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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 01:15




 

Par Théophile KOUAMOUO | Journaliste | 07/09/2009 | 17H20

Jamais deux sans trois. Au commencement était la Côte d'Ivoire, où le long bras de fer entre Laurent Gbagbo, ancien « opposant historique » arrivé au pouvoir en octobre 2000, et Jacques Chirac, défenseur acharné du parti unique en Afrique accusé de soutenir la rébellion armée déclenchée en septembre 2002, s'est notamment caractérisé par ce que l'on a appelé des « violences antifrançaises ».

Puis il y a eu le Togo, où une bonne partie de la jeunesse urbaine a exprimé dans la rue, en 2005, à la fois son refus de la succession monarchique représentée par l'arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé et sa haine de la France officielle, coupable à ses yeux d'avoir sanctifié au point de vue international le « coup d'Etat électoral » du fils du général Gnassingbé Eyadéma.

Aujourd'hui, c'est au tour du Gabon de s'enflammer après la mort du président Omar Bongo Ondimba et « l'intronisation » de son fils Ali Ben Bongo sous un grossier masque démocratique. Les coupables désignés ? La nomenklatura du PDG (Parti démocratique gabonais, au pouvoir) et… la France, dont les symboles ont été incendiés et pillés à Port-Gentil, capitale économique du pays et dont les ressortissants sont montrés du doigt.

Les médias français occultent le principal : les causes de la haine

Chose curieuse : les médias parisiens semblent considérer ces poussées de fièvre d'un simple point de vue logistique, et insistent largement sur la sécurité et les probables évacuations des Français, en occultant une question fondamentale. Celle que les Américains se sont posée après le 11-Septembre à propos d'un grand nombre de personnes dans le monde arabo-musulman : pourquoi nous détestent-ils tant ?

Quant aux gouvernants français, ils manient à merveille l'art de la litote, de la dénégation sans conviction, voire du mépris. Bernard Kouchner estime que « ce n'est pas au Gabon » que le sentiment antifrançais, « s'il existe », est « le plus fort ». « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage ! », ironise-t-il, sachant que le cliché des Africains notoirement incapables et accusant les autres de tous leurs maux est répandu dans l'Hexagone.

Ce cliché simpliste n'est pas le seul à prospérer et à faciliter la compromission des dirigeants français dans des aventures ambiguës en Afrique. « Si nous partons, les Américains et les Chinois nous remplaceront », entend-on de manière récurrente à Paris, y compris dans des milieux éclairés. Comme si l'idée de pays africains indépendants, commerçant comme ils veulent et avec qui ils veulent, était totalement extravagante… Ce serait donc au nom d'un intérêt national d'autant plus facile à faire accepter en période de crise mondiale et de crainte de déclassement que « certaines choses » continueraient à avoir cours.

« Ces pays sont indépendants depuis cinquante ans mais ne cessent de nous accuser de leurs malheurs », affirme-t-on ça et là sur les bords de la Seine. Mais l'indépendance du Gabon et celle du Ghana, ancienne colonie britannique se ressemblent-elles ? Le bilan d'Omar Bongo, qui laisse à son fils un « émirat pétrolier » où les infrastructures routières et sanitaires de base laissent à désirer peut-il être dissocié de celui d'une certaine continuité de la colonisation française ? La question mériterait d'être posée au chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a longtemps arrondi ses fins de mois en livrant à Bongo des « études » et des « conseils » grassement rémunérées sans résultat évident sur le terrain…

Le Gabon, un des derniers coffres-forts à la disposition des politiques français

La vérité est que le Gabon reste un des derniers coffres-forts à la disposition d'une classe politique française échaudée par les scandales politico-judiciaires des quinze dernières années, mais qui continue de manier quotidiennement de l'argent liquide à provenance douteuse. La liberté de parole de Robert Bourgi, sorte de « nouveau Foccart » encombrant mais indéboulonnable ne s'explique-t-elle pas par sa capacité à lever, en Afrique, d'importants « fonds politiques » ? Et si les « idées reçues » du commun des Français étaient en réalité au service d'intérêts privés, voire mafieux, d'un certain nombre de « réseaux » ?

Le désamour d'une grande partie de la jeunesse d'Afrique francophone envers une France qui n'a pourtant jamais été aussi proche au point de vue linguistique et culturel, notamment en raison des migrations, doit être pris au sérieux. Si les éruptions de violence se sont vite calmées jusqu'ici, la profonde amertume qui en est la base demeure pendant des années, voire des décennies.

Les Africains qui, aujourd'hui, scandent des slogans anti-Français sur des barricades ou sur Internet, sont les plus jeunes et parfois les plus éduqués. D'une manière ou d'une autre, ils « prendront le pouvoir » bientôt dans leurs pays. Les désespérer aujourd'hui, c'est faire de la politique à la petite semaine, à mille lieux des vrais intérêts de la France à long terme.

 

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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 20:44




 

Analyse

Le conseiller de Nicolas Sarkozy a dévoilé quelques secrets de la Françafrique lundi matin sur RTL, et notamment les circonstances de l'éviction de Jean-Marie Bockel, ex-secrétaire d'Etat à la Coopération.

THOMAS HOFNUNG Libération 07/09/2009 à 19h13

C’est une éminence de moins en moins grise. Qualifié jusqu’ici de conseiller occulte du président Nicolas Sarkozy pour les questions africaines, l’avocat Robert Bourgi multiplie désormais les interventions à visage découvert dans les médias. Lundi matin, il était sur RTL. La veille, on l’avait vu sur Canal+. Ces dernières semaines, Libération et Le Monde ont dressé son portrait. Considéré comme le dernier des gardiens de la «Françafrique», cet homme rond et caustique, très proche de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, semble avoir décidé à quitter l’ombre pour la lumière. Au risque de se brûler ?

Le 29 août, à la veille du scrutin présidentiel au Gabon, cet avocat franco-libanais, né au Sénégal, affirme dans Le Monde qu’il soutient Ali Bongo, le fils du président décédé en juin dernier, et précise, pour ceux qui n’auraient pas bien compris, il rappelle qu’il est un ami «très écouté» de Nicolas Sarkozy.

