Centrafrique: des membres d'une délégation officielle enlevés pendant quelques heures
26/01/15 (AFP)
Huit membres d'une délégation officielle ont été enlevés dimanche à Kaga-Bandoro, dans le centre-nord de la Centrafrique, et libérés lundi par des membres de l'ex-rébellion Séléka, derniers rapts en date dans ce pays en crise.
"Moi-même, le maire de la ville de Kaga-Bandoro, le sous-préfet de Mbrés (ville voisine) et cinq de nos collaborateurs enlevés dimanche matin par des ex-Séléka à Kaga-Bandoro, venons d’être libérés et remis à la Minusca (la Mission des Nations unies dans le pays) basée dans la ville", a indiqué à l'AFP Gaston Yendemon, préfet de la Nana-Grébizi.
Un ex-rebelle, Maouloud Moussa Moktar, a confirmé ces libérations. "Notre problème, ce n’est pas eux mais c'est avec le gouvernement et la présidente Catherine Samba Panza", a-t-il expliqué.
Les membres de la délégation avaient été enlevés dimanche à un barrage routier contrôlé par les Séléka, à 10 km de Kaga-Bandoro.
La mission était chargée d'organiser des consultations populaires en vue d'un forum devant rassembler les acteurs de la société centrafricaine.
Kidnappé dimanche matin, le ministre de la Jeunesse et des Sports, l'ex-chef rebelle Armel Ningatoloum Sayo, restait quant à lui lundi aux mains de ses ravisseurs. C'est la première fois qu'un membre du gouvernement en fonction est enlevé. Le rapt n'a pas été revendiqué.
Depuis quelques jours, les enlèvements se multiplient dans le pays. Une humanitaire française, Claudia Priest, a été kidnappée le 19 janvier par des miliciens chrétiens anti-balaka et libérée vendredi dernier.
Une employée expatriée de la Minusca avait été kidnappée le 20 janvier et libérée après avoir été retenue quelques heures par des anti-balaka.
Armel Ningatoloum Sayo était le chef de la rébellion Mouvement Révolution Justice basée dans le nord-ouest du pays. Il est entré au gouvernement du Premier ministre Mahamat Kamoun à la suite de l'accord de cessation des hostilités signé en juillet 2014 à Brazzaville, au Congo.
Le gouvernement centrafricain a condamné le rapt du ministre et annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire.
RCA: l’ex-Seleka complique la préparation du Forum de réconciliation
Par RFI 26-01-2015 à 23:02
En République centrafricaine (RCA), les consultations ont commencé en vue du Forum de réconciliation qui se tiendra à Bangui le mois prochain. Ces rencontres doivent réunir les émissaires venus de la capitale centrafricaine et les populations locales. Les choses se déroulent relativement comme prévu, à Bangui, mais dans les villes où l'ex-Seleka est implantée, c'est beaucoup plus compliqué.
Dans l’ouest du pays, le préfet de Bouar est enthousiaste. « Pendant une semaine, on va faire le tour des sous-préfectures. Ce mardi on reste ici, à Bouar. Avec le ministre résident, Victor Waké, on va à la rencontre des habitants dans le quartier haoussa. Mais mercredi, par exemple, on sera à Baoro », raconte Frédéric Ouagonda.
Si dans cette ville de l'ouest les choses se déroulent comme prévu, il n'en va pas de même dans l'est ou le nord. Dans les zones contrôlées par l'ex-Seleka, les consultations pour la préparation du Forum de réconciliation sont empêchées. Ainsi, à Bambari, une manifestation a barré la route à l'équipe de facilitateurs venue de Bangui, coincée sur le pont Ouaka, tandis qu'au même moment, une autre manifestation poussait cette même équipe à traverser pour mener à bien sa mission. Les émissaires ont dû être exfiltrés par la Minusca.
A Kaga Bandoro, les facilitateurs ont été arrêtés et détenus par l'ex-Seleka - rebaptisée FPRC (Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique) - qui avait prévenu qu'elle empêcherait les émissaires de Bangui de travailler. Des problèmes ont également été signalés à Bria. « On attend le retour de nos chefs de Nairobi ; ensuite on ira ensemble au Forum de Bangui », explique le colonel Moussa Maouloud Terap, porte-parole du FPRC.
Depuis un mois, à Nairobi, au Kenya, des partisans de Michel Djotodia et de François Bozizé négocient discrètement un accord de paix avec la bénédiction du médiateur, Denis Sassou-Nguesso, mais sans que les autorités de transition centrafricaines n'aient été associées. Au sein de l'ex-Seleka, beaucoup estiment que cet accord de Nairobi devra servir de base de travail au Forum de Bangui.