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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 11:21

 

 

 

 

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RFI  jeudi 04 avril 2013 Boniface Vignon

 

Dix jours après avoir été chassé du pouvoir par un coup d'Etat, le président François Bozizé s'exprime depuis Yaoundé où il a trouvé provisoirement refuge. L'ex-président centrafricain accuse le Tchad d'avoir orchestré le coup d'Etat, et exige d'être rétabli dans ses fonctions. Il réclame des élections dans les plus brefs délais.


RFI : Vous mettez directement en cause le Tchad, les forces spéciales tchadiennes, quels sont les éléments de preuve que vous avez pour affirmer cela ?

 

François Bozizé : Nous connaissons la capacité militaire de la Seleka que nous avons déduite le samedi 23 mars. Mais le dimanche 24, ce sont des éléments nouveaux qui sont arrivés, avec des véhicules neufs, de l’armement neuf, une trentaine, quarantaine de pick-up équipés, ils ont traversé plusieurs villes avant d’atteindre Bangui; ils ont traversé des villes au Tchad, comme en Centrafrique. Or nous avons des antennes ici et là, la gendarmerie, la police, qui nous ont informés que cette fois ci, ce n’est plus la Seleka, mais que ce sont des éléments tchadiens qui vont en direction de Bangui.

 

Ce sont des accusations graves, vous aviez pourtant de bonnes relations avec le Tchad ?

 

Nous avons de bonnes relations avec le Tchad, et nous sommes surpris de voir le Tchad qui nous agresse. Nous avions des relations particulières avec ce pays, cela je ne peux pas le nier.

 

Aviez-vous un différend particulier avec le président Déby ?

 

A ma connaissance, non. C’est une question qu’on peut poser aux autorités tchadiennes.

 

D’aucuns affirment que vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même, parce que vous n’avez pas respecté les accords de Libreville.

 

C’est un complot habilement monté, tout simplement. S’il y a quelqu’un qui a bien respecté les accords de Libreville, c’est bien Bozizé ! Le gouvernement a été dissous, le Premier ministre a été désigné, venant de l’opposition, le nouveau gouvernement a été désigné, tout le monde travaillant ensemble, en harmonie. C’est bien la Seleka qui n’a pas respecté les accords de Libreville, et cela d’ailleurs, depuis le premier sommet extraordinaire de Ndjamena.

Que disait ce sommet ? Que les rebelles puissent cesser les hostilités et repartir à la case départ. Est-ce qu’ils l’ont respecté ? Les accords de Libreville disent bien regroupement, cantonnement et commencer le DDR (Processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion compris dans les accords de Libreville). Est-ce que cela a été fait ? Et la ligne rouge de Damara, qui l’a traversée pour atteindre Bangui ? C’est la Seleka qui a traversé la ligne rouge en présence de forces de la Micopax (Mission de consolidation de la paix en Centrafrique). On peut nier cela ? Soyons sincères. Les choses sont claires, les choses sont simples. Qu’est ce qu’on me reproche ? Je ne vois rien d’autre derrière tout cela que la méchanceté de l’homme, la convoitise de nos richesses.

 

La convoitise de vos richesses par le Tchad ?

 

Je suis agressé. Seuls les agresseurs peuvent dire pourquoi ils m’ont agressé. Pourtant, j’ai de bonnes relations avec le Tchad, comme avec le Congo, comme avec le Gabon, la Guinée équatoriale, le Cameroun et d’autres pays. Tous les biens qui ont été pillés ont traversé les frontières du Tchad et du Soudan. Pourquoi à la frontière, personne n’a pu arrêter ces gens et renvoyer tout le matériel pillé ; véhicules, frigidaires, climatiseurs, que sais-je ?

 

Les forces sud-africaines que vous avez acceptées sur le territoire centrafricain étaient censées repartir. Pourquoi sont-elles restées ? Leur départ était une des clauses de accords de Libreville ?

 

Les accords de Libreville disent bien que ce n’est que lorsque la sécurité sera redevenue normale que l’on pourra faire repartir les forces sud-africaines. Les forces sud-africaines sont en République centrafricaine depuis bientôt cinq ans. Nous avons signé avec la République sud-africaine un accord de défense. C’est dans ce cadre que ces forces sont à nos côtés pour nous aider à faire face à la situation.

 

Vous parlez d’accord de défense, mais les forces sud-africaines devaient assurer la formation de l’armée centrafricaine et non défendre le palais présidentiel.

 

L'accord de coopération qui concerne la formation militaire, ils l’ont fait. Pour ce qui concerne l’accord de défense, lorsque nous sommes agressés, nous pouvons faire appel au pays avec lequel nous avons signé un tel accord de défense. Nous avions signé un tel accord avec la France. Mais depuis deux ou trois ans, nous avions révisé cet accord de défense et nous n’avons plus que des accords de coopération avec la France.

 

Que souhaitez-vous maintenant, être réinstallé comme président de la République ?

Je souhaite le retour à la légalité constitutionnelle. Ne pas le faire signifie que c’est la jungle à travers l’Afrique. Reconnaître ces rebelles, ce n’est pas dans l’esprit de ce que défend l’Union africaine et toutes les institutions africaines et internationales. Je souhaite qu’on aille aux élections le plus rapidement possible et que le meilleur gagne.

 

Combien de temps faudrait-il dans votre pays, selon vous, pour organiser des élections ?

 

Les accords de Libreville le disent bien : dans un an. Un an, c’est le temps nécessaire pour mettre en place toutes les structures pour organiser les élections. Pourquoi se cacher et ne pas faire face à la réalité ?

 

Serez-vous candidat ?

 

Je laisse au peuple le soin de se prononcer sur ce point. Je suis au service de mon pays et de mon peuple en tant que fils de ce pays. Si le peuple me rejette, je lui obéirai. Si le peuple m’appelle, je viendrai.

 

Vous aviez de bons rapports avec tous les pays de l’Afrique centrale et vous avez choisi le Bénin comme pays d’asile. Pourquoi ce choix ?


 

Je n’ai pas encore fait une demande au Bénin. Cependant, le Bénin a l’habitude de m’accueillir. Donc je crois que si je décidais de faire cette demande au Bénin, il n’y aurait pas de problème. Mais pour le moment, je n’ai pas fait de quelconque demande d’asile. Ma destination, je la connaitrai avec le temps.

 

 

 

 

NDLR : Ce monsieur est vraiment un malade du pouvoir. C'est franchement hallucinant ! Il voulait encore être candidat aux prochaine élections présidentielles. C'est dingue ! Quelle légitimité a-t-il, lui qui n'a eu de cesse de tricher massivement aux élections. A celles de 2005, il ne devait pas être candidat. Il l'a été. En 2011, tout le monde sait qu'il a encore fraudé à une grande échelle. Les mensonges et la ruse ont des limites. Un jour, on en prend en pleine figure. Il sait bien que ce sont les mercenaires tchadiens qu'il avait recrutés en 2001 - 2002 qui ont renversé Patassé pour l'installer au pouvoir en 2003 avec l'aide des forces spéciales de Déby. Dix ans après, c'est quasiment le même casting qui l'a chassé du pouvoir à son tour mais il feint d'être amnésique. Gémir maintenant comme il le fait ici est indécent. Cette interview ayant été enregistrée avant la tenue du sommet de N'djaména, Bozizé ne pouvait pas encore réaliser qu'il est désormais hors circuit, ses anciens homologues de l'Afrique de la CEEAC ayant autorisé Thomas Yayi Boni à le prendre avec lui au Bénin. Qu'il s'estime heureux car s'il n'avait pas fui du palais de la Renaissance le 24 mars dernier, on parlerait déjà de lui à l'imparfait mais comme il s'est sauvé comme un lapin, sa place est maintenant à la Cour Pénale Internationale car ses nombreux crimes ne sauraient rester impunis.  

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 16:55

 

 

 

 

Ziguélé Martin

 

 

http://www.dreuz.info  29 mars 2013

 

Les rebelles de la coalition Séléka ont pris dimanche le contrôle de Bangui, la capitale de la République centrafricaine. Une nouvelle crise sur le continent, que le président du mouvement de Libération du Peuple Centrafricain Martin Ziguélé refuse d’attribuer à l’ancien colonisateur blanc.