Jeudi 3 septembre, les résultats tombent à Libreville: Ali Bongo, pourtant honni par une partie importante de la population gabonaise, est officiellement élu avec un peu plus de 41% des voix. Aussitôt, des incidents éclatent à Libreville, mais aussi à Port-Gentil, la capitale économique, où ils se sont poursuivis jusqu’à ces derniers jours. Les émeutiers, proches de l’opposition, s’en prennent à la France, en incendiant le consulat à Port-Gentil, et des stations Total, la compagnie pétrolière qui exploite le pétrole gabonais depuis l’indépendance. A Paris, Bernard Kouchner martèle que la France n’a pas de candidat, et qu’elle n’est intervenue d’aucune manière dans ce scrutin… Ce que Nicolas Sarkozy avait déjà dit lors des funérailles d’Omar Bongo, le 16 juin dernier, à Libreville, où il avait été accueilli par des huées. Car l’entrevue accordée en juin 2008, à l’Elysée, par le président français à Ali Bongo, alors ministre de la Défense, mais déjà considéré comme le dauphin du régime, n’est pas passée inaperçue au Gabon, où elle a été considérée - à tort ou à raison - comme une forme d’adoubement par l’ancien tuteur colonial.

Sur RTL, lundi matin, Robert Bourgi était visiblement en service commandé: il s’agissait, pour lui, de s’aligner sur la position officielle de la France - celle exprimée ces derniers jours par Bernard Kouchner. Mais l’avocat n’a pas pu s’empêcher de se pousser du col, en racontant ce qui ne devrait pas filtrer: les échanges informels entre deux présidents. Il explique ainsi par le menu comment Omar Bongo a demandé, début 2008, la tête de l’éphémère secrétaire d’Etat à la coopération, Jean-Marie Bockel (aujourd’hui secrétaire d’Etat à la défense, chargé des anciens combattants), coupable d’avoir demandé publiquement la fin de la Françafrique.

«Je suis allé voir le Président de la République à l’Elysée en présence de M. Guéant et je lui ai passé le message ferme et voilé de menaces du Président Bongo. Et il m’a dit: écoute, dis à Omar (comme il l’appelle) et aux autres Chefs d’Etat que M. Bockel partira bientôt et sera remplacé par un de mes amis, un ami de M. Guéant. Il m’a donné le nom en me demandant de le garder pour moi. Et il m’a dit aussi (c’est important): ce nouveau ministre prendra ton attache, ne sois pas étonné et quelque part, tu l’initieras à l’Afrique.»

Ces confidences témoignent du fait que Sarkozy avait, vraisemblablement, prévu de muter Bockel, que son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, supportait difficilement, avant le coup de sang de Bongo, même si le message du «doyen» des chefs d’Etat africains a dû accélérer son départ de la rue Monsieur. Mais une autre confidence retient l’attention: Robert Bourgi évoque un «message ferme et voilé de menaces du président Bongo», sans s’appesantir sur leur nature.

Depuis la publication des livres de François-Xavier Verschave (La Françafrique et Noir silence, éditions Les Arènes), à la fin des années 90, la polémique n’a jamais cessé sur les liens souvent incestueux entre la France et les dirigeants de ses anciennes colonies, notamment sur d’éventuels soutiens financiers apportés à la classe politique française par feu le président Bongo, évoqués encore récemment par Valéry Giscard d’Estaing. Est-ce à cela que fait allusion Robert Bourgi? C’est plus que probable.

Une chose est sûre: son intervention, de moins en moins discrète, dans les relations entre certains pays instables du continent (Mauritanie, Madagascar, Gabon) et Paris brouille singulièrement la ligne diplomatique française alors que les conseillers chargés officiellement de la politique africaine de la France à l’Elysée militent pour une rénovation de l’approche de Paris sur le continent, Bourgi fait de la politique à l’ancienne, fondée sur des liens personnels, comme le lui avait appris Jacques Foccart, l’ancienne éminence grise de de Gaulle. Mais faut-il incriminer le seul Robert Bourgi dans cette affaire? Sans l’aval du secrétaire général de l’Elysée, et donc du chef de l’Etat, il n’existerait pas.

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16 juillet 2009 4 16 /07 /juillet /2009 17:20





Quelque 10 mois après mon arrivée à Bangui, l’honneur m’échoit de célébrer ici, le 14 juillet, pour la seconde fois en qualité de chef de poste. Enoncer cette singularité me ramène 24 ans en arrière au moment où j’achevais, en qualité de chargé d’affaires, un intérim de 5 mois à la tête de l’ambassade, intérim consécutif au décès de l’ambassadeur que j’étais venu rejoindre en Centrafrique à l’automne 1984 après avoir été, déjà, son premier collaborateur au Malawi, 4 ans plus tôt. Il s’agissait de Jean Grossin dont l’esprit de la trop brève mission en RCA demeure pour moi une source d’inspiration.

Ce jour-là, 14 juillet 1985, un journaliste m’avait demandé, à l’issue d’une interview de circonstance, si je ne m’estimais pas trop jeune pour exercer ces fonctions et j’avais alors spontanément répondu qu’il revenait aux autorités centrafricaines de l’apprécier.

 Aujourd’hui, une telle question ne me serait certes plus posée, sans doute puis-je le regretter ! Il n’en demeure pas moins que je pense avoir conservé l’enthousiasme qui était alors le mien pour contribuer à promouvoir les relations étroites qui n’ont jamais cessé d’exister entre la France et la République centrafricaine depuis un demi-siècle.

 Celles-ci ne sauraient ignorer le passé commun qui a été le nôtre avant l’indépendance et si je me dois de le rappeler, c’est pour rendre un hommage appuyé à ceux qui ont servi sous l’uniforme français et dont le courage, uni à celui de leurs frères d’armes de la métropole, a été mis à l’épreuve sur nombre de théâtres opérationnels dont ceux où a été gagné le combat pour la liberté engagé le 18 juin 1940 par le Général de Gaulle. C’est pour réaffirmer la valeur de cet engagement que j’ai souhaité voir rétablie, de concert avec les autorités centrafricaines, la commémoration de la Victoire du 8 mai 1945 et que j’ai eu la joie de recevoir ici-même, 64 ans plus tard, un groupe de ceux qui perpétuent le souvenir de ce passé. Qu’ils sachent combien je suis attentif à leur situation et disponible à leur endroit pour un dialogue que je souhaite direct.

Sur le socle de ce passé commun s’est bâtie la relation franco-centrafricaine marquée par un esprit de soutien mutuel, le soutien que la coopération française n’a jamais cessé d’apporter dans la recherche d’un développement durable, l’appui qui a été le nôtre, dans les moments difficiles, en vue du retour à la paix, de concert avec les Nations unies dont je salue la nomination de la nouvelle représentante spéciale du Secrétaire général, de concert également avec les pays de la région sous l’impulsion de feu le Président Omar Bongo Ondimba dont le rôle essentiel demeurera à jamais dans les mémoires.

