Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Cette litanie de points d'ombre, au demeurant non exhaustive, n'est destinée ni à enfoncer le couteau dans la plaie, ni à créer le malaise et le sentiment de culpabilité. Elle voudrait simplement
interpeller chaque responsable politique et administratif de notre pays et chacun de nous à recadrer son action.
Dans ce contexte nouveau, le Gouvernement que j'ai l'honneur de conduire a reçu la grande mission de travailler, sous l'impulsion du Chef de l'Etat, à la poursuite des réformes entreprises en
faveur de la relance économique et de la lutte contre la pauvreté.
Cependant, quel que soit l'engagement du Gouvernement à travailler, la détermination de ses membres, ses efforts resteront vains s'il ne reçoit une mobilisation de tous et le rejet de certains
comportements qui jusque là annihilent le sursaut véritable, je pense particulièrement aux pratiques discriminatoires, aux fraudes, à la paresse et à la corruption qui minent le développement de
notre pays.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Il est donc impératif, que le Gouvernement dont le Chef de l'Etat m'a confié la charge de diriger, s'attaque de front à ces difficultés en énonçant quelques principes fondateurs.
Je me vois obligé de dire : la réalité des faits et la vérité des contraintes immédiates m'interdisent de faire des promesses démagogiques. Mon ambition sera d'abord de fixer au Gouvernement
des objectifs clairs, de mobiliser toutes les énergies, de poursuivre et d'approfondir les réformes, de moderniser l'appareil d'Etat et l'économie nationale, bref de dynamiser le processus de
création de richesses.
Pour y parvenir, nous devons placer l'action publique sous le triple signe de la rigueur, de l'audace et de la créativité.
Ceci implique que nous soyons à l'écoute des uns et des autres, par delà les sensibilités et les opinons politiques, et que nous acceptions l'idée d'un effort soutenu et d'un sacrifice partagé. Car
nous ne devons pas nous faire d'illusion : le développement de la République Centrafricaine n'est ni l'affaire d'un homme, ni celle d'un groupe d'individus ou d'un parti politique. C'est la
responsabilité de tous les hommes et femmes de ce pays.
En effet, si le projet politique du Président de la République a rencontré l'adhésion de nos compatriotes et suscité une grande espérance, c'est parce qu'il a présenté un programme qui indique à
chacun de nous tous sa place et son rôle de citoyen à part entière dans une République Centrafricaine solidaire.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Avec la formation de ce dernier Gouvernement, nous devons agir pour répondre aux attentes des populations. Nous devons encourager l'ardeur au travail et créer les conditions de l'excellence qui,
seules, nous permettront de concrétiser la vision énoncée par le Président de la République, Chef de l'Etat et nous montrer dignes de la confiance que le peuple a placé en chacun de nous. Pour ce
faire, nous devons montrer notre foi aux valeurs ci-après désignées qui ont fait le succès et la fierté de notre pays à une certaine époque de son histoire :
- la foi inébranlable aux potentialités de l'être humain ;
- la culture de l'ardeur au travail comme antidote à l'irresponsabilité, à la démission et au recours aux échappatoires faciles ;
- l'adhésion aux principes d'égalité de chance et de valorisation du mérite individuel ;
- la tolérance et le respect des opinions des autres, gage de stabilité et de progrès social.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Ayant présenté rapidement le contexte sociopolitique de notre action commune et le cadre intellectuel de notre prise de responsabilité collective,je voudrais maintenant,avec votre
indulgence,brosser à grands traits et de manière non exhaustive quelques grands axes de ce que sera la politique du Gouvernement dans les années à venir .
La vision qui inspire la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement est énoncée dans le programme politique du Président de la République, Chef de l'Etat, celle d'une République
Centrafricaine qui doit mener un combat contre la pauvreté, assurer le redressement économique et le développement durable avec l'appui des partenaires.
Dans la logique de ce programme, je place cette déclaration sous le signe de la consolidation des bases d'une croissance de qualité, réductrice de la pauvreté, dans un contexte de gestion
rigoureusement orientée sur les résultats.
Que devons-nous faire ?par où faut-il commencer ?
Si l'on regarde l'exposé que je viens de présenter, l'on est tenté de dire qu'il faut tout entreprendre à la fois, car tout est urgent et indispensable.
