Nul n’est sans savoir que la France est omniprésente au Mali depuis janvier 2013 pour une guerre éclaire au Nord de ce pays. Les gouvernements malien et français avaient annoncé il y a bien de cela quelques mois la fin des djihadistes dans la région de Kidal. Mais la réalité aujourd'hui est toute autre.
Hasard du calendrier?
Le 10 décembre 2012, la République centrafricaine sombra dans le chaos; les extrémistes nigérians boko-haram, les zagghawas et baggaras, même si ces derniers furent invités par les centrafricains eux-mêmes pour renvoyer le président François Bozizé du pouvoir, vont devenir les bourreaux du peuple centrafricain. Un tombeau à ciel ouvert vient de voir le jour dans une indifférence totale de la Communauté internationale.
Aucun déploiement militaire de la Communauté internationale n'a vu le jour dans ce pays malgré l'appel au secours de l'ex-président centrafricain à son homologue français; le président François Hollande a été ferme dans sa réponse: si la France doit intervenir en République centrafricaine, ce sera uniquement pour protéger les ressortissants français et défendre ses intérêts.
Drôle de réponse. Certains observateurs politiques considéraient même qu’il n’y a pas un risque de terrorisme ou d’islamisation en République centrafricaine. D'où sortent-ils leurs arguments?
Conséquence
Après les interventions française, tchadienne et de la CEDEAO au Nord de ce pays dont on croyait que les islamistes Jihadistes étaient définitivement délogés, on vient d’apprendre que deux journalistes français viennent d’être abattus froidement et cet assassinat a été revendiqué par Aqmi, et en dépit de quoi il menace directement la France.
Faut-il conclure cependant que la guerre se répète au Nord Mali ? Cette guerre qui a fait oublier totalement la crise centrafricaine de part le monde.
La priorité de la Communauté internationale sous l'impulsion française depuis ce jour et même jusqu'à présent fut les problèmes maliens et bien d’autre tel que celui de la Syrie.
Mais c’est quoi donc cette Communauté internationale ?
Il n’y a pas si longtemps que ça, j’ai assisté à un colloque à la maison de l’Afrique dans le 5è arrondissement de Paris sur la crise Centrafricaine, je me souviens du speech d'un conférencier, un diplomate français qui a servi dans les pays africains tels que le Soudan, le Cameroun et bien d'autres et qui expliquait clairement que cette Communauté internationale aujourd’hui n’est tout simplement que le triangle France-USA-Royaume-Uni.
Elle n'est plus ce qu'elle était avant les années 90. Le système mondial depuis l'éclatement de l'URSS a totalement changé de configuration et la notion bipolaire a laissé place à l'unipolaire.
Les motivations
La France pense que l’État malien est menacé par les islamistes terroristes Jihadistes qui se trouvent au nord de ce pays. Un pays 3 fois plus grand que la France et la Belgique réunies. Alors il faut intervenir en urgence car il y a des risques d’islamisation et de la scission.
La France va amener in incognito le dossier malien devant le Conseil de sécurité et celui-ci va adopter la résolution 2085 le 21 décembre 2012. Projet de résolution validé. Mais bien avant cela, il faut reconnaître que les maliens de France n’ont pas dormi. Les manifestations étaient au quotidien devant des institutions.
Le but de la résolution
Elle va autoriser le déploiement d’une force africaine au Mali lui permettant de recouvrer son intégrité territoriale par la reconquête du Nord, tombé aux mains des narco-terroristes et en proie à des fondamentalistes. Elle répond à l’appel à l’aide du Mali et aux attentes des partenaires africains qui, au sein de la CEDEAO et de l’Union africaine, ont pris la direction des efforts internationaux pour résoudre la crise.
Le déploiement de la MISMA étant autorisé, la préparation du déploiement (génération de force, entrainement, déploiement effectif sur le terrain) doit s’engager sans tarder. De nombreux pays ont fait part de leur disponibilité
A l’initiative de la France, l’Union Européenne avait d’ores et déjà décidé d’apporter son soutien, financier et en termes de formation, à la MISMA.
Il faut signaler que suite à toutes les résolutions adoptées généralement, le Conseil de sécurité continue de suivre plus ou moins le processus de préparation d’intervention sous la surveillance de l’État membre portant le projet devant lui. Ce qui fut le cas du Mali depuis décembre 2012, au même moment où la RCA a commencé à voir noir.
Les belligérants
L’intervention malienne sera conduite avec l’aide de plusieurs contingents africains de l’espace CEDEAO essentiellement et l’appui du Tchad qui fait partie de la CEEAC mais sous une autre appellation qui est FATIM pour spécifier sa place au sein de l'opération. C’est surtout à partir de là que le Tchad d’Idriss DEBY va avoir une notoriété considérable au vu et su du travail que les troupes tchadiennes ont effectué et continuent de faire sur le sol malien. Le Tchad va donc devenir l’allié légitime de la France.
La volonté de la Communauté internationale
L’Union européenne va aider le Mali sur les plans financier et logistique. La résolution 2085 va ainsi être appliquée intégralement et l’Organisation des Nations-Unies va imposer aux maliens de faire un pas de plus sur le plan politique durant la période de la transition et aussi une mise en place d’un processus de dialogue et de réconciliation nationales avec les maliens touaregs du Nord. Un des volets importants de cette résolution c’est la lutte contre l’impunité et de respect des droits de l’Homme. Est-ce l’application par rapport à l’appel du général Sanogo? Wait and see.
Et la République centrafricaine dans tout ça ?
