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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 23:10

 

 

 

Par Josias TEBERO, socioanthropologue, Enseignant-Chercheur à l’Université de Bangui

 

Les crises récurrentes que connait la République depuis plus de deux décennies amènent le public à se questionner sur la tournure que prennent les événements, sur la perception de la vie humaine tant le paroxysme  de l’incompréhensible ou de l’indescriptible est atteint suite aux comportements nouveaux qui s’affichent.

 

Face aux actes crapuleux de toute nature, le commun des mortels, même les citoyens les «plus éclairés »,  se tournent vers les hommes des sciences sociales pour la recherche de la compréhension des phénomènes qui se produisent et en même temps solliciter des solutions toutes faites. C’est ainsi qu’on entend des propos tels que: « c’est l’affaire de vous les sociologues, les anthropologues… ». Comme si les anthropologues et les sociologues endossaient la toge du charlatan ou du marabout des temps modernes prêt à  solutionner tout, en un mot, apporter la guérison après consultation des cauris, des cas pathologiques créés par l’incurie des hommes.

 

Notre interpellation répétitive par notre entourage sur la problématique de la cohésion sociale, du vivre ensemble, nous amène à comprendre que le peuple est en quête d’un équilibre perdu. Cet ensemble de concepts prennent la forme d’un refrain repris en cœur par les acteurs de la vie sociale et politique à travers les medias sans pour autant connaître leurs significations intrinsèques. De plus, leur utilisation abusive mue par la volonté des acteurs, qu’ils soient de la société civile, politiciens véreux ou marchands d’illusion, semble ne pas obéir, un seul instant, à une réelle volonté de rechercher les véritables causes de la dislocation sociale vécue ou de l’anomie dans laquelle  la société centrafricaine est plongée, mais plus tôt de réinstaurer par coup de bâton magique la paix sociale tant recherchée.

 

 Les multiples interrogations sur les violences répétitives, le comment réduire son ampleur et la solution à envisager, nous amènent à prendre la plume pour apporter notre modeste contribution à la réflexion sur la problématique de la cohésion sociale tant recherchée suivant une approche rétrospective et théorique de l’identité sociale développée par Licata L. (2007) qui rejoint celle de Sherif (1966) fondée sur des conflits réels. Cette théorie met en évidence des situations relationnelles intergroupales qui peuvent être soit compétitives, soit coopératives telles que vécues dans notre société.           

 

Cette démarche compréhensive n’est pas souvent prise en compte par certains acteurs sociaux qui évitent, volontairement peut-être, de tomber dans un mécanisme d’introspection qui pourrait naturellement mettre à nu les erreurs et les incohérences commises durant leurs parcours. Or, à notre humble avis, cette logique introspective constitue un moyen d’identification et de capitalisation de nouvelles ressources indispensables à la prévention et à la résolution des problèmes qui minent la société.

 

Avant d’aller à l’essentiel de notre réflexion, il serait judicieux de présenter la République Centrafricaine ce pays qui, depuis des années, n’arrive pas à sortir de l’ornière en dépit des efforts multiformes apportés par la communauté internationale et les personnes de bonne volonté.

 

C’est quoi, la cohésion sociale ?

 

Une question que se pose souvent l’homme de rue sur ce concept ou groupe de concepts à la mode en Centrafrique. Ces dernières années, plusieurs faits nous donnent l’occasion de mesurer l’allure avec laquelle la cohésion sociale s’est étiolée au fil du temps. Lorsque les symboles de l’unité nationale, l’expression d’une même appartenance, d’une communauté de valeurs et de croyances sont foulés au sol, ceci témoigne à suffisance le degré de la désintégration sociale entamée depuis plusieurs décennies. En entonnant l’hymne national à la montée des couleurs nationales, symboles de l’unité, le passant doit obligatoirement marquer un arrêt pour manifester son respect et son adhésion à l’acte collectif en cours. Aujourd’hui, l’obéissance à cette règle élémentaire de la vie sociale est reléguée au second plan puisque la citoyenneté y relative n’est plus développée pour créer chez l’individu un sentiment d’appartenance. Le recrutement dans la Fonction Publique ou dans le secteur privé sur des bases peu orthodoxes privilégiant les procédures ethniques, tribalistes a, ces dernières décennies, engendré des frustrations et des replis identitaires chez les plus démunis qui n’ont ni attaches, ni ressources financières pour « acheter les postes ». Rares sont ceux des hommes politiques qui ont pris au sérieux le phénomène afin d’envisager des solutions idoines. Voilà un exemple très simple sur lequel nous voudrions bien ici fonder notre postulat de départ sans pour autant nous montrer simpliste.

 

Pour mieux recadrer notre analyse de la situation qui prévaut, nous allons nous attarder sur une approche définitionnelle qui pourrait paraître longue et ennuyeuse, cependant très enrichissante pour le commun des mortels qui cherche la clarté et l’intériorisation de la quintessence des discours que tiennent les acteurs. 

 

La cohésion sociale est la nature et l'intensité des relations sociales qui existent entre les membres d'une  société dans son sens pluriel. Ce concept est utilisé au sens large sans connotations pour signifier l'intensité du lien social, c'est-à-dire, les interactions entre les individus. En effet, l'expression a pris place dans les débats publics depuis 1893 (Emile Durkheim) et reprise en 1983, un siècle après,  par Gérard Mendel qui parlait de la « dilacération toujours plus grande du tissu social ».

 

Le sociologue Emile Durkheim dans son ouvrage « De la division du travail social » en 1893, définissait la cohésion sociale comme l'état de bon fonctionnement de la société où s'exprime la solidarité entre individus et la conscience collective. C’est à ce titre qu’il affirme : « Nous sommes ainsi conduits à reconnaître une nouvelle raison qui fait de la division du travail une source de cohésion sociale. Elle ne rend pas seulement les individus solidaires, comme nous l'avons dit jusqu'ici, parce qu'elle limite l'activité de chacun, mais encore parce qu'elle l'augmente. Elle accroît l'unité de l'organisme, par cela seul qu'elle en accroît la vie; du moins, à l'état normal, elle ne produit pas un de ces effets sans l'autre». (Durkheim E. 1893).

 

Dans l’interprétation durkheimienne, l’anomie signifie un manque de régulation, une dérégulation de la vie sociale et, plus précisément, « un état transitionnel d’absence de règles ».

 

Dans l’analyse de situations individuelles, la référence à l’anomie permet de mettre en évidence ou de qualifier des comportements non-normatifs (les cas de déviance) suscités par une disjonction éventuelle entre les exigences culturelles normatives et l’absence de moyens de les concrétiser (Merton, 1957). Dans cette perspective, lorsque la société « échoue » dans une situation de malaise où le contrôle social n’est plus exercé pour assurer sa régulation aux fins d’aboutir à une « guérison sociale», il est plus urgent d’effectuer un retour aux sources.

 

La difficulté pour la Centrafrique aujourd’hui est qu’il est peut-être utopique de parler de « sources » du moment où, depuis des décennies, les sociétés rurales (porteuses de résidus de riches valeurs culturelles) sont désintégrées suite aux crises imposées par des multiples rebellions et de mouvements sociaux ayant entraîné la destruction des villages et occasionné des déplacements des populations vers des sites éloignés des voies routières pour échapper aux attaques de bandes armées.

 

Emile Durkheim, se référant à la situation anomique de son époque, pensait que les sociétés et organisations humaines voient leur cohésion sociale se développer par l'existence soit de liens marchands, soit de liens politiques, soit de liens communautaires.

 

Vu sous cet angle, la cohésion sociale s'obtiendrait par la confiance envers les institutions et la confiance horizontale qui consiste à disposer d'un capital social, c'est-à-dire l’action concertée d’hommes et de femmes capables de fournir des entraides sans en attendre un retour immédiat, par exemple dans le cadre de réseaux ou d'associations (associations religieuses, chorales, clubs de football, association de jeunes, groupes d’âge, etc.). De tels réseaux facilitent également l'investissement dans la vie publique et renforcent la cohésion. [

 

La recherche effrénée de la cohésion sociale prend la forme d’un paradigme, c’est-à-dire, une représentation du monde, une manière de voir les choses, ou en un mot  un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie. Plusieurs auteurs en sciences sociales se sont versés dans ce paradigme au même titre qu’Emile Durkheim. C’est le cas de Raymond Boudon, Raymond Aron et autres qui distinguent la cohésion sociale du concept marxiste de lutte de classes «une théorie qui explique les enjeux et les tensions dans une société divisée en classes sociales, chacune luttant pour sa situation sociale et économique... »[1]. Dans cette optique, l’action politique s'orienterait vers l'agrégation des individus de toutes conditions confondues vers des intérêts communs pour ainsi faire coexister les inégalités présentes dans la société et détourner les classes sociales les plus défavorisées de la révolte. En cela, la politique de cohésion sociale a un rôle de pacification et de contrôle social. Dans la mouvance rousseauiste, les inégalités sont le fruit de la société. La lutte contre les inégalités est, dans ce cadre, l'un des fondements de son action tandis qu'une autre mouvance cherche à donner suffisamment de liberté à l'individu pour qu'il puisse se réaliser et, accessoirement, maintenir la cohésion de la Nation en évitant que les inégalités deviennent trop criantes.

 

Au-delà, retenons que le terme cohésion est utilisé dans un objectif collectif, voire national-étatique depuis le 18e siècle. La cohésion sociale a donc pour but de contribuer à l'équilibre et au bon fonctionnement de la société, tandis que la lutte contre les inégalités, tend au contraire à corriger les déséquilibres produits par la société. Vu sous cet angle, on pourrait se demander s’il s’agirait, dans le cas concret de notre pays, de mener une lutte contre les inégalités et la misère ou de la reconstruction de la cohésion sociale.

 

En outre, ce concept peut également désigner la possibilité à chaque citoyen de participer activement à la société et d'y retrouver sa reconnaissance. Chaque fois que nous jetons un regard sur les pratiques en cours, certains phénomènes susceptibles de distendre les liens entre les individus comme le chômage, la pauvreté, l’exclusion, la criminalité, la xénophobie, se manifestent à fleur de peau. On observe la relégation de certaines populations (minorités, immigrées) et de certains quartiers selon des étiquettes religieuses, violentes, sources de délitement des liens sociaux qui, naturellement ne  favorisent pas les synergies et la qualité de vie des membres de la société qui entretiennent des relations sociales vécues positivement.

 

Seule une évaluation de l’intensité de la cohésion sociale par une enquête de satisfaction dans nos milieux (urbain et rural) pourrait permettre de mieux apprécier le contexte dans lequel nous sommes plongés. C’est à partir de ce travail d’évaluation que nous pourrions mieux mesurer les causes et les conséquences de la fracture sociale à laquelle nous assistons. 

 

Cette longue définition permet de mettre en exergue le contenu du concept et de mesurer la signification qu’on lui accorde ces derniers temps, comme si ce concept peut, par simple coup de bâton magique, ramener la paix et la sécurité attendues. Loin de remettre en cause l’expression de la volonté politique et la poursuite légitime d’un idéal commun entamées par les acteurs, nous voudrions ici jeter un phare sur les pratiques qui concourent à la fracture sociale aujourd’hui où l’espace public connu comme un « lieu de passage et d’interaction sociale fortuite » et la rue, comme un marché deviennent des milieux où fleurissent des «transactions, démarchage, colportage, rumeurs, prostitution, drogue, alcoolisme, agressions, vols et crimes de toute sorte». (Hérault G., 1994, p.1).

 

Parler de la cohésion sociale c’est faire recours à la notion d’intégration. Une société dont les membres sont bien intégrés vivant dans une parfaite harmonie ou relativement entrelacés par de liens sociaux solides, a des capacités de juguler ses conflits internes. Qu’en est-il du processus d’intégration sociale en Centrafrique et quels sont les facteurs inhibiteurs qui constituent les germes d’un éclatement de la cohésion sociale ?

  

Les obstacles à l’intégration sociale

 

 La cohésion sociale tant recherchée prend sa source dans l’intégration sociale qui dépend quant à elle du respect des normes et des valeurs sociales partagées par les membres d’une société. Une norme étant une règle explicite ou implicite qui prescrit une conduite socialement valorisée, la valeur quant à elle vu comme un principe, oriente l’action de l’individu. Un individu peut s’intégrer à un groupe lorsqu’il partage certaines de ses normes et ses valeurs. Qu’on soit chrétien, animiste ou musulman la valeur recherchée pour son intégration sociale doit être la paix et l’unité dans le respect de la diversité. A ce titre, l’intégration devient dès lors un facteur de cohésion sociale car l’individu développe un sentiment d’appartenance à la collectivité, un attachement au groupe et occupe une place reconnue par les siens. Par la cohésion sociale les individus sont unis par des liens sociaux étroits et solides partageant des idéaux communs. D’une manière générale, le défaut d’intégration peut conduire à l’exclusion sociale ou à une marginalisation fruit des conflits sociaux muris depuis des années au sein des communautés devant l’indifférence des acteurs politiques et sociaux et qui font surface dès la première étincelle avec des conséquences incalculables telles que ce nous vivons aujourd’hui.  

 

 En effet, la manifestation de l’intégration sociale se traduit par les composantes des liens sociaux (adhésion aux groupements associatifs, récréatifs), économiques (production et commerce) et politiques (vote, militantisme), alliance entre groupes ethniques, etc., qui correspondent à l’ensemble des relations qu’entretient un individu avec les autres membres d’un groupe social dans une vie de proximité qui se traduit aussi par des relations d’entraide au sein de la famille, dans le voisinage, par exemple. Mais au-delà, il existe des liens de solidarité collective qui s’expriment par le paiement de cotisations et le versement de prestations, le paiement des impôts ou la participation effectivement à la vie communautaire.

