CONFÉRENCE DE BRAZZA SUR LA RCA : ENTRE ESPOIR ET SCEPTICISME
http://www.lobservateur.bf/ 21 Juil 2014
Les différents protagonistes de la crise centrafricaine vont-ils finir par faire le tour de toutes les capitales de l’Afrique centrale en quête d’une paix toujours introuvable ?Depuis hier et ce, pendant trois jours, les acteurs du bourbier centrafricain se retrouvent en effet dans la capitale congolaise, Brazzaville, pour poser les bases d’un processus dit de DDR (Désarmement, démobilisation, réinsertion) des différentes factions, préalables à une quelconque paix sociale.
Avant le présent rendez-vous brazzavillois, ils s’étaient retrouvés par deux fois à Libreville (juin 2008 et janvier 2013) puis par deux autres fois à N’Djamena chez l’autre parrain sous-régional présumé des ex-seleka en avril 2013 et plus récemment en janvier 2014 pour défénestrer Michel Djotodia qui pédalait dans le vide.
Mais chaque fois, la situation sur le terrain est allée de mal en pis et on a flirté régulièrement avec le conflit ethno-religieux. Il est vrai que l’intervention de Sangaris et des forces de la MISCA a permis de colmater un tant soit peu la brèche centrafricaine, mais les eaux de l’Oubangui-Chari sont toujours aussi rouge-sang et la seule volonté de Catherine Samba Panza, intronisée à N’Djamena, n’a pas suffi jusque-là à arrêter l’hémorragie.
En quoi Brazza sera-t-il différent des autres ?
Vu le nombre de participants (170), on a bien peur qu’en l’espace de trois jours, ça n’aille dans tous les sens et que les résultats escomptés ne soient pas véritablement atteints.
Dans tous les cas, le tout n’est pas d’accoucher d’un accord au forceps et de coucher sur du papier de belles résolutions qui ne seront pas appliquées sur le terrain.
On est d’autant plus poussé au scepticisme qu’à plusieurs reprises les différents camps qui sèment la désolation en terre Centrafricaine, Seleka et Anti Balaka, ont promis de déposer les armes mais à chaque fois c’était pour mieux les ressortir.
Peut-il seulement en être autrement quand on a affaire à des «bandes non organisées» qui vivent de rapines et sur lesquels les «chefs» n’ont pratiquement pas de prise ?
Enfin, pour tout dire, c’est quand Dame Catherine de Bangui sera de retour de Brazza avec son petit monde qu’on saura véritablement si l’escapade a été fructueuse.
Hyacinthe Sanou
FORUM POUR L’ARRET DES HOSTILITES EN RCA : Peut-on y arriver sans les parrains ?
http://lepays.bf/ Mardi 22 juillet 2014
« La qualité d’une fête à venir se sent dans ses préparatifs », dit une sagesse de chez nous. La capacité des Centrafricains à restaurer rapidement la paix dans leur pays n’est pas visible dans leurs attitudes. Les faits et attitudes des uns et des autres ne poussent pas vraiment à l’optimisme. Les chances d’un succès rapide de la médiation congolaise ne sont pas encore réunies. En effet, alors qu’initialement, la rencontre qui se tient actuellement à Brazzaville devait, en plus de la cessation des hostilités, servir de cadre à l’élaboration d’une feuille de route pour la transition politique en République centrafricaine (RCA), certains acteurs ont refusé d’y prendre part, estimant qu’elle devait avoir lieu sur le territoire centrafricain.
La situation du pays nécessite une mise en commun des forces de tous les Centrafricains
Pourtant, le processus de normalisation en RCA passe nécessairement par la cessation immédiate des hostilités et des négociations sur la transition politique devant déboucher à terme sur des élections démocratiques. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il vaut mieux ne pas perdre du temps car chaque seconde perdue est une seconde de trop dans les souffrances des populations.
En tout état de cause, la situation du pays nécessite une mise en commun des forces de tous les Centrafricains. Le climat sécuritaire est des plus désespérants. Ce n’est pas Catherine Samba-Panza qui a, jusqu’à présent, échoué à améliorer la situation sécuritaire du pays, qui dira le contraire. La mollesse de l’Etat centrafricain, conjuguée à l’activisme des groupes armés, offre un spectacle des plus déplorables. Compte tenu de ce contexte difficile, le fait que certains acteurs ont boudé le forum de Brazzaville, s’il peut être compréhensible pour des questions de patriotisme, ne fait pas du bien au pays. Ce n’est ni plus ni moins qu’une manière pour les Centrafricains, de remettre à plus tard ce qui peut être fait maintenant. Et les attitudes de ce genre mettent en difficulté les initiatives pour tirer la Centrafrique du bourbier dans lequel elle patauge depuis bien longtemps. Au regard de l’urgence de trouver des solutions à cette crise, c’est déjà cela de gagner que le forum ait été maintenu malgré tout, moyennant quelques aménagements. En effet, au regard de la nouvelle donne née du refus de bien des acteurs de faire le déplacement de Brazzaville, les organisateurs ont dû revoir l’ordre du jour de ce forum. Exit la feuille de route qui devra être discutée plus tard à Bangui. Autour de la table, Séléka et anti-balaka devront faire la paix des braves.
