(TchadVision 31/03/2008)
Il y a un mois, juste après l'offensive des forces de la résistance nationale sur la capitale N'djaména, le dictateur
Idriss Deby Itno a dépêché une délégation auprès du Président Sénégal Mr. Abdoulaye Wade pour lui demander de servir de médiateur dans la crise qui prévaut entre le Tchad et le Soudan.
Le Président Sénégalais, tout en acceptant la médiation, s'est d'abord approché du Guide de la révolution libyenne, le Colonel Mouammar Khadafi, pour s'enquérir de l'Etat du dossier vu le nombre
important d'accords déjà signés entre le Tchad et le Soudan, et tout particulièrement le dernier en date du 25 octobre 2007, signé à Syrte sous l'égide du SENSAD, de l'UA, des représentations
diplomatiques et organisations internationales accréditées en Libye. Accord qui, comme tout le monde le sait, a été violé par Idriss Deby le 26 Novembre 2007 par l’attaque des positions des
forces de l'UFDD à Abgoulen.
Toutefois, la médiation sénégalaise est entreprise entre les deux Etats en belligérance. Il n'a donc pas été question d'une médiation entre les protagonistes internes de la crise tchadienne.
Cela étant, nous avons été indignés par les termes utilisés par le Chef de l'Etat sénégalais qui a qualifié l'Alliance Nationale (AN) de “ Bandes armées ” qu'il faut désarmer.
Le vocabulaire utilisé par le Président Wade pour désigner le MFDC (rébellion du Sud Sénégal) ne peut être forcement applicable pour l'Alliance Nationale tchadienne.
Les forces de l'A.N. constituent une armée structurée et organisée.
Dans les rangs de l’A.N., il y a des officiers de haut rang (Généraux, Colonels, Capitaines, ...) qui capitalisent des expériences militaires rares, de haut fonctionnaires de l'Etat (Ministres,
Directeurs Généraux, Ambassadeurs, Magistrats, enseignants, ...), des Tchadiens de profession libérale (Médecins, Avocats, Artistes....), des Commerçants, Artisans, et aussi des Etudiants,
Eleveurs, Agriculteurs...des chômeurs, bref, toutes les composantes de la société civile.
Par conséquent, l’Alliance Nationale ne peut être traitée de “ bandes armées ” encore moins de “ mercenaires ” comme aime bien le chanter son homologue, le dictateur Idriss Deby. Le Président
Wade doit donc revoir son vocabulaire concernant l'Alliance Nationale au risque de perdre son étiquette de médiateur.
Nous avons été surpris de voir le Président Abdoulaye Wade embarqué dans les manœuvres dilatoires d'Idriss Deby et de la françafrique qui s'activent contre vents et marées pour camoufler la crise
profonde tchadienne tantôt en conflit Tchad - Soudan, tantôt en conflit du Darfour.
Bref, le règne d'Idriss Deby, vieux de 18 ans déjà, est marqué par des soubresauts de rebellions (plus de 15) qui n'ont pu avoir de solutions que dans le sang. Ceux qui ont cherché à dialoguer
avec Idriss Deby, ont été assassinés à la table de négociation. D’autres ont été victimes d’actes odieux de terrorisme (véhicules minés, bandes incontrôlées) ou victimes de pratiques mafieuses
(arrestations, extraditions extra-judicaires des pays voisins et exécution à N’djaména). Cette criminalité à l’échelle nationale n’a épargné personne (hommes, femmes, enfants),et les exemples ne
manquent pas.
Si ce ne sont pas des assassinats ciblés, ce sont des arrestations arbitraires, des tortures cruelles, des bastonnades, des brimades et toutes les formes d’humiliations qui constituent le lot
quotidien des populations tchadiennes. La bande de mercenaires (MJE et MLS) et les sbires de Deby sévissent et brillent dans le viol de jeunes filles et des femmes (comme arme d’humiliation et de
combat).
Le pillage systématique des deniers publics et le bradage des ressources nationales sont aussi criminels. La corruption (le Tchad occupe la 1ère place des pays les plus corrompus au monde) et le
clanisme érigé en institution d’Etat ferment la boucle. De Deby au petit planton du clan planqué dans un quelconque bureau de la fonction publique, des douanes ou de la sécurité, la formule de 15
% initiée par Deby lui-même s’impose aux autres citoyens pour tout service public demandé.