 

Or, lorsque nous jetons un regard pointu sur les rapports sociaux existants entre ceux des centrafricains dits autochtones et les immigrés (peu importe la durée de leur séjour en terre centrafricaine), on note une forme de distanciation des liens fondés uniquement sur des intérêts économiques (exploitation des ressources et exportation ou rapatriement des profits). Rares sont ceux qui investissent dans le pays en créant des emplois et par ricochet, contribuent directement ou indirectement à la réduction de la pauvreté. Rappelons-nous des refrains chantés par nos artistes musiciens qui soulignent le vol et pillage de ressources par les « étrangers » «a wa ndé a nzi mossoro ti è » ou « nos richesses sont volées par les expatriés ».

 

Des propos qui traduisent la latence de conflits en opérant des factures entre autochtones et immigrés et au-delà, limitent la propension à l’émergence d’une véritable politique d’intégration sociale. Dans la société où les liens économiques sont basés sur la recherche effrénée du gain, l’enrichissement illicite au détriment des liens de solidarité et de production à des fins collectives, gage de la stabilité socioéconomique et politique, on ne peut qu’assister à un climat de méfiance et au développement du mécanisme de projection par lequel les citoyens pensent que les la cause de leur malheur c’est les autres.

 

L’actualité nous fait comprendre que les compatriotes d’origine tchado-soudanaise avaient une stratégie de conquête de l’espace économique qui se fonde sur la conversion ou « le lavage de la tête »  des natifs centrafricains à l’islam et le mariage des filles autochtones. L’inverse n’est pas autorisée parce qu’il est interdit au musulman de donner la main de sa fille à un « chitan » en d’autres termes un incirconcis, un incrédule ou un « Satan ». Le fossé entretenu par cette stratégie éloigne l’établissement des rapports de solidarité et d’intercompréhension entre les « chrétiens » et les musulmans.

 

Or, le lien social dans une communauté est fort lorsqu’il est fondé sur la reconnaissance mutuelle, une conscience collective intense, un sentiment d’appartenance élevé, des rôles et des statuts sociaux prescrits, un souci de l’intérêt collectif prédominant, un contrôle social fort et une liberté individuelle forte. Les liens sociaux étant plus faibles dans une société comme la nôtre où l’intérêt personnel ou groupal est dominant excluant de fait tout sentiment d’appartenance commune et de solidarité caractéristique des sociétés africaines, nous ne pouvons qu’assister sans le vouloir et par effet de surprise à une forme de radicalisation des préjugés et du développement de la haine. Les propos d’un jeune « godobé » communément appelé délinquant mal payé après ses prestations de service par le commerçant musulman du type « la wa, la wa é ké ba» qui peut être traduit par « un jour viendra où vous rendrez compte ». L’émergence du conflit a offert une opportunité à ces délinquants de se muer en antiballaka (jeunes ruraux en lutte contre le pouvoir seleka en majorité musulmane) pour « régler leur compte ». Cette haine nourrie depuis des années n’a jamais été perçue ou prise au sérieux pour opérer une action anticipée pour faire barrière à son exploitation à des fins politiques.

 

Ainsi, un musulman communément appelé « bêngué », qu’il soit libanais ou tchado-soudanais, est vite identifié comme un spoliateur par les agents du fisc et les autres citoyens véreux qui attendent le moment venu pour « récupérer » les ressources illicitement extorquées. C’est tout naturellement que le manque d’intégration sociale obéit de fait à la fragilisation de lien social qui lui-même n’est pas fondé sur la communauté des croyances et des sentiments, la complémentarité et l’interdépendance des forces qui puissent concourir à la construction d’une nation unie et prospère (Schwartz et Bilsky, 1987).

 

De ce qui précède nous sommes amené à nous interroger sur les instances d’intégration à envisager et à développer aux fins de reconstruire la cohésion sociale et le vivre ensemble tant souhaités. 

 

Les instances d’intégration

 

 L’intégration sociale passe par un processus de socialisation par lequel l’individu intériorise les normes et les valeurs de son groupe d’appartenance (Schwartz S. ). Ceci suppose la prééminence d’une socialisation primaire avec l’intériorisation de celles-ci par les individus (surtout dès l’enfance) où les symboles de la cohésion sociale et d’appartenance, le renforcement de liens de solidarité dans les études, les jeux et loisirs, etc. sont entretenus. Elle est poursuivie par celle dite secondaire au cours de laquelle l’individu se reconnaît comme membre à part entière de la société. Elle permet de limiter le recours à la contrainte physique car l’intériorisation des normes et des valeurs du groupe permet de se comporter de façon conforme à ce qui est attendu. Elle est facteur d’intégration car en adoptant les principes généraux que recommande la société, l’individu affirme son sentiment d’appartenance.  Le fait de payer ses impôts, le respect des codes sociaux, le soutien aux fauves (l’équipe nationale du football ou de basketball), l’ardeur au travail, le travail bien fait, le recours à la justice en cas de conflit, la lutte contre la violence, etc. forment chez le citoyen le socle de son intégration sociale qui n’est plus artificielle mais intériorisée durant un processus lent et solide.

 

Dans notre approche du type d’éducation à donner dans un pays en conflit, nous nous détachons largement des théories « urgencistes » qui consistent à résoudre un problème à la hâte en utilisant des moyens à court terme sans prévoir le long terme. Ainsi, nous avions retenu trois instances de socialisation que sont la famille, l’école et l’environnement culturel au sein desquels l’individu assure son intégration.

 

La famille, instance d’intégration primaire, au regard des faits, ne transmet pas assez les valeurs qu’il faut pour opérer une parfaite intégration sociale. Combien de parents n’ont-ils pas amené à domicile sous le regard curieux de leurs enfants, « le butin » de pillage et de vols ? Combien sont  ceux-là qui ont désigné « l’ennemi » dans le voisinage à leurs enfants ? Combien ont inculqué l’esprit de vengeance aux enfants qui, au cours de jeux dans la rue, se sont battus avec leurs congénères qui se mettent à pleurer et à qui on demande de ne pas pleurer mais « de rendre la monnaie » pour prouver qu’ils sont « garçons » ? 

 

Ce sont autant d’actes bénignes qui accompagnent nos enfants au quotidien et qui renforcent l’instinct de vengeance, de vol, de pillage et de violence chez celui-là qui est appelé à assurer la postérité. 

 

L’homme en tant qu’« être social » ne naît pas social en fait, il le devient disait Rousseau. Ceci par un processus d’apprentissage complexe qui le rend apte à occuper sa place dans la société. La qualité de l’amour et des soins affectifs de la famille est un déterminant essentiel de la capacité de l’enfant à décrypter les normes et valeurs de la société dans laquelle il vit et à les intérioriser, donc à devenir un être social équilibré. C’est pourquoi, il est reconnu que la famille est le premier groupe humain auquel est confronté l’individu et qui le transforme. Les relations affectives sont essentielles dans la construction de l’individu et sa transformation en un être social.

 

En somme, les valeurs transmises par la famille concernent les domaines professionnels, les comportements domestiques, les croyances religieuses et tout autre domaine de la vie sociale et économique. Si celles-ci sont loin ou peu développées, comme c’est le cas aujourd’hui, où les enfants sont abandonnés à eux-mêmes, où les jeunes « s’autodéterminent », le processus d’intégration sociale et le renforcement de la cohésion sociale sont mis à rude épreuve.

 

L’école, ce «dispositif d’intégration multidimensionnel » est une instance de socialisation fondamentale qui permet à la fois les apprentissages indispensables à la vie sociale par intégration des normes, conduites et valeurs et l’insertion dans le monde du travail, lui-même instance de socialisation secondaire. Les règles sociales et politiques, les valeurs morales et civiques en vigueur dans le système scolaire sont inculquées dès le plus jeune âge aux enfants scolarisés. La formation intellectuelle et professionnelle sanctionnée par un diplôme ouvre l’esprit et facilite l’accès à la culture et au monde du travail.

 

En outre, l’école transmet des apprentissages explicites mais aussi implicites au travers des nombreuses interactions se déroulant entre les jeunes et les adultes et entre jeunes eux-mêmes. Le processus de socialisation scolaire participe de ce fait à la construction de l’identité et de la personnalité de l’individu. C’est pourquoi, l’ouverture de l’école à tous les enfants (dès le plus jeune âge) et l’allongement des études (massification scolaire) ont contribué à renforcer le rôle de l’école en tant qu’instance d’intégration.

 

Suite à la récurrence des conflits, les enfants en âge d’être scolarisés ne le sont pas. Plusieurs écoles sont fermées ou détruites mettant ainsi un coup d’arrêt à la poursuite de la scolarité de ceux qui y sont déjà et par ricochet à l’apprentissage de la citoyenneté. Chaque année le nombre des analphabètes s’accroît. De 52 en 2012 selon les données du PNUD, on pourrait atteindre facilement les 70% suite aux destructions massives des infrastructures scolaires et la dislocation des familles. Un phénomène qui réduit du coup le niveau de compréhension chez le citoyen de la dynamique culturelle et sociopolitique en cours. Il nous est arrivé d’écouter les jeunes, acteurs de la violence de ces derniers temps, commenter entre eux les événements en se basant sur de rumeurs infondées. Rares sont ceux parmi eux qui prennent du recul pour analyser le contenu des informations reçues avant d’agir. Comme souligné dans le livre saint « faute de connaissance, mon peuple périt », l’absence des acquis solides pendant le cursus scolaire entraîne de facto la soumission aux œuvres diverses de désinformation et de manipulation sources de conduites orientées vers la destruction massive contraire à la volonté inspirée par la recherche de la vérité et du dialogue.

 

Le travail, un lieu central de l’intégration

 

Depuis la fin des années 80, suite à la mise en application de la politique d’ajustement structurel impulsée par les institutions de Brettons Wood, l’Etat centrafricain n’a jamais offert un emploi de qualité devant permettre d’absorber la masse de diplômés. La cure d’amaigrissement de l’Etat, la gestion du remplacement numérique dans la Fonction Publique basée sur la tribalisation et le clientélisme, n’ont engendré que frustrations et déliquescence des rapports sociaux. La prolifération des sans-emplois et de la débrouillardise ont ouvert un nouveau champ de lutte pour la survie où la patrie, loin d’être considérée comme un instrument intégrateur, devient une jungle où le « chacun pour soi et Dieu pour tous », c’est-à-dire l’individualisme prend le dessus.

 

En effet, le travail n’est pas seulement une source de revenu pour l’individu, mais il est aussi un élément primordial de construction de l’identité et du statut de la personne, un lieu de relations sociales affectives et politiques. Que deviennent les marginaux, les « recalés sociaux » qui écument, à longueur de journée, les rues, les quartiers pauvres et les alentours des administrations publiques et privées ? Nous n’avons jamais imaginé ce qu’ils mijotent dans leur esprit devant le refus (volontaire ou non) des décideurs à prendre en compte leur situation et d’apporter des réponses satisfaisantes à leurs préoccupations.

 

Il est à noter que le chômeur, dans ce contexte de pauvreté accrue, perd ses repères, se sent inutile au monde (sentiment d’inutilité sociale), impuissant à se projeter dans l’avenir (vivre au jour le jour). Il perd ses liens avec les autres (surtout ceux de ses anciens condisciples qui, grâce à leurs relations familiales ou par l’ «achat » de poste arrivent à se détacher de lui. Des conditions qui le conduisent à la  remise en cause de sa propre identité (dévalorisation de soi et culpabilisation) puisse qu’il n’arrive pas à assumer ses responsabilités d’homme, de mari, de père, de mère ou de membre reconnu du groupe familial au sens large du terme.

 

C’est en cela que le travail apparaît bien comme le lieu central de l’intégration dans la mesure où il permet de participer pleinement à la société (par les revenus qu’il génère) et l’établissement de tout un réseau relationnel essentiel dans la construction de l’individu. Que pourrait faire le chômeur qui, quarante ans après sa vie sur terre, n’arrive à conquérir un statut social qui lui confère sa dignité et son droit à l’existence ? La réponse à cette interrogation doit nous amener à repenser notre politique d’emploi au lieu de nous soumettre comme le mouton de Panurge aux exigences de la politique libérale qui ne fait que nous enfoncer davantage.

 

L’emploi confère à un individu très actif son identité qui correspond à l’ensemble des caractéristiques physiques, psychologiques et sociales retenues pour se définir. Il est généralement intégrateur dans les cas de stabilité professionnelle, de la régularité salariale fondée sur une consistance qui répond au coût de la vie.  Le travail, dans une large mesure est un facteur d’intégration où l’homme intériorise les normes et les valeurs dont nous faisions mention plus haut. C’est aussi un lieu de sociabilité et d’échanges qui conditionne une grande partie de l’identité et du statut de l’individu. De tout cela dépend l’accès à la citoyenneté et la reconnaissance de soi comme membre à part entière de la société centrafricaine et de surcroit humaine.

 

L’effondrement ou la déliquescence des principales instances de socialisation et de la construction de la cohésion sociale

 

Interrogeons-nous, un tant soit peu sur notre «instituteur du social» qu’est l’Etat, c’est-à-dire l’instrument de régulation du vivre ensemble au travers de ses fonctions politique, sociale, culturelle et économique. Depuis 2013, nous sommes arrivés à une situation de non-Etat où le pays a perdu sa capacité intégratrice des principales instances de socialisation.  La persistance de la crise financière, son efficacité et sa légitimité (la transition et son prolongement continuel) enserre la famille dans l’instabilité, l’école peine à rétablir l’égalité des chances  et enfin, le travail se précarise.

 

 On est enfin dans une quête de régulation sociale qui correspond à l’ensemble des mécanismes permettant au pays de reconstruire ou de maintenir sa cohésion sociale. Devant la fragilisation des instances de socialisation traditionnelles qui affaiblit le lien social, il est davantage question d’aller vers une politique de recomposition et  de reconstruction sociale par notre engagement à nouer des nouveaux rapports sociaux et d’agir directement sur la vie de la cité sur la base de nouveaux systèmes de normes et de valeurs, de nouvelles formes de renouvellement des liens sociaux. 

