Par RFI 30-12-2015 à 18:44
C'était une journée très attendue et très observée, ce mercredi en RCA : les Centrafricains étaient en effet appelés aux urnes pour élire leur président et leurs représentants. Des scrutins d'autant plus attendus qu'ils ont été reportés plusieurs fois, dont la dernière fois la semaine passée en raison de problèmes logistiques. Les bureaux de vote ont ouvert à 6h, heure locale, même si de nombreux retards ont été constatés, mais la mobilisation des électeurs était au rendez-vous.
La mobilisation des électeurs est en effet très importante à Bangui. Les files d’attente ont commencé à se former tôt ce matin. Des milliers d’électeurs qui souvent sont arrivés dès l’ouverture des bureaux à 6 heures, trop tôt souvent puisque les opérations ont commencé avec du retard en raison de problèmes d’organisation.
Les opérations de vote devaient commencer à 6 heures, mais au bureau de l’Hôtel de ville de Bangui où RFI se trouvait, et qui compte quelques centaines d’inscrits, le matériel a été livré quelques minutes après l’ouverture officielle, par un camion des Nations unies. Le temps de déballer urnes, isoloirs et bulletins, de vérifier le matériel, les opérations ont pris du retard. Les observateurs étaient présents, ainsi que les mandataires de certains des candidats. Les agents, eux, étaient encore en train de compter les bulletins qu’ils ont reçus.
En général, ça va plutôt bien. La population est venue très nombreuse.
Modibo Bachir Walidou
30-12-2015 - Par Pierre Pinto
Même retard dans le deuxième arrondissement, à l’école Lakouanga qui regroupe sept bureaux de vote. Pas moins de 3 000 personnes sont inscrites ici. Les files d’attente ont commencé à se former très tôt ce matin et l’impatience se lisait chez les électeurs. « C’est comme si l’Autorité nationale des élections ne voulait pas de ce scrutin », s’est emporté l’un d’eux.
Vote dans le calme
Un peu plus loin au centre orphelinat, les agents ont fait d’abord voter les gens à la présidentielle, puis ont reçu vers 9 heures 30 les bulletins des législatives. Au PK5, à l’école Koudoukou, il manquait ce matin la moitié de la liste électorale. Alors les gens inscrits sur cette partie manquante et munis de carte d’électeur ont pu voter, mais en émargeant sur un cahier à part.
Il y a aussi de très nombreux bureaux où tout se passe normalement. C’est le cas par exemple au lycée Boganda vers Boy-Rabe ou au lycée Fatima. Partout en tout cas, les files d’attente s’étendent sur des dizaines de mètres. Mis à part l’agacement qui a pu s’exprimer de temps en temps à cause des problèmes d’organisation du début de la matinée, le scrutin se déroule depuis ce matin dans une atmosphère sereine partout à Bangui. Et les problèmes techniques que nous avons pu constater ici ou là se réglaient au fur et à mesure.
Mettre un terme à trois ans de transition
Ces élections doivent marquer une étape importante dans la quête de stabilité du pays. Elles marquent, en tout cas, la fin de trois années de transition, si l'on compte les dix mois sous Michel Djotodia qui avait pris le pouvoir par la force en mars 2013.
Deux millions d'électeurs sont appelés à choisir un président et 140 députés. La course à la magistrature suprême est assez ouverte mais des favoris se dégagent néanmoins : Anicet-George Dologuélé, qui a conclu un accord avec le KNK, le parti de François Bozizé, le patron du MLPC, Martin Ziguélé, qui a reçu lui à la dernière minute le soutien d’une frange anti-balaka et Karim Meckassoua qui espère siphonner également une partie de l’électorat boziziste. Mais des surprises pourraient venir d'outsiders sérieux : Faustin Touadéra, ou encore Désiré Kolingba.
Défi sécuritaire
A Bangui, la sécurité a été renforcée en cette journée électorale. Les casques bleus patrouillent en ville et se postent à l’entrée des centres de vote. Les militaires de l’opération Sangaris sont également visibles, tout comme d’ailleurs les forces de défense et de sécurité centrafricaines.
Tout le monde voulait éviter ce scénario du référendum du 13 décembre dernier, qui avait été perturbé par des groupes armés. Au PK5, à Bangui, il y avait eu cinq morts. Alors cette fois-ci, les chefs de guerre qui avaient promis de perturber le vote se sont manifestement ravisés. Mais les forces internationales et les autorités ont déployé les grands moyens.
L'enjeu de l'organisation
Au-delà de l’enjeu politique et historique évident pour la Centrafrique, ce scrutin doit montrer en fait si l’Autorité nationale des élections (ANE), ainsi que ses partenaires internationaux notamment, ont réussi, dans les trois jours supplémentaires qui leur ont été impartis à surmonter le défi logistique que représentent ces élections présidentielles et législatives couplées.
Le chef de la mission de l'UA, l'ancien Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye, espère que tout va bien se passer. « Nous, nous essayons de positiver les choses, explique-t-il à RFI. L’ensemble des observateurs internationaux a constaté que, à l’occasion du référendum, la population est sortie massivement, même dans des zones où les questions sécuritaires étaient les plus sensibles. »
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a appelé, de son côté, à un scrutin pacifique et crédible.
#UNSG Ban Ki-moon appelle à des élections pacifiques et crédibles demain
en #RCA. @UN_CAR @UNPeacekeepinghttps://t.co/kyJ1fqFXpj
— UN Spokesperson (@UN_Spokesperson) 30 Décembre 2015
Les attentes des Centrafricains sont, elles, nombreuses, au devant desquelles la sécurité et la bonne gouvernance.
Nous en avons marre de ces dinosaures qui viennent nous enfoncer dans la boue...
Les Centrafricains en quête de bonne gouvernance
30-12-2015
■ Jour de vote pour les réfugiés
Les réfugiés centrafricains dans les pays voisins, comme le Tchad, peuvent aussi participer à ces élections grâce à l'aide du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Au Tchad, c’est près de 13 500 réfugiés centrafricains qui peuvent voter ce mercredi. Pour ceux-là, le HCR a appuyé l’Autorité nationale des élections (ANE) dans l’organisation pratique du scrutin.
« Le HCR est en train d’aider les membres de l’ANE concernant les aspects logistiques, par exemple la construction des bureaux de vote, l’approvisionnement des lots et aussi le transport. Le HCR aide aussi les réfugiés avec des besoins spécifiques qui vivent dans les camps et qui doivent sortir de ces camps pour voter. Parce que le vote ne peut pas avoir lieu dans les camps de réfugiés », explique José Fischel de Andrade, représentant du HCR.
L’autre défi est le taux de participation. Au référendum du 13 décembre dernier, seulement 61% de réfugiés enrôlés ont pu prendre part au scrutin. Pour les organisateurs, il faut que cette fois-ci plus de réfugiés centrafricains participent à la désignation de leurs futurs dirigeants.