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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 17:34

 

 

LEXPRESS.fr vendredi 2 mai 2008, mis à jour à 17:55

 

 



Pascal Marlinge, qui dirigeait l'antenne de l'organisation britannique Save The Children au Tchad, a été assassiné jeudi. Le drame a eu lieu à seulement neuf kilomètres à l'est de Farchana, où les soldats de l'armée française servant dans l'Eufor ont établi leur base.

 

La mort d'un travailleur humanitaire français, jeudi au Tchad, illustre les limites de la force de maintien de la paix européenne (Eufor), qui s'avoue impuissante à protéger l'ensemble des convois humanitaires en raison de son manque d'effectifs.

 

Pascal Marlinge, qui dirigeait l'antenne de l'organisation britannique Save The Children au Tchad, a été abattu jeudi par des hommes armés alors qu'il circulait à bord d'un convoi entre les villages de Farchana et Hadjer Hadid, à proximité de la frontière avec la région soudanaise du Darfour.

 

L'attaque a eu lieu à seulement neuf kilomètres à l'est de Farchana, où les soldats de l'armée de mer française servant dans l'Eufor ont établi leur base, a déclaré à Reuters le lieutenant-colonel Jean Axelos, porte-parole de l'Eufor.

"Vous prenez une carte et vous regardez les étendues: il est bien évident que l'Eufor ne pourra jamais être partout en permanence", a reconnu Axelos.

 

L'Eufor ne dispose à l'heure actuelle que de 2.200 hommes, chargés de protéger les civils, les réfugiés et les travailleurs humanitaires dans une zone de plusieurs centaines de kilomètres carrés, en proie depuis plusieurs années à des poussées de violence.

 

"DIFFICILE D'ACCOMPAGNER TOUS LES CONVOIS"

 

Face au manque d'effectifs, explique Axelos, l'Eufor concentre ses efforts sur la protection des camps de réfugiés, des installations humanitaires et des stocks.

"Quantitativement, en termes d'effectifs, il nous serait un peu difficile d'accompagner tous les convois", justifie-t-il.

 

Les commandants de l'Eufor ont expliqué aux agences humanitaires et aux ONG, qui apportent de l'aide à un demi-million de déplacés soudanais et tchadiens, qu'il leur était impossible pour l'heure de leur garantir une escorte pour chaque convoi.

Mais, explique Axelos, l'attaque meurtrière de jeudi est là pour rappeler le "caractère indispensable de notre mission dans cette zone".

 

Les effectifs de l'Eufor, toujours en phase de déploiement, doivent atteindre leur niveau opérationnel maximal fin juin avec un total de 3.700 hommes. En plus du contingent français de Farchana, un bataillon irlandais se déploie actuellement à Goz Beida, plus au sud, et des militaires polonais sont attendus à Iriba, au nord.

 

Par ailleurs, les agences d'aide humanitaire des Nations unies ont décidé en signe de "protestation symbolique" contre l'attaque de la veille de suspendre toutes leurs activités, hormis celles d'urgence, dans l'est du Tchad pour une durée de deux jours, a annoncé à Genève le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'Onu (OCHA).

 

Des dizaines de convois humanitaires ont été attaqués dans l'est du Tchad ces deux dernières années. Mais si des centaines de civils tchadiens ont été tués par des rebelles, les attaques meurtrières contre des travailleurs étrangers restent rares.

 

L'Eufor a subi sa première perte humaine en mars lorsque deux soldats français ont franchi la frontière avec le Soudan et sont tombés sous le feu de l'armée soudanaise. Un soldat avait été tué.


Pascal Fletcher et Stephane Nebehay, version française Clément Dossin

 

Français tué au Tchad: l'enquête se poursuit, activités humanitaires suspendues

 

10:05    |    02/05/2008 AFP

 

L'enquête s'est poursuivie vendredi sur les circonstances du meurtre jeudi dans l'est du Tchad d'un humanitaire français et retrouver les coupables alors qu'agences onusiennes et ONG ont provisoirement suspendu leurs activités en signe de protestation et de solidarité.

L'enquête s'est poursuivie vendredi sur les circonstances du meurtre jeudi dans l'est du Tchad d'un humanitaire français et retrouver les coupables alors qu'agences onusiennes et ONG ont provisoirement suspendu leurs activités en signe de protestation et de solidarité.

 

La gendarmerie tchadienne enquêtait vendredi sur le terrain après avoir retrouvé jeudi soir à plus de 100 km du lieu de son assassinat le véhicule de l'ONG Save The Children où travaillait Pascal Marlinge. Celui-ci a été abattu alors qu'il faisait partie d'un convoi humanitaire de trois véhicules qui reliait Farchana à Hajir Hadid (à une trentaine de kilomètres au sud), près de la frontière soudanaise, dans un secteur très instable, voisin du Darfour en proie à une guerre civile et où sont installés de nombreux camps de réfugiés.

 

"Avant leur départ, il était prévu une escorte pour accompagner ce convoi, malheureusement, cette ONG a décidé de partir sans escorte, et elle est tombée entre les mains de bandits de grand chemin", a expliqué à l'AFP, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique Ahmat Mahamat Bachir.

 

Mahamat Saleh Khayar, le secrétaire général de la région du Ouaddaï, dans l'est du Tchad, où sont situées les localités de départ et d'arrivée prévue du convoi, a nuancé ces propos: "(Nous avons) des problèmes avec les humanitaires" qui "par principe refusent les escortes que nous leur proposons".

 

La région est particulièrement instable. Pascal Marlinge, chef de mission de l'ONG basée à Londres, est le deuxième humanitaire tué en moins de six mois dans la zone, après la mort d'un chauffeur tchadien d'une ONG en décembre dans le même secteur.

Un soldat de l'Eufor, la force européenne déployée dans la région ainsi que dans le Nord-Est de la Centrafrique, a également été tué debut mars lors d'un accrochage avec l'armée soudanaise.

 

"Le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaire pour traquer tous les bandits de grand chemin et autres coupeurs de route qui écument cette zone", a promis le ministre, demandant toutefois à "l'Eufor et la MINURCAT (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad, chargée notamment de la formation des policiers et de la sécurité des camps de réfugiés) de s'organiser pour protéger et assurer la sécurité des réfugiés dans les camps et autour des camps".

 

Les agences onusiennes et les ONG ont suspendu pour deux jours leurs "activités humanitaires" afin de "protester contre la détérioration de la sécurité à l'est du Tchad, et réitérer leur solidarité avec les familles et collègues de toutes les victimes de cette insécurité", selon un communiqué du Coordonnateur des opérations humanitaires des Nations unies au Tchad, M. Kingsley Amaning.

"Notre pensée se tourne aussi vers les familles et les proches des victimes", ajoute le communiqué.

En France, l'épouse de M. Marlinge, Isabelle, a assuré à l'AFP que son "mari était quelqu'un de très professionnel qui attachait une grande importance à la sécurité. Il ne s'est pas mis en danger, il ne mettait pas en danger les personnes qui travaillaient avec lui".

 

"Il travaillait pour une organisation anglaise, Save the Children", a-t-elle insisté pour qu'il n'y ait aucune confusion avec l'association Arche de Zoé qui opérait au Tchad sous le nom de l'organisme Children Rescue. Elle a aussi souligné que son mari "n'était pas visé parce qu'il était Français".

Agé de 49 ans, M. Marlinge, était père de deux filles de 25 et 16 ans. La famille résidait à Seilhac, un village du centre de la France.

