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AFP 8 DÉCEMBRE 2013 À 08:34
La capitale centrafricaine, où patrouillent les soldats français, reprend vie mais la peur reste présente après les massacres de jeudi.
Bangui gardait dimanche matin un aspect de ville aux abois, silencieuse, rues sans animation, boulevards contrôlés par les blindés de l’armée française, comme la veille.
Selon des habitants de la capitale centrafricaine contactés par l’AFP, seuls de rares tirs isolés ont résonné dans la nuit. Dans les quartiers, les gens sortaient néanmoins de chez eux plus que les jours précédents, les fidèles espérant pouvoir se rendre aux offices dominicaux.
«On attend que les Français rentrent dans nos quartiers pour qu’on ne voit plus tous ces gens armés», expliquait un habitant, ajoutant: «quand on voit un pick-up (de combattants surarmés), on change de direction».
Dans la ville, la peur est toujours dans les esprits. «On est fatigués d’avoir peur. On veut que ça s’arrête», ajoutait un autre.
Le président centrafricain Michel Djotodia a décrété un deuil national de trois jours à compter de dimanche en mémoire des victimes des massacres qui ont fait des centaines de morts à Bangui, dans un message diffusé à la radio nationale samedi soir.
«Pour honorer la mémoire de nos concitoyens qui ont perdu la vie durant ces tragiques évènements, un deuil de trois jours sera observé à compter du 8 décembre», a déclaré le président Djotodia.
Le président a exprimé ses condoléances «à toutes les populations centrafricaines et plus particulièrement aux populations banguissoises qui ont été éprouvées par les évènements des dernières 48 heures», a encore affirmé Michel Djotodia.
Jeudi, des massacres inter-religieux ont ensanglanté Bangui, faisant près de 300 morts, selon la Croix-Rouge locale qui n’a pu accéder à tous les quartiers de la ville où les habitants ont signalé des cadavres abandonnés.
«Au moment où je vous parle, la situation est sous le contrôle des forces de défense et de sécurité (...) Plus rien ne s’oppose à la reprise des activités», a-t-il affirmé, appelant ses compatriotes à «vaquer sans crainte» à leurs occupations.
Dans la foulée d’un feu vert de l’ONU, l’opération française «Sangaris» a été lancée, sur ordre du président français François Hollande, en appui à une force africaine sur place. Paris a annoncé samedi soir que le contingent français déployé en Centrafrique allait être porté à un total de 1600 soldats.
«DÉSARMER TOUTES LES MILICES ET GROUPES ARMÉS»
L’armée française a en effet renforcé samedi dans l’urgence son dispositif en Centrafrique, avec l’arrivée de renforts terrestres dans l’ouest et un dispositif musclé à Bangui, chargés désormais en priorité de désarmer «milices et groupes armés».
Dans la matinée de samedi, près de 200 militaires de l’opération française «Sangaris», venus par la route du Cameroun, ont fait leur entrée à Bouar (ouest), où ils ont été accueillis en sauveurs par la population.
A Bangui, les soldats français sont montés en puissance dans les rues toujours jonchées de cadavres, après les tueries inter-religieuses de jeudi qui ont fait près de 300 morts.
Les soldats de Sangaris auront désormais pour mission prioritaire de mettre fin aux massacres et de «désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations», a expliqué François Hollande en annonçant l'envoi de 400 soldats supplémentaires, portant le contingent français à 1600 hommes. «Il n’y en aura pas davantage, ça suffira», a souligné depuis Paris le Président français.
Ils demeureront dans le pays «autant que nécessaire pour cette mission», et jusqu’à la tenue d’élections, a souligné le chef de l’Etat français, alors que Paris n’évoquait jusqu’à présent qu’une intervention limitée dans le temps, autour de six mois.
