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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 18:14

 

 

 

 

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Radio Ndéké Luka Lundi, 18 Juin 2012 09:14

Un danger public et permanent se propage au sein des populations de Bozoum, chef lieu de l’Ouham Péndé. Des jeunes souvent armés de couteaux, de sagaie, de bâton, de morceau de fer et autres matériaux susceptible de donner la mort, sèment la terreur dans la région. Cette situation naissante plonge ces populations  dans de profondes inquiétudes.

Radio Ndeke Luka, à travers son correspondant, fait l’état de la situation ce 17 juin en soulignant  la gravité qu’occasionne cette dépendance des jeunes qui se livrent à la consommation abusive de la drogue, de l’alcool de traite vendu très moins cher dans la zone. Il poursuit que ces jeunes se baladent dans les villages et les quartiers périphériques en plusieurs groupes avec des armes blanches.

Ces jeunes n’hésitent pas à frapper à mort qui ils veulent. Dans des états  d’ivresse, ils deviennent de vrais tueurs à gage et des  hors la loi, marchant sur les ordres des chefs de quartiers, de groupes, les maires de la région et même des porteurs de tenue.
En imprévisibles prédateurs, ils déclenchent, en cas d’incompatibilités des bagarres mortelles avec ceux qui tentent de leur faire la tête. En ce début d’années 2012,  2 jeunes hommes se sont donnés la mort par coups de poignards pour une futile histoire dans la ville de Bozoum, rapporte Radio Ndeke Luka.

Avec ce cas d’insécurité qui s’ajoute à celui des hommes armés non identifiés qui se dirigent actuellement vers Markounda, la paix sociale des populations de l’Ouham Péndé se transforme en un calvaire. Aucune mesure corrective  n’a été prise jusqu’ici en vue de stopper cette hémorragie puante au milieu des habitants de Bozoum.

Comment le ministère de la défense et de la sureté territoriale considère-t-il la situation sécuritaire désolante dans l’Ouham Péndé et les environs ?

 Selon une source digne de foi révèle ce matin 18 juin à Radio Ndeke Luka, qu’un combat armé a eu lieu dans la nuit du 17 juin 2012 à Markounda juste à quelques kilomètres de Bozoum. Radio Ndeke Luka se réserve toutefois le droit de vérifier cette information.

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 01:13

 

 

 

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Voici un très important et déprimant rapport rédigé par des experts de l’Agence Française de développement (AFD) suite à une mission qu’ils ont conjointement effectuée à Bangui du 4 au 11 avril dernier avec également des experts de la BAD, du FMI et de la Banque Mondiale qui les a conduits à se pencher sur la situation catastrophique de la République centrafricaine à tous points de vue résultant de la mal gouvernance des affaires de ce pays par le général François Bozizé et son gouvernement depuis bientôt dix ans.

 

Selon le diagnostic assez objectif dressé sans complaisance par les auteurs du rapport, la RCA est vraiment très malade car tout semble urgent à résoudre dans ce pays et la gravité de la situation actuelle est telle qu’un coup d’Etat n’est pas écarté. Ils ne croient pas si bien dire quand on sait qu’on vient en effet d’échapper à un coup de force attribué à Sylvain Ndoutingaï, un dignitaire demeuré longtemps pilier du régime bozizéen qui a failli procéder à une révolution de palais.

Il est donc impérativement urgentissime que Bozizé et sa cour ainsi que son parti KNK comprennent qu’ils ne peuvent pas seuls avoir raison contre tous les Centrafricains qu’ils prétendent représenter. Ils ont totalement échoué dans la gestion du pays. Leur bilan est désastreux. Il est plus que temps qu’ils mettent en œuvre les solutions consensuelles déjà arrêtées au Dialogue Politique Inclusif qu’ils ont toujours refusé d’appliquer.

C’est justement faute de cela qu’on est obligé de reparler d’un nouveau dialogue aujourd’hui parce qu’il n’y a pas d’autres solutions ou d’alternatives pacifiques en dehors du dialogue sinon d’user de la force armée ou retourner aux urnes mais avec quelles chances d’avoir des élections réellement transparentes et crédibles.

C’est pourquoi il faut tout faire pour que énième dialogue se tienne et soit réellement un succès en débouchant sur un accord politique qui soit effectivement appliqué. Le dialogue inter-centrafricain ne doit pas être réduit à la seule composition d’un gouvernement d’union nationale.

La Rédaction

 

 

 

Compte rendu de mission en République Centrafricaine

 

(4 au 11 avril 2012)

 

 

 

Jean-Bernard Veron (STR/CCC) – Gilles Chausse (DOE/AFR) - Romain André (DOE/DAT/ARC) – Mathias Caro (DOE/AFR)

 

 

 

Mai 2012

 

 

 

1)      Contexte : une dégradation en pente douce sur fond de crise durable

 

 

 

Pays enclavé, mais doté de ressources naturelles importantes, la République Centrafricaine figure parmi les nations les plus pauvres du monde. Le pays compte officiellement 4,5 millions d'habitants (répartis inégalement sur un territoire dont la surface est équivalente à celle de la France et du Benelux) et affiche un taux de croissance démographique de 1,9%. L’Indice de développement humain du PNUD place la RCA au 179ème rang sur 187 pays,  avec 62,8% de sa population vivant en dessous du seuil de pauvreté (1,25 USD par jour) et une  espérance de vie à la naissance parmi les plus faibles d’Afrique subsaharienne (48,4 ans contre une moyenne de 51 ans). 

 

Perdue dans l’anonymat des PMA, la RCA est en réalité confrontée à une situation de fragilité profonde et durable en raison des conflits récurrents qu’a connus le pays, de la très faible capacité de l’Etat à exercer ses missions, tant régaliennes que de délivrance de services aux populations ainsi qu’aux acteurs économiques, et d’une gouvernance globalement défaillante. Cette fragilité, qu’entretiennent par ailleurs la faiblesse des moyens humains techniques et financiers de l’Etat ainsi que les incessantes luttes politiques internes des pouvoirs successifs aux dépens d’une stratégie de développement, ne date pas d’hier. Elle est devenue en quelque sorte consubstantielle au pays.

 

En conséquence, le développement économique et social du pays est gravement compromis, et les quelques avancées dans ce domaine sont bien souvent fragiles. De ce fait, la RCA est confrontée à une crise humanitaire sans fin - que Médecins sans frontières estime être la plus grave qui soit, juste derrière celle de la Somalie - et ce sont les nombreuses ONG internationales présentes sur le territoire ainsi que les organisations confessionnelles locales qui, bien souvent, apportent aux populations ce minimum de services que l’Etat est bien en peine de leur fournir.

 

Enfin, et ce qui n’arrange rien, les appuis et ressources apportés par la communauté internationale fluctuent dans le temps, rythmés qu’ils sont par l’alternance de périodes de volontarisme et de lassitude, ce qui fait périodiquement de la RCA un « orphelin de l’aide ».

 

 

 

1.1 - Contexte politico-sécuritaire

 

 

 

Le Dialogue inclusif, qui faisait suite à la période de tension et de désordre du milieu des années 2000 et qui avait suscité beaucoup d’espoir, notamment chez la communauté internationale (d’où reprise de l’aide et traitement généreux de la dette publique extérieure du pays), s’est enlisé. Les élections de 2010 qui se sont finalement déroulées en 2011 ont été entachées de fraude, semble-t-il, et les partis d’opposition, par ailleurs très morcelés, n’ont pas été associés à l’exercice du pouvoir, comme cela avait été pourtant acté au terme du Dialogue inclusif.

 

La situation sécuritaire s’est plutôt améliorée. La plupart des insurrections politico-militaires ont accepté le principe d’une trêve et la Lord Resistance Army (LRA de Joseph Kony), sous forte pression (mais de l’armée ougandaise et  non de celle de la RCA), ne représente plus aujourd’hui un grave risque sécuritaire. En revanche, reste actif le groupe de Baba Laddé, aux affiliations et ambitions incertaines. Quant au programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (DDR) il est demeuré de longs mois au point mort, faute de ressources suffisantes pour financer la réintégration des ex-combattants dans la vie civile et l’armée reste divisée sur des bases ethno-politiques, si bien qu’on ne saurait exclure des coups d’Etat ou des mutineries, comme cela s’est déjà produit à plusieurs reprises depuis deux décennies. Enfin, les violences « privées » (banditisme de grand chemin et braconnage à grande échelle) se poursuivent au même rythme qu’avant.

 

Cette instabilité, chronique depuis le milieu des années 1990, est le produit de causes propres aux pays. En tout premier lieu l’incapacité de l’Etat à contrôler le territoire national, trop vaste compte tenu des moyens humains techniques et financiers dont il dispose, ainsi que la fragmentation du pays en pôles de survie largement coupés de la capitale et ne se reconnaissant guère dans un Etat fortement défaillant.

 

 

A cela s’ajoutent des causes externes, sous-produits des troubles qui ont affecté ou affectent encore certains des pays frontaliers de la RCA (Tchad, Soudan, RDC, Ouganda).

 

 

 

Cette instabilité, qui dégénère parfois en affrontements violents, fait que la nation centrafricaine reste une nation en devenir, que l’appareil d’Etat ne peut réellement exercer ses fonctions efficacement qu’à Bangui et dans ses environs, de manière plus incertaine, dans la région forestière du sud-ouest, et avec difficultés dans le reste du pays.

 

 

 

1.2- Situation économique et financière

 

 

 

L'économie centrafricaine repose principalement sur l'agriculture et l’élevage (55% du PIB), très largement tournés vers le vivrier et l’autosubsistance. Diamant et bois constituent les principales exportations du pays (plus de 70%, si tant est que l’on puisse chiffrer la valeur exacte des ventes de diamants), suivis de très loin par le café. Le secteur forestier est également important sur le plan  social (il est le principal employeur du pays avec 25 % des emplois formels) et financier (il produit 10 % des recettes fiscales).

 

Le sous-sol renferme également de l’or, du minerai d’uranium, du pétrole dans le prolongement du gisement de Doba au Tchad. Mais ce potentiel est peu ou pas exploité industriellement, ce qui prive le pays de ressources suffisantes pour financer son développement.

 

En outre les assises et réalisations économiques de la RCA sont fragiles en raison d’un contexte sécuritaire fortement perturbé depuis près de deux décennies, ce qui a un impact négatif sur le volume d’activité et les conditions de vie des populations.

 

Ce sombre tableau correspond à la réalité du pays, mais sa quantification est largement sujette à caution car une part importante des activités économiques centrafricaines relèvent du secteur informel, que ce soit dans les campagnes, dans l’exploitation minière, voire en ville, et sont donc fort mal répertoriées dans les comptes nationaux.

 

Sous cette réserve et après une croissance d’un peu moins de 4% en 2006 et 2007, la RCA a encaissé en 2008 et 2009 une série de chocs exogènes (flambée des cours du pétrole et  crise économique mondiale qui a entraîné une forte baisse en valeur des ventes de grumes, premier poste d’exportation du pays). Ces chocs ont cassé le rebond de la croissance et menacé la stabilité macroéconomique du pays. Le taux de croissance du PIB est donc tombé à 2% en 2008, puis à 1,7% en 2009, avant de remonter légèrement à 3% en 2010 et à 3,3% en 2011, soit des valeurs trop faibles pour permettre une réelle amélioration du niveau de vie de la population. Le taux d’inflation, qui avait amorcé une décrue, après un pic en 2008, a poursuivi cette tendance à la baisse en s’établissant à 1,2% en moyenne annuelle en 2011.

 

Le déficit du compte courant extérieur est tombé à 7,5 % du PIB en 2011, grâce à une relative amélioration des performances du pays à l’export, tant pour les grumes que pour les matières précieuses (diamants et or), ainsi qu’à une stabilisation des importations en valeur.

 

Le déficit budgétaire a lui, continué de s’accroître en 2011 pour compenser la diminution des recettes et la suspension des appuis budgétaires extérieurs. Une amélioration est toutefois attendue en 2012 avec un léger excédent du solde budgétaire, faisant suite à un déficit de 2,4% du PIB en 2011.

 

Les capacités financières d’intervention de l’Etat, hors concours extérieurs, restent très inférieures aux besoins tant d’investissement que de fonctionnement des administrations, avec un risque qu’on ne saurait sous-estimer d’impayés sur la solde des fonctionnaires qui, dans le passé, ont produit mouvements sociaux et mutineries des forces armées. En effet, non seulement le taux de fiscalisation est faible et les recettes potentielles sont médiocrement mobilisées, mais également la gestion des finances publiques est largement perfectible. De ce fait, l’Etat peine à prendre en charge le financement des infrastructures et équipements (principalement en matière de transport et d’énergie), ainsi que les dépenses d’éducation et de santé pour un fonctionnement minimum. Les Objectifs du millénaire pour le développement ne peuvent être éventuellement atteints qu’avec l’appui de financements extérieurs.