 

 

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2 mai 2008 5 02 /05 /mai /2008 00:17

Eric Breteau

 

 


 

Recueilli par MARIA MALAGARDIS

 

Quotidien Libération  mercredi 30 avril 2008

 

 «Gr acié mais toujours pas blanchi», Eric Breteau repart à l’attaque. Le patron de l’Arche de Zoé publie cette semaine un livre (L’Arche de Zoé : les dessous de l’affaire d’Etats, Ed.Plon), écrit en cinq semaines pendant son emprisonnement à Fresnes. Très critique vis-à-vis des autorités françaises et notamment de la secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, Rama Yade, il défend bec et ongles le bien-fondé d’une opération, dénaturée selon lui par les «mensonges politiques» et la «manipulation des images». Et si le livre laisse encore quelques zones d’ombre, Eric Breteau promet de futurs rebondissements, dans l’arène judiciaire.

Vous persistez à dénoncer une manipulation politique, alors que l’échec de votre opération au Tchad a été souvent perçu comme le symbole d’une dérive de l’humanitaire. Mais qui profite de ce fiasco ?

 

Le Tchad a gagné beaucoup d’argent en monnayant la libération de mon équipe mais aussi du pilote belge et de l’équipage espagnol de notre avion. Tous les pays concernés ont payé pour leurs ressortissants. A l’origine de notre arrestation le 25 octobre, il y a justement ce Boeing 727 qui devait nous ramener en France : on sait que le gouverneur de la région d’Abéché, notre lieu de départ dans l’est du Tchad voulait se l’approprier, comme un seigneur de guerre. Mais qui a réellement déclenché notre arrestation ? Rama Yade a affirmé devant le Parlement que c’était elle ! En tout cas, dès le lendemain de notre arrestation, ses déclarations intempestives, condamnant d’emblée toute l’opération, ont offert un sésame aux Tchadiens qui ont pu faire monter les enchères. Puis Sarkozy a proclamé qu’il nous ramènerait coûte que coûte en France et nous avons eu des émeutes à N’Djaména.

 

La gestion des autorités françaises a été calamiteuse dans cette affaire. Je pense qu’avec Jacques Chirac qui connaissait bien l’Afrique, on aurait tout de suite été libérés. Le changement de présidence a provoqué un flottement entre Paris et N’Djaména. Aujourd’hui, la France soutient le président Déby tout en livrant des armes aux rebelles qui le combattent, c’est de notoriété publique au Tchad. Mais quand François Fillon affirme que la France ne payera pas les 6 millions d’euros dus par l’Arche de Zoé suite à notre condamnation au Tchad en décembre, il sait bien que ce ne sera pas nécessaire : la France a déjà payé, en offrant du matériel militaire à Déby fin février, comme l’a révélé le Canard Enchainé le 5 mars.

 

Vous avez toujours affirmé avoir bénéficié du soutien de personnes haut placées… Plusieurs noms ont circulé : le frère du président Sarkozy, son ex-épouse, des conseillers...

Pour François Sarkozy, c’est n’importe quoi. Il n’a rien à voir avec notre opération. En revanche, je maintiens avoir reçu un soutien discret de la part du conseiller politique de Bernard Kouchner, lequel est resté étonnement silencieux dans cette affaire. De même que j’ai été encouragé à transmettre un dossier à Cécilia Sarkozy par l’intermédiaire de l’assistant de Catherine Pégard qui fait partie des conseillers politiques de l’Elysée. Mais il y en a d’autres... Rachida Dati prétend qu’elle ne me connaît pas ? On montrera en temps utile qu’elle aussi a eu notre dossier entre ses mains. Mais dans l’immédiat, je ne peux pas en dire plus, car il y a encore des procédures judiciaires en cours ici en France sur cette affaire.

J’ai déposé plainte contre certaines personnalités, dont Rama Yade. La justice est au courant, c’est aux juges de décider quand faire connaître les autres noms.

Mais vous avez tenté d’amener en France des enfants qui n’étaient peut-être ni orphelins, ni du Darfour ! N’avez-vous pas l’impression d’avoir contribué à ternir l’image de l’humanitaire ?

 

Les enfants sont orphelins et bien du Darfour, j’en reste convaincu. Les soi-disant parents qui les ont réclamé étaient téléguidés par le président Déby. Avec le soutien de l’Unicef qui vingt-quater heures après notre arrestation prétendra que tous les enfants sont tchadiens ! L’Unicef a ensuite promis un rapport, mais vient d’annoncer qu’il a été remis aux autorités tchadiennes mais restera finalement confidentiel. Pour le reste, l’opinion a été trompée par des reportages qui ont donné lieu à d’incroyables manipulations d’images. Surtout celui effectué pour France 3 par Marie-Agnès Peleran. Mais on a retrouvé tous les rushs et on prépare un documentaire qui soulignera l’aspect malveillant de certains montages où plusieurs images différentes ont été juxtaposées. Je vais me battre, surtout pour mes camarades qui ont souffert d’être ainsi calomniés. Depuis mercredi dernier, le juge d’instruction m’a autorisé à reprendre contact avec eux... Cette histoire est loin d’être finie.

 

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 14:29





Par Emmanuel Jarry Reuters - il y a 1 heure 4 minutes

 

PARIS (Reuters) - Le président Nicolas Sarkozy, qui voulait incarner une "rupture" avec la politique de ses prédécesseurs, fêtera le 6 mai le premier anniversaire de son élection dans un climat de désenchantement général.

 

"Qu'il y ait de la déception, qu'il y ait des attentes, qu'il y ait des problèmes, qu'il y ait des difficultés, non seulement je le sais et je l'entends mais je m'y étais préparé", a-t-il reconnu le 24 avril sur TF1 et France 2.

Selon l'Insee, le moral des ménages est au plus bas depuis 1987. Dans les sondages, Nicolas Sarkozy est le président de la Ve République le plus mal noté par les Français (jusqu'à deux tiers de mécontents).

 

"Il avait pu gagner un électorat qui n'était pas de notre bord. Maintenant ceux-là sont partis et c'est chez nous que le doute s'est installé", analyse le député UMP Lionnel Luca.

Le malaise de la majorité, de plus en plus souvent exprimé à haute voix, a été alimentée par des faux pas à répétition de membres du gouvernement.

 

"Après avoir vu comment Sarkozy a mené sa campagne, on s'attendait à une équipe de super-pros et, là, on ne la voit pas", commente Frédéric Dabi, de l'institut de sondage Ifop.

Tout avait pourtant commencé en fanfare pour le successeur de Jacques Chirac, élu à 52 ans à la magistrature suprême avec 53% des suffrages exprimés devant la socialiste Ségolène Royal.

 

"Trente ans pour ça", confie-t-il le 21 mai 2007 face aux jardins ensoleillés de l'Elysée, cinq jours après sa prise de fonction. C'est l'aboutissement d'une ambition née à ses débuts au RPR, ancêtre de l'UMP, et d'une campagne mûrie depuis 2002.

 

DE L'"HYPER-PRÉSIDENT" AU PRÉSIDENT "BLING-BLING"

 

"J'essaye de raconter une histoire", disait-il en mars 2007. Après le 6 mai, l'"histoire" continue de plaire à une majorité de Français, qui ne lui tiennent pas rigueur de ses premières fausses notes, comme cette croisière en famille, à peine élu, sur le yacht de l'homme d'affaires Vincent Bolloré.

 

L'élégance de son épouse Cécilia et la présence de leur famille recomposée - les cinq enfants issus de leurs deux mariages - lors de son installation officielle à l'Elysée donnent l'image d'une présidence moderne et décontractée.

La nomination au gouvernement de personnalités venues de la gauche malgré les réserves de l'UMP est appréciée de l'opinion.