 

C’est dans cet ordre d’idées qu’il est plus qu’urgent d’ouvrir les « yeux nationalistes » pour combattre sans complaisance la pauvreté et l’exclusion. Nous sommes arrivés à un seuil absolu de pauvreté où les revenus ne permettent pas de satisfaire les besoins élémentaires des ménages ou d’accéder à un niveau de vie considéré comme « normal ». Cela a été démontré par notre étude (Tébéro et al, 2011) sur la pauvreté en Centrafrique où les ménages consomment une seule fois par jour avec un minimum de 160 FCFA par individu soit, 0,0012 euros, ce qui dépasse largement le seuil de pauvreté de 500 FCFA avec un taux qui pourrait s’élever à plus de 60%. Ces données montrent à suffisance le degré d’inégalité sociale, conséquence d’une mauvaise redistribution de ressources qui, à son tour, accroît le fossé entre les nantis et les pauvres. La conduite et les types de comportement affichés suite à chaque crise témoignent à suffisance le niveau d’expression  de la haine et de vengeance des manifestants qui détruisent, pillent et volent ;  conduites taxées à tort ou à raison de « sauvages » ou de « barbares ». 

 

L’exclusion et l’exacerbation de la culture de la violence

 

L’exclusion est un phénomène multidimensionnel. Elle est souvent le résultat d’un cumul de handicaps sociaux tels que chômage ou perte d’emploi, faibles revenus, éclatement familial, perte de logement, etc., qui empêchent l’individu de participer pleinement à la vie sociale. A l’observation, l’exclusion est avant tout économique car l’absence ou l’insuffisance de revenus ou le chômage est synonyme d’isolement social dans une société moderne, de plus en plus monétarisée. Elle résulte en outre du manque de renforcement des mécanismes d’intégration sociale par le biais de la scolarisation et la formation-emploi. Lorsqu’une partie croissante de la population est mise à l’écart des instances de socialisation (comme l’école), ceux qui n’y participent pas sont menacés d’exclusion et ne peuvent mener qu’une vie marginale.

 

L’hégémonie du modèle libéral a tendance à faire apparaître tous les marginaux (enfants de la rue, chômeurs, personnes âgées, veuves et orphelins, mendiants, prostitués, etc.), comme des exclus, ce qui peut contribuer à faire basculer cette population dans une exclusion véritable. Ceci conduit à des phénomènes de rupture du lien social lorsque les individus sont exclus des principaux droits fondamentaux tels que préconisés par le Président BOGANDA dans ses cinq verbes : nourrir, loger, vêtir, soigner et  éduquer.

 

En effet, il faut que l’insuffisance de revenus ne rend pas effectivement pauvre de manière absolue. Mais elle peut conduire à l’exclusion si elle n’est pas régulière, garantie et sécurisée. Le rythme de paiement de salaires et pensions, leur montant en rapport avec le niveau de vie remettent en cause l’effort de stabilisation familiale par une gestion rationnelle du minimum perçu. Ainsi, l’insuffisance de revenus conduit à la pauvreté qui devient à son tour un facteur d’exclusion lorsqu’elle se combine à toute une série de ruptures par rapport aux instances d’intégration.

 

Le manque de planification et la mauvaise gouvernance fondée sur des actions menées au coup par coup ont fait émerger une culture de médiocrité et d’attentisme au sein de l’administration devenue nonchalante, amnésique et incapable d’anticiper sur les événements. Cet état de fait crée chez les citoyens des frustrations et une culture de violence. « Si tu n’agis pas tu n’auras rien » disait-on.

 

Ainsi le versement de salaires, le paiement des pensions et bourses d’études ou de tout autre avantage dus au citoyen font l’objet de  revendications permanentes en Centrafrique. C’est en cela que nous relevons l’institutionnalisation de la culture de la violence par l’Etat qui, par manque de volonté d’anticiper et de planifier ses actions à l’endroit des citoyens, est soumis à l’exercice du mythe de Sisyphe, constamment en train de jouer au pompier devant les mécontentements de la masse.

 

Autant de problèmes qui finissent par développer une « sédimentation » de la violence, des phénomènes de déviance, en un mot, une situation d’ « anomie » se caractérisant par un relâchement des normes et des valeurs sur le comportement des individus. Lorsque les repères viennent à manquer, les individus peuvent être conduits à transgresser des normes et à adopter des comportements déviants comme c’est le cas récurrent aujourd’hui. Ce qui nous amène à nous rendre compte ou du moins à adhérer à la théorie de Durkheim et de Girard (2007) qui interroge sur le comment canaliser l’affectivité humaine de façon productive, c’est-à-dire comment domestiquer les impulsions «naturelles» de l’homme, potentiellement dangereuses, de telle manière que d’une force destructrice elles deviennent une force civilisatrice?  

 

Le pays souffre bien évidemment d’anomie caractérisée par des indicateurs qui  l’attestent comme l’augmentation du taux de criminalité, la hausse de la consommation de drogues, de psychotropes, etc. L’aggravation de ces maux aboutit à une animalité difficile à expliquer par ceux qui ont toujours pensé que tout pouvait aller de soi bien et que la crise ne serait que passagère.

 

  Si certains indicateurs peuvent témoigner d’une progression de la déviance en Centrafrique, il faut préciser que la déviance est bien présente et qu’elle ne peut être éradiquée qu’à travers des actions fondées sur une vision politique clairement définie et sortie des sentiers battus.

 

 La persistance et le renouvellement de formes de pauvreté et d’exclusion, par les signes d’anomie et de déviance observables au quotidien entraînent sans contexte la méfiance vis-à-vis de l’Etat et l’incivisme. Aussi, la recomposition du lien social sur la base de nouvelles relations moins contraignantes, ouvertes et davantage choisies, de sociabilités renouvelées au sein d’associations ou de réseaux plus spontanés qui montrent une intense activité sociale parmi toutes les catégories de la population permettra de recoudre les morceaux et opérer une stabilité sociale et économique.

 

Comprendre comment se construit et se maintient la cohésion sociale, en particulier à travers le rôle des différentes instances d’intégration constitue le défi majeur à relever par l’Etat intégrateur. Les phénomènes liés aux handicaps sociaux mal connus ou minimisés ne peuvent que briser le tissu social et ouvre la voie à la violence, situation propice à la récupération des marginaux et les exclus par les ennemis de la paix et les seigneurs de guerre.

 

 Au-delà de ces phénomènes, on note la fragilisation de la nation en construction par le biais de l’ethnocentrisme vu comme sentiment de repli communautaire et de la valorisation de son groupe social comme la seule référence possible. On tombe alors dans une forme négative du narcissisme identitaire source de conflits intergroupaux. Or, face aux malheureux événements qui n’ont épargné personne, l’ethnocentrisme ou le communautarisme ne peut que remettre en cause la construction nationale puisqu’au projet d’unification et d’homogénéisation (dans le respect de la diversité) des régions centrafricaines, il oppose les spécificités, les particularismes de certains groupes constitutifs de cette nation à travers des aspirations et des revendications de droits particuliers, catégoriels, voire communautaristes qui excluent la préservation de la cohésion sociale fondée sur des valeurs partagées.

 

En définitive, il faut reconnaître que la cohésion sociale ne se décrète pas, ni ne peut constituer un refrain repris en cœur par l’homme de la rue. Il est un modèle construit au cours de l’histoire d’une société. Une société anomique caractérisée par un affaiblissement de l’influence des normes et des valeurs sur le comportement des individus est une société qui a emmagasiné depuis des années des aspirations et des ambitions non satisfaites par ses membres  avec comme conséquences le développement des frustrations qu’il faut savoir les éteindre avec des instruments de coercition adéquats aux fins de déboucher sur sa refondation. Loin de souhaiter l’institution d’un régime politique dictatorial ni sanguinaire, il faut un Etat fort doté d’un sens de responsabilité et de rigueur capable d’installer un ordre nouveau où l’impunité, la médiocrité et le clanisme érigés en système de gouvernance n’ont plus droit de cité.

 

Il faut reconnaître que l’Etat, n’est pas seulement un pouvoir central fort, l’Etat c’est la citoyenneté. Or, depuis l’indépendance du pays les hommes qui ont eu à le gérer n’ont pas compris peut-être qu’il arrivera une jour où vont émerger des hommes et des femmes en quête de leur autonomie et de l’affirmation de leur citoyenneté. Nous sommes arrivés à une situation où l’Etat n’arrive pas à gérer la citoyenneté compte tenu du fait qu’il a été longtemps habitué à gérer des groupes (clientélisme, tribalisme, clanisme, réseaux mafieux…) excluant l’individu qui « se cherche » tout le temps pour asseoir son identité. L’absence d’une ingénierie politique et sociale ou sa non maîtrise a engendré chez nos hommes politiques qui ont opéré un repli sur leur communauté d’origine pour garantir leur pouvoir (garde prétorienne, constitution d’une armée à base « monoethnique », « tribalisation » de l’administration, etc.).

 

L’apport de la communauté internationale depuis les douloureux événements que traverse le pays bien qu’il soit salvateur à un moment donné ne peut constituer en soi une panacée. Le combat, aujourd’hui, est celui de la construction de la citoyenneté. Le combat pour l’institution de la démocratie (pluralisme politique, élections transparentes,…) viendra plus tard. On ne peut parler de la démocratie dans environnement où baigne une population analphabète et pauvre. Au-delà de cette dimension, l’enjeu aujourd’hui, est la rupture avec la violence et  la relance de la politique de reconstruction d’une identité chez chaque centrafricain afin de l’associer à l’œuvre de reconstruction nationale. Ce processus qui pourrait certainement être long ne peut être entamé sans l’instauration d’un environnement paisible empreint d’équité et de justice.  

 

Dr Josias TEBERO

 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_de_classes.

La cohésion sociale à l’épreuve des faits en Centrafrique par Par Josias TEBERO
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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 23:03

 

 

 

II. LA DECLINAISON DE TON PROGRAMME POLITIQUE AUTOUR DE LA BELLE ET EXALTANTE DEVISE DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

 

Madame ou Monsieur le Futur Président de la République, quand j’étais étudiant et en même temps sacristain à la Basilique-Cathédrale Sainte Réparate de Nice, un des vicaires de cette Basilique me faisait comprendre cette leçon de vie : « Pourquoi faire compliquer, quand on peut faire simple dans la vie ? ». Oui, Madame ou Monsieur le Futur Président des Centrafricains, en vue de solliciter le suffrage de tes compatriotes, tu as rédigé au même titre que tes concurrents un programme de société auquel la grande majorité de tes électeurs n’a pu accéder. Une fois investi dans tes fonctions et surtout dans le cadre de ton tout premier mandat, je te propose de simplifier ce programme en le déroulant autour des deux premiers mots de la devise centrafricaine, à savoir  « Unité » et  « Dignité ». Le « Travail » étant inclus dans le vaste concept de dignité, ton programme politique pourra ainsi se décliner en ces actions majeures : actions de consolider l’unité nationale (A) et actions visant à garantir aux Centrafricains le respect et la préservation de leur dignité (B).

 

A) Les actions de consolidation de l’unité nationale

 

Première devise léguée aux Centrafricains par le président fondateur de la RCA, l’unité peut, selon  les Professeurs Jean Gicquel et Jean-Eric Gicquel se définir ainsi : « Principe d’organisation d’un Etat au sein duquel une volonté unique s’exprime tant du point de vue de son agencement politique que de son ordonnancement juridique »[1]. L’Etat unitaire est celui dans lequel les attributs de la souveraineté sont concentrés entre les mains d’une seule autorité. Autrement dit, le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire sont exercés par une même institution. Ainsi définie, l’unité de l’Etat centrafricain  a été mise en mal ces dernières années autant par une instrumentalisation de la crise centrafricaine que par des revendications séparatistes.

 

Madame ou Monsieur le Futur Président de la République, le jour de ton investiture, tu t’engageras solennellement à « consolider l’unité nationale ». Es-tu conscient qu’il s’agit là d’une obligation personnelle pour toi qui seras élu démocratiquement président de la République, Chef de l’Etat ? Comme tu t’en apercevras toi-même dans les lignes qui suivent, par le passé, tes prédécesseurs ont failli à cette obligation constitutionnelle : soit qu’il s’agisse de consolider la paix ou les acquis de la transition démocratique (1), soit qu’il s’agisse de restaurer l’autorité de l’Etat (2).

