26/05/14(AFP)
Un accrochage a opposé samedi à Bambari, dans le centre de la Centrafrique, des "éléments incontrôlés" de l'ex-rébellion Séléka à des forces françaises, a indiqué à l'AFP à Paris un porte-parole de l'état-major de l'armée.
Une vingtaine d'ex-Séléka, à bord de trois pick-up, ont ouvert le feu sur des soldats français qui, après des tirs de semonce, ont riposté et détruit l'un des trois véhicules, selon le colonel Gilles Jaron. Le bilan concernant d'éventuelles victimes du côté des ex-Séléka n'est pas encore connu et aucun soldat français n'a été tué ou blessé, a-t-il précisé.
De son côté, un officier de la force de l'Union africaine en Centrafrique (Misca) a expliqué à l'AFP à Bangui que les soldats français "ont riposté durement à des tirs" d'ex-rebelles.
"Samedi matin, une position des soldats français a fait l'objet de tirs des ex-Séléka en convoi", a indiqué sous couvert d'anonymat cet officier, après avoir été contact avec le contingent de la force africaine stationné à Bambari (250 km au nord-est de Bangui).
"Les soldats français ont riposté durement à ces tirs et un véhicule des ex-Séléka a été atteint et détruit. Des détonations fortes ont été entendues à cette occasion, faisant fuir des habitants vers l'évêché. Il y a eu des victimes côté ex-Séléka mais il n'y a pas encore un bilan précis", selon la même source.
Selon l'état-major français, après la destruction du pick-up, les tirs ont cessé mais les deux autres pick-up ont tenté de contourner les forces françaises.
Les assaillants avaient traversé la ville avant d'attaquer à l'ouest de celle-ci la position française, ouvrant le feu immédiatement sur elle, selon le porte-parole.
Les militaires français ont pris contact avec leurs interlocuteurs habituels chez les ex-Séléka pour faire baisser la tension, a également déclaré le porte-parole de l'état-major.
Mi-mai, plusieurs cadres du mouvement avaient affirmé vouloir restructurer la Séléka, à l'issue d'une rencontre à Ndélé (nord), et ont installé leur quartier général à Bambari, région où sont également signalés des mouvements de miliciens chrétiens anti-balaka, hostiles aux combattants Séléka à dominante musulmane.
Les assaillants semblent être des éléments échappant au contrôle de ces cadres, a affirmé le colonel Jaron.
La Séléka avait pris le pouvoir à Bangui en mars 2013, puis été mise en déroute début 2014 après la démission forcée de son chef Michel Djotodia de la présidence de la République. Désormais, les combattants du mouvement, sans réelle ligne de commandement, écument la province, se rendant coupables de nombreuses exactions.
Le gouvernement centrafricain de transition, appuyé par la communauté internationale, a dénoncé l'installation à Bambari du nouvel état-major formé à la mi-mai par d'ex-Séléka.
"Le gouvernement de la transition condamne avec force les velléités sécessionnistes des aventuriers qui placent leurs intérêts égoïstes au-dessus de l'intérêt national", avait ainsi déclaré lundi le Premier ministre centrafricain André Nzapayéké.
"Aucune existence physique d'un état-major militaire ou d'une administration parallèle quelconque ne sera tolérée sur les 623.000 km2 qui constituent le territoire centrafricain", avait-il ajouté, en appelant l'armée française et la Misca à "prendre toutes les dispositions pour mettre fin à ces dérives".
La crise centrafricaine a pris un tournant interconfessionnel depuis plusieurs mois, entre Séléka et miliciens anti-balaka.
Ces violences ont fait de nombreuses victimes et forcé les civils musulmans (minoritaires, moins de 20% de la population avant la crise) à fuir des régions entières du pays, essentiellement vers le Nord et le Centre, alimentant les craintes d'une partition du pays, à laquelle s'est toujours opposé le gouvernement de transition.
Centrafrique : rencontre entre ex-Séléka, Sangaris et Forces républicaines après des heurts à Bambari
YAOUNDE 26/05/14 (Xinhua) - Une rencontre entre les dirigeants de l'ex-coalition rebelle de la Séléka, de la force française Sangaris, et des Forces républicaines (FR) centrafricaines, a eu lieu dimanche à Bambari (Centre) après des heurts la veille, a appris Xinhua d'une source des ex-rebelles.
Avec la participation du général Abdoulaye Hissène, coordonnateur des Forces républicaines, l'armée nationale en reconstruction, et du général Francisco Soriano, commandant de Sangaris (force française chargée d'aider à la restauration de la paix et de la sécurité dans le pays), cette concertation tenue en présence du préfet de la Vakaga, département dont Bambari est la principale ville, était consacrée aux modalités de désarmement des ex-Séléka et d'autres groupes armés centrafricains, a rapporté le colonel Djouma Narkoyo, porte-parole de l'ex-alliance rebelle joint par Xinhua.
Elle se tenait dans un climat de calme apparent après une journée de tension samedi due à la destruction de deux véhicules des ex-Séléka lors d'un bombardement aérien de l'armée française stationnée à Bambari, ville devenue depuis une semaine la base du commandement de ces ex-rebelles et qui abrite en outre un contingent de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca).
Trois jours plus tôt déjà dans cette même localité, une tentative de désarmement des commandants de l'ex-alliance rebelle qui avait porté le 24 mars 2013 après trois mois de conflit avec le régime de François Bozizé, leur leader Michel Djotodia, contraint à la démission au début de cette année par les dirigeants d'Afrique centrale et la France, par Sangaris et la Misca avait provoqué des violences.
Principalement visés par une première opération de désarmement en décembre 2013 à Bangui, les ex-Séléka composés majoritairement de musulmans étaient devenus par la suite, avec l'ensemble de population musulmane centrafricaine, la cible des attaques des milices d'autodéfense chrétiennes anti-Balakas (anti-machettes) fidèles au président déchu Bozizé.
"Nous ne sommes pas contre le désarmement. Ce que nous voulons, c'est qu'il y ait d'abord la paix et la sécurité. Parce que chaque fois qu'on nous désarme, nous sommes exposés aux attaques des anti-Balakas qui sont soutenus par les Sangaris. On a quitté Bangui, ils sont venus nous rejoindre à Bambari, transportés par les Sangaris", a mentionné le colonel Narkoyo, faisant état de l'arrestation de quatre anti-Balakas dans la nuit de jeudi à vendredi après une infiltration à Bambari.
La réunion de dimanche après-midi s'est toutefois achevée, à l'en croire, par une interdiction pour les ex-rebelles de se déplacer en uniforme et armés dans la ville. "Il a été aussi décidé que les déplacements hors de la ville sont soumis à la délivrance d'ordres de mission signés par le général Abdoulaye Hissène et le général Soriano", renseigne-t-il par ailleurs.
Pourtant déclarés "ennemis de la paix" par la Misca, les asnti-Balakas continuent de bénéficier, contrairement aux ex-Séléka également coupables de nombreuses exactions, d'une sorte de blanc-seing et n'arrêtent pas de perpétrer l'horreur à Bangui et d'autres villes centrafricaines.