BANGUI 16 avril (AFP) - Le nouveau président centrafricain et ex-chef rebelle Michel Djotodia a annoncé mardi des mesures pour lutter contre l'insécurité à Bangui, du fait notamment d'éléments incontrôlés de l'ex-rébellion du Séléka, et évoqué la possibilité de demander de l'aide au Tchad voisin.
"Nous devons débarrasser la ville des intrus, de ceux de Bozizé (le président déchu) et du Séléka", a déclaré M. Djotodia, annonçant un renfort de 500 hommes à la police et 500 autres à la gendarmerie, ainsi que le casernement des combattants du Séléka, dont certains sont accusés de participer aux pillages qui se poursuivent dans certains quartiers de Bangui.
"Nous sommes en train de voir la possibilité de demander à nos frères tchadiens de nous aider avec des éléments pour nous appuyer", a ajouté le nouveau chef de l'Etat, désigné samedi par un Conseil de transition pour diriger le pays pendant 18 mois.
A Bangui, "1.000 hommes" (du Séléka) seront casernés, "et ceux là n'auront pas droit de faire ce qu'ils veulent. Ils seront surveillés, et seront là pour des opérations ponctuelles", a souligné M. Djotodia.
Les hommes du Séléka seront également cantonnés dans 15 des 16 préfectures que compte le pays "pour assurer la sécurité des biens et des personnes".
La préfecture du Haut Mbomou (est) déjà protégée par "des forces ougandaises, des forces américaines et les éléments de l'Union africaine", en opération de lutte contre l'Armée de résistance du Seigneur (LRA, rébellion ougandaise), a-t-il précisé à ce propos.
Pendant le week-end, une vingtaine de personnes ont trouvé la mort dans des heurts entre anciens rebelles du Séléka et des habitants de deux quartiers de la capitale, selon des témoins. Un combattant du Séléka accusé de pillages a également été lynché par la foule.
Boy-Rabé, quartier populaire au nord de la ville et ancien fief électoral du président Bozizé, a été presque entièrement pillé par des hommes du Séléka ou des bandits se faisant passer pour des rebelles, obligeant de nombreux habitants à fuir.
Le Séléka peine à établir l'ordre dans Bangui depuis sa prise de la ville le 24 mars et la fuite de François Bozizé. De nombreux habitants y vivent dans la peur des pillages et de l'insécurité.
Mardi, le porte-parole du gouvernement, Crépin Mboli-Goumba a demandé aux pays d'Afrique centrale d'envoyer 1.000 soldats pour aider au rétablissement de l'ordre dans le pays. Le sujet devrait être débattu au sommet extraordinaire de N'Djamena jeudi consacré à la Centrafrique.
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« Tous les quartiers de Bangui doivent être désarmés », dixit Crépin Mboli- Goumba
Radio Ndéké Luka Mardi, 16 Avril 2013 15:20
Le Gouvernement d’Union Nationale (GUN) est sortie de sa tanière pour dénoncer les auteurs de la crise de ces derniers jours à Bangui. Cette crise qui, selon la Croix Rouge centrafricaine, a fait 13 morts, et 21 blessés dans les 4e et 7earrondissements de Bangui.
Le ministre d’Etat aux Travaux publics et porte-parole du gouvernement, Maître Crépin Mboli-Goumba a déclaré, lors d’une conférence de presse qu’il a animée le 15 avril dernier à Bangui, que « les milices créées par la Coalition Citoyenne d’Opposition aux Rebellions Armées (COCORA) et la Coalition des Actions citoyennes (COAC), ainsi que les éléments incontrôlés de Séléka sont à l’origine des affrontements qui ont émaillé certains quartiers de Bangui le weekend dernier ».
Selon Crépin Mboli-Goumba, « depuis l’invasion de Bangui le 24 mars dernier par la coalition Séléka, il y a eu beaucoup d’exactions. Face à cette situation, le gouvernement mettra tout en œuvre pour que justice soit faite ». Il affirme par ailleurs la volonté du GUN à faire régner la paix et la stabilité dans la capitale centrafricaine et que 1000 éléments de la Force Multinationale de l’Afrique Centrale (FOMAC) sont attendus dans les prochains jours à Bangui.
« Les civils n’ont rien à faire avec les armes de guerre encore moins, les utiliser pour tuer d’autres civiles et parfois même des militaires. Tous les quartiers de Bangui doivent être désarmés en tout cas, tous les détenteurs d’armes doivent être désarmés. Ceux qui viennent pour prêter la main au gouvernement dans sa mission de sécurisation de la ville de Bangui n’ont pas l’intention de s’amuser. J’ai discuté avec le médecin-chef du Complexe pédiatrique de Bangui et il m’a fait savoir que 4 petits enfants avaient été amputés. Fort de ce constat, il n ya aucune espèce de tolérance vis-à-vis de ces actes » a-t-il souligné.
Par ailleurs, Martin Ziguélé, président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), depuis l’extérieur de la RCA, a réagi le 15 avril dernier sur les ondes de Radio Ndeke Luka pour présenter ses condoléances à toutes les familles éprouvées par les événements qui se sont produits le week-end dernier dans certains arrondissements de Bangui.
Pour faciliter le retour à la paix et la sécurité dans le pays, le président du MLPC Martin Ziguélé invite les autorités militaires et civiles de tout mettre en œuvre pour préserver les vies humaines et la propriété privée. Par ailleurs, il lance un appel patriotique à toutes les personnes détentrices d’armes de guerre à les déposer aux autorités compétentes.
L’usage des armes contre la population civile par les éléments de désarment a fait également l’objet de dénonciation de part et d’autre.
Les responsables des Eglises Protestantes en Centrafrique, regroupés dans l’Alliance des Evangéliques en Centrafrique (AEC), s’étaient réunis le 14 avril dernier à Bangui pour dénoncer les événements du samedi 14 au dimanche 15 avril.
Selon le pasteur Nicolas Gueret Koyame, président de l’AEC, « ces évènements ont affecté l’intégrité de l’église en occasionnant la perte en vies humaines et des dégâts matériels ».
L’Alliance des Evangéliques en Centrafrique exige des autorités centrafricaines, l’arrêt immédiat des exactions dans tous les quartiers de Bangui ; le désarmement et le cantonnement des éléments de Séléka pour un retour à la vie normale.
Quant à Florian François Bedaya Ndjadder, président de l’Union des Forces Républicains (UFR), dans un communiqué de presse parvenu à Radio Ndeke Luka ce 16 avril 2013, il constate que « cette situation qui perdure depuis plus de trois semaines risque immanquablement d’amener la déchirure du pays et le plonger dans le chaos ».
Il précise par la suite que les partenaires au développement de la RCA sont entrain d’observer les centrafricains et demande aux nouvelles autorités de Centrafrique de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la cohésion nationale puisse revenir dans la capitale Bangui et toutes les villes de provinces.
Signalons que le sommet de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), qui devait initialement se tenir le lundi 15 avril dernier à N’Djamena au Tchad sur la crise centrafricaine, a été reporté au 18 avril prochain. Cette nouvelle rencontre vise à procéder à une évaluation de la mise en place du processus de transition de dix huit mois en République centrafricaine, après l’élection de l’ex chef rebelle de la coalition Séléka, Michel Djotodia par les 105 membres du Conseil National de Transition (CNT).