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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 23:38

 

 

bozize-2

 


Afrik.com   LUNDI 7 JANVIER 2013 / PAR SÉBASTIEN BADIBANGA

 

Le gouvernement sud-africain de Jacob Zuma a procédé à l’envoi de troupes pour renforcer le régime de François Bozizé, menacé par les rebelles du Séléka. 200 soldats sud-africains sont déjà sur place en Centrafrique et le président Zuma ajoute que 400 troupes seront déployés sur le terrain. Selon un porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, les troupes supplémentaires devront assurer la protection des membres de l’armée sud-africaine déjà en place pour former les forces militaires centrafricaines. Contactée par Afrik.com, Lydie Boka, manager du site Strategico.fr, nous explique que l’Afrique du Sud, soit la meilleure armée africaine, change le rapport des forces et souligne, en cas d’échec des négociations à Libreville, on se dirigerait tout droit vers une guerre régulière. Interview.

 

Les rebelles du Séléka détiennent désormais les 75% du territoire centrafricain. Ils ont même osé braver partiellement l’ultimatum de la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC) en s’approchant de près, à 12 km, de Damara, ligne rouge à ne pas franchir fixée par le Tchad. Les assaillants possèdent par ailleurs Bambari, le fief de l’ethnie du président François Bozizé. A la veille de l’ouverture des négociations, chaque partie campe sur ses positions, comment interpréter ce blocage ? 3 questions à Lydie Boka, spécialiste de la Centrafrique et manager du site Strategico.fr.

 

Afrik.com : Les rebelles du Séléka veulent exclure François Bozizé des négociations et, viennent encore de prendre deux villes. Qu’est-ce qu’ils veulent exactement ? 



Lydie Boka : Les rebelles réclament le départ de Bozizé. S’ils ont pris les villes de Alindao et Kouango c’est pour conforter leurs positions, et ainsi avoir plus de poids lors des négociations de Libreville. Ils ne font pas confiance au président centrafricain. Qui, lui-même, a fait appel au renfort de l’Afrique du Sud, la meilleure armée africaine. L’arrivée de l’Afrique du Sud, avec ses 400 hommes débarqués entre samedi et dimanche, change le rapport des forces. Les rebelles ont déjà pris 75% du territoire, ils contrôlent même Bambari, le fief de l’ethnie de Bozizé. Mais, ils sont de toute façon contraints de négocier sinon ce serait vu comme un manque de coopération.


Afrik.com : Si les négociations échouent, peut-on s’attendre à une guerre civile ? 



Lydie Boka : Chaque partie campe sur ses positions. Les rebelles du Séléka exigent le départ de Bozizé. Le président insiste pour rester au pouvoir. Ils ne sont plus qu’à 12 km de Damara et ce, malgré l’ultimatum de la FOMAC. Ce contexte peut aboutir à un clash. C’est encore trop tôt pour parler de guerre civile. La nouvelle crainte résulte du nouveau rapport de forces. Les milices pro-présidentiels ont laissé place aux militaires Sud-Africains. En cas d’échec des négociations, on pourrait s’attendre à une guerre ordonnée, à la régulière.


Afrik.com : De quelle nature, un affrontement opposant l’armée centrafricaine renforcée par des militaires Sud-Africains contre la rébellion ? 



Lydie Boka : Oui. Si Bozizé refuse de partir, c’est l’affrontement ! Les choses peuvent aller jusqu’à l’affrontement car les rebelles n’auront plus rien à perdre. S’ils ont pris les armes ce n’est pas pour entrer dans le gouvernement au pouvoir.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 01:53

 

 

 

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Thierry Vircoulon de ICG pour l'Afrique centrale

 

 

dimanche, 06 janvier 2013


http://afrikarabia2.blogs.courrierinternational.com/


La République démocratique du Congo (RDC) et la Centrafrique font face à des rébellions capables de faire tomber les régimes en place. Le M23 s'est emparé pendant quelques jours de la ville de Goma et les rebelles du Séléka se trouvent aujourd'hui à une centaine de kilomètres de Bangui. Thierry Vicoulon, directeur du programme Afrique centrale d'International Crisis Group (ICG) analyse pour Afrikarabia les similitudes, mais aussi les différences entre ces deux conflits.

 

- Afrikarabia : Quels sont les points communs entre la crise Centrafricaine et ce qui se passe actuellement en République démocratique du Congo ?



- Thierry Vircoulon : Dans les deux cas, nous avons une rébellion qui est plus forte que l'armée nationale et qui force le gouvernement à négocier, ce qu'il n'a évidemment pas envie de faire. Tout cela se passe sous l'égide d'une organisation régionale africaine, la CEEAC (1) dans le cas centrafricain et la CIRGL (2), pour la République démocratique du Congo. Dans ces deux conflits, nous voyons qu'il y a une demande d'intervention militaire extérieure. La CEEAC avait déjà une mission en Centrafrique qu'elle est en train de transformer en mission d'interposition et qui constitue le dernier rempart entre le pouvoir et les rebelles. En République démocratique du Congo, c'est la SADC (3) qui a été appelée à l'aide et est censée déployer des troupes dans les Kivus. Ces deux pouvoirs, Bangui et Kinshasa, se retrouvent donc dans une sorte de dépendance sécuritaire, faute d'avoir construit une armée suffisamment robuste pour résister à leurs rébellions.



