2- LA PERIODE D’AJUSTEMENT DE NOS ECONOMIES
(la seconde période)
· A la fin des années 1970, les Institutions Financières Internationales (IFI) ont initié
une nouvelle approche de prêts aux pays africains, qui faisaient face à de sérieuses crises économiques et financières.
· Jusqu’à cette période en effet, les prêts octroyés par la Banque Mondiale étaient destinés
à financer des projets (barrages, centrales électriques etc.). La crise étant globale et multiforme, la Banque Mondiale a substitué aux prêts- projets, des prêts orientés vers les Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS).
· Ces PAS avaient pour objectif principal de restructurer soit l’ensemble de l’économie soit
un secteur spécifique tel que l’énergie ou l’éducation. Afin de bénéficier de ces prêts, les gouvernements devaient en contrepartie réaliser des changements importants, structurels, dans leurs
politiques et leurs institutions, afin d’en améliorer substantiellement les performances économiques.
· Ces politiques d'ajustement structurel ont pour substrat la théorie économique libérale,
qui considère que le libre marché doit présider à la fourniture de biens et de services, la concurrence devant assurer l'utilisation la plus efficace des ressources ainsi que des bénéfices plus
importants. Le mécanisme de ces PAS est appliqué partout selon une "recette courante" :
- Dévaluation de la devise,
- Promotion des exportations aux dépens des cultures vivrières,
- Libéralisation du commerce,
- Réduction des restrictions imposées aux investissements étrangers,
- Privatisations des entreprises et offices publics
· Les prêts d'ajustement structurel en sont venus à englober la majeure partie des prêts de
la Banque Mondiale (jusqu'à 53 % en 1999) alors que la nature et les modalités d'exécution des réformes d'ajustement structurel encouragées par
les Institutions Financières Internationales (IFI) ont été controversées quasi dès leur début.
· Les principales critiques faisaient ressortir les inconvénients suivants : un manque de participation des pays assistés dans la définition des problèmes à identifier et de la thérapeutique à appliquer, un manque de transparence des modes opératoires, des effets pernicieux sur les couches fragiles
de la société, des effets très négatifs sur les producteurs locaux, la dégradation de l'environnement, un modèle unique de « solutions » pour tous malgré leurs spécificités , et des
résultats plus que mitigés en matière de croissance.
· Pendant de longues années, la Banque Mondiale et le FMI ont développé l’argumentaire selon lequel il s’agissait
d’une « souffrance de court terme, pour un bénéfice à long terme ». Certes, ces programmes ont permis une certaine stabilisation économique dans beaucoup de pays, mais ils ont
également entrainé une contraction drastique de ces économies qui ont engendré diverses
crises dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’énergie, et
de l’eau, à cause entre autres d’importantes réductions de moyens en personnel, créant d’énormes problèmes socio-économiques qui ont freiné le
développement. Par conséquent, cette souffrance pronostiquée « à court terme » s’est instaurée pour plus de 20 ans, creusant les inégalités
et freinant tout développement.
3 - LA PERIODE DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE (la troisième
période)
· Devant les coûts sociaux massifs des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), les chefs d’Etat du monde réunis à Copenhague (Danemark) en mars 1995 au sommet mondial sur le développement social ont adopté la Déclaration Universelle pour l’Amélioration des Conditions Humaines et demandé à chaque pays d’élaborer des
Plans Nationaux de Lutte contre la Pauvreté, avec à la clé quatre axes prioritaires : la santé, l’éducation, l’emploi et le développement rural.
· Ces Plans de lutte contre la pauvreté ont très vite montré leurs limites quant aux moyens à mobiliser pour financer les projets sociaux. A cet effet, les Chefs d’Etat africains se sont une fois encore réunis à Libreville en 2000, sur invitation des Institutions
de Bretton-Woods pour valider une nouvelle approche. A cette occasion
la Banque mondiale et le FMI se sont engagés dans une réforme de leurs programmes pour que ceux-ci œuvrent réellement en faveur du développement. Il a été mis en avant les principes
suivants :
- la lutte contre la pauvreté doit être l’objectif premier de tous les
programmes de prêt des Institutions Financières Internationales (IFI) aux pays à faibles revenus et les progrès dans ce sens doivent être
mesurés par des objectifs et des indicateurs concrets,
- la consultation et la participation des citoyens doivent être renforcées, la Banque mondiale et FMI ne jouant principalement que le rôle de conseillers.