 

S’agissant des finances publiques, le pays a atteint le point d’achèvement de l'initiative PPTE en juin 2009, permettant de ramener la dette publique extérieure de la RCA de 57% du PIB en 2008 à 12,7% en 2009 et 14,1% en 2010. Dans le même temps la dette publique totale est passée de 80% du PIB en 2008 à 29% en 2010. En plus des réductions accordées dans le cadre du Club de Paris, la France a consenti un effort additionnel en annulant la totalité de sa dette bilatérale. Ainsi, les accords signés entre la France et la RCA le 26 mai 2010 actent de l’annulation de 5,14 millions d’euros, dont environ 1,6 million d’euros à titre bilatéral additionnel. 

 

 

Le pays est aujourd'hui classé en risque modéré (pays jaune) selon l'analyse de viabilité de la dette du FMI. Toutefois la dette extérieure demeure importante auprès de créanciers non membres du Club de Paris (Argentine, Serbie, Taïwan), de même que la dette intérieure vis-à-vis de la banque centrale, des banques commerciales de la place (ce qui réduit d’autant leurs capacités à financer l’économie) et des arriérés sociaux, ce qui limite considérablement les marges de manœuvres budgétaires.

 

De ce fait, la RCA est aujourd'hui très dépendante financièrement de la communauté internationale pour ses investissements publics et son équilibre budgétaire.

 

 

 

1.3- Contexte administratif

 

 

 

L’état de l’administration centrafricaine est révélateur de la situation de fragilité du pays. Celle-ci peine en effet à assurer son propre fonctionnement, et plus encore à délivrer des services aux populations. Certaines fonctions essentielles d’un Etat ne sont ainsi pas remplies, au premier lieu desquelles la couverture du territoire, très partielle (10 500 fonctionnaires civils sur 17 000 relèvent de la préfecture de Bangui). L’Etat est ainsi peu présent en RCA et ne touche qu’une proportion limitée de sa population. La faiblesse des ressources budgétaires constituent bien sûr l’une des principales contraintes du pays, comme le résume le rapport PEFA de juillet 2010; « les budgets d’investissement constituent une variable d’ajustement au profit de l’absorption des retards de paiement des salaires, et, plus généralement de l’augmentation des dépenses de fonctionnement ». Il s’avère en effet que les conditions minimales pour faire fonctionner une administration sont à peine réunies, que ce soit au niveau du traitement des fonctionnaires (gel fréquent des salaires, dont le niveau moyen s’élève à 40 000 CFA, arriérés de paiement récurrents) comme de leurs conditions de travail (accès limité à l’électricité, vétusté des bâtiments administratifs, faiblesse des moyens informatiques et logistiques, existence de ruptures de fournitures…). Maintenue dans une forme de précarité, l’administration se retrouve logiquement confrontée à des problèmes de motivation du personnel et d’aspiration vers une gestion « au jour le jour ». Par ailleurs, le niveau structurellement faible de l’investissement en RCA, et son caractère aléatoire, expliquent en grande partie le manque d’expérience et les capacités très limitées de l’administration pour mettre en œuvre ses politiques et stratégies.

 

 

Indépendamment de la contrainte budgétaire, l’efficience même de l’administration se trouve entravée par une organisation globalement défaillante. L’administration centrafricaine est composée de 28 ministères, aux dimensions très variables (plusieurs ministères comptent moins de 10 agents, comme par exemple l’enseignement technique et professionnel), avec des lignes de partage parfois floues et une faible culture de l’inter-ministérialité. De surcroît le fonctionnement de l’appareil d’Etat se caractérise par une forte centralisation des prises de décision : au-delà même des ministères c’est parfois directement la Présidence qui décide), la lenteur des circuits administratifs, l’absence courante de règles standardisées, une faible culture du management et de la gestion de projet et, plus généralement, une activité qui repose souvent sur un nombre limité de cadres compétents. La chaîne de la dépense constitue un autre facteur entravant l’exécution d’un budget pourtant restreint (plus de 60% des notes PEFA sont classées en D) compte tenu notamment de sa lenteur, de son imprévisibilité, voire de la réticence des fournisseurs à répondre aux commandes et appels d’offres d’un Etat considéré comme « mauvais payeur ».  

 

L’un des risques identifiés est celui de la capacité de la RCA à maintenir et à renouveler un vivier de cadres compétents au sein de son administration. Devant les difficultés rencontrées par les fonctionnaires pour exercer leurs métiers, et ce sur la longue durée, il y aurait un phénomène de perte de compétences, d’où un important besoin de recyclage qui ne peut être aujourd’hui couvert par les dispositifs locaux de formation continue (dont l’ENA centrafricaine). A cela s’ajoute la question épineuse du renouvellement des cadres, contrainte par la faible qualité du système éducatif centrafricain et par la faible attractivité de l’administration pour les jeunes diplômés, en particuliers pour ceux ayant étudié à l’étranger.

 

Malgré un environnement globalement défavorable, il faut noter que certaines structures publiques restent raisonnablement compétentes et sont en mesure de mener à bien les projets et programmes dont elles ont la charge. Celles rencontrées par la mission ont en commun une certaine autonomie budgétaire vis-à-vis du Trésor, soit parce qu’elles prélèvent directement des taxes à la source (ACFPE avec la taxe professionnelle), soit parce qu’elles sont soutenues, financièrement et techniquement, par des bailleurs extérieurs (équipe du PARPAF appuyée par l’AFD, Secrétariat technique permanent de l’éducation soutenu par la Banque Mondiale et l’AFD ou encore AGETIP qui bénéficie des appuis de différents bailleurs pour la réalisation d’infrastructures). Contrairement à l’administration, ces structures disposent de moyens de fonctionnement mieux sécurisés (salaires et équipements) et d’une pratique régulière de la gestion de projet.

 

Cet état de fait incline à penser qu’actuellement en RCA une condition pour pérenniser une structure de projet et ses activités est de l’extraire, au moins partiellement, du circuit budgétaire du Trésor. Le projet PARPAF en est un bon exemple ; il était en effet prévu que l’Etat prenne le relais de l’AFD pour financer l’achèvement du PARPAF après le départ de l’assistance technique pendant une période transitoire, avant que ce dernier ne devienne une agence autonome financée directement par prélèvement partiel à la source de taxe forestière. Le résultat est qu’aujourd’hui les fonctionnaires accusent 5 mois d’arriérés de primes, 4 de loyer et a attendu plusieurs mois l’officialisation de son nouveau statut (voté par les députés en mai 2012). 

 

Face à ces multiples défaillances de son administration, l’Etat centrafricain a engagé différentes mesures de correction. Une importante réforme a ainsi été amorcée en 2009, avec une restructuration des ministères (refonte des organigrammes, élaboration de fiches de poste, etc…) et l’adoption de nouveaux statuts pour la fonction publique, incluant notamment la mise en place d’un système d’évaluation des performances. La mise en application de cette réforme semble toutefois piétiner et ses effets positifs tardent à se matérialiser.

 

 

Un peu dans le même ordre d’idée, le gouvernement a dissous, début 2012, les conseils d’administration de toutes les entreprises et offices publics pour les soumettre à un Conseil spécial de surveillance et de redressement (CSSREOP), l’objectif affiché étant « d’assurer la surveillance et le redressement de ces organismes, de sécuriser les recettes de l’Etat et améliorer la maîtrise des dépenses publiques ». Enfin, le ministère du Plan travaille actuellement à la mise en place, au sein des différents ministères, d’un système standardisé de suivi des programmes et projets.

 

 

 

1.4 Relations avec la communauté des bailleurs

 

 

 

Devant les graves problèmes de gouvernance qui caractérisent la RCA et les difficultés de mise en œuvre des programmes de développement que finance la communauté internationale, celle-ci fait preuve d’une certaine lassitude et certains de ses acteurs se détournent de la RCA.  Ainsi, la Table Ronde des bailleurs de fonds de la RCA, qui s’est tenue en juin 2011 à Bruxelles, ainsi que la Réunion des Amis de la RCA en avril 2012 à New York ne sauraient être considérées comme des réussites. En effet, seuls les pays intéressés par les ressources minières de la Centrafrique (Australie, Chine) ont consenti quelques subventions additionnelles par rapport aux bailleurs de fonds traditionnels, dont le montant n’est pas à la hauteur des besoins du pays et des défis auxquels il est confronté.

 

 

Sur une période plus longue qui démarre avec les violences et conflits de la fin des années 1990, nombre de coopérations bilatérales ont quitté la Centrafrique. Seules restent aujourd’hui présentes la France et la Chine, mais pour des montants d’engagement relativement faibles.

 

Les bailleurs de fonds disposant de moyens significatifs sont aujourd’hui les multilatéraux (Union européenne en tout premier lieu, suivie de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement), et ce tant en termes de volumes de financements que d’appuis techniques et d’effectifs de leurs équipes locales.

 

S’agissant des relations avec le FMI, la RCA a bénéficié d'une Facilité élargie de crédit (FEC, ex-FRPC) entre décembre 2006 et septembre 2010. Les autorités centrafricaines ont manifesté leur souhait d'engager un nouveau programme de ce type avec le Fonds, sans qu’un horizon soit pour l’instant fixé. En avril 2012, une mission du FMI s’est rendue en Centrafrique, afin de conduire des discussions préalables sur ce thème.

 

 

Au bout du compte, l’aide que reçoit la RCA, sans être systématiquement négligeable, à tout le moins à l’aune de ce dont bénéficient les autres pays d’Afrique sub-saharienne, est marquée par une forte variabilité.

 

 

 

1.5 -En conclusion de cette analyse du contexte, une faible visibilité à court terme

 

 

 

Cette faible visibilité à court terme a des causes multiples. En tout premier lieu, les éléments de contexte présentés ci-dessus et les incertitudes sur les évolutions du pays, notamment dans sa double dimension sécuritaire et politique. De ce dernier point de vue, les « jeux de pouvoir », complexes à décrypter, laissent entrevoir des  tensions plus ou moins latentes, que ce soit au sein du pouvoir en place  ou dans les relations de ce dernier avec l’opposition et les syndicats. Sur le plan sécuritaire, les retards du processus de DDR fragilise les accords passés avec les groupes rebelles et génère un risque accru de fragmentation des groupes en question et de privatisation de la violence.     

 

Ce à quoi s’ajoute une absence de stratégie claire et solide de la part des autorités, qui se contentent bien souvent de parer au plus pressé, présentent aux agences d’aide des demandes d’appui multiples et changeantes et, d’une manière générale, ne semblent accorder que peu d’importance au développement du pays. Le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP II 2011-2015), co-rédigé avec l’aide de la BM, de la BAD et du PNUD, et censé être le document de référence est considéré comme « lunaire » par certains interlocuteurs, dont certaines agences d’aide.

 

Il est vrai, et c’est là un casse-tête pour les agences en question, que tout est prioritaire en RCA, qu’il s’agisse de la stabilisation du pays, du développement économique et de la lutte contre la pauvreté, de la délivrance des services de base aux populations, des infrastructures ou du renforcement des capacités de l’Etat. Dans le cas de l’AFD, ce casse-tête est accru par les difficultés et retards rencontrés dans la mise en œuvre de ses projets, ainsi que la minceur de l’enveloppe financière affectée à la RCA.

 

 

Ces remarques valent également pour les services de la Coopération qui voient se réduire le montant des financements qu’ils peuvent mobiliser ainsi que les effectifs de l’assistance technique française.

 

 

 

2)      Bilan des interventions de l’AFD

 

 

 

2.1- Bilan des enseignements des interventions en cours

 

 

 

Après une période de redoublement des troubles politico-sécuritaires au début des années 2000, qui avait contraint l’AFD à mettre son agence de Bangui en sommeil, un bureau de représentation a été rouvert en janvier 2005, bureau rattaché à l’agence de Yaoundé. Depuis cette réouverture et jusqu’à fin 2011, l’AFD a engagé, sur subvention exclusivement, 45 millions €, dont 27%  au titre de l’aide budgétaire (en 2006, 2007 et 2009). A noter que Proparco n’y a aucun financement.

 

Fin 2011, le bureau de Bangui suivait quatorze projets actifs, intervient dans huit secteurs différents et ce avec dix maitres d’ouvrages de tous types (ministères, ONG, entreprises publique ou privée). A cette même période, les restes à verser représentaient 23 millions €, dont 10 millions € engagés récemment (projets de mise à niveau de l’aéroport de Bangui et d’appui à la stratégie nationale d’éducation).

