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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 16:15

 

 

 

DECLARATION

DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT

A LA NATION

 

 

BANGUI, LE 19 MAI 2014

 

 

Centrafricaines,

 

Centrafricains,

 

Chers Compatriotes,

 

J’ai décidé de m’adresser à vous aujourd’hui, après une série d’événements que notre pays a connus ces dernières semaines. Certains de ces événements comme la célébration des 100 jours de Son Excellence Madame la Présidente, l’approbation de la Feuille de Route de la Transition par le Conseil National de la Transition (CNT), l’approbation du Programme de réformes du Gouvernement par le Fonds Monétaire International (FMI) etc, sont des événements heureux qui nous permettent désormais d’aborder avec plus de sérénité la gestion future de la Transition, de disposer de plus de ressources pour financier les pensions et les bourses, ainsi que les activités liées au DDR et au fonctionnement des services sociaux..

 

Je remercie du fond du cœur, tous les Centrafricains, pour votre contribution personnelle au retour progressif à une vie normale en Centrafrique, notamment à Bangui. Nous venons de loin et nous avons encore un long chemin à parcourir, des pentes glissantes à gravir et des rivières pleines de crocodiles à traverser. Mais grâce à notre détermination, à la solidarité qui doit nous unir dans cette période difficile, nous trouverons une solution durable à cette crise.

 

Les événements heureux qui auraient pu nous donner espoir, sont malheureusement ternis par le comportement anti républicain et anti centrafricain de certains individus véreux qui ont choisi de faire du chaos, de la violence et des crimes leur fond de commerce.

 

Chers compatriotes

 

Comme vous, le Gouvernement a suivi le Communiqué de Ndélé qui créé une armée parallèle, met en place un état major militaire, une Gendarmerie et une Police. Aujourd’hui on nous parle de l’installation dans la ville de Bambari d’un état major et de l’occupation des services de l’Etat par des forces irrégulières.

 

Ces actes ne sont rien d’autres qu’une tentative de division du pays afin de faire main basse sur ses richesses.

 

Selon l’article 20 de la Charte Constitutionnelle de la Transition, « l’usurpation de la souveraineté par coup d’état ou par tout moyen constitue un crime imprescriptible contre le peuple centrafricain. Toute personne ou tout Etat tiers qui accomplit de tels actes sera considéré comme ayant déclaré la guerre au peuple centrafricain ».

 

Par conséquent, le Gouvernement de la Transition condamne avec force les velléités sécessionnistes des aventuriers qui placent leurs intérêts égoïstes au-dessus de l’intérêt national.

 

Pour ceux qui l’auraient oublié, je voudrais rappeler clairement le cours de Géographie de notre pays. La RCA est un pays de 623.000 km2 avec une population d’environ 4.500.000 d’habitants. Au Nord, elle fait frontière avec le Tchad, au Nord-Est avec le Soudan, au Sud-Est le Soudan du Sud, au Sud avec la RDC et le Congo, à l’Ouest avec le Cameroun.

 

La RCA n’a pas et n’aura pas d’autres frontières. Par conséquent, au nom du peuple Centrafricain, je demande aux forces que la Communauté Internationale a bien voulu mettre à notre disposition (MISCA et SANGARIS) de prendre toutes les mesures requises pour mettre fin à ces dérives sur l’ensemble du territoire.

 

Aucune existence physique d’un Etat Major militaire ou d’une Administration parallèle ne sera tolérée sur les 623.000 km2 qui constituent le territoire Centrafricain.

 

Pendant qu’à Bambari certains ne rêvent que de diviser le pays pour des raisons purement égoïstes, au quartier Boeing à Bangui, une autre Coordination et un autre Etat Major se mettent également en place. Le Gouvernement condamne également cet acte et demande à la MISCA et SANGARIS de ne tolérer aucune existence d’une Administration parallèle sur le territoire national.

 

       Enfin, il est  important de condamner tous ceux qui sapent l’autorité de l’Etat en tirant lâchement comme à Boda sur les enfants et des femmes en présence des membres du Gouvernement

 

Je voudrais adresser mes remerciements à tous les Centrafricains de tout bord, Séléka, anti-balaka, musulmans ou chrétiens, qui se battent pour réaffirmer le fait que l’intégrité de notre territoire n’est pas négociable. Le pays que Barthélémy BOGANDA nous a légué en héritage restera un et indivisible.

 

Son Excellence Madame le Chef de l’Etat avait souhaité comme vous le savez, un aménagement du Gouvernement pour accélérer le rythme de la Transition. La liste de ce Gouvernement retouché sera diffusée dans les prochaines heures.

 

Conformément au souhait du Chef de l’Etat, un rééquilibrage régional sera opéré. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, chaque Préfecture sera représentée au Gouvernement et les Ministres seront à la fois des Ministres-Résidents pour faire remonter au Gouvernement, en étroite collaboration avec le Conseil National de Transition (CNT), les préoccupations des populations de l’arrière pays. C’est le peuple centrafricain dans sa diversité qui sera réuni au sein de ce Gouvernement. Il s’agira d’un Gouvernement pour tous les Centrafricains. Il défendra avec ferveur l’intégrité de notre territoire national.

 

Pour ce faire, et en collaboration avec la Communauté Internationale, il jettera les bases de la reconstruction rapide de nos forces de défense et de sécurité : police, gendarmerie et armée. La Feuille de Route récemment approuvée par le CNT, guidera ses actions.