- Tous les bailleurs de fonds publics doivent
coordonner leur aide et leurs
programmes de prêts au travers du Cadre Stratégique de Réduction de la Pauvreté (CSRP) élaboré par le pays bénéficiaire. Il a été reconnu la nécessité d’une croissance économique forte et
soutenue afin de lutter efficacement contre la pauvreté.
· Quatre axes stratégiques ont été retenus dans les Cadres Stratégiques de Réduction de la Pauvreté
(CSRP):
- la sécurité,
- la bonne gouvernance (assainissement des finances publiques, gestion des recettes de l’Etat, code de marchés, attribution des permis miniers et forestiers, les questions de
l’économie…),
- la diversification des économies (la gestion de l’électricité, de l’eau, de routes, des pistes rurales, des
aéroports, des transports, des constructions des infrastructures étatiques et paraétatiques, des mines, des forêts….),
- le renforcement du capital humain (les questions de l’éducation, de la santé, VIH-SIDA, le paludisme, la formation des cadres, la gestion participative de la chose publique car les déficits dans ce cadre sont source de conflits……).
· D’autres initiatives en matière de stratégie de développement de l’Afrique ont été prises, notamment par des Chefs
d’Etat africains. Ces chefs d’Etat étaient inquiets du retard de l’Afrique, marginalisée au point de ne représenter que 1.7% du commerce international, dernier des continents en termes de croissance et de développement et le plus pauvre. Les Présidents Thabo MBEKI d'Afrique du Sud, Olusegun OBASANJO du Nigeria
et Abdel Aziz BOUTEFLIKA d'Algérie proposèrent le Millenium African Plan (MAP) pendant que le Président Abdoulaye WADE du Sénégal proposait le plan OMEGA. Ces deux plans furent fusionnés en un
plan unique : la Nouvelle Initiative Africaine (NIA) qui sera plus tard baptisée le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique ou NEPAD, abréviation de l'anglais New Partnership for
African Development. Ces cinq chefs d’Etat africains (Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Nigeria,
Sénégal) ont reçu mandat de structurer le NEPAD dont l’ambition est de combler le retard qui sépare l'Afrique des pays développés. Cette notion de fossé à remplir (bridging gap) est le cœur même
du NEPAD.
· Le document du cadre stratégique du NEPAD a été officiellement adopté lors du
trente-septième sommet de l'OUA en juillet 2001. Ses principaux objectifs sont :
- L’éradication de la pauvreté;
- L’adoption par les pays africains, individuellement et collectivement, de politiques
devant favoriser une croissance et un développement durables;
- L’arrêt de la marginalisation de l'Afrique dans le contexte de la mondialisation et la
promotion de son intégration complète et profitable à l'économie mondiale;
- L’accélération du renforcement des capacités des femmes afin de promouvoir leur rôle dans
le développement socio-économique.
· Les actions à mettre en œuvre pouvant permettre d’atteindre ces objectifs sont orientées
vers :
- L’agriculture;
- Le développement
humain axé sur la santé, l'éducation, les sciences et technologies, et le développement des compétences;
- La construction et l’amélioration des infrastructures, y compris les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC), l'Energie, les Transports,
l'Eau, et l'assainissement;
- La promotion de la diversité de la production et des exportations, plus particulièrement
au niveau des agro-industries, du secteur industriel, des mines, des minerais de qualité supérieure, et du tourisme;
- L’accélération du commerce intra-africain et l’amélioration de l'accès aux marchés des
pays développés;
- L'environnement.
· Toute cette stratégie s’inscrit parfaitement dans la Déclaration du Millénaire des Nations Unies en septembre 2000. Celle- ci définit huit objectifs de développement
dits Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ils
visent à améliorer les conditions de vie d'ici à 2015 et se déclinent comme suit
- Réduire l'extrême pauvreté et la faim,
- Assurer l'éducation primaire pour tous,
- Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes,
- Réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans,
- Améliorer la santé maternelle,
- Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies,
- Assurer un environnement durable,
- Et enfin mettre en place un partenariat mondial pour le développement
Le NEPAD a connu de réels problèmes de structuration, et le dernier sommet de
l’Union Africaine tenu à Addis- Abeba en janvier dernier a décidé de le transformer en une Agence de l’Union.
