Processus électoral: la RCA n'ose pas encore crier victoire
Par RFI 22-02-2016 Modifié le 22-02-2016 à 04:22
On connaît désormais le nom du nouveau président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. Mais il manque encore les députés pour avoir un gouvernement complet et prêt à mettre fin à la transition actuelle.
Deux jours après l'annonce de la victoire de Faustin-Archange Touadéra, c'est un peu l'expectative à Bangui. Très rapidement après la publication des résultats, l'ONU a salué le vainqueur, tout comme François Hollande et bon nombre de dirigeants de la communauté internationale.
La discrétion du nouveau président semble avoir contaminé l'ensemble de la classe politique. Pas de grande exclamation, pas de contestation, violente ou non. Dans l'entourage du nouveau président, on se réjouit, mais avec mesure. « C'est une grande victoire, certes, mais maintenant il va falloir se mettre au travail », affirme Jean Baptiste Koba, candidat au premier tour et qui s'est finalement rallié à Faustin-Archange Touadéra.
Soulagement et attente
Un soupir de soulagement pour l'ONU. « C'est tant mieux », confie une source sécuritaire qui surveillait avec attention cet événement crucial. Depuis des jours, les patrouilles de la force française Sangaris et des casques bleus s'étaient intensifiées avec l'appui d'hélicoptères notamment.
Les Centrafricains attendent maintenant les résultats des législatives. Car un président, c'est bien, mais un Parlement c'est encore mieux, plaisante-t-on dans l'entourage de Touadéra. Avant que la Centrafrique n'obtienne ses 140 députés, il va falloir attendre encore un peu. Les résultats du premier tour sont encore en cours de dépouillement. Il faudra ensuite organiser le second round.
RCA: Dologuélé reconnaît sa défaite, mais dénonce des fraudes
Par RFI 20-02-2016 Modifié le 21-02-2016 à 04:54
Le second tour de l’élection présidentielle centrafricaine voit triompher le candidat-surprise, Faustin-Archange Touadéra. Son rival, Anicet George Dologuélé dénonce des fraudes massives et organisées, orchestrées selon lui par les autorités de la transition.
Bureaux fictifs, urnes bourrées, bulletins pré-remplis, la liste des allégations portées par le camp Dologuélé est longue. Il prend à témoin la communauté internationale, mais a choisi samedi de ne pas contester les résultats.
« Pour la paix, a-t-il déclaré, je reconnais la victoire de Faustin Touadéra et appelle mes partisans à faire de même ». Pas question de relancer les divisions et de replonger le pays dans la violence dont il peine à sortir.
Anicet George Dologuélé a même décidé de ne pas porter de recours auprès de la Cour constitutionnelle. La proclamation des résultats définitifs, qu’elle doit entériner, pourrait donc arriver plus tôt que prévu.
Faustin-Archange Touadéra va avoir la lourde tâche de renouer avec le peuple et engager une réelle réconciliation entre les communautés, avant même de s'atteler à la reconstruction du pays. Le nouveau président de la République centrafricaine n'a pas souhaité réagir à chaud samedi soir. Il devrait s'exprimer ce dimanche.
Les Centrafricains célèbre cette élection
A Bangui, les habitants sont partagés entre joie et déception. Mais cela ne les a pas empeché de faire la fête samedi soir. Tous attendent, un avenir meilleur.
Ce soir nous n'allons pas dormir, nous allons faire le tour de notre 7e arrondissement en chantant et en criant !
Les Centrafricains veulent y croire
21-02-2016 - Par Matéo Guidoux
Le soleil brillera de nouveau sur la Centrafrique
http://www.lanouvelletribune.info/ Par Eyangoh Ekolle 22 Fév 2016 à 03:31
Le cyclone de malheurs qui a soufflé en République centrafricaine depuis 2013, des vents d’affrontements : entre les populations et entre les milices, est en train de perdre de sa puissance.