 

 

Début 2012, un seul projet est en instruction, de soutien à la décentralisation dans la zone forestière du sud-ouest  (5 M€, octroi prévu en 2012).

 

Hors aides budgétaires, les neuf principaux projets (subventions supérieures à 4 M€) financés par l’AFD en République Centrafricaine depuis 2003 sont les suivants :

 

 

 

n° Projet

Secteur

Intitulé du projet

Montant final concours

Engagement

 

 

 

 

 

Projets achevés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CCF 1119

Transport fluvial

SOCATRAF

5 000 000

02/07/03

CCF 3006

Forêt

PARPAF 2 (achevé 12/2011)

5 000 000

04/05/06

 

 

 

 

 

Projets en cours

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CCF 1104

Hydroélectricité

Réhabilitations usines hydroélectriques

4 573 471

22/08/07*

CCF 1120

Infrast. Routières

Ouvrages d'art réseau routier Sud-Ouest

5 000 000

14/04/05

CCF 3000

Santé

Projet renforcement des services de santé

6 000 000

17/01/06

CCF 3014

Assainissement

Développement urbain - THIMO IV

5 000 000

19/12/07

CCF 1129

Transport aérien

Réfection aérogare de Bangui M'Poko

5 000 000

15/12/11

CCF 1133

Education/Formation

Appui à la stratégie nationale d'éducation

5 000 000

15/12/11

 

 

 

 

 

Projets en instruction

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CCF 1130

Forêt

PDRSO

5 000 000

2012

 

* Réaffectation d’un ancien concours de 1998 initialement ciblé sur un programme d’assainissement. (à suivre)

 

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 00:53

 

 

 

 

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2.2- La logique d’engagement de l’AFD a obéi à quatre objectifs :

 

* Le désenclavement du pays

a.       Projet d’appui au secteur fluvial – Socatraf et appui au SCEVN (ATR)

b.      Projet ouvrages d’art de franchissement du Sud-Ouest (deux projets successifs, le précédent s’étant achevé en 2006)

c.       Mise à niveau de l’aéroport de Bangui M’Poko

 

* L’amélioration des conditions de vie de la population de  Bangui

d.      Projet d’assainissement pluvial sous forme de projets THIMO (soit le 4ème depuis 1995)

e.       Projet de réhabilitation des centrales hydroélectriques de Boali

 

* L’amélioration des services sociaux de base

f.       Projet de renforcement des services de santé

g.      Projet d’appui à la stratégie nationale de l’éducation

 

* La durabilité de la gestion forestière

h.      Projet d’appui à l’aménagement forestier (PARPAF, 3 projets successifs depuis 2000)

i.        Projet de développement de la Région du Sud Ouest (en instruction) PDRSO

 

Par ailleurs plusieurs actions financées par le FFEM se conforment à ce dernier objectif.

 

2.3- Appréciation de cette logique d’engagement

 

Les interventions de l’AFD ont à plusieurs reprises répondu à des demandes d’urgence de la part des autorités centrafricaines. Tel est le cas :

-          de la réhabilitation des centrales hydroélectriques de Boali, qui alimentent Bangui en électricité et qui risquaient de devoir interrompre leur fonctionnement ;

-          de la mise à niveau de l’aéroport de Bangui MPoko, menacé de déclassement en raison de l’absence d’une clôture d’enceinte et de la présence de population aux abords immédiats de la piste et des flux de voyageurs au départ et à l’arrivée se croisant

 

L’exécution de ces projets rencontre aujourd’hui d’importantes difficultés. Ceci résulte d’une part de la situation d’instabilité de la RCA, de la capacité d’absorption limitée du pays ainsi que de la faiblesse de la plupart des maîtrises d’ouvrage.  De ce point de vue, il est probable que les analyses préalables au réengagement de l’AFD en 2006, notamment sur la capacité des partenaires locaux, en particulier publics, sont restées trop superficielles. Il est vrai qu’à cette époque les perspectives de sortie de crise avaient nourri, dans la communauté internationale, des espoirs qui ont, depuis, été partiellement déçus.

 

En outre, on ne saurait exclure que ces mécomptes soient le fruit, au moins partiellement, de l’insuffisance des moyens humains mobilisés, que ce soit au niveau des effectifs du bureau de Bangui, de l’assistance technique d’accompagnement ou de la fréquence des missions de suivi diligentées par le siège. Et ceci d’autant plus que la dispersion sectorielle du portefeuille et le nombre élevé des maîtrises d’ouvrage ne facilitent pas un accompagnement rapproché des projets.

 

Plus généralement, la stratégie d’intervention de l’AFD a oscillé entre d’une part une approche opportuniste, d’ailleurs défendable en situation de crise/sortie de crise, de réponse aux urgences et/ou de sélection de partenaires locaux, perçus comme raisonnablement performants et, d’autre part, une approche ambitieuse tant de reconstruction du pays (forêt, transports routier et fluvial, énergie) que d’amélioration des conditions de vie des populations (aménagement de quartiers en HIMO, santé).

 

Ainsi, cette oscillation entre plusieurs stratégies, les résultats peu probants parfois engrangés et les difficultés de mise en œuvre conduisent aujourd’hui à s’interroger sur la pertinence de l’action de l’Agence en RCA.

 

1)      Contraintes et opportunités

 

3.1- Orientations politiques

 

La réunion interministérielle du 20 janvier 2012 a confirmé le maintien de la République Centrafricaine sur la liste des 17 pays pauvres prioritaires (PPP) pour la Coopération française et donc pour l’AFD.

 

D’autre part, le Contrat d’Objectifs de et Moyens (COM) 2011-2013 signé entre l’Agence et l’Etat comporte l’objectif suivant : « centrer les efforts de l’Agence sur les PPP, afin de lutter contre la pauvreté et de stimuler la croissance économique ». Plus précisément, 60 % de l’effort budgétaire de l’Etat doit être consacré en 2013 aux pays d’Afrique sub-saharienne et plus de la moitié des subventions doivent être octroyées aux PPP. 

 

En termes sectoriels, le COM indique que l’AFD se conformera aux décisions prises lors des sommets de la FAO en 2008 et du G8 de Muskoka en 2010, soit :

-          octroi de 1 milliard € dans le secteur de l’agriculture en Afrique sub-saharienne ;

-          octroi de 48 million € par an en subvention dans le secteur de la santé maternelle et infantile dans les PPP.

 

Le COM précise en outre que la part des subventions consacrées aux OMD dans les PPP doit atteindre 80 %, dont 30 % pour l’éducation et la formation professionnelle, y inclus 20 % affectés à l’éducation de base.

 

Ainsi, compte tenu de ces éléments, les priorités de l’AFD en RCA visent la santé maternelle et infantile, l’éducation et la formation et, dans une moindre mesure, à l’agriculture.

 

En complément, l’objectif n°1 du troisième Plan d’Orientation Stratégique est formulé comme suit : «… en Afrique Subsaharienne, une mobilisation pour la sécurité alimentaire, un soutien aux infrastructures et des actions ciblées en matière de santé et d’éducation ».

 

S’agissant enfin des accords passés entre l’Etat Français et la République Centrafricaine, le Document Cadre de Partenariat (DCP), signé à Bangui le 8 avril 2010, couvre la période 2010-2013. Ce document stipule deux secteurs de concentration, soit le développement des infrastructures et la reconstruction du système éducatif national, avec un accent particulier mis sur l’éducation de base. Le DCP prévoit également des interventions dans deux secteurs hors concentration que sont d’une part la santé et la lutte contre le SIDA et, d’autre part, la protection de l’environnement et de la biodiversité, notamment par la mise en place d’une gestion durable de la forêt.

 

Fin décembre 2012, la totalité des financements AFD listés dans le DCP 2010-2013 devraient avoir été octroyés (le dernier, le PDRSO au deuxième semestre 2012).

 

3.2- Moyens

 

L’AFD dispose de moyens humains limités pour son activité en RCA : un bureau de représentation à Bangui, avec un agent SAM, un cadre local, et du personnel d’appui (une assistante, un chauffeur et quelques prestataires). Ce bureau est placé sous la responsabilité de l’agence de. Yaoundé qui est notamment en charge des versements pour le compte du bureau de Bangui.

 

Le bureau travaille notamment avec le SCAC de l’ambassade de France, qui dispose d’une douzaine d’assistants techniques et de six VI. La qualité de la relation avec les AT  dans les différents secteurs est variable.

 

Au siège, une demi-douzaine de chefs de projets et un coordonnateur régional sont amenés à se rendre sur place une fois par an en moyenne. Quelques missions ponctuelles peuvent également être menées par des services d’appui transversaux. Comparativement aux autres bailleurs de l’aide, tels que la Banque mondiale ou l’Union européenne, qui certes consentent des financements plus importants, ces moyens humains apparaissent bien faibles.

 

S’agissant du volume des financements, depuis la réouverture du bureau à Bangui début 2005, les octrois sont de l’ordre de 5 millions € en subvention à l’Etat tous les un ou  deux ans. Dans la mesure où, en France, la RCA ne figure pas sur la liste des Etats dits fragiles, elle ne bénéficie pas d’un traitement particulier, notamment au titre des financements dédiés à ces derniers.

 

Ce niveau d’engagement est fortement tributaire du montant de l’enveloppe de subvention (programme 209) affecté chaque année par le MAEE à l’AFD. Or, l’incertitude sur l’évolution de cette enveloppe compte tenu d’une part des contraintes budgétaires de la France et, d’autre part, de l’attention croissante accordée aux pays du Sahel du fait de la déstabilisation qui les menace, laisse peu d’espoir à court terme sur la possibilité d’accroître notablement ce niveau de financement.

 

3.3- Demande des autorités

 

Depuis la signature du DCP, la demande du gouvernement centrafricain a été peu cohérente. Alors que le DCP signé en avril 2010 cible des interventions de l’AFD sur les secteurs des infrastructures, de l’éducation, de la santé et de la forêt, les autorités locales ont émis le souhait, à plusieurs reprises, que l’Agence prenne en compte les domaines de l’agriculture de la formation professionnelle, des banques et secteur privé.

 

Par ailleurs et dans le cadre des discussions sur le DSRP II, lors de la Table Ronde des bailleurs de fonds de la RCA qui s’est tenue en juin 2011 à Bruxelles, les autorités ont souligné leur souhait de voir les bailleurs intervenir dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et du développement rural.

 

Enfin, le gouvernement centrafricain adresse régulièrement à l’AFD des demandes d’intervention en urgence, comme, tout récemment encore, pour la reconstruction d’un pont à Bangui.

 

4) Lignes directrices et recommandations

 

Même si la RCA ne figure ni dans la liste française des Etats fragiles ni au nombre des pays sahéliens tenus aujourd’hui pour prioritaires en raison de la dégradation de la situation sécuritaire et des risques de contagion régionale, force est de constater que le contexte centrafricain impose de prendre sérieusement en considération une stratégie adaptée au contexte en question et non pas de s’en tenir à des approches standard qui seraient pertinentes dans d’autres PMA raisonnablement stables et pacifiés.

 

Ainsi, une première question posée par la mission est la durée du CIP, traditionnellement de trois ans. Dans le cas de cet Etat fragile, au mieux en situation de sortie de crise, et pour lequel l’AFD dispose de moyens extrêmement limités, la mission propose d’établir un CIP d’une durée de 5 ans.

 

En termes de stratégie d’intervention, les recommandations de la mission sont de deux types. D’une part, elles concernent le respect d’un cadre opérationnel, dont l’application pourrait faciliter l’exécution des projets. D’autre part, elles lancent des pistes de réflexion sectorielles.

 

4.1- Cadre opérationnel

 

Compte tenu de l’état sinistré des administrations centrafricaines et, en conséquence, des  difficultés rencontrées par l’AFD pour mettre en œuvre ses financements, il est recommandé d’avoir des points d’attentions spécifiques tout au long du cycle projet. Lors de la phase d’instruction, par exemple, il convient tout d’abord de s’appuyer sur un diagnostic approfondi de la performance de la maîtrise d’ouvrage, afin de disposer d’une vision claire et réaliste de ses capacités de mise en œuvre et de pouvoir adapter en conséquence le contenu du projet et ses accompagnements :

-        Les appuis au renforcement des capacités, en identifiant l’ensemble des besoins nécessitant un accompagnement technique, que ce soit sur des fonctions « stratégique » (planification, programmation, management), « opérationnelle » (capacités techniques, gestion de projet, procédures opérationnelles) ou encore « transversale » (passation de marché, gestion des ressources humaines, procédures administratives…) ;

-        Le montage institutionnel, en particuliers en ce qui concerne le Comité de Pilotage (réunions régulières, dialogues, si nécessaire, en interministériel et avec la société civile) et le mode opératoire (préciser la répartition des tâches au sein de la maîtrise d’ouvrage, fixer un planning de travail, détailler les circuits administratifs, mettre en place un système de suivi partagé et resserré …) ;

-        La gestion axée sur les résultats, quand cela est possible selon l’objet du projet, en réfléchissant à des systèmes de décaissement basés sur la performance, à l’instar de ce qui a été réalisé par la Banque mondiale dans le secteur de la santé;

-        Le dispositif de suivi qui, outre le mode opératoire, implique de réfléchir aux temps que doit y consacrer le chef de projet (fréquence de ses missions de supervision) et le bureau de Bangui, ainsi que de prévoir des audits techniques et financiers réguliers. 