 

Vieille idée tiersmondiste : les « frontières mal tracées par les colonisateurs »

 

Depuis le début des crises malienne et centrafricaine, et notamment depuis que la France est intervenue militairement contre les terroristes islamistes du Nord-Mali, une vieille idée tiers mondiste ne cesse de resurgir selon laquelle tous les maux de l’Afrique seraient dus aux « frontières mal tracées par les colonisateurs », grands coupables. 

 

Selon cette thèse, l’ignorance des différences ethno-religieuses serait la vraie cause des crises, du Mali au Soudan, en passant par le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou même la République centrafricaine (RCA), pays qui a fait la une de l’actu depuis que, le 24 mars dernier, les rebelles de la Séléka ont pris la capitale Bangui et renversé le président Bozizé, accusé de ne pas avoir respecté les accords de Libreville de janvier 2013. 

 

Pas un Etat au monde a des frontières parfaitement dessinées

 

 

Cette idée du « nécessaire redécoupage des frontières », véhiculée tantôt par les chrétiens-animistes du Soudan du Sud (coupé du Soudan du Nord, arabo-musulman, qui a persécuté les sudistes chrétiens durant des décennies), tantôt par les indépendantistes musulmans touaregs du Nord Mali, est fortement combattue par certains dirigeants africains, tel Martin Ziguele, ex-Premier ministre de la République de Centre-Afrique (RCA) et président du mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (premier parti d’opposition). Pour Ziguele, en effet, il « n’existe pas dans le monde un seul cas d’Etat dont les frontières aient été parfaitement dessinées ». « Le premier mal de l’Afrique n’est donc pas celui de frontières ‘mal tracées’, idée simpliste et trop facile, mais la mauvaise gouvernance et la gabegie ». Pour Ziguele, qui pourrait dans quelques mois être un candidat de poids à la présidence du pays, après une période de transition, « de même qu’il existe un ‘stress test’ pour les banques, il en existe un pour les Etats, or les Etats d’Afrique n’ont pas résisté aux chocs politiques, économiques ou militaires, car ils sont mal gouvernés ». Nul intérêt, par conséquent, de dénoncer la « faute originelle des colonisateurs blancs », car le vrai problème de l’Afrique d’aujourd’hui est que les dirigeants africains « n’ont pas su gérer des territoires et des Etats hérités de la colonisation, qu’ils ont laissé sombrer en déliquescence, faute de conscience nationale et de préparation politique ». L’urgence est donc de « confier ces Etats à des leaders compétents décidés à créer de véritables nations autour de valeurs partagées. Le problème est moins la façon dont ont été dessinées les frontières que l’absence de construction de nations dans ces Etats mal gérés ».

Et pour répondre à ceux qui veulent donner aux Touaregs du Nord-Mali un Etat indépendant et affirment que tous les Etats africains devraient être redessinés, Ziguele répond que « même si on redécoupait de nouveaux Etats pour chaque groupe ethno-religieux, les problèmes de mauvaise gestion resteraient, et il est en plus impensable de créer des micro Etats pour chaque ethnie, puisque l’on en dénombre plus de 100 au Cameroun et 300 au Nigeria… ! Aussi imparfait qu’il soit, le vieux principe d’intangibilité des frontières a tout de même plus limité les conflits qu’il n’en a déclenché selon Ziguele, et le problème fondamental de l’Afrique demeure la mal-gouvernance ».

 

Concernant la crise au Mali, l’ex-Premier ministre répond à ceux qui estiment que l’islamisme terroriste est un« faux problème », que dans cet Etat fragile, « une forme de racisme s’est appuyée sur l’extrémisme religieux non pas pour « libérer le nord-Mali » mais pour détruire tout Etat de droit ». Cette menace terroriste et criminelle (Boko Haram au Nigeria, AQMI au Mali, etc) est selon lui « un vrai danger pour tout l’arc ouest-africain et sub-saharien », du Mali au Tchad, en passant par la Côte d’Ivoire, le Niger, le Nigeria. AQMI, le MUJAO et Ansar-Dine au Mali, ou Boko Haram (Nigeria-Cameroun), à l’origine de massacres de chrétiens et de prises d’otages, notamment français et occidentaux, est selon Ziguele « une des principales menaces des Etats africains, car même les pieux musulmans maliens, sénégalais ou tchadiens sont effrayés par l’islamisme radical », et pas seulement les chrétiens ou les animistes noirs, victimes de Boko Haram au Nigeria ou des milices nord-soudanaises islamiques et de l’armée de Khartoum au Sud-Soudan.

 

Si les islamistes terroristes avaient réussi au Mali ou ailleurs, ce serait donc une « véritable catastrophe », comme on l’a vu en Somalie, par exemple, avec les Shébab et les ‘tribunaux islamiques’, qui ont mis ce pays de la Corne-Est de l’Afrique à feux et à sang, jusqu’à ce que le Kénya et l’Ethiopie, eux aussi menacés, interviennent militairement contre les terroristes qui mettaient en danger toute la région.

 

Cette menace islamo-terroriste doit donc « être éradiquée », selon Martin Ziguele, qui refuse pour cela de condamner l’intervention française au Mali, malgré ses convictions « anti—impérialistes ». Pour lui, il n’est pas du tout surprenant que l’intervention française ait été saluée par tous les Etats de la région, ceci « après les échecs successifs des Etats Africains de la CEDEAO qui n’ont pas su s’entendre concrètement et s’organiser ».

 

Aucune solution pour l’avenir ne pourra donc se résumer à dénoncer le bouc-émissaire occidental. La seule issue responsable pour l’avenir de l’Afrique consistera au contraire de mettre au pouvoir des élites saines et préparées. Pour Ziguele, « il est irresponsable de dire tout le temps que nos problèmes viennent de l’extérieur, il faut faire fasse face à nos problèmes et responsabiliser les Africains, notamment à travers la coopération dans le cadre de l’Union africaine ». Il n’y a donc pas malédiction de l’Afrique, selon Ziguele, car « si jadis, au petit séminaire, nous étions émus d’apprendre qu’en Chine ou en Inde, des milliers de gens mouraient de faim, aujourd’hui, ces pays figurent dans le peloton de tête ! ». « L’Afrique avec ses ressources incroyables humaines et naturelles, peut faire de même si elle le décide et si elle s’organise ».

 

© Alexandre Del Valle

 

Source : http://www.atlantico.fr

 

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 16:43

 

 

 

 

Mackpayen-Centro-et-consorts.png

Le Centrafricain MACKPAYEN ici à l'extrême droite

 

 

geole-camp-de-Roux.jpg 

geôle camp de Roux 



Par Cyril Bensimon RFI samedi 30 mars 2013

 

 

Le Centrafricain Mackpayen est ce samedi 30 mars l'invité de RFI. Il a passé cinq mois dans les geôles du camp de Roux, accusé d’atteinte à la sûreté de l’état. Il a été libéré dimanche 24 mars lorsque la Seleka a pris Bangui. Il raconte au micro de notre envoyé spécial Cyril Bensimon cette détention infernale.

 

RFI : Le Centrafricain Mackpayen, comment allez-vous ?


Le Centrafricain Mackpayen : Je souffre un peu. J’ai mal partout, dans le corps. Je ne sais pas ce que j’ai, après tout ce que j’ai subi. Mais comme vous me voyez, je me porte bien.


On voit que sur vos mains la peau s’en va. Quelle en est la cause ?


C’était très, très dur au camp de Roux. On était enfermés. Parfois, il n’y avait pas d’eau pendant plusieurs jours et la peau s’enlevait sur tout le corps.


Combien étiez-vous dans votre cellule ?

On était neuf dans ma cellule, parfois douze dans une cellule prévue pour une seule.


Comment faisiez-vous, par exemple, pour dormir dans de telles conditions ?

On se relayait. Il y en qui dormaient une heure, il y en a qui restaient debout. Et on s’entendait très, très bien. On savait qu’on était des prisonniers personnels de Bozizé.