Venant de mentionner des moments difficiles, j’ai aussi à l’esprit ceux que traversent actuellement quelque 10.000 Banguissois, les trois quarts sont des femmes et des enfants, à la suite des inondations qui ont détruit ou endommagé leurs habitations dans plusieurs quartiers de la capitale, dans la nuit du 2 au 3 juillet.

 Alerté avec d’autres partenaires internationaux, par le Premier Ministre et par la Ministre en charge des affaires sociales, j’ai aussitôt relayé ces informations vers le Centre de Crise du Ministère des Affaires étrangères et européennes en recommandant qu’une aide d’urgence soit allouée. Ce soir, je suis en mesure d’annoncer que 16 millions de F cfa ont été mis à la disposition de l’ambassade par le Fonds d’urgence humanitaire pour nous permettre la fourniture de biens de premiers secours à l’intention des populations éprouvées.

La situation qui prévaut dans les quartiers concernés a, depuis longtemps, appelé l’attention des partenaires de la RCA. Aussi bien la Banque mondiale que la Commission européenne et la France sont intervenues pour prendre en charge des projets visant à prévenir les dégâts causés par les eaux pluviales. Certains de ces projets sont achevés, d’autres en cours de réalisation dont le projet français THIMO IV. Autant ils supposaient des financements internationaux, autant ils exigent aussi, pour que les travaux engagés produisent leurs effets, des efforts d’appropriation par les populations concernées en matière de respect et d’entretien, au quotidien. Je sais combien la mairie de Bangui en est consciente et je suis persuadé que les appels lancés en ce sens porteront leurs fruits pour que soient largement atténuées, désormais, les conséquences des intempéries.

Evoquer, comme je l’ai dit, le soutien mutuel entre les deux pays, c’est souligner aussi celui que la République centrafricaine nous témoigne constamment dans les enceintes internationales lorsque des enjeux majeurs justifient de notre part, la volonté de nous impliquer. Il s’est agi, par exemple, dans un passé récent, d’insister pour que soit respectée la diversité linguistique, de plaider pour la défense de l’environnement ou pour que cesse d’être contesté dans le monde tel ou tel aspect des droits de la personne humaine. Puissent les acteurs et les actrices de la diplomatie centrafricaine en être sincèrement remerciés. C’est également ensemble que nous avons, à la fin de l’année dernière, joué un rôle déterminant afin que succède, à l’EUFOR Tchad-RCA, une composante militaire de la MINURCAT basée à Birao, efforts qui ont porté leurs fruits à travers la résolution 1861 du Conseil de Sécurité.

La proximité relationnelle qui est la nôtre écarte, de part et d’autre, l’indifférence. C’est pourquoi nous sommes attentifs l’un à l’autre. Ainsi la France est attentive à ce qui se passe en Centrafrique, ne pas l’être serait, précisément, un signe d’indifférence. La France s’est félicitée de l’accord de paix global de Libreville et de la tenue du Dialogue politique inclusif, deux événements qui ont nécessité des efforts importants de toutes les parties prenantes.

Elle ne cesse, avec de nombreux partenaires internationaux, de former le vœu ardent que la paix soit définitivement consolidée avec l’accomplissement d’un processus de DDR qui en est un gage majeur ; elle souhaite, dans le même temps, que des élections libres et transparentes se tiennent aux échéances prévues, témoignage majeur de l’ancrage de la démocratie et de son appropriation par le Peuple centrafricain.

Cela nécessite que le dialogue se poursuive, là où il est essentiel que la rencontre entre parties prenantes permette de surmonter, de manière pacifique, les incompréhensions. Les missions de terrain qui ont été entreprises méritent, à cet égard, d’être saluées.

Plus que jamais, le concept d’Unité, mis en avant par Barthélémy Boganda lorsqu’a été choisie la devise du pays, est d’actualité. L’Unité me paraît essentielle pour s’engager dans la recherche du développement, ce développement qu’entendent soutenir la France dans sa relation bilatérale, la France dans le cadre de l’Union européenne à travers la Commission, la France à travers ses multiples contributions multilatérales et cela, bien entendu, en concertation avec l’ensemble des partenaires de la RCA, bilatéraux ou multilatéraux, notamment ceux qui viennent de contribuer à l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative « Pays pauvres très endettés ».

Pourtant ce soutien de la France, de la communauté internationale, si important soit-il, ne peut que s’inscrire en complément à l’activité économique du pays dont le secteur privé est un acteur incontournable dans une logique de développement. Lui assurer une sécurité juridique et judiciaire est un élément déterminant pour que soit garantie un climat des affaires propice à l’investissement.

 La France, se félicite, à cet égard, de la rapidité avec laquelle a été menée à bonne fin la procédure interne qui a permis le vote, par l’Assemblée nationale, de la loi autorisant la ratification du traité de l’OHADA, signé en marge du Sommet de la Francophonie à Québec. Ainsi votre pays, Monsieur le Président, a toutes les chances de devenir le troisième Etat partie au nouveau traité sur les 16 qui l’ont signé.

 Au sein du secteur privé centrafricain, les entreprises françaises jouent un rôle significatif même si leur nombre a considérablement diminué au fil des turbulences que le pays a connues. J’ai souhaité, aujourd’hui, que leur présence soit affirmée à travers leur implication dans cette réception. Les grands groupes français représentés en RCA ont apporté un concours substantiel pour que la convivialité de ce 14 juillet soit à la hauteur des traditions françaises, ce dont je les remercie vivement. Je salue aussi les autres entreprises dirigées par mes compatriotes qui ont apporté leur savoir-faire pour parvenir à ce résultat. Puisse le travail mené en commun avec elles, à cette occasion, illustrer la qualité des relations que l’ensemble des entreprises françaises entretient avec l’ambassade et le soutien que l’ambassade a vocation à leur apporter.

 Faire mention du secteur privé m’incite, dans un esprit d’équilibre, à rendre aussi hommage à l’action déployée par plusieurs autres composantes de la présence française, que ce soit l’Institut Pasteur, élément essentiel du dispositif de santé, le Détachement Boali, en soutien à la Micopax, selon un schéma souvent cité en modèle s’agissant de notre coopération de défense en Afrique, le Lycée Charles de Gaulle dont les élèves centrafricains, boursiers d’excellence, ont rivalisé avec leurs camarades français pour décrocher des mentions flatteuses au baccalauréat et aussi l’Alliance française de Bangui qui joue, notamment, un rôle majeur afin de promouvoir les artistes centrafricains et qui entend le poursuivre à travers une relation et un dialogue confiants et directs avec eux. Sans prétendre être exhaustif, j’achèverai cette énumération avec un salut collectif en direction des ONG dont l’action sur le terrain mérite toute notre estime.