- Afrikarabia : Dans ces deux pays, le point de départ de ces rébellions repose également sur un processus électoral raté et contesté ?



- Thierry Vircoulon : Les deux élections présidentielles, en RDC et en Centrafrique, ont eu lieu en même temps, en 2011 et ont montré aux forces politiques de ces pays que le pouvoir se resserrait. Les gouvernements congolais et centrafricains signifiaient alors qu'ils sortaient des logiques de partage des pouvoirs, négociées après les conflits et qu'ils souhaitaient monopoliser un peu plus le pouvoir pour leur deuxième mandat. Un monopole qui laissait penser aux oppositions congolaises et centrafricaines que ces pouvoirs comptaient effectuer une réforme constitutionnelle pour se représenter une troisième fois, ce qui est impossible dans les deux pays.


- Afrikarabia : Ce sont aussi des régimes qui ne peuvent plus compter sur leurs armées ?

- Thierry Vircoulon : Dans ces deux pays, il n'y a pas eu de réformes de l'armée, malgré les appels répétés de la communauté internationale, mais aussi des voix nationales. Ces appels n'ont pas été écoutés par ces deux régimes et ils se retrouvent aujourd'hui avec des forces armées qui sont, in fine, en situation d'infériorité par rapport aux rébellions.



- Afrikarabia : Est-ce que l'épilogue de ces deux "aventures rebelles" pourrait être le même à Bangui et à Kinshasa ?



- Thierry Vircoulon : La différence fondamentale entre les deux scénarios est d'ordre géographique. On voit que les rebelles centrafricains sont arrivés en 3 semaines aux portes de Bangui, alors que le M23 se trouve à quelques milliers de kilomètres de Kinshasa, sans aucune route. C'est la raison pour laquelle la configuration est différente. Mais la logique est la même. S'il y avait des routes qui traversaient la RDC et si le pays était moins grand, le M23, comme il le disait à une époque, aurait pu arriver aux portes de Kinshasa.



- Afrikarabia : N'est-ce pas dans ces conflits, la faillite de ce que nous appelons la communauté internationale ?



- Thierry Vircoulon : Il y a un désengagement politico-militaire très clair des européens et de Paris en Afrique, qui a comme contre-partie de soutenir des solutions africaines au crises africaines. C'est la CEEAC qui, dans le cadre d'une architecture de paix et de sécurité, doit gérer la crise centrafricaine et c'est la CIRGL qui est censée gérer les problèmes de paix et de sécurité dans les Grands Lacs. Dans la mesure où les européens sont maintenant en retraits, nous sommes là dans un système qui est logique. Ce sont désormais les instances africaines qui doivent gérer les problèmes de sécurité. Les Nations-unies, se retrouvent dans une situation un peu intermédiaire, où, elles sont là, mais n'ont plus une grande capacité d'initiative dans ces conflits et ont l'air de piétiner.



- Afrikarabia : Ce désengagement de la communauté internationale vous semble un phénomène durable ?



- Thierry Vircoulon : C'est le scénario qui a été mis en place il y a 10 ans lorsque l'Organisation de l'union africaine est devenue l'Union africaine (UA). Les crises africaines doivent être gérées par les africains et cette politique ne va pas changer. A moins d'une grande catastrophe, je ne vois pas cette politique changer. Au contraire, on va aller de plus en plus dans ce schéma. On le voit d'ailleurs dans le cas du Mali, où il faut des troupes de la CEDEAO pour intervenir, les occidentaux restants en deuxième ligne.



Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 02:25

 

 

 

Bozize-et-Thomas-Yayi-Boni.jpg

 

 

Le Monde.fr | 05.01.2013 à 11h23 05.01.2013 à 18h30


Propos recueillis par Hélène Sallon


La crise en Centrafrique devrait être au cœur de pourparlers dans les prochains jours à Libreville sous l'égide de la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), qui a annoncé l'arrivée dimanche 6 janvier au Gabon d'une délégation de la rébellion. Ces discussions avaient été proposées la semaine dernière par le président centrafricain François Bozizé, suite à une médiation du président de l'Union africaine, le président béninois Thomas Boni Yayi. Les rebelles du Séléka se trouvaient alors, après une offensive éclair, à seulement 160 kilomètres de la capitale, Bangui, protégée par un verrou de la Force multinationale d'Afrique Centrale (FOMAC), composée en grande partie d'unités tchadiennes rompues au combat. Certaines composantes de la rébellion ont toutefois démenties l'envoi d'une délégation à Libreville, à l'instar d'Eric Massi, le porte-parole de la Séléka, qui a affirmé vendredi ne pas être au courant de négociations imminentes et a réitéré l'opposition de la rébellion à toute négociation avec le président Bozizé.

 

 

Roland Marchal

 

Roland Marchal, politologue au Centre d'études et de recherches internationales (CERI, Sciences Po) spécialiste de l'Afrique sub-saharienne, revient sur les incertitudes qui entourent la tenue de négociations à Libreville.


La rébellion semble divisée sur l'opportunité de discussions avec le président Bozizé à Libreville dimanche. Comment analyser les annonces et contre-annonces qui entourent la tenue de ces discussions ?


Les discussions de Libreville soulèvent de nombreuses questions. Une composante de la rébellion, la Convention patriotique pour le salut du Kodro (CPSK) de François Nelson Ndjadder, veut négocier. Les autres composantes sont plus ambiguës ou silencieuses. Il y a donc un problème de représentation au sein de la rébellion : il y a une représentation extérieure — dans laquelle on retrouve notamment son porte-parole Eric Massi et François Nelson Ndjadder — et des hommes qui, sur le terrain, ont d'autres priorités.