Le pays a opté, à travers la proclamation samedi 20 février 2016 des résultats du second tour des présidentielles, de tourner le dos au climat de violence et d’insécurité qui a prévalu ces dernières années. Grâce au comportement et au rôle joué par les différentes composantes de la société. C’est comme si le peuple centrafricain avait suivi les recommandations que nous avons faites dans les chroniques consacrées par nous sur l’avenir du pays. Les acteurs impliqués dans le processus électoral, ont accompli comme si nous les guidions dans leurs devoirs. Les électeurs, les candidats et les institutions chargées de l’organisation des élections et de la proclamation des résultats, ont joué avec précision leur partition. C’est ce qui a donné lieu à l’aboutissement heureux marqué par la désignation d’un Président démocratiquement élu. Mention honorable donc aux électeurs qui en accomplissant leurs devoirs lors des deux tours de la présidentielle, ont permis de départager les candidats en lice.
Leur implication traduisait d’une part, le désir du retour du pays à un ordre institutionnel rationnel. Mais aussi à témoigner de leur détermination à mettre fin à la forme traditionnelle de dévolution du pouvoir dans le pays, qui était celle des coups d’Etat. Mention honorable aussi aux candidats qui ont accepté de prendre part à cette échéance électorale. Leur participation à ces deux phases des élections exprimait leur engagement à confier le pouvoir à l’un des candidats qui le conquiert régulièrement. C’est-à-dire à celui qui y accède selon les dispositions règlementaires. Certains de ces candidats au premier tour, ont eu de la peine à accepter le verdict des urnes qui les déclarait défaits. Heureusement, qu’ils ont fini par entendre raison. Et c’est avec satisfaction qu’on les a vus apporter chacun librement le soutien à l’un des deux candidats retenus au second tour. Faustin-Archange Touadéra en a été le grand bénéficiaire. Ce sont 22 candidats recalés au premier tour, qui ont battu campagne à ses côtés.
C’est ce qui lui a permis de remporter avec une avance considérable (62,71%), le second tour des présidentielles face à son adversaire Anicet Doléguélé. Celui-ci malgré sa défaite, mérite néanmoins les félicitations particulières du jury par rapport à son attitude de bon perdant. En reconnaissant sa défaite après la proclamation des résultats par l’ANE, le candidat Dologuélé a non seulement respecté le code de bonne conduite, mais aussi prouvé son désir de contribuer au retour du pays à la paix, qui n’est pas seulement une proclamation, mais surtout un comportement. Mention honorable avec félicitation du jury à l’Autorité nationale des élections (ANE) qui a capitalisé les critiques formulées par les candidats et la Cour constitutionnelle au lendemain du premier tour. En revoyant qualitativement l’organisation des élections du second tour, on saluera aussi le respect du temps imparti pour la proclamation des résultats, soit six jours au total. Le régime de transition mérite aussi la mention honorable du jury pour son implication heureuse dans l’organisation du scrutin.
Sa neutralité a certainement contribué à garantir l’objectivité des différentes institutions impliquées dans l’ensemble du processus électoral. Les résultats combinés de l’action de chaque groupe d’acteurs nous autorisent à souhaiter que le nouveau Président élu, conduise réellement le pays dans la voie de la paix, de la relance économique et du rétablissement de la sécurité. L’espoir de ce changement peut trouver son fondement dans les déclarations qu’il a faites hier dimanche à Bangui. En révélant de vouloir travailler avec son adversaire Anicet Dologuélé sur le chantier de la pacification du pays et du redécollage économique, Touadéra envoie là des signaux fort saisissants qui renseignent opportunément sur sa philosophie et sur l’orientation de son pouvoir. L’idée de partager le pouvoir avec des adversaires défaits est à encourager surtout dans un pays où les démons de la division ont presque réussi à monter les citoyens les uns contre les autres. Mais tout cela ne sera d’ici-là, plus qu’un malheureux souvenir. Les évènements de ce week-end nous permettent d’affirmer sans risque de nous tromper que le soleil brillera de nouveau sur la Centrafrique.