IIème PARTIE: LA SITUATION
DE L’AFRIQUE AUJOURD’HUI
· Nous l’avons longuement expliqué, les différentes politiques de
développement n’ont pas eu suffisamment d’impact économique et social en Afrique. L’Afrique demeure économiquement le continent le plus pauvre du
monde et les défis à relever sont toujours nombreux, devant une demande sociale toujours très forte et une jeunesse plus éduquée, connectée à l’internet et plus exigeante sur son cadre de vie que
jamais auparavant.
· Il est indéniable que des efforts importants ont été réalisés sur le plan économique par plusieurs pays, aussi bien
individuellement que collectivement au travers d’organisations sous-régionales, dont certaines font des efforts remarquables pour capitaliser des atouts collectifs et réduire des handicaps
communs. C’est ainsi qu’à juste titre, le dernier rapport des Nations Unies sur la situation économique et sociale en Afrique indique que la croissance économique de l’Afrique en 2008 a été de
5,1 %, contre 6 % en 2007, poursuivant la tendance observée ces cinq dernières années.
· . Le principal moteur de croissance en Afrique a été la hausse des cours des produits de base, notamment du pétrole.
Les pays exportateurs de pétrole ont contribué pour 61,4 % à la croissance globale du continent et ont enregistré une croissance de 5,9 % contre 4,4 % pour les pays non exportateurs de pétrole.
En plus de l’effet vigoureux de la hausse des prix des produits de base, il importe de noter les autres facteurs clefs, notamment et il faut le souligner, de bonnes politiques macroéconomiques et
des réformes institutionnelles favorables à une croissance élevée. Dans beaucoup de pays africains, l’adoption d’une politique macroéconomique saine et soutenue a permis de renforcer la confiance
des investisseurs à la fois locaux et étrangers et de stimuler la croissance.
· Par ailleurs, en renforçant la gouvernance économique et des entreprises, notamment par l’adoption de mesures pour
lutter contre la corruption, en opérant des réformes pour améliorer l’environnement des affaires et en consolidant la paix dans un grand nombre de régions en conflit, le continent a attiré des
flux importants de capitaux privés et a stimulé le développement du secteur privé. L’environnement des affaires en Afrique s’est amélioré, du fait que beaucoup de pays ont opéré de nombreuses
réformes ces dernières années.
· Finalement, l’aide plus importante fournie par les donateurs et l’allégement de la dette ont permis à de nombreux
pays de libérer des ressources à investir dans l’infrastructure, la mise en valeur du capital humain et la réduction de la pauvreté. De nombreux pays africains à faible revenu ont ainsi commencé
à diversifier leur base de production, à renforcer leurs capacités commerciales et à accroître la productivité et les exportations. En volume, les exportations de biens et de services de
l’Afrique ont enregistré une croissance de 13 % entre 2006 et 2008 tandis que les importations ont augmenté de 6,6 % durant la même période. Les termes de l’échange du continent ne se sont
cependant améliorés que de 1,4 % durant cette période.
· Le rôle joué par la hausse des produits de base, la stabilité
politique et des politiques macroéconomiques saines dans la performance de croissance de l’Afrique s’est manifesté dans les performances des divers pays. Huit des dix pays ayant obtenu les
meilleurs résultats sont des pays riches en minéraux ou exportateurs de pétrole et un pays (Libéria) est un pays qui sort de conflit. Un bon nombre des pays ayant réalisé les meilleures
performances économiques se caractérise par une meilleure gestion macroéconomique. En revanche, tous les pays qui ont réalisé les moins bonnes performances (Comores, Érythrée, Guinée, Somalie,
Tchad et Zimbabwe) ont soit connu une instabilité politique sérieuse, soit subi des chocs extérieurs ou les deux.
· Les 10 pays africains qui ont obtenu les meilleurs résultats en 2008
sont les suivants :
Angola (12,9 %), Guinée équatoriale (9 %), Libéria et Éthiopie (8 % chacun), Congo (7,8 %), République
démocratique du Congo (7,2 %), République-Unie de Tanzanie (6,8 %), Malawi (6,6 %) et Égypte et Botswana (6,5 % chacun). Par ailleurs, la performance de
la croissance continue de varier considérablement entre les sous-régions et entre les pays.
· En 2008, la croissance du PIB s’est ralentie dans trois des cinq
sous-régions du continent. La croissance a été de 5,4 % et de 4,9 % en 2008 en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale respectivement contre 5,2 % et 3,9 % en 2007 respectivement. En 2008, le
taux de croissance du PIB a baissé en Afrique du Nord (5,4 %), en Afrique de l’Est (5,7 %) et en Afrique australe (4,2 %). L’augmentation de la demande et la hausse des prix des produits de base
demeurent les principaux facteurs qui stimulent la croissance dans l’ensemble des sous-régions africaines.