Cette présence, dans sa diversité, témoigne de la vitalité de la relation entre nos deux pays, une vitalité qui repose largement sur l’activité que déploient, au quotidien, mes compatriotes en illustrant, dans leur domaine de compétence, la relation franco-centrafricaine.

 Celles et ceux qui ont en partage la nationalité des deux pays méritent, à mon sens de jouer, à cet égard, le rôle majeur que j’attends de leur part pour renforcer les liens entre les deux Nations afin que vive l’amitié franco-centrafricaine.

 

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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 23:31




 

Par David Servenay | Rue89 | 12/07/2009 | 17H39

Depuis plusieurs semaines, Mamadou Tandja, président du Niger, essaie de négocier un troisième mandat de cinq ans. Un vrai putsch constitutionnel. Paris se tait. Bruxelles hausse la voix.

Normalement, ce genre d'affaires se débloque en plein mois d'août ou à Noël. Dans le silence de l'opinion internationale… Cette fois-ci, pourtant, Mamadou Tandja, déjà deux fois élu à la présidence du Niger (en 1999 et 2004), risque gros en voulant forcer le passage d'un troisième mandat.

Samedi, le commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire, le Belge Louis Michel, a diffusé une lettre où il menace de couper les crédits européens qui assurent les dépenses du régime (lire le document).

L'argumentation de l'ancien ministre belge des Affaires étrangères tient en deux temps. D'abord la critique adressée à Mamadou Tandja :

« Votre récente décision de suspendre la Cour constitutionnelle et de convoquer un référendum remet malheureusement en question cette approche et les fondements de notre coopération. »

Pour comprendre, rappel des faits survenu à Niamey ces dernières semaines :

Le 25 mai, la présidente de la Cour constitutionnelle fait savoir qu'elle s'oppose à la tenue d'un référendum modifiant le régime électoral

Le 26 mai, le président Tandja réplique en prononçant la dissolution du Parlement. Puis, il convoque les électeurs par décret, le référendum autorisant la modification de la Constitution est prévu pour le 4 août

Le 12 juin, les sept juges de la Cour constitutionnelle annulent le décret fixant la nouvelle organisation de l'élection présidentielle

Le 26 juin, le président nigérien s'arroge les « pouvoirs exceptionnels » en se prévalant d'une disposition applicable lorsque « l'indépendance de la République est menacée »

Les réactions se multiplient, avec la création d'un collectif de syndicats et de partis politiques qualifiant ces décisions de « coup d'Etat ».

Le 29 juin, Mamadou Tandja change de Premier ministre, remanie le gouvernement (huit nouveaux ministres) et limoge les sept magistrats de la Cour constitutionnelle qui s'opposent à sa tentative de putsch constitutionnel.

Conclusion logique du représentant de l'Union européenne :

« Vu les circonstances présentes qui affectent les conditions globales de gouvernance, et par mesure prudentielle de gestion, je me vois dans l'obligation de surseoir aux décaissements liés aux Conventions de Financement au titre de l'Aide Budgétaire. »

En clair, Louis Michel menace Mamadou Tandja de lui couper les vivres. Geste qui ne devrait pas vraiment suffire à effrayer cet ancien colonel de 71 ans, visiblement prêt à s'accrocher au pouvoir.

Nicolas Sarkozy reste très prudent

Côté français, on marche sur des oeufs. La première réaction officielle est venue tardivement, le dimanche 5 juillet, dans un message de Nicolas Sarkozy lu à l'occasion de l'Assemblée parlementaire de la francophonie. La situation est « à la fois inquiétante et décevante » indique l'Elysée. En clair : attention, vous devriez faire marche arrière.

Pour autant, la semaine suivante, lors du sommet de l'Union africaine réunit à Syrte en Libye, les diplomates français n'ont pas trouvé la parade, coincé entre leur hôte Mouamar Khadafi, très tolérants vis-à-vis de son voisin nigérien, et le Gabonais Jean Ping, « extrêmement préoccupé » mais aussi très impuissant. Aucun message n'a évoqué la situation nigérienne.

Visiblement, le président français n'a pas gobé le mensonge du président nigérien, lui assurant lors de sa visite à Niamey au printemps, qu'il préparait son départ. Mais Nicolas Sarkozy n'oublie pas non plus les énormes gisements d'uranium exploités par Areva, indispensables à l'industrie nucléaire.

La France va-t-elle soutenir ce nouveau candidat au putsch constitutionnel ?

Pour mémoire, des images prises en 1996 par une journaliste française, Stéphane Chopin, à Arlit, près d'un gisement exploité par Areva. (Voir « Uranium song »)

 

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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 01:30




s'indigne un ex conseiller de Chirac, Jean-François Probst

APA – Paris (France) 2009-07-09 20:46:02 - Jean-François Probst, homme politique français, et ancien collaborateur de Jacques Chirac, a exprimé jeudi à Paris sa tristesse de voir l’ancien président gabonais Omar Bongo Ondimba et sa femme Lucie Bongo trouver la mort à l’étranger après y être allés se faire soigner pour des problèmes de santé.

 « Pour moi la plus grande tristesse de ces derniers mois, c’est que la fille de M. Sassou Nguesso est morte au Maroc et le président du Gabon est mort en Espagne », a déclaré cet ancien proche collaborateur du Président Jacques Chirac en marge de la conférence de presse organisée par l’opposition congolaise à Paris.

Ancien conseiller et ami de Denis Sassou Nguesso, il regrette l’état dans lequel se trouve aujourd’hui la République du Congo, confrontée à un manque criard d’infrastructures diverses malgré « les richesses de ce pays ».

Selon lui, le Gabon et le Congo avaient assez de moyens pour construire des infrastructures hospitalières hautement modernes.

« Quand on est arrivé à un point où le centre « inhospitalier » universitaire de Brazzaville est un endroit où personne n’ose plus même aller se faire soigner. Ou même regardez Bongo qui a dépensé tant d’argent du pétrole pendant 40 années est obligé d’aller subir les derniers soins palliatifs à Barcelone parce qu’il ne peut même pas se soigner dans son pays, alors le scandale est là », a t-il notamment soutenu.

Jean-François Probst qui a lui-même, dans le passé, conseillé plusieurs chefs d’Etat africains estime que « c’est scandaleux de constater que dans certains pays africains encore, un enfant ne peut pas manger à sa faim » ou que « les familles ne peuvent pas être vaccinées », alors qu’au même moment « les dirigeants distribuent l’argent ».

