PARIS (AFP) - 20/03/2008 14h19
Jean-Marie Bockel a affirmé jeudi "ne pas retirer un mot" de ce qu'il avait pu dire sur les relations entre la France et les régimes africains au secrétariat d'Etat à la Coopération, récusant toute idée de "rétrogradation" dans son passage à celui des Anciens combattants.
"Je ne retire pas un mot de ce que j'ai pu dire dans mes fonctions. Je considère que ce que j'ai pu faire et dire a été
utile et que mon passage n'aura pas été indifférent et que j'aurai modestement contribué à ce changement de la relation entre la France et l'Afrique", a déclaré MM. Bockel lors de la cérémonie de
passation de pouvoirs avec son prédécesseur aux Anciens combattants Alain Marleix.
"J'ai fait du bon travail à la Coopération. Tout ce que j'ai pu dire a toujours été soutenu et conforté par le président de la République notamment dans son discours du Cap", lors duquel Nicolas Sarkozy avait annoncé fin février son intention de renégocier tous les accords militaires de la France en Afrique, a ajouté M. Bockel.
"Je ne me sens en aucun cas, à aucun moment sur une réduction de périmètre, une rétrogradation. Là-dessus, il n'y a aucune ambiguïté", a-t-il assuré, se disant "très heureux d'être aux Anciens combattants". "Pour moi, ce n'est pas ringard".
"Je considère que l'ouverture n'est pas terminée, l'ensemble des ministres d'ouverture sont toujours présents dans ce gouvernement", a encore dit cet ancien membre du PS, alors qu'aucune personnalité classée à gauche n'a fait son entrée au gouvernement lors du remaniement de mardi.
Certains membres du gouvernement ont analysé le changement de portefeuille de M. Bockel comme une "rétrogradation" due pour partie à ses prises de positions sur la "Françafrique", dont il avait appelé M. Sarkozy à "signer l'acte de décès".
Son départ a notamment été bien accueilli à Libreville, le porte-parole du gouvernement gabonais le qualifiant de "signe intéressant".
"Je n'ai pas de commentaire à faire sur ce point", a déclaré à la presse la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Pascale Andréani, interrogée pour savoir si des pays africains avaient demandé le départ de M. Bockel.
"Pour nous, c'est un signe intéressant", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement gabonais René Ndemezo Obiang. "M. Bockel avait pris des positions assez particulières, c'est le moins qu'on puisse dire et nous notons qu'il n'est plus à ce poste-là", a-t-il ajouté.
Selon une source proche du pouvoir gabonais, "Libreville a bien demandé un changement de tête à la Coopération".
Une source diplomatique à Paris a indiqué à l'AFP qu'"il y a eu des pressions de chefs d'Etat africains au plus haut niveau pour avoir la tête de Bockel", citant le Congo et le Gabon.
Enfin, un ministre français ayant requis l'anonymat n'a pas exclu mercredi "qu'il y ait eu des pressions, notamment d'Omar Bongo, pour faire partir Bockel du Quai d'Orsay".
M. Bockel avait lui-même indiqué en février, dans une interview à l'hebdomadaire Jeune Afrique qu'"il y a eu, en effet,
quelques coups de fil" de chefs d'Etat africains ou de leur entourage à l'Elysée, après son discours sur la Françafrique.
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