Qui était avec vous dans cette cellule ?

J’étais avec quelques Nigériens, avec un douanier centrafricain, un Ukrainien qui était à Bangui pour quelques heures – un trafiquant – et un Portugais.


Est-ce qu’il y avait également des prisonniers politiques ?

Il y avait un prisonnier, un ancien ministre, monsieur (Michel) Koït. Je l’ai vu par la fenêtre de ma cellule quand la Seleka est entrée au camp de Roux et que la garde présidentielle fuyait. Il s’est enfui par la montagne, dans la brousse.


Et vous-même, comment avez-vous fui ?

On ne pouvait pas fuir. On était là, on était enfermés. Donc, c’est la Seleka qui nous a libérés.


Vous vous attendiez aujourd’hui à être en vie ?

Moi, je pensais que c’était fini pour moi.


Comment se passait la vie en cellule au camp de Roux ?

Au camp de Roux, on était enfermés 24 heures sur 24. Quand nous sommes arrivés au camp de Roux, il y avait des gens qui étaient déjà là-bas, des gens qui sont restés deux ans sans voir la lumière du jour. Donc, les gens ne sortaient pas. On était enfermés.

On donnait le café noir le matin, la nourriture passait une fois dans la journée vers 13/14 heures. Et c’était immangeable. On faisait avec.


Et comment se comportaient les geôliers avec vous ?

C’était nos bourreaux ! Ils faisaient ce qu’ils voulaient. Ils entraient même avec les armes. Ils agressaient, ils tapaient, ils faisaient sortir les gens. Les prisonniers, ils les tapaient. Même ceux qui étaient blessés, ils ne pouvaient pas aller à l’hôpital. Donc, dans la cellule, on s’arrangeait pour nous entraider.


Est-ce qu’il y a eu des personnes qui sont décédées dans votre cellule pendant vos cinq mois de détention ?

Des personnes qui sont décédées pendant que j’étais là-bas, dans ma cellule, non. Mais des personnes qu’on amenait et qu’ont faisait sortir pour les amener vers une destination inconnue, oui. Et on ne les revoyait plus.


Finalement, pourquoi avez-vous été incarcéré au camp de Roux ?

J’ai été arrêté pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Moi, je suis un opérateur économique. Je suis diamantaire.

En 2008, le président de la République avait pris un décret, pour fermer la plupart des bureaux d’achat de diamants. Mais pas « fermer », parce qu’il avait organisé un braquage sur le plan national. Presque tous les diamantaires ont été braqués !

On s'est demandé pourquoi puisque tout le monde était en règle sur le plan fiscal. Après, on a écrit pour demander où étaient partis tous ces diamants saisis. C’était ça, le début du problème. Je suis revenu en 2012 pour reprendre mes activités. Mais j’ai été encore arrêté. C’est pour ça que je suis resté six mois en prison.


Mais tout de même, vous étiez en contact avec des personnalités proches de la rébellion ?

La rébellion, pour la plupart, ce sont des anciens diamantaires, des opérateurs économiques. On était en contact.


Donc vous confirmez, quand même, que vous étiez dans un complot contre François Bozizé ?

Monsieur Bozizé devait partir ! Et nous sommes très, très heureux aujourd’hui. Il fallait qu’il parte ! Mon arrestation n’a pas de rapport avec la rébellion, puisque la rébellion a commencé après mon arrestation. Mais mon arrestation, c’est parce que je réclamais les diamants que monsieur Bozizé avait saisis.


Aujourd’hui, vous pensez avoir eu beaucoup de chance d’être en vie ?

Dieu merci, je suis en vie. J’ai eu beaucoup de chance, parce que beaucoup de gens n’ont pas eu cette chance. Il y a certaines personnes que je connaissais, qui sont parties comme ça ; des pères de famille, des enfants que je voyais, qu’on amenait au camp de Roux. Je dis « des enfants » parce qu’ils étaient mineurs. Il y a des garçons qui avaient 13-14 ans qui ont disparu. Moi, j’ai eu beaucoup de chance. Et je remercie Dieu pour cela.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 06:16

 

 

 

MZ 4

 

 

RFI  mardi 26 mars 2013

 

Pourquoi les rebelles ont-ils gagné en Centrafrique ? Ont-ils été aidés par le Tchad et le Congo-Brazzaville ? Combien de temps vont-ils rester au pouvoir, et à quoi joue la France ? Autant de questions que Christophe Boisbouvier a posé à Martin Ziguélé, qui dirige le plus grand parti du pays, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC). En 2005, il avait réussi à mettre François Bozizé en ballottage. Aujourd'hui, il est de passage à Paris.

 

 

RFI : Ce coup d’Etat, c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

 

Martin Ziguélé : Un coup d’Etat n’est jamais une bonne nouvelle, mais compte tenu de la situation de notre pays et des conflits, ce dénouement qui n’a pas entraîné beaucoup de pertes de vies humaines, nous ne pouvons qu’en prendre acte.

 

Le 11 janvier, les accords de Libreville semblaient équilibrés. Pourquoi cela n’a pas marché ?

 

Il faut dire les choses comme il faut. Ce n’est pas parce que le président Bozizé n’est plus au pouvoir, mais je crois qu'il avait une autre vision des choses. Il voulait un répit sur le front militaire, il voulait un répit sur le plan de la pression sur la Seleka pour essayer de revenir subrepticement au statu quo ante, c’est-à-dire à la situation antérieure à la crise. Et il a fait absolument preuve d’un autisme politique suicidaire, parce qu’il n’y a pas d’autres termes. Et c’est lui qui a créé cette situation.

Bien sûr, il ne faut pas sous estimer également le rôle de toute cette bande de courtisans, que vous retrouvez dans tous les régimes et qui lui ont dit : vous n'avez en face de vous que des rebelles et donc il ne faut rien céder. Il s’est employé sciemment à ridiculiser le Premier ministre Nicolas Tiangaye. Il a ainsi signé son décret de nomination après une séance qu’il a convoquée au palais de la Renaissance, où il a fait venir ses « applaudisseurs », comme on dit. Ceux-ci ont pendant trois heures injurié Nicolas Tiangaye avant qu’il ne signe le décret de sa nomination. Cela ne pouvait pas aller loin.

 

 

Est-ce qu’il a été lâché par ses amis Idriss Déby et Denis Sassou Nguesso ?

 

S’il y a véritablement un chef d’Etat en République centrafricaine qui a bénéficié du soutien des pays de la sous-région, avant son arrivée au pouvoir et pendant sa mandature, c’est bien le président François Bozizé.

 

Justement, est-ce qu’ils l’ont lâché ces derniers jours ?

 

Mais ils ne peuvent pas se substituer à lui. Cet arrangement politique qui a été mis en place à Libreville, c’était fondamentalement pour lui sauver la face. Mais comme le disait Boganda (le premier président de la République centrafricaine, ndlr) : « lorsque vous montrez une étoile à un demeuré, il voit votre doigt et il ne voit pas l'étoile ». Lui, il a pensé qu’il pouvait une fois de plus ruser, d’abord avec son peuple, et puis avec ses soutiens. Tout le monde était désespéré.

 

Est-ce qu’on peut imaginer un accord discret entre Ndjamena, Brazzaville et les rebelles de la Seleka ces derniers jours pour aider ceux-ci à prendre le pouvoir ?

 

Non, je ne fais pas de la politique fiction. Je ne peux pas parler des choses que je ne connais pas. Mais les chefs d’Etat ne pouvaient pas envoyer leurs armées à Bangui pour protéger quelqu’un qui manifestement n’était plus soutenu ni par son armée, ni par sa population !

 

 

Oui mais franchement, en décembre, Idriss Déby était prêt à bloquer l’avancée des rebelles et en mars, il n’a rien bloqué.

 

Mais il a bloqué l’avancée des rebelles en décembre pour permettre une issue politique à la crise. Et il y a eu les tests de Libreville en présence de plus de six chefs d’Etat. Et de retour à Bangui, des proches de lui, c’est-à-dire ses propres conseillers se relayaient sur les medias publics pour remettre en cause l’accord de Libreville, et pire encore, accuser les Etats qui l’ont sauvé de connivence avec la rébellion.