« Dans un petit pays d’un peu plus de trois millions de personnes où l’Oubangui a tout donné, si les gens ne peuvent plus manger, c’est un véritable scandale. L’électricité n’est même pas distribuée correctement. Brazzaville est devenue une véritable ville fantôme », a ajouté celui qui fut conseiller du président Denis Sassou Nguesso.

Fustigeant aujourd’hui la politique d’un homme qu’il a soutenu ( je me suis trompé, reconnaît-il), Jean-François Probst a révélé que « quand il (Sassou Nguesso habitait ici ( en France ) en 1996, il était tellement désespéré qu’il était sans espoir de revivre au pays ».

Ancien membre du RPR, l’ancienne formation politique de Jacques Chirac, Jean-François Probst a été pendant longtemps membre du cercle restreint des proches de l’ancien président français sur qui il a notamment écrit une biographie, ‘‘ Chirac mon ami de trente ans’’.

Il a été successivement conseiller de Chirac, d’Edouard Balladur et d’Alain Juppé entres autres et a ainsi pu côtoyer les réseaux africains de l’Elysée. Il confesse même avoir succombé à la Françafrique une fois en contribuant à la livraison d’armes …au Congo-Brazzaville.

Il collabore régulièrement avec un site français d’informations politiques où il publie souvent des chroniques sur les turpitudes de la Françafrique.

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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 02:47




 

APA-Paris (France) 2009-07-08 21:23:06 - Alain Joyandet, Secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie, a déclaré mercredi à Paris que l’Afrique subsaharienne allait à nouveau être la priorité de son pays dans le cadre de l’Aide publique au développement que Paris apporte aux collectivités locales du Sud par le biais de la coopération décentralisée.

 « L’idée c’est de concentrer un certain nombre de moyens pour que la participation financière de l’Etat soit un véritable effet de levier aussi bien sur les thèmes que sur les secteurs. Evidemment nous avons donné la priorité à l’Afrique subsaharienne qui est la grande priorité française », a déclaré M. Joyandet, en marge de la Commission nationale de la coopération décentralisée.

Il a notamment précisé que, dans le cadre de cette aide publique au développement par le biais de la coopération décentralisée, un accent particulier sera mis sur l’accompagnement des programmes et projets qui ont vocation à contribuer au développement économique.

« Nous voulons mettre la priorité sur tout ce qui concerne le développement économique qui, pour le moment, nous importe beaucoup pour être une réponse à la crise », a-t-il dit, précisant que « la crise touche encore plus fortement les pays les moins avancés ».

Pour cela Alain Joyandet appelle les responsables des collectivités territoriales françaises, malgré des budgets très entamés par la crise, à ne pas diminuer leurs actions d’appui aux initiatives de développement des acteurs locaux du Sud. Il estime que celles-ci et l’Etat français se doivent, pendant ces moment difficiles, d’harmoniser leurs actions pour plus d’efficacité..

« Je lance un appel à toutes les collectivités territoriales pour qu’en cette période de crise particulièrement difficile, il n’y a pas de recul de l’engagement dans leur œuvre au service des pays en voie de développement », a t-il suggéré.

« Malgré les contraintes budgétaires, tous ensemble, maintenons cet effort d’aide publique au développement parce que la crise actuelle touche encore plus durement les pays en développement qui, paradoxalement n’en sont pas les responsables. Il faudrait que nous restions très mobilisés. Il faut qu’on maintienne notre aide notamment à l’Afrique subsaharienne », a ajouté M. Joyandet.

Pour les trois prochaines années (2010-2012), la France entend consacrer 100 millions d’euros aux politiques de coopération décentralisée en direction des pays du Sud. L’Etat français devra contribuer à hauteur de 20 millions d’euros, le reste devant provenir des collectivités territoriales.

Une bonne partie de cette manne financière devrait, selon les autorités françaises, revenir à l’Afrique subsaharienne et permettra ainsi d’accompagner les initiatives des acteurs locaux de cette zone en faveur de la relance des activités de développement économique et social.

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 16:22




 


(Bakchich 24/06/2009)


Une fois révélée, l’affaire du financement de la campagne de Chirac par Omar Bongo a été vite occultée par les médias.

Imaginez un seul instant que le président Bush (le père ou le fils, c’est au choix) déclare un jour, après la mort d’un dictateur sud-américain, que ce dernier a financé les campagnes électorales de Bill Clinton, d’Al Gore ou de Barack Obama. Imaginez la tempête médiatique qui s’en suivrait. Flashs en rafales, tables rondes, experts convoqués dès les aurores pour les émissions d’informations matinales et débats interminables. Excités par l’odeur du sang, les networks américains ne lâcheraient pas prise, obligeant les mis en cause à réagir et à prouver leur innocence. Dans le même temps, il y a fort à parier que trois ou quatre sénateurs, qu’ils soient républicains ou démocrates, décideraient alors la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire le tout dans une ambiance survoltée où l’indignation, qu’elle soit sincère ou feinte, le disputerait à la colère.

Revenons maintenant à ce qui vient de se passer après la mort d’Omar Bongo. L’ancien président, Giscard d’Estaing, a officiellement affirmé que le président gabonais avait financé une campagne électorale de Jacques Chirac. Ce dernier a démenti, nous avons eu droit à quelques articles résumant les faits, deux ou trois éditoriaux à l’eau tiède dénonçant ces pratiques censées être d’un autre âge ; nous avons eu droit aussi à de bonnes caricatures, notamment celles de Plantu dans Le Monde, à quelques gags savoureux des Guignols et puis c’est tout. Terminé, le rideau a vite été baissé et tout le monde s’est précipité à Libreville pour assister aux obsèques du « dernier baobab ».

Les Américains, eux, n’aiment pas l’argent des autres

Voilà un contraste qui résume bien ce qu’est la Françafrique. Soyons clairs : il ne s’agit pas de magnifier les médias américains. On sait très bien quelle fut leur responsabilité dans l’invasion de l’Irak en 2003. Personne n’ignore que la presse étasunienne a elle aussi ses indignations sélectives comme le montre cette seule statistique : il y a eu dix fois plus d’articles consacrés à l’affaire Monica Lewinsky que pour les manipulations orchestrées par l’administration Bush pour convaincre du bien-fondé de l’invasion en Irak. Néanmoins, l’idée même que de l’argent étranger puisse clandestinement irriguer la vie politique serait insupportable à des millions d’Américains. Et ils ne seraient pas les seuls dans ce cas. Dans n’importe quel pays, le financement étranger des élections est vécu comme une ingérence inacceptable, ses bénéficiaires étant facilement qualifiés de traîtres à la nation.