Aujourd’hui, les ressources financières générées par l’exploitation pétrolière sont détournées par le clan Deby, ses acolytes et les mercenaires de tout genre et toute nationalité qui gravitent
autour du régime MPS. L’achat des armes de guerre engloutit plusieurs centaines de milliards et contribue à faire des heureux qui construisent des châteaux à l’étranger comme à N’djaména où leurs
voisins immédiats ne parviennent pas à assurer les trois repas quotidiens.
L’éducation nationale (écoles, universités, enseignants), la santé publique (hôpitaux, maternités, dispensaires, les services d’hygiène, infirmiers, sages-femmes, médecins), l’agriculture,
l’élevage, le sport, les services municipaux (éclairage public, la voirie, la propreté des villes), la sécurité, …etc. sont parmi tant d’autres secteurs vitaux de la nation abandonnés et en état
de délabrement total.
D’après Idriss Deby Itno, cela relève de la responsabilité du Premier ministre ! ! ! (Et de quoi est-il responsable Deby ?).
Le peuple Tchadien a vite déchanté au slogan du 4 décembre 1990 : « … je ne vous amène ni or ni argent, mais la liberté et la démocratie…. ». L’or et l’argent, vous savez ce qu’il en est advenu,
jugeons-en pour ce qui est de la liberté et de la démocratie.
En 1993, trois ans après son installation au pouvoir et les jouissances qui l'accompagnèrent, Idriss Deby organise une conférence nationale « souveraine » afin de légitimer son coup de force. Ce
fut une grande kermesse où des armes ont même été brulées. Au finish, les recommandations de la conférence nationale consignées dans un cahier de charges ont été aussitôt balancées dans la
corbeille.
Il a fallu attendre 1996, trois ans après la conférence nationale et six ans après sa prise du pouvoir par les armes, pour qu’Idriss Deby se résigne à organiser ses premières élections
législatives et présidentielles marquées par des fraudes massives. Outre les multiples manœuvres liées à l’organisation du vote (recensement, distribution des cartes, système de contrôle, …), un
bourrage honteux des urnes, en moyenne de 20% (c’est dire le nombre de votants a dépassé de 20 % le nombre des inscrits) a été relevé. Les tchadiens de l’étranger qui auraient voté, ont été
estimé officiellement à plus de la moitié de la population tchadienne. Ainsi commence le premier mandat présidentiel d’Idriss Deby Itno !
En 2001, même procédure pour le second et dernier mandat présidentiel (constitutionnellement !) pour Idriss Deby. Cette fois-ci, on perfectionne avec les machines informatiques. Plus besoin
d’aller dans les quartiers pour bourrer les urnes ou fausser les procès verbaux, les marchands blancs des fraudes électorales offrent des services de qualité.
L’opposition démocratique s’agite, Deby arrête les responsables et les torture violemment. Pour la petite histoire, l’actuel Premier ministre, Mr. Kassiré Koumakoye, candidat à cette élection
présidentielle, a été incarcéré à la maison d’arrêt de N’djaména trois semaines avant le vote et puis libéré après la proclamation des résultats donnant Deby gagnant au premier tour.
En 2006, c’est l’ère des modifications des Constitutions. Idriss Deby Itno ne fera pas exception, surtout soutenu par le gourou de la françafrique, le président Jacques Chirac, qui estime qu’au
Tchad, il n’y a encore personne qui puisse remplacer le soldat Deby. Le référendum de juin 2005 a enregistré un taux de participation inférieur à 12 % et fut tout de même validé, consacrant ainsi
une présidence à vie pour Idriss Deby Itno.
L’opposition démocratique boycotte les élections qui auront lieu tout de même le 5 mai 2006 et ce malgré l’insurrection générale de l’armée, la multiplication des mouvements rebelles et surtout
l’assaut sur la capitale N’djaména lancé par les rebelles du FUC le 13 avril 2006, c'est-à-dire trois semaines seulement avant le jour du vote. Idriss Deby Itno passe au premier tour.