 

1) La consolidation de la paix et des acquis de la transition démocratique

 

Madame ou Monsieur le Futur Président de la République, jusqu’à une période récente, la RCA était en effet considérée comme un véritable havre de paix. Mais depuis le milieu des années 90, ce pays s’est malheureusement enfoncé dans un cycle infernal de crises militaro-politiques qui ont non seulement perturbé la tranquillité de sa population mais retardé inutilement son processus de développement. Avec le coup d’Etat militaire de 2003, accueilli à l’époque par la grande majorité des Centrafricains comme « un coup d’Etat salutaire » et qualifié par certains commentateurs d’un « mal nécessaire », le peuple centrafricain espérait souffler un peu et recouvrer la vie paisible d’antan. Les élections groupées de 2005 semblaient en effet poser les jalons d’une telle espérance. Malheureusement, il n’en avait rien été ou, et comme  un document officiel[2] le mentionne, « l’espoir de la renaissance économique et sociale attendue déchiré par des contradictions internes n’a duré que le temps d’une illusion. »

 

En effet, de 2005 à 2013, la population centrafricaine a non seulement vécu sous la menace permanente d’une incursion de groupes rebelles hostiles mais a été victime des actes crapuleux des groupes armés non-conventionnels. Le changement de régime du 24 mars 2013 avec l’arrivée de la coalition SELEKA au pouvoir et les événements dramatiques qui s’en étaient suivis jusqu’au lancement, le 5 décembre 2013, des attaques armées dans la ville de Bangui par les milices dénommées Anti-Balaka avaient mis en marche une dynamique complexe caractérisée par les faits suivants :  violences extrêmes,  tueries à grande échelle, destruction des biens et propriétés privés et publics, déplacement par millier des populations à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

 

Madame ou Monsieur le Futur Président de la République, exténuées par ces séquences de conflits à répétition, la population centrafricaine n’aspire après ton investiture qu’à une ère de paix et de sécurité. Selon la pyramide de Maslow[3], il s’agit là d’un besoin fondamental. Sans stabilité, sécurité ou paix, les efforts de développement apparaissent vains[4]. A lire le « Rapport général des consultations populaires à la base »[5], rapport élaboré pour le dernier Forum de Bangui et d’autres études[6], des initiatives tous azimuts avaient en effet été entreprises en vue d’une pacification de la RCA. Malheureusement, « toutes les initiatives nationales, sous régionales et onusiennes ont été battues en brèche dès le lendemain de la  signature des accords de paix par les parties prenantes. Elles n’ont pas permis de mettre une fin durable au désordre politique devenu plus ou moins chronique en Centrafrique »[7]. Comme Madame le Chef de l’Etat de Transition l’a souligné dans son message du nouvel an, le Forum de Bangui a reposé encore des jalons pouvant permettre à la RCA de redevenir un véritable havre de paix. Ces jalons nécessitent toutefois, selon la terminologie des Nations Unies, une certaine consolidation.

 

Selon les spécialistes de la « transitologie »[8], la transition démocratique comprend deux phases à distinguer nettement : il s'agit d'une part, de la transition politique, qui désigne le passage d'un régime politique à un autre et, d'autre part, la consolidation de la démocratie durant laquelle le défi majeur consiste à assurer une évolution relativement stable du processus démocratique engagé durant la transition. Pour le Professeur Jean-Pierre MASSIAS, « le premier impératif de cette consolidation réside dans une profonde mutation des méthodes de gouvernement. La transition ne peut se résumer à changer les titulaires des fonctions étatiques et leurs modalités de désignation, elle impose de nouvelles méthodes de gouvernement et de contrôle de celui-ci »[9].

 

Transposées au cas centrafricain, notamment à la première période de transition (2003-2005), ces diverses réflexions signifie en clair que le  retour à la légalité constitutionnelle en 2005 et la mise en place progressive des institutions de bonne gouvernance devraient normalement permettre la rupture définitive avec le passé et jeter les basses d’une nouvelle société où il faisait beau vivre. En d'autres termes, le retour  à la légalité constitutionnelle suppose l'abandon des anciennes règles du jeu politique et l'apparition de nouveaux acteurs politiques et de nouvelles configurations stratégiques[10].

 

En effet, la démocratie ne signifie pas seulement la mise en place des institutions républicaines, fussent-elles de bonne gouvernance. Elle est un ensemble de normes à observer et à mettre en œuvre en vue d’éviter ce que les différents Dialogue et le Forum National ont successivement déploré, à savoir : la  politisation de l’administration civile et militaire et l’impunité sous toutes ses formes. A cet égard, Madame ou Monsieur le Futur président de la République, pour une bonne consolidation des processus démocratiques impulsés sous le régime de transition, ta bonne volonté est absolument nécessaire. C’est l’absence de cette volonté politique qui, dans un passé récent, avait très vite fait basculer la RCA dans l’insécurité, avec la naissance  en 2006 de groupes rebelles au Nord-est du pays.

 

En effet, trois ans seulement après le retour à l'ordre constitutionnel, un autre forum dit Dialogue Politique Inclusif (DPI) réunissant le gouvernement, l’opposition démocratique et groupes rebelles, syndicats et la société civile avait tenté de pacifier le pays. Le DPI qui s’était déroulé en décembre 2008 avait abouti à d’importants accords notamment la formation d’un gouvernement de large ouverture, la tenue d’élections libres et transparentes en 2010, la mise en place d’un comité de suivi des accords de paix signé entre gouvernement et groupes rebelles, et enfin, un programme de désarmement et de démobilisation des anciens combattants.

 

Au fil du temps, ces acquis démocratiques de 2005 n'ont cependant pas fait l'objet d'une consolidation progressive. Bien au contraire, les dirigeants d'alors s'étaient laissés aveugler ou avaient tout simplement versé dans l'exercice néo-patrimonial du pouvoir, lequel exercice néo-patrimonial a eu pour conséquence le déclenchement d'une deuxième période de transition en République Centrafricaine (2013-2016). Par leur vote du 30 décembre 2015, Madame ou Monsieur le Futur président de la République, les Centrafricains ne voudraient plus jamais entendre parler chez eux d’un « Gouvernement de transition », même si ce mode de gouvernement a été excellemment théorisé par un professeur camerounais[11].

 

Outre les actions de consolidation de la paix et des acquis de la transition démocratique en cours, un accent particulier devra être mis sur la restauration de l’autorité de l’Etat.

 

2) La Restauration de l’autorité de l’Etat

 

 Madame ou Monsieur le Futur président de la République, au regard des scènes de violences perpétrées ces dernières années sur l’ensemble du territoire centrafricain, de nombreux hommes politiques sont allés jusqu’à proclamer l’inexistence même de l’Etat centrafricain. Ce fut notamment le cas de l’actuel président français qui, lors d’une conférence de presse à l’Elysée, avait déclaré qu’ « il n’existe presque plus d’Etat en Centrafrique ». Dans un article de fond publié dans la revue Afrilex, un ancien diplomate français en Centrafrique s’est, quant à lui, autorisé à proclamer motu proprio la « disparition de l’Etat centrafricain » en ces termes : « Depuis longtemps, les éléments constitutifs d’un Etat avait disparu »[12]. Sans souscrire à ces déclarations assez excessives, je dirais pour ma part que juridiquement parlant l’Etat centrafricain n’avait perdu qu’un de ses éléments constitutifs, à savoir : le monopole de la violence légitime. En effet,  des ouvrages de droit constitutionnel[13] ou de droit international public indiquent qu’il existe trois éléments constitutifs de l’Etat, à savoir : le territoire, la population et le pouvoir politique. Ce sont là les trois critères objectifs bien connus de l’existence juridique d’un Etat. Sous la plume des internationalistes transparait un quatrième critère, qualifié de critère subjectif : celui de la reconnaissance[14] de l’Etat par les autres membres de la communauté internationale. La question qui mérite d’être soulevée à ce stade d’analyse est la suivante : les événements dramatiques  auxquels  la RCA était confrontée avaient-ils réellement fait disparaître tous les éléments constitutifs de cet Etat ? Sauf confusion de ma part, il me semble que la RCA n’a perdu ni son territoire ni sa population. Même si une infime partie de cette population s’est réfugiée dans les pays voisins, la grande majorité n’a pas quitté le territoire centrafricain.

 

Bref, sans vouloir t’entraîner ici dans un débat académique, Madame ou Monsieur le Futur Président de la République, l’Etat centrafricain n’ayant perdu ces dernières années que le monopole de la violence légitime, il t’appartiendra de restaurer l’autorité de cet Etat sur toute l’étendue de son territoire. La restauration de l’autorité de l’Etat fait parties de ce que certains auteurs appellent « les opérations de maintien de la paix de seconde génération »[15]. Après une période de violations systématiques des droits de l’homme, la restructuration de nombreux domaine de l’Etat est nécessaire. Il s’agit de créer les conditions politiques, juridiques et administratives qui garantissent la protection des droits des personnes.

 

La première de ces conditions est celle qui vient de se  dérouler le 30 décembre 2015 grâce à la détermination du Chef de l’Etat de Transition et son équipe gouvernemental, avec l’appui remarquable des partenaires internationaux, à savoir : l’organisation des élections afin de réimplanter la démocratie en au « berceau des Bantous ». Selon le Professeur Yves Daudet, l’organisation des élections a pour objectif essentiel de donner « à l’Etat les moyens juridiques qui lui sont nécessaires pour conduire ses actions conformément à la légalité. Grâce à ce rétablissement de la démocratie dans de nouvelles structures, le redressement du pays devient possible par l’organisation du retour des réfugiés et leur réinsertion dans le tissus social, l’assistance à la population, le déminage des sols, bref, un ensemble de mesures d’ordre social constituant les conditions nécessaires au développement économique sans qu’elles soient suffisantes. En effet, encore faut-il y adjoindre l’indispensable appui financier en particulier des institutions de Bretton Woods sans lequel le discours sur le redressement risque fort de n’être que littérature »[16].

 

L’autre condition est la mise en place d’une armée républicaine. A cet égard, Madame ou Monsieur le Futur président de la République, prière de ne pas perdre de vue le « Manifeste »[17] intitulé « Pour une armée républicaine » rédigé et publié à Paris le 19 septembre 2013 par un Groupe de réflexion physiocrate centrafricain dénommé Wa A Za. Dans ce « Manifeste », ses auteurs faisaient en effet remarquer que « Tous les pays du monde ont besoin de l’ordre et de la sécurité pour fonctionner correctement. En cela, la République Centrafricaine ne peut faire exception. Construire une armée structurée, ordonnée et respectueuse des principes démocratiques et des institutions républicaines est indispensable. Pour que les principes démocratiques et républicains prennent racine, cette armée doit avoir comme seul principe et seul devoir la défense du territoire  et de l’intégrité de l’Etat qui tous deux concourent à la protection de la population et ceci de façon ostentatoire. L’intégrité du territoire et la sécurisation de l’Etat permettent le rayonnement des actions politiques. Or, le constat actuel des responsabilités démontre que le ministère de la Défense ne sait pas à quelle armée il faut confier la mise en application de la politique militaire de défense. Il est difficile dans ce contexte de  structurer l’organisation, le recrutement et l’entraînement des forces armées ainsi que la gestion du personnel civil et militaire encore moins les dotations en armements et  infrastructures. » Après ce constat, le groupe Wa A Za a énuméré un certain nombre de propositions générales pour la refondation l’armée nationale. Au total, le document dudit Manifeste ne comporte que six (6) pages, donc rapidement exploitable par un Futur président de la République.

 

Enfin, Madame ou Monsieur le Futur président de la République, qu’il me soit permis de porter à ton attention les conclusions d’une pertinente étude de la Banque mondiale intitulée Briser la spirale des conflits. Guerre civile et politique du développement. Au fil de cette étude ses auteurs en sont arrivés une conclusion qui devrait normalement te faire flipper davantage : « Pour un pays qui parvient au terme d’une guerre civile, précise ce document, le risque de retomber dans un conflit intérieur dans les cinq années qui suivent est de 44%. [18] Ce risque élevé s’explique  par le fait que généralement, les facteurs à l’origine du conflit initial n’ont pas disparu. Si avant le conflit, le pays était marqué par la faiblesse de son revenu par habitant, la présence dans certaines régions rurales d’abondantes ressources naturelles, son voisinage avec un pays hostile et l’existence d’une importante diaspora, ces différentes caractéristiques n’auront vraisemblablement pas disparu une fois la paix revenue. » Poursuivant l’analyse, cette étude indique que « certains pays sont naturellement enclins à la guerre civile de par leur situation géographique et leur structure économique : à peine le gouvernement aura-t-il réglé un conflit avec un premier groupe rebelle qu’un second va probablement lui manifesté son hostilité. » Madame ou Monsieur le Futur président de la République, les différentes crises qu’a connues la RCA échappent-elles vraiment à ces explications ? Une fois élu, sauras-tu briser définitivement la spirale des conflits en Centrafrique ?

 

Madame ou Monsieur le Futur président de la République, pour  briser définitivement la spirale des conflits en République Centrafricaine, il serait  hautement souhaitable  que tu envisages, avec l’appui des partenaires internationaux, une sorte de « Plan Marshal » pour ton pays à l’issue de la période de transition. Dudit plan Marshall découleront de grands travaux publics pouvant absorber la masse de jeunes désœuvrés qui, faute de mieux ou devant la précarité de leurs conditions de vie, se laissent enrôler par des mouvements politico-militaires. Expérimentés dans certains pays ayant connu des périodes sombres comme la RCA, il semble que ces grands travaux publics ont contribué à consolider la paix dans leur zone d’intervention. Ce fut le cas du « Programme cadre d’appui aux communautés (PCAC) »[19], exécuté directement par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Burundi.

 

Comme le rapporte un expert du PNUD, le PCAC avait pour finalité de contribuer à « consolider les acquis de la paix dans sa zone d’intervention ». Et selon M. Gaétan Blais[20], ce programme jouissait d’un succès d’estime important auprès des communautés, des autorités burundaises, des bailleurs de fonds, du PNUD et de l’ensemble des représentants du système des Nations Unies. En novembre 2001, un rapport d’évaluation externe et indépendante du programme en tirait les conclusions suivantes : « A ce jour, on peut sans risque excessif d’erreur avancer que le PCAC a véritablement contribué au renforcement de la cohésion sociale dans les communautés où il est intervenu et qu’il y a permis de conforter les acquis de la paix. »[21]

 

Madame ou Monsieur le Futur président de la République, tel est, à mon sens, l’essentiel des actions à dérouler autour de la première devise des Centrafricains. Cependant, quid des initiatives visant à garantir le respect et la préservation de la seconde devise ?

 

B) Les initiatives visant a garantir aux centrafricains le respect et la préservation de leur dignité

 

Deuxième devise des Centrafricains, le statut du concept de « dignité » a fait l’objet d’une intéressante controverse doctrinale. Alors que pour certains, la dignité est « principe métajuridique » [22], d’autres évoquent le « droit à la dignité » comme un « principe matriciel »[23].  Madame ou Monsieur le Futur président de la République, encore une fois de plus, point n’est besoin de s’attarder ici sur les méandres ce débat académique. En revanche, un bref rappel sur la consécration historique  de ce concept ne serait guère inutile.