Dans le cas de la Françafrique, c’est le règne du sourire amusé et du cynisme. « Un secret de polichinelle », réplique-t-on à celui qui s’étonne du fait que les déclarations de Giscard aient finalement l’effet d’un pétard mouillé. « Règlement de comptes de la part d’un homme politique qui n’a jamais digéré sa défaite de 1981 », ajoute-t-on comme pour mieux déconsidérer l’auteur de l’aveu et donc l’aveu lui-même. Cela devrait être une affaire d’Etat, ce n’est qu’une péripétie destinée à alimenter les colonnes de la presse satirique. Voilà ce qu’est aussi la Françafrique ! C’est une réalité intégrée qui n’indigne guère les bonnes consciences républicaines.

Bockel évincé sans vague, merci aux médias français

Un président étranger finance la vie politique française, exige, et obtient, la tête d’un ministre de la Coopération qui voulait justement s’attaquer à la Françafrique et tout cela se fait sans turbulences ni polémiques. Comment expliquer cela ? Bien entendu, il y a plusieurs raisons. Mais il y en a deux qui sont rarement avancées et sur lesquelles il est utile de s’attarder un peu. La première concerne le fonctionnement des médias. Dans les rédactions, et quoi qu’on en dise en Afrique, nombre de journalistes qui couvrent ce continent ont toujours essayé de faire éclater la vérité et de pointer du doigt les dessous inadmissibles de la Françafrique, dessous où le transfert de valises bourrées d’argent pour arroser les partis politiques français n’est qu’un travers parmi tant d’autres.

Mais ces journalistes doivent composer avec une autre corporation, celle des journalistes politiques bien décidés à garder leur monopole et à ne surtout pas s’aliéner un microcosme qui les nourrit d’anecdotes et de petites phrases. Si la Françafrique n’a jamais été élevée au rang de scandale national, c’est parce que les journalistes politiques français dans leur grande majorité s’y sont toujours opposés. Et aujourd’hui encore, ce sont eux qui relativisent les révélations de Giscard d’Estaing quand ils ne les tournent pas en dérision. Cette caste est prisonnière du monde qu’elle est censée surveiller. Du coup, les spécialistes qui couvrent l’Afrique n’ont plus qu’un seul moyen pour informer : ils écrivent des livres, dont certains sont implacables vis-à-vis de la Françafrique mais dont, malheureusement, l’impact vis-à-vis de l’opinion publique reste encore limité.

Un héritage de la colonisation ?

L’autre raison peut paraître plus subjective. Si cet argent qui vient d’Afrique pour financer les élections mais aussi pour alimenter le marché immobilier hexagonal, les boutiques de luxe et les grands hôtels, ne pose visiblement aucun problème, c’est peut-être parce qu’il existe un inconscient français qui estime que ces millions pour ne pas dire ces milliards d’euros appartiennent à la France. C’est cette conviction de bon droit plus ou moins affichée qui met en rage les Africains et les fait dénoncer, parfois de manière confuse, cet héritage pesant et direct de la colonisation.

Et le plus dur dans l’affaire est d’arriver à dissocier les deux. Quand les Africains s’en prennent à la Françafrique, nombreuses sont les personnalités françaises, des politiques mais aussi des intellectuels, qui soupirent d’un air entendu en disant : « ils nous parlent encore de la colonisation ». En réalité, il ne s’agit plus de colonisation mais d’une nouvelle forme de domination et de captation de richesse d’autrui qui passent par le soutien à des dirigeants peu scrupuleux vis-à-vis du bonheur de leur peuple.


CHRONIQUE DU BLÉDARD lundi 22 juin par Akram Belkaïd

© Copyright Bakchich

 

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 16:13




 


(Rue 89 17/06/2009)

 

Décryptage.

Nicolas Sarkozy n'a vraiment pas de chance avec l'Afrique. Sans doute n'a-t-il pas cherché à comprendre le continent noir, et il aura raté chacun de ses rendez-vous africains. Les sifflets et les cris « On ne veut plus de vous, partez ! » -une forme finalement polie de « casse-toi pov con“-, qui l'ont accueilli mardi à Libreville où il venait assister aux funérailles d'Omar Bongo, ne sont que le dernier signe d'un ratage historique.

Paradoxalement, ce sont les partisans du Président défunt qui s'en sont pris au président français, puisque ce sont des Gabonais triés sur le volet qui avaient été autorisés dans l'enceinte du Palais présidentiel à l'occasion de ces funérailles nationales. L'un d'eux a même expliqué, sous couvert de l'anonymat, à un journaliste de l'AFP présent :

 « On n'en veut plus de vous, la France est ingrate. Bois, pétrole, manganèse, on vous a tout donné. La France, si elle est ce qu'elle est, c'est grâce au Gabon, on ne veut plus de tout ça. »

Et, pour éviter tout malentendu, l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier Roisin, a enfoncé le clou auprès des journalistes :

 « Ce n'est pas la personne du Président qu'on huait (…), c'est l'image qu'on a donnée de ce pays (le Gabon), la nouvelle du décès annoncée de façon prématurée, cela a été très mal ressenti. »

Les membres du clan du président gabonais ont évidemment très mal pris les déboires d'Omar Bongo avec la justice française, qui s'intéressait de trop près à ses ‘biens mal acquis’, ces résidences de luxe à son nom ou celui de sa famille dispersées à travers la France. Et ils ont mal vécu l'annonce prématurée de sa mort par un média français. (Ecouter le son d'Europe1)

Mais plus généralement, Nicolas Sarkozy paye son louvoiement vis-à-vis de la Françafrique. Contrairement à tous ses prédécesseurs à la tête de l'Etat depuis De Gaulle, Sarkozy n'a pas d'histoire africaine, ne peut être affublé de l'appellation d'Africain comme ‘Mitterrand l'Africain’ ou ‘Chirac l'Africain’, dont raffolent les griots. Pas de pagnes à son effigie, pas de copinage excessif. Sauf que…

Sauf que, cette absence de culture africaine lui a joué des tours. Dans la ligne droite qui l'a conduit à l'élection présidentielle, on a pu voir Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, courtiser Omar Bongo, le plus vieux chef d'Etat en exercice du continent africain et pilier s'il en est de la Françafrique, comme le montre ce savoureux extrait d'un journal télévisé gabonais dont on ne se lasse pas…

http://www.rue89.com/2009/06/16/sarkozy-siffle-a-libreville-la-revanche-de-la-francafrique

Mais c'est le même Nicolas Sarkozy qui, durant la campagne électorale, s'est engagé à rompre avec la politique des réseaux et de la connivence qui ont caractérisé les relations entre l'establishment français et celui de ses anciennes colonies d'Afrique sub-saharienne. Un discours audacieux, qui laissait augurer une possible ère nouvelle.