 

Ces derniers jours, vous saviez que Ndjamena et Brazzaville allaient laisser tomber François Bozizé ?

 

Je n’avais pas d’éléments factuels, mais je comprenais très bien qu’il avait lassé tout le monde, surtout lorsqu’on avait du mal à relancer la médiation, je comprenais que quelque part le mécanisme se grippait.

 

Cet appel à l’Afrique du Sud, est-ce que cela a précipité les choses ?

 

Je ne le pense pas. Quand vous comprenez le fonctionnement de Bozizé, il joue toujours un allié contre un autre pour toujours gagner du temps.

 

C’est un échec pour Jacob Zuma ?

 

Le président Jacob Zuma a été entraîné dans ce guêpier par son côté homme d’affaires sud-africain, intéressé naturellement par les activités minières en Centrafrique, qui l'ont vraiment entraîné dans un traquenard. Parce que l’Afrique du Sud se retrouvait en train de défendre quelqu’un de ce type-là ; et surtout, perdre des hommes pour une cause perdue d’avance. Cela fait qu’on se pose des questions. Les pays de la sous-région avaient une connaissance plus intime que l’Afrique du Sud des réalités politiques centrafricaines et des conditions d’une sortie réelle de la crise

 

Est-ce que François Hollande a eu raison de rester en retrait. Est-ce que Nicolas Sarkozy aurait fait la même chose s’il avait gagné l’année dernière en France ?

 

Je ne sais pas, je ne fais pas de la politique fiction mais la position du président Hollande est à saluer. Il a refusé d’intervenir, comme en 2006, comme en 2007.


C’est-à-dire qu’il a fait différemment de Jacques Chirac en 2006, 2007 ?


Il l’a fait différemment de ses prédécesseurs et c’est tout à son honneur. Parce que c’est cette pratique-là qui a infantilisé un peu les dirigeants. Ils se disaient : « Je fais ce que je veux et lorsque ça tourne mal, il y aura la France pour venir me sauver ». Et cela, vous comprenez très bien que ça ne pouvait pas durer éternellement.

 

 

Aujourd’hui Michel Djotodia s’autoproclame président. Est-ce que ce n’est pas mauvais signe pour la suite  ?

 

Vous savez la nature a horreur du vide. Mais ce qui est important, c’est qu’il a dit également qu’il reste dans l’esprit de l’accord de Libreville. Et là-dessus, nous serons vigilants.

Franchement, est-ce que vous ne risquez pas d’être à nouveau le dindon de la farce comme face à François Bozizé deux ans après son arrivée au pouvoir en 2005 ?

Il faut que ce gouvernement ait une feuille de route précise, que la durée de la transition soit bien claire et qu’il soit précisé également, comme cela est dit dans l’accord de Libreville, que ni le président de la transition, ni le Premier ministre de transition, ni les membres du gouvernement de transition, ne seront candidats aux prochaines élections présidentielles.

 

Rien ne vous dit que Michel Djotodia respectera cet accord ?

 

Je ne voudrais pas faire de procès d’intention. Aujourd’hui l’esprit de l’accord de Libreville doit demeurer, à savoir que les animateurs de la transition c’est-à-dire les responsables de la transition, ne doivent pas être candidat aux élections présidentielles.

 

Y compris Michel Djotodia ?

 

Y compris tous ceux qui auront à jouer ce rôle-là, qu'il s'agisse du président, du Premier ministre, ou des ministres. C’est l’esprit qu’il faut voir. Il faut garder cela à l’esprit, pour nous donner une chance de ne pas nous perddre dans des querelles de positionnements personnels.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 18:20

 

 

 

Anicet-Georges-Dologuele.jpg

 

 

Propos recueillis par Vincent Hugeux, publié le 26/03/2013 à 11:53 lexpress.fr 


L'ancien Premier ministre Anicet Dologuélé juge excessif le délai de trois ans annoncé par Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka et successeur autoproclamé de François Bozizé 

 

Premier ministre du président Ange-Félix Patassé de janvier 1999 à avril 2001, Anicet Dologuélé apparaît, avec Martin Ziguélé, son successeur à la tête du gouvernement centrafricain jusqu'en 2003, comme l'un des prétendants les plus sérieux à la magistrature suprême en Centrafrique, pour peu qu'un scrutin soit organisé dans un délai raisonnable. Au lendemain de la fuite de François Bozizé, chassé par les insurgés de la coalition rebelle Séléka, l'ancien président de la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC), aujourd'hui à la tête d'un cabinet de consultant installé à Paris, livre à L'Express son analyse. 

 

A quoi ressemble, à votre connaissance, l'atmosphère à Bangui?


Il y règne une ambiance de désolation. Du fait de l'ampleur des pillages, nos compatriotes n'ont pas eu le temps de savourer la chute du régime Bozizé. Disons que le plaisir aura été de courte durée... 


Chef de la Séléka, Michel Djotodia s'est intronisé chef de l'Etat et a promis un scrutin présidentiel dans un délai de trois ans. Cette lointaine échéance vous paraît-elle acceptable?


L'accord de Libreville [signé le 11 janvier dernier par les émissaires de François Bozizé et ceux de la rébellion armée] avait vocation à prévenir un énième coup d'Etat, quitte à accoucher d'une cote mal taillée. Selon ce scénario, le président en place devait aller au terme de son mandat, qui courait pendant encore trois ans, tandis qu'un gouvernement d'union nationale recevait mission d'organiser des élections législatives au printemps 2014. Il serait revenu au cabinet issu de ce scrutin d'orchestrer la présidentielle de 2016. Chef d'Etat autoproclamé, Michel Djotodia, que quasiment personne ne connaissait dans le pays, semble résolu à termine le quinquennat de son prédécesseur. Mais il convient de revisiter le compromis de Libreville à la lumière de la situation nouvelle que crée la disparition de Bozizé de l'échiquier.

 

Par ailleurs, Djotodia devra bien tenir compte des condamnations de la communauté internationale et des suspensions de financements des bailleurs de fonds. A mon sens, il faudrait 12 à 18 mois pour préparer une présidentielle digne de ce nom, avec révision de la liste électorale et distribution de cartes d'électeur biométriques.

 

Briguerez-vous la présidence?


Ce qui est certain, c'est que je vais faire de la politique. Première étape, la création d'un nouveau parti, qui désignera le moment venu son candidat. 


Quelles relations entretenez-vous avec les animateurs de la Séléka?


Je ne les connais pas. Voilà une douzaine d'années que je vis à l'étranger. De plus, le phénomène est apparu dans le nord-est du pays, où je n'ai pas mis les pieds. Quand la rébellion a pris le nom de Séléka et entrepris de marcher sur Bangui, son ambition affichée était de chasser l'ancien président. A aucun moment il n'avait été question de prise du pouvoir. 


Comment vous entendez-vous avec Martin Ziguélé, autre prétendant à la présidence?


Lui et moi, nous nous connaissions bien avant de nous lancer dans l'arène politique. Nous avons servi le même régime et sommes de vieux amis. Si nous devons un jour entrer en compétition, ce sera de la manière la plus saine et la plus républicaine qui soit. 


Vous avez quitté Bangui pour Paris jeudi dernier. Dans quelles circonstances?


Sur place, diverses rumeurs suggéraient qu'en cas de défaite de Bozizé, mon intégrité physique aurait été en péril. Je ne voulais pas prendre ces menaces au sérieux, mais les inquiétudes de mon entourage m'ont conduit à revenir en France. Principe de précaution. J'ai encore quelques rendez-vous professionnels à honorer en Europe, mais je compte rentrer en RCA dans deux à trois semaines.

 

Etes-vous en contact avec les autorités françaises?


J'ai rencontré Jean-Christophe Belliard [le directeur Afrique du Quai d'Orsay] voilà environ six semaines. De même, un rendez-vous avec Hélène Le Gal [conseillère Afrique de l'Elysée], différé pour cause de crise malienne, est de nouveau envisagé. 


Comment la RCA peut-elle s'affranchir de la malédiction putschiste?