Cependant, l'étroitesse des ressources de l'Etat et certains facteurs internes ne nous permettent pas de le faire. Il nous faut donc sérier les problèmes par ordre de priorité et tenter de les
résoudre graduellement en fonction des moyens disponibles.
Dans les circonstances actuelles, les objectifs prioritaires de mon Gouvernement tournent autour de quatre(4) axes que sont :
-le renforcement de la sécurité et la consolidation de la paix ;
-le renforcement de la bonne gouvernance et la promotion des Droits de l'Homme ;
-la stabilisation macroéconomique ;
-la reconstruction des infrastructures de base et la relance des secteurs productifs et sociaux.
A COURT TERME, c'est-à-dire d'ici fin 2008
A. Renforcement de la sécurité et consolidation de la paix
La sécurité et la consolidation de la paix sont le premier pilier du programme sur lequel se fondent les autres, car sans sécurité et paix, il n'y a pas de développement.
C'est pourquoi, le rétablissement de la sécurité sur toute l'étendue du territoire reste un impératif du Gouvernement.
(i) Pour réduire les poches d'insécurité dans les villes ou communes de l'arrière pays, les capacités opérationnelles de nos forces de défense et de sécurité doivent être renforcées. La
restructuration de nos forces de défense et de sécurité doit se poursuivre et aboutir à la construction d'une armée professionnelle, unie, moderne, et républicaine apte à accomplir avec efficacité
sa mission. Ainsi le Gouvernement compte sur ses forces de défense et de sécurité pour assurer la sécurité et la paix sur toute l'étendue du territoire. Le Gouvernement s'appuiera en outre, sur les
forces de la CEMAC, des Nations Unies et de l'EUFOR en vue de soutenir les efforts consentis par les différents corps de la défense nationale.
S'agissant de l'Eufor, il est utile de rappeler que c'est par la Résolution 1778 que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a autorisé l'Union Européenne à déployer cette opération à l'est du
Tchad et au nord de la RCA. Cette opération aidera le Gouvernement à protéger les populations civiles en danger, particulièrement les personnes déplacées par les effets de la crise du DARFOUR et
l'acheminement de l'aide humanitaire et la sécurisation de la zone nord de notre pays.
Par ailleurs, le Gouvernement mettra tout en œuvre pour faire aboutir la Réforme du Secteur Sécuritaire, chère au Président de la République, Chef de l'Etat, qui a déjà mis en place un Comité
Préparatoire chargé d'y travailler.
Enfin, il ne faut pas manquer de dire que le Gouvernement compte sur l'adoption de la loi de Programmation Militaire pour la période 2008-2013 qui prend en compte tous les problèmes du secteur et
qui devra permettre de doter nos forces de défense et de sécurité de moyens humains, matériels et financiers adéquats.
En effet, les objectifs poursuivis par ce projet de loi visent :
- la consolidation et la maitrise des effectifs nécessaires au sein de nos forces de défense et de sécurité ;
- le renforcement des capacités de nos forces armées et de gendarmerie en équipements nécessaires à l'accomplissement de leurs missions ;
- l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail ;
- l'allocation d'un budget conséquent.
(ii) La consolidation de la paix passe aussi par la tenue au cours de cette année du Dialogue Politique Inclusif voulu par le Président de la République, Chef de l'Etat qui a
instruit mon Gouvernement de tout mettre en œuvre en vue de sa préparation et de son organisation.
La réussite de ce dialogue constituera un levier important du retour à la paix, gage de stabilité politique et de croissance économique.
A ce stade, j'invite solennellement au nom du Gouvernement l'APRD qui est encore restée en dehors de ce processus, à se joindre à nous en vue de la réussite de ce pari.
Aussi, le Gouvernement ne manquera t-il pas de poursuivre l'effort de paiement régulier des salaires et de dialoguer avec les partenaires sociaux en vue de l'instauration d'un climat social serein
et pacifique.
B. Renforcement de la bonne gouvernance et promotion des Droits de l'Homme
La bonne gouvernance est une préoccupation de notre pays, c'est pourquoi le Gouvernement et les partenaires au développement l'ont mis en évidence dans le Programme conclu avec le FMI pour la
période 2007-2009.
A cet effet, les actions de mon Gouvernement porteront sur : la gouvernance politique et judiciaire, la gouvernance économique et la gouvernance locale.