 

Présenté en effet par une partie de la doctrine  comme un « concept nouveau »[24], le mot dignité a été utilisé dans des textes juridiques anciens[25]. C’est cependant principalement au lendemain de la seconde guerre mondiale que l’expression dignité de la personne humaine est apparue dans les grandes déclarations de droits fondamentaux, surtout dans les préambules (déclaration de Philadelphie du 10 mai 1944 sur les buts et objectifs de l’Organisation Internationale du Travail[26], Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948[27], ou encore Pactes internationaux de 1966[28]), mais aussi dans le texte même de ces déclarations (par exemple toujours dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948[29]).  

 

Madame ou Monsieur le Futur président de la République, de l’économie générale de ces différents textes, il résulte que la dignité de l’homme est un principe juridique assez vaste dont le respect « implique la protection non seulement des droits civils et politiques mais des droits économiques et sociaux »[30]. En d’autres termes, le  respect de la dignité de la personne humaine est d’abord un « droit-liberté » en ce qu’il va imposer un devoir d’abstention à l’Etat. Celui-ci ne pourra pas porter atteinte à la dignité de la personne humaine (1). Il est aussi un « droit-créance » en ce qu’il va également imposer à l’Etat le devoir de favoriser la mise en œuvre de cette dignité (2).

 

1) L’obligation d’abstention

 

Comme l’explique assez clairement M. Benoît Jorion[31], Maître de conférences à l’Université de Cergy-Pontoise, on peut légitimement craindre que l’Etat n’abuse de son pouvoir en portant atteinte à la dignité des individus. Ce risque est d’autant plus grand lorsque ces individus sont des usagers « involontaires » des services publics. Les commissariats, les prisons, les établissements scolaires, les établissements hospitaliers ou les établissements sociaux sont autant d’institutions où l’individu est en position de faiblesse, incapable de se soustraire à une atteinte à sa dignité. Il se retrouve face à des agents qui peuvent être tentés d’abuser de leur autorité, et, selon une gamme extrêmement étendue, de poser atteinte à la dignité de sa personne. Les Centrafricains se souviennent très bien de la formule « Tu me connais ! », qui permettait à certains compatriotes de porter atteinte à leur dignité.

 

Prohiber de la façon la plus ferme à l’Etat et à ses agents de porter atteinte à la dignité de la personne humaine ne peut être contesté. C’est ce type d’atteinte à la dignité humaine qui est le plus évident et le plus grave. Madame ou Monsieur le Futur président de la République, cela signifie en d’autres termes que « la responsabilité de protéger »[32] le peuple centrafricain t’incombe au premier chef : tu veilleras donc à ce que des « Tu me connais ! » ne soient plus de retour en Centrafrique. Car en allant massivement te voter le 30 décembre dernier, les Centrafricains ne veulent plus entendre parler des « Tu me connais ! ». Par leur vote, ils voudraient que tu t’entoures essentiellement de personnalités compétentes et honnêtes aptes à organiser un certain nombre de prestations pour leur félicité.

 

2) L’obligation de prestation

 

Le principe de la dignité de la personne humaine constitue aussi une obligation positive d’action pour l’Etat qui va, en conséquence, devoir organiser un certain nombre de prestations, afin d’éviter que ne perdurent des situations qui portent atteinte à la dignité de l’être humain. La notion de dignité de la personne humaine peut servir de notion de rattrapage pour imposer la réalisation des droits économiques sociaux évoqués par les pactes de 1966. Pour simplifier, Madame ou Monsieur le Futur président de la République, il sera question pour toi de faire en sorte que le maximum des Centrafricains, pour reprendre pour la dernière fois Madame le Chef de l’Etat de Transition, arrive à « conjuguer les cinq » (5) verbes de Barthélémy Boganda, à savoir : « nourrir, soigner, vêtir, éduquer, loger ». Les différents ministères du GACM énumérés ci-dessus auront la lourde responsabilité de traduire en politique publique l’essentiel de ces droits. Il s’agit entre autres du : droit à l’instruction et à l’épanouissement de la personnalité ; droit en matière de logement ; droit au travail et à une rémunération équitable ; droit à la protection d’un environnement sain ; droit à la protection de la santé ; droit à la culture et aux loisirs, etc.

 

 Telle est, Madame ou Monsieur le Futur résident de la République, la substance du message que je voudrais te délivrer par voie épistolaire. Et dans l’espoir que tu aideras véritablement le peuple centrafricain à « franchir une étape nouvelle »,  à partir du 1er avril 2016, il ne me reste plus qu’à te souhaiter ainsi qu’à ta petite famille[33] :

 

Bonne et Heureuse année 2016 !

 

Nice, le 3 décembre 2016. 

                                                     

Alexis N’DUI-YABELA

 

[1] Voir J. Gicquel et J.-E. Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, 29e édition à jour de la réforme, Montchrestien/lextensoéditions, coll. « Domat droit public », 2015, p.77. 

[2]Voir Commission préparatoire du Forum National de Bangui, Projet de termes de référence du Groupe thématique 4 « Développement économique et social », p.2.

[3]Abraham Maslow (1908-1970) est un psychologue qui a pu établir une pyramide des besoins avec, à la base, les besoins fondamentaux ou primaires et, au sommet, les besoin accessoires. Le principe est que « la satisfaction ne s’accroît pas lorsqu’on comble un besoin si les besoins du niveau inférieur n’ont pas été comblés avant ». Mais, dans toute hiérarchisation, quels que soient les vocables utilisés, les besoins concernant le maintien de la vie sont prioritaires.

[4]L’Agenda 21 le souligne également dans son vingt-cinquième principe : « La paix, le développement et la protection de l’environnement sont interdépendants et indissociables ».

[5]Voir « Rapport général des consultations populaires à la base en République Centrafricaine (Document de travail élaboré par l’équipe des rapporteurs) », Bangui, 15 mars 2015, pp.5-7.

[6]Voir étude de l’Ambassadeur Nelson Cosme, « Architecture de la paix et de la sécurité en Afrique centrale », in H. B. Hammouda, B. Bekolo-Ebe et T. Mama (dir.), Intégration régionale en Afrique centrale : Bilan et perspectives, Paris, Karthala, 2003, pp.303-307 ;

[7]Voir « Rapport général des consultations populaires à la base en République Centrafricaine », précité, p.6.

[8]Voir C. Dufy et C. Thiriot, « Les apories de la transitologie : quelques pistes de recherche à la lumière d'exemples africains et post-soviétiques », in Revue internationale de politique comparée, Vol. 20 n°3/2013, p.23 et suiv. ; ou encore Juan J. Linz, Démocratic transition and démocratique consolidation, miméo, july  1991, p.2, cité par Natalie Cooren, « Transition démocratique d'un pays : quelques précisions théoriques » consultable à l’adresse suivante : « http//www.inenees.net/bdf_fiche-notions-177_fr.html ».

[9]Voir J.-P. Massias, « Pacification et transition constitutionnelle. Réflexions sur les limites de l'autosatisfaction positiviste », in Démocratie et liberté : tension, dialogue, confrontation. Mélanges offerts à SLOBODAN-MILACIC, Bruxelles, Bruylant, 2008, p.174.

[10] Voir Juan J. Linz, op.cit.

[11]Voir L. Sindjoun, « Le gouvernement de transition : éléments pour une théorie politico-constitutionnelle de l’Etat en crise ou en reconstruction », in Mélanges Slobodan MILACIC précité, pp.967-1011.

[12]Voir D. Niewiadowski, « La   République centrafricaine : le naufrage d’un Etat, l’agonie d’une Nation », op. cit., p.4.

[13]Pour ne citer que des ouvrages récents, voir notamment : P. Türk, Principes fondamentaux de droit constitutionnel, Paris 8e édition 2015-2016 à jour de tous les textes et dernières actualités constitutionnels, Gualino/Lextensoéditions, coll. « MEMENTOS LMD », pp.25-26 ; M.-A. Cohendet, Droit constitutionnel, Paris, LGDJ/lextensoéditions, coll. « COURS », 2013, pp. 82-83 ; J. Gicquel et J.-E. Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, 29e édition à jour de la réforme, Montchrestien/lextensoéditions, coll. « Domat droit public », 2015, pp.62-71 ;

[14]Voir J.-C. Zarka, Droit international public, Paris, Editions Ellipse, coll. « Mise au point », 2015, pp.49-50 ; E. Decaux et O. de Frouville, Droit international public, Paris, 9ème édition Dalloz, coll. « Hyper cours », 2014, pp.171-179 ; C. Roche, L’essentiel du droit international public, Paris, 6ème édition Gualino, Coll. « Les carrés », pp.60-62 ; M. Perrin de Brichambaut et al., Leçons de droit international public, Paris, 2e édition Presses de Sciences Po/ Dalloz, coll. « amphi », 2011, pp.58-60. 

[15]Voir Y. Petit, Droit international du maintien de la paix, Paris, L.G.D.J., 2000, p.65.

[16]Voir Y. Daudet, « La restauration de l’Etat, nouvelle mission des Nations unies ? » in Les Nations Unies et la restauration de l’Etat, Quatrièmes rencontres internationales de l’IEP d’Aix-en-Provence, 16-17 décembre 1994, Paris, Pedone, 1995, p.17.

[17]L’intitulé exacte est « Manifeste pour la structuration des forces armées nationales à mettre en place afin d’assurer la défense et la sécurité en RCA.

[18]Voir Banque mondiale, Briser la spirale des conflits. Guerre civile et politique du développement, document traduit de l’américain par Monique BERRY et publié aux éditions De Boeck & Larcier s.a, Bruxelles, 2005, p.107.

[19]Voir G. Blais, « Consolider les acquis de la paix au Burundi. La reconstruction physique et sociale des communautés », in Yvan CONOIR et Gérard VERNA (dir.), Faire la Paix. Concepts et pratiques de la consolidation de la paix, Canada, Les Presses de l’Université de Laval, 2005, pp.553-578.

[20] Voir son étude précitée, p.554. L’auteur note par la suite que le PCAC constitue une expérience originale pour le PNUD, particulièrement dans sa façon de fonctionner. « En effet, seulement 4 bureaux du PNUD dans le monde avaient accepté d’exécuter eux-mêmes un projet visant à appuyer la réhabilitation et la réinsertion des sinistrés d’une guerre civile alors que son métier est habituellement d’appuyer les gouvernements ou de faire exécuter ses projets par d’autres agences des Nations Unies. »

[21]Citation rapportée par Gaétan Blais, op.cit, p.553.

[22]Voir M. Fabre-Magnan, « Le statut juridique du principe de dignité », in Droits-n°58, 2013, p.170 et s.

[23]Voir B. Mathieu, « Pour une reconnaissance de ‘’principes matriciels’’ en matière de protection constitutionnelle des droits de l’homme », in Recueil Dalloz, 1995, p.211.

[24]Voir B. Edelman, « La dignité de la personne humaine, un concept nouveau », in Recueil Dalloz, 1997, p.185. En 1999, il reprend l’idée pour intituler la dernière partie de son livre La personne en danger (Puf, Coll. « Doctrine juridique », p.506) : « Un nouveau concept : la dignité ».

[25]En guise d’illustration, on peut citer le décret Schoelcher du 27 avril 1848 abolissant l’esclavage en France. La première phrase de ce décret énonce en effet  « que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ».

 

[26]II, a) : « Tous les êtres humains, quels que soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales. »

 

[27] Dès la première phrase du préambule : « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. » Puis une seconde fois toujours dans le préambule : « Considérant que dans la Charte les peuples des nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de leur personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande. »

 

[28]Le concept de dignité est cité deux fois dans le préambule du pacte relatif aux droits civils et politiques : « Considérant que, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde », puis « Reconnaissant que ces droits découlent de la dignité inhérente à la personne humaine ».

 

[29]Où le mot est cité dans trois articles dont l’article premier qui proclame : « Tous les êtres humains naissant libres et égaux en dignité et en droits. »

[30] Document adressé par le Comité directeur pour les droits de l’homme au Comité des ministres du Conseil de l’Europe en octobre 1987.

 

[31]Voir son article intitulé « La dignité de la personne humaine ou la difficile insertion d’une règle morale dans le droit positif », in RDP-n°1/1999, pp.201-204.

 

[32] Pour des renseignements détaillés, se reporter aux auteurs ci-après :  J-B Jeangène Vilmer, La responsabilité de protéger, Paris, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2015, 126p. ; O. de Frouville, « Perspectives du droit cosmopolitique sur la responsabilité de protéger », Droits, 2013, n°57, pp. 95-118 ;  G. Evans, « The Responsability to protect : an Idea Whose Time Has Come… and Gone ? », International Relations, vol.22, 2008, pp.283-298 ; S. Szurek, « Responsabilité de protéger, nature de l’obligation et responsabilité internationale », in Société française pour le droit internationale (SFDI), La responsabilité de protéger, Paris, Pedone, 2008, pp.94-97 ; A. Peters, « Le droit d’ingérence et le devoir d’ingérence-Vers une responsabilité de protéger », Revue de Droit international et de Droit comparé, 2002, pp.290-308 ; ou encore le Rapport de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des Etats (CIISE), publié en décembre 2001 et consultable à l’adresse : http://www.iciss.gc.ca/pdfs/Rapport-de-la-Commission.pdf. Ce rapport est intitulé « La responsabilité de protéger ».

 

[33]A compter du 1er avril 2016, ta grande famille sera désormais le peuple centrafricain.

Lettre du Vice Doyen de la Fac de Droit de Bangui au futur Président de la République (suite et fin)
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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 01:25

 

 

 


Nations unies (Etats-Unis) - AFP / 05 janvier 2016 23h40 - L'ONU a annoncé mardi avoir ouvert une enquête sur de nouvelles accusations d'abus sexuels portées contre ses Casques bleus en République centrafricaine (RCA).