 

Nicolas Sarkozy est sur tous les fronts, dit vouloir lancer toutes les réformes promises en même temps, bouscule Parlement et syndicats et gagne le surnom d'"hyper-président".

Il empoche vite des succès - un traité sur les institutions européennes, la réforme des régimes spéciaux de retraite ...

 

Mais son activisme forcené le conduit à se perdre dans des dossiers secondaires et à rabaisser son Premier ministre François Fillon au rang de simple "collaborateur".

 

Il est omniprésent dans les medias - du 6 mai 2007 au 20 avril 2008, L'Express consacre 17 couvertures à Nicolas Sarkozy, à Cécilia ou à sa future nouvelle épouse, l'ex-top-model Carla Bruni, Le Nouvel Observateur 15, Paris Match 13 et Le Point 11.

La saga de son divorce avec Cécilia, puis de ses vacances en Egypte ou en Jordanie avec Carla Bruni et de son remariage, détrône princes et princesses d'Europe dans la presse people.

Cette médiatisation de sa vie privée, son goût pour les montres et bijoux clinquants et les artistes de deuxième zone, sa manie de consulter ses SMS dans les circonstances les plus officielles, lui valent le sobriquet de "président bling-bling".

 

PRÉSIDENTIALISATION OU BANALISATION ?

 

"Ce qui lui a été fatal", estime Frédéric Dabi, "c'est le décalage de cette surexposition avec le vécu et les difficultés des Français, en l'absence de résultats économiques".

Le "choc de confiance" attendu des mesures fiscales votées dès l'été n'est pas au rendez-vous. La croissance que Nicolas Sarkozy promettait d'"aller chercher" se dérobe.

 

Le chômage baisse mais le retour d'une inflation attisée par les prix du pétrole et des matières premières menace d'amputer encore le pouvoir d'achat des Français. Alors que les résultats tardent sur ce front, Nicolas Sarkozy avoue le 8 janvier qu'il ne peut pas vider des caisses "déjà vides".

 

C'est aussi le temps des premiers reculs - sur son projet d'Union pour la Méditerranée, le contrat de travail unique, le sauvetage de l'aciérie de Gandrange en Moselle, etc.

Deux éloges vibrants de la religion, au Vatican, puis en Arabie saoudite, valent à Nicolas Sarkozy d'être accusé de s'attaquer à la laïcité, un pilier de l'identité nationale.

 

Il déchaîne un tollé en voulant passer outre l'opposition du Conseil constitutionnel à la rétroactivité d'une loi instaurant la rétention de sûreté pour les criminels les plus dangereux.

Ses mouvements d'humeur, lorsqu'il lance par exemple "casse-toi pauv'con" à un visiteur du Salon de l'agriculture qui refuse de lui serrer la main, achèvent de dilapider le capital de popularité dont il jouissait au lendemain de son élection.

 

Les élections municipales de mars tournent au fiasco, avec la perte par la droite de plusieurs dizaines de grandes villes.

L'heure est alors à l'adoption d'un style plus classique. Nicolas Sarkozy se fait plus discret. Du coup, "il se banalise", estime Jean-François Doridot, de l'institut Ipsos.

"La banalisation va de pair avec le désenchantement. Le président ne fait plus rêver", renchérit François Miquet-Marty, de l'institut Viavoice, pour qui, cependant, "il ne faut pas en déduire que cette première année est une année perdue".

 

Le 24 avril, le chef de l'Etat confesse à la télévision des "erreurs" en affichant une humilité inédite, assure avoir remis de l'ordre au gouvernement, à l'Elysée et dans sa vie privée mais ne renie rien de sa stratégie et des réformes entreprises.

Alors que les plus délicates sont à venir, dans un contexte économique difficile, et que celle des ports et des effectifs de l'éducation suscitent déjà des mouvements sociaux, il demande à être jugé dans quatre ans, à la fin du quinquennat.

Sa chance, estime Jean-François Doridot, est que "personne n'incarne aujourd'hui une véritable alternative".

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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 14:22

 



 

Diplomatie

 

LE MONDE | 26.04.08 | 14h03  •  Mis à jour le 26.04.08 | 14h14

 

Comme deux vieilles connaissances fatiguées l'une de l'autre, l'Afrique et la France ne se comprennent plus. Non seulement Paris perd pied sur le continent noir, mais son image se dégrade. Objet de débat depuis quelques années, cette réalité est désormais officiellement reconnue et préoccupe le sommet de l'Etat. Multiforme, le constat est dressé dans un ensemble de télégrammes rédigés à la demande du Quai d'Orsay à l'automne 2007 par 42 ambassadeurs en poste en Afrique, et dont Le Monde a pris connaissance. Pareil état des lieux tend à plaider en faveur de la "rupture" dans la politique de la France en Afrique promise par Nicolas Sarkozy. "Rupture" que des proches du président français semblent remettre en cause.

 

L'image de la France "oscille entre attirance et répulsion dans nos anciennes colonies, au gré du soutien politique ou des interventions, militaires notamment, dont ont fait l'objet ces pays", constate un télégramme de synthèse. "La France n'est plus la référence unique ni même primordiale en Afrique. Les Français ont du mal à l'admettre", ajoute un diplomate qui a participé à ce travail. A l'entendre, tout se passe comme si le temps s'était arrêté : les Africains "jugent la France à l'aune des travers du passé alors que Elf, c'est fini".

 

De leur côté, les Français ignorent que les Africains entrent dans la mondialisation "plus vite qu'on ne le croit" et sont désormais courtisés par tous les pays émergents (Chine, Inde, Brésil) et par les Etats-Unis. "Loin de la pensée misérabiliste, (...) les progrès accomplis par l'Afrique sont importants et largement sous-estimés par l'opinion et les observateurs", estime le document, élaboré pour tenter de remédier à l'effet désastreux produit par le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007.

 

Le soutien apporté par Paris à des potentats africains est l'une des composantes de ce désamour. La présence de bases militaires "alimente le fantasme d'une France qui n'agit qu'au profit de gouvernements iniques et pour des causes opaques", alors que la situation dans les pays en question (Gabon, Cameroun, Tchad et Congo) est plutôt meilleure que dans d'anciennes colonies britanniques, estiment les responsables français, qui citent le Zimbabwe. "On nous reproche à la fois de trop intervenir et de lâcher l'Afrique. Quoi qu'on fasse, on a tort", résume l'un d'eux. La voracité prêtée à la France en matière d'exploitation des ressources naturelles pèse aussi. Là encore, l'idée selon laquelle Paris tire toutes les ficelles dans ses ex- colonies relève du leurre, assurent les diplomates, puisque les principaux intérêts français se situent en Afrique anglophone. Le Nigeria et l'Afrique du Sud concentrent la moitié des échanges français avec le continent. L'Afrique ne pèse d'ailleurs que pour 0,5 % dans le commerce extérieur de la France, contre 40 % en 1957.

 

Les Africains francophones ont "l'impression d'être délaissés, voire de ne pas être payés en retour par une France en repli (immigration, visas, réduction de l'aide, traitement des anciens combattants)", assènent encore les télégrammes, pointant "le risque réel que les jeunes générations se détournent de la France". L'ennui est que la France n'a plus les moyens de ses ambitions. Son immense réseau de coopérants a presque disparu et elle ne maîtrise qu'un tiers du volume de son aide, le reste se partageant entre la réduction de la dette et l'aide distribuée via l'Union européenne. En conséquence, les réalisations françaises sont mal identifiées et moins visibles que les immenses stades ou palais des congrès construits par les Chinois. Certaines ambassades vont jusqu'à plaider pour une dé-communautarisation des budgets. Le dépit africain se nourrit aussi du rejet d'une France "donneuse de leçons", insistent les diplomates, qui constatent aujourd'hui les "dégâts durables" produits par l'affaire de L'Arche de Zoé.

