En Centrafrique, la population vit dans un état de peur permanent
BANGUI - AFP / 01 août 2013 17h51- La population de la Centrafrique vit dans un état de peur permanent, a dénoncé jeudi dans un communiqué le secrétaire général adjoint de l'ONU aux droits de l'Homme Ivan Simonovic, alors que la situation sécuritaire reste critique dans le pays quatre mois après la prise de pouvoir par la coalition rebelle Séléka.
Au-delà de Bangui, il n'y a ni police, ni système judiciaire, ni services sociaux. La sécurité est pratiquement inexistante et la population vit dans un état de peur permanent, a affirmé M. Simonovic au terme d'une visite de quatre jours dans le pays.
Le gouvernement de transition récemment nommé (...) reste très faible. Bien que la situation à Bangui se soit quelque peu améliorée, l'Etat n'existe tout simplement pas en dehors de la capitale et il n'y a pas d'Etat de droit, a-t-il ajouté.
M. Simonovic s'est dit particulièrement préoccupé par le nombre important de membres de la Séléka qui, ne recevant aucun salaire, installent des barrages dans les rues, demandent de l'argent ou pillent les maisons.
Selon le représentant, le pays a malheureusement atteint un degré de violence et subi des destructions d'une ampleur sans précédent depuis que la coalition Séléka, originaire du nord du pays, a lancé son offensive en décembre dernier.
Il a fustigé le manque d'attention de la part des médias et de la communauté internationale sur la situation en Centrafrique, préconisant le désarmement des hommes du Séléka et la mise en place d'une justice transitionnelle pour que les auteurs d'exactions ne restent pas impunis.
Lorsque j'ai visité la salle du tribunal de Bambari (centre), je n'ai trouvé qu'une pièce vide sans fenêtre et aux portes défoncées, dont le sol était jonché d'une couche épaisse de restes d'archives et de registres, a-t-il notamment expliqué.
Comment ce pays pourra-t-il organiser des élections régulières si toutes les archives et registres civils sont détruits?, s'est-il interrogé.
La situation sécuritaire demeure très difficile en Centrafrique, et le nouvel homme fort du pays Michel Djotodia peine à restaurer l'ordre et à désarmer les ex-combattants, malgré la présence d'une force multinationale dans la capitale.
Plusieurs ONG françaises ont également dénoncé récemment le manque d'attention portée à la Centrafrique par la communauté internationale, alors qu'une importante crise humanitaire sévit dans le pays.
La situation se détériore rapidement. Nous devons agir maintenant, avait déjà averti la Commissaire européenne à l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, en visite à Bangui le 11 juillet, en annonçant le déblocage de huit millions d'euros supplémentaires, ce qui porte à 20 millions l'aide d'urgence de l'UE à la Centrafrique depuis début 2013.
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NDLR : C’est une bonne chose qu’un haut responsable des Nations Unies vienne faire le point et constater de visu la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui la RCA. Ce monsieur reconnaît avec une honnêteté certaine l’amélioration notable de la situation sécuritaire dans Bangui ces derniers jours. Dans un passé très récent et pendant longtemps, les Nations Unies à travers leur représentation du BINUCA de Bangui, ont fait preuve d’une complaisance coupable avec le régime de Bozizé, couvrant sa propension à la prédation et ses détournements des fonds du DDR, abreuvant le siège new yorkais de fréquents rapports mensongers dissimulant à dessein la réalité du pouvoir sanguinaire et dictatorial de ce dernier ainsi que les nombreuses exactions de sa progéniture à l’encontre des braves citoyens.
Des années durant, les responsables du BINUCA ont laissé Bozizé commettre un scandaleux hold-up électoral et fermé les yeux et les oreilles sur l’existence de la prison spéciale et personnelle de Bozizé à Bossembélé ainsi que sur les tortures et exécutions sommaires qui s’y pratiquaient.
Loin de nous l’idée de protéger ou d’absoudre certains combattants de l’ex-Séléka qui ont malheureusement commis aussi des exactions, tous ces manquements et chaîne d’inadmissible complaisance frisant la complicité de la part d’une institution comme les Nations Unies, doivent aussi être mis à plat pour que les sombres pages de ce pays soient définitivement tournées afin de rétablir une véritable sécurité et une paix durable. C'est François Bozizé Yangouvonda qui est le seul responsable de l'effondrement de l'état centrafricain et de l'évanouissement de son armée, de sa gendarmerie et de sa police premiers maillons de l'autorité de l'état.