Les victimes présumées sont quatre fillettes soumises à des abus sexuels et une exploitation sexuelle à Bangui par des soldats de trois pays participant à la Mission de l'ONU en RCA (Minusca).


Elles ont été interrogées à Bangui par des enquêteurs de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, a précisé le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.


Les autorités centrafricaines ont été informées, ainsi que les pays contributeurs de troupes concernés afin que ceux-ci enquêtent et prennent éventuellement des sanctions contre leurs ressortissants, comme le prévoit la procédure.


M. Dujarric n'a pas précisé de quels contingents il s'agissait ni combien d'hommes étaient impliqués. Mais selon des sources à l'ONU, il s'agit de soldats du Maroc, du Gabon et d'Egypte.


La Minusca a indiqué par ailleurs que des forces internationales à Bangui font également l'objet d'une enquête, sans autres précisions.


Citant un communiqué de la Minusca, le porte-parole a indiqué que le chef de la Minusca, le Gabonais Parfait Onanga-Anyanga, avait réitéré la politique de tolérance zéro appliquée officiellement par l'ONU envers les délits sexuels.


Cette politique n'empêche pas les abus sexuels d'être un problème récurrent dans certaines missions de maintien de la paix de l'ONU.


Selon un responsable de l'ONU, les soldats sont accusés d'avoir violé et exploité sexuellement les quatre filles, toutes mineures, et d'avoir échangé des fournitures contre des faveurs sexuelles. Certaines des victimes vivaient dans un camp pour personnes déplacées à Bangui.


Ces nouvelles accusations portent à 26 le nombre de cas d'abus sexuels impliquant la Minusca.


Elles interviennent alors que l'ONU sort à peine d'un scandale retentissant de viols d'enfants impliquant des soldats français déployés sous commandement français en RCA.

A la mi-décembre, un groupe d'experts indépendants avait dénoncé un échec flagrant de l'ONU dans la gestion de cette affaire, qui avait coûté son poste au précédent chef de la Minusca, le Sénégalais Babacar Gaye.


La justice française a entendu début décembre quatre militaires français sur ces soupçons de viols d'enfants commis en 2013 et 2014. En tout, quatorze soldats français étaient mis en cause, de même que des militaires de Guinée équatoriale et du Tchad.


Les nouvelles accusations ont été évoquées mardi à huis clos au Conseil de sécurité. Nous en avons vraiment assez de voir ce genre d'affaires se répéter, a déclaré à la presse l'ambassadeur néo-zélandais Gerard van Bohemen à l'issue de la réunion. Certains ont réclamé que le Conseil soit informé précisément de la suite qui sera donnée à ces accusations, a-t-il expliqué.


Selon les règles de l'ONU c'est au pays dont sont originaires les Casques bleus qu'il revient d'enquêter et de les sanctionner. Mais le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a promis qu'il n'hésiterait pas à retirer un contingent entier si le pays concerné ne poursuivait pas en justice les coupables.



(©) http://s.romandie.com/news/nbread.php?news=663823 

Centrafrique: nouvelles accusations d'abus sexuels contre des Casques bleus
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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 00:50
Lu pour vous : Centrafrique : l’heure de vérité approche par Didier Niewiadowski

 

 

 

http://www.jeuneafrique.com/  05 janvier 2016 à 17h34 à 17h55  

 

Trois ans après les Accords de Libreville et deux ans après le début de la mission confiée à Mme Catherine Samba-Panza d’organiser des élections crédibles, le peuple centrafricain a enfin été consulté.

 

Évidemment, il l’a été dans des circonstances exceptionnelles. À peu de choses près, les mêmes que celles qui existaient en 2014. Étant donné les premiers rapports des élections du 30 décembre 2015, on peut d’ailleurs se demander si des élections en 2014 auraient été plus difficiles à organiser. Si l’heure de vérité approche, l’heure de tous les dangers est aussi au rendez-vous.

 

Le réveil tardif des « Ramasse-miettes »

 

Quinze jours avant les scrutins du 30 décembre 2015, le référendum s’était déroulé dans l’indifférence générale. Aucun des candidats présidentiels, déçus par leur score et qui viennent de se liguer pour dénoncer la « mascarade électorale » du premier tour des élections présidentielle et législatives, ne s’était élevé contre cette première mascarade. Pourtant ce référendum engageait l’avenir du pays et n’aurait pas dû être ignoré par ces défenseurs d’élections crédibles et démocratiques.

Il serait souhaitable que ces candidats malheureux, souvent crédités de miettes électorales ce qui leur vaut le qualificatif habituel de « Ramasse-miettes », pensent d’abord à l’intérêt général et essayent de surmonter leur immense et parfois légitime déception, teintée d’une sourde révolte. Par leur comportement et leurs déclarations, ils doivent contribuer à sortir le pays de la tourmente et à apaiser les tensions. En dépit des innombrables irrégularités et des dysfonctionnements majeurs, les scrutins ne peuvent pas être purement et simplement annulés. Le processus électoral est irréversible. Il reviendra à la Cour constitutionnelle de dire le droit. Ayons confiance en elle car elle a prouvé son indépendance et ses compétences juridiques.

 

Le Peuple centrafricain est le seul vainqueur

 

La gestion calamiteuse de la Transition, depuis les Accords de Libreville du 11 janvier 2013 n’est plus à démontrer. Rarement une telle incurie, une telle incompétence, de telles complicités venant de tous les horizons nationaux et internationaux, de tels pillages des biens publics et privés ont été réunis en toute impunité. Le Peuple centrafricain a tellement souffert à cause de ces prédateurs, qui ne sont pas tous venus des pays limitrophes, qu’il s’est levé pour les chasser par les urnes. Nul doute que le temps d’instruire les responsabilités des uns et des autres viendra.

N’accablons pas davantage l’Autorité nationale des élections, véritable bouc-émissaire, qui a perdu en route ses deux principaux responsables et qui n’avait pas la tâche facile en l’absence d’un État et d’une administration territoriale. Cette institution n’a peut-être été qu’un leurre afin de cacher les réalités de la gouvernance de la Transition.

 

Le Peuple centrafricain a retrouvé sa dignité et sa volonté de vivre ensemble. Il devait le prouver, une nouvelle fois. Il l’a fait le 30 décembre 2015.

 

La visite du Saint Père, les 28 et 29 novembre 2015, a-t-elle été « la main de Dieu » ? En tous cas, le peuple centrafricain a alors apporté un cinglant démenti aux prophètes de mauvais augures. Quel succès ! Le Peuple centrafricain a retrouvé sa dignité et sa volonté de vivre ensemble. Il devait le prouver, une nouvelle fois. Il l’a fait le 30 décembre 2015.

 

La défaite des fossoyeurs de la République

 

Parmi les « Ramasse-miettes », il y a des hommes intègres et il faut féliciter certains d’entr’eux qui ont apporté leur contribution à la réconciliation nationale. Mais il y a aussi des politiciens qui devraient avoir des comptes à rendre au Peuple centrafricain pour leur passage aux affaires. Des responsables politiques auront aussi à expliquer leur échec et leur rôle dans la descente aux enfers de ces trois dernières années. La justice pourrait bientôt s’intéresser à eux. L’Histoire nous enseigne que l’impunité ne résiste pas au temps.

 

Le bon choix du Peuple centrafricain

 

Les résultats partiels et provisoires du premier tour de l’élection présidentielle, présentés par l’ANE, indiquent une tendance qui apparaît solide. Deux anciens Premiers ministres, nommés l’un par Ange Patassé et l’autre par François Bozizé, sont largement en tête devant les fils de deux anciens présidents de la République, Jean-Serge Bokassa et Bilal Kolingba. L’Histoire de la Centrafrique est donc bien présente dans ce rendez-vous déterminant pour le pays. Les deux candidats en tête ont fait une campagne à leur image : modeste, non racoleuse, fondée sur des valeurs et la compétence. Les sociétés internationales de communicants, utilisées à grands frais, par quelques candidats, favoris des medias internationaux, n’ont pas pu influencer le choix du Peuple centrafricain, notamment de sa jeunesse. Les deux candidats en tête ont probablement été appréciés pour leurs qualités de gestionnaires et leur non-compromission avec le régime calamiteux de Djotodia et les dérives de la Transition qui a suivi.

 

Que ce soit au premier ou au second tour, le choix du Peuple souverain sera le bon. On peut espérer que le candidat classé en seconde position sera associé à la gouvernance du nouveau Président de la République. La réconciliation et la concorde devront aussi l’emporter sur la division et l’affrontement. L’heure de l’Union nationale a sonné !

 

Didier Niewiadowski est universitaire et ancien conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France à Bangui.

 

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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 00:40
Nouvelles nationales sur RJDH et RNL
Nouvelles nationales sur RJDH et RNL

 

 

 

Centrafrique : Dologuélé perse et dépasse Touadera de 753 voix à 53% de dépouillement

 

http://rjdh.org/ PAR FRIDOLIN NGOULOU LE 5 JANVIER 2016

 

Le dépouillement de la présidentielle à 53% place Anicet Georges Dologuélé en tête des résultats partiels et provisoire publiés par l’Autorité Nationale des Elections (ANE), ce mardi 5 janvier 2016 à 17 heures.

 

Anicet  Georges Dologuélé arrive en tête avec 179.236 voix contre 178.483 des voix de Faustin Archange Touadera, alors qu’à la mi-journée, le score était serré. Faustin Archange Touadera avait 166.934 voix et Anicet Georges Dologuélé 166.663 voix à 50% de dépouillement.

 

Selon certains observateurs, avec ses résultats, le duel se précise entre les deux anciens premier ministres pour un probable second tour.


Désiré Kolingba, qui a 76.109 voix reprend la 3e place et Martin Ziguele prend enfin la 4e place avec 70.883 voix contre Jean Serge Bokassa qui a obtenu 70.685 voix et placé à la 5e place.

 

Malgré certaines contestations des résultats que l’ANE rend public par une partie des candidats, les opérations de dépouillement se déroulent normalement et la population ne se livre pas aux jeux politiques mais  vaquent librement à ses occupations.

 

Les résultats rendus public à 17 heures couvrent 53% de dépouillement. Le taux de participation des électeurs est de 72%.

 

 

Les enterrements anarchiques dans les 3ème et 5ème arrondissements de Bangui décrié par les autorités locales

 

http://rjdh.org/  PAR SAINT-CYR GBEGBE LE 5 JANVIER 2016

 

L’enterrement anarchique des corps dans les 3èmes et 5ème arrondissements de Bangui, EST condamné par les autorités locales. Cette pratique se fait dans les concessions de l’église Saint-Mathias située dans le 3ème et la mosquée de Ngou-ciment, dans le 5ème.

 

Atahirou Bala Dodo, Maire du 3ème arrondissement de Bangui regrette l’inhumation des cadavres dans la concession de l’église Saint-Mathias. « Je ne connais pas la personne qui a donné l’ordre à la population du troisième arrondissement d’enterrer les corps dans la concession de l’église Catholique Saint-Mathias. Je sais que depuis l’évènement des du 5 décembre 2013, la route du cimetière réservé à la communauté musulmane est barrée par les Anti-Balaka. C’est ainsi que certaines personnes malintentionnées inhument les cadavres dans les concessions privées », a-t-il noté.

 

Ce dernier a annoncé qu’il convoquera une réunion extraordinaire avec les imams afin de les informer sur la réouverture du cimetière de la communauté musulmane. « Je vais convoquer une réunion extraordinaire avec les imams afin de les informer de la réouverture de la route menant au cimetière réservé à la communauté musulmane », a fait savoir le maire du 3ème arrondissement.

 

Le même constat est fait à la mosquée de Ngou-ciment dans le 5ème où des corps ont été inhumés. Contacté,  un responsable de la mairie du 5ème arrondissement de Bangui sous couvert de l’anonymat, a souligné que la sécurité reste encore volatile dans ce secteur et les autorités locales n’ont pas encore le pouvoir de réprimer ce comportement. Cette autorité dit regretter cette situation. « Nous regrettons cet acte. Comme la sécurité reste encore volatile dans ce secteur, les autorités locales feront tout pour arrêter ce phénomène qui risque de gagner le secteur », a-t-elle dit.

 

Le phénomène d’enterrement anarchique s’est accentué à Bangui depuis décembre 2013.

 

 

Présidentielle : 53 % des procès-verbaux traités pour un taux de participation de 72 %

 

http://www.radiondekeluka.org/  mardi 5 janvier 2016 14:00

 

A 16H 20 mn, l'Autorité Nationale des Elections (ANE) a publié de nouveaux  résultats partiels et provisoires de la présidentielle du 30 décembre 2015. 53 % des procès verbaux sont saisis et consolidés par l'ANE pour une taux de participations de 72 %.

Les résultats du Bamingui-Bangoran ont été traités à 77 %, de Bangui à 81 %, de la Basse Kotto à 2 %, l'extérieur à 15 %, du Haut-Mbomou à 88 %, de la Haute Kotto à 87 %, de la Kémo à 93 %, de la Lobaye à 81 %, de la Mambéré Kadéï à 0 %, du Mbomou à 61 %; de la Nana Gribizi à 79 %, de la Nana-Mambéré à 76 %, de l'Ombella Mpoko à 89 %, de la Ouaka à 54 %, de l'Ouham à 23 %, de l'Ouham-Pendé à 31 %, de la Sangha-Mbaéré à 86 %et de la Vakaga à 51 %.