En 18 ans de règne, Idriss Deby Itno a déjà utilisé 13 Premiers ministres et nommé plus de 1.100 Ministres. Le pilotage à vue du gouvernement a installé une pagaille sans précédent dans le pays
et facilité l’émergence d’une mentalité indigne de nos valeurs et traditions tchadiennes.
Sous la pression de la France, de la commission européenne et de l’union africaine, l’opposition démocratique est contrainte de desserrer l’étau politique sur Idriss Deby Itno et accepte d’ouvrir
des négociations. Mais c’est peine perdue, l’accord politique signé au mois d’août 2007 a été jeté à la corbeille comme à l’accoutumé. Il sera dépoussiéré et remis sur la table après l’attaque de
N’djaména par les forces de la résistance nationale (la CMU) au début du mois de février dernier. Cette gifle des rebelles a exposé devant le monde entier le chaos militaire et politique du
régime d’Idriss Deby Itno.
Aujourd'hui, quiconque cherche à défendre le régime d’Idriss Deby Itno se discrédite vis-à-vis du peuple tchadien qui aspire légitimement à un changement politique synonyme d’espoir, de paix, de
démocratie, de liberté, de bonne gouvernance, de justice, de progrès social, de patriotisme, …etc.
L’Alliance Nationale est composée d'hommes et de femmes connus pour leur courage, leur intégrité, leur moralité et leur patriotisme tant dans leur pays et qu'à l'échelle internationale. L’A.N. a
toujours prôné le dialogue national inclusif mais c’est sans compter avec Idriss Deby Itno et ses parrains qui ne cherchent qu’à écraser dans le sang toute voix discordante.
Traiter les forces de la résistance nationale de « bandes armées », c’est porter atteinte à l’élan du peuple tchadien qui a tant donné pour une vie meilleure et toujours fauché par ses faux amis
mais qui n’a jamais baissé les bras. La résistance nationale est déterminée pour atteindre ses objectifs. Aucune force ne pourra la désarmer car la cause défendue est juste et noble.
Quant à Mr. Alpha Oumar Konaré, président sortant de l’Union Africaine (UA), il peut comprendre que la résistance nationale n’a pas le temps de polémiquer et espère que son successeur sera
beaucoup plus digne dans ses actions et consacrera un peu plus de son temps pour écouter toutes les parties en conflit au Tchad.
Toutefois, la prise du pouvoir par les armes est faite au prix de notre vie. Cette lutte est menée au nom de la liberté, de la justice et de la démocratie. Elle est aussi menée pour le respect
des institutions républicaines et contre les répressions sanglantes des paisibles citoyens et le pillage sans vergogne des caisses de l’Etat.
Nous luttons contre les élections bidon validées à l'Elysée et qui servent à fabriquer des roitelets dans un système qui se veut démocratique. Or un peu partout en Afrique, c’est malheureusement
bien la tendance. On travestit les Constitutions pour se faire élire « démocratiquement » 45 ans durant, sinon on s'arrange à se faire succéder par son rejeton. C’est ce que nous devons refuser
pour notre pays le Tchad.
Et c’est le cas du dictateur, le soldat Idriss Deby Itno (soutenu par le “ médiateur ”` Wade) connu pour ses crimes, ses comptes bourrés au Liechtenstein et ailleurs, son incompétence et sa
carence intellectuelle, ses trafics de drogues dures et de fausses monnaies, son implication dans les conflits sous-régionaux (RDC, Congo, RCA, Niger, Soudan) et ses pratiques corruptrices qui
ont fini par ruiner notre pays.
L’Alliance Nationale, à travers toutes ses déclarations, a toujours prêché pour le dialogue inclusif et fait confiance aux médiateurs dans la crise tchadienne et particulièrement à tous ceux qui
n'ont jamais cessé de déployer des efforts sincères à l' endroit du Tchad. Le peuple tchadien les interpelle solennellement afin de continuer leur mission salutaire et humanitaire.
Les forces de la résistance nationale sont déterminées à apporter ce changement que le peuple tchadien réclame et souhaite ardemment et personne ne l’empêchera d’y parvenir.
La Rédaction
© Copyright TchadVision