Survie 16 février 2010 par Odile
Tobner
A partir du XVIe siècle l’Europe occidentale lance à son profit la
mondialisation. Ses vaisseaux sillonnent bientôt toutes les mers du globe. Elle s’empare de l’Amérique, puise des esclaves en Afrique pendant quatre siècles, avant de s’emparer des territoires
africains à la fin du XIXe siècle. Cette histoire de l’Afrique est encore aujourd’hui enseignée à partir de la vision du seul conquérant, présenté comme donnant naissance à « toute une partie de la planète qui n’existait pas jusque là », simplement parce qu’elle n’existait pas pour les Européens. L’histoire
précolombienne en Amérique, l’histoire précoloniale en Afrique, sont des appendices de la préhistoire, traitées par les anthropologues et les ethnologues avec une suffisance
paternaliste.
Au XXe siècle, au faîte de sa puissance, l’Europe se dévore elle-même en deux
guerres mondiales abominables qui sonneront le glas de sa prééminence. La colonie anglo-américaine, qui s’était précocement détachée de la métropole à la fin du XVIIIe siècle, prend au XXe siècle
le relais de la puissance européenne dans la domination mondiale, tandis que l’appendice eurasiatique des empires russe et chinois résiste à l’abri du socialisme.
À l’issue de la deuxième guerre mondiale les grands empires coloniaux sont
ébranlés. L’implosion de l’Europe autour du noyau dur allemand a été à l’origine de la grande recomposition de la seconde moitié du XXe siècle. L’émancipation des colonies se fait sur fond
d’affrontement idéologique et impérialiste Est Ouest. Le feu des guerres coloniales embrase ce qu’on appelle désormais le Tiers Monde.
En France, au mythe de la colonisation civilisatrice succède celui de la
décolonisation pacifique
L’exaltation et l’orgueil nationaux survivent à l’échec de l’une et de l’autre,
dans un effort de dissimulation pathétique, qui nous vaut à l’heure actuelle des débats aussi anachroniques que celui sur l’identité française, au lieu d’effectuer une radicale et salutaire
clarification de l’histoire entre vainqueurs et vaincus destinés, paraît-il, à cohabiter dans l’égalité. Nous en sommes loin. Le geste magistral et profanatoire de Cheikh Anta Diop, reprenant possession de l’histoire de son continent, dès les années cinquante, a été puni d’un ostracisme résolu et persistant. L’histoire
doit toujours être faite par les anciens maîtres, qui entendent le rester coûte que coûte.
Le fameux discours de Brazzaville du général de Gaulle, le 30 janvier 1944, s’en tient seulement à proposer une adaptation de la domination. Avec la conviction d’une grande magnanimité il préconise
d’admettre l’indigène à partager son propre gouvernement. Après la deuxième guerre mondiale, le gouvernement provisoire de la France, par une ordonnance du 22 août 1945, établit que les élections
auront lieu dans l’Empire français au double collège, celui des citoyens, français métropolitains, et celui des autochtones. En avril 1946 l’assemblée constituante abolit le code de l’indigénat
avec le travail forcé et la justice indigène spéciale. La loi Lamine Gueye accorde théoriquement la citoyenneté aux habitants des colonies. La
constitution de la IVe république, ratifiée le 27 octobre 1946, institue l’Union Française, qui remplace l’Empire français. Les anciennes colonies deviennent des territoires ou des départements
d’Outre Mer. Les anciennes colonies allemandes sous mandat de l’ONU, Togo et Cameroun, sont intégrées à l’Union française. Mais les massacres de Sétif le 8 mai 1945, le jour même de la
capitulation de l’Allemagne, la répression de l’insurrection de Madagascar en 1947 puis le déchaînement des terribles conflits indochinois, de 1946 à 1954, et algérien, de 1954 à 1962, montrent
la réalité et la détermination de l’ambition impériale qui subsiste intacte sur le fond.