 

Par ailleurs, en fin d’instruction, et en fonction du contexte du projet, une nécessaire analyse préalable des conditions suspensives devra être réalisée afin de ne pas tomber dans le piège de conditions bloquantes, comme cela a été le cas pour le projet Ouvrage d’Arts du Sud-Ouest.

 

 

4.2- Axes d’interventions

 

Quatre axes, complémentaires ou alternatifs en fonction des moyens qui pourraient être mobilisés, sont proposés :

 

  1. Maintenir notre appui au secteur qui font sens et dans lesquels les projets se déroulent à peu près correctement (l’exploitation forestière) et/ou au profit de structures qui fonctionnent raisonnablement bien (le PARPAF dans le secteur forestier, l’AGETIP en matière d’infrastructures urbaines) ; 

 

Une telle approche permettrait en premier lieu de sauvegarder les poches de compétences qui existent dans l’administration centrafricaine. Sans financement extérieurs, des structures telles que la cellule PARPAF ou l’AGETIP-CAF ne pourraient perdurer. Dans un contexte de grave dégradation de la qualité de l’administration locale, le maintien de ces structures apparaît aujourd’hui primordial.

 

Le choix de sélectionner les interventions en fonction de la qualité de l’interlocuteur permettrait en outre de travailler avec des maîtrises d’ouvrage raisonnablement performantes et d’assurer ainsi une exécution satisfaisante des projets. Toutefois, on notera que ce critère de sélection des projets que financerait l’AFD ne saurait produire à lui seul une stratégie totalement satisfaisante en ce sens que pourraient en être exclus des secteurs tenus par elle pour prioritaires ou négligées des problématiques essentielles pour la stabilisation et le développement de la République Centrafricaine.

 

  1. Promouvoir l’accumulation de capital humain, qui fait cruellement défaut au pays, ce qui implique de s’intéresser au secteur de l’éducation en général ou, plus particulièrement et sans doute de manière préférentielle, à la formation professionnelle ;

 

L’accumulation de capital humain et les enjeux liés à l’éducation et à la formation professionnelle constituent des problématiques centrales pour le développement du pays.

 

Dans le secteur de l’éducation de base, d’importants financements extérieurs ont déjà été octroyés via le mécanisme Fast Track, dont les fonds sont gérés par la Banque Mondiale. Bien que d’importants financements soient consacrés à la construction d’établissements scolaires et à la formation des enseignants le projet ne prête pas une attention suffisante à la disponibilité des enseignants. Ce projet a le mérite de réhabiliter nombre d’écoles primaires de l’intérieur du pays. Ce programme a également permis de mettre en place, au sein du ministère de l’Education, une cellule de gestion de projet solide et compétente, sur laquelle l’AFD s’appuie déjà pour la mise en œuvre de son tout récent programme de renforcement des capacités de l’administration centrale.

 

Une intervention dans ce secteur resterait en cohérence avec les priorités affichées par la diplomatie française, qui a choisi de faire de l’éducation un secteur prioritaire du DCP 2010-2013, et viendrait compléter les interventions au profit d’organisations régionales que l’AFD appuie par ailleurs (CONFEMEN, PASEC et Pôle de Dakar.

 

S’agissant de la formation professionnelle, l’AFD peut également s’appuyer sur le centre de formation national pour le secteur privé de Bangui (l’ACFPE), qui semble disposer de certaines compétences.

 

Toutefois, si l’intervention de l’AFD dans ce secteur de l’éducation primaire se justifie eu égard aux besoins en capital humain de la RCA, ses impacts ne sauraient être immédiats et donc ce choix éventuel pourrait paraître inadapté à la situation de fragilité du pays.

A tout prendre, il pourrait paraître plus judicieux de miser sur la formation professionnelle aux résultats potentiellement plus rapides, sous réserve que l’offre de formation corresponde à la demande sur le marché du travail. Cela faciliterait par ailleurs la création d’emplois et, de ce fait, contribuerait à traiter une des causes de l’instabilité et de la fragilité du pays (cf. ci-dessous).

 

Pour rester dans les secteurs relevant de la délivrance de services sociaux aux populations, il faut citer celui de la santé, sur lequel l’AFD est déjà intervenue et devrait continuer de le faire conformément aux accords Muskoka. Compte tenu toutefois des difficultés rencontrées par l’Agence dans ce secteur, ainsi que des moyens financiers extrêmement limités dont elle dispose, il est proposé qu’une composante santé figure dans le Programme de Développement de la Région du Sud-Ouest (PDRSO), dont le financement devrait être décidé courant 2012.

 

  1. Participer à des programmes qui ont vocation à stabiliser le pays, comme ce pourrait être le cas avec la réintégration socio-économique des combattants démobilisés, ce qui suppose vraisemblablement d’associer des composantes de formation et de micro-finance. Plus généralement, appuyer la relance des activités économiques, en particulier dans le monde rural qui regroupe la majorité de la population et qui est la base des activités du pays, par exemple en accompagnement du programme de pôles régionaux financés par l’Union européenne.

 

Depuis la reprise de ses financements au milieu des années 2000, les interventions de l’Agence se sont concentrées sur la capitale et la région forestière du Sud-Ouest, à l’ouest de Bangui. Si les besoins à Bangui sont certes importants, la situation en province est caractérisée, entre autres, par une extrême pauvreté,

 

Or l’AFD, de par son mandat de lutte contre la pauvreté ainsi que dans le cadre d’une contribution à la stabilisation du pays par le biais du développement des activités économiques et donc de la création d’emplois et de revenus, ne saurait raisonnablement se désintéresser de l’intérieur du où vivent les trois quart de la population centrafricaine.

Il se trouve que l’Union européenne tente de mettre en œuvre un ambitieux programme de Pôles de Développement autour des villes secondaires du pays. L’AFD, en se raccrochant à ce programme, pourrait intervenir sur une problématique clé et ayant une forte visibilité. Les coûts d’instructions, probablement plus élevés pour une intervention en dehors de Bangui, pourraient être réduits par la mise en œuvre de cofinancements avec l’UE et la possibilité de s’appuyer sur des intervenants efficaces, tels que le réseau d’ONG opérant déjà dans ces régions ou encore les organisations confessionnelles après analyse des capacités d’action de ces dernières. Nos financements ne pourraient alors pas faire abstraction de l’agriculture et du développement rural, seraient donc cohérente avec le DSRP 2 finalisé récemment et permettraient aux populations concernées d’accéder au développement.

 

Toutefois, si cette piste était retenue, l’AFD serait confrontée à de lourdes contraintes. En premier lieu, la contrainte sécuritaire et l’absence de transports réguliers engendreraient des surcoûts, comme en témoigne l’expérience de l’UE. D’autre part, cela constituerait un nouveau secteur d’intervention dans  des secteurs dont l’AFD s’est retirée et accroîtrait donc la dispersion de son portefeuille.

 

  1. Flécher les financements sur les interventions d’urgence, notamment dans le secteur des infrastructures.

 

De telles interventions permettraient de répondre à des situations d’urgence à la demande des autorités locales, notamment dans le secteur des infrastructures. L’Agence a déjà réalisé plusieurs opérations de ce type, notamment lors de la réhabilitation du pont de Bania sur la route du 4ème parallèle dans la zone du sud-ouest (achevée), ou de celles des centrales hydroélectriques de Boali (en cours) ou encore de la rénovation de l’aéroport international de Bangui M’Poko (en démarrage) .

En 2011, faute de moyens, l’AFD a refusé de financer la réfection d’un pont qui venait de s’effondrer à Bangui. Un tel projet aurait pourtant été relativement simple à mettre en œuvre, (un seul appel d’offre, proximité physique par rapport à l’agence locale, ce qui en aurait facilité le suivi) et aurait bénéficié d’une forte visibilité.

 

Le revers d’un pareil fléchage, outre que ces opérations d’urgence peuvent être fort onéreuses, est la non intégration de ces dernières dans une stratégie de développement de long terme et la dispersion sectorielle.

 

 

Quelle que soit la stratégie qui sera retenue in fine, il est recommandé de limiter le nombre de secteurs d’interventions compte tenu des coûts élevés de transaction pour chaque secteur.

 

Il est d’autre part proposé que l’AFD se dote d’une capacité de veille et d’analyse renforcée, par exemple sur les problématiques du DDR, la situation du monde rural et des activités qui y sont menées, ainsi que des interventions des autres bailleurs. Pour cela, le FERC serait l’outil adéquat.

 

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 01:26

 

 

 

 

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Radio Ndéké Luka Vendredi, 15 Juin 2012 14:52

Au moment où le régime au pouvoir se casse la tête avec l’opposition pour restaurer un climat politique et sécuritaire stable et constructif en République centrafricaine, une nouvelle forme d’insécurité se développe sommairement dans cet Etat sans faire grand bruit.

Loin de penser à des troupes armées de Baba Ladé ( FPR) ou de Mahamat Hissen avec la CPJP qui avait lancé un ultimatum de reprise des armes publié dont nous avion largement parlé ce 14 juin, le danger qui pousse de nombreux Centrafricains dans les préfectures de l’Ouham et l’Ouham-Péndé à décamper vient cette fois-ci de ceux que nos confrères de la presse écrite ont identifiés comme des éleveurs peulhs Houda dans l’une de leurs parutions du 15 juin 2012.

Selon Le Confident, « ces éleveurs brillent par leurs crapules dans ces régions». Eux qui vilipendaient les groupes politico-militaires d’avoir  saccagé leurs troupeaux de bétails rien qu’à la vue, sont devenus depuis le désarmement de ces anciens combattants les souverains de la région du Nord de la RCA. Le confident d’indiquer que  « les 2 régions sont devenues les zones de prédilection pour les affres des éleveurs transhumants qui se passent pour des maîtres ». Ils se livrent à des actes de terreurs sur les populations de Batangafo et Bozoum avec des incendies de maisons, des destructions de champs, vols et viols. Ils ont aussi réduit en ruine quelques petits villages sur l’axe Carnot/Bouar.

Ces marchands de bétails aux visages multiformes, s’adaptent aux situations comme de vrais prédateurs au vu d’une proie. Des pilleurs en incendiaires, ils sont aussi des coupeurs de routes. Mais les interventions des forces de défense nationale amènent parfois ces truands à changer de stratégie.

A ceux-ci s’ajoutent les Mbararas et les Al Gamba qui sont des peulhs non transhumants mais qui, de leur coté, opèrent comme des impitoyables terroristes dans l’Ouham et l’Ouham Péndé. Une dépêche des journaux évoque que ces Mbararas possèdent des armes de guerre et des chevaux surtout qu’ils « n'y vont pas de main morte ». Les Al Gamba quant à eux sèment la désolation partout où ils mettent pieds. De ce fait, les peulhs deviennent une nouvelle facette de l’insécurité en République Centrafricaine en faisant des sans-abris et en instaurant un climat d’inquiétude parmi les sinistres populations des préfectures de l’Ouham et l’Ouham Péndé fatiguées par les troubles politico-militaires récentes.

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 22:51

 

 

 

 

Centrafrique-Bengassou 0

 

 

La notion de réfugié est relativement moderne, en particulier sur le plan juridique. Pourtant, avant même l’arrivée du colonisateur, l’Afrique a connu de nombreux exodes qui ont marqué son paysage sociodémographique. Le recul de l’historien permet de mieux apprécier l’ampleur de ces phénomènes. Ainsi, dans le nord de l’actuelle République centrafricaine au xixe siècle, les razzias des esclavagistes musulmans ont provoqué des déplacements de population qui ont bouleversé l’habitat, les modes alimentaires et les pratiques agraires. Pour échapper à l’esclavage, les réfugiés de l’époque sont partis vers le Sud et l’Ouest, parfois jusqu’au Soudan, où la mémoire collective a entretenu le souvenir de leur épopée.

Très largement assimilée aux migrations forcées affectant les pays du Sud, la notion de réfugié, au sens moderne du terme, est relativement récente.