Se pose également le problème de légitimité d'un mouvement qui avait des ambitions limitées — conquérir le nord-est du pays et faire aboutir leurs revendications sur le programme DDR (Désarmement, Démobilisation et Réintégration) — et s'est retrouvé à la tête d'une entreprise militaire qui a rencontré des succès. Ils sont arrivés aux portes de Bangui sans avoir discuté entre eux de ce qu'ils voulaient.


Le deuxième problème pour la rébellion est la composition de la table de négociations à Libreville qui peut les mettre dans une situation minoritaire par rapport à d'autres partis politiques ou de nouveaux groupes dormants et diasporiques qui n'ont pris part à rien jusqu'à présent et sont invités aux négociations. Tout d'un coup, à l'annonce de négociations, beaucoup de nouvelles organisations sont apparues et des fronts armés qui menaient ici et là des petites actions se sont exprimés. On ne sait pas non plus qui va représenter la société civile, faiblement structurée.


Le président béninois a conclu un accord sympathique [donnant lieu à ces discussions] mais la difficulté est de savoir comment le mettre en musique. Il y a de nombreux choix à faire et on ne sait pas qui va les faire. Ni la CEEAC ni le président Bozizé ni les rebelles n'ont défini les critères de participation. La rébellion peut très bien se dire que c'est une usine à gaz et qu'elle ne veut pas être à Libreville. C'est une question de crédibilité pour elle.


Le président Bozizé a-t-il quant à lui un réel intérêt à négocier ?


Il y a un doute sur la volonté de Bangui de négocier. En voyant l'évolution de la situation sur le terrain, on peut penser que les négociations s'avèrent sans objectif. Au moment de la visite du président béninois, pour négocier un accord, le président Bozizé n'avait aucune assurance sur l'aide que lui apporteraient des contingents de la CEEAC. Il était seul avec son armée donc il a fait un compromis.


Mais, il y a eu un changement majeur avec l'arrivée de deux cents soldats sud-africains envoyés, avec du matériel, par le président Jacob Zuma, certainement en échange de contrats miniers importants. Cela signifie que le président centrafricain s'organise pour une contre-offensive. Ces soldats vont certainementaider à organiser l'armée centrafricaine pour attaquer les rebelles. Bozizé sait désormais qu'il peut aller aux négociations et mobiliser l'aide internationale, tout en préparant la contre-offensive. Il est en train de reprendre la main. On a pu voir ça à Bangui ces derniers jours avec la remobilisation et le contrôle des quartiers musulmans.


De leur côté, les rebelles doivent décider si ils attaqueront les premiers ou tenir le choc contre la première offensive du pouvoir. Il y a désormais des Centrafricains qui disent avoir vu les rebelles et avoir constaté qu'au final, ils ne sont pas si nombreux ni si fortement armés qu'on a pu le dire par le passé. La force de la Séléka a peut-être été un peu surévaluée. Si c'est le cas, dans une bataille frontale, les soldats sud-africains, bien que peu nombreux, pourront faire le ménage.


Le président Bozizé avait proposé la formation d'un gouvernement d'union nationale. Est-ce envisageable ? Comment expliquer par ailleurs sa décision de démettre son fils Jean-Francis Bozizé de ses fonctions de ministre délégué chargé de la défense, et de limoger le chef d'état-major ?


La proposition que le président Bozizé avait avancée de former un gouvernement d'union nationale a peu de chance de se concrétiser. Les gouvernements d'union nationale sont rarement une réussite. Par le passé, le président Bozizé a eu quelques difficultés à faire place à une plus grande indépendance de l'opposition, on peut imaginer qu'il change d'attitude mais c'est peu probable.


Il a limogé son fils, ministre délégué à la défense et le chef d'Etat-major pourmontrer qu'il prend acte des erreurs faites, notamment envers les officiers les plus professionnels de son armée. Mais, ce sont des changements symboliques, notamment en ce qui concerne son fils. La personnalité pressentie pour remplacer le chef d'Etat-major appartient à son cabinet personnel, ce ne serait donc pas une ouverture aux yeux de la population ni de l'armée professionnelle.


Comment peut évoluer la situation dans les prochains jours ?


On est dans une période de pause qui peut peut-être se prolonger un peu mais aucune des parties n'a intérêt à ce que cela dure trop longtemps. Pour les rebelles, plus le temps passe plus leurs fractures apparaissent. Le président Bozizé sait que si le conflit dure, sa faiblesse pourrait apparaître plus structurelle que conjoncturelle.


La question se pose de savoir ce que vont faire les forces de la CEEAC, notamment les Tchadiens et Congolais qui avaient assuré l'immunité au président Bozizé ? Il y a le risque pour eux que le président Bozizé reprenne la main sur la rébellion sans eux, avec l'aide de l'Afrique du sud. Quel est le rôle de la Force multinationale d'Afrique centrale (FOMAC) si elle n'est pas capable de geler le renforcement du pouvoir militaire à Bangui ? Quel est le rôle de l'Union africaine, dirigée par Nkozasana Dlamini-Zuma, la femme du président sud-africain, alors même que ce dernier envoie des troupes en Centrafrique ?