C'est cyclique. Tous les dix ans, un groupe armé débarque et prend le pouvoir. Ensuite, on met une décennie à tenter de ramener le pays au niveau antérieur. Avec à la clé, non seulement le surplace, mais une régression à grande vitesse. Ce qui me désole, c'est que les acteurs politiques centrafricains ont tendance à faire appel à la force pour régler leurs contentieux, détournant au passage l'armée de sa vocation. Au risque de se voir mis à l'écart par des militaires qui prennent goût au pouvoir. Tout aussi graves, les ravages de la culture des armes chez les jeunes. Lesquels s'aperçoivent qu'en braquant un 4X4, on obtient en deux minutes une somme qu'ils mettraient des années de labeur à réunir. Pour éradiquer ces non-valeurs, il faudra beaucoup de temps, de ténacité et de pédagogie. 

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 02:08

 

 

 

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 Dans LES COLLINES DE L’OUBANGUI - N°265 du 14 Mars 2013


Les Collines de l’Oubangui (LCO): Professeur Gaston Mandata N'guérékata, pouvez-vous rappeler à l'opinion les raisons qui vous ont motivé pour la création de votre parti?

 

Gaston Mandata N’guérékata (GMN): Je voudrais avant tout faire observer une nuance. Le Conseil National pour la Renaissance Centrafricaine-Fini Bê-Afrika (CNRC-FB) est une plateforme citoyenne de réflexion et d'action politique. Ce qui veut dire, au sens où l'entendent les textes de loi réglementant les partis politiques en Centrafrique, qu'il n'est pas encore un Parti.


Ceci dit, pour répondre à votre question sur le fond, le CNRC-FB est une émanation de patriotes Centrafricains d'horizons divers et variés décidés à s'organiser afin de mettre un terme à la dégradation sans précédent de la situation du pays, marquée depuis plusieurs décennies par une injustice sociale criante, de multiples atteintes à la liberté, l’impunité de crimes répétés et graves aux droits humains fondamentaux, l'inacceptable transformation de l'Etat en un patrimoine familial, l'incurie organisée au sein de l'armée nationale (FACA) la réduisant à l'ombre d'elle-même et permettant ainsi la livraison d'un pan entier du territoire national en un vaste non man's land où sévissent des groupes armés conventionnels et non conventionnels se livrant à des pillages, des exactions et crimes de sang sur les paisibles populations rurales... bref, il s'agissait de rassembler de manière large des compatriotes ainsi que des forces sociales et politiques de l’intérieur et de la diaspora, dans une dynamique militante visant l'émergence d'un projet politique alternatif capable de sortir l'impasse, notre patrie, la République Centrafricaine.

 

LCO: 53 ans après son accession à l’indépendance, la RCA est au point que tout le monde connaît. Selon vous, comment faire pour l'incruster dans le train du développement et de la mondialisation?

 

GMN: Notre pays est dans une situation peu reluisante. Il réunit tous les ingrédients d'un Etat en déliquescence où l'extrême misère, qui touchait quelques milliers de personnes il y a 15 à 20 ans, s'étend aujourd'hui à plus d'un million de Centrafricains. Avec moins d'un dollar américain par jour pour vivre pour la majorité des citoyens, une espérance de vie à la naissance de 48 ans contre 51 ans en Afrique ; la Centrafrique vit des moments particulièrement dramatiques.

 

Mais, cet état désastreux et alarmant du pays ne doit pas amener nos compatriotes à baisser les bras, à tomber dans le pessimisme ou à croire à la fatalité.


Il existe des raisons objectives d'espérance et d'engagement pour renverser la tendance actuelle dans notre pays vers le meilleur. Je veux dire, nous pouvons bien nous en sortir, si les acteurs sociaux et politiques centrafricains acceptent de se mettre en adéquation avec les aspirations profondes de nos populations, particulièrement celles de nos régions rurales qui constituent 70% de la Nation. Que les acteurs sociaux et politiques Centrafricains prennent réellement conscience des immenses potentialités dont notre pays regorge. En effet, il est de notoriété publique que la Centrafrique a des atouts importants. Je citerais par exemple : la forte proportion des jeunes au sein de la population, la courbe ascendante de la natalité, les grandes superficies inexploitées des forêts vierges et des terres riches agricoles, les ressources énergétiques et minérales prouvées (pétrole, uranium, or, diamant, cuivre, cobalt, fer, etc)


De mon point de vue, le chemin du retour de la croissance économique et de l'amélioration des conditions de vie du plus grand nombre de nos compatriotes passera d'abord par l'acceptation d'une « Paix des braves » entre tous les fils du pays engagés depuis plusieurs décennies dans une lutte fratricide pour la prise et l'exercice du pouvoir politique. Une fois la Paix revenue en notre sein, il va falloir créer les conditions d'une « Union Sacrée » des grandes forces sociales et politiques visant le démantèlement des groupes armés nationaux et étrangers non-conventionnels, la restauration de la sécurité sur l'ensemble du territoire national, l'implantation et le renforcement des services publics de base. Ces conditions préalables réunies, un accent particulier doit être mis sur le développement des activités dans les secteurs agricole, forestier, minier et touristique. Il faut également assainir l’environnement des affaires, améliorer les infrastructures de base (routes, ponts, réseau d'électricité, etc…) et développer les échanges avec l’extérieur en tenant compte de la géopolitique et la géoéconomique d'un monde irrémédiablement multipolaire.

 

LCO: Le 11 janvier 2013, les Centrafricains se sont engagés dans la signature d'un Accord à Libreville au Gabon visant à pacifier durablement notre pays. Comment voyez-vous l'application dudit Accord deux mois après?

 

GMN: Les accords de Libreville ont été signés à la hâte. Les véritables protagonistes de la dernière crise militaire et politique en Centrafrique ne se sont pas donné le temps nécessaire pour débattre à fond les réels motifs à la base de la reprise des hostilités et d'esquisser les solutions idoines en vue d’une paix durable.

Qu’à cela ne tienne, ces accords ont été signés et ils sont déjà entrés en application avec la nomination du Premier ministre et la constitution de son gouvernement.


Quant à l'application de ces accords, je pense qu'il est trop tôt de porter un jugement par rapport aux résultats escomptés. Mais, à l’allure où les choses évoluent, je ne peux qu’être dubitatif. Visiblement, les parties en présence semblent s’accuser mutuellement du non-respect des clauses sur lesquelles elles se sont pourtant entendues. Je constate tout au moins que le Gouvernement éprouve des difficultés dans l’accomplissement de sa mission. Vous voyez, tout cela n’augure pas d’un avenir meilleur. Y-a-il un capitaine à bord ? Quel cap pour la RCA post-Libreville 2013 ? …

 

LCO: Vous résidez aux Etats-Unis et sur le terrain au pays votre parti ne se fait pas sentir. Comment al-lez-vous aborder les prochaines échéances législatives et présidentielles?

 

GMN: Le CNRC-FB est une organisation naissante qui entend oeuvrer, avec tous les Centrafricains d’où qu’ils se trouvent, pour une sortie durable du pays de l'impasse où il se trouve et pour jeter sérieusement les bases de la reconstruction nationale. A ce titre, la priorité a été donnée aux actions d'explication et de sensibilisation des compatriotes sur les principes et valeurs à la base du CNRC-FB ainsi que ses objectifs. Ce travail a permis aujourd'hui à beaucoup de compatriotes, particulièrement de la diaspora d'y adhérer massivement. A ce jour, le CNRC-FB est implanté en Centrafrique, en France, aux Etats-Unis, au Maroc, au Sénégal, au Bénin, au Togo, au Cameroun et en Egypte. Maintenant, le cap sera mis sur une meilleure lisibilité et visibilité de la Plateforme au niveau national. Il s'agit concrètement de la mise en place de la Direction officielle du CNRC-FB au pays ainsi que de ses structures de base sur l'ensemble du territoire national. Donc, pour reprendre votre expression dans l'autre sens : je dirais que le CNRC-FB se fera bientôt sentir au pays. Quant aux prochaines échéances électorales, je puis vous assurer que le CNRC-FB s'y prépare.