«On ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, a laissé faire», a par ailleurs commenté François Hollande, dans un entretien à RFI-TV5Monde, en référence au président Michel Djotodia (issu des rangs de l’ex-Séléka), censé quitter le pouvoir fin 2014 avant l’organisation d’élections.
Mesdames et Messieurs,
Depuis la nuit dernière, le Monde est en deuil. Depuis la nuit dernière, le Monde entier pleure la disparition d’un homme qui marquera l’histoire à jamais.
L’héritage que Nelson Mandela, nous laisse aujourd’hui est universel et nous avons le devoir de poursuivre la route qu’il a tracée, de prolonger le chemin sur lequel il nous a mené.
Dans nos mémoires et dans nos cœurs continuera de vivre Nelson Mandela.
Nelson Mandela fût pour son Pays, l’Afrique du Sud, un Héros, pour le Continent Africain un Symbole et pour le Monde entier un Guide.
Sa vie entière Nelson Mandela l’a consacrée à la défense des peuples opprimés, toujours aux côtés des faibles et du côté de la Paix.
Alors que se déroule en ce moment à Paris un Sommet dédié à la paix et la sécurité sur le continent Africain, je tiens à remercier les troupes françaises qui se battent depuis leur arrivée aux côtés des soldats centrafricains pour préserver la Paix et la sécurité de mon Pays.
Solennellement, au nom du peuple Centrafricain, je souhaite remercier la France et son Président François Hollande pour son soutien indéfectible dans notre combat pour la Paix, la dignité et la liberté de mes concitoyens.
Vive la République.
Fait à Bangui, le 7 Décembre 2013
Michel DJOTODIA AM NONDROKO
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Unité – Dignité – Travail
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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINES, CENTRAFRICAINS,
COMME VOUS LE SAVEZ, DEPUIS LES PREMIERES HEURES DU JEUDI 05 DECEMBRE, LA VILLE DE BANGUI A FAIT L’OBJET D’UNE ATTAQUE COORDONNEE QUI N’AVAIT D’AUTRE OBJECTIF QUE LA DESTABILISATION DE LA TRANSITION.
AVANT D’ALLER PLUS AVANT, JE ME SENS LE DEVOIR D’EXPRIMER MES SINCERES CONCOLEANCES ET TOUTE MA COMPASSION A TOUTES LES POPULATIONS CENTRAFRICAINES ET PLUS PARTICULIEREMENT AUX POPULATIONS BANGUISSOISES QUI ONT ETE DEPLOREES PAR LES EVENEMENTS DES DERNIERES QUARANTE-HUITE HEURES.
POUR HONORER LA MEMOIRE DE NOS CONCITOYENS QUI ONT PERDU LA VIE DURANT CES TRAGIQUES EVENEMENTS, UN DEUIL NATIONAL DE TROIS JOURS SERA OBSERVE, A COMPTER DU 8 DECEMBRE JUSQU’AU 10 DECEMBRE 2013.
CHERS COMPATRIOTES,
AU MOMENT OU JE M’ADRESSE A VOUS, LA SITUATION EST TOTALEMENT SOUS LE CONTROLE DES FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE. ET, JE SAISIS L’OCCASION POUR SALUER LA BRAVOURE DONT CELLES-CI ONT FAIT MONTRER; JE LES FELICITE DE LEUR COURAGE ET DE LEUR PATRIOTISME ET LES EXHORTE A PERSEVERER DANS CETTE VOIE.
PLUS RIEN NE S’OPPOSE A LA REPRISE DES ACTIVITES; C’EST POURQUOI, JE VOUS LANCE CET APPEL DE RECOMMENCER A VAQUER NORMALEMENT A TOUTES VOS OCCUPATIONS, SANS CRAINTE.
A L’HEURE ACTUELLE, DES OPERATIONS DE POLICE DE ROUTINE SONT CONDUITES, DANS UN ESPRIT DE CONFIANCE TOTALE ET MUTUELLE, AVEC LE CONCOURS DE NOS PARTENAIRES DE LA FOMAC ET DES FORCES FRANCAISES.