(i) la gouvernance politique et judiciaire se traduira par le renforcement de la culture démocratique, la promotion et la protection des droits humains.
Le renforcement de la culture démocratique passera par le renforcement des institutions de la République et de la société civile, accompagné par une stratégie de sensibilisation et d'éducation à la
culture civique et démocratique.
Au niveau de la justice, le Gouvernement mettra tout en œuvre pour appliquer les recommandations pertinentes des Etats Généraux de la Justice visant la mise en place d'une justice proche des
populations et l'amélioration de la couverture territoriale en juridictions.
(ii) la gouvernance économique se concrétisera par la poursuite des mesures d'assainissement des finances publiques et la lutte contre la corruption ;
- l'amélioration de la sécurisation dans les régies et les systèmes de recouvrement des recettes fiscales ;
- l'amélioration de l'environnement des affaires et du cadre réglementaire et institutionnel en vue de la relance de l'économie du pays par le secteur privé ;
- l'amélioration de la qualité du service public qui passera par la poursuite des réformes de la fonction publique.
(iii) la gouvernance locale vise le rapprochement de notre administration et des administrés.
Le Gouvernement mettra tout en œuvre pour faire adopter les textes législatifs et règlementaires relatifs à la décentralisation et à la régionalisation. Il ne manquera pas de procéder au
renforcement institutionnel du haut Commissariat à la Décentralisation et Régionalisation et des collectivités locales pour favoriser le développement d'un leadership féminin au niveau des
collectivités locales. Enfin, il poursuivra les discussions avec la délégation de la Commission Européenne en RCA en vue de la mise en place prochaine des « pôles de développement » afin
de répondre aux attentes de la plus grande partie des populations de l'intérieur.
Un effort particulier sera fait en direction de notre Administration du Territoire, pour la transformer en une véritable administration de développement.
Pour ce faire, le Gouvernement va :
- organiser des cycles de formation et de perfectionnement à l'ENAM de Bangui, du personnel de l'Administration du Territoire, pour l'emmener à mieux appréhender l'action du gouvernement et la
science administrative ;
- redéployer un personnel compétent dans les sous – préfectures non pourvus en sous-préfets et autres personnels administratifs ;
- réhabiliter avec l'appui de l'Union Européenne à travers les « pôles de développement », les infrastructures non entretenues qui, jusque là, ne permettent pas un fonctionnement optimal
de nos services décentralisés.
S'agissant de nos chefs de villages et quartiers, le Gouvernement mettra immédiatement en place un groupe de travail chargé d'étudier ce dossier et de lui faire de propositions.
C. LA STABILISATION MACROECONOMIQUE
Le Gouvernement va poursuivre les réformes entreprises au lendemain du 15 mars 2003 avec la mise place par le FMI d'un premier programme post-conflit le 02 avril 2004 après que nous ayons rempli
les conditions de redressement économique et financier recommandées par la mission de février 2004,puis la conclusion d'un second programme ayant débouché en janvier 2006 à la conclusion de la
Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance(FRPC) approuvée en décembre par le FMI pour la période 2007-2009 et reprise dans le DSRP 2008-2010.
Le Gouvernement entend poursuivre et consolider ces acquis. Une feuille de route en matière économique existe déjà. Nous nous engageons en faveur de la paix et de la stabilité pour la mettre en
œuvre afin d'améliorer les conditions de vie de nos populations.
C'est pourquoi, pour accroître la visibilité de la République Centrafricaine sur la scène internationale, une stratégie de positionnement va être développée. Elle poursuivra le double objectif du
renforcement de nos relations avec les partenaires traditionnels (multilatéraux et bilatéraux) et de l'ouverture de nouveaux champs de coopération avec les partenaires afin de nous permettre
d'atteindre le seuil critique de ressources à mobiliser pour le soutien aux programmes d'investissements publics.
Cependant, l'élaboration des stratégies sectorielles est un préalable impératif pour sa mise en œuvre.
Dès à présent, le Gouvernement s'attèle à l'organisation des tables rondes sectorielles, en vue de préparer les documents de projets et de programmes finançables par les partenaires.
D. RECONSTRUCTION DES INFRASTRUCTURES DE BASE ET LE DEVELOPPEMENT DU SECTEUR SOCIAL
(i) La situation de l'enclavement intérieur et extérieur de la République Centrafricaine place en premier ordre les problèmes d'infrastructures de transport dans son économie.