Comme dans tous les conflits, c'est la population qui va payer le prix le plus fort dans sa chair et par les pillages. On a pu observer un comportement très inquiétant et problématique des armées étrangères, avec des cas de viols notamment. L'Etat centrafricain doit rétablir l'autorité de l'armée. On peutcomprendre qu'il veuille contrôler les quartiers musulmans, jugés hostiles aupouvoir, mais il doit le faire dans les règles. Du côté des rebelles, il y a peu de témoignages civils dans les zones conquises car les rebelles coupent les bornes téléphoniques et téléphones satellitaires. Mais, certains témoignages font état d'une détérioration des relations entre les civils et les rebelles, qui pourraient s'être livrés à des pillages et des assassinats.


Propos recueillis par Hélène Sallon

 


Les rebelles prennent deux nouvelles villes avant les négociations


Les rebelles centrafricains de l'alliance Séléka ont pris deux nouvelles villes samedi 5 janvier alors que les préparatifs pour des négociations réunissant le pouvoir, la rébellion et l'opposition politique à Libreville la semaine prochaine s'accélèrent.


Alindao, une ville de 40 000 à 50 000 habitants, est située à une centaine de kilomètres au sud-est de Bambari, tandis que Kouango, ville plus petite, se trouve à une centaine de km au sud de Bambari, dans un cul-de-sac routier se terminant sur le fleuve Oubangui qui marque la frontière avec la République démocratique du Congo.


Il s'agit sans doute d'une démonstration de force du Séléka avant les négociations, l'intérêt stratégique de ces deux villes éloignées de Bangui semblant faible dans l'optique d'une éventuelle attaque de la capitale. (AFP)

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 16:14

 

 

 

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Louisa Lombard

 

 

RFI    samedi 05 janvier 2013


Louisa Lombard, chercheuse, spécialiste de la Centrafrique, où elle a effectué plusieurs séjours depuis 2009, vient de publier une thèse d'anthropologie sur la région nord-est de la RCA intitulée «La souveraineté des razzias aux confins de la Centrafrique». Elle répond aux questions de Sonia Rolley.

« La Seleka est une coalition composée de différents acteurs (les Rungas et les Goulas) qui ont des histoires et des revendications différentes. Mais, pour la plupart des membres de la coalition, il y a un facteur important qui les unit, c'est le fait qu'ils ont tous une haine contre Bozizé ».

 

RFI : Avez-vous été surprise par l’offensive rebelle de ces dernières semaines ?


Louisa Lombard : Non, je ne peux pas dire que j’ai été surprise par les événements récents. Quand j’ai été au nord-est du pays, j’ai fait des recherches avec des rebelles du FPR (Front populaire pour le redressement). Ils m’ont dit que si le gouvernement ne respectait pas les promesses qui leur ont été faites au cours des dialogues dans les différents accords de paix, ils allaient reprendre les armes, pour choquer le gouvernement et pour attirer l’attention de la communauté internationale sur leur situation.


Ce qu’on voit dans le pays, c’est qu’il y a eu une politique de promesses, où le gouvernement a fait des promesses envers des rebelles différents, et ces promesses ont convaincu les rebelles de remettre leurs armes. Après, ces promesses n’ont pas été respectées. Donc, c’est une politique qui peut marcher pendant quelques années, peut-être, mais ce n’est pas durable.


Ndélé, Sam Ouandja, Tiringoulou, ou Kaga Bandoro, ce sont vos terrains de recherche, et ce sont aussi les premières villes prises par les rebelles. Peut-on véritablement dire qu’elles ont d’ailleurs été prises par les rebelles ?

 

Il faut un peu faire la différence entre les différentes villes, parce que dans la ville de Tiringoulou, par exemple, il n’y a aucune présence gouvernementale. Il y a peut-être un professeur dans l’école primaire. Mais à part ça, il y a vraiment très, très, très peu de présence gouvernementale. C’était une ville du groupe des rebelles du FPR. Donc, c’était déjà une ville rebelle.


À Samouandja, il y avait une présence militaire du gouvernement national, mais en même temps, c’était aussi une ville des rebelles, déjà. Dans toutes ces villes, on peut dire qu’il y a une présence très, très, très faible du gouvernement.


Il est vrai que les rebelles sont venus dans les villes, mais en même temps, ce n’était pas une situation où il y avait une présence gouvernementale très forte qu’il a fallu abattre. Le gouvernement national fait très peu pour cette région.

 

Vous écrivez, justement, que dans certaines régions de la Centrafrique, le courrier n’a pas été distribué depuis le milieu des années soixante-dix. Comment circule-t-on dans cette zone des trois frontières ?

 

Les personnes circulent très, très difficilement dans cette région, parce qu’il n’y a presque pas de routes. Ce n’est pas par hasard si cette rébellion que l’on voit maintenant a débuté au mois de décembre. C’est parce que c’est le début de la saison sèche. Et pendant la saison pluvieuse, qui varie du mois de juin jusqu’au mois de novembre, à peu près, dans toute la région du nord-est, les routes de Bangui ne sont pas passables. Il est très, très difficile pour ces gens-là de circuler dans le pays pendant la moitié de l’année. C’est une région vraiment oubliée par le gouvernement central. Il y a très peu de gens qui habitent dans la région, c’est vrai. Mais en même temps, ces gens-là ont été abandonnés par le gouvernement.