JE SOUHAITE DONNER L’ASSURANCE A TOS NOS PARTENAIRES DANS LE CADRE DE LA SECURISATION DU PAYS, QUE MA COOPERATION LEUR EST AQUISE SANS RESERVE AUCUNE DE SORTE A METTRE DE NOTRE COTE TOUTES LES CHANCES DE REUSSITE DE LEUR MISSION.
JE RENDS UN HOMMAGE APPUYE A TOUS LES PAYS AFRICAINS FRERES QUI NOUS APPORTENT LEUR ASSISTANCE MULTIFORME DEPUIS L’ECLATEMENT DE LA CRISE CENTRAFRICAINE.
JE TIENS EGALEMENT A EXPRIMER MES SINCERES REMERCIEMENTS ET MA PROFONDE GRATITUDE A LA France ET TOUT PARTICULIEREMENT AU PRESIDENT FRANCOIS HOLLANDE QUI A PLAIDE LA CAUSE DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE AUPRES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE. COMMENT OUBLIER UN AMI QUI VOUS APPORTE SON SOUTIEN DANS UNE PERIODE DE DETRESSE ?
DE MANIERE CONCOMITANTE A LA CRISE QUI SECOUE NOTRE PAYS, L’AFRIQUE, QUE DIS-JE , LE MONDE ENTIER PLEURE UN DE SES HEROS, EN LA PERSONNE DE NELSON MANDELA, LE PERE DE LA NATION SUD-AFRICAINE, DITE « ARC-EN-CIEL ». LA RCA NE SAURAIT ETRE DE RESTE.
AINSI, NOUS NOUS ASSOCIERONS A CE DEUIL EN OBSERVANT UN DEUIL DE TROIS JOURS A COMPTER DU VENDREDI 13 DECEMBRE JUSQU’AU 15 DECEMBRE, DATE DES OBSEQUES.
JE VOUS REMERCIE DE VOTRE AIMABLE ATTENTION.
Le contingent français en Centrafrique devrait atteindre 1600 hommes samedi soir, soit 400 de plus qu'annoncé jusqu'à présent, a déclaré le président français François Hollande. Malgré le déploiement des militaires français, les attaques contre les civils se poursuivaient dans les rues de la capitale.
Au moins 300 personnes sont mortes en deux jours de violence, jeudi et vendredi. Des affrontements entre milices ont débouché sur des meurtres à grande échelle entre chrétiens et musulmans.
Une responsable des Nations unies sur place demande que les forces françaises et africaines se déploient dans les quartiers pour y mettre fin aux tueries entre chrétiens et musulmans, et pas seulement le long des grands axes routiers de la capitale.
"Les soldats de la paix patrouillent sur les axes principaux. Cela dissuade les pillages. Mais les atrocités ont lieu à l'intérieur des quartiers", insiste Amy Martin, chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (BCAH) à Bangui.
Président dépassé
Ancienne colonie française, la Centrafrique est en proie au chaos depuis la prise du pouvoir en mars par les rebelles musulmans de la Séléka. En représailles, des milices dites "anti-balaka" se sont constituées par des chrétiens, majoritaires en République centrafricaine.
Le président par intérim Michel Djotodia, chef de la Séléka, ne parvient pas à contrôler ses forces, très instables, dont de nombreux éléments viennent du Tchad et du Soudan voisins.
Face aux massacres, environ 10'000 habitants de Bangui ont fui vers l'aéroport où sont basées les forces françaises. Des milliers d'autres se sont réfugiés dans des églises.
(ats / 07.12.2013 20h56)
PARIS - AFP / 07 décembre 2013 20h35 - L'Union africaine a décidé de porter sa force en Centrafrique (Misca) à 6.000 hommes, contre 3.600 initialement prévus, a annoncé samedi la présidence française à l'issue d'un mini-sommet à Paris sur la situation dans ce pays.