Anicet Georges Dologuélé : 179.236            /  Laurent Gomina Pampali : 4.508
Faustin Archange Touadéra : 178.483            /  Ngouyongbia Kongba Zeze : 3.671
Jean Michel Madaba : 25.911                        /   Mathias Barthélémy Morouba : 3.380
Martin Ziguélé : 70.883                                  /   Jean Willibiro Sacko : 8.235 
Charles Armel Doubane : 31.504                   /    Théodore Kapou : 10.888
Fidèle Gouandjika : 9.581                              /    Emile Raymond Gros Nakombo : 2.293 
Désiré Bilal Nzanga Kolingba : 76.109         /   Xavier Sylvestre Yangongo : 5.293 
Sylvain Eugène Patassé Ngakoutou : 12.144    /   Théophile Sony Colé : 3.028
Cyriaque Gonda : 4.105                                  /   Ange Maxime Kazagui : 2.098
Guy Roger Moskit : 6.510                                /   Olivier Emmanuel Gabirault : 999
Timoléon Mbaïkoua : 5.262                           /    Stanislas Moussa Kembe : 1.505
Régina Konzi Mongo : 4.479                           /   Jean Baptiste Koba : 1.507
Gaston Mandata Nguérékata : 11.739               /  Jean Serge Bokassa : 70.687
Abdou Karim Meckassoua : 18.156              / Marcel Dimassé : 6.031                   
Jean Barkès Ngombé Kette : 14.615                /  Joseph Yakité : 4.329

 

Au 4e jour de la publication des résultats partiels et provisoires de la présidentielle, l'Autorité Nationale des Elections (ANE) est à la moitié des résultats générés à 12h 25mn. Le rapporteur général de l'ANE, Rufin Julius Ngoadé Baba, précise que c'est « une moyenne de 50 %, c'est-à-dire la moitié des procès-verbaux du vote des centrafricains a déjà été traitée et consolidée ».

Les résultats du Bamingui-Bangoran ont été traités à 77 %, de Bangui à 81 %, de la Basse Kotto à 0 %, l'extérieur à 15 %, du Haut-Mbomou à 88%, de la Haute Kotto à 87 %, de la Kémo à 93 %, de la Lobaye à 81 %, de la Mambéré Kadéï à 0 %, du Mbomou à 61 %; de la Nana Gribizi à 79 %, de la Nana-Mambéré à 76 %, de l'Ombella Mpoko à 89 %, de la Ouaka à 45 %, de l'Ouham à 14 %, de l'Ouham-Pendé à 19 %, de la Sangha-Mbaéré à 86 % et de la Vakaga à 51 %.

Anicet Georges Dologuélé : 166.663           /  Laurent Gomina Pampali : 4.429
Faustin Archange Touadéra : 166.934         /  Ngouyongbia Kongba Zeze : 3.355
Jean Michel Madaba : 25.504                      /   Mathias Barthélémy Morouba : 3.321
Martin Ziguélé : 55.810                               /   Jean Willibiro Sacko : 8.180 
Charles Armel Doubane : 31.181                 /    Théodore Kapou : 10.828
Fidèle Gouandjika : 8.451                    /    Emile Raymond Gros Nakombo : 2.262 
Désiré Bilal Nzanga Kolingba : 73.136       /   Xavier Sylvestre Yangongo : 5.252 
Sylvain Eugène Patassé Ngakoutou : 11.322    /   Théophile Sony Colé : 3.000
Cyriaque Gonda : 3.940                                 /   Ange Maxime Kazagui : 2.058
Guy Roger Moskit : 6.372                               /   Olivier Emmanuel Gabirault : 968
Timoléon Mbaïkoua : 5.021                            /    Stanislas Moussa Kembe : 1.484
Régina Konzi Mongo : 4.326                         /   Jean Baptiste Koba : 1.467
Gaston Mandata Nguérékata : 8.950               /  Jean Serge Bokassa : 70.609
Abdou Karim Meckassoua : 16.910              / Marcel Dimassé : 5.926                   
Jean Barkès Ngombé Kette : 13.826                /  Joseph Yakité : 4.260

Selon le rapporteur général de l'ANE, Rufin Julius Ngoadé Baba, sont attendus les procès-verbaux du Tchad et une partie du Cameroun.

Des contestations à la suite de cette publication

Certains candidats à la présidentielle de 2015 contestent les résultats provisoires et partiels donnés par l'ANE depuis samedi 2 décembre. 

Dans une déclaration rendue publique ce lundi à Bangui, une quinzaine de ces candidats ont relevé, après concertation le 3 Janvier, des irrégularités, intimidations et manipulations dans les opérations électorales du 30 décembre en Centrafrique. 

Selon Régina Konzi-Mongot, candidate n°12 à la présidentielle, la rencontre des candidats du 3 janvier visait à faire le point sur les irrégularités constatées lors desdits scrutins. Ces irrégularités doivent être corrigées par l'Autorité Nationale des Élections (ANE) au plus vite.

« Durant cette rencontre, chaque candidat a évoqué les irrégularités constatées dans de nombreux bureaux de vote tant à Bangui qu'à l'intérieur du pays. On a pensé qu'il faudrait prendre le devant pour savoir comment remédier à ces irrégularités auprès de l'instance indiquée à cet effet ».

« Les opérations électorales démarrées depuis le 30 décembre 2015 ont révélé de graves insuffisances d'organisation, de multiples irrégularités et intimidations dans le déroulement du scrutin, des manipulations de nature à remettre fondamentalement en cause la sincérité, la transparence et la crédibilité du scrutin. Nous (…) refusons d'être complices de cette mascarade électorale, déclarons les opérations électorales non crédibles, exigeons purement et simplement leur arrêt au profit d'un processus concerté, invitons tous les acteurs impliqués à se mettre autour de la table pour définir les modalités pour la sauvegarde de la nation », lit-on dans le communiqué conjoint des candidats contestataires.

Réaction immédiate du gouvernement et de l'homme de la rue  

Le ministre  en charge de l'Administration du Territoire, Modibo Bachir Walidou, rejette l'idée selon laquelle les élections du 30 décembre 2015 sont entachées de fraudes. Pour lui, la loi autorise chaque candidat à se faire représenter au niveau  de l'ANE et dans les bureaux de vote. 

Le membre du gouvernement reproche aux candidats le fait de ne pas envoyer leurs représentants assister aux étapes des scrutins depuis les bureaux de vote jusqu'à la Cour Constitutionnelle de Transition en passant par l'ANE. 

« Nous fonctionnons selon un code qui a été mis en place de façon consensuelle. Les hommes politiques avaient insisté pour que dans le code électoral, il soit bien dit, au bureau de vote des représentants des candidats sont présents, ils suivent comment le vote se fait. S'ils ne sont pas là, le vote est nul. S'ils n'envoient pas, c'est leur faute. Lorsque le bureau de vote se transforme en centre de dépouillement, il faut que les représentants des candidats soient là. Ce sont eux qui, à la fin avec le président du bureau de vote avec le représentant de l'ANE, valident les procès-verbaux ».

Les Centrafricains n’ont pas tardé aussi à réagir face à la prise de position des candidats à la présidentielle. L'homme de la rue souhaite l'aboutissement de ce processus électoral afin d'avoir un nouveau président issu des urnes.

« Ces candidats qui demandent d'arrêter la publication des résultats veulent amener d'autres problèmes. Nous voulons le changement. J'accepte ce que fait l'ANE. Ce sont ceux qui ne veulent pas le développement de la République Centrafrique. Ils savent que les Centrafricains ont souffert et nous voulons par le biais de cette élection sortir de la souffrance. Les gens qui disent qu'il faut suspendre la publication des résultats, je pense que ce n'est pas bien. Nous devons finir avec tous ces problèmes une fois pour toute ».

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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 00:23

 

 

 

05/01/16 (AFP)

 

Le gouvernement centrafricain a affirmé mardi qu'il n'était "pas question" d'arrêter le processus électoral, alors qu'une vingtaine de candidats ont exigé son "arrêt" et dénoncé une "mascarade" à propos de la présidentielle du 30 décembre.

 

Plusieurs membres du gouvernement ont réagi à cette sortie, à commencer par le Premier ministre Mahamat Kamoun, qui a exhorté tous les candidats "à respecter (leurs) engagements dans l'intérêt supérieur de la nation", rappelant qu'ils avaient signé le code de bonne conduite "qui les astreint à certaines obligations de réserve".

 

"Les autorités de la transition et l'Union Européenne, l'Union Africaine, la CEEAC (Communauté économique des Etats d'Afrique centrale), la France, les Etats-Unis, la Chine, ont déployé des efforts considérables pour que ces élections soient libres, démocratiques et crédibles", a ajouté le chef du gouvernement centrafricain depuis la Primature à Bangui.

 

Il a appelé les Centrafricains "au calme, à la retenue, à la vigilance et à ne pas céder à la manipulation".

 

"Il n'est pas question (...) de stopper le processus électoral qui est lancé", a de son côté asséné peu auparavant le ministre de l'Administration du territoire, Modibo Bachir Walidou, lors d'une conférence de presse.

 

"Pour le moment, ce que l'on peut dire c'est que ces élections se sont bien déroulées", a-t-il affirmé.

 

Lundi, une déclaration commune signée par une vingtaine de candidats, soit deux tiers des candidats au premier tour de la présidentielle, a exigé "l'arrêt des opérations électorales", dénonçant "une mascarade", après la publication de résultats partiels donnant une avance confortable à un outsider, Faustin Archange Touadéra, proche de l'ex-président François Bozizé.

 

Portant sur environ 25% des votants, soit 557.747 voix, ces résultats du premier tour du 30 décembre confirmaient que le candidat indépendant faisait la course en tête devant plusieurs favoris, selon l'Autorité nationale des élections (ANE).

 

La France a appelé mardi tous les acteurs politiques centrafricains à "faire preuve de responsabilité". "Les contestations éventuelles doivent se faire selon les mécanismes prévus par le code électoral", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Romain Nadal.

 

La Centrafrique est plongée dans le chaos depuis le renversement du président Bozizé en mars 2013 par l'ex-rébellion de la Séléka, à dominante musulmane, elle-même chassée du pouvoir par une intervention internationale menée par la France dans son ancienne colonie début 2014.

 

 

COMMUNIQUE DU CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION

 

Suite à la déclaration des candidats à l’élection du 30 décembre 2015 demandant l’arrêt du processus électoral, le Président du Conseil National de Transition a organisé ce jour, Mardi 5 janvier 2016, une série de rencontre élargie aux 20 signataires de la déclaration et aux candidats non signataires, professeur Faustin Archange TOUADERA et Anicet DOLOGUELE.

 

Il ressort de ces entretiens :

 

1- Qu’il ya eu une forte mobilisation du peuple centrafricain.

 

2- Que des dysfonctionnements liés à des erreurs matérielles et problèmes d’ordres organisationnels, il en demeure pas moins que ces dysfonctionnements ne sont pas de nature à remettre en cause les résultats qui seront issus de ces scrutins.

 

Le Conseil National de Transition salue la forte mobilisation du peuple centrafricain observée à l’occasion des Elections Générales du 30 décembre 2015. Cela témoigne de sa maturité et de sa volonté de voir le pays revenir à l’ordre constitutionnel normal.

 

Le Conseil National de Transition demande en conséquence à toutes les parties prenantes aux élections, d’éviter toutes actions susceptibles de perturber le processus électoral en cours et, exhorte le Gouvernement à accompagner le processus jusqu’à sa fin.

 

Il demande par ailleurs aux candidats aux élections Présidentielle et Législatives qui se sentent lésés d’utiliser les voies de recours prévues par les textes en vigueur et de respecter les dispositions du code de bonne conduite.

 

Le Parlement de Transition exhorte enfin l’Autorité Nationale des Elections à poursuivre la proclamation des résultats provisoires comme le prévoient les dispositions du Code Electoral.

 

Les candidats à l’élection présidentielle signataires de la déclaration demandant la suspension du processus électoral, s’engagent à porter leur requête collective devant la Cour Constitutionnelle de Transition et à consolider la paix.

 

Le Conseil National de Transition en appelle à la maturité du Peuple Centrafricain et à son sens de responsabilité pour la bonne conduite du processus électoral jusqu’à son terme.

 

Fait à Bangui le, 5 janvier 2016

 

Alexandre Ferdinand N’GUENDET

Présidentielle centrafricaine: "pas question" de stopper le processus électoral selon le gouvernement
Présidentielle centrafricaine: "pas question" de stopper le processus électoral selon le gouvernement
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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 00:21

 

 

 

05/01/16 (AFP)

 

La France a appelé mardi tous les acteurs politiques centrafricains à "faire preuve de responsabilité", alors qu'une vingtaine de candidats à la présidentielle ont exigé l'arrêt des opérations électorales en cours et dénoncé une "mascarade" lors du scrutin du 30 décembre.

 

"La France appelle les acteurs politiques centrafricains à faire preuve de responsabilité (...) Les contestations éventuelles doivent se faire selon les mécanismes prévus par le code électoral", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Romain Nadal.

 

"Il appartiendra à la cour constitutionnelle de la transition de proclamer les résultats", a-t-il souligné, rappelant que les observateurs internationaux avaient salué le bon déroulement de l'élection.

 

Une vingtaine de candidats à la présidentielle, soit les deux-tiers des prétendants, ont exigé lundi "l'arrêt des opérations électorales", refusant d'être "complices" de ce qu'ils qualifient de "mascarade électorale" après la publication de résultats partiels donnant une avance confortable à un outsider, Faustin Archange Touadéra, proche de l'ex-président François Bozizé.

 

Portant sur environ 25% des votants, soit 557.747 voix, ces résultats du premier tour du 30 décembre confirmaient que le candidat indépendant faisait la course en tête devant plusieurs favoris, selon l'Autorité nationale des élections (ANE).

 

Les résultats définitifs seront rendus publics dans les prochains jours. Un probable second tour est prévu le 31 janvier.

 

Dans une déclaration commune, les candidats contestataires ont fait état de nombreuses irrégularités suite à la publication de ces premiers résultats . Certains ont mis en cause la communauté internationale, qui a poussé pour organiser le scrutin dans un pays dévasté par la violence et toujours très fragile malgré la présence des forces onusienne et française.