Les aspirations des colonisés à une légitime émancipation ont toujours été
considérées comme des agressions injustifiées contre la puissance française
Traque des syndicalistes, poursuites contre les nationalistes autochtones,
interdictions des partis et des publications anticolonialistes sont le pain quotidien des futures ex-colonies. Les concessions sont accordées chichement. En 1956 la loi Defferre, du nom du ministre de l’Outre-Mer, dite aussi loi-cadre parce qu’elle n’édicte rien mais laisse toute latitude au gouvernement de légiférer par
décrets, met en place, un semblant d’autonomie.
De Gaulle, arrivé au pouvoir en mai 1958, propose au référendum, en octobre 1958, la constitution de la Ve république prévoyant, dans son titre XIII, une structure rassemblant
la France et ses anciennes colonies dans une Communauté qui se substitue à l’Union française. Seule la Guinée, sous l’impulsion de Sékou Touré, répond
« non » à ce référendum et accède immédiatement à l’indépendance. La communauté sera éphémère. En 1960 la nécessité d’une indépendance nominale pour les anciennes colonies s’impose. Le
tour de passe-passe gaulliste consiste à prendre la tête d’un mouvement inévitable et à instituer des indépendances telles que la souveraineté politique, économique et militaire de la France
demeure sur ses anciennes colonies. Les conseillers français sont présents partout. Le Franc de la Communauté Française d’Afrique est géré par le Trésor français, l’armée française est garante de
l’ordre dans les nouveaux Etats. La nouvelle situation présente même bien des avantages en faisant faire à la France l’économie de l’administration coloniale tandis que les instruments de
l’exploitation restent intacts. L’accès aux matières premières et l’alignement diplomatique sont garantis. Tous les contrevenants seront punis par des coups d’État ou des assassinats, alors que
les fidèles seront défendus contre les mouvements populaires. L’histoire de la Françafrique à la Foccart s’ouvre pour un
demi-siècle.
Un simple rappel des faits permet de réfuter le tableau officiel idyllique de
l’accès à l’indépendance des pays subsahariens, tel qu’il est peint par Jacques Toubon : « Une décolonisation réussie, parce que c’est une décolonisation qui s’est faite par consentement mutuel, la volonté de ces pays de ces territoires, après
la loi cadre de 1957, après la marche vers l’autonomie de 1958, après la constitution que le général de Gaulle a fait adopter en 1958, d’accéder à l’indépendance pleine et entière d’états
souverains, secondés par la France, à ce moment-là, et soutenus par elle tout au long de ces 50 années ». La réalité est tout autre et le résultat de cette collaboration est hélas
très visible.
1er janvier 1960, l’indépendance du
Cameroun est proclamée
Le premier président est Ahmadou
Ahidjo, qui avait été ministre de l’intérieur puis premier ministre sous le régime d’autonomie interne instauré en 1956. Installé au pouvoir par le gouverneur Jean Ramadier, il conduisit la répression contre l’UPC, parti indépendantiste, traduite par une guerre féroce, avant et après l’indépendance, avec un corps
expéditionnaire français, de 1956 à 1971, qui fit plusieurs centaines de milliers de morts. Ahidjo quitte le pouvoir en 1982 en faveur de son premier
ministre Paul Biya qui s’est succédé à lui-même depuis en réprimant dans le sang une tentative de coup d’Etat militaire, en 1984, et plusieurs
mouvements de revendications populaires, en 1992 et en 2008.
27 avril 1960, le Togo accède à
l’indépendance
En 1958 le parti indépendantiste avait remporté les élections. Son leader
Sylvanus Olympio devient le premier président. Il est renversé et assassiné dans un coup d’Etat le 13 janvier 1963. Nicolas Grunitzky lui succède, sera lui-même chassé en 1967 et mourra dans un accident à Paris en 1969. L’artisan des coups d’Etat de 63 et 67, l’ex sergent de
l’armée française Gnassingbé Eyadema prend le pouvoir, instaure un parti unique le RPT et réprime toute opposition. Il reste au pouvoir jusqu’à sa
mort le 5 février 2005. Son fils Faure Gnassingbé lui a succédé lors d’une élection contestée qui a provoqué des dizaines de
morts.