Aucune date n'a été fixée pour le renforcement de cette force, qui ne compte actuellement que 2.500 hommes sur place, sous équipés et mal entraînés.
La France a de son côté renforcé son contingent sur place à hauteur de 1.600 hommes, contre 1.200 prévus jusqu'ici, avait auparavant indiqué le président français François Hollande.
L'Onu a donné jeudi son feu vert à l'intervention française en Centrafrique en soutien à la Mission internationale de soutien en Centrafrique (Misca).
L'Union africaine, qui dispose actuellement de 2.500 hommes sur place, a décidé de porter cette force à 6.000 hommes, a indiqué l'Elysée, après la rencontre organisée dans la foulée du sommet de l'Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique qui a réuni une quarantaine de dirigeants africains à Paris.
Lors de ce mini-sommet, auquel participait le Premier ministre centrafricain de transition Nicolas Tiangaye, les autorités centrafricaines ont été incitées à mettre en place immédiatement un processus de désarmement et de cantonnement des milices et à oeuvrer pour une transition politique qui doit déboucher sur des élections le plus tôt possible, selon le communiqué de l'Elysée.
Les chefs d'Etat présents (Tchad, Congo, Cameroun, Burundi, RDCongo, Ouganda et Sud-Soudan) ont également convenu de la nécessité d'apaiser les tensions entre communautés religieuses, se sont engagés à oeuvrer en ce sens et ont appelé la communauté internationale à mobiliser les moyens nécessaires pour faire face à cette situation.
Toute en saluant l'aide importante déjà accordée par les Etats-Unis et l'Union européenne, ils ont appelé à la convocation au plus tôt d'une conférence de bailleurs de fonds pour faire face à l'urgence humanitaire et assurer un fonctionnement minimum de l'Etat Centrafricain.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon assistait également à la rencontre, ainsi que le Président du Conseil européen, Herman Van Rampuy, le Commissaire Paix et Sécurité de l'UA et des ministres de plusieurs pays africains.
(©)
RFI samedi 07 décembre 2013 à 12:21
En Centrafrique, les violences se sont multipliées vendredi faisant plus de 300 victimes selon la Croix-Rouge centrafricaine. L'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, a appelé au calme et à la retenue les assaillants qui font partie des forces dites anti-balakas et les hommes armés de la Seleka qui ont agi en représailles. Il rappelle que le pays ne doit en aucun sombrer dans des violences confessionnelles ou intercommunautaires. Vendredi, les dirigeants de groupes religieux, chrétiens et musulmans, ont rencontré ensemble le président de la transition, Michel Djotodia, pour discuter des solutions à mettre en place. Mgr Dieudonné Nzapalainga s'est notamment dit confiant du rôle bénéfique de l'arrivée des troupes françaises dans le pays.
RFI : Vous êtes à Bangui, vous avez eu vent des dernières violences qui s'y sont passées dans la capitale. Selon vos informations, quels sont les détails de ces violences ?
Mgr Nzapalainga : Ces violences nous ont tous surpris tous car, alors que les populations centrafricaines des 7e et 4e [arrondissements] et aussi du côté de PK12, étaient endormies, nous avons entendu des rafales, des coups d’armes, et nous avons constaté que beaucoup de civils étaient en débandade : des enfants, des vieillards, des adultes. Tous, ont accouru vers les églises les plus proches.
C’est ainsi qu'en la paroisse Saint-Paul où je suis, nous avons accueilli les premiers civils qui sont venus. Et nous avons vu qu’il y avait des vieillards, des malades et tous ces enfants, qui ont accouru parce qu’ils fuyaient et avaient peur. C’est la psychose, la panique, à cause des attaques. Par la suite, on nous dira que c’est les anti-Balakas qui ont lancé des attaques contre les forces des ex-Selekas.