Il s'agit de remettre en état les infrastructures de base en vue de la relance de l'économie du pays.
Certains partenaires bilatéraux et multilatéraux nous appuient déjà dans ce secteur, non sans moins compter sur l'appui du Fonds d'Entretien Routier qui assure l'entretien des routes en zone
rurale, réfectionne les ouvrages d'art pour permettre le transport des personnes et des biens dans l'arrière pays.
Les efforts du Gouvernement dans le secteur des Transports Routiers porteront sur :
- le démantèlement des barrières illégales qui freinent la libre circulation des personnes et des biens ;
- la construction des check points sur le corridor Bangui/Douala ;
- la construction des gares routières de Bouar et Bossangoa ;
- la construction et l'aménagement des postes frontaliers sur le corridor Bangui/Douala ;
- la réhabilitation de la Gare Routière de Bangui ;
- la création d'une compagnie nationale de transport routier.
Aussi, afin de permettre l'écoulement des produits vivriers et agricoles vers les grands centres urbains et pour limiter la flambée de prix des dits produits, le Gouvernement procédera à un
désenclavement diversifié du territoire national. Il faut noter en particulier :
- l'entretien de plus de 1.600 km de routes en terre par rotation ;
- la reconstruction du pont de Batouri (à l'entrée de la localité de Berberati) et Loppo (à l'entrée de la localité de Nola) ;
- la réhabilitation des ponts Boumbé 1 et 2 (situés sur l'axe Berberati et Gamboula) ;
- la réhabilitation de la route Berberati-Nola-Bayanga ;
- le bitumage de l'avenue Boganda, de l'Avenue du Lieutenant KOUDOUKOU et la Rue Berrot ;
- le bitumage de la traversée de la ville de Bouar jusqu'à Fambélé au Pk 73,8 en direction de Baboua ;
- la réhabilitation de l'axe Pk 140 de Sibut à Bambari Pk 200 soit 60 km etc.…
(ii) le secteur social, la Santé et l'Education constituent les priorités de mon programme, une préoccupation constante du Gouvernement car elles conditionnent le développement à
long terme.
Les programmes prioritaires à entreprendre dans le domaine de la santé s'appuient sur le Plan National de développement Sanitaire II (PNDS II), cadre de référence pour les partenaires du secteur,
couvrant la période 2006-2015.
Ces programmes visent la poursuite et l'intensification des efforts entamés à travers les actions suivantes :
- L'intégration du personnel en instance et la formation continue du personnel en place en vue du renforcement de leurs capacités techniques et éthiques ;
- L'ouverture des filières de spécialité à la Faculté des Sciences et de la Santé (FACSS), ceci en co-tutelle avec les Universités de la sous région et de consortiums des pays du Nord ;
- L'ouverture de filières para médicales dont le besoin se fait sentir en termes de manipulateurs de radio, de techniciens de laboratoire, de techniciens Supérieurs en santé mentale, etc.
- La construction et la réhabilitation des formations sanitaires dont le Centre Hospitalier Universitaire de Bangui (CNHUB) afin d'y loger certains services spécialisés qui font défaut comme
l'hémodialyse, la radiothérapie, le scanner, la cancérologie ;
- L'amélioration des plateaux techniques des hôpitaux de provinces ;
- La poursuite de l'implantation des dépôts de médicaments génériques essentiels sur le territoire national,
- Le renforcement des capacités en recherche biomédicale, notamment sur la pharmacopée et la médecine traditionnelle ;
- L'instauration d'un système d'assurance maladie afin de répondre aux problèmes de prise en charge des cas d'urgence et des personnes démunies. Il s'agira de créer des mutuelles de santé et si
possible un système d'assurance maladie ;
- L'amélioration de la gestion du système de santé à tous les niveaux.
Ces programmes s'alignent sur les stratégies de lutte contre la pauvreté et le Cadre Stratégique de lutte contre le VIH/SIDA.
Les autres programmes seront mis en œuvre grâce à l'appui des partenaires à travers les projets déjà en cours d'exécution et ceux en voie de réalisation.
Il s'agit :
- du projet AFD/RSS pour la réhabilitation de cinq (5) centres de santé avec maternité ;
- du projet de construction à travers six (6) régions sanitaires de 22 centres de santé avec 8 blocs opératoires et leurs équipements avec le concours de la BADEA ;
- de la construction et l'équipement de la clinique satellite sous régionale de chirurgie cardiaque par l'ONG Emergency ;
- de la réhabilitation de l'hôpital de l'Amitié.