 

Un fossé s'est ainsi creusé entre Français et Africains. Les premiers voient les seconds comme "des gens pauvres parce que corrompus, à qui la France doit dire ce qu'ils doivent faire". En miroir, domine en Afrique la vision d'"une France frileuse, doutant de ses intérêts, méfiante à l'égard de la jeunesse africaine". Ce décalage se double d'une identification nouvelle facilitée par Internet, le portable et le satellite : "Quand les banlieues françaises flambent, la jeunesse d'Afrique se sent maltraitée."

 

Confrontée à cet inquiétant tableau, la France dispose d'atouts, notamment de sa langue, qui fait l'objet d'une "terrible demande", et d'une "connaissance irremplaçable du terrain". Paris doit "avouer ses intérêts en Afrique", liés aux enjeux du développement, de la sécurité et de l'économie, et négocier avec "des partenaires à part entière". "Nous devons cesser de traiter les pays francophones comme "nos Africains"", résume un diplomate.

 

La modestie et la sobriété nouvelles du discours prononcé par le président Sarkozy au Cap (Afrique du Sud), le 28 février, résulte directement du constat dressé par les diplomates. Là où, à Dakar, M. Sarkozy avait multiplié les mises en garde péremptoires, il a affirmé au Cap que "les Africains en ont assez de recevoir des leçons de morale" et annoncé la révision des accords de défense avec les Etats africains. Ce nouveau discours a été largement inspiré par la cellule diplomatique de l'Elysée et le Quai d'Orsay, alors que celui de Dakar était né de la plume d'Henri Guaino, conseiller spécial de M. Sarkozy.

 

Mais la querelle d'influence à propos du bien-fondé d'un aggiornamento de la politique française en Afrique n'est pas close pour autant. Le remplacement de Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la coopération, coupable d'avoir mis en cause la gouvernance du Gabon et du Congo, pays "amis de la France", avait déjà reflété un retour aux vieux réflexes. Le choix de Libreville (Gabon), le 10 avril, comme première destination africaine par son successeur, Alain Joyandet, le confirme. Le chef de cette délégation venue clore en grande pompe la fâcherie franco-gabonaise dans le bureau du président Bongo n'était autre que Claude Guéant. Le secrétaire général de l'Elysée a ainsi confirmé sa préférence pour une gestion nettement plus classique des affaires africaines.

 

Philippe Bernard

 

Article paru dans l'édition du 27.04.08

 

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28 avril 2008 1 28 /04 /avril /2008 14:21



 

LE MONDE 2 | 25.04.08 | 11h18

 

Tandis qu'au sommet de l'Etat on glorifie la mémoire d'Aimé Césaire, espoir des opprimés, on se fait un devoir, plus bas, de traquer et d'arrêter les étrangers en situation irrégulière.

 

Obsèques nationales, Panthéon… il y a quelques jours, la France ne trouvait plus ses mots pour célébrer Aimé Césaire, " poète de la négritude " bien sûr, mais aussi homme politique, longtemps maire de Fort-de-France (Martinique), où il est mort le 17 avril à l'âge de 94 ans. " Un symbole d'espoir pour tous les peuples opprimés ", estima le chef de l'Etat. La " patrie des droits de l'homme " venait de perdre l'un de ses fils les plus illustres et entendait que cela se sût. Maintenant qu'il était mort, on encensait l'immense poète, celui qui disait : " Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. " Qu'aurait pensé Aimé Césaire de la " Note aux sections Accueil (guichet pré-accueil) et Contrôle (Cellule régularisation ) " établie le 28 février 2008 par la direction de la population et de la citoyenneté de la préfecture des Hauts-de-Seine et dont l'objet est l'" interpellation au guichet des étrangers faisant l'objet d'une OQTF [obligation de quitter le territoire français] notifiée ou d'un APRF [arrêté préfectoral de reconduite à la frontière] " ? Rien de plus édifiant que le texte de ce document administratif : " Afin d'assurer la reconduite effective des étrangers faisant l'objet d'une OQTF notifiée depuis au moins un mois ou d'un APRF daté de moins d'1 an, il a été décidé de procéder à l'interpellation systématique de ces catégories d'individus lorsqu'ils se présentent spontanément au guichet du bureau des étrangers. " Suit ce qu'il faut bien appeler le mode d'emploi de l'interpellation. Verbatim : " Lorsqu'un étranger se présente de sa propre initiative pour demander la régularisation de sa situation ou le réexamen de celle-ci, l'agent chargé du pré-accueil consulte Agedref [le fichier informatisé de gestion des cartes de séjour].

 

Dans le cas où l'étranger en question appartient à l'une des deux catégories définies plus haut, le schéma chronologique suivant est appliqué : – l'étranger remet son passeport à l'agent – l'étranger est invité à prendre place dans la salle d'attente – l'agent saisit le chef de la section Eloignement (en son absence : le chef de bureau ou son adjoint) – le chef de la section Eloignement saisit la DDSP [direction départementale de la sécurité publique] et informe le chef de la section Accueil – l'interpellation sera réalisée en cabine fermée. " En conclusion, le signataire de cette note " rappelle que l'éloignement des étrangers en situation irrégulière est une mission prioritaire de notre service : nous avons en ce domaine une obligation de résultat. Je vous demande donc d'appliquer avec un zèle particulier les instructions contenues dans la présente note ".

 

En 2008, l'Etat français demande donc à ses fonctionnaires de tendre de véritables souricières pour capturer les étrangers sans papiers qui séjournent sur son sol. Le 6 février 2007, la Cour de cassation avait pourtant considéré comme illégale l'arrestation d'un sans-papiers convoqué au guichet d'une préfecture. Comment la République peut-elle à la fois honorer le " Nègre " Aimé Césaire et mettre en place des dispositions considérées par la plus haute instance judiciaire française comme contraire à l'article 5 de la Convention européenne des droits de l'homme ? " Nègre je suis, nègre je resterai ", disait Césaire. Et il ajoutait : " Accommodez-vous de moi. Je ne m'accommode pas de vous. "

 

Franck Nouchi

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22 avril 2008 2 22 /04 /avril /2008 23:59

 



 

Un an après son élection, seuls 28% des personnes s’affirment satisfaites de l’action du Président, selon un sondage pour «Paris-Match».

 

AFP LIBERATION.FR : mardi 22 avril 2008

 

 

72% des Français se disent mécontents du bilan de Nicolas Sarkozy, contre 28% qui s'affirment satisfaits, un an après son élection à la présidence de la République le 6 mai 2007, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris-Match à paraître jeudi. Ce chiffre vient amplifier celui de notre propre sondage publié lundi, dans lequel 59 % des personnes considèrent que cette première période du quinquennat est «plutôt un échec».

 

Le chef de l'Etat fait beaucoup moins bien que son prédécesseur à l'Elysée Jacques Chirac qui, en avril 2003, un an après sa réelection, recueillait 58% de jugements positifs sur son action. Les Français ne sont en outre que 35% à considérer que Nicolas Sarkozy a tenu, durant l'année écoulée, les engagements qu'il avait pris durant sa campagne présidentielle, 65% étant d'un avis inverse. La façon de présider du chef de l'Etat n'est jugée meilleure que celle de ses prédécesseurs que par 17% de Français (et seulement 42% des sympathisants UMP), 35% la trouvant «moins bonne» et 48% «ni meilleure ni moins bonne». Quant à son projet pour la France, s'il est jugé «ambitieux» par 62%, 50% l'estiment «peu crédible», tandis que 40% pensent qu'il «va dans la bonne direction» et qu'il est «clair».