 

C’est un problème aussi de géographie mais depuis l’époque de la colonisation, cette zone est assez isolée du reste des pays voisins, que ce soit du Soudan, du Tchad ou de la Centrafrique. Vous avez d’ailleurs étudié les archives coloniales d’Aix-en-Provence. Et justement, vous avez retrouvé un texte d’officiel militaire français, qui juste avant la fin de la colonisation, disait qu’il se méfiait de cette zone. Qu’elle était «mangeuse d’hommes», et qu’elle était, finalement, très difficile à administrer. Donc, la difficulté d'administrer cette zone ne relève peut-être pas seulement de la faute de Bangui ?

 

Vous avez tout à fait raison. La géographie est très importante. Ça, il faut le dire, parce que, comme je l’ai mentionné déjà, c’est une zone où il y a très peu de peuples, très peu de gens, et c’est une zone très, très vaste ! Toute cette région du nord-est est à peu près aussi grande que le Portugal. Cela donne peut-être une idée de la difficulté d’administrer une zone qui est aussi grande que le Portugal, mais avec peut-être moins de 100 000 individus dans la zone, et avec une géographie extrêmement difficile à pénétrer, une brousse très dense.

 

Quelle est, justement, la situation sécuritaire, dans cette région de la Centrafrique, donc avant la crise, et quelles sont les évolutions marquantes que vous avez pu constater depuis le début de vos recherches ?

J’ai débuté les recherches dans la zone en 2009. On peut dire que pendant toute cette période, c’était un peu la crise. Dans les années soixante-dix, par exemple, et même au début des années quatre-vingt, eux ce qu’ils craignaient, c’était les attaques des lions, des éléphants, et des autres animaux sauvages. À partir des années quatre-vingt, il y a eu une circulation des armes, majeure, dans la zone, en liaison, selon les gens, avec les guerres au Tchad, par exemple, et aussi au Soudan. Et en même temps, les gens disent qu’ils ont été abandonnés par le gouvernement à Bangui, que c’est devenu pire, depuis ces deux dernières décennies.

 

Quels types de groupes armés peut-on trouver dans cette région, qui d’ailleurs compose un peu la Seleka d’aujourd’hui ?

 

On peut mentionner, par exemple, l’UFPA, qui se trouve à Tiringoulou et Samouandja, et dans d'autres villes au nord-est du pays. Il y a aussi l'APRD, qui se trouve à Kaga Bandoro, et plusieurs autres villes qui se trouvent plus au nord-ouest du pays, donc de l’autre côté, un peu. Et il y a le CPJP aussi, qui était au nord de Ndélé.

Ce sont les trois groupes qui sont les plus connus. Tous ces groupes sont un peu l’évolution des groupes locaux d’autodéfense, qui existent un peu partout dans le pays.

 

Mais est-ce que les groupes rebelles, dont vous dites qu’ils étaient plus organisés, administraient vraiment ces zones ? Remplaçaient-ils un petit peu le gouvernement ou pas du tout ?

 

Oui, ils ont remplacé un peu le gouvernement. Par exemple, à Tiringoulu, c’était une petite ville de peut-être 2 000 personnes. On y trouve des gendarmes, mais des gendarmes de l’UFPA. Et il y a d’autres fonctionnaires qui sont des fonctionnaires rebelles, qui ne reçoivent pas de salaire de la part du gouvernement, mais ils ont pris ces positions.

 

Cette nouvelle rébellion est un peu aussi l’échec des accords de paix, signés par les différents groupes armés et le gouvernement. Comment vous expliquez cet échec-là ?

 

L’une des raisons est que l'on n’a pas vraiment vu de bonne volonté de la part du gouvernement et aussi des autres leaders des groupes armés, qui ont participé au comité de pilotage du DDR (Désarmement Démobilisation Réinsertion).


Mais en même temps, on peut dire que les attentes des rebelles n’ont pas été réalistes non plus. Eux s’attendaient à tous recevoir des positions dans l’armée, ou bien des sommes d’argent vraiment énormes. Dès le début, on voyait qu’il y avait des problèmes majeurs.


Par exemple, le DDR a marché un peu au nord-ouest du pays, où on peut circuler un peu mieux et où la situation sécuritaire est meilleure. Mais au nord-est du pays, d’où vient la rébellion Seleka, la situation sécuritaire était très difficile. Cela a fait que les personnes qui allaient diriger le programme DDR ne pouvaient pas circuler comme ils le voulaient dans la région. Même s’il y avait eu plus de bonne volonté de la part du comité de pilotage, pour débuter ce programme au nord-est, il y avait aussi des contraintes, pas seulement géographiques mais aussi sécuritaires, qui faisaient qu’ils n’étaient pas réalistes.

 

On va un peu parler, maintenant, de cette rébellion de la coalition Seleka. Qui la compose, à la fois du côté des officiers et des hommes de troupe ?

 

Les hommes de troupe, ce sont des gens que j’ai connus quand j’ai fait des recherches dans la zone en 2009-2010. Et ce sont, pour la plupart, des gens de la région. On a entendu aussi des rumeurs sur la présence de Tchadiens et de Soudanais, qui feraient partie de ces troupes, mais je n’ai pas pu vérifier si tel est le cas.

Le problème auquel font face les gens de la région, c’est que lorsqu'ils vont à Bangui, le pouvoir central les voit comme des étrangers. Ils disent que ce ne sont pas des Centrafricains, que ce sont des Tchadiens ou des Soudanais. Alors que ce sont des gens qui sont nés en Centrafrique et qui sont des Centrafricains. Et s’ils vont au Tchad ou bien au Soudan, ils sont de nouveau des étrangers et sont alors des Centrafricains. Ils se trouvent un peu, comme je l’ai dit, abandonnés, oubliés par les pouvoirs, dans les différentes capitales de la région.