Selon nos informations, dans certains quartiers on rapporte que ces assaillants ont effectué du porte-à-porte, jusqu’à aller tuer certaines personnes qui leur ouvraient. Ils ont également commis des pillages. Est-ce que vous avez entendu les mêmes informations ?
En effet, nous avons assisté une fois de plus à des pillages encore, à des tueries, à des actes barbares. Des actes ignobles que nous pouvons dénoncer ici, et aussi même à la destruction d’une mosquée dans le 7e. Tous ces actes, nous ne pouvons que les condamner.
Pouvez-vous confirmer qui est, selon vous, derrière ces attaques ?
On nous parle des anti-Balakas qui ont lancé une attaque sur Bangui. Vous savez qu’il y a eu des ripostes de la part des Selekas ou ex-Selekas. Et de part et d’autre, il y a eu aussi des morts.
Certains ont voulu donner une tournure religieuse en détruisant la mosquée, pour montrer que cette attaque est orientée contre les musulmans. Or, les musulmans sont nos frères. Nous devons collaborer avec eux en souvenir de notre passé harmonieux. Je regrette que ce genre d’acte soit posé, parce que derrière la mosquée vous avez des sensibilités, vous avez des personnes humaines.
Il en va de même pour une église. Aucun musulman ne doit toucher à une église ni tuer quelqu’un dans une église. On doit plutôt respecter ce lieu d’adoration, de vénération. Et je pense que c’est le moment de lancer un appel à la retenue. Lancer un appel aussi au respect de l’autre, à travers sa croyance.
Suite à ces événements, Nicolas Guerekoyame, au sein de l’Alliance évangélique de Bangui, a déclaré craindre un carnage. Est-ce que vous partagez ses inquiétudes ?
Nous espérons que chacun aura à prendre la mesure de la gravité de la situation, pour ne pas nous laisser entrer dans ce genre de spirale de vengeance. Nous devons nous ressaisir.
Aujourd’hui, Nicolas, l’imam et moi-même, devant le président de la Transition, nous avons lancé des appels à l’apaisement. Et je pense qu’il est temps de donner la chance à nos frères, à nos sœurs, de regagner leur maison. Avec la venue des forces françaises de la Misca, nous espérons que les choses vont changer et que les populations civiles seront bientôt sécurisées et protégées.
Ces actes de violence concernent la capitale Bangui. Mais des tensions ont également été relevées dans le reste du pays, notamment à Bossangoa. Avez-vous pu entrer en contact avec les populations dans d’autres régions ?
En effet, j’ai eu des informations en provenance de Bossangoa qui m’attristent aussi, car il s’agit là aussi d'actes « posés ». Cela signifie l’incendie massif de plusieurs maisons. Nous condamnons aussi ce genre de comportement.
Derrière les maisons, ce sont des vies humaines. Je dénonce, je condamne aussi, ces actes qui ont été perpétrés par les éléments ex-Selekas ou Selekas. Nous n’en savons rien, mais toujours est-il que beaucoup de maisons ont été brûlées, on me parle de 425 [personnes] sans maison. Et c’est avec beaucoup d’indignation et de consternation que je condamne ce genre de comportement.
Vous avez pu rencontrer au sein de la plateforme interreligieuse du pays, le président de la Transition, Michel Djotodia. Que s’est-il dit et êtes-vous confiant sur l’intervention des autorités ?
Le président de la Transition a été clair. Désormais, la sécurité est assurée par les Français et la Misca. Il nous l'a dit de vive voix. [C'est ] Le message qu’il a lancé, je l'ai écouté.
Je pense que le moment est venu, pour tous ceux qui étaient des éléments de la Seleka, de déposer les armes, de regagner leur lieu de casernement. Tôt ou tard, on verra si certains ont une vocation militaire, on verra s’ils ont des aptitudes, si intellectuellement, ils ont des compétences, ils regagneront une armée.