 

La question sécuritaire demeurera la priorité n°1 du Gouvernement et un accent particulier sera mis sur les bonnes pratiques dans la gestion de la chose publique.

 

Des mesures seront prises pour bannir certaines pratiques discriminatoires qui subsistent encore dans  notre Administration et le virus de l’exclusion sera combattu.

 

Seront également combattus, ceux qui violent l’article 21 de la Charte Constitutionnelle en mettant en place des partis ou groupements politiques basés sur l’ethnie, le sexe, la religion ou la région.

 

Chers compatriotes,

 

La situation de notre pays demeure très préoccupante. Les règles de la Transition sont l’émanation d’un compromis accepté par tous les acteurs politiques nationaux et internationaux. Il s’agit donc d’un Gouvernement de rassemblement comme vous le verrez bientôt dans sa composition. Ce Gouvernement vise tout d’abord à préparer des élections qui se tiendront dans quelques mois. Arrêtons donc les agitations inutiles  pour des postes éphémères au Gouvernement et organisons nous pour élections  J’en appelle donc à tous mes compatriotes, pour que nous opérions un rassemblement patriotique autour du Gouvernement. Mobilisons-nous, levons-nous comme un seul homme pour défendre notre patrie et pour soutenir la Transition et le Gouvernement.

 

Ne laissons plus les marchands de mirages nous diviser pour nous affaiblir. Ne laissons plus les ennemis de notre pays nous détourner de notre devoir à l’égard de notre peuple, ne les laissons plus manipuler et droguer nos enfants pour en faire des criminels irrécupérables. Restons soudés et solidaires, car c’est ensemble que nous triompherons. Seuls les braves sont capables de faire la paix. Choisissons tous ensemble le camp des braves et ayant le courage de la paix.

 

Je vous remercie.

 

 

DECLARATION  DE SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT  A LA NATION
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 14:19

 

 

 

 

 

par RFI 19-05-2014 à 13:20

 

Le chef de la féroce rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Joseph Kony, a nommé son fils comme adjoint, a indiqué l'armée ougandaise. Cette nomination pourrait être un signe que la LRA perd le contrôle d’une partie de ses troupes, selon les militaires.

 

Il s’appelle Salim Saleh Kony, aurait 22 ans et a probablement passé l’essentiel de ces années en brousse avec la LRA, la rébellion chassée d’Ouganda en 2006 et qui survit depuis éparpillée en petits groupes aux confins de la Centrafrique, de l’est du Congo, et du Soudan du Sud. Selon les propos d’un général ougandais rapportés par l’Agence France-Presse, Salim Saleh, jusqu’ici en charge de la sécurité de son père Joseph Kony, est désormais commandant de terrain. D’après la même source, cette promotion prouverait surtout que Kony a perdu le contact avec beaucoup de ses commandants.

 

La LRA, qui a ravagé le nord de l’Ouganda pendant plus de vingt ans, connaît il est vrai un sévère recul depuis plusieurs années. Les dernières attaques d’envergure du groupe remontent à 2008 et plusieurs de ses chefs ont été tués par l’armée ougandaise, appuyée par les forces spéciales américaines.

 

Des témoignages de déserteurs - les plus récents datent de décembre dernier - prouvent aussi que les groupes de rebelles sont disloqués sur le terrain. Certains seraient même sans contact avec leur état-major depuis plus de deux ans.

 

Enfin, plusieurs rapports parlent de moins de 200 combattants en activité. Le fils de Kony devient donc le numéro deux d’un mouvement très affaibli, mais qui continue de faire parler de lui au travers de la traque que lui livrent les Ougandais et les Américains bien sûr, mais aussi de brouilles diplomatiques. Kampala accuse en effet régulièrement Khartoum d’aider la rébellion de Kony, tandis que le Soudan dément.

 

Ouganda: le fils de Joseph Kony prend du galon à la LRA
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 13:01

 

 

 

 

19/05/14 (Ouest-France)

 

Les militaires de l'opération Sangaris ont pris en charge les médicaments achetés grâce aux dons des lecteurs de Ouest-France et collectés par Ouest-France-Solidarité. La générosité des lecteurs de Ouest-France a permis de venir en aide aux Centrafricains. Dans ce pays en guerre, les besoins de la population sont immenses. Les dons des lecteurs de Ouest-France sont une bouffée d'oxygène. Ils ont permis d'acheter, grâce à Médecins du Monde, des médicaments et du matériel médical.

 

4,5 tonnes viennent d'être acheminées à Bangui, grâce au concours de l'armée française et de l'aide militaire européenne. Les militaires de la mission Sangaris ont déchargé les médicaments du C17. Sous une chaleur écrasante, ils ont arrimé les huit palettes sur un camion, assurant la sécurité du convoi jusqu'à l'évêché.

 

Sur le terrain, l'Église est la seule force civile organisée, accueillant tous ceux qui en ont besoin, quelle que soit leur religion. Alors qu'avec le drame, hôpitaux et dispensaires fermaient à travers le pays, seuls les douze dispensaires de l'Église catholique restaient ouverts. Mais très vite, ils furent pillés par la Séléka.

 

Les stocks de médicaments s'épuisèrent à toute vitesse : « Il fallait faire quelque chose pour sauver la population, explique le frère Elkana, coordinateur de l'action de santé. J'ai commencé à lancer des appels aux personnes de bonne volonté. » Des ONG sont venues en aide, puis les lecteurs de Ouest-France Solidarité.