Dans le domaine de l'Action Sociale, les programmes en cours doivent être poursuivies et renforcées à travers les actions suivantes :
- la prise en charge globale des orphelins et autres enfants rendus vulnérables par le VIH/SIDA ;
- la promotion et la protection des personnes handicapées et celles du 3ème âge ;
- l'extension et l'intensification des actions de développement communautaire qui visent essentiellement à favoriser la participation active et responsable des populations afin de susciter les
capacités d'auto développement des communautés à la base ;
- l'Opérationnalisation du fonds de solidarité nationale par la mobilisation de fonds d'origines diverses, en vue du financement des actions sociales ;
- La lutte contre la discrimination et les violences basées sur le Genre par la promotion de l'égalité et de l'équité entre les sexes, pour un développement efficace et durable ;
- Le renforcement des dispositifs pour le rapatriement des compatriotes réfugiés au Sud du Tchad et à l'Est du Cameroun.
(iii) Le secteur des Mines, de l'Energie et de l'Hydraulique est à la base du développement économique de notre pays avec le secteur forestier. Une attention particulière leur sera
accordée en vue d'en tirer le meilleur profit par la promotion d'une exploitation optimale et durable.
Pour ce faire, une police des mines sera crée, un appui sera apporté à la production artisanale et à la recherche, les capacités techniques du BECDOR sera renforcées et la filière aurifère
réorganisée.
Dans le domaine de l'Energie, l'objectif du Gouvernement est d'augmenter le taux d'accès de la population aux sources modernes d'énergie et de faire passer le taux d'accès de 7% en 2007 à 10% en
2010. Un accent sera mis sur la valorisation des sources d'énergie renouvelable (hydro-électricité, solaire et biomasse) pour satisfaire les besoins en énergie des populations, surtout en milieu
rural.
La couverture en Eau potable du pays reste très faible avec un taux de couverture de 28% en moyenne. L'objectif est de fournir à l'horizon 2015, 25 litres par personne et par jour à la campagne et
80 litres par jour et par personne en ville.
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement :
- mettra en place un cadre règlementaire approprié au secteur en élaborant les textes d'application du Code de l'eau ;
- fera construire et réhabiliter les ouvrages d'approvisionnement en eau en milieu rural et l'adduction d'eau en milieu secondaire ;
- assurera la promotion des latrines traditionnelles améliorées et des latrines à fosses ventilées ;
- mettra en place un mécanisme de financement du secteur par des sources diversifiées, stables et régulières. Ce mécanisme sera alimenté par des ressources tant nationales qu'internationales.
En milieu rural et semi urbain, les ressources à mobiliser avoisinent 79 milliards de FCFA dont 41 milliards pour les investissements et 38 milliards pour les charges récurrentes. L'objectif étant
de réaliser 403 nouveaux ouvrages hydrauliques et la réhabilitation des ouvrages précédemment réalisés. Ce qui permettra d'alimenter en eau 2,14 millions de populations supplémentaires.
En milieu urbain, l'estimation du coût pour la fourniture d'eau de 2007 à 2015 s'élève à 20,53 milliards.
T
rès Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
A MOYEN TERME,
Les actions du Gouvernement devront donner une nouvelle pulsion en faveur de la reprise des activités de production qui passe par la réhabilitation des infrastructures de base.
1. les infrastructures de base : le Gouvernement va tout mettre en œuvre afin que les projets dont les financements ont déjà été identifiés puissent démarrer dans les meilleurs
délais.
Ainsi, dans le sous secteur du Transport Fluvial, des efforts seront consentis pour la mise en perspective des programmes de navigabilité sur les eaux de l'Oubangui et de la Sangha.
Une autre mesure de désenclavement du pays portera sur la sécurité et la sûreté de l'Aéroport International de Bangui M'poko.
Dans le domaine de l'habitat, une nouvelle approche sera développée pour restructurer les quartiers informels. A cet effet, le Gouvernement mettra en œuvre la stratégie nationale
d'habitat dont les grandes orientations sont :
- la restructuration des quartiers irréguliers par l'ouverture des voies de pénétration ;
- la création et la viabilisation des lotissements en vue de la construction des logements sociaux ;
- la réhabilitation des infrastructures urbaines ;
- la révision des plans d'urbanisme de référence ;
- la révision des textes domaniaux et fonciers ;
- la promotion et la vulgarisation des matériaux locaux.