Pour les officiers, les porte-paroles, par exemple, ce sont des gens qui se trouvent en France, à Paris, et qui ont des liens avec les grandes familles politiques de la Centrafrique.

La relation entre les porte-paroles et les troupes qui sont sur le terrain, est souvent difficile, dans la mesure où ceux qui négocient pour le groupe n’ont pas été sur le terrain avec les hommes.

 

Ça, c’est aussi vrai pour la coalition Seleka aujourd’hui ?

 

D’après ce que je peux voir, oui, je pense que c’est vrai.

 

On parlait souvent, en tout cas, des affrontements intercommunautaires, entre les Goulas et les Rungas. Dans cette rébellion Seleka il y a les deux communautés. Comment se passent les relations entre les deux ?

 

Les Goulas et les Rungas sont ces groupes ethniques qui habitent un peu côte à côte dans le nord-est du pays. Ce sont des groupes qui ont eu des méfiances entre eux. Mais en même temps, ils ont aussi pu collaborer. Les confits entre les deux groupes ne sont pas des conflits de très, très longue durée.

Cela ne me surprend pas qu'ils aient décidé maintenant de collaborer pour montrer leur force au gouvernement. Parce que déjà en 2010, on a entendu qu’il y avait peut-être la possibilité de collaboration entre ces groupes, parce qu’ils voyaient que les Goulas seuls ou bien les Rungas seuls, n’avaient pas assez de force pour vraiment faire peur au gouvernement. Mais s’ils travaillaient ensemble, ils allaient peut-être réussir à faire un choc, comme ils disaient qu’ils voulaient faire.

 

Pour simplifier et pour schématiser, les Goulas sont plutôt UFDR et les Rungas plutôt  CPJP...

Oui.

 

Pensez-vous que la Seleka soit une coalition solide ?

 

Il y a des parties qui sont solides et peut-être d’autres parties qui sont un peut moins solides, parce qu’il y a des facteurs différents, des histoires différentes, et des revendications différentes. Mais je pense que pour la plupart des membres de la coalition, il y a un facteur important qui les unit, c'est la haine de Bozizé. Donc cette haine contre Bozizé les réunit tous, et rend la coalition plus solide qu’elle ne l’aurait été, s’il n’y avait pas ce ras-le-bol.

 

Comment pensez-vous que la crise actuelle puisse se résoudre ? Pensez-vous que cette rébellion va aller jusqu’à Bangui ? Que des négociations sont vraiment possibles ?

 

Je pense que les négociations sont possibles. Mais les termes de la discussion doivent être sérieux. Il va falloir que le président Bozizé fasse des concessions qui soient plus grandes que ce qu'il s’est montré capable le faire jusqu’à maintenant.

 

Mais est-ce que ce n’est pas aussi le cas des rebelles, puisque quand vous parliez de l’échec de la politique de DDR, vous nous disiez que les rebelles avaient aussi, à l’époque, une vision un peu fantasmagorique de ce qu'ils pourraient obtenir de Bangui ? Est-ce qu’il n’y a pas plus de réalisme à avoir, tant du côté du gouvernement que du côté des rebelles ?

 

Oui, c’est vrai. Les rebelles attendent de prendre le pouvoir, ou bien, s’ils ne le prennent pas, qu’ils reçoivent des sommes d’argent et des positions dans le gouvernement. Et ça aussi, ce n’est pas très réaliste. Le dialogue va être un processus très sensible et très difficile aussi. Il n’y a pas de garantie que cela va marcher.

Il y a des dynamiques dans le pays qui se sont mises en place depuis les dix dernières années, où les gens pensent que prendre les armes est une façon de trouver des opportunités, de s’enrichir. Cela, ce n’est pas quelque chose qu’un dialogue puisse vraiment changer. Pour que cela change, il va falloir que le mode de gouvernance à Bangui change énormément, et que cela devienne beaucoup plus transparent et inclusif. Ça, ce n’est pas quelque chose qu’un dialogue peut garantir et mettre en place. Mais c’est quelque chose que l’on peut espérer pour le peuple centrafricain, qui a vraiment trop souffert ces dernières années.

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 04:10

 

 

 

 

Boz centrafrique

 

 

http://tempsreel.nouvelobs.com  03-01-2013 à 19h18

 

Le Séléka a stoppé l'offensive, lancée le 10 décembre, le gros des troupes étant positionné à 160 km de Bangui. Décryptage du spécialiste Roland Marchal.

Le président François Bozizé se prépare à aller aux négociations de paix à Libreville mais celles-ci pourraient être compliquées par le caractère extrêmement hétéroclite de la rébellion, qui a suspendu sa progression vers Bangui. Décryptage du spécialiste de laCentrafrique, Roland Marchal.

 

La rébellion du Séléka et le président centrafricain François Bozizé ont accepté mercredi de se mettre autour de la table des négociations. Pourquoi ce revirement ?


- Les rebelles avaient averti très tôt qu'ils ne voulaient pas entrer dans la capitale Bangui, mais qu'ils souhaitaient voir le président déposer les armes et quitter le pouvoir.