« Nous ferons bon usage... »

 

Le frère Elkana a dressé la liste des médicaments indispensables et des dispensaires où ils seront livrés : « Nous ferons bon usage de ces dons. Nous allons faire les paquets et les acheminer grâce à la voiture que Ouest France Solidarité a mis à notre disposition. »

 

Sans attendre, une partie des médicaments a déjà été acheminée auprès de centaines de Peuls fuyant les exactions. L'archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, inlassable artisan de la réconciliation avec l'Imam Omar Kobine Layama, a réussi à les rassurer et à les faire sortir de la brousse pour les protéger. Ils ont un grand besoin de soins.

 

Cette opération a coûté 95 331,53 € : 75 331,53 € pour les médicaments et le matériel médical et 20 000 € pour le 4x4. De plus, 10 000 € ont servi à soutenir l'action de Médecins du Monde, 7 000 € celle d'ATD-Quart monde. 7 680 € ont permis de financer quatre couveuses pour le service pédiatrique de l'hôpital de Bangui, par l'intermédiaire de l'Association « Vivre en famille » de Champsecret, dans l'Orne.

 

http://www.ouest-france.fr/ouest-france-solidarite-45-tonnes...

 

Ouest-France solidarité : 4,5 tonnes de médicaments viennent d'être acheminées à Bangui
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 12:09

 

 

 

 

 

19/05/14(PANA)

 

Une opération de grande envergure de distribution de semences et d'outils a été lancée en République centrafricaine (RCA) pour venir en aide aux familles agricoles touchées par la crise. Il s'agit de la plus vaste intervention jamais entreprise dans le pays par l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation et ses partenaires humanitaires, selon un communiqué de la FAO reçu ce vendredi par la PANA à Rome.

 

Quelque 16 organisations internationales et ONG nationales collaborent avec la FAO pour surmonter les problèmes des routes inaccessibles et de la détérioration de la situation de sécurité, afin de garantir que les agriculteurs reçoivent les kits agricoles à temps pour la prochaine campagne de semis. Au total, 1.800 tonnes de semences de cultures de base et des outils manuels seront fournis d'ici fin mai à 75.700 familles vulnérables, soit 378.500 personnes, dans 15 préfectures de tout le pays victime des conflits.

 

La distribution a démarré fin avril et en l'espace de quelques jours, 11.600 ménages agricoles avaient déjà reçu leurs kits. Chaque famille reçoit 25 kg de semences et deux binettes pour pouvoir produire au moins 500 kg d'arachides, de maïs et de riz qui leur permettront de survivre pendant environ 4 mois. Le secteur agricole du pays a été gravement perturbé par les combats qui durent depuis décembre 2012 et qui ont entraîné une malnutrition chronique, une pauvreté extrême et un manque d'hygiène.

 

Quelque 1,6 million de personnes ont un besoin pressant de nourriture, tandis qu'un habitant sur cinq a abandonné son logement face aux violences. 'La livraison des kits agricoles est fondamentale, car elle permettra de conjurer une crise alimentaire et nutritionnelle à grande échelle dans tout le pays', a déclaré le Représentant de la FAO par intérim, Alexis Bonte. 'L'instabilité de la situation de sécurité complique considérablement les opérations et des convois d'aide ont été attaqués ces dernières semaines.

 

Toutefois, la FAO travaille avec le Cluster logistique et ses partenaires sur le terrain pour maîtriser ces problèmes et atteindre les familles d'agriculteurs vulnérables et nous avons bon espoir de parvenir à distribuer toutes les semences d'ici la fin du mois de mai', a ajouté M. Bonte. Outre l'aide d'urgence, la FAO s'emploie à revitaliser le secteur agricole et à renforcer la capacité des agriculteurs à résister à la crise dans le cadre d'un programme d'aide à plus long terme.

 

Suite à la mission conjointe que la FAO et le PAM ont menée en avril, les deux organisations ont averti que la République centrafricaine avait besoin d'une aide humanitaire de grande envergure pendant au moins 18 mois pour rebâtir les moyens d'existence et accroître la résilience de la population.

 

A ce jour, la FAO a reçu plus de 30 millions de dollars pour ses opérations en République centrafricaine, dont 14 millions sont alloués à la fourniture de kits agricoles aux ménages vulnérables. Néanmoins, il faut encore 17,5 millions de dollars pour reconstruire les moyens d'existence, ce qui permettra aux familles de se procurer des revenus d'ici la récolte, d'acheter de la nourriture au marché et de diversifier leurs activités pour avoir des recettes tout au long de l'année. 

Semences et outils pour les agriculteurs en Centrafrique
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 12:07

 

 

 

 

 

19/05/14 (RFI)

 

Dans quelles circonstances notre consœur Camille Lepage a-t-elle été tuée en Centrafrique ? Que s’est-il passé lors de son reportage aux côtés des anti-balaka ? Des enquêtes sont en cours. Les envoyés spéciaux de RFI en RCA ont pu se rendre brièvement, samedi 17 mai, à Bouar, dans la localité où le corps de Camille a été ramené après sa découverte par la force Sangaris. Ils ont rencontré, en compagnie de ses officiers, l’adjudant Yannick, qui a contrôlé le véhicule dans lequel se trouvait la dépouille de notre consœur. Voilà ce qu’il leur a expliqué de la façon dont les faits se sont déroulés.