Concernant les Télécommunications et les Nouvelles Technologies, l'objectif du Gouvernement est de moderniser les télécommunications en RCA et d'atteindre d'ici 2010 un taux de
couverture géographique en téléphonie de 70%, celui de la population de 80% au moins.
Ces projets seront réalisés non seulement par le concours des opérateurs privés des réseaux cellulaires mais aussi par la Socatel.
Dans le domaine de la Poste, l'Office national de la Poste et l'Epargne doit être rapidement restructuré ;
L'objectif le plus urgent est de répartir progressivement les opérations CCP dans tous les bureaux de la poste de Bangui et ceux des villes des provinces afin de faciliter le paiement des salaires
des fonctionnaires, le transfert d'argents pour les hommes et femmes d'affaires.
Cela aura pour avantage d'éviter aux enseignants, infirmiers, médecins, éléments de force de défense et de sécurité et autres fonctionnaires d'abandonner leurs postes de travail pour se déplacer de
leurs régions vers Bangui pour percevoir leurs salaires.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Le secteur Agricole : Etant donné que le secteur agricole occupe 75% de la population active, la promotion de ce secteur sera un moyen efficace de lutte contre la pauvreté qui
sévit en milieu rural. Le secteur agricole sera de ce fait la première priorité dans les activités de production.
La stratégie du Gouvernement sera de relancer les productions de rente, d'augmenter les productions vivrières et de développer l'élevage.
Il s'agira pour le Gouvernement de :
- faire améliorer la production agricole par :
*la production et la diffusion des semences de qualité en milieu paysan ;
*la mise à la disposition des paysans des équipements agricoles adéquats et performants ;
*la promotion et la diffusion d'engrais, des pesticides et de tous les intrants agricoles appropriés ;
*la promotion de l'utilisation de la traction animale ;
*la redynamisation des programmes d'encadrement et de vulgarisation des techniques dans toutes les zones de productions agricoles.
En matière d'Elevage, le Gouvernement compte :
- développer l'élevage à cycle court par l'appui à l'élevage de petits ruminants et l'aviculture et la porcinoculture à travers le pays ;
- maîtriser les épizooties par une augmentation des campagnes de vaccination du bétail contre toutes les formes d'épizooties ;
- intensifier l'élevage traditionnel par l'appui à l'élevage bovin transhumant sur tout le territoire national et l'élevage sédentaire dans les régions Est, Centre et Nord.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
2. Le secteur forestier a eu, par le passé, une forte contribution à la croissance économique, devra retrouver sa place avec des mesures énergiques de relance de la production
intégrant les objectifs de préservation, de renouvellement et d'une gestion saine et durable des ressources. Le Gouvernement veillera à la stricte application des mesures d'assainissement de la
filière forêt.
Ces mesures viseront la mise en place :
- d'un nouveau Code forestier
- d'un Outil d'Intelligence de la filière Bois ;
- d'un système national de traçabilité des bois dans le cadre de l'appui institutionnel du Projet PARPAF II ;
- d'un mécanisme de sécurisation des recettes des produits bois, grâce à l'intervention de BIVAC EXPORT RCA et les brigades mobiles d'intervention pour ce qui concerne le contrôle des produits
litigieux ;
- et de l'intensification des activités du programme ECOFAC IV pour la protection de la faune dans le sud-ouest (ECOFAC Ngotto) et dans le Nord (ECOFAC ZCV) grâce à l'appui de l'Union
Européenne.
3. Le Tourisme et l'Artisanat devront aussi contribuer à la relance de l'économie nationale. C'est pourquoi, le gouvernement s'est fixé les objectifs stratégiques
suivants :
- renforcer le partenariat avec le secteur privé par la mise en place d'un environnement juridique favorable au développement des infrastructures touristiques et artisanales tels que le palais de
congrès, cité de tourisme culturel, établissement d'hébergement et de restauration de type économique ;
- développer le tourisme communautaire et le tourisme de proximité ;
- rénover et équiper l'Oubangui Hôtel, l'Hôtel du Centre et poursuivre la construction des 500 chambres ;
- aménager les sites touristiques de Nzangha-Sangha, Manovo Gounda saint Floris etc…
Le concours technique et financier des bailleurs de fonds traditionnels sera sollicité pour la réalisation de ces projets.