Ivan Šimonović, Secrétaire général adjoint aux droits de l'homme
Ivan Šimonović a pris ses fonctions en tant que Secrétaire général adjoint aux droits de l'homme le 17 juillet 2010, et dirige le Bureau de New York du HCDH.
Avant de rejoindre la famille des Nations Unies en 2008, M. Šimonović a occupé les fonctions de ministre de la Justice, secrétaire d’État attaché aux Affaires étrangères et représentant permanent de la Croatie auprès des Nations Unies à New York, où il a été premier vice-président et président du Conseil économique et social de 2001 à 2003.
M. Šimonović a travaillé comme professeur à la faculté de droit de l'Université de Zagreb, où il a assumé les fonctions de chef du département de théorie juridique, de vice-doyen et de vice-recteur pour la coopération internationale. Il possède une grande expérience des relations internationales, du droit, des droits de l'homme et du développement des institutions nationales et a publié de nombreux ouvrages dans ces domaines. En tant qu'expert, il a été membre de la Commission pour la démocratie par le droit du Conseil de l’Europe (la « Commission de Venise ») et de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI), et a représenté la République croate auprès de la Cour internationale de justice (CIJ).
Né en 1959 à Zagreb, en Croatie, M. Šimonović est diplômé en droit, est titulaire d'un master en administration publique et politique et d'un doctorat de l’Université de Zagreb et a été chercheur invité auprès des Universités de Graz et Yale. Il est marié et père de deux enfants.
N’oubliez pas la République centrafricaine et son peuple, demande un haut responsable des droits de l’homme
BANGUI/GENEVE/NEW YORK (1er août 2013) – Le Secrétaire général adjoint aux droits de l'homme Ivan Šimonović a lancé jeudi un avertissement sur l’état critique des institutions étatiques de République centrafricaine, qui demeurent proches d’un « effondrement total », et a exhorté la communauté internationale à ne pas abandonner cette nation marquée par le conflit.
« Le gouvernement de transition récemment nommé, et de nature plutôt inclusive, reste très faible. Bien que la situation à Bangui se soit quelque peu améliorée, l’Etat n’existe tout simplement pas en dehors de la capitale et il n’y a pas d’état de droit », a déclaré Ivan Šimonović, au terme de sa visite de quatre jours dans le pays.
« Au-delà de Bangui, il n’y a ni police, ni système judiciaire, ni services sociaux. La sécurité est pratiquement inexistante et la population vit dans un état de peur permanent. Je suis particulièrement préoccupé par le nombre important de membres de la Séléka qui, ne recevant aucun salaire, installent des barrages dans les rues, demandent de l’argent ou pillent les maisons », a déclaré le Secrétaire général adjoint.
« L’ampleur des pillages et des destructions que j’ai pu observer est choquante. Lorsque j’ai visité la salle du tribunal de Bambari, je n’ai trouvé qu’une pièce vide sans fenêtre et aux portes défoncées, dont le sol était jonché d’une couche épaisse de restes d’archives et de registres. En République centrafricaine, les institutions étatiques, y compris judiciaires, ressemblent aujourd’hui à cette salle de tribunal », a déclaré Ivan Šimonović. « Comment ce pays pourra-t-il organiser des élections régulières si toutes les archives et registres civils sont détruits ? », s’est-il interrogé.
« La République centrafricaine a été frappée par des décennies d’instabilité et de combats. Sous le régime de Bozizé, la partie du nord du pays, peuplée en majorité par des personnes de confession musulmane, a été négligée, et les populations, discriminées. De nombreuses violations des droits de l’homme ont été commises, notamment des exécutions sommaires et des cas de disparition forcée, de détention arbitraire et de torture. Le pays a malheureusement atteint un degré de violence et subi des destructions d’une ampleur sans précédent depuis que la coalition Séléka, originaire du nord du pays, a lancé son offensive en décembre dernier », a annoncé le Secrétaire général adjoint.
Tout en soulignant que le nombre total de victimes restait indéterminé, le Secrétaire général adjoint s’est rendu à Bambari, sur un site qui constitue probablement une fosse commune, bien que cela doive encore faire l’objet d’une enquête. Des membres de la communauté locale ont indiqué que des victimes avaient été sommairement exécutées, sans pouvoir indiquer avec certitude l’identité des auteurs.