Sa construction, en l’occurrence, doit beaucoup à la crise palestinienne de 1948 et à la signature, trois ans plus tard, de la Convention de Genève, qui a régulé les procédures d’asile politique et donné naissance au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Depuis, la terminologie s’est considérablement enrichie en la matière. Ont notamment été distingués le « réfugié» du « déplacé » – suivant qu’une frontière internationale avait été franchie ou non – et la fuite de la migration de travail – suivant la nature coercitive des facteurs de départ : la persécution par un État, en particulier. De nouveaux concepts sont apparus, parmi lesquels le droit d’ingérence, la catégorie des organisations non-gouvernementales et, plus généralement, une doctrine humanitaire qui a supplanté le discours progressiste des associations caritatives d’antan, voire l’oeuvre civilisatrice des missionnaires du temps de la colonisation.

Pour autant, les migrations forcées, spécialement celles étant liées à des conflits politiques, ne datent pas d’hier. À l’instar d’autres régions du monde, le continent noir a connu des bouleversements majeurs que l’on qualifierait aujourd’hui de crises humanitaires, et les Africains d’alors ont réagi avec les moyens du bord, sans assistance internationale 2. Dans la longue durée, l’étude des flux de réfugiés de l’Afrique contemporaine, objets du présent dossier, impose ainsi une remise en perspective dont l’intérêt n’est pas purement historique puisqu’elle permet, par la comparaison, de mettre en évidence quelques différences essentielles. Fondamentalement, il ne s’agit pas là de procéder par analogies simplistes et de dire que les stratégies de survie de l’Afrique ancienne sont équivalentes à celles d’aujourd’hui ou reproductibles dans l’avenir : d’affirmer, par exemple, qu’elles pourraient nous aider à gérer les flux de populations réfugiées en évitant de créer un « syndrome de la dépendance ». Ce serait verser dans un historicisme abusif. En mettant en perspective les crises humanitaires de l’Afrique contemporaine avec celles du passé, notre objectif est beaucoup plus modeste. Il vise surtout à susciter des interrogations.

En guise d’ouverture à un débat sur les conséquences durables des déplacements forcés, l’intention est d’abord de montrer que, avant l’arrivée des Occidentaux, les Africains avaient parfaitement pu gérer par eux-mêmes des situations d’urgence, catastrophes naturelles ou famines résultant de conflits, voire de raids esclavagistes comme dans l’actuelle République centrafricaine au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. Autre hypothèse : les crises humanitaires de l’époque n’ont pas, toutes proportions gardées, été moins terribles que celles d’aujourd’hui, par exemple au Soudan, où l’on assiste d’ailleurs à une résurgence du commerce de l’esclavage et où les razzias d’antan ont pris une résonance singulière dans le contexte d’un pays en guerre 3.

La différence est que ces crises ont été oubliées, ce qui nous amène à revenir plus en détail sur l’une d’entre elles, qui a laissé des marques durables.

Des réfugiés avant l’heure : les victimes des razzias

De la vallée du Nil jusqu’au pourtour du lac Tchad, l’Afrique centrale du XIXe siècle a beaucoup souffert des razzias qui ont suivi l’expansion de l’islam dans la région. Celles-ci ont provoqué des déplacements de population qui, somme toute, n’avaient rien à envier au « grand bouleversement » mfecane de l’expansion zouloue du roi Chaka en Afrique australe ou aux ravages que provoqua la « guerre sainte » du djihad peul en Afrique de l’Ouest à la même époque. Les récits des voyageurs, la littérature coloniale française, les archives disponibles à Ndjamena ou à Bangui, les écrits des chercheurs et les témoignages oraux que nous avons pu recueillir dans les dialectes arabes du Dar-Kouti, au cours des années 1970, témoignent tous de la violence des attaques subies par des peuples comme les Sara du sud du Tchad et les Banda ou les Manza de l’actuelle république de Centrafrique 4.

Menées par des musulmans, de pareilles rafles se sont distinguées des procédures de capture de la traite transatlantique qui s’est développée sur la côte 5. La poussée des esclavagistes en provenance de Khartoum n’en a pas moins pu produire des sortes de « réfugiés avant l’heure », ou de « protodéplacés», qui ont dû se débrouiller par eux-mêmes pour organiser les trajectoires de leur fuite et les modalités de leur réinstallation. Fondée en 1824 par les Égyptiens, Khartoum est en effet devenue la base arrière des seigneurs de guerre sévissant alentour.

À partir de 1850, des marchands ont commencé à s’aventurer plus avant dans le sud et l’ouest du Soudan. Escortés par des armées de mercenaires recrutés sur le tas, ils ont ouvert de nouvelles routes commerciales, qu’ils ont défendues en aménageant des camps fortifiés, appelés zariba en arabe. L’interdiction du commerce de l’esclavage par les Britanniques, conjuguée à l’avancée égyptienne le long du Nil, les a bientôt incités à aller encore plus à l’ouest vers l’Oubangui 6. Sachant l’ampleur des conversions et les interdits du Coran sur l’esclavage des coreligionnaires musulmans, les chefs de razzias ont dû pénétrer de plus en plus loin au coeur de l’Afrique « païenne ». Bras droit de Rahma al-Zubayr, un des seigneurs de guerre soudanais les plus connus de l’époque, Rabih bin Fadl-Allah s’est ainsi établi vers 1876 dans l’est de l’actuelle République centrafricaine afin de contourner les Britanniques sur le Nil en réorientant les flux de la traite vers la Libye, via les sultanats de Bagirmi et de Wadai au Tchad. Avant d’être tué par les Français en 1900, Rabih bin Fadl-Allah a eu le temps de faire des émules comme Muhammad al-Sanusi, qui a fondé sa capitale à Ndele, dans le Dar-Kouti, en 1896, avant d’être lui-même assassiné en 1911.

L’impact de ces razzias a laissé des traces encore perceptibles aujourd’hui si l’on en juge par le faible niveau de peuplement du nord de la République centrafricaine. D’après les données éparses que nous avons pu réunir, plus de 6 000 esclaves ont été, chaque année, exportés de cette région dans la dernière décennie du XIXe siècle 7. Encore ne savons-nous rien du nombre de morts résultant des ravages de la traite musulmane. L’introduction de fusils à répétition après 1900 n’arrangea évidemment pas les choses.

Les refuges de la nature : montagnes et cavernes

Au-delà des répercussions d’ordre démographique, les conséquences des raids esclavagistes dans le Dar-Kouti ont été multiformes : bouleversement de l’habitat, modification des habitudes alimentaires, invention de nouvelles techniques de construction, réformes agraires, reconfiguration géographique des établissements humains, etc. De tels changements, en l’occurrence, se sont développés sans intervention extérieure ni assistance « humanitaire ».

En effet, les populations fuyant les razzias n’ont certainement pas été aussi passives que le colonisateur français a voulu le faire croire ensuite lorsqu’il a prétendu venir à leur secours en « pacifiant » la région, c’est-à-dire en l’occupant militairement. Parmi ces « réfugiés avant l’heure », il y a eu des actes de résistance notables, et il ne faut pas trop se leurrer sur l’invincibilité « légendaire» des attaquants. Ainsi, en 1892 et 1893, les Manza battaient les hommes de Muhammad al-Sanusi ; en 1896, les Sara Ngama infligeaient de sanglants revers à leurs assaillants ; en 1901, encore, les Banda Linda repoussaient l’ennemi jusqu’à la rivière Ouaka, où celui-ci se noya. Les explorateurs français de l’époque ont notamment fait état de pertes assez substantielles dans les rangs des troupes de Muhammad al-Sanusi 8.

Les seigneurs de guerre musulmans ayant pour habitude d’incendier les villages de leurs victimes, la fuite, plus que la résistance, est néanmoins restée le moyen privilégié d’échapper à l’esclavage ou à la mort. Il se trouve que les razzias avaient généralement lieu pendant la saison sèche, quand les déplacements étaient plus faciles et que les « soldats » de Muhammad al-Sanusi n’étaient pas retenus par les travaux des champs. D’une année à l’autre, en outre, les attaquants revenaient rarement deux fois au même endroit. De telles tactiques ont donc laissé aux autochtones une certaine latitude pour trouver un refuge de quelques jours, de quelques semaines ou de quelques mois, en attendant des temps meilleurs.

Le couvert végétal, la densité de la brousse et les particularités géologiques de la région s’y sont bien prêtés. Du Dar-Kouti jusqu’au Kordofan soudanais s’étendent en effet de vastes plaines traversées d’énormes rochers. Découpés et lavés de leur latérite par l’érosion, ces derniers sont difficilement accessibles à pied, et encore moins à cheval. Les peuples alentour leur ont donné des noms bien spécifiques – kaga chez les Banda de Centrafrique, mbia chez les Zande du Soudan – et leur ont prêté des pouvoirs magiques de protection.

Les assiégeants n’ont guère réussi à vaincre la résistance des populations qui s’y étaient réfugiées et qui, au contraire, ont utilisé leur position en hauteur pour mener des contre-offensives. En 1885, par exemple, les hommes de Rabih bin Fadl-Allah ne réussirent pas à déloger les Manza du kaga de Kazembe, qui défirent ensuite, en 1893, les troupes de Muhammad al-Sanusi, y compris lorsque celles-ci revinrent à l’assaut avec des alliés locaux, les Banda Ngao, en 1894 et 1901. Il fallut une expédition militaire française en 1903 pour venir à bout des Manza de Kazembe. Le système avait si bien fait ses preuves que, pour des raisons de sécurité, Muhammad al-Sanusi devait lui-même établir sa capitale sur le kaga de Ndele en 1896 !

Les nombreuses grottes, cavernes et crevasses de la région ont également servi de refuges, finissant même par engendrer, dans la durée, un mode de vie bien particulier. Au tout début du XXe siècle, un explorateur français voyageant le long de la rivière Bamingui mentionnait ainsi des familles troglodytes qui comptaient fort peu de femmes ou d’enfants : et pour cause, ceux-ci ayant été surpris et enlevés par les hommes de Muhammad al-Sanusi 9. Quelques années plus tard, dans le pays des Kresh, près de la confluence du Nil et de l’Oubangui, le gouverneur français de l’époque rapportait l’existence d’un véritable labyrinthe de tunnels en contrebas de la montagne du djebel Mela 10. Dans les années 1970, on pouvait encore visiter ces souterrains qui permettaient, en cas d’attaque, de relier les villageois à des cachettes dans les kaga avoisinants.

Une légende locale prétendait qu’un tunnel de 25 kilomètres partait du nord de Ndele en direction de Koudou au sud-ouest !

Les refuges de l’homme : les villages fortifiés

Un autre mode de refuge a consisté à se regrouper dans des villages fortifiés et a, d’une certaine manière, précipité des phénomènes d’acculturation et de brassage social qui mériteraient d’être comparés aux processus en œuvre dans les formidables concentrations humaines que sont les actuels camps de réfugiés. Avant 1850, la plupart des peuples de la région vivaient très dispersés.

Des Gbaya à l’ouest aux Bada et aux Kresh à l’est en passant, au centre, par les Manza et les Sara, on pratiquait une agriculture extensive et on habitait de petits hameaux à proximité des champs. La multiplication des razzias devait alors produire des concentrations humaines plus larges. Du fait de leur proximité avec les centres d’esclavage qu’étaient les sultanats de Bagirmi et de Wadai, les premiers touchés ont été les Sara, chez qui ce phénomène s’est accompagné d’une centralisation du pouvoir 11. Les Sara Majingaye, par exemple, se sont inspirés du Bagirmi pour se doter d’un leader politique et religieux, le mbang. À la fin du siècle, de tels chefs géraient trois principales «confédérations » de villages sara.

Alternativement, les victimes des raids ont aussi pu aller chercher protection auprès de leurs persécuteurs, avec qui elles ont passé un pacte de non-agression. Ndele, notamment, a accueilli les captifs de guerre de Muhammad al-Sanusi et a fini par devenir l’agglomération la plus importante du nord de l’actuelle République centrafricaine, avec près de 30 000 habitants au début du XXe siècle. À présent, ce n’est plus qu’un village de quelques milliers d’âmes. Mais il s’est sans doute élaboré là une forme d’initiation précoce à la vie citadine. De fait, les regroupements de population dans des villages fortifiés abritant les clientèles du pouvoir ont eu une incidence à la fois urbaine et politique. L’agglomération des déplacés autour des seigneurs de guerre musulmans est, paradoxalement, venue renforcer l’importance des zariba.