Et ceux qui n’ont pas de compétences, on pourra les aider à se réorienter pour trouver un service où ils seront utiles à la société. Tous ne peuvent pas être militaires. Je pense qu’il serait temps de le dire, aux uns et autres, pour ne pas leur vendre des illusions.
http://www.lapresse.ca 06 décembre 2013 à 09h28
Directeur du Réseau de recherche sur les opérations de paix, Jocelyn Coulon a récemment séjourné en République centrafricaine. La Presse lui a parlé hier.
Q: Vous étiez à Bangui, en République centrafricaine, à la fin octobre. Quelle était la situation à ce moment-là?
R: Dès notre arrivée, nous avons constaté que c'est un bataillon français qui contrôlait l'aéroport. Quand le gouvernement n'est pas en mesure d'assurer la sécurité de son principal aéroport, ça en dit long sur le niveau d'instabilité du pays... Durant notre séjour, la situation était calme, mais on sentait la tension. On nous a dit de ne jamais sortir de notre voiture à Bangui, de toujours aller du point A au point B sans faire d'arrêts. Aucun Occidental ne se promenait dans la rue. On ne voyait que des Centrafricains, et des miliciens Séléka armés aux carrefours. Deux jours après notre départ, des Centrafricains ont été abattus devant notre hôtel.
Q: L'ONU vient de donner le feu vert à une présence française accrue. Est-ce suffisant?
R: Les 1200 troupes françaises ne sont pas suffisantes pour imposer la sécurité dans le pays au complet, mais c'est suffisant pour venir en appui à la force africaine dans la capitale. C'est une première étape vers une expansion qui doit mener à une présence de 9000 hommes sur le terrain. Il faut dire qu'il s'agit d'un pays effondré, qui a vécu 10 opérations de paix depuis 1997... La situation actuelle ne se réglera pas en deux ans. Il faut mener une opération sur 10, 20 ans pour arriver à quelque chose.
Q: Nous assistons à une hausse de la violence entre chrétiens et musulmans. Est-ce le début d'exactions ethniques à plus grande échelle?
R: Je crois qu'il est trop tôt pour le dire. En République centrafricaine, les affrontements entre chrétiens et musulmans, c'est un phénomène nouveau. Je crois que ces violences, jusqu'ici, sont conjoncturelles. Historiquement, c'est du jamais vu au pays, où 80% de la population est composée de chrétiens.
Par Bangui (AFP) © 07/12/2013
Blindés postés aux carrefours, des paras qui patrouillent à pied: l'armée française quadrillait samedi matin les principaux axes de la capitale centrafricaine pour prévenir de nouveaux massacres.
Les premiers renforts terrestres de l'armée française ont pendant ce temps pénétré samedi matin en Centrafrique, a constaté un journaliste de l'AFP.
Venue du Cameroun, une colonne d'environ 200 soldats français a traversé la frontière dans la localité de Cantonnier (ouest de la Centrafrique), a constaté le journaliste de l'AFP, intégré dans le dispositif français.
Les soldats ont été salués par une foule en liesse massée le long de la route et qui criait "Merci! Merci!".
Assis son échoppe dans le centre de Bangui, à quelques mètres d'un Véhicule de l'avant blindé (VAB), Adolphe, vendeur d'essence au litre, témoignait: "Ca nous rassure de voir les Français. On attend la libération des Centrafricains".
Encore quelques mètres plus loin, un pick-up bondé d'hommes en armes de l'ex-rébellion Séléka, kalachnikov et lance-roquettes en main. Militaires français et combattants s'observent en chiens de faïence.
Dans le ciel, un avion de combat, très vraisemblablement français, passe à basse altitude dans un vacarme assourdissant.
Des cadavres gisent abandonnés depuis deux jours devant l'Assemblée nationale. Débordés par l'ampleur de la tâche, les personnes de la Croix-rouge continuent de ramasser les corps sans vie et mutilés qui jonchent encore certaines rues de la capitale, après les tueries massives de jeudi et les représailles qui ont suivi.