26 juin 1960, la république de
Madagascar est instaurée
La grande révolte de mars 1947, écrasée dans le sang de dizaines de milliers de
Malgaches, a durablement marqué les esprits. Le premier président Philibert Tsiranana, protégé de la France ne surmontera pas l’hostilité de la
population et quitte le pouvoir en 1972 en faveur d’un militaire chargé de faire l’Union nationale. En 1975, après l’assassinat du populaire général Rasimandrava, le capitaine de corvette Didier Ratsiraka instaure un régime autoritaire se disant révolutionnaire,
à la fois pro soviétique et non aligné. Il se maintient jusqu’en 1993. Après un intermède parlementaire jusqu’en 1996, Ratsiraka est réélu. En
décembre 2001 Marc Ravalomanana l’emporte mais ne peut faire reconnaître sa victoire qu’en juillet 2002, après six mois de manifestations populaires.
Réélu en décembre 2006, Ravalomanana se heurte en 2008 à l’opposition du maire de Tananarive. Il est contraint à quitter le pouvoir qui est confié à
un comité militaire.
1er août 1960 : Le Dahomey devient
indépendant
Hubert Maga est son premier président. Il est poussé à démissionner en 1963 par le colonel Christophe Soglo, qui le remplace d’abord
par Sourou Migan Apithy et prend le pouvoir lui-même en 1965 jusqu’en 1967. Alphonse Amadou Alley, Emile
Derlin Zinsou, Paul-Emile De Souza se succèdent au pouvoir. Hubert Maga revient de 1970 à 1972. Le capitaine Mathieu Kérékou prend alors le pouvoir et engage le régime dans la voie marxiste. En 1975 le Dahomey devient le Bénin. Kérékou échappe à plusieurs tentatives de coup d’Etat mais ne tombe jamais dans la répression. En 1977 un débarquement de mercenaires menés par Bob Dénard, parti du Gabon pour renverser le régime échoue. En 1990 le Bénin est le premier pays à organiser une conférence nationale. En 1991 Nicéphore Soglo est élu président. Mathieu Kérékou revient au pouvoir en 1996, est réélu en 2001. En 2006 c’est
l’économiste Yayi Boni qui gagne l’élection présidentielle. Le Bénin, pauvre en ressources, a, semble-t-il évolué de façon relativement
autonome.
3 août 1960 : Le Niger devient
indépendant
Il est présidé de 1960 à 1974 par Hamani Diori, un des fondateurs de la francophonie. En 1970 on découvre l’importance des gisements d’uranium au Niger. La COGEMA française, devenue AREVA les
exploite à partir de 1971. En 1974 Hamani Diori veut indexer le cours de l’uranium sur celui du pétrole. Un ancien sergent de l’armée française
Seyni Kountché, le chasse par un coup d’Etat le 15 avril 1974 et demeure au pouvoir jusqu’à sa mort en 1987. Après des progrès démocratiques dans les
années 90, l’actuel président Mamadou Tanja vient de créer une crise politique en changeant les institutions pour se maintenir au
pouvoir.
5 août 1960 : La Haute Volta,
cette région qui avait fait partie de la Côte d’Ivoire puis en avait été séparée, accède à l’indépendance
Le premier président Maurice
Ouédraogo s’associe, dans le Conseil de l’Entente, à la Côte d’Ivoire au Dahomey et au Niger. En 1966 le colonel Sangoulé Laminaza prend le
pouvoir et s’y installe comme président jusqu’au coup d’Etat du colonel Saye Zerbo en novembre 1980. En septembre 81 le capitaine Thomas Sankara devient secrétaire d’Etat chargé de l’information. Il démissionne en 82. Le 7 novembre 82 le médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo prend le pouvoir. Le très populaire Sankara devient premier ministre en janvier 83. Il est
arrêté en mai. Libéré sous la pression populaire il proclame le CNR (Conseil National de la Révolution le 4 août 1983. Le 4 août 84 le pays devient le Burkina Faso. Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné. Blaise Compaoré prend le pouvoir, qu’il détient toujours. Le pays est avant-dernier
mondial à l’indice de développement humain.