Ici, ce qui est similaire avec l’affaire malienne, c’est que, quelques mois après les tueries, assassinats, viols, et toute sorte d’acte de barbarie qui ont vu le jour en République centrafricaine depuis le 10 décembre 2012, la France a réagi 6 mois après même si cela a été timidement ressenti par les centrafricains de part le monde.
Certains observateurs, société civile et ONG avaient qualifié la crise centrafricaine d’une crise oubliée. Dans le cas centrafricain, il a fallu que le Groupe SOS d’ONG françaises interpelle le président François Hollande pour que ce dernier s’intéresse à la crise centrafricaine oubliée de tous, malgré que les ressortissants centrafricains de France n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme par des manifestations, rassemblements et des marches pacifiques à Paris et dans d’autres métropoles françaises.
Les similitudes et les différences
Adoption de la résolution 2085 pour le Mali le 21 décembre 2012, 11 jours après l’éclatement de la crise centrafricaine et l'adoption de la résolution 2121 pour le Centrafrique le 10 octobre 2013. Tous ses projets ont été portés devant le Conseil de sécurité de l’ONU par la France. Mais les contenus ne sont pas les mêmes.
Que disent les contenus ?
La RES 2085 prévoit :
-le déploiement d’une force africaine
-l’appel à l’aide du Mali et aux attentes des partenaires africains
-le déploiement de la MISMA autorisé (préparation et génération de force, entrainement, déploiement effectif sur le terrain)
-la présence des forces étrangères au Mali :
les noms donnés à cette intervention sont l'opération Serval pour la France, MISMA pour l'UA et la CEDEA et Forces armées tchadiennes d'intervention au Mali pour le Tchad (FATIM)
Plus de 5000 soldats français au début des opérations.
Cependant, la RES 2121 prévoit :
-le renfort de la présence des Nations unies et demander aux Nations unies de proposer des modalités de soutien à la force africaine d’où la Misca avec une limite de 3600 hommes en remplacement de la Fomac
-présence étrangère FOMAC (Tchad, Congo, Gabon et Cameroun).
-450 soldats français uniquement basés à l’aéroport.
Différences
Au Mali
Au moment où j’écris ces quelques lignes, il n’y a pas en Centrafrique une présence effective des casques bleus. Tandis qu’au Mali, la France compte plus de 2000 soldats à elle seule aujourd’hui, mais il faut dire qu’au début de la crise malienne, ils étaient plus de 5000, la zone CEDEAO comptabilise plus de 3300 soldats et le Tchad 160 soldats.
Sans oublier les 100 hommes que le gouvernement américain a envoyés dans ce pays pour surveiller les dromes en dépit de la réticence du Président américain Barack Obama dès le début de l’opération.
Après la tuerie des journalistes de RFI, la France compte aujourd’hui renforcer l’effectif de son armée au Mali.
Et en Centrafrique
Il y a pour l’heure 450 soldats français depuis le début de la crise dès mars, cantonnés juste au niveau de l’aéroport Bangui M’Poko et qui de temps en temps font patrouillent dans la capitale.
1400 soldats de la force panafricaine (FOMAC) et aucun effectif de l’armée nationale aujourd’hui puis que ces derniers, que cela soit les officiers et les soldats, tous ont été désarmés sur toute l’étendue du territoire,la police et gendarmerie comprises.
Une prévision de 250 soldats sous l’égide de l’ONU d’ici décembre pour protéger les biens de l'ONU. Lors du dernier sommet de N'Djamena, on a parlé du désarmement forcé des 20 000 hommes armés de l’ex-rébellion Séléka qui prennent plus de 4.500 millions de centrafricains en otage et ceux-ci sur toute l’étendue du territoire, une vraie utopie car des chiffres exacts n'ont pas été donnés.
Il y a néanmoins la présence américaine en Centrafrique spécialement pour traquer Joseph Kony, selon nos informations. Mais au nombre de combien ? Aucune statistique ne nous le signifie depuis. Certains parlent de 150 experts américains dans la localité de Haut-Mbomou et d’autres, de la moitié et ceux-ci peinent à attraper ce chef de guerre qui est accusé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
In fine
Il faut dire que les 7 460 à 8 000 hommes étrangers armés se trouvant au Mali le sont uniquement juste parce que le Nord-Mali est menacé de scission islamiste.
Tandis que l’ensemble du territoire centrafricain est menacé d’annexion par des Etats voisins qui ont des tendances islamistes à savoir le Tchad et le Soudan si des noms doivent être cités.
Au Nord Mali, on y trouve des jihadistes touaregs, tandis qu’en Centrafrique, on trouve les déchets terroristes nigérians boko-haram, des islamistes tchadiens et soudanais, ayant tous des rêves d’instaurer la charia dans cette partie de planète, sans oublier les mercenaires rebelles esclavagistes ougandais du chef de guerre Joseph Kony.
Que feront donc quelques 1 400 hommes contre plus de 30 000 hommes armés irréguliers sur un territoire qui s’étend sur plus de 623 000 km² ?
Et même si après décembre 2013 la Communauté internationale envoyait les 3 600 hommes comme cela a été prévu, qu’est-ce que ces derniers pourront réellement faire ? Que les scientifiques fassent le ratio.
En gros, le problème centrafricain n’est pas prêt à être résolu.
Il faudra normalement plus de 8000 hommes de cette MISCA bien dotés en armes afin de couvrir toute l’étendue du territoire centrafricain, c'est--dire les 16 préfectures, soit 500 hommes par préfecture pour combattre toutes ces armées non conventionnelles qui y règnent en maître, en toute impunité et qui prennent le peuple centrafricain en otage sur sa propre terre comme certains centrafricains le demandent.
Rocka Rollin LANDOUNG