 

LCO: La problématique de l'exploitation des nombreuses ressources de notre sous-sol se pose avec une acuité brûlante. Si vous y avez réfléchi, comment devrions-nous nous prendre pour exploiter ces richesses sans écueils et ainsi développer notre pays?

 

GMN: Le régime issu du coup d'Etat du 15 mars 2003, et qui est toujours en place, n’arrête pas de faire miroiter l’exploitation de l’uranium, de l’or, du ciment, du pétrole et que sais-je encore, comme moyen pour sortir le pays de son état de délabrement. Franchement, il faut arrêter cette duperie. Je pense qu’avant d’en arriver là, il faudrait se poser la question de savoir qu’avons-nous fait des revenus issus de l’exploitation de nos trois principales ressources naturelles depuis dix années : le bois, le diamant et l'or. Lorsqu'on sait que beaucoup de pays africains, qui n’ont même pas nos ressources précitées, réussissent à répondre aux besoins élémentaires de leurs concitoyens plus que nous, la question n'est pas d'exploiter de nouvelles ressources, mais de commencer par mieux gérer et redistribuer équitablement les revenus de celles qui sont déjà en exploitation. Par exemple, le diamant seul a permis au Botswana de se hisser économiquement au rang des pays enviés sur le continent. Le problème de la Centrafrique se situe au niveau Politique où il manque cruellement de leadership capable de proposer et conduire efficacement un programme économique et social axé sur tout ce que le pays possède comme richesses du sol et du sous-sol. Je pense en premier lieu à l’agriculture qui occupe les trois quarts de notre population, à l’élevage, à la faune, à la flore et enfin au sous-sol. Avant de parler de l’exploitation de notre sous-sol, il faut penser à un certain nombre de préalables à savoir, la mise en place d’un cadre législatif et fiscal favorable aux affaires, l’instauration d’un Etat de droit, la bonne gouvernance, etc… Sinon, en l’état actuel des choses, où l'Etat se confond à un individu et sa proche parentèle, vous conviendrez avec moi, l’exploitation de quelques ressources du sous-sol que ce soit, uranium ou pétrole, ne fera que profiter à une poignée d’individus sans foi ni lois.

 

LCO: Professeur GMN, avez-vous une assise internationale et comment voyez-vous la représentativité de la RCA sur le plan international?

 

GMN: Il ne m’appartient pas de me prononcer sur ma notoriété, je laisse le soin aux autres de le faire. En ce qui concerne la représentativité de notre pays au niveau international, tous les indicateurs sont au rouge alors qu’objectivement la Centrafrique a de quoi mériter mieux que sa place actuelle au sein du concert des Nations. Notre pays est aujourd’hui classé parmi les derniers de la planète que ce soit sur le plan diplomatique, économique, social, sécuritaire, etc… Or, nous disposons des atouts non négligeables pour rehausser notre place dans le commerce international et aussi redorer notre image sur le plan politique et diplomatique, notamment dans la sous-région de l'Afrique Centrale où nous étions un pays phare pendant la lutte de décolonisation avec le projet des Etats unis de l'Afrique latine de notre leader national Barthélemy Boganda.

 

LCO: Avez-vous en tant qu'enseignant, un projet pour les enseignements primaire, secondaire et supérieur en RCA?

 

GMN: Le CNRC- FB fait de l’éducation et la santé la priorité de ses priorités car, comme vous le savez sans Education aucun pays ne peut progresser et s'épanouir. Il nous faut procéder à une réforme globale de notre système éducatif visant, entre autres, à rendre obligatoire et gratuite la scolarisation de tous les enfants jusqu’à l'âge de 15 ans, développer l'éducation populaire, améliorer la qualité de l’enseignement en rendant obligatoire l’apprentissage de notre langue nationale et officielle, le Sango, ainsi que l'usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), promouvoir la formation technique et professionnelle de nos jeunes, développer l'apprentissage de métiers d'artisans par le parrainage ou le système de compagnonnage pour nos jeunes sortis tôt du système scolaire, motiver le personnel enseignant par des salaires décents, des primes à l'excellence et les stages de remise à niveau, réhabiliter et renforcer les infrastructures scolaires et en créer partout où elles n'existent pas de telle sorte que toute l’étendue du territoire national en soit pourvue. Je pense notamment aux régions de l’Est et Nord-Est du pays longtemps délaissées.

 

LCO: Votre dernier mot aux Centrafricains et à l'opinion.

 

GMN: Les accords du 11 janvier 2013 signés à Libreville au Gabon sont censés ramener la paix au pays ; tous les signataires de ces accords doivent respecter leurs engagements et veiller à sa stricte application de manière sincère. Vu la gravité de la situation nationale et le défi à relever, nous devons faire montre d’initiative, de courage et surtout de détermination pour créer une seconde renaissance de la République Centrafricaine et redonner espoir à nos concitoyens. J’invite tous les compatriotes à soutenir le CNRC-FB dans son projet de bâtir une Nation unie, indépendante, prospère et une société juste et solidaire.

Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer dans votre journal dont je tiens à saluer le courage et l'abnégation dans le devoir d'informer les centrafricains et le monde sur la situation de notre pays.

J’adresse enfin à tous un message d’espoir. Nous avons touché le fond. Nous ne pouvons que rebondir, reprendre notre place dans le concert des nations. Vive la RCA !

 

Propos recueillis par Isaac Dangaye

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 15:37

 

 

 

Nicolas Tiangaye

 


 

RFI jeudi 21 mars 2013 Par Nicolas Champeaux

 

En Centrafrique, la coalition rebelle Seleka a annoncé mercredi 20 mars qu'elle allait reprendre les armes. L'ultimatum de 72 heures qu'elle avait donné au gouvernement pour satisfaire ses nombreuses revendications a expiré. Nicolas Tiangaye, le Premier ministre de transition nommé à la mi-janvier à l'issue des accords de Libreville, souhaite que les rebelles reviennent à la raison.

 

RFI : Monsieur le Premier ministre, quel message adressez-vous à la rébellion Seleka, qui détient encore cinq de vos ministres et qui menace de reprendre les hostilités ?

 

Nicolas Tiangaye : Je pense qu’il faut renouer le dialogue et retourner à Bangui, autour de la table des négociations, pour que les revendications de la Seleka soient apposées au représentant spécial du médiateur qui se trouve actuellement à Bangui.

 

Et c’est un message que vous avez déjà transmis à la rébellion ?

 

 

Oui, nous comptons sur leur patriotisme. Ce n’est, ni dans l’intérêt du pays, ni dans l’intérêt de la Seleka, d’engager de nouvelles hostilités. Je pense que la raison finira par triompher. Je ne doute pas aussi de la sincérité de nos frères de la Seleka. Je ne doute pas qu’eux aussi, ils doivent être conscients que la reprise des hostilités ferait couler beaucoup de sang dans notre pays, et ne règlerait aucun problème.

 

Monsieur le Premier ministre, vos cinq ministres – à votre avis – sont-ils vraiment retenus en otage contre leur gré, ou participeraient-ils à une mise en scène pour permettre à la Seleka d’obtenir satisfaction ?

 

Je ne peux pas le savoir puisque je n’ai pas eu de contact avec eux depuis qu’ils sont partis.


La rébellion Seleka souhaite le départ des troupes étrangères de Centrafrique. Est-ce que c’est une demande irrecevable, selon vous ?

 

Ça fait partie des points inscrits dans l’accord de Libreville. Mais le président Bozizé estime que la situation sécuritaire du pays n’a pas atteint un point de stabilisation, susceptible de permettre, donc, le départ des troupes sud-africaines.

L’accord de Libreville prévoit que les Etats membres de la CEEAC œuvreront avec le gouvernement centrafricain, pour le retrait progressif du territoire national, de toutes les troupes étrangères non communautaires, en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain.

Donc, il y a une question d’interprétation que je pose. La coalition Seleka souhaite le retrait immédiat des troupes sud-africaines, donc il s’agit là d’une question qui présente un aspect un peu complexe, qui sera soumise à l’arbitrage du médiateur.

