Le texte intégral de l'accord conclu ce 15 janvier 2010 à Ouagadougou par Blaise Compaoré, le médiateur dans la crise guinéenne, Sékouba Konaté, président par intérim de la junte au pouvoir en Guinée, et Dadis Camara, le chef de la junte.
- Considérant la désignation de Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, comme médiateur dans la crise en République de
Guinée ;
- Résolus à favoriser la réconciliation des Guinéens avec eux-mêmes et à rétablir la confiance entre gouvernants et gouvernés, par le respect, la confiance et la reconnaissance mutuelle ;
- Déterminés à rétablir en République de Guinée un Etat de droit démocratique, respectueux des libertés individuelles et collectives et des principes de la bonne gouvernance ;
- Ayant à l’esprit les différents entretiens organisés par le Médiateur aux fins de rétablir le dialogue politique entre les différentes composantes de la société guinéenne ;
- Engagés à œuvrer solidairement pour créer en République de Guinée les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel normal et d’une transition démocratique consensuelle et apaisée ;
- Se référant aux délibérations et résolutions de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA), de l’Organisation des Nations unies (ONU) et du Groupe International de Contact sur la Guinée (GIC-G) ;
- Après des consultations menées à Ouagadougou, les 13 et 14 janvier 2010 ;
Le capitaine Moussa Dadis Camara, président du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) et président de la République de Guinée, le général Sékouba Konaté, vice-président du CNDD, ministre de la Défense, président de la République par intérim, et Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso et médiateur dans la crise en République de Guinée, se sont accordés sur les mesures suivantes en vue d’une transition pacifique en Guinée :
1. Le respect des libertés publiques, y compris de la liberté de presse et d’opinion ;
2. La garantie de la sécurité des personnes et des biens ;
3. La réorganisation et la réforme des Forces de Défense et de Sécurité ;
4. La création d’un Conseil National de Transition (CNT), organe politique délibérant, dirigé par une personnalité religieuse et composé de 101 membres représentant toutes les composantes de la société guinéenne ;
5. La nomination d’un Premier ministre, président du Conseil des ministres, issu du Forum des Forces Vives de Guinée ;
6. La formation d’un gouvernement d’Union nationale ;
7. La révision des listes électorales ;
8. L’organisation, dans un délai de 6 mois, de l’élection présidentielle à laquelle ne participeront pas les membres du Conseil National de Transition, le chef de l’Etat de Transition, les membres du CNDD, le Premier ministre, les membres du gouvernement d’Union nationale et les membres des Forces de Défense et de Sécurité en activité ;
9. Le recours à des observateurs civils et militaires de la CEDEAO ;
10. La mise en place d’un organe de suivi, d’évaluation et d’accompagnement ;
11. Les signataires de la présente déclaration appellent instamment la communauté internationale à apporter son concours politique, financier et technique pour la mise en œuvre des mesures ci-dessus arrêtées ;
12. Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso et médiateur dans la crise guinéenne, désignera un représentant spécial auprès des autorités de la transition de la République de Guinée.
Clôturant leurs fructueuses concertations, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso et le président de la République de Guinée par intérim, le général Sékouba Konaté, se sont réjouis de l’évolution satisfaisante de l’état de santé du président du CNDD, le capitaine Moussa Dadis Camara.
Ils lui ont exprimé leur totale solidarité et leur compassion pour la dure épreuve qu’il a subie, tout en lui souhaitant un prompt rétablissement.
Le président du CNDD, le capitaine Moussa Dadis Camara, en retour, leur a exprimé sa profonde gratitude pour les précieux soutiens en tous genres dont il a bénéficié de leur part. Il a par ailleurs, dit avec force qu’il prend librement un temps de convalescence, tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition.
Enfin, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Burkina Faso et médiateur dans la crise guinéenne, Monsieur le président du CNDD, Président de la République de Guinée et Monsieur le vice-président du CNDD, président de la République de Guinée par intérim, adressent leurs chaleureux remerciements à sa Majesté, le Roi Mohammed VI, ainsi qu’à toutes les autorités marocaines, y compris le corps médical, pour avoir accueilli, avec beaucoup de générosité, et soigné avec beaucoup de professionnalisme et d’affection, le capitaine Moussa Dadis Camara.
Fait à Ouagadougou, le 15 janvier 2010
Le président du CNDD, président de la République de Guinée :
Capitaine Moussa Dadis Camara
Le vice-président du CNDD, président de la République de Guinée par intérim :
Général Sékouba Konaté
Le médiateur dans la crise en Guinée :
Blaise
Compaoré
Accord pour la Guinée: "étape décisive" ouvrant la voie à une coopération
PARIS - L'accord pour la Guinée signé vendredi à Ouagadougou, prévoyant un maintien à l'étranger de Moussa Dadis Camara et une présidentielle dans "six mois", est "une étape décisive" ouvrant la voie à une coopération, a dit samedi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner.
"Grâce aux engagements pris (...), la Guinée vient de franchir une étape décisive dans la sortie de la crise qu'elle traverse depuis un an et sur le chemin de l'Etat de droit et de la justice", souligne-t-il dans un communiqué.
"La France appuiera résolument la mise en oeuvre de cette Déclaration (de Ouagadougou) et, dans ce cadre, pourra reprendre prochainement sa coopération. Elle s'efforcera de mobiliser en ce sens les partenaires de la Guinée afin qu'ils puissent accompagner ce processus vers des élections", ajoute-t-il.
"La France assure de son soutien le général Sekouba Konaté (numéro deux guinéen) dans la mise en oeuvre des dispositions de cette Déclaration", précise Bernard Kouchner, qui ne mentionne pas le sort réservé au chef de la junte.
Le ministre français avait estimé récemment qu'un éventuel retour en Guinée, ex-colonie française, de Dadis Camara, pouvait provoquer une "guerre civile";
"La France encourage les Forces vives à apporter une participation active à la transition et salue, dans ce cadre, leur proposition de candidats au poste de Premier ministre", poursuit-il.
"La désignation rapide par le général Konaté d'un Premier ministre civil devrait concrétiser le lancement de cette phase décisive de la transition à laquelle tous les Guinéens aspirent depuis de si longs mois. Ce Premier ministre et son gouvernement d'union nationale devront relever un défi historique: permettre au peuple guinéen d'élire, de façon libre et transparente ses dirigeants".
Le ministre félicite enfin le président burkinabé Blaise Compaoré pour sa médiation.
(©AFP / 16 janvier 2010 00h54)