Vendredi soir, un responsable de cette organisation estimait à au moins 300 le nombre de morts. Samedi, des habitants signalaient encore des cadavres dans leurs quartiers.
Au fil des heures, Bangui renaissait cependant à la vie après ces journées de terreur. Sur les boulevards, les petits commerces rouvraient sous leurs parasols multicolores. Même si les taxis ne se hasardaient pas encore à reprendre le travail, contraignant les uns et les autres à marcher parfois des kilomètres pour aller prendre des nouvelles de parents en ville.
Dès le début de la matinée, les soldats français, qui la veille encore patrouillaient sans descendre de leurs blindés, ont montré leur force. Symboliquement, l'une de ces patrouilles est venue tourner devant l'entrée du palais présidentiel peu avant 07H30, a constaté l'AFP.
Près de 800 soldats français sont actuellement présents à Bangui. Environ 200 d'entre eux avaient été déployés jeudi matin en urgence aux carrefours stratégiques de Bangui, mais leur présence n'avait pas suffi à faire cesser les tueries dans les quartiers.
Dans la foulée d'un feu vert de l'ONU, l'opération française "Sangaris" (du nom d'un papillon rouge local) avait été lancée jeudi soir, sur ordre du président François Hollande, en appui à une force africaine sur place.
Le dispositif français devrait compter rapidement environ 1.200 hommes, selon Paris, alors qu'un millier d'hommes sont actuellement dans le pays. Près de 350 soldats avaient été débarqués la semaine dernière au Cameroun. Une colonne française devait pénétrer dans les prochaines heures par la route en territoire centrafricain.
"Il faut désarmer"
Selon des habitants interrogés par téléphone, seuls quelques tirs sporadiques d'armes automatiques ont émaillé la nuit de vendredi à samedi, sans commune mesure avec les deux nuits précédentes. Aucun bilan d'éventuelles victimes de ces tirs n'était disponible samedi en début de matinée.
Des détachements de la force africaine sont eux allés sécuriser deux églises de la ville où des habitants terrorisés vivaient reclus depuis jeudi, les environs contrôlés par des combattants armés.
Les hommes en armes étaient également nettement moins nombreux à déambuler dans la ville que les jours précédents.
La présidence centrafricaine a demandé vendredi à toutes les forces de défense et de sécurité --issues pour la plupart des rangs de l'ex-rébellion-- de regagner leurs casernes, autorisant seules les forces africaine, française et la sécurité présidentielle à patrouiller dans Bangui.
En fin de soirée, certains ont commencé à se retirer des quartiers, selon des habitants. "C'est flagrant, ils sont moins nombreux", disait l'un d'eux, ajoutant: "la présence des Français rassure".
Malgré le soulagement général dans la ville, certains demandent aux forces françaises: "il faut désarmer tous ces gens", disait un jeune homme, en montrant du regard un pick-up de combattants. Signe de la peur qui n'a pas disparu en ville, il tait son nom.
"Il faut ramasser toutes les armes dans les maisons. Il y a trop d'armes", ajoutait-il.
Après avoir subi des mois durant les exactions des ex-rebelles Séléka, pour la plupart musulmans, beaucoup à Bangui, ville très majoritairement chrétienne, aspirent à la vengeance. Cette colère des populations contre les Séléka s'est progressivement reportée contre les civils musulmans.
Jeudi, avant l'aube, de violents affrontements avaient éclaté dans la capitale, offensive des groupes armés anti-Séléka dans plusieurs quartiers. Ces violences avaient débuté quelques heures avant le vote d'une résolution à l'ONU donnant mandat à la force africaine sur place et à l'armée française pour rétablir la sécurité en Centrafrique.