La rencontre avec le président du Bénin et de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, a été l'un des éléments qui a favorisé cette avancée vers les négociations. Bien qu'il n'ait pas accepté de se retirer du pouvoir, le président Bozizé a fait de véritables concessions : il a annoncé qu'il ne se représenterait pas à l'élection présidentielle, qu'il ne changerait pas la Constitution et qu'il souhaitait nommer un gouvernement d'union nationale.


De leurs côtés, les rebelles étaient en désaccord sur la marche à suivre. L'envoi des renforts militaires des Etats de la Ceeac (Communauté économique des Etats d'Afrique centrale) et la clarification par Idriss Deby de la position du Tchad ont incités le Séléka à calmer le jeu. Il faut bien se rendre compte que ces rebelles sont forts de la faiblesse des forces armées centrafricaines, les Faca. Ils ne représentent pas une force de frappe qui aurait pu mettre en déroute la Micopax (Mission de consolidation de la paix en Centrafrique) dans l'hypothèse où celle-ci se serait résolue à combattre.


La nature hétéroclite de la coalition rebelle n'est-elle pas un obstacle aux pourparlers ?


- Au moment où l'offre a été faîte, juste après le décollage de l'avion présidentiel béninois, des voix divergentes se sont exprimées au sein de la coalition. Et puis le porte-parole du Séléka, Eric Massi, a resserré les rangs en expliquant qu'ils étudiaient les propositions. Les rebelles ont bien conscience que s'ils se divisent, leur force de frappe est complètement diminuée.


Quelle est leur marge de manœuvre ?


- On est dans une position d'attente. Il y a un débat au sein du Séléka pour savoir ce qu'il veut faire et ce qu'il peut faire. Les rebelles ont plusieurs victoires militaires à leur actif. Ils peuvent aussi compter sur l'addition des radicalismes : ils ne sont pas seuls, l'opposition légale est aussi convaincue que François Bozizé doit partir. Ce dont je doute en revanche, c'est que le président Bozizé soit prêt à prêter une oreille attentive à cela.


Qui va s'assoir autour de la table des négociations de Libreville ?


- D'après les propositions béninoises, il y aura des représentants de la société civile, les principaux chefs de l'opposition légale, François Bozizé et quelques personnes de son parti et évidemment les rebelles. Pour ces derniers, l'opposition légale est l'équivalent du régime Bozizé. La Ceeac, l'Union africaine et les Nations unis seront aussi présents et auront des rôles de facilitateurs.


Mais tout cela c'est un peu de la mise en scène pour souligner devant la communauté régionale que les rebelles font des compromis. C'est le moment de la négociation, chacun montre ses dents. Il faut attendre.

 

Que peut-il se passer ?


- Plus le temps passe plus la structure de la rébellion s'affaiblit. Ils vont devoir décider vite de ce qu'ils vont vraiment faire : négocier ou essayer d'entrer dans Bangui ?


De l'autre côté, j'ai du mal à croire que le président centrafricain est en train de préparer ses dossiers pour aller à la négociation. Réfléchit-il aux moyens de remonter son armée et préparer un nouveau dispositif militaire pour une contre-offensive significative ? François Bozizé sait la capitale à priori sécurisée, et il lui reste un peu de temps pour y penser. Les incidents quasi-quotidiens qui se déroulent à Bangui lui donnent du crédit quant à sa théorie de la menace extérieure.


S'il va à Libreville, il peut revenir sur ses promesses et tenter de pousser les rebelles à la faute. L'enjeu pour lui est de conserver la Ceeac de son côté au moment où il lancera une éventuelle contre-offensive.

A l'inverse, l'enjeu pour les rebelles est de convaincre la Ceeac que François Bozizé est le problème et qu'en le sortant du jeu, on règle ce problème.


La France dit être en contact avec toutes les parties...


- La France parle avec tout le monde évidemment. Mais elle ne veut pas s'impliquer plus au risque de devenir un bouc émissaire idéal et d'être tenu responsable d'un processus qui n'est pas le sien. Comme au Nord-Mali, elle n'interviendrait que dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité ou en appui aux organisations régionales.


Propos recueillis jeudi 3 janvier 2013 par Sarah Diffalah

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 19:13

 

 

 

Boz centrafrique


http://www.humanite.fr    le 2 Janvier 2013


Alors que la coalition rebelle du Séléka a annoncé ce mercredi suspendre son offensive vers Bangui pour participer à des pourparlers de paix avec le gouvernement centrafricain, Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Ifri, par ailleurs directeur du programme Afrique centrale d’International Crisis Group, décrypte la crise centrafricaine. 

 

Quelle est la genèse de la crise en République centrafricaine?

 

Thierry Vircoulon. C’est une crise née des frustrations de la gouvernance du régime. Les groupes armés qui forment le Séléka sont, pour la plupart, des groupes qui avaient déjà signé un accord de paix avec le pouvoir. Mais les conditions de cet accord de paix n’ont pas été appliquées. Notamment tout ce qui concernait le volet « Désarmement/Démobilisation/Réintégration » (DDR) n’a pas été mis en œuvre. L’UFDR [l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement qui, avec la Convention patriotique pour le salut wa Kodro (CPSK) et la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), ont créé la coalition rebelle du Séléka début décembre – NDLR] est un mouvement qui avait signé un accord de paix en 2007 prévoyant la démobilisation de ses combattants…

 

Comment analysez-vous la réponse de François Bozizé, qui se dit prêt à négocier et à former un gouvernement dunion nationale?