Chez les Kresh de l’Oubangui, le camp de Saïd Baldas, visité par le Français Pierre Prins en 1901, offre un exemple éloquent de cette assimilation du pouvoir politique à la ville 12 :

« Connaissant le peu d’importance des villages principaux des Sultanats de Raphaï et de Bangassou, on peut donner le nom de ville au gros bourg qu’est la capitale du Sultanat de Saïd Baldas. [La ville est] fermée par un mur circulaire d’argile limoneuse, épais de 5mètres à la base et de 1mètre au sommet, haut de 5mètres, bordé par un chemin de ronde interne, percé de meurtrières, et garni d’une frise de pointes de bambous acérées ; un fossé large de 6 à 10 mètres et profond de 5 à 8 mètres court au pied du mur ; trois portes aménagées sur la façade ouest sont surmontées par des sortes de tours en tronc d’arbre de 7 mètres d’élévation qui servent d’observatoires ; des portes larges de 3 mètres et hautes de 4 peuvent être closes hermétiquement en un clin d’oeil par des madriers toujours prêts à cet effet.

Cette enceinte, dont je n’ai vu l’équivalent qu’au Baguirmi à Maïnfa, n’est en somme que le tata du Sultan, qui a groupé là, autour de sa propre zériba, celles de ses principaux chefs et des 150 fusiliers ascaris de sa garde ; elle contenait, à l’époque de notre voyage, une population sédentaire de 2 000 âmes, mais certains quartiers qui étaient alors complètement déserts auraient pu facilement loger une population au moins équivalente. [En certaines saisons, m’a-t-on dit,] la population totale [atteignait jusqu’à] 5 000 âmes, ce qui est très possible si l’on en juge d’après les traces des campements. »

Tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle, les habitants de la région ont ainsi abandonné leurs hameaux pour se regrouper dans des villages fortifiés qui tenaient à la fois du camp de réfugiés et de la base militaire.

Dans ces nouveaux établissements, les questions de sécurité l’ont cependant emporté sur les préoccupations liées aux ressources en eau ou à la fertilité agricole des sols. Comme les camps de réfugiés aujourd’hui, les villages fortifiés de l’époque ont été frappés de nombreuses maladies dues à la concentration humaine dans des conditions insalubres. Ndele, la capitale du Dar-Kouti, a, par exemple, connu trois épidémies de variole dans la première décennie du XXe siècle. La maladie n’a pas non plus épargné Grimari, une place forte du pays banda en 1904, et a emporté jusqu’au cinquième de la population de Bangassou, la « capitale » de l’État du Nzakara, le long de la rivière Mbomu, entre 1903 et 1905 13.

Une agriculture de crise : du sorgho au manioc

La redistribution géographique résultant des razzias n’a pas non plus facilité la gestion des famines, endémiques dans cette région de savane où les mauvaises récoltes et les invasions de sauterelles étaient fréquentes. De la même façon que les guerres contemporaines perturbent les circuits économiques et provoquent des ruptures d’approvisionnement, les déplacements au sein de la Centrafrique du XIXe siècle ont beaucoup fragilisé la capacité de production agricole. Autrefois, la population savait éviter le pire en emmagasinant des réserves, en diversifiant les cultures et en s’approvisionnant ailleurs si besoin était. Mais la politique de terre brûlée des seigneurs de guerre musulmans a empêché ce type de subsistance et a laissé les paysans dans un état de grande vulnérabilité. Les Sara, notamment, vivaient tellement dans la crainte d’une attaque qu’ils ne se risquaient plus à aller cultiver leurs champs, ce qui a évidemment causé de nombreuses pénuries 14. Entre 1890 et 1910, les Sara connurent 6 des 23 famines comptabilisées entre 1890 et 1940 15.

Autre ennemi, tout aussi ravageur que les esclavagistes : les sauterelles ! En visite dans le pays des Banziri, le long de la rivière Mbomu, en janvier 1893, un voyageur français racontait par exemple comment il avait été survolé pendant deux heures par un nuage de sauterelles faisant entre 9 et 10 kilomètres de large et 25 à 30 kilomètres de long 16 ! Manioc, sorgho, millet, maïs, banane, et même les plantations de canne à sucre des Zande du Soudan : tout y passait, rien ne restait. Les razzias empêchant de mettre en place des méthodes efficaces de prévention, il fallut changer complètement les techniques agraires.

Les habitants de la région avaient probablement été les premiers au monde à développer pour un usage alimentaire la culture du millet et du sorgho, deux plantes dont la richesse en protéines est désormais reconnue17. Or, de telles cultures n’étaient pas adaptées à un environnement à risque. Fort visibles, elles signalaient à d’éventuels attaquants la présence de fermiers. De plus, elles exigeaient un entretien continu, et il n’était pas question de les abandonner un moment pour échapper à un raid. En outre, les récoltes étaient faciles à couper et à voler. Surtout, elles devaient se faire dans un laps de temps très court, sous peine de voir les plantes pourrir ou être mangées par des oiseaux et des rongeurs 18. Tout cela ne convenait décidément pas à des situations requérant une grande capacité de mobilité pour fuir le danger d’être capturé et emmené en esclavage.

Aussi les autochtones ont-ils parfois dû se résoudre à délaisser leurs plantations et à se replier sur la chasse ou la cueillette, modes d’alimentation rudimentaires et relégués à un rôle purement complémentaire depuis l’essor du sorgho. Pierre Prins, encore une fois, nous livre un exemple révélateur de cette stratégie à l’occasion de sa visite aux Banda d’un village appelé Joungorou, ou Yango Hourou19. Il lui faut franchir une forêt et un véritable mur de ronces pour atteindre des habitations que rien ne signale au monde extérieur. Les villageois, remarque-t-il, ne cultivent pas de champs pour ne pas trahir leur présence.

Ils survivent en chassant, en récoltant du miel sauvage et en échangeant de la viande séchée contre du grain dans le village voisin de Mouvou.

Dans un registre plus actif, une autre stratégie de défense a consisté à remplacer le sorgho par du manioc, bouleversement qui allait révolutionner toute l’histoire de l’agriculture dans la région, à commencer par les Banda au sud, suivis des Manza et des Sara au nord. Malgré sa piètre valeur nutritive, le manioc s’est avéré plus adapté à l’insécurité ambiante. Premier avantage, il pouvait être cultivé sur de petits lopins de terre et ne requérait pas de grandes surfaces dégagées ; la pousse n’était pas très haute et c’était la racine qu’on mangeait, ce qui la rendait plus facile à protéger des regards indiscrets et du vol des maraudeurs. De surcroît, le manioc nécessitait peu d’entretien. Sa récolte se faisait à n’importe quelle période de l’année et donnait des quantités impressionnantes, entre 6 et 40 tonnes l’hectare suivant la qualité des sols 20.

À la fin du XIXe siècle, le manioc était donc devenu la nourriture de base. Selon Charles Tisserant, il était en 1850 cultivé seulement dans le sud-ouest de l’actuelle République centrafricaine, d’où il s’étendit vers le nord et l’est du bassin de l’Oubangui, atteignant les Banda, les Bambari et les Mangbetu vers 1880 21. Chez les Manza, on rapporte que, dans les temps anciens, on cultivait exclusivement du millet et que l’usage du manioc venait des Banda.

L’importance du millet dans les rituels de circoncision et de célébration des ancêtres en pays manza suggère effectivement une apparition tardive du manioc. Les deux cultures ont commencé à coexister un peu avant 1900 si l’on en croit les récits des voyageurs de l’époque.

La domination du manioc a alors survécu à la pacification coloniale, ce qui est significatif de l’impact d’une révolution alimentaire ne devant rien à des procédures internationales d’assistance humanitaire. Le paradoxe, pourtant, est que le manioc avait initialement été importé d’Amérique avec la traite transatlantique ! Dans l’intérieur de l’Afrique, il a suivi le chemin inverse des esclavagistes qui descendaient vers la côte vendre leurs cargaisons humaines.

En Centrafrique, il a finalement permis aux autochtones d’échapper aux razzias musulmanes : en particulier parce que, facile à transporter, on l’a emmené avec soi lorsqu’il a fallu prendre la fuite.

Des stratégies migratoires : de la fuite à la réinstallation

Fondamentalement, la migration et la réinstallation permanente ont en effet compté parmi les stratégies les plus couramment utilisées pour ne pas tomber entre les griffes des seigneurs de guerre musulmans. À partir de témoignages recueillis oralement, beaucoup a déjà été écrit sur le sujet, aussi nous contenterons-nous d’énumérer les principales caractéristiques de ce vaste mouvement. Qu’il s’agisse des premiers voyageurs dans la région – Browne à la fin du XVIIIe siècle, el-Tounsy peu après, Barth en 1865 et Nachtigal ensuite –, des militaires français vers 1900, des autorités pendant la colonisation ou des chercheurs arrivés après l’indépendance, tous décrivent d’impressionnantes trajectoires migratoires : un exode dont le caractère tragique vaut bien L’Iliade ou la grande geste de Sundiata et dont l’ampleur n’est pas, d’une certaine manière, sans évoquer les brassages résultant des déplacements forcés d’aujourd’hui 22.

Dans le sud du Darfour, les Binga, les Yulu et les Kara disent par exemple avoir vécu beaucoup plus au nord avant d’avoir dû fuir les razzias musulmanes.

De pareilles histoires circulent également parmi les Goula des lacs Mamoun et Iro, dans le sud-est de l’actuelle république du Tchad. Ceux restés sur place ont soit trouvé un abri dans les marais près des lacs, soit payé un tribut en esclaves aux sultanats du Wadai et du Darfour. Les Sara aussi racontent avoir été chassés par les musulmans vers le sud ; malheureusement pour eux, ils devaient s’établir sur un territoire, le Dar-Kouti, qui allait devenir le fief de Muhammad al-Sanusi.

Plus au sud, le long de l’Oubangui en direction du Nil, les Kresh, eux, ont d’abord fui Rabih bin Fadl-Allah et sont partis vers l’ouest à partir des années 1870. Comme les Sara, cependant, ils ont été rattrapés par les hommes de Muhammad al-Sanusi, ce qui les a vite obligés à revenir vers l’est dans les années 1900, laissant peu de traces dans la région. Les Manza et les Banda ont des trajectoires assez similaires. Fuyant les razzias du Nord, les Banda se sont retrouvés sur les terres de Rabih bin Fadl-Allah et de Muhammad al-Sanusi dans le sud-ouest du Darfour. Ils ont donc dû poursuivre leur exode vers l’ouest, où ils ont rejoint les Manya et les Gbaya, qui étaient eux-mêmes en train de fuir vers le sud et l’est pour échapper aux pillages des Bagirmi et aux incursions peules en provenance du Borno. En conséquence, les Banda ont été contraints de se diviser en petits groupes afin de s’éparpiller dans les vallées de la rivière Oubangui et de ses affluents. En 1958, les densités de population en disaient long à ce propos, puisqu’elles étaient de 12,1 habitants au kilomètre carré dans le district de Mobaye où les Banda avaient trouvé refuge, dans le sud-est de l’actuelle République centrafricaine, contre une moyenne de 1,86 à l’échelle de l’ensemble de la colonie d’Oubangui-Chari 23. Premières victimes des razzias musulmanes jusque dans les années 1920, les régions Nord et Est étaient presque désertes. Elles le sont encore aujourd’hui.

Des conséquences durables

Si les traces laissées par de pareils exodes paraissent évidentes et durables, elles ne nous permettent pas cependant de juger de l’efficacité des stratégies de survie et de fuite que les réfugiés de l’époque ont mises en oeuvre sans le concours d’une assistance « humanitaire » extérieure. Beaucoup de gens ont été tués ; d’autres n’ont jamais pu renouer avec une vie normale. À quelques exceptions près, peu de paysans se sont physiquement dressés contre les esclavagistes, et le commerce de la traite a progressé jusqu’au début du XXe siècle.

En même temps, il faut se défier des exagérations de la mémoire collective ou du colonisateur, qui a ainsi justifié sa «mission civilisatrice » en Afrique.

Si les autochtones ont souvent payé de leur vie leurs tentatives de résistance à l’envahisseur, ils ont également montré que les seigneurs de guerre musulmans n’étaient pas invincibles. Surtout, les populations en fuite ont privé les assaillants de butin. Le désert démographique que l’on observe à présent dans le nord de la République centrafricaine n’est pas entièrement dû à la ponction des esclavagistes ; il résulte aussi d’une stratégie de fuite et de retrait qui devait aboutir au regroupement des populations et à la formation de villages fortifiés.

Ce dernier point n’est pas négligeable car, conjugué à une restriction d’accès aux ressources locales, il a eu de terribles conséquences sur le plan de la santé publique, avec une prolifération des maladies liées à l’usage d’eaux contaminées ou à l’accumulation de déchets humains et animaux. En l’absence de données sur les taux de mortalité de la période précoloniale, on chercherait en vain à apprécier l’efficacité des replis tactiques en milieu rural ou proto-urbain en comparant les gains et les pertes.

