choisis selon l’effectif des participants repartis en quatre commissions selon les quatre thématiques respectivement Paix et Sécurité ; Justice et Réconciliation ; Gouvernance ; Développement Economique et Social qui doivent être débattues.
Ces travaux ont commencé par la mise en place des bureaux des différentes commissions qui ont été ensuite reparties en sous commissions dès le 4e jour, c'est-à-dire jeudi, 07 mai pour permettre la bonne gestion de chaque thématique : Chacune de ces sous-commissions a débattu sur le thème qui lui a été attribué de telle sorte que les solutions les plus efficaces soient trouvées une fois pour toute.
En faisant le tour de toutes ces commissions et sous commissions, nous avons interrogé les personnalités suivantes sur les enjeux du déroulement des ces ateliers :
Marie Noëlle Koyara, ministre d’Etat de la Défense nationale, présidente de la commission Paix et Sécurité a donné des précisions sur cet atelier qu’elle vient de mettre en place et dont le général Jérôme Bouba était élu démocratiquement président de séance : « Comme vous le savez tous, notre pays connait la crise la plus grande de son histoire. Aujourd’hui, nous sommes à la conquête de la paix. Et nous ne pouvons pas parler de la paix tant qu’il n’y a pas la sécurité dans le pays. C’est pourquoi vous conviendrez avec moi qu’au niveau de ce forum, la thématique Paix et Sécurité figure au premier plan. Nous souhaitons que tout se passe bien. Nous avons beaucoup d’espoir quant aux résultats qui sortiront des travaux de ces thématiques ».
Dans la sous commission Sécurité dirigée par Nicaise Samedi Karnou, ministre de la sécurité publique, plusieurs points sensibles ont été débattus pour qu’enfin dans l’unanimité les recommandations suivantes soient arrêtées par consensus par les participants : « la sensibilisation, l’identification, le regroupement, la prise en charge, le désarmement des groupes armés et l’expulsion des enfants soldats ». Ces derniers ont demandé que ces recommandations soient mises en application avant la tenue des élections.
Jean Willybiro Sacko, président de la commission Gouvernance, candidat à la prochaine élection présidentielle, a parlé sur l’un des enjeux de ce forum au niveau de sa commission : « l’un des enjeux de ce forum portant sur la question centrale est la gouvernance. Et vous avez vu l’engouement par rapport à cet atelier dont j’ai eu l’honneur de présider les travaux : l’importance de tous les participants, leaders des partis politiques, leaders de la société civile, communauté venant des provinces et autres. Malgré la sensibilité de cette question, les débats à mon sens ont été très responsables. On a vu des compatriotes qui ont apporté des contributions. Si nous continuons sur cette voie jusqu’à demain, je pense que nous pouvons, dans le cadre de cette thématique, apporter des propositions novatrices, des propositions importantes pour aider notre pays demain à se relever ».
Martin Ziguélé, président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), candidat à la prochaine présidentielle s’est, quant à lui, focalisé sur les questions sensibles et purement politiques : « Si l’on me pose la question sur la cause principale de la crise centrafricaine, je répondrais en ces termes que c’est d’abord une crise de la gouvernance. C’est comme un accident qui arrive parce que le véhicule est mal chaussé ou en mauvais état dans tous les cas. Aujourd’hui, il s’agit de diagnostiquer les différentes composantes de cette mauvaise gouvernance là. Vous avez vu avec quel ferveur les débats ont lieu, c’est parce que le problème est réel. Nous sommes comme quelqu’un qui est dans l’eau et ne sait pas par quel bout se sauver. Les problèmes sont nombreux mais il faut sceller les choses pour voir les problèmes qui relèvent tout simplement par exemple du rapport des citoyens avec l’Etat, c'est-à-dire le problème de citoyenneté ; discuter le problème du rapport des citoyens entre eux, c'est-à-dire la problématique de la décentralisation, de la gouvernance locale et puis naturellement notre place comme Etat avec les autres pays dans le monde. Qu’est ce que nous tirons comme bénéfice de la coopération que nous entretenons avec des pays dans le monde depuis l’indépendance ? Donc, l’idée de cette assise est de trouver une idée commune et je pense qu’on y arrivera ».