Ce jugement sévère se double d'un fort pessimisme pour l'avenir, notamment sur le plan économique. 6% seulement pensent que la situation économique s'est plutôt améliorée durant la première année de mandat de Nicolas Sarkozy, contre 48% qui considèrent qu'elle s'est détériorée et 46% qu'elle n'a pas changé. En outre, la mise en place d'un plan de rigueur est jugée inéluctable par 80% des personnes interrogées, contre 19% d'un avis opposé. Un an après son élection, 58% des Français disent ne pas faire confiance au Président pour «mettre en place les réformes nécessaires» contre 42% qui lui font toujours confiance.

Sondage réalisé par téléphone les 17 et 18 avril auprès d'un échantillon national de 956 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Notice détaillée à la Commission des sondages.

 


 

Coopération : "Nicolas Sarkozy entre mercantilisme et militarisme",

 

Quotidien Mutations 22 Avr 2008

 

Analyses des rapports entre la France et l'Afrique depuis l'arrivée il y a près d'un an d'un nouveau locataire à l'Elysée.


Par Achille Mbembe*


En visite en Afrique du Sud où la France souhaite décrocher de très juteux contrats dans les domaines de l'énergie électrique et nucléaire, Nicolas Sarkozy a prononcé, le 28 février dernier, un discours devant le Parlement sud-africain réuni au Cap. L'an dernier à Dakar, il s'était fait rabrouer par l'intelligentsia africaine et certains milieux intellectuels français à la suite d'une péroraison sur " l'homme noir " aux relents racistes et colonialistes.

Le handicap français


Le poids des liens commerciaux entre la France et l'Afrique du Sud aidant, le chef de l'État français a cette fois été un invité plus courtois, ce qui lui a valu quelque bienveillance de la part de ses hôtes. Malgré ces progrès en matière de bienséance, force est de constater que la méfiance, le scepticisme et, dans certains cas, l'opposition à la politique française en Afrique persistent.


Exaspération, gêne et fatigue ont progressivement gagné et les élites intellectuelles et politiques, et les milieux d'affaires, et la jeunesse africaines. Nombreux sont désormais ceux pour qui la manière dont la France se comporte sur le continent depuis l'époque coloniale et le traitement réservé aux Africains en situation irrégulière ont largement érodé le peu de crédit moral dont elle pouvait encore se prévaloir. Il faudra donc sans doute plus que des mots pour convaincre l'opinion africaine qu'un changement radical est en cours.

Malgré l'ampleur de la défection, deux points du discours de Sarkozy valent pourtant la peine que l'on s'y arrête. Il y a d'abord l'intention proclamée de "refonder" les relations entre la France et l'Afrique par le biais, entre autres, d'une révision des accords militaires signés à la veille des indépendances. Il y a, d'autre part, les considérations sur l'immigration et, entre les deux, l'annonce d'une initiative de deux milliards et demi d'euros en cinq ans comportant la création d'un fonds d'investissement et d'un fonds de garantie dotés chacun de 250 millions d'euros, et le doublement de l'activité de l'Agence Française de Développement en faveur du secteur privé.

À supposer que cette dernière initiative prenne effectivement corps (alors que l'État français est à peu près en faillite), les sommes en jeu sont simplement dérisoires lorsqu'on les compare aux dizaines de milliards d'euros qu'Alsthom et le consortium dirigé par Areva engrangeront d'ici l'an 2025 en Afrique du Sud. Elles sont, en outre, largement inférieures aux ressources financières mobilisées par la Chine en Afrique au cours de la même période.
Les échanges commerciaux entre l'Afrique et la Chine s'élèvent désormais à plus de 50 milliards de dollars par an. Avant la fin de la décennie, cette somme sera multipliée par deux. Dans la nouvelle course vers les richesses de l'Afrique qui marquera les cinquante prochaines années, le handicap français reste donc lourd.

Des réformes en trompe-l'oeil


L'intention de refonder les rapports franco-africains n'est, quant à elle, guère originale. Chaque nouveau chef d'État français, de Pompidou à Giscard d'Estaing, Mitterrand et Chirac, s'est fendu d'une telle proclamation en arrivant au pouvoir. On sait ce qui est arrivé par la suite. Par ailleurs, sur le plan symbolique, cette proclamation aurait sans doute eu un bien plus puissant éclat si elle avait été faite dans une capitale du " pré carré ", royaumes de satrapes nègres que la France n'a eu cesse de soutenir aveuglément depuis la décolonisation. C'est en très grande partie à cause de ce soutien que la plupart de ces pays sont aujourd'hui au bord de la ruine et de la guerre civile, tandis que l'essentiel de leurs jeunesses et de leurs forces vives n'a plus en tête que de s'en aller ailleurs. À la vérité, en appelant à refonder les relations franco-africaines, Sarkozy cherche surtout à neutraliser une revendication qui risque de servir de cri de ralliement à l'opposition africaine contre la France dans les décennies qui viennent. Il s'inscrit dans la logique des "petites réformes " inaugurée par De Gaulle lors du discours de Brazzaville en 1944.

L'on sait aujourd'hui que la décolonisation à la française a ressemblé, en bien des points, aux traités inégaux que l'on impose aux pays vaincus lors des guerres. Les accords signés par la France et les nouveaux dirigeants africains au moment des indépendances avaient été rédigés dans le secret le plus absolu. Ils ne légalisaient pas seulement le régime de capitations qui avait permis le pillage des richesses africaines par les firmes françaises au milieu du XIXème siècle.
L'un des aspects les plus scandaleux de ces traités est celui qui octroie à des soldats français stationnés dans des bases militaires en Afrique le droit de tirer sur des citoyens africains lors de dissensions internes ou au cas où la France jugerait ses intérêts menacés en Afrique. Depuis presque 50 ans, les mouvements africains d'émancipation exigent l'abrogation de ces traités de la honte. Nicolas Sarkozy dit maintenant vouloir les " adapter aux réalités du temps présent ". On l'y encourage et on le jugera sur les faits.

Les dangers d'un nouvel interventionnisme


Pour le moment et comme cela a souvent été le cas dans le passé, le contraste entre le discours et la réalité est saisissant. Un nouvel interventionnisme français en Afrique se dessine. Il combine mercantilisme et militarisme tout en sacrifiant verbalement à l'humanitaire, cette vieille piété du XIXème siècle dépoussiérée et remise au goût du jour par les croisés du " droit d'ingérence ".
Le Tchad, où la France est impliquée dans des guerres intestines depuis l'époque coloniale est, pour l'instant, le lieu privilégié d'expérimentation de ce nouvel interventionnisme, et pour cause. Avec la Centrafrique et Djibouti, il n'est pas seulement un immense terrain d'entraînement pour les armées de la république et un dépotoir pour toutes sortes de déchets militaires. Il fait aussi partie du ventre mou de ce cordon pétrolier africain qui va désormais du Golfe de Guinée à l'extrémité orientale du Sahara et jusqu'aux confins nilotiques.

Dans son intervention dans cette région, la France a réussi à s'abriter sous le parapluie européen. Après ce qui est arrivé au Rwanda, elle compte ainsi externaliser les risques, dans cette poudrière où un cycle de massacres est en cours au Darfour. Contrairement à l'hécatombe rwandaise du siècle dernier, le génocide au Darfour n'est pas sans lien avec le nouveau cycle de la prédation des richesses africaines engagé par les puissances externes (Chine, États-Unis) pour le contrôle des ressources pétrolières, sur fonds de guerre contre le terrorisme.