· Malgré le ralentissement économique, l’Afrique de l’Est a, une fois
encore, enregistré la croissance la plus forte sur le continent au cours de la période 2006-2008. Les facteurs de croissance en Afrique de l’Est ont été notamment l’expansion de l’agriculture,
l’horticulture, et les services notamment la finance, les télécommunications et la construction. La sous-région a également bénéficié de flux d’aide considérables et d’une forte croissance du
tourisme. La croissance dans certains pays africains tels que l’Ouganda a, par contre, été entravée par des goulets au niveau des infrastructures, s’agissant spécialement de l’énergie et des
transports.
· L’augmentation des recettes pétrolières et des recettes touristiques a
impulsé la croissance en Afrique du Nord. L’Égypte a connu une croissance de 6,5 %, suivie de la Jamahiriya arabe libyenne (6,2 %), du Soudan (6 %), du Maroc (5,1 %) et de la Tunisie (4,8 %). La
croissance a fortement repris en Mauritanie (passée de 1 % en 2007 à 4,2 % en 2008), mais a chuté en Algérie (passant de 4,6 % à 3,3 %). Outre la forte augmentation des exportations de pétrole et
de minéraux qui a stimulé la consommation tant publique que privée dans la plupart des pays de l’Afrique du Nord, cette sous-région a connu un regain de la production agricole ainsi qu’un boom de
la construction dû à la forte demande pour le tourisme et les immeubles résidentiels. La croissance s’est ralentie en Tunisie, en raison des coûts des produits alimentaires et du pétrole et de la
baisse de la demande de l’Union européenne pour les exportations ainsi qu’au Soudan en raison de la chute de la production pétrolière.
· En Afrique de l’Ouest, la croissance du PIB a été vigoureuse dans la
plupart des pays, grâce a une reprise accélérée au Libéria (8 %), à l’augmentation de la production et des prix du pétrole et à la croissance dans les secteurs hors pétrole au Nigéria (6,1 %
chacun), à l’accroissement de transferts de fonds au Cap-Vert (5,8 %) et à l’expansion des activités minières en Sierra Leone (5,8 %), au Ghana (6 %)
et au Burkina Faso (4,3 %). La croissance dans la construction et le tourisme ainsi que d’importantes dépenses publiques ont impulsé une forte croissance en Gambie (5,8 %). La croissance a
également été forte au Bénin (4,7 %), marquée par une reprise des activités de réexportation, de la production de coton et de la forte croissance dans le secteur de la construction. L’intensification des activités dans les secteurs miniers et des services a notamment stimulé la croissance au Sénégal (4,6 %) et au Niger (4 %) tandis que la
croissance au Mali (3,9 %) a profité de la rapide expansion dans le secteur non minier. La performance économique a été relativement faible dans d’autres pays de la sous-région. La Guinée-Bissau
a enregistré une croissance de 3,3 % grâce à la reprise de la production agricole et à l’accroissement du soutien des donateurs, le Togo de 2,9 % en raison de l’augmentation de la production de
coton.
· La performance économique en Afrique centrale s’est accélérée, passant de 3, 9 % en 2007 à 4,9 % en 2008, du fait de
l’accroissement de l’investissement public dans les infrastructures en Guinée équatoriale (9 %), de l’augmentation considérable de la production pétrolière et des activités dans le secteur hors
pétrole au Congo (7,8 %) et au Gabon (3,9 %). La croissance est demeurée élevée à Sao Tomé-et-Principe (5,3 %) malgré les retards dans le décaissement de certains fonds des donateurs et l’impact
de la forte inflation et des coûts énergétiques élevés. La croissance s’est améliorée en République centrafricaine (4,4 %) avec la reprise du soutien des donateurs et l’amélioration de la
situation politique ainsi qu’au Cameroun (3,9 %) à la suite de travaux d’infrastructures et de l’exploitation des ressources naturelles. Malgré des améliorations, le Tchad (1 %) reste le pays qui
a obtenu les moins bons résultats dans la sous-région, en raison d’un conflit politique, du flux irrégulier des revenus pétroliers et d’une gestion peu rationnelle de ces revenus.