 

« J’étais en patrouille en direction de Gallo, raconte l’adjudant Yannick, de la force Sangaris. Arrivé sur Gallo, j’ai reconnu une piste qui partait au sud, en direction d'Abba. Sur cette piste, je suis tombé sur un 4x4 accompagné de quatre motos. Des pick-up, on n’en voit pas tous les jours, donc je l’ai arrêté pour le contrôler. Dedans, il y avait quatre anti-balaka. Le responsable du 4x4 est descendu et c’est là qu’il m’a annoncé qu’il y avait cinq corps dans le 4x4, dont celui d’une journaliste française. Ils m’ont dit que ce n’était pas eux, que c’était une bande armée qui était à 80 kilomètres au sud de là où j’étais. Ils venaient pour ramener les corps au dispensaire de Gallo. Forcément, j’ai quand même été vérifier s’il y avait bien le corps de quelqu’un de blanc. J’ai juste confirmé en regardant son cou, pour voir si c’était bien une femme et qu’elle était blanche. Après, tout était couvert de draps et de linge, et je n’ai pas voulu voir autre chose. J’ai appelé mes chefs. C’est la gendarmerie de Bouar, avec les éléments de chez nous, qui sont intervenus ensuite pour identifier le corps. »

Camille Lepage : témoignage du militaire qui a trouvé son corps
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 01:19

 

 

 

 

 

 

par RFI 18-05-2014 à 10:26

 

La réconciliation nationale est l’un des grands enjeux des mois à venir en Centrafrique. La communauté musulmane parviendra-t-elle à retrouver une place dans le pays ? Dans l’Ouest, à Bouar, où ont pu se rendre nos envoyés spéciaux, la confiance se rétablit lentement. La présence des forces internationales permet aux musulmans qui sont restés de retrouver leurs habitudes dans leur quartier et, très lentement, de recommencer à circuler dans le reste de la ville.

 

La jeep de Sangaris traverse les pistes défoncées de Bouar et prend la direction du quartier Haoussa, le refuge des musulmans. Selon le colonel Damien Wallaert, qui commande les éléments de la force française dans l’ouest de la Centrafrique, les allées et venues commencent tout doucement à reprendre entre le quartier et le reste de la ville. « Pour l’instant, ils restaient dans ce quartier, dont ils commencent à sortir pour aller notamment sur la place du Marché qui est la place où tout se passe. Ils osent le faire de plus en plus », a constaté l'officier.

 

Pour Adamou Djingui Bi Babo, le président de la communauté musulmane de Bouar, il reste cependant encore difficile de sortir du quartier : « Avec Sangaris et la Misca, on se promène mais on ne va pas loin. »

 

La nuit, source d'angoisses

 

Signe d’espoir, les 1 500 musulmans qui vivent toujours à Bouar ne mettent pas en cause les populations chrétiennes dans la persistance de l’insécurité. « Les relations sont quand même bonnes, affirme ainsi Ahmadou Ahaidjo, chef du quartier Haoussa 2. Aucun musulman n’a tué de chrétien et les chrétiens n’ont pas non plus tué de musulmans. Le problème, c’est la nuit, les agresseurs. Ce sont des voyous qui font ça. »

 

Plusieurs milliers de musulmans qui vivaient jadis à Bouar attendent toujours de l’autre côté de la frontière au Cameroun, le signal du retour. « Si la sécurité est rétablie, les gens vont revenir », garantit un notable.

RCA: à Bouar, la confiance retrouve peu à peu sa place
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 01:05

 

 

 

 

par  RFI  envoyés spéciaux à Bangui, Boris Vichith et Laurent Correau

 

Le mouvement anti-balaka en Centrafrique n’a jamais été très structuré. Différents hommes se sont disputés le rôle de « coordonnateur » général. A la suite d’une réunion qui a eu lieu jeudi dernier en banlieue de Bangui, à Bimbo, un nouveau nom vient d’émerger, celui de Sébastien Wénezoui, un anti-balaka basé au camp de déplacés de Mpoko. Cet homme dit avoir été porté à la tête du mouvement, mais son principal rival, Patrice Edouard Ngaissona, parle de mascarade.

 

Après avoir marché entre les tentes de fortune du camp de déplacés de Mpoko, il se glisse sous l’une d’elles, et s’installe sur une chaise artisanale. Sébastien Wénezoui explique qu’il a été désigné nouveau « coordonnateur général» des anti-balaka lors d’une réunion qui a eu lieu jeudi dernier à Bimbo en banlieue de Bangui. Il affirme remplacer le précédent coordonnateur, Patrice Edouard Ngaissona.

 

« Monsieur Ngaissona n’est plus le coordonnateur général des anti-balaka, affirme Sébastien Wénezoui. On l’a pris au début comme un responsable politique mais il y a un problème : nous ne voulons pas que notre mouvement prenne une tournure politique. Notre mouvement avait un but, qui était de faire partir Djotodia du pouvoir, et cet objectif a été atteint. Nous voulons garder notre crédibilité, nous ne sommes pas des politiciens. La première chose que nous envisageons de faire, c’est de chercher à réconcilier le milieu musulman et le milieu chrétien. »

 

Le chef anti-balaka annonce qu’il souhaite travailler à une déclaration conjointe entre Seleka, anti-balaka et représentants de la communauté musulmane pour appeler à une cessation des hostilités. « Chaque chef, précise-t-il, doit contrôler ses éléments sur le terrain. Je les appelle à se comporter de manière responsable. Un élément des anti-balaka qui agresse un musulman, nous serons obligés de le remettre à la gendarmerie. »

 

Depuis son fief de Boy-Rabe, Patrice Edouard Ngaissona dit avoir gardé la place de coordonnateur du mouvement.