La question de l’organisation des prochaines élections a fait l’objet également de fortes discutions au sein de cette commission. Sur cette même question, le président de l’Agence nationale des élections (ANE) Dieudonné Kombo Yaya s’est trouvé en difficulté de répondre avec exactitude si oui ou non les élections seront tenables au mois d’août prochain. Tout ce qu’il a trouvé à dire est qu’il reste 40% du financement qui tarde encore à venir si bien que les membres de cette commission se posent des questions pour savoir à ce rythme, comment les élections pourront-elles effectivement avoir lieu le mois d’août comme le demande la communauté internationale ? Si tel est le cas, il vaut mieux commencer dès l’instant même à réfléchir sur l’après transition.
Maître Mathias Morouba, président de la commission Justice et Réconciliation a, de son côté, résumé les différents points qui ont été débattus au niveau de son groupe : « hier, les participants s’étaient basés sur la question de la justice. Ce qu’il faut retenir en premier lieu, c’est que tout le monde dit : « tolérance zéro à l’impunité ». Tous ceux qui ont commis des actes criminels, des actes visant à troubler l’ordre public ou des infractions à l’endroit des victimes, les participants ont demandé que ceux-là puissent s’expliquer devant la justice. Ils ont demandé qu’il y ait une justice juste et totalement indépendante. Que les magistrats soient élus par leurs paires. Les victimes ont demandé qu’une réparation soit faite à leur endroit ».
Maître Gina Rosalem, 2e rapporteur de la commission Paix et Justice, a déclaré : « S’il y a des recommandations fortes qui sont pratiquement unanimes au niveau de l’ensemble du territoire, c’est la question de l’impunité. Il faudrait que les auteurs de crimes soient traduits devant la justice parce que le pardon n’exclut pas la justice. C’est ainsi qu’on pourra parler de réconciliation ».
Quant à la commission Développement économique et social, repartie en deux sous commissions à savoir le développement économique d’un côté et le développement social de l’autre. Primo, les participants ont recommandé que l’accent soit mis sur le développement de l’agriculture et de l’élevage qui représentent 70% de l’économie centrafricaine. Ce secteur doit être pris au sérieux. Car, disaient-ils, la RCA tire la majorité de ses richesses à partir de ces secteurs. Donc, le pays ne peut pas se baser seulement sur les ressources minières par rapport à son développement économique.
Sécondo, en ce qui concerne le développement social, la question de l’alphabétisation a été plusieurs fois évoquée par cette sous commission dirigée par madame Delphine Yakazangba. Vu le taux d’analphabétisme qui est de 80% en RCA, Il faut tout faire pour rehausser le niveau des enseignés et des enseignants.
Victor Koyadeke, représentant du Syndicat de la Confédération Centrafricaine des Travailleurs Chrétiens (CCTC) a proposé les recommandations suivantes : mettre à la disposition des enseignants des moyens adéquats et décents pour les inciter à ne pas aller enseigner dans les écoles privées ; procéder à la signature d’un décret d’application du statut général de la fonction publique ; revaloriser la grille indiciaire et doter les écoles en nombre suffisant de manuels scolaires.
Pour un autre participant venu de province, il faut ramener les bourses au niveau de l’école primaire et secondaire pour encourager les élèves à faire mieux ; sanctionner les enseignants qui couchent avec leurs élèves et encourager les filles à aller massivement à l’école en soutenant leurs parents pour leur permettre de mieux s’occuper d’elles financièrement.
Tels ont été les points qui ont fait l’objet des débats, de part et d’autre, dans les travaux des ateliers en commissions. Ces recommandations seront ensuite présentées en plénière, le dimanche 10 mai au Conseil national de transition, devant la communauté nationale et internationale, pour qu’enfin soient adoptées de manière démocratique des lois pour le bon fonctionnement de ce pays. Ces points feront partie si possible de la Constitution du pays pour permettre aux futures autorités de les respecter et de les faire respecter.
Herve Serefio