Àdire vrai, les questions de fonds que soulève le cas de la Centrafrique au XIXe siècle s’inscrivent de toutes façons dans un autre registre. Autant il serait hasardeux d’imaginer que les stratégies du passé peuvent nous aider à repenser les modes d’assistance aux populations confrontées à des situations de crise, autant une analyse historique nous éclaire, rétrospectivement, sur l’importance structurante que la machine humanitaire a prise depuis dans l’encadrement des réfugiés.

Les procédures de l’aide gouvernementale ou privée tentent aujourd’hui de répondre aux besoins les plus immédiats en période d’urgence. Mais elles ont des résultats moins heureux eu égard à ce qu’on appelle le « syndrome de la dépendance », qui a façonné toute une culture de l’assistance au détriment des solutions locales, des perspectives à long terme et des réponses endogènes aux crises africaines. Aussi troublante est l’image négative que les opérations humanitaires propagent à travers l’image d’un continent peuplé de « hordes sauvages » et irrémédiablement enlisé dans des conflits ancestraux, voire primitifs. À partir du XVIe siècle, en l’occurrence, de tels clichés avaient déjà servi à justifier les interventions étrangères, depuis la traite des esclaves jusqu’à la colonisation en passant par les mouvements abolitionnistes et missionnaires.

La perpétuation de ces stéréotypes vise sans doute à sensibiliser l’opinion publique et les donateurs en vue de monter des actions humanitaires. Le problème est qu’elle nourrit par la même occasion de vieux préjudices contre l’Afrique et dessert peut-être sa cause 24.

Par contraste, la profonde historicité des migrations de fuite nous conduit surtout à affirmer que les « réfugiés » africains d’antan n’ont pas été des victimes passives et irrationnelles. Les stratégies de fuite du temps passé ne nous interdisent d’ailleurs pas de dresser certains parallèles, sans pour autant verser dans l’historicisme. Elles nous invitent par exemple à la comparaison en ce qui concerne les modalités de regroupement des réfugiés – dans des villages fortifiés autrefois ou des camps aujourd’hui – et les changements d’habitudes alimentaires – liés à des techniques de « camouflage agraire » ou, au contraire, à une perfusion humanitaire s’avérant destructrice pour l’agriculture locale. L’intérêt de tels rapprochements est de reconsidérer les effets induits de l’aide et de les replacer dans la longue durée. En effet, une différence essentielle par rapport à l’Afrique ancienne tient à l’apparition de nouveaux acteurs structurants en matière de déplacements forcés, principalement l’État – colonial puis post-indépendance – et les organisations humanitaires : le premier en tant que producteur de frontières, de citoyenneté, de lois, de coercition et de guerre ; le second en tant que pourvoyeur d’assistance, de normes et de changement social, toutes choses que les articles suivants étudient avec plus de précision

Dennis D. Cordell

Southern Methodist University, Dallas, Texas

Traduction de Marc-Antoine Pérouse de Montclos

 

1. Je dédie cet essai aux musulmans et non-musulmans de Ndele dans la sous-préfecture de Dar-Kouti, en République centrafricaine, où j’ai pu assister, en 1974, à de réels efforts de réconciliation en dépit des drames et des conflits du passé. Je tiens aussi à remercier mon partenaire Gary W. Irvin pour ses encouragements et ses conseils avisés quant à la façon de jongler entre la recherche, l’enseignement et l’administration.

2. M.-A. Pérouse de Montclos, «A crisis of humanitarianism », Forum for Applied Research and Public Policy, été 2001, p. 100.

3. O. Weber, Soudan : les enfants esclaves, Paris, Éditions Mille et Une nuits, 1999 ; Human Rights

Watch/Africa, Children of Sudan : Slaves, Street Children and Child Soldiers, New York, Washington, Los Angeles, Londres, Bruxelles, Human Rights Watch, 1995.

4.A. A. Sikainga, The Western Bahr al-Ghazal under British Rule, 1898-1956, Athens, Ohio, Ohio University Monographs in International Studies, 1991 ; D. Cordell, « Eastern Libya, Wadai, and the Sanusiya : a Tariqa and a trade route », Journal of African History, 18 (1), 1977, pp. 21-36 ; D. Cordell, « Blood partnership in theory and practice : the expansion of muslim power in Dar al-Kuti », Journal of African History, 20 (3), 1979, pp. 379-394 ; D. Cordell, « The savanna belt of North Central Africa », in D. Birmingham et M. Phyllis (eds), History of Central Africa, vol. 1, Londres, Longman, 1983, pp. 30-74 ; D. Cordell, Dar al-Kuti and the Last Years of the Trans-Saharan Slave Trade, Madison, The University of Wisconsin Press, 1985 ; D. Cordell, « The labor of violence : Dar al-Kuti in the nineteenth century », in C. Coquery-Vidrovitch et P. E. Lovejoy (eds), The Workers of African Trade, Beverly Hills, Sage Publications, 1985, pp. 169-192 ; D. Cordell, «Warlords and enslavement : a sample of slave raiders from eastern Ubangi-Shari, 1870-1920 », in P. E. Lovejoy (ed.), Africans in Bondage : Studies in Slavery and the Slave Trade, Madison, African Studies Program and The University of Wisconsin Press, 1986, pp. 335-369 ; D. Cordell, « The delicate balance of force and flight : the end of slavery in Eastern Ubangi-Shari », in S. Miers et R. Roberts (eds), The End of Slavery in Africa, Madison, The University of Wisconsin Press, 1988, pp. 150-171.

5. Nous préférons à cet égard parler de raids musulmans plutôt qu’islamiques afin de ne pas assimiler les méfaits de l’esclavage à une religion en particulier. Certes, l’islam cautionne l’asservissement des non-musulmans. Mais alors on pourrait tout aussi bien parler d’un esclavage chrétien à propos de la traite transatlantique. Dans un cas comme dans l’autre, on a cherché à déshumaniser le « païen » afin de mieux le réduire en esclavage.

6. S. Santandrea, A Tribal History of the Western Bahr el-Ghazal, Bologna, Centro Librario dei Missionaria Comboniani, 1964, pp. 18-19.

7. Voir les estimations des premiers administrateurs français en poste dans le Dar-Kouti : É. Julien, « La situation économique du Dar-el-Kouti », Afrique française : renseignements coloniaux, 14 (1), janvier 1904, p. 38, et « Mohamed-es-Senoussi et ses États », Bulletin de la société des recherches congolaises, n° 10, 1929, pp. 69-70 ; Modat, « Une tournée en pays Fertyt », Afrique française : renseignements coloniaux, 6 juin 1912, p. 232.

8. A. Chevalier, Mission Chari-Lac Tchad, 1902-1904. L’Afrique centrale française. Récit du voyage de la Mission, Paris, Augustin Challamel, 1907, pp. 281-282.

9. P. Prins, « Les troglodytes du Dar Banda et du Djebel Mela », Bulletin de géographie historique et descriptive, 1909, pp. 17-18.

10. Modat, « Une tournée en pays Fertyt », Afrique française : renseignements coloniaux, 22 (5), mai 1912, p. 185.

11. J.-P. Magnant, La Terre sara, terre tchadienne, Paris, L’Harmattan, 1986, pp. 62, 163-166, 182-184, 189-206.

12. P. Prins, « Relation du voyage de l’Administrateur P. Prins à Said-Baldas et dans le bassin de la Haute-Kotto (1901), précédée d’une note de M. l’Administrateur Bruel », Bulletin de la société des recherches congolaises, n° 6, 1925, pp. 138-140.

13. P. Kalck, Historical Dictionary of the Central African Republic, T. O’Toole (trad.), Metuchen, New Jersey, Scarecrow Press, 1980, p. 123.

14. P. Lapie, My Travels in Chad, Londres, John Murray, 1943, p. 69.

15. M. Azevedo, « Sara demographic instability as a consequence of french colonial policy in Chad,

1890-1940 », Ph.D., Duke University, 1976, pp. 284-285.

16. J. M. de Crussol, duc d’Uzès, Le Voyage de mon fils au Congo, Paris, Plon, 1894, p. 215.

17. J. R. Stemler, A. B. L. Harlan et J. M. J. deWet, « Caudatum sorghums and speakers of chari-nile languages in Africa », Journal of African History, 1975, n° 16, pp. 175-182.

18. C. Prioul, Entre Oubangui et Chari vers 1890, Paris, Société d’ethnographie, 1981, pp. 93-96.

19. P. Prins, « Relation du voyage de l’Administrateur P. Prins à Said-Baldas… », art. cit., p. 157.

20. Des agronomes ont ainsi décrit des cycles de production s’étalant sur quatre ans. Voir M. Georges, « La vie rurale chez les Banda », Les Cahiers d’outre-mer, 16 (64), octobre-décembre 1963, p. 346.

21. C. Tisserant, « L’agriculture dans les savanes de l’Oubangui », Bulletin de l’Institut des études centrafricaines (Brazzaville), nouvelle série, n° 6, 1953, p. 27.

22. W. G. B. Browne, Travels in Africa, Egypt, and Syria from the Year 1792 to 1798, Londres, T. Cadwell,

1806 ; M. ibn Omar el-Tounsy, Voyage au Darfour, S. Perron (trad.), Paris, Duprat, 1845 ; M. ibn Omar el- Tounsy, Voyage au Ouaday, S. Perron (trad.), Paris, Duprat, 1851 ;H. Barth, Travels and Discoveries in North and Central Africa, 3 volumes, Londres, Frank Cass, 1965 ; G. Nachtigal, Sahara and Sudan IV :Wadai and Darfur, A. G. B. Fisher et H. J. Fisher (trad.), Londres, Berkeley/ Los Angeles, C. Hurst and University of California Press, 1981 ; G. Nachtigal, Sahara and Sudan III : the Chad Basin and Bagirmi, A. G. B. Fisher et H. J. Fisher (trad.), Londres et Atlantic Highlands, New Jersey, C. Hurst and Humanities Press International, 1987 ; F. Fresnel, «Mémoire sur le Waday: notice historique et géographique sur le Waday et  les relations de cet empire avec la côte septentrionale de l’Afrique », Bulletin de la société de géographie de Paris, 3 (11), 1849, pp. 5-75 ;M. Delafosse, Enquête coloniale dans l’Afrique française, Paris, Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1930 ; F. Gaud, Les Mandja (Congo français), Bruxelles, de Wit, 1911 ; « Mohamed-es-Senoussi et ses États », Bulletin de la société des recherches congolaises, n° 7, 1925, pp. 104-177 ; T. Giles-Vernick, « Na lege ti guiriri (on the road of history), mapping out the past and present in M’Bres Region, Central African Republic », Ethnohistory, 43 (2), pp. 245-75.

23. P. Kalck, « Histoire de la République centrafricaine, des origines à nos jours », thèse de doctorat,Université Paris-I-Sorbonne, vol. 1, 1970, pp. 171-172, 212-213 et 244.

 

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 21:19

 

 

 

 

 

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Radio Ndéké Luka Vendredi, 08 Juin 2012 15:02

Les éléments de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) ont mis la main sur 4 des 5 pilleurs de l’ONG Ami basée à Ndele (nord). La capture s’est produite 7 jours après que ces bandits aient attaqué la base de cette ONG et importé plusieurs biens.
Les biens pillés sont entre autres 2 panneaux solaires, 2 véhicules de marque Land-Cruiser, un téléphone satellitaire et 2 fûts de gas-oil. Les bandits ont immédiatement restitué les biens volés une fois appréhendés.

Selon le correspondant de Radio Ndeke Luka qui a relayé l’information ce 9 juin 2012, « les voleurs sont venus du Soudan (pays frontalier situé au nord du pays). Ils ont été  hébergés pendant 10 jours par des complices autochtones avant de commettre leur forfait. Les malfrats sont en possession des déclarations de pertes des véhicules volés et des « laisser passer » dûment délivrés par les autorités locales ».

Cette situation a été vigoureusement dénoncée par Abdoulaye Hisseine, président de la CPJP. Pour lui, «il est inadmissible que les autorités de Ndele sensées assurer la sécurité des biens et des personnes puissent agir de la sorte. A ce jour, les malfrats sont gardés à la base militaire de cette ex-faction rebelle. Ils seront remis à la Justice une fois que le dernier en cavale sera appréhendé ».