Au demeurant, il n'est pas exclu que d'autres régimes soutenus par la France et faisant partie de cet arc pétrolier soient, dans un avenir pas tout à fait lointain, aspirés par le tourbillon de conflits liés à ce nouveau cycle de la prédation. C'est notamment le cas du Cameroun où l'autocrate local s'efforce de changer la Constitution afin de pouvoir régner à vie. Pour leur reproduction, de tels conflits dépendent généralement de la constitution de véritables marchés militaires liés à, et soutenus par, des réseaux internationaux.

Sarkozy veut également associer le Parlement français aux grandes orientations de la politique de la France en Afrique. Viendrait-elle à se réaliser, cette initiative constituerait sans doute, sous certaines conditions, une belle avancée démocratique. Car sous la Vème République, la politique africaine fait partie du domaine éminent du Prince qui la conçoit, la dirige et la conduit à la manière d'un fief, dans le secret le plus total. L'opacité qui entoure cette politique, sa quasi-privatisation par les présidents français successifs et l'absence totale de transparence qui la caractérise ont largement contribué à en faire une arme absolue de violence et de corruption.

Immigration et xénophobie d'État


La partie sans doute la plus démagogique du discours de Sarkozy avait trait à l'immigration. Il va de soi que chaque État a le droit de déterminer librement sa politique dans ce domaine. Encore faut-il que cette politique soit en accord avec les droits humains fondamentaux et, pour ce qui nous concerne, qu'elle ne soit le prétexte ni à l'instauration d'une xénophobie d'État, ni à une réactualisation des formes de racisme que la colonisation avait largement utilisé. Or, on sait qu'en France, cette ligne est aujourd'hui des plus ténues. Sarkozy suggère que la France et l'Afrique ont un même intérêt à une meilleure régulation de la mondialisation. Or, l'une des contradictions de la mondialisation est de favoriser l'ouverture économique et financière tout en durcissant le cloisonnement du marché international du travail. Le résultat est la multiplication des empêchements à la circulation des gens et la normalisation des conditions liminales dans lesquelles sont enfermées les populations jugées indésirables au nom de la raison d'État.

En France en particulier, l'on a assisté au cours des dix dernières années à une formidable expansion et miniaturisation des logiques policières, judiciaires et pénitentiaires ayant trait à la police et l'administration des étrangers. Sarkozy lui-même a contribué à mettre en place des dispositifs juridiques et réglementaires visant non seulement à produire chaque fois un nombre considérable de " sans-papiers ", mais aussi à justifier les pratiques d'entreposage, de rétention, d'incarcération, de cantonnement dans des camps, de rafles et d'expulsions des étrangers en situation irrégulière.


Il en a résulté non seulement une prolifération sans précédent de zones de non droit au coeur de l'État de droit, mais aussi l'institution d'un clivage d'un genre nouveau entre les citoyens auxquels l'on s'efforce d'assurer protection et sécurité d'une part, et d'autre part une somme de gens, pour la plupart des Noirs d'Afrique, littéralement privés de tout droit, livrés à une radicale insécurité et ne jouissant d'aucune existence juridique.
Toutes proportions gardées, l'institutionnalisation, l'extension et le renforcement d'un état permanent d'exception vis-à-vis des étrangers est en passe de devenir pour la France ce que Guantanamo est pour les États-Unis. Dans les deux cas, il s'agit de priver l'étranger ou le présumé terroriste de tout droit, y compris ceux qui leur sont officiellement reconnus par les conventions internationales.
C'est ce racisme d'État qui fait de son discours sur l'immigration un exemple de démagogie. Or, tant que perdure cette xénophobie d'État, il sera difficile de convaincre les Africains qu'une refonte radicale des relations franco-africaines est en cours.

La volonté d'ignorance


Pour le reste, la connaissance que Sarkozy a des dynamiques des sociétés africaines sur le temps long reste très superficielle. L'histoire du continent est réduite à deux moments traumatiques : l'esclavage dont il reconnaît qu'il fut un crime, et la colonisation dont il continue de penser qu'elle ne fut qu'une " faute ".
D'autre part, il continue d'en percevoir les réalités à travers les clichés traditionnels - les paysans, les " chefs " et les " anciens ", ces poncifs de l'ethnologie africaine du dimanche. Il a encore beaucoup de peine à ouvrir les yeux sur les dimensions modernes, urbaines, diasporiques et cosmopolites du Continent - l'Afrique des méga-villes, des jeunes éduqués et sans emplois formels, des intellectuels, écrivains, artistes, entrepreneurs, juristes et avocats, des gens qui bougent, inventent, créent, et sont très largement au fait des mutations du monde de notre temps. Certes, il admet la distension de la relation franco-africaine mais en propose une analyse escamotée. Que les intentions du gouvernement français en Afrique fassent en permanence l'objet de suspicions découle d'une longue tradition de duplicité qui consiste à faire un éloge rhétorique des valeurs universelles tout en soutenant aveuglément des tyrans brutaux et corrompus qui ont causé la ruine de leurs pays.

Par ailleurs, la perception selon laquelle la France se ferme sur elle-même n'est pas une illusion d'optique. Il suffit de se rendre dans n'importe quel consulat de France sur le continent pour se rendre compte de l'indignité à laquelle sont exposés les demandeurs de visas, les professionnels y compris. Il faut, affirme-t-il, " changer le modèle des relations entre la France et l'Afrique si l'on veut regarder l'avenir ensemble ". Le point de départ de la refondation des rapports franco-africains ne saurait se limiter, comme l'indique Sarkozy, à la reconnaissance par la France de ses intérêts et au fait de les assumer. Le point de départ, c'est la recherche d'un point d'équilibre entre ses intérêts et ceux des peuples africains.

*Professeur de sciences politique à l'université du Witwatersrand, Johannesburg, Afrique du Sud.

 

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17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 15:01



 

PARIS 17 avril 08 (AP) - Homme politique, écrivain, penseur, Aimé Césaire incarnait à lui seul plus d'un demi-siècle de l'histoire de la Martinique. Mort jeudi à l'âge de 94 ans, cette figure type de l'engagement littéraire aura mis ses lettres au service d'un combat de toute une vie pour l'émancipation des Noirs.

 

Dès ses premiers textes dans les années 1930, il aura chanté la "Négritude", concept littéraire autant que sociologique prônant le retour à l'identité et à la culture noires, et dénoncé l'oppression colonialiste blanche.

 

Dans ses poèmes, ("Cahier d'un retour au pays natal", "Les armes miraculeuses", "Et les chiens se taisaient", "Soleil cou coupé", "Corps perdu", "Cadastre"), ou dans ses essais, notamment le célèbre "Discours sur le colonialisme", il aura défendu par les mots la fierté et le droit à l'égalité du peuple noir.

 

"La négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture", écrivait-il. Il avait également écrit pour le théâtre ("La tragédie du roi Christophe", "Une saison au Congo", "Une tempête").

 

Avec Léopold Sédar Senghor, autre homme de lettres noir rencontré à son arrivée à Paris en 1931, il aura développé au fil du temps la Négritude comme un pont littéraire, culturel et historique entre les Noirs des Antilles et ceux d'Afrique, notamment par l'intermédiaire de "L'Etudiant noir", la revue qu'ils avaient fondée dans les années 1930. "Le mouvement de la Négritude affirme la solidarité de la diaspora avec le monde africain", expliquait-il.