 

Laurent Correau

 

« Mascarade », selon Ngaissona

 

L’étoile de Patrice Edouard Ngaissona est-elle en train de décliner ? Installé sur la terrasse de sa maison, dans son fief de Boy-Rabe, l’intéressé affiche une attitude de mépris vis-à-vis des conclusions de cette réunion qui, dit-il, a été « une mascarade ». « Sébastien (Wénezoui, ndlr) n’est rien dans les anti-balaka, clame-t-il. Le mouvement a décidé de faire exclure Sébastien. On essaie de le ramener à la raison mais il s’entête. Je suis toujours le coordonnateur des anti-balaka. »

 

Le chef anti-balaka tend le communiqué qui prononce l’exclusion de son rival. Le texte, daté de ce dimanche, est signé par 36 membres de la coordination du mouvement. Il insiste sur les risques de conflit interne que cette situation fait peser.

 

De ces deux chefs, lequel est le plus représentatif ? Difficile à dire pour l’instant. Cette rivalité rend en tout cas un peu plus complexe encore la recherche d’interlocuteurs pour un processus de paix.

 

(Sébastien Wénézoui et Edouard Ngaissona)

RCA: nouvelles divisions à la tête du mouvement anti-balaka (RFI)
RCA: nouvelles divisions à la tête du mouvement anti-balaka (RFI)
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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 23:44

 

 

 

 

Bangui, 14 mai 2014(RJDH) - La présidente de transition, Catherine Samba Panza a officiellement lancé mercredi 14 mai à la Mairie du 4ème arrondissement de Bangui, deux projets agro-pastoraux en faveur de la population de Bangui et ses environs.  Ces projets d'urgence visent la réinsertion socio-économique des jeunes et des femmes vulnérables, affectés par les multiples crises militaro-politiques que traverse la Centrafricaine.

 

Selon Catherine Samba Panza, le premier projet qui sera implanté à Ngoulékpa dans la commune de Bimbo, est financé par le gouvernement Allemand via I'ONG internationale WWH. «Ce projet consistera à mettre en valeur les 100 ha de terre disponibles à NGOULEKPA avec l'aménagement des points d'eau, des parcelles de productions maraîchères et une zone d'habitation», a-t-elle précisé.

 

Le deuxième projet est financé par un fonds fiduciaire africain, «déjà approvisionné par l'Angola et la Guinée Equatoriale et géré par la Fonds des Nations-Unies pour l’alimentation », a noté la présidente de transition. « Dans le cadre de ce projet, en plus de la fourniture de semences et des matériels aratoires aux agricultures, il y a un volet élevage et pisciculture pour la production de la protéine animale. Car, l'objectif est de pallier la pénurie de la viande de bœufs à Bangui dont souffre la population », a ajouté Samba Panza.

 

Les bénéficiaires de ce projet sont des groupements répartis dans tous les huit arrondissements de Bangui et les communes de Bimbo et de Bégoua. 50 poulaillers seront construits et équipés en matériels d'élevage pour chaque groupement de 10 jeunes, à raison de 05 poulaillers par arrondissement de Bangui, Bimbo et Bégoua.

 

Selon la présidente, « chaque groupement de jeunes bénéficiera de 500 poussins d'un jour, des aliments pour la durée de la première bande et d'un kit de produits vétérinaires. 50 groupements des anciens aviculteurs dont 50% féminin recevront aussi 500 poussins d'un jour, d'aliments complets volaille pour la durée de la première bande et un kit de produits vétérinaires».

 

Catherine Samba Panza estime que le lancement de ces projets témoigne d’une ardente volonté d'encourager les femmes, les jeunes et les personnes déplacées à retourner aux activités agricoles. Ce lancement intervient dans un contexte marqué par l’insécurité et ses effets néfastes sur les activités agricoles dans le pays.

 

Bangui : La présidente Catherine Samba Panza lance deux projets agro-pastoraux
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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 23:38

 

 

 

 

http://afrikarabia.com/wordpress/centrafrique-limpossible-mission-de-catherine-samba-panza/ 

 

18 mai 2014  par Christophe RIGAUD

 

Trois mois après sa nomination à la tête de la transition, les violences se poursuivent en Centrafrique et la situation sécuritaire reste préoccupante. Que peut faire Catherine Samba-Panza ?

 

On a beau retourner la situation dans tous les sens, essayer de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, il y a peu de raison de se réjouir de l’évolution de la crise en Centrafrique. Si la sécurité apparaît stabilisée dans la capitale, Bangui, la plus grande partie du pays reste encore largement sous la coupe des milices anti-balaka et des anciens rebelles de la Séléka. Aucun jour ne se passe sans exactions ou affrontements interreligieux, repoussant toujours plus au Nord les populations musulmanes. Côté humanitaire, la situation reste inquiétante pour la plupart des ONG : 600.000 déplacés ont été recensés par l’ONU et 200.000 Centrafricains ont déjà quitté le pays. Dans ce contexte, que peut faire la nouvelle présidente de la transition ? Peu de chose,  lorsque l’on sait qu’elle se retrouve à la tête d’un Etat fantôme, sans administration, sans armée et surtout… sans argent.