Le représentant onusien a aussi fait part de sa préoccupation face au taux élevé de cas de violences sexuelles dans le pays. « A l’hôpital de Bambari, j’ai rencontré une jeune femme de 18 ans qui a été violée alors qu’elle était enceinte de quatre mois et qui a perdu son bébé. J’ai aussi rencontré une femme qui a reçu une balle dans le bras pour avoir refusé de donner le peu d’argent qu’elle avait gagné sur le marché », a déclaré Ivan Šimonović.
La situation chaotique du pays a un impact sur la vie quotidienne des populations dans tous ses aspects, a noté le Secrétaire général adjoint de l‘ONU. Les écoles publiques sont fermées depuis décembre dernier et moins de vingt pour cent des services de santé sont opérationnels, a-t-il observé. Par peur des meurtres et des viols, une grande partie de la population continue de vivre cachée dans la brousse, se nourrissant de racines.
« La propagation rapide de la malaria et d’autres maladies, le taux élevé de mortalité maternelle et la malnutrition risquent de tuer plus de personnes que les violences liées au conflit lui-même », a averti Ivan Šimonović. « Dans certaines zones, moins de vingt pour cent des semences ont été plantées et l’on peut s’attendre à un manque sévère de nourriture en début d’année prochaine », a-t-il ajouté.
« Je suis extrêmement préoccupé par le manque d’attention, de la part des médias et de la communauté internationale, à la situation en République centrafricaine du point de vue humanitaire et du point de vue des droits de l’homme », a-t-il dit.
« Le conflit en République Centrafricaine ne doit pas tomber dans l’oubli, pour trois raisons principales : ce conflit va continuer de causer des souffrances à une grande partie de la population ; les divisions ethniques et religieuses vont s’en trouver accentuées ; et un conflit prolongé risque de déstabiliser la région au sens large », a averti Ivan Šimonović.
« Restaurer la sécurité est essentiel pour ramener une forme de normalité dans l’ensemble du pays, éviter l’approfondissement des divisions ethniques et religieuses, et pour faciliter la réconciliation nationale », a-t-il dit.
« Le désarmement, l’intégration et la formation conjointe d’un nombre limité d’éléments des anciennes forces de sécurité et de la Séléka, qui ont été certifiés afin d’exclure les personnes coupables de violations de droits de l’homme, est la voie à suivre. Cependant, cela ne permettra pas de résoudre le problème du vide sécuritaire qui prévaut actuellement », a indiqué le Secrétaire général adjoint.
Les troupes régionales de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale doivent être renforcées sans délai par une force internationale plus large et plus diversifiée sous l’égide logistique des Nations Unies», a-t-il dit. « Il s’agit d’une étape essentielle pour restaurer la sécurité et pour faciliter la réforme du secteur de la sécurité, ainsi que le départ des combattants étrangers. Pareil déploiement aidera également à préparer des élections libres et régulières dans les prochains 18 mois, comme prévu par les Accords de Libreville ».
« La justice transitionnelle et la nécessité de rendre des comptes sont également des éléments clés pour la reconstruction et la stabilité de ce pays. Notre bureau a documenté de nombreuses violations des droits de l’homme commises depuis décembre 2012. Les auteurs de ces crimes ne doivent pas rester impunis », a dit Ivan Šimonović.
Pendant sa visite, le Secrétaire général adjoint a rencontré les autorités de transition, notamment le Premier Ministre de transition et les ministres de la justice et des réformes judiciaires, Garde des Sceaux, des affaires sociales, de la solidarité nationale et de la promotion du genre, le Ministre d’Etat en charge de la Sécurité Publique, de l’émi-immigration et de l’ordre publique. Il s’est également entretenu avec des dirigeants religieux ainsi que des membres d’organisations issues de la société civile et de la communauté internationale.
Le Secrétaire général adjoint de l‘ONU a également visité Bambari, la troisième plus grande ville du pays située à environ 385 km au nord est de Bangui, où il s’est entretenu avec le Préfet nouvellement nommé, le commandant de la Séléka en charge de la ville, des organisations non gouvernementales, des victimes et des témoins de violations de droits de l’homme. Il a visité les bureaux des Nations Unies et la cour de justice qui ont été pillés, et l’hôpital régional. Il s’est également rendu sur un site qui abriterait une fosse commune où seraient enterrés des civils et des militaires.