7 août 1960 : La Côte d’Ivoire
devient indépendante
Son histoire est marquée, avant et après l’indépendance, par la personnalité de
Félix Houphouët Boigny. Anticolonialiste dans sa jeunesse militante, Houphouët devint le plus francophile des dirigeants africains. Sa longue
présidence de la Côte d’Ivoire, de 60 jusqu’à sa mort en 1993, ne fut pas tout à fait paisible. Il réprima de nombreuses contestations intérieures, ourdit plusieurs complots contre des dirigeants
africains, tels que Sékou Touré, Kwame N’krumah et passe pour avoir fomenté l’assassinat de Thomas Sankara. Il soutint la sécession désastreuse du Biafra, le coup de force raté contre le Bénin progressiste et entretint des relations avec l’Afrique du
sud raciste dont il reçut les dirigeants. Le fameux « miracle ivoirien » de l’explosion économique se révéla un trompe l’œil, avec une croissance sans développement, profitable aux
seuls capitaux étrangers. Le règne de ce partisan de l’ordre se termina dans le scandale et le chaos. Il laissa une fortune personnelle colossale et un État fragile. Son successeur Konan Bédié fut chassé par le général Robert Gueï. Les élections qui suivirent mirent au pouvoir l’opposant
Laurent Gbagbo. La crise politico-militaire de 2002, avec la tentative de coup d’État, la partition de la Côte d’ivoire et l’intervention de l’ONU,
n’est toujours pas résolue. Le pari sur l’avenir qu’on dit avoir été lancé par Houphouët à N’krumah en 1958 – l’un choisissant une pleine
indépendance, l’autre la coopération avec la France – a été largement gagné par le Ghana. Dans le dernier classement selon l’indice de développement humain fait par l’ONU, la Côte d’Ivoire est
166e sur 177 et le Ghana 135e.
11 août 1960 : Le Tchad accède à
l’indépendance sous la présidence de François Tombalbaye, cornaqué par le Commandant français Gourvenec qui s’occupe de sa sécurité
Le Dr Outel Bono, opposant, sera
assassiné en France en août 1973. Tombalbaye sera lui-même assassiné en 1975. Le général Malloum lui
succède avant que le rebelle nordiste Goukouni Oueddei ne prenne le pouvoir en 1979 avec l’aide des Libyens. Ce dernier est renversé à son tour en
1982 par l’ex-rebelle Hissène Habré aidé par les Français. En 1990 Idriss Déby, adjoint de Hissène Habré, le supplante au pouvoir, qu’il a gardé depuis. La France a toujours été militairement présente au Tchad, où elle possède une base à l’aéroport
de Ndjaména, anciennement Fort-Lamy. Peu peuplé, avec moins de 10 habitants au km2, le Tchad bénéficie depuis 2003 d’une rente pétrolière considérable. Il n’en reste pas moins placé 170e sur 177
à l’indice de développement humain en 2008.
13 août 1960 : La République
Centrafricaine, ancien Oubangui Chari à l’époque coloniale devient indépendante
Un an avant l’homme politique exceptionnel qu’était Barthélémy Boganda, qui conduisait le pays, était mort dans un accident d’avion. David Dacko lui succède. Il est
renversé en 1965 par le capitaine Jean-Bedel Bokassa, ancien officier de l’armée française qui imposera un régime extravagant et sanguinaire jusqu’en
1979, où il est évincé par les services français eux-mêmes, qui ramènent David Dacko. En 1982 ce dernier est chassé du pouvoir par le général
André Kolingba. En 1993 Ange-Félix Patassé remporte la première élection multipartite. Il est renversé
par un coup d’Etat du général Bozizé en 2003. Comme au Tchad la présence militaire française a été constante et reste déterminante. L’État
centrafricain est lui en totale déréliction.