4. Dans le secteur du Commerce, dans le souci de l'amélioration du climat des affaires, la priorité sera de rétablir la confiance entre l'Etat et les opérateurs privés par le
renforcement du Cadre Permanent de Concertation Etat/secteur Privé et ensuite, d'améliorer la performance du guichet unique dont la mission principale est de faciliter les formalités de création
d'entreprise aux nouveaux opérateurs voulant investir en République Centrafricaine.
5. Au niveau de la Santé, les objectifs du Gouvernement visent la mise en place d'un système de santé efficace offrant à la population :
- des prestations de bonne qualité ;
- des médicaments disponibles sur l'ensemble du territoire à de prix accessibles ;
- des soins d'urgence fournis immédiatement en vue de sauver la vie des malades ;
- des soins assurés aux malades les plus démunis.
Pour cela, le Gouvernement compte :
- construire et réhabiliter les formations sanitaires en se conformant à la carte sanitaire ;
- améliorer les plateaux techniques des hôpitaux de provinces notamment en services de radiologie, laboratoire et blocs opératoires ;
- poursuivre l'implantation des dépôts de médicaments génériques essentiels ;
- renforcer les capacités en recherche biomédicale ;
- instaurer un système d'assurance maladie.
6. Au niveau de l'Education, les taux nets de scolarisation au fondamental I devront passer de 40% à 60 %, la parité fille/garçon améliorée et la disparité géographique
réduite.
Le Gouvernement mettra tout en œuvre en vue d'obtenir :
- une augmentation de l'allocation budgétaire de l'Etat au secteur ;
- la formation et le recrutement des enseignants ;
- la construction d'infrastructures scolaires ;
-la création d'autres filières en adéquation avec l'ACFPE.
Au niveau de l'Enseignement Supérieur, la priorité sera accordée à la mise en œuvre du Système Licence-Master-Doctorat(LMD). Ce système en vigueur en Europe depuis 1999 a été
adopté par les Chefs d'Etats de la CEMAC en février 2005, à travers la « Déclaration de Libreville sur la construction de l'Espace CEMAC de l'Enseignement Supérieur ». Cette réforme a
pour but de s'intégrer dans la nouvelle économie du savoir et de relever le défi de la mondialisation, de l'intégration des enseignants, des chercheurs et des étudiants de l'espace CEMAC au système
d'éducation nationale en général et européen en particulier.
Pour permettre à notre université d'entrer de plein pied dans la réforme LMD, les efforts du Gouvernement porteront sur :
- l'évaluation interne de l'enseignement supérieur et le renforcement des structures administratives de gestion ;
- l'amélioration des conditions de vie des étudiants avec la réhabilitation des cités universitaires ;
- une plus grande ouverture de l'Université à l'extérieur à travers des accords inter universitaires ;
- l'application de la nouvelle grille des traitements des enseignants du supérieur et des chercheurs après la relecture du statut général de la fonction publique.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Le Gouvernement accorde une importance particulière aux problèmes de la Jeunesse (moins de 25 ans) qui représente 62% de la population nationale.
C'est pourquoi, le Gouvernement entend :
Dans le secteur de la Jeunesse :
- mettre en place le Bureau Exécutif National du Conseil National de la Jeunesse en tant qu'instrument de mise en œuvre de la politique nationale de la jeunesse ;
- définir un cadre de concertation institutionnelle en matière d'encadrement et de promotion des jeunes qui aura pour mission de travailler sur tous les problèmes de développement ;
- finaliser l'étude visant la mise en place d'un Fonds National d'Appui aux initiatives des jeunes.
Dans le secteur des Sports :
- organiser un forum de validation du document de politique nationale des sports ;
- adopter un texte de loi créant l'Office National de Gestion des Infrastructures Sportives Publiques.