FIN
Ivan Šimonović, a pris ses fonctions en tant que Secrétaire général adjoint aux droits de l'homme le 17 juillet 2010 et dirige le Bureau de New York du HCDH. Pour en savoir plus, rendez-vous sur:
http://www.ohchr.org/FR/AboutUs/Pages/ASG.aspx
Pour plus de détails, prière de contacter:
En République centrafricaine: Uwolowulakana Ikavi-Gbetanou, +236 75495383 / ikavi@un.org) ou Chafi Bakari (+41 22 928 9256 / cbakari@ohchr.org) A Genève: Liz Throssell (+ 41 22 917 9434 ou +41 79 201 01 15 / ethrossell@ohchr.org)
Conférence de Presse du Secrétaire général adjoint aux droits de l'homme, M. Ivan Šimonović
1er Aout 2013
Ivan Šimonović :
Bonjour à tous !
Je suis très heureux de me retrouver devant la presse aujourd’hui, qui est un partenaire essentiel dans la vie démocratique de ce pays.
Je suis le Secrétaire général adjoint aux droits de l’homme.
Comme vous le savez certainement déjà, je suis en République Centrafricaine depuis quatre jours. Le but de ma mission a consisté à échanger avec les membres de la société civile et les hautes autorités du gouvernement de transition sur la situation des droits de l’homme en RCA.
Quelques semaines auparavant, le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme avait déployé une mission d’établissement des faits en République Centrafricaine, du 20 juin au 11 juillet, afin d’identifier les violations de droits de l’homme qui ont été commises sur le territoire centrafricain de décembre 2012 jusqu’à aujourd’hui. Les résultats de cette mission feront partie du rapport de la Haut- Commissaire aux droits de l’homme, qui sera soumis et discuté lors de la prochaine session du Conseil des Droits de l’Homme en septembre prochain.
Ma venue s’inscrit dans la droite ligne de cette mission et avant la prochaine réunion du Conseil de Sécurité sur la RCA, prévue pour le 14 Août 2013. C’est vous dire combien la question des droits de l’homme constitue une priorité pour les Nations Unies, et nous la suivons de près depuis New York et Genève, ainsi qu’à travers le BINUCA qui dispose d’une section Droits de l’Homme.
Dans le pays, j’ai rencontré le premier ministre de transition et les ministres clés, le Président du Conseil National de Transition et les principales commissions, les membres de la société civile, les ONG nationales et internationales, les dirigeants religieux, les victimes et les témoins. J’ai également échangé avec les Nations Unies et le corps diplomatique.
Avec mes différents interlocuteurs, j’ai échangé sur les résultats préliminaires de cette mission d’établissement des faits et discuté des voies et moyens pour prévenir des violations futures.
A Bangui, j’ai visité la prison de Ngaragba.
Je me suis également rendu à Bambari, où j’ai pu visiter l’hôpital régional, le Palais de Justice, la Mairie, et un endroit supposé abriter une fosse commune.
Ma visite a permis de confirmer les résultats préliminaires de la mission d’établissement des faits. Depuis décembre 2012, en effet, de nombreuses violations graves des droits de l’homme ont été commises par les deux parties au conflit, notamment des cas de disparitions forcées, de détentions arbitraires, d’exécutions sommaires, de tortures, d’incendies criminels, de destruction de propriétés publiques et privées, y compris des archives et des registres publics, de viols et de recrutement d’enfants soldats – pour en citer quelques-uns.
Bien que la sécurité se soit améliorée à Bangui, dans le reste du pays, la présence de l’Etat est quasiment inexistante. Il n’y a ni sécurité, ni Etat de droit, ni police, ni procureurs ou magistrats mais des éléments de la SELEKA présents partout. Ils ne perçoivent pas de salaire, et, en lieu et place, ils extorquent, souvent, de l’argent à la population civile, au marché ou au niveau des barrages routiers, ou encore ils s’adonnent au pillage. Les fonctionnaires qui ont trouvé refuge à Bangui ont peur de retourner sur leur lieu de travail. Les écoles et les hôpitaux ont été pillés. Les écoles publiques ne fonctionnent plus depuis décembre 2012 et moins de 20% des services de santé sont opérationnels. De nombreuses personnes vivent encore dans la brousse. Il y a une augmentation des cas de paludisme, de malnutrition et de mortalité maternelle. Dans certaines zones, moins de 20% des semences ont été plantées. Il faut s’attendre à une pénurie de nourriture pour le début de l’année prochaine. Le nombre de victimes indirectes du conflit sera probablement plus élevé que le nombre de victimes directes du conflit.