 

"Nous étions très centrés sur la rencontre des civilisations. J'étais très curieux du Sénégal et de l'Afrique. Je savais bien qu'ils étaient des frères, mais personne ne me l'avait appris et surtout pas les livres", expliquait-il en 2005 au sujet de sa rencontre avec le futur président du Sénégal décolonisé. "Alors on a parlé du passé de l'Afrique, j'ai parlé de la Martinique, du créole, de l'immigration, du monde colonial, de la France et nous. Et je voyais que, sur beaucoup de points, on se rencontrait. C'est ainsi qu'est née la négritude".

 

Homme de lettres, Aimé Césaire aura également traversé l'histoire politique de la France et de la Martinique depuis l'après-guerre. Homme de gauche, il aura été député de Martinique pendant près de cinquante ans, d'abord sous l'étiquette communiste, avant d'intégrer le groupe socialiste. Il est maire honoraire de Fort-de-France, ville qu'il a administrée de 1945 à 2001.

 

En 2007, il avait soutenu Ségolène Royal à l'élection présidentielle et avait accepté d'être le président d'honneur du comité de soutien "Désirs d'avenir" de la candidate en Martinique. En décembre 2005, il avait refusé de rencontrer Nicolas Sarkozy à Fort-de-France en raison de la polémique autour de la loi sur le "rôle positif" de la colonisation. Il avait finalement accepté de recevoir le ministre de l'Intérieur de l'époque le 10 mars 2006 lors de la visite de ce dernier en Martinique. En janvier 2007, M. Sarkozy avait fait rebaptiser l'aéroport de Fort-de-France/Le Lamentin aéroport Martinique/Aimé Césaire.

 

Né le 25 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique), Aimé Fernand Césaire était issu d'une famille lettrée attachant une grande importance à l'éducation. Elève brillant, il suit d'abord ses études à Fort-de-France, avant d'entrer au prestigieux lycée Louis-le-Grand à Paris en 1931, après avoir obtenu une bourse d'enseignement. C'est là qu'il rencontre Léopold Sédar Senghor. Il intègre ensuite l'Ecole normale supérieure et la Faculté de lettres de Paris.

 

Licencié es lettres, il rentre en Martinique, où il enseigne au lycée Schoelcher de Fort-de-France entre 1940 et 1945. Ce retour sur sa terre natale lui inspire ses premiers poèmes "Cahier d'un retour au pays natal", et il entame parallèlement sa longue carrière politique. Il est d'abord membre des deux Assemblées constituantes de Martinique entre 1945 et 1946, avant d'être élu député de la Martinique en 1946 (réélu en 1951 et 1956).

 

Ses positions anticolonialistes le rapprochent du Parti communiste. De 1946 à 1956, il est inscrit sous cette étiquette à l'Assemblée nationale, avant d'être apparenté au groupe du Parti du regroupement africain et des Fédéralistes jusqu'en (1958-59). En 1958, il est réélu au Palais Bourbon, où il siégera jusqu'en 1993, en tant qu'apparenté au Parti socialiste.

 

Parallèlement à la métropole, Aimé Césaire mène une carrière politique en Martinique, où il est président du Parti progressiste martiniquais. Il est maire de Fort-de-France entre 1945 et 1983. Sa réélection de 1983 est invalidée, mais il retrouve son écharpe en 1984, avant de se retirer en 2001. Il est conseiller général du quatrième canton de Fort-de-France entre 1956 et 1970, et président du Conseil général de Martinique entre 1983 et 1986.

 

En 1968, il avait reçu le prix international de littérature de Viareggio-Versilia pour l'ensemble de son oeuvre, et en 1982 le grand prix national de poésie. En 1969, il avait été honoré par le Cameroun, qui avait émis un timbre à son effigie.

 

AP

 

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13 avril 2008 7 13 /04 /avril /2008 20:05




(Bakchich) vendredi 11 avril par Xavier Monnier

 

L’intermédiaire françafricain Robert Bourgi a beau être honoré dans l’hebdomadaire « Le Point », il n’en est pas moins sur le déclin. Que ce soit à l’Élysée ou chez les potentats africains.

On ne voit plus que lui ou presque depuis un an. Bruyamment présent à l’investiture de Sarkozy en mai 2007, décoré de la Légion d’honneur en septembre par le chef de l’État et désormais honoré par une double page du Point (dans le numéro du 27 mars 2008). Eh oui, à 60 ans passés, Robert Bourgi a son heure de gloire médiatique. Qui sonne un peu comme un déclin. Apparaître en pleine lumière pour un homme de l’ombre, intermédiaire discret des relations entre les palais africains et l’Élysée, ressemble à s’y méprendre à un chant du cygne.

Bourgi et Sarko© baroug Un papier qui dérange


Les deux pages que lui a consacrées l’hebdomadaire de Franz-Olivier Giesbert, « l’homme qui a tué Bockel » – le secrétaire d’État à la Coopération éjecté vers le maroquin des Anciens combattants – ont fini d’agacer en haut lieu. Notamment le trio de commis de l’Élysée, le secrétaire général Claude Guéant, le conseiller diplomatique Jean-David Lévitte et le patron de la cellule Afrique Bruno Joubert. « Une brève ils auraient laissé passer mais deux pages ils n’avalent pas », confesse-t-on dans les couloirs du château. Déjà que l’ami Robert n’a jamais été en odeur de sainteté au sein du trio (voir encadré).

Lutte de classe


Guéant a peu apprécié la façon dont, en pleine campagne présidentielle, Bourgi a débarqué dans son bureau pour dauber sur Villepin et Chirac, qu’il a servis pendant 20 ans. Joubert, passé par les « services », n’a jamais goûté à ses rodomontades et sa prétention d’avoir plus d’influence que la haute administration française ou d’être mieux renseigné et plus efficace que la DGSE. Rien que ça. Et un haut diplomate comme Lévitte gravite à des années lumière des manières du « missi dominici ». Alors le voir s’attribuer dans un grand hebdomadaire la chute d’un ministre, un rôle primordial dans les affaires africaines, voire à donner des leçons aux diplomates, la coupe déborde…

« Dire que c’est Bourgi qui a eu la tête de Bockel à cause de ses propos sur la Françafrique relève de la grave désinformation. Franchement, qui peut croire qu’un homme comme Bourgi ait autant d’influence sur le Président. Même si Bockel a été maladroit dans son discours et a pu vexer Bongo, il n’était pas très loin de la vérité présidentielle ? », décrypte une vieille concierge des palais africains.

La méfiance de « ses tontons africains »


Mais, plus grave pour « Bob », ses tontons africains commencent à se méfier de lui. Omar Bongo, le président gabonais l’a longtemps nourri et l’engraisse encore un peu. Si bien, comme Bakchich l’avait dévoilé, que Bourgi l’appelle « Papa » et n’hésite jamais à lui demander un peu de grisbi pour « Loyers, écoles des enfants, billets d’avions, fournisseurs de livres » (cf. « Quand Papa Bongo fait l’aumône à Bourgi ». Mais le sérail gabonais ne lui est pas acquis. L’ancienne secrétaire particulière de Bongo, Laure Gondjout, devenu ministre des Affaires étrangères le 6 février dernier, ne rate jamais une occasion de dauber sur le compte de « l’homme de Paris » au tempérament « maléfique », dont elle a souvent réceptionné les sirupeux courriers. Toujours débutés par « Mon cher Papa » et éternellement achevés par « votre fidèle serviteur ». Sans doute de telles lectures l’ont-elle lassé.

Du côté du beau-père de Bongo, le président congolais Sassou Nguesso, la méfiance à l’égard de Bourgi est quasiment légendaire. Logique, tant « Bob » travailla pour l’ancien président Lissouba, que Sassou renversa au prix de deux guerres civiles. « Il double voire triple les vérifications sur les dires de Bourgi, même si son épouse a effectivement un mandat avec le gouvernement de Brazza », précise un griot de la place.