La mission des militaires français, en appui de la force africaine sur place, est d'assurer "une sécurité minimum, permettant à une intervention humanitaire de se mettre en oeuvre, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Le pays a-t-il basculé dans un conflit inter religieux ? Près de 300 corps récupérés vendredi à Bangui, selon la Croix-Rouge alors que près d'un millier de soldats français étaient déployés pour tenter de stabiliser le pays.
Après les violences de grande ampleur qui ont fait des dizaines de morts jeudi dans la capitale centrafricaine, l situation restait "tendue" vendredi soir à Bangui où les militaires français ne sont aps confrontés pour l'instant à des affrontements directs. .
Les agents de la Croix-rouge, dans une odeur pestilentielle, emballaient les corps des victimes restées dans les rues dans des sacs blancs puis les plaçaient dans des véhicules, sous le regard de combattants de l'ex-Séléka, intégrés par le président Michel Djotodia dans les nouvelles forces de sécurité.
La Croix-Rouge centrafricaine, qui a récupéré près de 300 corps vendredi, a du arrêter les recherches de corps à Bangui à la tombée de la nuit et le bilan va probablement s'alourdir considérablement lorsqu'elles reprendront, selon son président Antoine Mbao Bogo. Jeudi on avait déjà dénombré plus de 100 morts dans la seule capitale.
La force française poursuit sa montée en puissance et un premier accrochage entre des soldats français et des éléments armés a fait 4 morts et 6 blessés jeudi matin parmi les occupants d'un pick-up qui avaient ouvert le feu sur la foule au sud de l'aéroport de Bangui.
Des avions Rafale ont également survolé la capitale centrafricaine à deux reprises vendredi pour une mission dissuasive. Trois hélicoptères de manoeuvre Puma venant du Gabon se sont également posés à Bangui, avec une centaine de personnes.
Laurent Fabius a précisé que le déploiement des soldats français ne concernerait pas seulement Bangui. Des éléments vont se déployer, en liaison avec les Africains dans le reste du pays, notamment à Bossangoa (à 300 km au nord de Bangui), où on craint qu'il y a eu beaucoup d'exactions", a précisé le ministre des Affaires étrangères.
Bangui vit dans la psychose de nouvelles tueries, après les massacres à grande échelle de la veille.
Dans le quartier de l'Assemblée nationale, la Croix-rouge centrafricaine a ramassé des dizaines de cadavres abandonnés dans la ville depuis les violents affrontements de jeudi, suivis de tueries, par armes à feu ou machette.
Si aucune violence de grande ampleur n'a été signalée vendredi, plusieurs milliers d'habitants de la ville étaient rassemblés aux abords de l'aéroport de la capitale centrafricaine, où l'armée française et la force africaine ont leurs bases, de crainte d'exactions dans leurs quartiers voisins de Boeing et Boy-Rabe
Excepté aux abords immédiats de l'aéroport, les rues de la capitale sont encore restées désertes toute la journée.
Après avoir subi des mois durant les exactions des ex-rebelles Séléka, pour la plupart musulmans, certains dans la capitale, très majoritairement chrétienne, pensent que l'heure de la vengeance a sonné. La colère des populations s'est progressivement reportée contre les musulmans, faisant planer le spectre de massacres à grande échelle entre chrétiens et musulmans, avec l'habituel cercle infernal des représailles.
La présidence centrafricaine a demandé vendredi à toutes les forces de défense et de sécurité de regagner leurs casernes, autorisant seules les forces panafricaine, française et la sécurité présidentielle à patrouiller dans Bangui. Sans succès puisque les picks-up bondés de soldats étaient visibles dans tout Bangui.
La Centrafrique, pays très pauvre de 4,5 millions d'habitants, est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses entre chrétiens (majoritaires à 80%) et musulmans depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka. Michel Djotodia, le chef de la Séléka, a été investi président de transition en août, puis a dissous la Séléka en septembre, mais sans parvenir à rétablir l'ordre.
Par France Inter avec agences | 06 Décembre 2013 à 20:39