 

Présidente sans argent

 

Dans l’entourage de Catherine Samba-Panza, on reconnaît que les avancées politiques et sécuritaires sont bien maigres pour pouvoir dresser un premier bilan de son action. « A sa prise de fonction, après la démission de Michel Djotodia, l’équipe de Catherine Samba-Panza a trouvé un palais vide » nous confie un conseiller. « La présidente est arrivée avec trois collaborateurs, il n’y  avait aucun ordinateur, aucune imprimante. C’est un de ses proches qui a tapé son premier discours sur son ordinateur portable et est allé l’imprimé dans un cybercafé du quartier » . Le manque de moyens financiers se fait ressentir chaque jour à la présidence. Si les salaires des fonctionnaires sont de nouveaux payés, c’est surtout grâce aux pays voisins. « L’aide internationale n’est pas encore arrivée, pas un centime n’a encore été versé ! » , explique ce conseiller. L’administration ne sait toujours pas de combien de fonctionnaires elle dispose, « surtout au Nord-Est du pays« . « Sans argent, Catherine Samba-Panza ne peut pas faire des miracles ! »

 

Présidente sans armée

 

La sécurité reste toujours le maillon faible de la crise centrafricaine. La présence des forces de la Misca et de la force française Sangaris  (opérationnelle depuis maintenant 6 mois) n’ont pas réussi à stabiliser le pays. Les musulmans ont fui Bangui et le Nord-Ouest de la Centrafrique sous la pression des milices chrétiennes anti-balaka pour se réfugier dans le Nord-Est. Petit à petit, le pays se divise. Mais pour ce conseiller à la présidence, « le Tchad (qui a toujours soutenu l’ex-Séléka à majorité musulmane, ndlr) ne laissera pas la Centrafrique se partitionner. Si une partie de la RCA fait sécession, alors le Tchad connaîtra la même situation avec ses chrétiens du Sud du Tchad. Le Tchad et la Séléka ne prendront pas le risque de la partition. La RCA constitue la dernière digue contre l’extrémisme musulman en Afrique centrale« .

 

Ce conseiller est plus inquiet concernant les multiples carences des forces de sécurité centrafricaines. « Il n’y a pas de police et surtout plus de service de renseignements, même si la France essaie actuellement de reformer les services centrafricains. L’armée est également très politisée. On y trouves des ex-Faca proches de Bozizé, des ex-Séléka et des anciens anti-balaka. Ils sont 7 à 8.000 à être répertoriés au Ministère de la Défense. On recense également 5 à 7 groupes anti-balaka au Ministère. La plupart veulent réintégrer les institutions. Mais avant la réconciliation, il faut que la Justice passe. Des civils veulent être « bombardés » colonel ! On ne pait pas fonctionner comme cela » . Le présidente de la transition devra enfin avoir un oeil sur les ex-Séléka qui tentent de se réorganiser autour de Mohamed Daffahne et un autre sur Nourredine Adam, l’ancien « homme fort » de la rébellion, qui consulte beaucoup dans les pays voisins.

 

Présidente de la patience

 

Sans moyen ni forces de sécurité, Catherine Samba-Panza a donc besoin de temps pour remmener la sécurité en Centrafrique. Elle devra avant tout compter sur ses partenaires africains et français pour retrouver un semblant d’ordre en attendant les casques bleus des Nations unies qui ne devraient pas être opérationnels avant l’automne 2014. « C’est très tardif » , confie notre conseiller, « entre-temps il faudra tenir le pays avec les seuls Sangaris et la Misca » . En juin, le mandat de l’opération Sangaris touchera à son terme, mais il sera sans nul doute prolongé. Ce conseiller à la présidence dresse un bilan très mitigé de l’opération française en Centrafrique. « La mission a tout d’abord été très mal évaluée. On comprend difficilement comment des miliciens des rues peuvent tenir tête à une armée aussi puissante. On a tout de même l’impression que les Français ne veulent pas prendre faire prendre trop de risques à leurs soldats. Après, il y a également beaucoup de tensions au sein de la Misca. D’abord avec les Tchadiens (que l’on accusait de soutenir la Séléka et qui se sont retirés, ndlr) puis ensuite avec l’arrivée des Rwandais que les Congolais ne voyaient pas d’un très bon œil » .

 

« Le rêve de Catherine Samba-Panza… »

 

La nouvelle présidente a enchaîné les handicaps en début de mandat. Sa nomination surprise à la tête de la transition n’a pas fait que des heureux. Ils étaient 8 à se présenter pour le poste. La maire de Bangui n’était clairement pas la candidate des pays voisins de la sous-région qui auraient plutôt préféré Désiré Kolingba ou Sylvain Patassé. Au début de sa présidence, Catherine Samba-Panza a donc souffert d’un manque cruel de légitimité international. Une critique qui a tendance à s’estomper depuis peu. En interne, la chef de la transition a commis beaucoup d’erreurs dans ses premières nominations pléthoriques de ministres et de conseillers. Son « inexpérience politique » est alors vivement dénoncée. Consciente du manque de crédibilité de certains, la présidente devrait sans doute remanier prochainement ses équipes. Le ministre Jean-Jacques Demafouth, très décrié à Bangui, devrait vraisemblablement céder son fauteuil et plusieurs conseillers faire leurs valises.  « Les ministres devront être plus compétents et plus sur le terrain » confie le conseiller, qui reconnaît que la présidente « a perdu un peu de sa popularité » après plus de 100 jours au pouvoir. Mais si le contexte est délicat pour Catherine Samba-Panza, la présidente « garde la confiance des Centrafricains » estime son entourage. « Elle n’a renversé personne pour arriver au pouvoir, une première en Centrafrique, et en plus, elle ne sera pas candidate à la présidence après la transition » analyse notre conseiller. « Sa feuille de route est claire, contrairement à ce que l’on dit, il s’agit de respecter l’accord de Libreville et de mener le pays aux élections« . « Le rêve de Catherine Samba-Panza, nous confie-t-il, c’est d’organiser les premières élections libres et crédibles de l’histoire de la République centrafricaine… et de se retirer » . Et comme pour se justifier : « elle sait ce qu’elle va faire après la transition"