Mais la question essentielle réside dans le sort qui pourrait être réservé à un accord de cessation des hostilités dans le contexte actuel de la RCA. Aura-t-il une quelconque chance d’être appliqué ? Rien n’est moins sûr. De fait, il n’est pas évident que les acteurs qui ont boycotté la rencontre de Brazzaville donnent toute la caution nécessaire à ce qui sortirait de la rencontre. Malgré leur promesse de rejoindre le processus, leur absence à ce forum aura, dans le meilleur des cas, l’inconvénient de ralentir la sortie de crise, en retardant l’adoption d’une feuille de route. De plus, la bonne foi n’est pas la chose la mieux partagée au sein des deux groupes armés qui se combattent.
Ce sont Bozizé et Djotodia qui connaissent le mieux les monstres qu’ils ont créés
En effet, Séléka et anti-balaka sont très peu crédibles par rapport à des engagements qu’ils pourraient prendre. Il n’y a aucune garantie qu’ils fassent taire effectivement et définitivement les armes et apprennent à se réaccepter mutuellement. De même, la multiplicité des leaders n’est pas de nature à faciliter le respect d’un tel accord. En effet, beaucoup de combattants des deux camps n’obéissant plus qu’à eux-mêmes ou à des chefs dont l’adhésion aux décisions n’est pas garantie, on imagine bien combien il peut être difficile de faire respecter un accord de cessation des hostilités.
Pourtant, il faudra insister pour que l’accord entre les anti-balaka et la Séléka, qui devra être signé, ne soit pas un accord mort-né. Ces dispositions devront être appliquées. Cela dit, les différents protagonistes de la crise devront jouer leur partition à fond et face à la gravité de la situation, tous les acteurs devraient être mis à contribution. Et c’est en cela qu’on se pose à nouveau la question de savoir s’il n’aurait pas été plus judicieux de ne pas écarter complètement les parrains des deux monstres centrafricains qui se combattent. Peut-on parvenir à la paix en Centrafrique sans la contribution des parrains de la Séléka et des anti-balaka que sont respectivement Michel Djotodia et François Bozizé ? Quand on sait que ces parrains bénéficient d’une obéissance religieuse de la part de leurs partisans et que tous les efforts ont jusque-là échoué, continuer à les écarter alors qu’on ne dispose visiblement pas d’autre solution, s’apparente à un manque de réalisme. En effet, ce sont eux qui connaissent le mieux les monstres qu’ils ont créés. Et même s’il est certain que ces monstres échappent en partie maintenant à leur contrôle, Bozizé et Djotodia détiennent toujours des leviers qui pourraient contribuer à réduire un tant soit peu la capacité de nuisance des deux milices.
« Le Pays » du Burkina
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : Le forum pour la paix mal engagé
http://www.courrierinternational.com/
Une rencontre entre les acteurs du conflit en République centrafricaine s'est ouverte, ce 21 juillet, à Brazzaville, la capitale du Congo. La négociation semble mal engagée.
Les Centrafricains tentent, encore une fois, de faire la paix à Brazzaville. Sous l'égide du président du Congo, Denis Sassou-Nguesso, un forum pour la réconciliation nationale réunit la rébellion de la Séléka (essentiellement musulmane), les milices antibalaka (majoritairement chrétiennes), la société civile et les autorités de la fragile transition.
L'éditorialiste du site Les Plumes de la RCA prévient : "Il n'y aura probablement ni vainqueurs, ni vaincus. Les uns comme les autres n'auront jamais le pouvoir pour lequel ils ont versé tant de sang et de larmes."
Le journaliste, pessimiste, s'interroge sur la valeur d'un éventuel accord qui pourrait intervenir à la fin du forum, le 23 juillet : "Quel crédit accordé à une réunion qui n'aura regroupé que des seconds couteaux de la classe politique centrafricaine, de la société civile et des personnalités de seconde zone, sans aura ni assise populaire ? Ce genre de rencontre ressemble à s'y méprendre à un véritable marché de dupes où les signataires des accords n'ont manifestement pas de prise directe sur les criminels et autres assassins qu'ils sont censés représenter et qui se pavanent le plus tranquillement du monde dans nos villes, villages et quartiers, continuant à commettre leurs forfaits en toute impunité."
A Bangui, la capitale centrafricaine, des miliciens antibalaka ont tué un ex-combattant de la Séléka, ce 21 juillet. En représailles, les sélékas ont pris plusieurs jeunes en otages.