Dans le secteur de la Culture
- poursuivre avec l'Union Européenne les discussions portant sur le financement des projets suivants :
- création de six (6) carrefours culturels (marché de l'art et de la culture) à Bangui et en province ;
- inventaire et mise en valeur de dix (10) sites du patrimoine immobilier qui constituent des offres importantes à la promotion du tourisme ;
- création d'une centrale de matériels d'appui à la production et diffusion artistique et culturelle.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Je ne puis terminer mon exposé sans évoquer l'importance des missions de facilitation et d'articulation des programmes sectoriels qui incombent aux départements ci-après :
* la Diplomatie et l'Intégration Economique : de nouvelles orientations sont données à la diplomatie centrafricaine pour qu'elle ait pour mission principale la recherche des
moyens pour le développement. Elle devra par le biais des négociations bilatérales et multilatérales, ouvrir des marchés avantageux pour l'exportation de la production nationale, drainer des
capitaux vers le pays et procurer de l'emploi à nos cadres dans les organisations internationales.
Pour ce faire, le personnel plus compétent sera redéployé dans nos ambassades.
Il sera aussi question de la révision de la carte diplomatique et consulaire de la RCA et celle fixant les effectifs dans nos chancelleries.
*la Fonction Publique Centrafricaine, caractérisée par un absentéisme chronique et le non respect de la déontologie de travail doit s'améliorer pour devenir efficace, efficiente et
performante. A cet effet, le Gouvernement s'engage à :
- faire aboutir la révision du statut général de la fonction publique ;
- finaliser la mise en place de la procédure simplifiée de gestion administrative et financière du personnel de l'Etat ;
- démarrer les audits organisationnels des ministères ;
- mettre en place un système intégré de gestion de ressources humaines de l'Etat ;
- poursuivre la vérification de l'authenticité des diplômes ;
- Faire aboutir la révision du code du travail ;
- Poursuivre le programme de contrat d'insertion professionnelle des jeunes ;
- Poursuivre la restructuration de l'OCSS.
*la Communication, le Civisme, le Dialogue et la Réconciliation Nationale seront traduits en une série d'actions dont les liens sont appelés à se renforcer. Des actions dans tous
ces domaines seront menées à travers des campagnes, des séminaires, des émissions radios et des organes de presse.
Enfin, des mesures appropriées seront prises au sujet de l'émetteur de Bimbo, de la radio rurale, de la télévision centrafricaine et de l'Agence Centrafricaine de Presse (ACAP).
*Dans le secteur de la Justice, les missions de protection, du respect des Droits de l'Homme et de la lutte contre l'impunité seront au nombre des actions que le Gouvernement aura
impérativement à mener. Il s'agira de la promotion d'une politique d'unité nationale fondée sur la tolérance, la culture de la paix, le dialogue et le rejet de toute forme d'injustice. Il sera
aussi question d'instauration d'un service de permanence au niveau du parquet, permettant de multiplier les visites des centres de détention afin de lutter contre les arrestations arbitraires.
L'intensification des programmes de sensibilisation et d'éducation des forces armées centrafricaines (FACA) et autres sur le respect des Droits de l'Homme sera également menée.
Pour ce qui concerne la lutte contre l'impunité, le Gouvernement entend collaborer pleinement avec la Cour Pénale Internationale dans les procédures d'enquête sur les crimes commis dans notre
pays.
Très Honorable Président de l'Assemblée Nationale,
Honorables Députés,
Distingués Invités
Au terme de cette déclaration, je voudrais vous redire que notre Déclaration de Politique Générale s'inscrit dans la droite ligne du programme politique de son Excellence, le Général d'Armée
François BOZIZE YANGOUVONDA, qui entend réconcilier actions et convictions.
Il appelle votre confiance et celle du peuple.
Nous serons sans doute confrontés à des situations difficiles, imprévues, dont l'appréciation et la résolution comporteront des risques et des incertitudes. Mais grâce à la conscience que nous
avons tous de nos engagements, à la fidélité à nos objectifs, nous réussirons ensemble, car notre destin nous appartient.
Si nous gardons confiance en nous-mêmes et si nous plaçons constamment l'intérêt de la nation au-dessus de nos aspirations individuelles, nous ferons le bien de notre pays, la République
Centrafricaine.
J'ai été peut être plus long qu'il ne le fallait. Si c'est le cas, alors je sollicite votre indulgence car un proverbe bantou dit que « lorsque l'on parle en public, il faut avoir pitié
des oreilles de ceux qui vous écoutent ». Encore une fois mille excuses. Mais vous l'aurez compris, les sujets à aborder dans le cadre de cette déclaration m'y ont contraint.
Je vous remercie très sincèrement de votre patience.
MERCI