 .

La route est encore longue vers les élections. Une première date avait été avancée pour la mi-2015, mais au vu de l’évolution de la situation sécuritaire et des nombreux problèmes de recensements et de logistiques, un report de plusieurs mois est prévisible. Le principal défi de Catherine Samba-Panza sera donc de tenir la distance.

 

Christophe RIGAUD – Afrikarabia

Lu pour vous : Centrafrique : L’impossible mission de Catherine Samba-Panza
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Centrafrique-Presse.com
18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 23:00

 

 

 

 

 

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Avec-les-derniers-musulmans-de-Bangui-2014-05-18-1152358

 

18/5/14 - 18 H 14

 

Les derniers musulmans de la capitale de Centrafrique vivent retranchés à Kilomètre-5, dans un quartier de la capitale centrafricaine.

 

Encerclés par les anti-balaka, ils s’organisent pour survivre dans ce ghetto mais risquent la mort s’ils en sortent sans protection.

Une poignée de musulmans vivent dans un autre quartier, protégés par leurs voisins chrétiens.

Rien, il ne reste presque rien des biens des musulmans de Bangui. Maisons, échoppes, boutiques, mosquées sont aujourd’hui quasiment toutes rasées, effacées du paysage, emportées par la haine et la colère. Seuls, le long des axes principaux traversant les quartiers musulmans, des monceaux de pierres rappellent que se levaient là, il y a peu, des maisons et des commerces. Ils sont maintenant à vendre aux passants. En toute impunité et aux yeux de tous.

 

Polices et gendarmes centrafricains, soldats français de la force Sangaris et soldats africains de la Misca… tous circulent devant ces pyramides de gravats sans inquiéter les vendeurs. Les biens pillés ici sont proposés au grand jour sur les étals des marchés de Bangui. Certains marchands sont même spécialisés dans la vente de « biens musulmans », de la casserole au poste de radio. Dans l’indifférence générale, semble-t-il. Dans la rue, on en rit. La vie continue.

 

Elle reprend même de plus belle dans la capitale centrafricaine. Selon le dernier point de situation de l’armée française, jeudi 15 mai, « 33 centres de santé sont opérationnels, 75 établissements scolaires ont rouvert, 21 marchés sont actifs » à Bangui. Taxis, bus, commerces, écoles, universités, banques, cafés, restaurants… et mêmes dancings et boîtes de nuit ont fait leur retour. Les autorités centrafricaines, européennes et françaises s’en félicitent.

 

85 à 90 % des musulmans ont quitté la ville

 

Sauf que pour les musulmans de Bangui, le cauchemar continue. Les tout derniers vivent retranchés à Kilomètre-5, dans le 3e arrondissement de la capitale centrafricaine. Précisément entre le pont Jackson, le rond-point du Professeur-Goumba, le canal Sayvoir et le pont Pinari. « Nous ne sommes guère plus de 10 000, peut-être 12 000, estime Saoudi Abdouraman Dodo, le porte-parole des musulmans du quartier. Entre 85 et 90 % des musulmans ont quitté la ville pour fuir les anti-balaka, les pilleurs et les voleurs. » Roufou Amadou, conseiller du maire du 3e arrondissement, est encore plus pessimiste : « Selon mon estimation, nous sommes entre 5 000 et 6 000 à Kilomètre-5. Il faut tenir, mais c’est périlleux. »

 

Le quartier est entièrement encerclé par les anti-balaka. Ces derniers, comme ils s’en étaient ouvertement expliqués à La Croix en décembre, veulent tout simplement « en finir avec les musulmans » et rendre la « Centrafrique aux Centrafricains ». Depuis cette date, « on a dû être attaqués une quarantaine de fois, raconte Bechir, 22 ans, étudiant à l’université de Bangui. L’un des plus épisodes les plus sanglants a eu lieu le 24 décembre. Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’ils ont fait pour fêter Noël ».

 

Patrouilles de la Misca

 

Entre les deux camps, des soldats de la Misca, des Burundais, veillent. Ils tiennent les entrées du quartier et assurent des patrouilles régulières. Mais ils ne peuvent protéger les musulmans qui se risquent hors du périmètre. Dimanche 18 mai encore, un musulman a été tué. « Si nous en sortons, nous sommes aussitôt découpés », assure Saoudi Abdouraman Dodo. « On ne compte plus, depuis le début de la crise en décembre, le nombre de lynchages et de tueries dont ont été victimes ceux qui se rendaient dans un autre quartier, à l’aéroport ou au centre-ville », déplore Ahmadou Moussa, 42 ans, fonctionnaire au ministère de la décentralisation. « Entre le mois de décembre et le mois de mars, on a compté à la morgue de la mosquée Ali-Babalo, la seule à Bangui, 385 musulmans tués », affirme Saoudi Abdouraman Dodo.