La CPJP est l’une des ex-factions rebelles signataires d’un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement centrafricain. Elle opère de commun accord avec les Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans cette région durement affectée pars des crises militaro-politiques.
Il faut dire l’ONG Ami n’est pas la seule victime d’un tel pillage. Dans un passé récent, les bases des ONG humanitaires comme Triangle Génération Humanitaire et le Comité International de la Croix Rouge (CICR,) présentes dans la ville de Birao (nord) ont vécu des attaques similaires.

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 18:08

 

 

 

 

 

Pont quartier Langbassi Pétévo cassé

 

pont sica3

 

Radio Ndéké Luka Mercredi, 06 Juin 2012 14:18

Plus de 105 Kilomètres  de route  qui relie la  sous-préfecture de Bouca à son Chef-lieu Bossangoa (nord-ouest) sont ces derniers temps dans un état de délabrement très avancé. Le tronçon de route servant de liaison aux 2 villes s’est, avec les récentes précipitations,  gravement dégradé. Tenant compte de la détérioration actuelle, le pire ne saurait être épargné si rien ne se fait du côté des autorités centrafricaines.

Le correspondant de Radio Ndeke Luka a pu constater les faits jeudi dernier avec plus de trois véhicules venant de Bouca qui s’étaient embourbés respectivement à 30 et 35 Km de Bossangoa. Les trafiquants qualifient  de crève-cœur l’état de la route et  laissent entendre  qu’ils changeront aussi vite qu’ils le peuvent d’itinéraire si aucune réfection ne se fait dans les jours qui viennent.

Les populations de Bouca, Dékoua voir Bossangoa ne peuvent en ce moment dissimuler leurs  inquiétudes. Elles se disent dépassées par l’énormité de la distance, et ne peuvent pas réussir une réparation manuelle pour empêcher une telle catastrophe de se produire. Impuissantes, les populations attendent désespérément que le gouvernement leur vienne à l’aide. Un conducteur de taxi-brousse se désole par ces termes : «  nous ne savons pas exactement ce que font nos dirigeants, les routes sont là en train de se changer en trous et ils laissent évoluer la situation. Ma petite voiture qui me nourrit ne pourra pas faire cette route d’ici la semaine prochaine avec ces énormes trous boueux ».

Ce désastre va-t-il être réparé le plus tôt possible afin que les populations, les trafiquants et les commerçants des localités et autres puissent librement circuler ?

A Radio Ndeke Luka, une source proche du ministère des travaux publics centrafricains qui préfère l’anonymat laisse entendre qu’« un travail de réhabilitation des travaux publics est en train de se faire entre Dékoua et Bouca. D’où jusqu’en 2013, l’axe de Bouca à Bossangoa sera totalement mis en état de circulation ». Cette déclaration fait comprendre que les populations et les trafiquants des localités ont encore plus de 5 mois de calvaire à  affronter avant toute intervention.

Loin de l’Axe Bouca/Bossangoa entres autres, les lignes Carnot/Berberati et Boda/ Nola s’abîment aussi au gré de la nature. Ce qui est fâcheux, c’est que cela passe au vu et au su des autorités de la région.

Depuis plusieurs mois, de nombreux transporteurs centrafricains ont cessé de fréquenter ces routes considérablement délabrées par peur de démolir leurs camions. Ce problème des voies routières peu praticables désavantage aussi  les institutions publiques des régions concernées dont les recettes sont conditionnées par l’emprunt de ladite voie.

En dépit de tout, il est aussi à  rappeler que même dans la capitale centrafricaine Bangui, l’état des routes goudronnées ou non laisse à désirer. C’est également le cas de nombreux ponts cassés, dont ceux de Yapélé et Castors-Gbakondja qui créent de longs détours inutiles aux les habitants de Bangui.

 

NDLR : C’est un pays abandonné par ses pseudos autorités. Que font les ministres de ces départements ? Que fait le gouvernement ? Tous les secteurs dont ils ont la charge sont en faillite. Santé, transports, éducation nationale, économie, agriculture, défense. Ce sont des preuves tangibles de la faillite de ce régime Bozizé qui n’a plus rien à faire à la tête du pays. Que sont devenues les promesses faites par Bozizé et le KNK lors de la dernière mascarade électorale de 2011 ?

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 17:44

 

 

 

 

 

 

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Ch Ndouba

 

 

Radio Ndéké Luka Mercredi, 06 Juin 2012 14:24

Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain, MLPC monte au créneau et dénonce ce 6 juin 2012, ce qu’il qualifie de « drame humanitaire » qui se pointe à l’horizon.

Dans une déclaration publiée le 2 juin dernier, le MLPC accuse le président François Bozizé et son régime d’être à l’origine de la crise alimentaire en République Centrafricaine.

Selon Christophe Ndouba, membre du bureau politique du MLPC et ancien député interrogé par Radio Ndeke Luka, son parti explique cette situation par le fait que le pouvoir de Bangui n’ait pas su prévenir les choses à temps. Le pays manque ainsi d’une politique cohérente en matière agricole et une politique économique acceptable prenant en comptant les échanges entre les régions.

Outre cette accusation, le MLPC propose tout de même des solutions notamment le démantèlement des barrières illégales de racket sur tous les axes routiers, le démantèlement du marché à bétail de PK 22. Le MLPC propose également la subvention par l’Etat des denrées de première nécessité et l’indexation des salaires sur le coût réel de la vie.

Il faut dire que la déclaration du MLPC intervient au moment où le gouvernement réajuste les prix des produits pétroliers. Dans un passé récent, un membre du gouvernement avait affirmé que le centrafricain devrait désormais manger 3 fois par jour, des propos qui sont loin de refléter la réalité selon les observateurs de la vie politique du pays.

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 01:20

 

 

 

 

bria3

 

 

 

Radio Ndéké Luka Jeudi, 31 Mai 2012 15:27

 

Les attaques à mains armées perpétrées par les coupeurs de route sur les commerçants sur l’axe Amdofock-Soudan/Birao (extrême-nord) deviennent monnaie courante ces derniers temps. Un groupe d’opérateurs économiques en provenance d’Amdafock-Soudan a été victime aux environs de 14 heures du 29 mai 2012, d’une attaque de la part de ces bandits de grand chemin. Une attaque commis au village Kafragada 20 kilomètres de la ville de Birao.

 

Le bilan du forfait fait état de 2 personnes grièvement blessées et des biens matériels dont plusieurs marchandises ont été emportées. Dépourvues de tout, les victimes ont été abandonnées à leur triste sort.

 

« Alertée, la force tripartite basée à Birao a effectué un déplacement sur les lieux. Les militaires ont seulement ramené les victimes surtout blessées. Car, les malfrats ont simplement disparu avec leur butin », a expliqué ce 31 mai 2012, le correspondant de Radio Ndeke Luka.

 

Face à cette situation, les habitants de la ville de Birao et ses périphéries s’interrogent toujours sur la présence de la force tripartite Tchad, Soudan République Centrafrique. Car, malgré sa cette présence des attaques du genre se multiplient.

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 00:06

 

 

 

 

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Radio Ndéké Luka Jeudi, 31 Mai 2012 14:51

Les centrafricains qui espéraient un aéroport digne de leur capitale devront encore attendre. Le ministre délégué à la présidence de la République, chargé de l’aviation civile et du transport aérien, Théodore Jousso, a annoncé devant les députés que les travaux de mise à niveau et de modernisation des infrastructures de l’aéroport Bangui-Mpoko, pourraient démarrer au début de l’année 2016.

Cette déclaration a été faite le mardi 29 mai 2012, à Bangui, lors de l’adoption par les députés, du projet de loi portant création de la Société de développement des infrastructures aéroportuaires de Centrafrique (SODIAC) et qui devrait réaliser les travaux.

Selon l’agence centrafricaine de presse (ACAP) qui rend compte des explications du ministre délégué face au parlement, la SODIAC a contracté un prêt de 40 milliards Fcfa (soit environ 61 millions d’euros) dont 34 milliards Fcfa, auprès d’Exim Bank de la République populaire de Chine, soit environ 85% du financement. Il a précisé que le reste des fonds est à rechercher par la société auprès de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC).

Le membre du gouvernement centrafricain a souligné que ce projet consiste à réaliser des travaux devant permettre d’améliorer les conditions de vols et les infrastructures de l’aéroport Bangui-Mpoko. Il s’agit notamment de la piste d’atterrissage, des salles d’embarquement, des boutiques et des bars.

Il a fait savoir que tous ces travaux pourront faciliter et accroître la fréquentation de l’aéroport Bangui M’Poko d’une part, répondre aux normes de sécurité d’autre part, car le projet procédera à la clôture de l’aéroport. De même, pour renforcer la sécurité, les dispositions seront prises afin d’opérer des fouilles systématiques à l’entrée et à la sortie de l’aéroport, afin de permettre aux usagers ou aux passagers d’accéder librement et sans difficultés aux structures commerciales.

L’ACAP précise que la SODIAC est une société d’Etat qui a pour objectifs entre autres de gérer les recettes collectées par l’Association internationale des transports aériens (IATA), afin d’assurer le développement des infrastructures aéroportuaires. Cette société est également chargée de mobiliser des ressources extérieures devant contribuer à réaliser de grands projets d’infrastructures aéroportuaires en vue de permettre à l’aéroport Bangui M’Poko de répondre aux normes internationales.

L’aéroport Bangui-M’Poko a été construit en 1967 et a connu des aménagements sur la piste d’atterrissage en 1987. Depuis cette date, les infrastructures sont restées en l’état et subissent les dégradations inhérentes à l’usure du temps : détérioration accélérée des chaussées aéronautiques, faute de l’entretien programmé tous les 15 ans, problème d’étanchéité de la toiture du bâtiment principal de l’aéroport… etc). Ces infrastructures ne répondent plus, loin s’en faut, aux besoins d’exploitation d’un aéroport international moderne.

 

Centrafrique: Bientôt le démarrage des travaux de mise à niveau et de modernisation des infrastructures de l’aéroport Bangui-Mpoko

Bangui, 30 mai (ACAP)- Le ministre délégué à la présidence de la République, chargé de l’aviation civile et du transport aérien, Théodore Jousso, a annoncé que les travaux de mise à niveau et de modernisation des infrastructures de l’aéroport Bangui-Mpoko, pourraient démarrer au début de l’année 2016.

Cette déclaration a été faite le mardi 29 mai 2012, à Bangui, lors de l’adoption par les députés, du projet de loi portant création de la Société de développement des infrastructures aéroportuaires de Centrafrique (SODIAC) qui devrait réaliser les travaux. 

 Le ministre délégué, Théodore Jousso, a fait savoir que  la SODIAC a contracté un prêt de 40 milliards Fcfa dont 34 milliards Fcfa, auprès d’Exim Bank de la République populaire de Chine, soit environ 85% du financement. Il a précisé que  le reste des fonds est à rechercher par la société auprès de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC).

Selon les explications du ministre délégué, « il faut compter d’ici trois ans, lorsque le gouvernement va signer la convention avec les différentes institutions bancaires, pour que la réalisation des travaux débute fin 2015 début ».

Le membre du gouvernement a souligné que ce projet consiste à réaliser des travaux devant permettre d’améliorer les conditions de vols et les infrastructures de l’aéroport Bangui-Mpoko. Il s’agit notamment  de la piste d’atterrissage, les salles d’embarquement, les boutiques et les bars.

Il a fait savoir que tous ces travaux pourront  faciliter et accroître la fréquentation de l’aéroport Bangui M’Poko d’une part, répondre aux normes de sécurité d’autre part, car le projet procédera à la  clôture de l’aéroport.  De même, pour renforcer la sécurité, les dispositions seront prises afin  d’opérer des fouilles systématiques à l’entrée et à la sortie de l’aéroport, afin de permettre aux usagers ou aux passagers d’accéder librement et sans difficultés aux structures commerciales.

 Précisons que la SODIAC est une société d’Etat qui a pour objectifs entre autres de gérer les recettes collectées par l’Association internationale des transports aériens (IATA), afin d’assurer le développement des infrastructures aéroportuaires. Cette société est également chargée de  mobiliser des ressources extérieures devant contribuer à réaliser de grands projets d’infrastructures aéroportuaires en vue de permettre à l’aéroport Bangui M’Poko de répondre aux normes internationales.

 Construit en 1967, l’aéroport Bangui-M’Poko a connu des aménagements sur la piste d’atterrissage en 1987.

Depuis cette date, les infrastructures sont restées en l’état et subissent les dégradations inhérentes à l’usure du temps (détérioration accélérée des chaussées aéronautiques, faute de l’entretien programmé tous les quinze (15) ans ; problème d’étanchéité de la toiture du bâtiment principal de l’aéroport; etc). Ces infrastructures ne répondent plus aux besoins d’exploitation d’un aéroport international moderne.

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