15 août 1960 : Le
Congo-Brazzaville devient indépendant, sous la présidence de l’abbé Fulbert Youlou, soutenu par le
colonat local et par l’armée française
Les 13, 14 et 15 août 1963 des manifestations populaires, protestant contre la
corruption du régime, le poussent à la démission. De Gaulle n’ayant guère de sympathie pour ce prêtre défroqué et polygame la France n’intervient pas.
Alphonse Massamba Debat, réputé pour son intégrité est élu président. Il gouverne jusqu’en septembre 1968 où il est renversé par le commandant
Marien Ngouabi qui établit un régime marxiste et un parti unique le PCT (Parti Congolais du Travail) jusqu’à son assassinat en 1977. Peu après
l’ancien président Massamba Debat est arrêté et exécuté. La présidence du comité militaire est assurée par le général Yhombi Opango. Le 8 février 1979 le comité central du PCT dissout le comité militaire et nomme le colonel Denis Sassou
Nguesso président du parti et du pays. En 1990 le pays prend le tournant du multipartisme. L’élection présidentielle qui suit, en 1992, est remportée par Pascal Lissouba. Mais le pays est livré aux milices. La guerre civile fait rage en 1997 et Sassou Nguesso remporte
la victoire par les armes contre l’État légal. Il se proclame président le 25 octobre 1997. Il a depuis conservé le pouvoir. La politique congolaise est dominée par l’exploitation du pétrole,
découvert en 1970, exploité depuis 1972, essentiel depuis 1974. L’ascension de Denis Sassou Nguesso, dans l’ombre de Marien Ngouabi, suit la même courbe.
17 août 1960 : Le Gabon accède à
l’indépendance présidé par Léon Mba, mis en place par les forestiers français
L’armée française le rétablit au pouvoir lorsqu’en 1964 il est chassé par
Jean-Hilaire Aubame. Aucun pays n’a été aussi directement lié à Paris qui en a fait sa base africaine d’intervention. Second du pouvoir dès 1965,
Albert Bongo succède à Léon Mba en 1967 et conserve le pouvoir jusqu’à sa mort à Barcelone le 8 juin
2009. Il a su corrompre ses opposants mais le plus valeureux, Germain Mba, a été assassiné en 1971. Le fils de Bongo, Ali Bongo, vient de lui succéder dans une élection douteuse. Depuis les années 70 le pétrole représente
l’essentiel de l’économie gabonaise. La rente pétrolière n’a pas servi au développement du pays qui est resté sans infrastructures ni équipements, mais à l’enrichissement du clan Bongo et des ses alliés français, hommes politiques et hommes d’affaires.
20 août 1960 : Le Sénégal proclame
son indépendance
La fédération du Mali, formée du Sénégal, du Soudan français, n’aura duré que
quelques mois, après que la Haute-Volta et le Dahomey l’ont quittée dès ses premiers jours, sabotée, dit-on, par Houphouët Boigny. Le président est
Léopold Sédar Senghor, écrivain, très attaché à la France, père de l’institution de la francophonie. Il réprimera durement des mouvements étudiants et
syndicaux. L’assassinat du brillant Omar Diop Blondin en prison entache son pouvoir. Senghor démissionne
en 1980 au profit de son premier ministre Abdou Diouf. Ce dernier est président jusqu’en 2000, où il est battu à l’élection présidentielle par Abdoulaye
Wade.