Hélas, d'ère nouvelle il n'y eut pas. On retrouva le président nouvellement élu sur le yacht de Vincent Bolloré, dont les intérêts en Afrique sont multiples et dépendent beaucoup des vieux réseaux de la Françafrique ; on retrouva le nouveau président en train de décorer discrètement Robert Bourgi, l'héritier des réseaux et le digne continuateur de l'œuvre de Jacques Foccart, le monsieur Afrique de De Gaulle et un temps de Chirac ; on retrouva aussi le nouvel élu à Libreville pour sa première tournée africaine, comme il se doit dans la meilleure continuité.

Mais il ne s'agit pas seulement de reniement de promesse électorale. Il y a surtout une absence de politique claire. On a suffisamment disserté sur l'erreur du discours de Dakar de l'été 2007, rédigé par son conseiller Henri Guaino, pris comme une gifle par de nombreux Africains pour sa référence à ‘l'homme africain [qui] n'est pas entré dans l'histoire’. Le coup de grâce est venu lundi soir, avec l'interview de Jacques Chirac sur France5, qui s'est livré à une rare pique contre son successeur en soulignant que ‘l'homme africain’ est non seulement entré dans l'histoire, mais qu'il y fut le premier !

 On n'oubliera pas non plus le limogeage de Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d'Etat à la coopération, sur injonction d'Omar Bongo, après avoir annoncé de manière suicidaire dans Le Monde qu'il entendait signer ‘l'acte de décès de la Françafrique’. C'est sa placardisation à lui qui a, au contraire, été scellée, suivie d'une humiliante visite de Claude Géant, le Secrétaire général de l'Elysée, auprès du ‘doyen’ gabonais offensé, suivi du pâle successeur de Bockel, Alain Joyandet. Une incroyable séquence de Canal+ a immortalisé ce voyage à Canossa/Libreville.

Prisonnier des fils encore noués de la Françafrique, Nicolas Sarkozy a louvoyé pendant deux ans, restant pour une partie des Africains l'homme du discours de Dakar, pour d'autres le continuateur de la Françafrique ou l'homme qui n'aura pas su trancher dans le vif, dans un sens ou dans l'autre, tant les intérêts de ses proches et le poids de l'histoire restent forts.

Mais surtout, Nicolas Sarkozy restera hélas comme l'homme qui n'aura pas su donner un nouveau départ aux relations franco-africaines, qui ont pourtant tant besoin d'être rénovées et relancées sur de nouvelles bases, pour le bien des Français autant que des Africains. Les sifflets paradoxaux de Libreville n'en sont que la pathétique illustration.


Par Pierre Haski | Rue89 |

© Copyright Rue 89

 

Ambiguïté

Par LAURENT JOFFRIN 17/06/2009 à 06h51

Avec la dépouille mortelle d’Omar Bongo, a-t-on enterré hier ce qu’il est convenu d’appeler la «Françafrique» ? Certes non. Même s’il était très difficile à tout président français de refuser d’assister à ces obsèques, la présence de Nicolas Sarkozy hier à Libreville marque une forme de continuité qui l’expose à la critique.

Encore faut-il préciser ce dont on parle. Les relations de sujétion à peine déguisée qui lient la France à plusieurs régimes africains sont condamnables. Mais les esprits réalistes feront remarquer qu’une rupture soudaine avec tel ou tel dictateur risquerait d’ouvrir la voie, non à des démocraties paisibles, mais à d’autres dictatures tout aussi corrompues et répressives, bientôt parrainées par d’autres puissances, dans un continent en proie à toutes sortes d’appétits. Les principes seraient saufs, mais leur application pratique fort décevante…

Totalement inadmissible, en revanche, est l’autre volet de cette tradition «françafricaine» : le financement occulte de la vie politique française par de l’argent volé aux peuples concernés. Son existence, s’il en était besoin, a été confirmée très officiellement par l’ancien président Giscard d’Estaing, africaniste d’expérience. Rien ne montre aujourd’hui que Nicolas Sarkozy aurait maintenu cette détestable tradition pour le compte de son camp. Mais un soupçon diffus demeure sur les flux discrets qui vont des caisses de certains potentats vers certaines trésoreries partisanes comme vers certains individus peu regardants.

La Françafrique s’étiole, la corruption demeure. Sa dénonciation reste un impératif catégorique.

 

 

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 02:18




Philippe Leymarie-11 juin 2009-Le Monde Diplomatique



La mort du président gabonais Omar Bongo Ondimba, un des « dinosaures » de la Françafrique, retardera la négociation d’un nouvel accord de défense entre Paris et Libreville, entamée cette année à la demande de la France. Le texte actuel, signé le 17 août 1960, lors de l’accession du pays à l’indépendance, prévoit que la République gabonaise « peut, avec l’accord de la République française, faire appel aux forces armées françaises pour sa défense intérieure et extérieure ».


En dépit de l’engagement mainte fois renouvelé du gouvernement français de ne plus se comporter en « gendarme de l’Afrique », les éléments français stationnés en permanence à Libreville pourraient donc – en vertu de cet accord vieux de presque cinquante ans – être appelés à assurer, le cas échéant, le rapatriement de ressortissants, la sauvegarde de biens, la protection de bâtiments publics (présidence, ministères, ambassades), sites stratégiques (port, aéroport, centrales électriques, mines), voir à intervenir – aux côtés des forces gabonaises – dans des opérations de surveillance aux frontières ou de contrôle de foule [1].


Des accords du même type, comportant dans certains cas des clauses (non rendues publiques) d’assistance au gouvernement en place en cas de « circonstances graves », avaient été conclus avec la Centrafrique (1960), la Côte d’Ivoire (1961), le Togo (1963), le Sénégal (1973), le Cameroun (1974), Djibouti (1977), les Comores (1978). Le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié en juin 2008 les présente comme « appartenant au passé », car « correspondant à un moment historique, la fin de la décolonisation ».