Les personnes avec lesquelles je me suis entretenu, que ce soit la société civile ou les victimes elles-mêmes, ont identifié la restauration de la sécurité comme leur priorité première. Je suis tout à fait d’accord avec cette position, et j’ai soulevé cette question avec les autorités. Sans sécurité, il n’y aura pas de retours, de services sociaux, d’agriculture et d’économie. J’ai été encouragé d’apprendre par le Ministre de la Sécurité Publique, M. Noureddine Adam, qu’il allait annoncer très prochainement le projet de réforme du secteur de la sécurité, qui aura pour objectif d’intégrer un nombre limité d’éléments des anciennes forces de défense et de sécurité ainsi que des éléments de la coalition Séléka, qui auront été certifiés auparavant comme n’ayant pas commis de violations de droits de l’homme, et qui bénéficieront de formation conjointe, et seront déployés conjointement. J’ai fortement encouragé le Ministre de la Sécurité Publique de partager son programme publiquement et de façon transparente, en incluant notamment le nombre des éléments qui seront intégrés ainsi que le calendrier, et ce avant la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Les populations demandent également de la justice. Punir les personnes responsables pour les crimes commis est non seulement essentiel pour les victimes, mais cela permet également de prévenir des violations futures. Bien que certaines actions aient été entreprises pour lutter contre l’impunité, telle que la mise en place d’une commission mixte d’enquêtes, beaucoup pensent, qu’étant donné la situation actuelle, seule une commission d’enquête internationale peut apporter des gages de fiabilité. Cette proposition doit être davantage discutée au niveau national et international.
Des discussions similaires doivent également avoir lieu par rapport aux propositions de certains membres du gouvernement de produire une invitation permanente aux titulaire de mandats de procédures spéciales pour visiter la RCA afin de produire un rapport sur la situation des droits de l’homme, ou bien de créer le mandat de Rapporteur Spécial sur la RCA, qui ferait des rapports réguliers sur la situation des droits de l’homme en RCA. Je félicite également le gouvernement pour sa volonté de participer à l’Examen Périodique Universel prévu pour le mois d’octobre, compte tenu des circonstances. Tous mes interlocuteurs ont évoqué les actions à entreprendre pour renforcer le cadre de protection des droits de l’homme en faveur du peuple centrafricain.
En conclusion, les violations de droits de l’homme sont à l’origine du conflit et reflètent la situation actuelle. Prévenir ces violations, et s’assurer du respect de tous les droits de l’homme permettront de mettre fin au conflit et de parvenir à la réconciliation et à la paix durable.
La mauvaise gouvernance et la corruption sous le régime de Bozizé, ainsi que le fait d’avoir négligé le développement du Nord du pays et d’avoir discriminer ses populations, qui sont en majorité de confession musulmane, a alimenté de façon significative la rébellion. Pendant le conflit, les deux parties ont commis des violations de droits de l’homme. Les violations ont été plus importantes après la victoire de la coalition Séléka, et bien que moins nombreuses aujourd’hui, ces violations se poursuivent. La majorité des victimes sont des personnes de confession chrétienne, et la perception qu’elles sont visées à cause de leur religion creuse les divisions religieuses.
On doit y mettre fin. Et le gouvernement de transition et la communauté internationale doivent y apporter leur contribution.
La présence de la MICOPAX a joué un rôle important. Cependant, afin de contribuer effectivement à la restauration de la sécurité sur l’ensemble du territoire et permettre l’organisation d’élections libres et régulières dans 18 mois, il faut déployer une force internationale plus importante en termes d’effectif et diversifiée, sous l’égide et avec le soutien logistique des Nations Unies.
Avant les élections, il faut qu’il y ait également un consensus national afin que le prochain gouvernement soit inclusif, que le développement du pays soit plus équitable, que la règle de droit prévale, que les personnes coupables de crimes soient punies, et que les droits de toutes les personnes, indépendamment de leur origine ethnique, religieuse ou de leur affiliation politique, soient respectés. Et seulement alors, les violences pré-électorales, électorales et post-électorales pourront être évitées et les résultats des urnes respectés, quel qu’en soit le vainqueur.
L’appui de la communauté internationale pour faire face à la crise humanitaire est aussi essentiel. Certains donateurs importants refusent d’apporter leur aide au développement à cause du coup d’état et du caractère provisoire du gouvernement de transition. Je vais plaider en faveur de l’investissement de ces fonds dans des projets de protection des communautés, tels que le renforcement de la société civile, le monitoring des droits de l’homme et la reconstruction des écoles et des hôpitaux.
Je vous remercie et je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.