· La performance économique de l’Afrique australe a baissé de 6,2 % en
2007 à 4,2 % en 2008 alors que la plupart des grandes économies ont affiché des taux de croissance plus faibles. En dépit de cette baisse, l’Angola a maintenu le taux de croissance le plus élevé
de la région en 2008 (12,9 %), suivi du Malawi (6,6 %), du Botswana (6,5 %), du Mozambique (6,2 %), de la Zambie (5,9 %), de Maurice (5,4 %), du Lesotho (5 %) et de la Namibie (3,5 %). La
croissance du PIB a fortement baissé en Afrique du Sud (passant de 5,1 % en 2007 à 3,1 % en 2008) et est restée faible au Swaziland (2 %) tandis que l’économie du Zimbabwe a continué à se
contracter (-4,5 %).
· Sur le plan social, l’Afrique a continué de réaliser des progrès considérables en enregistrant des résultats
notables dans des domaines tels que le nombre d’élèves scolarisés dans l’enseignement primaire, la vaccination contre la rougeole, l’utilisation de moustiquaires imprégnées, la réduction des taux
de prévalence du VIH dans certains pays et des aspects de l’égalité entre les sexes. Très peu de progrès a cependant été enregistré dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de
l’élimination de la faim, de la mortalité maternelle et du traitement des disparités fondées sur le sexe, le revenu et l’invalidité.
· Les données relatives à la pauvreté en Afrique sont incomplètes, ce qui rend particulièrement difficiles un suivi et
une évaluation de près des progrès réalisés aux niveaux national et régional dans l’élimination de la pauvreté. Selon des estimations récentes, le nombre de personnes vivant dans une extrême
pauvreté en Afrique subsaharienne (sur la base du nouveau seuil de pauvreté international de 1,25 dollar des États-Unis par jour) a pratiquement doublé, passant de 200 millions en 1981 à 380
millions en 2005. Dans le même temps, le chômage n’a reculé que de façon marginale, baissant de 8,5 % en 1997 à 8 % en 2008, les prévisions étant qu’il connaîtra en 2009 un net accroissement en
raison de la récession économique mondiale.
· Le fardeau des emplois vulnérables continue de peser lourdement sur les femmes, qui travaillent encore
principalement dans les secteurs agricole et informel. C’est un fait que le peu de progrès en Afrique dans le développement social concerne plus les groupes marginalisés et vulnérables, notamment
les femmes, les personnes âgées, les jeunes, les personnes handicapées, les orphelins et enfants vulnérables, les personnes déplacées et les populations autochtones. L’exclusion de ces groupes de
la société se traduit non seulement par de faibles revenus et des perspectives moins favorables sur le marché de l’emploi, mais aussi par leur niveau d’instruction plus faible, leur mauvais état
de santé et leur sous-représentation dans la vie politique et la prise des décisions.
· Parmi les principaux défis à relever pour favoriser l’inclusion sociale des groupes vulnérables, figurent le
non-respect des engagements pris et la non-exécution des politiques adoptées, l’insuffisance des ressources financières allouées aux programmes sociaux, le déficit en capacités techniques, le
manque de données pertinentes pour appuyer les politiques, les guerres et les conflits, etc. La nécessité d’une inclusion sociale des groupes vulnérables et marginalisés et d’un renforcement des
systèmes de protection sociale a été rendue plus urgente encore par les récentes crises alimentaire et énergétique et par la récession économique mondiale.
· Le taux de scolarisation est resté insuffisant (en dépit de quelques progrès réalisés) à cause du manque de
ressources pour faire face aux coûts, les travaux ménagers (en particulier pour les filles), les mariages précoces, le travail des enfants, les grossesses précoces, la médiocre qualité de
l’enseignement et les longues distances à parcourir pour se rendre à l’école. Il importe de veiller à ce que les enfants les plus vulnérables et les plus marginalisés soient scolarisés et restent
à l’école, en mettant en œuvre des programmes et interventions ciblés en faveur des ménages pauvres et des filles.
· Sur le plan sanitaire, grâce à de vastes programmes de prévention ciblés, le taux de prévalence du VIH a été
stabilisé ou a baissé dans la plupart des pays africains (ONUSIDA, 2008).