Quant aux présidents Béninois, Centrafricain ou Angolais, que l’avocat désigne comme ses clients, « c’est tout simplement faux ». Bref, agaçant en France, inspirant la méfiance en Afrique, au moins Robert Bourgi peut-il se vanter sans fard d’œuvrer au rapprochement entre la France et l’Afrique…


© Copyright Bakchich

 

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 17:33

 

Paris, 11 avril 208 (AFP) - L'ancien président Jacques Chirac a été opéré avec succès vendredi matin à l'hôpital de la Pitié Salpetrière à Paris où les chirurgiens lui ont posé un stimulateur cardiaque (pace-maker), a annoncé son bureau.

 

L'ancien président Jacques Chirac, 75 ans, a été opéré avec succès vendredi matin à l'hôpital de la Pitié Salpetrière à Paris où les chirurgiens lui ont posé un stimulateur cardiaque (pace-maker), a annoncé son bureau.

 

"Cette intervention bénigne, prévue depuis quelques jours suite à un examen de routine, s'est parfaitement déroulée", ont indiqué ses services dans un communiqué.

M. Chirac, qui était entré jeudi soir à l'hôpital, "regagnera son domicile dès la fin du week-end", selon son bureau.

 

En septembre 2005, il avait été victime d'un "petit accident vasculaire" cérébral, qui avait entraîné son hospitalisation pendant une semaine au Val-de-Grâce.

L'ancien président qui a consacré l'essentiel de sa vie à la politique - quarante-deux ans de vie publique , deux fois président, deux fois Premier ministre, 18 ans maire de Paris - avait créé le mois dernier une fondation, "la Fondation Chirac pour le développement durable et le dialogue des cultures".

 

L'initiative devait lui permettre de continuer à "servir autrement" les Français, comme il s'y était engagé en annonçant le 11 mars 2007 qu'il ne briguerait pas de troisième mandat.

Le 17 mars dernier, l'ancien président avait aux côtés de son successeur Nicolas Sarkozy rendu hommage aux Invalides à Lazare Ponticelli, le dernier poilu décédé à l'âge de 110 ans.

 

En décembre dernier, six mois après son départ de l'Elysée, Jacques Chirac a été le premier ancien président de la République à être poursuivi par la justice, dans une affaire d'emplois présumés fictifs du temps où il était maire de Paris.

En mars dernier, il avait été convoqué en qualité de témoin par la justice dans l'enquête sur la Sempap, une ancienne imprimerie soupçonnée d'avoir participé au financement du RPR.

 

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 00:08



 

Par Pascal Riché | Rue89 | 10/04/2008 | 23H45

 

Selon des Suédois, un Congolais aurait été torturé pendant l'opération Artémis en 2003. L'armée française a ouvert une enquête.

 

C'est une information qui n'a trouvé presque aucun écho en France, mais qui fait scandale en Suède: des soldats des forces spéciales suédoises affirment avoir été témoins d'un cas de torture, qui aurait été perpétré en juillet 2003 par des soldats Français, lors de l'opération "Artémis" menée sous l'égide de l'Union européenne en République démocratique du Congo. Saisis l'été dernier par leurs homologues suédois, les responsables de l'état-major militaire français confirment avoir ouvert une enquête sur la question.

 

L'information a été dévoilée par la télévision publique SVT1, la semaine dernière, dans un documentaire diffusé dans l'émission d'investigation Uppdrag Granskning. Elle a depuis été, selon un des riverains de Rue89 vivant en Suède, "relayée par tous les grands médias, à commencer par Dagens Nyheter et Svenska Dagbladet, les deux grands journaux".

 

Roué de coups et étranglé

 

Artémis était le nom d'une l'intervention dans la province d'Ituri, la première opération militaire de stabilisation menée par l'Union européenne en dehors de ses frontières. La région était en proie à des massacres entre miliciens de plusieurs groupes rivaux, accompagnés d'exactions sur la population civile. La force européenne avait pour mission de stabiliser la situation, d'améliorer la situation humanitaire, de protéger l’aéroport et les camps de réfugiés de Bunia et, si la situation l’exigeait, d'assurer la sécurité de la population civile et du personnel des Nations unies et des organisations humanitaires dans la ville. Dix-huit nations participaient à Artémis; la France avait pris la direction des opérations.

 

Un camp à Bunia, "chem-chem", abritait des troupes françaises et suédoises. L'incident dénoncé par les soldats suédois y aurait eu lieu le 13 juillet 2003. Un jeune congolais d'une vingtaine d'année, qui s'était introduit dans le camp, aurait été victime de violences injustifiées pendant "six à huit heures", lors d'un interrogatoire mené par les soldats des forces spéciales françaises.

Le documentaire, "Le Destin de Joseph" (lire son résumé en français), réalisé par trois journalistes, présente plusieurs militaires qui dénoncent la passivité de leurs supérieurs face aux violences françaises. Les soldats, anonymes, ne sont pas identifiables à l'écran. L'officier suédois mis en cause a affirmé depuis avoir été prévenu trop tard de ce qui se passait.

 

L'homme, en tenue civile, aurait été tiré par une corde attachée autour de son cou, et roué de coups de bâton. Selon un soldat suédois "le prisonnier s'étranglait quand il trébuchait". L'usage d'électricité pendant l'interrogatoire, la simulation d'une noyade, ou celle d'une exécution publique, ont également été rapportées. Les soldats suédois entendaient le prisonnier crier. Un des soldats interrogés par l'équipe de Uppdrag Granskning affirme:

"Il arrive encore que je me réveille les nuits en entendant les cris. C´était comme si on étranglait un chat, personne dans le camp pouvait éviter de l´entendre. Celui qui dit qu'il n'a pas entendu parler de ça, il ment."

A minuit, le prisonnier aurait été emmené dans une Jeep, cagoulé. L'équipe de télévision n'a pas pu le retrouver. Ils ont juste un prénom, Joseph.

 

Un soldat suédois craint que les Français ne l'aient relâché dans le camp de ses adversaires.

 

Témoignages contradictoires

 

L'état-major français a été informé par les suédois de ces accusations l'an dernier, après une plainte déposée en mai. Depuis, des enquêtes préliminaires ont été conduites tant en France qu'en Suède. Les enquêteurs suédois estiment aujourd'hui qu'il est "hautement probable" que les témoignages accusateurs soient solides, et que des méthodes "assimilables à la torture" aient été utilisées. Le porte-parole du ministère suédois de la Défense, Roger Magneraad, a publiquement accusé les soldats français d'avoir "utilisé des méthodes s'apparentant à la torture". Mais on est beaucoup plus prudent en France.

 

Les autorités françaises reconnaissent qu'un incident a eu lieu, après qu'un congolais se fut introduit une nuit dans le camp militaire. Mais pour le reste, motus. "Nous avons comparé les résultats des enquêtes ces dernières semaines, et nous avons constaté de nombreux éléments contradictoires", commente-t-on au ministère de la Défense.

 

Les témoignages recueillis divergent "sur les conditions de détention du prisonnier congolais" et notamment sur l'attitude des militaires français. " Il y a des trucs qui ne collent pas, et le général Jean-Louis Georgelin [chef d'état-major français des armées, ndlr], a donc ordonné l'ouverture d'une enquête approfondie". Une enquête annoncée par un communiqué le 2 avril, confiée à l'inspection des forces en opérations et de la défense du territoire" et qui, compte tenu des divergences, pourrait durer "assez longtemps".

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