22 septembre 1960 : L’ancien
Soudan français devient indépendant sous le nom de l’ancien empire du Mali
Il est dirigé par Modibo Keita,
homme politique progressiste et panafricain, un des pères de l’OUA en 1963. Celui-ci est renversé par un coup d’Etat militaire en 1968, par le général Moussa Traoré qui impose une dictature féroce. En 1977 Modibo Keita meurt en détention de façon suspecte. En 1992
après la répression sanglante de la revendication de démocratisation, un coup d’Etat militaire mené par le colonel Amadou Toumani Touré le chasse et
organise la première élection multipartite remportée par Alpha Oumar Konaré, réélu en 2007. Amadou Toumani
Touré lui succède en 2002 et est réélu en 2007.
28 novembre 1960 : La Mauritanie
accède à l’indépendance
Le premier président est l’avocat Moktar Ould Daddah. Il mène une politique d’indépendance nationale, créant une monnaie, l’ouguiya, dénonçant les accords avec la France, nationalisant la
Miferma société d’exploitation des mines de fer. La guerre contre le front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara occidental, mine le régime qui est renversé en 1978 par un coup
d’Etat militaire. Le comité militaire qui lui succède prend fin en 1984 avec la prise de pouvoir du colonel Ould Taya. En 1989 les violences contre
les négro-mauritaniens se déchaînent. Plus de 120 000 sont déportés au Sénégal. En 2005 Ould Taya est chassé du pouvoir par un putsch militaire
mené par le colonel Ely Ould Vall. L’élection présidentielle de 2007 est remportée par Ould Cheikh
Abdallahi. Le 6 août 2008 un coup d’Etat porte au pouvoir le général Ould Abdel Aziz.
Sur ces 14 pays, 5 figurent dans les dix derniers au classement mondial de
l’indice de développement humain. Ce sont le Tchad, la Centrafrique, le Mali, le Niger et le Burkina-Faso. Pour la Centrafrique et le Niger cette place est scandaleuse au regard des immenses
richesses qui ont été exploitées sur leur territoire. Les pays qui comparativement sont mieux classés sont ceux qui se sont le plus affranchis, économiquement et politiquement, du lien
néocolonial. La Mauritanie, pays désertique est 137e sur 177. Le Bénin, sans autre ressource que le coton est 163e.
Le mythe de la tranquillité est contredit par les répressions et les assassinats
qui ont sévi dans des pays dits stables ; celui de la croissance est contredit par l’absence générale de développement qui frappe plus particulièrement les pays d’Afrique sahélienne et
équatoriale francophones. Politiquement le respect de la démocratie est un échec presque partout et surtout dans les pays riches en ressources, où chaque élection constitue un scandale par un
mépris absolu des règles élémentaires d’un scrutin honnête. Pour la plupart de ces pays le cinquantenaire de l’indépendance peut se résumer en cinquante ans pour rien, sinon l’enfoncement dans la
misère. Il n’y a pas là de quoi pavoiser.
L’Afrique du XXIe siècle reste ce qu’elle a toujours été pour l’Europe – sauf
qu’elle l’est aussi maintenant en plus pour le reste de la planète : Ẻtats-Unis, Ẻtats émergents, Chine – un réservoir de richesses. Ce qui est convoité ce sont les matières premières, mais aussi les
terres et les hommes pour les travailler. Le sort de l’Afrique, comme au temps de la conférence de Berlin, est décidé dans les institutions internationales, financières et commerciales, avec
leurs puissants acteurs. Le même dépeçage est fait par les multinationales qui se répartissent l’exploitation des ressources et la gestion des équipements. On ne voit pas pour l’instant où
pourrait bien être le point d’appui pour le levier qui soulèverait le poids de d’une oppression aux multiples chaînes, idéologiques, religieuses, économiques et libérerait le géant ligoté. On
sent seulement comme une fermentation sourde qui court souterrainement et éclate ça et là en révoltes sans lendemain ou en luttes fratricides. Un jour, qu’on espère proche, l’indépendance ne sera
plus un vain mot mais une décision des peuples d’exercer enfin leur puissance et leur souveraineté.