A en juger aux deux courriers
dont nous nous sommes procuré les copies que nous publions ci-dessous, adressés par Bozizé dès le 23 avril dernier au président de la Cour constitutionnelle pour « AVIS » et le 29 avril
au président de l’Assemblée nationale pour le prier d’engager la « procédure d’urgence » pour faire voter la Loi Constitutionnelle prorogeant son mandat afin d’éviter que le pays ne
connaisse de vide constitutionnel, il faut croire qu’il y avait péril en la demeure.
On remarque en passant que dans
le courrier daté du 29 Avril adressé au président de l’Assemblée nationale, le rapport de la CEI qui concluait à l’impossibilité technique de tenir les élections le 16 mai prochain est
curieusement daté du 28 Avril 2004. On n’ose pas croire qu’un courrier du Président de la République puisse contenir une si grossière erreur et que par dessus le marché, celui-ci l’ait signé sans
s’en apercevoir.
Il serait intéressant que Bozizé
donne quelques explications sur les véritables raisons à son entendement, des conséquences qui découleraient pour le pays du vide constitutionnel qu’il craint tant et qui justifieraient que
l’Assemblée nationale engage la procédure d’urgence de modification de la Constitution. Son refus de la proposition pertinente faite par l’opposition par la voix de Me Nicolas Tiangaye ne tient
pas debout. Le prétexte derrière lequel il se cache selon lequel les accords politiques dans ce pays n’ont jamais été respectés ne résiste pas à l’analyse.
Le dernier Accord politique en
date qui a été signé est celui qui a permis que l’opposition qui avait entre temps suspendu sa participation pour des raisons parfaitement justifiées et compréhensibles, retrouve sa place au sein
de la CEI. Dans cette affaire, qui n’a pas respecté ses engagements si ce n’est Bozizé lui-même au nom de qui Elie Oueifio alors ministre de l’Administration du territoire, avait signé cet accord
avec l’opposition et le Médiateur Pomodimo. Jusqu’ici le rapport de l’audit sur la gestion de la CEI par le vrai faux pasteur Binguimalé n’est toujours pas rendu public. S’il y a quelqu’un qui
est très mal placé pour parler du non respect des accords politiques dans ce pays, c’est Bozizé.
Son refus maladif de négocier
avec l’opposition et signer un accord politique de consensus pour la gestion du pays après l’expiration de son mandat est purement subjectiviste et arbitraire. Il découle du mépris royal sans
fondement dont il tient les leaders de l’opposition et de la haine viscérale qu’il leur voue. En quoi est-il meilleur que certains d’entre eux, lui qui n’avait même pas eu la moyenne de
sortie requise à l’ESFOA pour sortir sous-officier ? C’est grâce à Bokassa qu’ils avaient été repêchés, lui et son compère Jules Bernard Ouandé. En quoi sont-ils plus qualifiés pour diriger le
pays ?
Depuis son investiture le 11 juin
2005, Bozizé avait eu cinq années pleines pour préparer les élections. Il a joué, tourné en rond et se retrouve maintenant au pied du mur le bec dans l’eau. Il a préféré s’entourer de béni
oui-oui et de médiocres collaborateurs, désigner des premier ministres incapables de le guider dans la bonne direction. Les conséquences du vide constitutionnel qui semblent l’affoler à présent,
c’est ce que vivent depuis longtemps les Centrafricains avec un pouvoir législatif aux ordres, un exécutif inexistant, incapable d’assurer l’intégrité du territoire national presque entièrement
contrôlé par des rébellions armées que l’armée nationale n’est pas en mesure de juguler. Tout cela, afin de lui permettre de bien piller les ressources du pays et d’amasser une fortune
personnelle.
Il n’y a pas de procédure
d’urgence qui tienne. Les députés sont en fin de mandat et ne disposent plus de la légitimité nécessaire pour voter des lois, de surcroît « constitutionnelles ». La Constitution est
bien verrouillée en ce qui concerne le statut et le rôle du Président de la République. Les conditions pour en modifier certains articles sont bien précises. Le contexte dans lequel le pays se
trouve actuellement le pays n’autorise plus de la triturer au nom on ne sait de quelle urgence. Il est seulement question non pas de jouer avec le feu comme s’y essaie Bozizé mais de préparer les
conditions pour la tenue d’élections transparentes, libres et crédibles. Il fait fi des résolutions de l'Union Africaine qui interdisent les modifications de constitution au cours
de l'année de tenue des élections. Même la triste expérience de Mamadou Tandja du Niger ne lui sert pas de leçon.
La Rédaction
C.A.P
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LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE
CHEF DE L'ETAT Unité
- Dignité – Travail
Bangui,
le 23 Avril 2010
A
Monsieur le Président de la Cour
Constitutionnelle
-BANGUI-
Objet : DEMANDE D’AVIS
Conformément aux dispositions de l’Article 34 alinéa 1 de la Loi organique de la Cour Constitutionnelle,
je vous transmets pour « AVIS », le projet de la Loi Constitutionnelle modifiant et complétant certaines dispositions de la Constitution du 27 décembre
2004.
François BOZIZE
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LE PRESIDENT DE LA
REPUBLIQUE REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
CHEF DE L'ETAT Unité
- Dignité – Travail
Bangui,
le 29 Avril 2010
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
J’ai l’honneur de vous faire tenir l’Avis n° 001/10/CC de la Cour Constitutionnelle en date du 26 Avril 2010 relatif au Projet de Loi Constitutionnelle, modifiant
et complétant certaines dispositions de l’article 24 de la Constitution du 27 Décembre 2004.
Eu égard à la
situation qui prévaut suite au rapport de la Commission Electorale Indépendante (CEI) du 28 Avril 2004 et qui concluait au report des élections générales,
Je vous prie
d’utiliser avec diligence la procédure d’urgence pour que l’Assemblée Nationale, se fondant sur cet avis, vote la Loi Constitutionnelle conséquente qui éviterait à notre pays le vide
constitutionnel avec les conséquences qui s’en suivent.
Veuillez croire,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, en l’assurance de ma haute considération.
François BOZIZE
Monsieur le Président de l’Assemblée
Nationale
BANGUI