Le taux de prévalence du VIH chez les adultes en Afrique subsaharienne a baissé de
5,8
% en 2001 à 5 % en 2007. Le taux de prévalence chez les adultes est plus faible en Afrique du Nord (moins de 1 %) et plus élevé en Afrique australe, où, en 2007, il était supérieur à 15 % dans sept
pays. Le VIH/sida reste la principale cause de morbidité et de mortalité des adultes sur le continent. Cependant, dans de nombreux pays de la
région, des signes positifs de changement dans les comportements apparaissent, qui font entrevoir une
stabilisation de l’épidémie, en particulier parmi les jeunes (15-24 ans). L’adoption de comportements sans risque a eu pour résultat une diminution du nombre de nouvelles infections au Rwanda et
au Zimbabwe. Ce changement dans les comportements est particulièrement encourageant, les jeunes ayant retardé le début de l’activité sexuelle dans sept des pays les plus touchés (Burkina-Faso,
Cameroun, Éthiopie, Ghana, Malawi, Ouganda et Zambie)
Suite à la baisse des prix des médicaments antirétroviraux, sur 4,6 millions d’Africains vivant avec le
virus et ayant besoin d’antirétroviraux, près du tiers se trouvent sous traitement. Pris ensemble, le nombre de personnes recevant un traitement antirétroviral en Afrique centrale, en Afrique de
l’Est, en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest a augmenté en passant de 100 000 en 2003 à 2,1 millions en 2007 (ONUSIDA, 2008).
· Le paludisme demeure la principale cause de la mortalité post-infantile et de l’anémie des femmes enceintes en
Afrique. Même si les données concernant les taux d’incidence du paludisme et de mortalité due à cette maladie sont incomplètes, la couverture assurée au travers des interventions clefs de lutte
antipaludique s’est accrue dans plusieurs pays grâce à la disponibilité de financements et à la plus grande attention accordée dans chaque pays à la lutte antipaludique. Deux tiers des pays
africains ont adopté des politiques concernant notamment l’utilisation de médicaments efficaces contre le paludisme. Depuis 2007, 25 pays mettent en œuvre une politique de traitement consistant
en un traitement combiné à base d’artémisinine, 20 de ces pays ayant procédé à un changement de politique avec l’abandon à l’échelle nationale du recours à la chloroquine (Commission de l’Union
Africaine et OMS, 2008). Selon les données disponibles, l’utilisation de moustiquaires imprégnées pour les enfants de moins de 5 ans s’est améliorée dans les zones à risque de l’Afrique
subsaharienne en passant de 2,1 % en 2001 à 5 % en 2005 et 8% en 2007 (ONU, 2008a).
· Les maladies pouvant être évitées et la malnutrition restent les principales causes des taux élevés de mortalité
infantile et d’enfants de moins de cinq ans. Le continent a toutefois enregistré une baisse des taux tant de la mortalité infantile que de celle d’enfants de moins de cinq ans. Entre 1990 et
2007, les taux respectifs de mortalité infantile et d’enfants de moins de 5 ans ont baissé de 111 et 187 pour 1 000 naissances vivantes à 89 et 148 en Afrique subsaharienne et de 58 et 79 à
36 et 46 en Afrique du Nord. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale ont enregistré les taux de mortalité les plus élevés et le taux de baisse le plus faible (1,2 %), par comparaison à celui
de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (1,7 %) et à celui de l’Afrique du Nord (3,2 %). Par ailleurs, une grande variation existe à l’intérieur des pays, des taux élevés de mortalité
ayant été enregistrés pour les familles rurales et pauvres.
· De même, la mortalité maternelle a été considérablement réduite en Afrique du Nord, où elle a baissé de 250 pour 100
000 naissances vivantes en 1990, à 160 en 2005. Mais la mortalité maternelle reste par trop élevée dans le reste du continent.
En 2005, le taux de mortalité maternelle s’élevait à 760 (alors qu’il était de 790 en 1990) en Afrique
de l’Est et en Afrique australe, et à 1 100 (soit le même taux qu’en 1990) en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale (OMS, UNICEF, FNUAP et Banque mondiale, 2007). En outre, le risque que
court une femme de mourir en couches au cours de son existence est par trop élevé en Afrique subsaharienne, où ce risque est de 1 sur 23, comparé à seulement 1 sur 140 pour l’Afrique du Nord, 1
sur 92 dans le monde et 1 sur 8 000 dans les pays industrialisés. De toute évidence, les progrès réalisés dans la réduction de la mortalité maternelle en Afrique subsaharienne ont été
négligeables, même si des disparités importantes, dues à des différences de revenus et à d’autres facteurs, existaient d’un pays à l’autre. ( A suivre)