 

De sorte que plus personne ou presque n’ose s’aventurer à l’extérieur du quartier. « Nos enfants ne vont plus à l’école, nos malades ne peuvent plus se rendre à l’hôpital, nous ne pouvons même pas aller à notre cimetière puisqu’il se trouveprès de l’aéroport. Nous vivons dans une prison à ciel ouvert », déplore Ahmadou Moussa.

 

Débrouille pour survivre

 

Sur place, c’est la débrouille : on plante et on cultive dans les parcelles ; des voisins compatissants et des commerçants habiles font passer de la nourriture, des biens courants. Une antenne de Médecins sans frontières s’est installée sur le terrain de la Grande Mosquée. Les patients qui doivent être hospitalisés sont évacués dans des véhicules de la Croix-Rouge. Et les défunts, enterrés dans la cour des concessions.

 

De rares adultes sont quand même chargés au nom de la communauté de sortir du quartier. « On s’habille comme les autres, on porte des casquettes, on évite les lieux où l’on est connu », dit l’un d’eux qui a été sauvé in extremis d’un lynchage par la Misca, alors qu’il se rendait à une banque du centre-ville.

 

Si la présence des soldats burundais évite un bain de sang général, elle ne peut pas empêcher les heurts entre les deux communautés. Habituellement, le matin est plutôt calme. Après midi, l’atmosphère se tend, entre échanges d’insultes, jets de pierres et de grenades, et même rafales d’armes, tirées des deux côtés. La fin de l’après-midi est encore plus délicate : l’effet de l’alcool sur les jeunes gens qui veulent en finir avec les musulmans se révèle particulièrement délétère. Et une fois la nuit tombée, c’est le temps des raids et des attaques coups-de-poing.

 

Riposte de certains musulmans

 

Les musulmans de Kilomètre-5 ne font toutefois pas que se défendre : ils attaquent aussi. Un groupe, nommé Texas, sème la terreur dans les quartiers voisins. Personne ne se fait de cadeau. C’est un combat à mort. « Avez-vous vu ce que l’on a fait aux musulmans ? Entre Bouar et Bangui, il n’y a plus une seule mosquée (1). Et sur les 33 mosquées principales de Bangui, seules six n’ont pas été détruites ! Ici, on ne va pas se laisser égorger sans rien faire. On se défend car on est chez nous », prévient Saoudi Abdouraman Dodo.

 

À la Grande Mosquée, le discours est clair : puisque l’État centrafricain et la communauté internationale ont été incapables de protéger les musulmans de Bangui, les derniers qui restent doivent se défendre avec des armes.

 

Sangaris, sévèrement critiquée

 

L’intervention française est jugée avec une grande sévérité. Des graffitis comme « Non à la France » sont nombreux à Kilomètre-5. « Sangaris conduit à notre disparition de Bangui. Les Français nous désarment, pourchassent nos chefs. Les anti-balaka ont ensuite tout le loisir de nous chasser, de nous tuer et de détruire nos biens », constate l’étudiant Béchir.

 

L’avenir ? Ils ne le voient pas très brillant. Beaucoup pensent au départ si la communauté internationale ne trouve pas le moyen de réagir fermement et efficacement contre les fauteurs de troubles. Quant à leur confiance dans la classe politique, elle est quasiment nulle.

 

Aux yeux de beaucoup, ce conflit n’est toutefois pas une guerre de religion. « Nous ne sommes pas visés par les chrétiens mais par les anti-balaka, résume Saoudi ­Abdouraman Dodo. D’ailleurs, en dehors de Kilomètre-5, il reste une mosquée debout à Bangui et une poignée de musulmans protégés par leurs voisins chrétiens. »

 

Effectivement, à Lakouanga, près du centre-ville, les habitants du quartier se sont constitués en groupe d’autodéfense afin de protéger les habitants du quartier, chrétiens et musulmans. Les musulmans protégés sont au nombre d’une vingtaine, quarante au maximum. « Nous avons mis nos familles à l’abri au Mali, explique Boubacar, mais nous, nous sommes restés pour garder nos maisons. Nous sommes nés ici, nous avons été à l’école ensemble, nous jouons au football. Lorsque le groupe d’autodéfense nous a dit qu’il nous protégerait, nous savions qu’il n’y avait aucune raison de ne pas lui faire confiance. »

 

Constitué de militaires, le groupe d’autodéfense sait cependant se faire comprendre des anti-balaka, présents non loin de là. « Nous savons que s’ils viennent faire du malheur ici, les voyous et les enfants des rues vont en profiter pour piller, voler et détruire. On s’est organisé pour l’éviter. Le pays sombre dans la folie. Nous ne voulons pas qu’elle se propage chez nous », explique Kevin, 42 ans, économiste au chômage, l’un des responsables de ce groupe d’autodéfense. Cependant, comme à Kilomètre-5, les quelques musulmans de Lakouanga ne sont pas libres de leurs mouvements. Pour eux aussi, trois ruelles plus loin, et c’est la mort assurée.

 

LAURENT LARCHER (à Bangui)

Lu pour vous : Avec les derniers musulmans de Bangui
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