Lors d’un discours devant le parlement sud-africain, en févier 2008, le président français, M. Nicolas Sarkozy, avait annoncé la révision de ces accords de défense « obsolètes » signés par Paris avec ses anciennes colonies, ne jugeant « plus concevable d’y intervenir dans des conflits internes ». Il avait promis également, au nom de la « transparence », la publication intégrale de ces textes, après ratification par les parlements des pays signataires.


A sens unique


Ce réexamen, entamé depuis quelques mois, a débouché sur la signature en février d’un nouvel accord avec le Togo, dont le contenu n’a pas encore été rendu public : mais le nouveau texte – qui abroge l’ensemble des accords et arrangements conclus précédemment – exclurait désormais tout engagement de l’armée française pour soutenir les régimes en place. Il repose sur un principe de réciprocité des engagements pris par les deux parties ; mais c’était déjà le cas auparavant, et n’avait pas empêché ce partenariat d’être à sens unique – ce qu’il restera par la force des choses.


Un accord de défense « nouvelle génération » a également été signé en mai dernier avec le Cameroun, dont l’ancien « accord spécial de défense » avec Paris signé en 1974 était resté secret. Cette fois, il n’est plus question d’intervention militaire à l’intérieur du pays. Le texte n’évoque plus le cas d’une agression extérieure, se contentant d’envisager le partage d’informations, l’organisation d’exercices militaires communs, et le soutien aux organismes de formation. Le tout dans une optique de « renforcement des capacités africaines de maintien de la paix » - l’ancien « RECAMP » (repris à son compte par l’Union européenne, en liaison avec l’Union africaine, mais dont on n’a plus de nouvelles !).


Bases fermées


Ces accords de défense « lourds » – mais qui ne sont appliqués que dans la mesure où les deux contractants le souhaitent – ont servi de couverture juridique à des interventions à répétition très controversées, notamment dans les années 80 et 90. Ils ont souvent été adossés à une présence militaire française permanente (Libreville, Bangui, Abidjan, Dakar, Djibouti) qui est également en cours de réévaluation.


Ainsi, la fermeture de la base d’Abidjan est quasiment programmée : le président Laurent Gbagbo n’a jamais fait mystère de ses réticences à propos de la présence des soldats français. Il faudra trancher également entre les bases de Dakar et Libreville [2] – le dispositif militaire français en Afrique devant, selon le Livre blanc, se concentrer sur trois grandes implantations régionales (ouest, centre, est), avec un complément dans le sud-ouest de l’océan Indien (La Réunion), et dans le Golfe arabo-persique (Abou Dhabi).


Soutien sans participation ?


Ces accords dits « de défense » sont distincts des accords techniques militaires signés avec vingt-sept pays africains, qui ne sont pas officiellement remis en cause : ils concernent les facilités d’escale et de transit, le soutien logistique, l’échange d’informations, l’aide à la formation et à l’entraînement, le statut des personnels des bases, la fourniture de matériels et d’armements, etc [3] .


Mais l’exemple du Tchad – qui n’a jamais été lié à la France par un accord de défense, mais où les militaires français mènent une intervention quasi-permanente depuis l’accession du pays à l’indépendance – montre qu’il y aurait intérêt à remettre également à plat ces accords « techniques ». Le « soutien sans participation » de l’armée française aura sauvé la mise du régime du président Idriss Deby à plusieurs reprises ces dernières années...


Notes


[1] Une « convention spéciale relative au maintien de l’ordre », signée en 1961, est restée secrète.

[2] L’actuelle base au Gabon (980 hommes) rayonne sur la Centrafrique, et apporte un soutien aux forces françaises au Tchad et en Côte d’Ivoire. Elle sert de « réservoir » de forces prépositionnées pour les « opex » françaises en Afrique de l’Ouest et centrale.

[3] Voir la liste des accords de défense et de coopération technique militaire dans Les évolutions récentes de la coopération militaire française en Afrique, Tibault Stéphène Possio, Editions Publibook, 2007 ; ou dans l’ouvrage collectif sous la direction de Pierre Pascallon, La politique de la France en Afrique, l’Harmattan, 474 p., Paris, 2004.

 

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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 15:54


 

LE MONDE | 10.06.09 | 14h05  •  Mis à jour le 10.06.09 | 19h44

 

 Nicolas Sarkozy a vite compris que rien ne pourrait se faire sans l'Afrique. Dès 2006, alors qu'il prépare sa campagne présidentielle, il reçoit fréquemment Robert Bourgi, le successeur de Jacques Foccart. Celui-ci a pourtant reçu mission, de la part de Jacques Chirac, d'"aider" Dominique de Villepin, qui, lui aussi, espère se présenter. Robert Bourgi affirme cependant avoir été de plus en plus mal à l'aise devant "la volonté de Villepin d'empêcher l'élection de Nicolas Sarkozy, quitte à faire échouer la droite". L'homme des réseaux Foccart a sans doute aussi compris que le premier ministre n'avait que peu de chances de l'emporter.
 

Un soir que Robert Bourgi rend visite à Dominique de Villepin à Matignon, celui-ci, raconte M. Bourgi, le prie de passer par derrière et de le rejoindre au pavillon de musique, au fond du parc. Le premier ministre rentre d'un jogging et est encore en tenue de sport. Il explique : "Il va vous falloir être plus discret. Il y a des dossiers sur vous qui sentent très mauvais !" Furieux, Robert Bourgi appelle Nicolas Sarkozy. "Ce qu'ils t'ont fait, ils me l'ont fait aussi !", lui lance ce dernier, enchanté de rallier ce soutien précieux.

Le jour de l'investiture de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Robert Bourgi est placé dans le cercle réservé à la famille du nouveau président.

Nicolas Sarkozy avait promis, pendant sa campagne, de rompre avec la Françafrique. Le 24 mai 2007, la présidente du Liberia est le premier chef d'Etat africain qu'il reçoit. Pour prix de ce qui est considéré comme un affront par Libreville, le Gabon obtient une importante remise de dette. Ce sera le premier et dernier faux pas du président. Le 27 septembre 2007, il fait Robert Bourgi chevalier de la Légion d'honneur.

Le secrétaire d'Etat à la coopération Jean-Marie Bockel annonce cependant vouloir "signer l'acte de décès de la Françafrique". Omar Bongo téléphone à l'Elysée pour demander sa tête. Bockel sera démis en quelques jours. Son successeur, Alain Joyandet, a estimé, au lendemain de l'annonce officielle de la mort d'Omar Bongo, qu'il ne fallait pas oublier "tout ce qui est positif dans le bilan du président gabonais".

 

Raphaëlle Bacqué

Article paru dans l'édition du 11.06.09

 

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