 

Et quelle est votre interprétation à vous, monsieur le Premier ministre ?

 

Moi je n’ai pas d’interprétation. Je suis Premier ministre, je n’ai pas à interférer en donnant mon interprétation ! Je suis à la disposition de cet accord-là !

 

Autre revendication de la rébellion – et les barrières érigées par des milices – d’après nos informations, elles continuent, ces milices, de se livrer à des arrestations. En tant que Premier ministre, il vous est impossible de mettre un terme à ces agissements ?

 

Il ne s’agit pas de ministre qui procède à des arrestations. Il n’y a pas d’arrestations. Les milices érigent des barricades dans la ville le soir. Il s’agit des milices Cocora et Coac. D’après les accords de Libreville, ces milices doivent être dissoutes. Je crois que cela doit être fait, parce qu’il s’agit des engagements qui ont été pris et qui doivent être respectés.

 

Quelles sont vos relations avec le président François Bozizé, avec qui vous collaborez en tant que Premier ministre, depuis deux mois maintenant ?

 

Ce sont des relations qui reposent sur le respect mutuel, mais également sur l’intérêt du pays.

 

Il est de notoriété publique que vos relations avec le président Bozizé sont exécrables. Comment se passe la collaboration ?

 

Tout le monde souhaite qu’il y ait des relations exécrables, alors que nous nous rencontrons régulièrement pour discuter des questions d’intérêt national ! Pourquoi vous souhaitez que nos relations soient des relations exécrables ?

 

Alors est-ce que vous pouvez nous donner un exemple qui illustrerait cette parfaite collaboration avec le président ?

 

Mais ce n’est pas une question de relations exécrables ou de relations parfaites ! Je dis que nous travaillons dans le cadre du respect des intérêts de notre pays ! Et je n’ai pas à donner des détails, pour des raisons d’Etat, je n’ai pas à donner des détails sur les questions d’intérêt national qui sont abordées par le président de la République et son Premier ministre !

 

Qu’est-ce que votre collaboration a à son actif, dans ces cas-là – sans donner de détails – de quoi êtes-vous fier ?

 

Vous me posez des questions sur Seleka. Ne cherchez pas la petite bête. Moi, je vous dis que même si à un moment donné il y a eu des divergences avec Bozizé, aujourd’hui la situation de mon pays commande que nous taisions nos divergences, pour chercher à résoudre les problèmes auxquels notre pays est confronté ! Il s’agit d’une question de survie nationale, et que nos modestes personnes passent au second tour ! Voilà ce que je peux vous dire sur cette question !

 

Et quand le président François Bozizé, à l’occasion du 10ème anniversaire de son accession au pouvoir le week-end dernier, traite la Seleka de « voleur » et de « violeur », est-ce que vous considérez qu’il participe à la survie du pays ?

 

 

Les accords de Libreville prévoient que des acteurs doivent éviter de punir des troupeaux qui seraient de nature à envenimer la situation.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 15:27

 

 

 

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Roland Marchal, chercheur au CNRS

 

RFI Invité Afrique  MARDI 19 MARS 2013 Par Nicolas Champeaux

 

La Centrafrique est de nouveau traversée par une crise. La rébellion Seleka, qui avait menacé la capitale Bangui en décembre, retient depuis ce dimanche 17 mars, cinq ministres du gouvernement et menace de reprendre les hostilités si ses revendications ne sont pas satisfaites en urgence. Une situation préoccupante qui risque de se dégrader selon Roland Marchal, ce chercheur au CNRS et spécialiste de la Centrafrique.

 

RFI : Roland Marchal Bonjour, la situation en Centrafrique se dégrade et vous êtes assez pessimiste à court terme ?

 

Roland Marchal : Je pense que les accords de Libreville signés au mois de janvier étaient incomplets, c’est-à-dire qu’il leur manque un peu des conditions additionnelles sur le fonctionnement courant de l’appareil de l’état et également une franchise beaucoup plus grande des acteurs politiques si bien qu’un certain nombre de conditions des clauses de l’accord ne peuvent être remplies aujourd’hui ou d’autres provoquent des tensions qui nous amènent à l’impasse actuelle.

 

RFI : Donc vous prenez au sérieux les menaces de la rébellion Séléka de reprendre les hostilités ?

 

RM : Très au sérieux

 

RFI : Vous ne croyez pas que la présence de 250 soldats sud-africains à Bangui va dissuader la Séléka,  ils ont été déployés en janvier à la demande du président Bozizé ?

 

RM : Alors le départ des troupes sud-africaines est l’une des conditions non remplies des accords de Libreville ; Je crois surtout qu’il faut se rappeler que les forces sud-africaines ne pourront pas intervenir dans un conflit entre Centrafricains, ce serait ruiner l’image politique de l’Afrique du Sud donc les forces sud-africaines peuvent protéger la présidence et peut-être dissuader des actions irresponsables dans Bangui certes et peut-être même c’est positif de ce point de vue-là, mais que sur le fond soit la Séléka est capable de prendre d’autres villes et de couper la route vers le Cameroun qui est quand même un axe essentiel d’un point de vue économique est menacé et que évidemment derrière cela, on a la perspective d’une crise humanitaire d’ampleur dans un pays qui a peine à attirer l’attention internationale. Donc ça risque d’être une catastrophe pour la population centrafricaine et tout cela dans une relative négligence internationale.

 

RFI : Quelle est la part de responsabilité du président Bozizé. Est-ce que cette situation le dessert vraiment ?


RM : Ecoutez je crois que l’une des ambiguïtés des accords de Libreville c’est qu’il n’est pas exactement dans la position d’un président honorifique et que rentré à Bangui après la signature des accords en janvier, il a usé de tous les pouvoirs qui lui restaient et ils sont considérables, pour se rétablir politiquement à la fois à l’intérieur du nouveau gouvernement, puisqu’il a toujours le contrôle des ministères importants ou il a des ministres délégués dans les autres ministères, et à la fois dans tout ce qui est de l’appareil de sécurité et puis également il a su jouer des divisions de ses adversaires pour largement regagner le terrain perdu. L’opposition lui reproche et avec raison donc d’une part de n’avoir pas respecté la lettre de l’accord sur la présence des troupes sud-africaines et surtout il y a une énorme inquiétude sur le statut des prisonniers politiques dont on ne sait pas aujourd’hui s’ils sont encore vivants ou s’ils auraient été exécutés dans un moment d’exaltation des soutiens du président.  

 

RFI : On reproche à la Séléka de ne pas avoir transmis la liste des détenus qu’elle souhaite voir élargis. La rébellion n’est-elle pas en partie responsable de la situation ?

 

RM : Elle est en partie responsable de la situation, d’abord dans sa désorganisation d’un point qu’on voit d’un point de vue militaire, qu’on a vue déjà dans la première phase du conflit, dans son traitement des civils et je crois aussi derrière il y a derrière ça, une forte désorganisation qui fait que eh bien les gens continuent d’être arrêtés dans Bangui et là aussi il faut remarquer que les Nations-Unies ne protestent pas et je crois que la Séléka a une aussi responsabilité pour ne pas et les lister et fournir ses listes aux médias centrafricains de façon à ce que la discussion avec le gouvernement et la présidence se passe non pas sur des dénonciations politiques mais sur le statut d’ individus disparus.

 

RFI : Est-ce que cette désorganisation déteint sur Martin Ziguélé pressenti pour représenter les mécontents et l’opposition lors de la prochaine présidentielle en 2016 ?

 

RM : Ecoutez je crois que 2016 c’est quand même très loin. Là on est dans une situation où dans deux mois la saison des pluies va commencer et disons que toutes les inquiétudes qu’on peut avoir sont dans les jours et les quelques semaines qui viennent avant la saison des pluies. Le premier ministre peut absolument rétablir son influence et son autorité. Peut-être que dans chacun des deux camps les gens qui sont les plus raisonnables peuvent faire valoir leurs arguments. Peut-être que les états de la région notamment le Congo Brazzaville qui est le médiateur et le Tchad joueront enfin le rôle qu’on attend d’eux comme facilitateur de cet accord de paix. Mais il faut aussi envoyer des messages et soutenir ce nouveau gouvernement d’union nationale mais est-ce que la France fait tout ce qu’elle peut, de ce point de vue là on peut se poser la question.