 

La Centrafrique est plongée dans le chaos depuis le renversement du président Bozizé en mars 2013 par l'ex-rébellion de la Séléka, à dominante musulmane, elle-même chassée du pouvoir par une intervention internationale menée par la France dans son ancienne colonie début 2014.

Centrafrique: Paris appelle les acteurs politiques à la "responsabilité"
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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 14:47

 

 

 

Bravant les difficultés matérielles, l’insécurité et les manœuvres visant à les dissuader d’exprimer librement leurs choix, trois Centrafricains sur quatre ont voté lors des élections groupées organisées le 30 décembre 2015. Au terme d’une campagne électorale où j’ai inlassablement appelé mes compatriotes au calme et au courage, je me félicite de ce niveau historique de participation. Il traduit le vœu le plus cher du Peuple centrafricain : sortir définitivement des années terribles que nous avons vécues et qui ont manqué de supprimer notre État, notre indépendance nationale et notre volonté de vivre ensemble.

 

A présent, chaque responsable politique et public centrafricain doit se montrer digne de cet élan démocratique. Le premier engagement à prendre, c’est celui du respect du vote populaire. Je le prends. Tout mettre en œuvre pour assurer le décompte transparent et sincère des suffrages, tel est notre second engagement.

 

Depuis le 30 décembre, je recueille quantité de témoignages, de documents et de preuves d’un détournement du vote à Bangui comme en province. Les suffrages qui me sont attribués en divers endroits s’avèrent souvent ridiculement inférieurs au nombre des citoyens mobilisés dans mes comités de soutien. Des procès-verbaux ont disparu. Des urnes apparaissent étonnamment vides lorsque d’autres se remplissent.


Ces cas fondent les requêtes que je compte déposer devant la Cour constitutionnelle.


Je suis déterminé à ce que leur examen aboutisse.

 

Je ne vise pas l’annulation du scrutin car ce serait insulter les centaines de milliers de mes compatriotes qui ont sincèrement désigné leurs représentants. Et demain, les mêmes causes susciteraient les mêmes effets. Je demeure cependant un militant farouche de la légalité constitutionnelle et en appelle à la Cour constitutionnelle pour dire le droit, veiller au processus démocratique et juger de la qualité des travaux de l’Autorité nationale des élections.

 

Sans cela, les Centrafricains ne se reconnaîtront pas dans celui qui présidera demain à leur destinée. Ceux qui entendent tromper ainsi les électeurs prendront la responsabilité de nouvelles crises qui pourront en découler. Je mettrais toutes mes forces dans la bataille du droit pour éviter cette catastrophe, tout autant qu’une troisième Transition. La confiance doit être rétablie. Le premier tour de l’élection présidentielle doit connaître un dépouillement et une collation des résultats reconnus par tous et certifiés par la Cour constitutionnelle.

 

Le temps viendra ensuite pour mes électeurs, pour les militants de la réconciliation nationale qui m’ont partout soutenu et pour moi-même de prendre nos responsabilités en prévision du second tour de scrutin.

 

Bangui, le 5 janvier 2016.

 

Karim Meckassoua

RCA-Elections : Karim Meckassoua en appelle à la cour constitutionnelle
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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 14:22

 

 

 

APPEL AUX CANDIDATS SIGNATAIRES DU DOCUMENT DE LEDGER

 

C’est avec consternation que j’apprends par Jeune Afrique et RFI que des compatriotes candidats aux élections présidentielles centrafricaines se sont réunis le dimanche à l’hôtel Ledger pour dénoncer le processus électoral en cours et réclamer viva voce l’arrêt pure et simple du processus. Selon eux, des insuffisances d’organisations, des multiples irrégularités et des intimidations qui auraient entachées l’organisation du scrutin sont de nature `à compromettre la véracité du verdict des urnes, et partant, à entrainer un nouvel embrasement du pays.

 

Nous comprenons que les compatriotes candidats à ces élections soient frustrés par les manquements qui ont accompagné le processus électoral ; surtout si cela aboutit à leur écartement ipso facto d’une possible participation au deuxième tour. Mais de-là à ouvrir la porte à une crise politique de trop qui pourrait compromettre la bonne marche du pays vers son relèvement de la pire des crises politiques et militaires de son histoire qui l’a frappé ces dernières années, il faut réfléchir par deux fois.

 

Les conditions dans lesquelles ces élections ont été organisées sont à ne point en douter loin d’être les meilleures. L’on ne peut pas nier qu’il y ait eu des irrégularités et des insuffisances dans l’organisation. La situation, dès le départ, était telle que ces élections ne pouvaient être organisées que dans des conditions a minima. Les fraudes en faveur des uns ou des autres étaient inévitables. Tous étaient conscients de cela. Tous avaient choisi d’aller malgré tout aux élections parce qu’il faut que le pays sorte assez rapidement de ce bourbier dans lequel il traine depuis trois ans au moins, forçant nos peuples à ployer sous le poids du fardeau de cette trop longue crise.

 

Je lance donc un appel vibrant et pressant à tous les candidats à surseoir à leurs intérêts politiques personnels et à accorder la préséance aux intérêts de la République de Boganda qui doit se relever sans plus tarder et dans la concorde. Je vous invite de tout cœur à un sursaut patriotique en évitant à la Centrafrique une crise politique inutile et de trop. L’heure est à la reconstruction nationale. Sans vouloir souscrire à une quelconque manipulation que ce soit, je me dois de reconnaitre que les deux candidats en tête ne sont pas des moindres, mais comme bon nombre d’entre vous, sont des fils du pays avec des capacités et des profils valables et intéressants pour l’accomplissement de la lourde tâche de la reconstruction nationale. Et il faudra pour cela un seul des candidats pour être le prochain Président centrafricain.

 

Il faut épargner à tout prix à la Centrafrique une autre crise politique post-électorale. Il faut arrêter d’enfreindre à la dignité centrafricaine en étalant un spectacle désolant et inutile aux yeux du monde ; le monde qui nous regarde avec espoir de nous voir prendre enfin notre destin en main avec patriotisme et un sens de responsabilité. Le peuple a donné le ton et l’exemple en sortant massivement voter, même dans des conditions sécuritaires des plus déplorables. Comme prétendant au fauteuil présidentiel, vous devez être à la hauteur du défi sous peine de se disqualifier à jamais devant le peuple. Ce peuple qui, en dépit de la paupérisation économique et anthropologique quand lui a imposé au fil des années pour mieux le manipuler, sait tout, voit tout et qui continue de faire preuve de résilience et de clairvoyance.  

 

Je crois savoir qu’un des problèmes majeurs, c’est la discordance entre le numéro des candidats sur le bulletin de vote et sur les procès-verbaux. La question que l’on peut se poser dans ce cas de figure, c’est celle de savoir si : primo, est-ce que cette confusion a contribué de toute évidence à améliorer le score de ceux qui sont en tête de course, notamment des deux premiers ? Secundo, est-ce que cette confusion a contribué à réduire drastiquement le score d’un candidat qui aurait pu être parmi les deux premiers ou même gagner les élections au premier tour ?

 

Tels sont les seuls deux scenarii qui peuvent compromettre sérieusement la véracité du verdict des urnes. Il appartient à chacun des candidats de faire son examen et de voir s’il entre dans l’un ou l’autre de ce cas de figure. Et s’il est avéré qu’un candidat aurait pu gagner mais que ses voix ont été attribuées à un autre candidat, il se doit de documenter les faits et faire suivre ses plaintes par la voie légale. Agissant ainsi, il préservera la paix et la cohésion sociales dont nous avons cruellement à cette étape de notre histoire. Il fera preuve de maturité politique.

 

En humble compatriote, soucieux du relèvement centrafricain, déterminé à voir le peuple centrafricain être rétabli assez rapidement dans ses droits à la paix, à la sécurité, à l’éducation, à la santé et au développement de sa nation,

 

Au  nom de Barthelemy Boganda qui a donné sa vie pour le bien de son peuple,

 

Au nom des nombreux martyrs de nos intérêts politiques égoïstes et des crises politiques sans fin qui en sont découlées,

 

Au nom du peuple centrafricain qui a longtemps souffert de nos mauvaises gouvernances, nos manipulations politico-politiciennes et nos mépris de la loi fondamentale sensée régir notre vie comme nation,

 

Au nom du bien commun et de l’intérêt suprême de la nation centrafricaine,

 

J’invite chacun des candidats aux élections présidentielles de notre pays et signataires du fameux document de Ledger:

 

  1. A faire preuve de fidélité au code de bonne conduite qu’ils ont signé et aux dispositions légales du code électoral ;
  2. A privilégier les moyens pacifiques et légaux mis en place pour gérer les litiges électoraux ;
  3. A apporter leur soutien à l’amélioration du processus électoral malgré ses limites et défaillances ;
  4. A envoyer vos représentants surveiller le dépouillement dans le centre de traitement de l’ANE, comme cela est requis ;
  5. A ne pas mobiliser leurs sympathisants dans la rue, mais à les encourager à la patience, au fairplay et au patriotisme ;
  6. A consentir à des sacrifices et compromis, sans compromission, pour donner à la Centrafrique et au peuple centrafricain une chance de renouer avec un futur serein et stable.

 

La Centrafrique a trop souffert des crises politiques ou militaires qui n’ont fait qu’accroitre la souffrance du peuple centrafricain. Il faut à tout prix lui éviter une crise post-électorale en suivant strictement la voie légale. 

 

Je vous remercie de votre patriotisme et de votre bonne foi.

 

Vive la République Centrafricaine et que Dieu nous bénisse.

 

Nairobi, le 5 Janvier 2016

 

Paterne A. MOMBE, SJ

Pour Eviter une Crise Post-Electorale Inutile en Centrafrique ;  par  Paterne A. MOMBE, SJ
Pour Eviter une Crise Post-Electorale Inutile en Centrafrique ;  par  Paterne A. MOMBE, SJ
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5 janvier 2016 2 05 /01 /janvier /2016 14:00

 

 

 

La Présidente Catherine Samba Panza doit terminer la transition en beauté après avoir réalisé le défi monumental d’organiser les élections présidentielles et législatives.

 

Au regard des premières tendances des résultats des élections Présidentielles communiquées par l’ANE, le peuple Centrafricain meurtri par sa  classe politique et les opérateurs économiques véreux de la tranche du libanais Ali El-Akrass du magasin RAYAN, devient de plus en plus mature.

 

Les Centrafricains se souviennent encore du sinistre Libanais qui avait brûlé en juin 2010, comme à son habitude son magasin pour accuser des fils du pays, profitant de sa double position de partenaire économique et de membre du comité des sages du parti KNK de BOZIZE. Pendant que certains fils du pays (11 personnes) ont payés par deux (2) années de leur vie dans la prison spéciale de BOZIZE communément appelée GUATANAMO à Bossembélé, et d’autres partis en exil, le libanais Ali El-Akrass non seulement s’est accaparer frauduleusement de l’immeuble BANGUI, mais a également obtenu de son associé BOZIZE une exonération de douanes et d’impôt pour une période franche de cinq (5) ans. Le centrafricain n’a pas besoin d’un schéma pour se rendre compte de la manière dont ce délinquant économique a développé ses activités après cet incendie, au détriment des caisses de l’Etat Centrafricain et de son peuple.

 

Arrivée à Bangui dans les années 80 à la demande son oncle BITAR, le sieur Ali El-Akrass vendait des fils de couture appelé communément TUBINO dans un kiosque au KM5. Beaucoup de Centrafricains l’ont vus et pourront le témoigner devant la justice le moment venu. Ce dernier s’est enrichi en Centrafrique grâce à la cupidité de certains de nos compatriotes, et le sera encore plus, vu qu’il aurait financé la campagne de plusieurs des trente (30) candidats à l’élection présidentielle en cours d’évolution.

 

 Nous prions DIEU que le prochain président qui sortira des urnes ne figure pas sur la listes de ces candidats impubères, coupables et corrompus qui ont bénéficié de la largesse du libanais. Ce nouveau Président ouvrira l’œil et le bon sur ce dernier qui met à mal nos finances publiques, depuis plusieurs décennies déjà.

 

A ces candidats irresponsables qui contestent déjà les résultats de ce scrutin présidentiel, alors qu’ils ne se sont jamais préoccupés de son appropriation dès le début du processus, nous leurs demandons de laisser tranquille notre peuple qui s’était bien évidemment exprimé dans les urnes le 30 Décembre 2015, poursuivre son combat pour la liberté et pour la paix.  

 

Pour conclure, la Présidente de Transition doit en principe terminer en beauté cette période difficile de transition qu’elle a su gérer, même au détriment de sa santé et de sa vie, en rejetant purement et simplement la demande de nomination du libanais Ali El-Akhrass comme Consul Honoraire du Liban en Centrafrique pour moralité douteuse, malgré le fait que la justice Centrafricaine demeure impuissante vis-à-vis de son emprise.

 

Eu égard à l’éveil de la nouvelle génération consciente, montante et agissante, la   requête du chiite Ali El-Akrass venu de son liban profond, né le 26 janvier 1964 au liban, fils de Hassan El-Akrass et de Hiam El-Akrass, n’est qu’une nouvelle cavalcade. Ce n’est pas sous un prétexte fallacieux du genre ‘’le Ministère des Affaires Etrangères doit à ce dernier la somme de 24 à 25 millions de FCFA pour la livraison des pacotilles de meubles’’, que toute la nation devrait se prosterner sous ses pieds. Mais en réalité, combien de milliards de FCFA ce carnivore doit-il à la République ? 

 

Et si les Centrafricains ne prennent pas garde, ce carnassier économique poussera son outrecuidance de la même manière que certains de nos compatriotes candidats à la présidentielle, pour prétendre un de ces jours, gouverner avec sa famille comme son associé BOZIZE, notre cher CENTRAFRIQUE, berceau des BANTOUS.

 

David KLIMANGO

L’homme d’affaire sulfureux, le chiite libanais Ali El-Akrass encore en embuscade avant la fin de la Transition par David Klimango
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