 

RFI : Paris aurait dû inviter le Premier Ministre de transition ?

RM : Ah oui je crois que non seulement il aurait dû l’inviter mais il aurait surtout dû le faire savoir. Paris est tout à fait sensible et voit ce Premier Ministre avec de la sympathie. Je crois qu’il est important que la population centrafricaine sache de ce point de vue-là ce n’est pas simplement une invitation formelle c’est aussi un message politique à son gouvernement tout entier au-delà du Premier Ministre, et puis évidemment la population centrafricaine qui entend tout et n’importe quoi sur le rôle de la France dans ce pays.

 

RFI Roland Marchal je vous remercie.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 17:53

 

 

 

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Afrik.com LUNDI 18 MARS 2013 / PAR ASSANATOU BALDÉ

 

Les rebelles du Séléka, en confrontation avec François Bozize depuis plusieurs mois, ont lancé un ultimatum au président centrafricain qui a trois jours pour respecter leurs revendications. Ils menacent de reprendre les armes si le dirigeant s’entête. Eric Massi, porte-parole de la rébellion, nous donne les raisons de la colère de son mouvement.

 

Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé de lancer maintenant un ultimatum au président François Bozizé ? 


Eric Massi :
 L’accord de Libreville a été signé il y a deux mois. Il n’a toujours pas été mis en place par le président François Bozizé. Rien n’a été respecté. Il y a dix jours, le Premier ministre centrafricain est allé à la rencontre du Séléka. Il a estimé que les revendications du mouvement sont légitimes. Mais depuis nous attendons toujours son retour qui n’a pas eu lieu. Je rappelle que nous revendiquons toujours la libération de l’ensemble des prisonniers du Séléka, la fin des arrestations arbitraires et le départ des troupes sud-africaines, chargées de protéger François Bozizé.


Afrik.com : N’avez-vous pas l’impression que François Bozizé vous a menés en bateau depuis le début du conflit qui vous oppose à lui ? 


Eric Massi :
 Effectivement nous constatons que Bozizé n’a pas respecté ses engagements depuis le début de la crise. Pour le chef d’état-major du Séléka, il est temps que cela cesse. Les hommes du Séléka doivent être satisfaits de leurs revendications. Il est temps que Bozizé prenne ses responsabilités ! Bozizé s’entête toujours à déployer ses troupes sur l’ensemble du territoire. Cette situation ne peut plus durer ! Elle est devenue insupportable pour les rebelles du Séléka mais aussi pour le peuple centrafricain. Le maintien de Bozizé au pouvoir ne permet pas de ramener la paix. Or nous avons toujours souhaité le retour à la paix et de la sécurité dans le pays. Nous sommes persuadés que son départ permettra à la société centrafricaine de repartir de l’avant et surtout d’éviter une bataille dans la capitale Bangui.


Afrik.com : Ce n’est pas la première fois que vous menacez de reprendre les hostilités. Vous n’avez jamais mis vos menaces à exécution. Cette fois-ci, comptez-vous aller jusqu’au bout ou est-ce juste un effet d’annonce ?

 
Eric Massi :
 Dès l’expiration du délai de trois jours s’il ne respecte pas ses engagements, nous envisageons de reprendre les hostilités. Il faut savoir que depuis dix jours le Séléka a procédé à la sécurisation de plusieurs villes comme Bangassou, car nous avons constaté que des armes mises en circulation par le régime de Bozizé ont été récupérées.


Afrik.com : François Bozizé ne semble jusqu’à présent jamais avoir pris vos menaces au sérieux. S’il s’entête que va-t-il se passer ? Comptez-vous le déloger de force comme vous l’aviez annoncé lors de votre premier entretien avec Afrik.com ?

 
Eric Massi :
 Oui tout à fait. Nous prendrons les mesures nécessaires s’il ne réagit pas. Lorsqu’un accord est signé et qu’une des parties ne le respecte pas, il faut tout faire pour la contraindre à tenir ses engagements. Il faut prendre la réalité de la situation avec le plus grand sérieux et toute la mesure qu’elle requiert. Nous ne sommes pas dans un jeu.

 

Afrik.com : La Cemac s’est-elle, selon vous, suffisamment impliquée pour résoudre la crise centrafricaine ? 


Eric Massi : La Cemac est toujours active pour tenter de régler la crise. Ses membres suivent la situation avec attention.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 03:24

 

 

 

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Le Général Noël Léonard Essongo répond à Nathalie Barge (Voix de l'Amérique)

 

- Nathalie Barge : Général, est-ce que vous êtes chargé essentiellement du suivi de l’accords de Libreville ou est-ce que vous devez travailler également sur l’accord ce cessez le feu ? 

 

- Général Essongo : Je suis chargé des 2, l’accord de cessez-le feu avait été réglé bien avant les accords de Libreville, mais les deux vont de pair.

 
C’est ainsi que arrivé sur le terrain, je vais pouvoir contacter tous les belligérants, faire un point avec eux, et essayer de les amener au strict respect des accords qu’ils ont signé à Libreville le 11 Janvier 2013.

 
J’ai pris le train en marche, nous demandons à aller sur le terrain le plus vite possible, c’est ainsi que dans les 48 heures en principe, nous devrons nous retrouver ou à Damara, ou à Sibut, en vue de voir ce qui se passe exactement sur le terrain, afin de pouvoir tirer les différentes conclusions qui s’imposeront à nous. Et à partir de ce moment-là, nous saurons qu’est-ce qu’il y a à faire.

 
Vous savez, dans tout ceci, il faut communiquer. J’ai comme l’impression qu’il n’y a pas la communication effective au sein des belligérants. C’est ainsi que, malgré l’accord de cessez le feu, vous apprenez qu’il a été rompu quelque part. Est-ce les mêmes groupes ? 
Voilà pourquoi, nous devons aller sur le terrain pour nous enquérir de la situation, et communiquer normalement.

 

- Nathalie Barge : Justement, est-ce que vous allez vous rendre à Bangassou, à Rafaï, à Zémio notamment ? A Rafaï, on ne connaît pas très bien la situation là-bas ?

 
- Général Essongo : Je me rendrais partout, pas le même jour, mais, je prend rendez-vous pour faire tous les points de la république centrafricaine. 

 

- Nathalie Barge : Quelles sont les priorités de cet accord de Libreville ? Est-ce qu’il s’agit du cantonnement ? De la libération des prisonniers notamment ?

 
- Général Essongo : En effet, nous allons voir avec le HCR quelles sont les disponibilités des uns et des autres. Le DDR avait déjà commencé, il a été interrompu, mais il va être repris incessamment. On a commencé à contrôler les gars, il ne reste plus que le cantonnement. J’y ai foi, j’y ai espoir. Le cantonnement va se faire très bientôt, et la suite des accords s’en suivra, car il ne faut pas oublier qu’il y a les élections au bout. 

 

- Nathalie Barge : Sur les forces Sud-africaines, c’est un problème entre les divers acteurs, la Séléka a cité plusieurs fois cette force, voulant qu’elle s’en aille est-ce que selon l’accord, les forces sud-africaines doivent quitter le pays ? Et pourquoi sont-elles là bas ? 


- Général Essongo : Pourquoi sont-elles ici ? je ne saurais vous le dire. Ca c’est des accords entre deux pays, et toujours est-il que à Libreville, on a demandé au gouvernement centrafricain, le retrait des forces qui n’appartiennent pas à la CEEAC, c’est vrai; mais le retrait d’une force comme telle nécessite un certain temps. 


Mais je crois qu’il y a un planning qui devrait se faire, et qui prendrait un certain temps. 

 

© Nathalie Barge pour VOA  March 16, 2013

 

 

 

NDLR : Selon nos informations, le général ESSONGO qui a déjà reçu NOURRADINE Adam devrait aussi s'entretenir ce dimanche avec les cinq ministres de l'ex-rébellion Séléka du gouvernement TIANGAYE. 

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