Thierry Vircoulon. Les rebelles se rapprochent de plus en plus de la capitale. L’armée centrafricaine n’est pas en mesure de les contrer. La déclaration de Bozizé montre que le pouvoir n’a absolument plus d’alternative. Cela traduit sa faiblesse. Il a cédé aux conseils et aux injonctions de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).

 

Existe-t-il un lien entre l’opposition à Bangui et la coalition du Séléka?


Thierry Vircoulon. Ils n’ont pas grand-chose à voir. Les mouvements qui forment le Séléka sont composés de groupes armés du nord-est du pays et qui ont très peu de liens avec l’opposition démocratique qui se trouve à Bangui. Les revendications du Séléka, axées sur le DDR, n’ont pas grand-chose à voir avec un agenda politique plus large.

 

La crise centrafricaine est-elle le révélateur de tout un tas de crises qui éclatent en ce moment en Afrique, et particulièrement en Afrique centrale?

 

Thierry Vircoulon. C’est révélateur de l’extrême faiblesse d’un certain nombre de régimes en Afrique centrale dont celui de la République centrafricaine où les mêmes événements se répètent. Des rebelles qui défient le gouvernement et sont plus forts que lui sur le terrain, on a déjà connu ça. Le général Bozizé lui-même est arrivé au pouvoir par un putsch en 2003. Ce qui se passe est, en réalité, la conséquence logique du non-règlement de problèmes de fond.

 

Bozizé est-il lâché par tous ceux qui le soutenaient peu ou prou?

 

Thierry Vircoulon. On sent cela. La France n’interviendra pas. Maisla région est beaucoup plus décisionnelle que Paris sur ce qui se passe en République centrafricaine. On a senti, lors de la réunion le 21 décembre de la CEEAC à N’Djamena, que les présidents de la région étaient très mécontents et ont pris la crise en main en imposant une feuille de route au gouvernement centrafricain, à savoir les négociations et le renforcement de la mission Micopax (Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine, sous la responsabilité de la CEEAC). Mais ils ne veulent pas la chute du régime Bozizé.

 

Si la crise perdure, quelles pourraient être les conséquences régionales?

 

Thierry Vircoulon. Les conséquences seraient importantes parce que c’est un test pour les capacités de la région à gérer les crises. Ce serait un discrédit et un défi forts lancés à la CEEAC et à l’Union africaine par les rebelles. On se retrouverait dans une situation de face-à-face entre la mission de la Micopax, les rebelles et l’armée tchadienne. Car à l’heure actuelle, le verrou qui protège Bangui, c’est Damara où se sont positionnés l’armée tchadienne et le reste de l’armée centrafricaine, la Micopax étant positionnée en protection directe de Bangui. Si les rebelles arrivaient jusqu’à Bangui, on risquerait de retrouver les heures sombres de 1996, 1997 ou 2003: la guerre dans la capitale.

 

Vous avez fait allusion à la faiblesse de larmée et, paradoxalement, stationnent en République centrafricaine des bataillons de larmée française là officiellement pour «défendre les ressortissants français», dixit François Hollande. Mais à lorigine quelle est la mission de ces troupes françaises?

 

Thierry Vircoulon. La mission actuelle du détachement sur place est essentiellement une mission de soutien aux troupes de la Micopax. La France y contribue également financièrement. La présence française en République centrafricaine a diminué fortement depuis des années. La dernière intervention militaire française date de 2007. Le pouvoir centrafricain a cru qu’il pouvait de nouveau contraindre Paris à l’aider. Mais François Hollande a clairement donné une fin de non-recevoir. La France ne fera qu’évacuer ses ressortissants. La main est vraiment laissée à la région pour la gestion de cette crise. Ce qui est testé, c’est l’architecture de paix et de sécurité en Afrique où les Occidentaux ne sont là qu’en appui. Les Africains doivent gérer la crise.

La France en réserve. Si François Hollande s’en tient à la ligne du « dialogue » intercentrafricain, refusant d’apparaître comme le sauveur de François Bozizé, ceux qui assurent la sécurité du président contesté sont… des Français. L’instructeur attitré de la garde présidentielle est un certain Francis Fauchart, passé par le Gabon. Il est lié à la société de mercenariat EHC, dirigée par un ex-général français, Jean-Pierre Pérez. Cette firme spécialisée dans les « services de sécurité » a récemment ouvert un « bureau de liaison » à Bamako, ses prestations dans le Mali en crise allant de la simple escorte jusqu’aux missions de conseil.

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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 15:41

 

 

 

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RFI par Nicolas Champeaux mercredi 02 janvier 2013

 

La Centrafrique est de nouveau confrontée à une grave crise. Les rebelles de la Seleka menacent d'entrer dans la capitale pour chasser le président François Bozizé du pouvoir. Quelles sont les causes profondes de ce dernier conflit, comment dénouer la crise ? Le médiateur de la République centrafricaine nous livre son analyse, Monseigneur Paulin Pomodimo, ancien archevêque de Bangui.

 

RFI: C’est l’organisme sous-régional, la CEEAC (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale) qui assure la médiation du conflit actuellement en République centrafricaine. Néanmoins, en tant que médiateur, vous suivez de près la situation. Etes-vous préoccupé à l'heure actuelle ?

 

Paulin Pomodimo: Non seulement préoccupé, mais je suis vraiment triste pour ce qui arrive à mon pays. Il y a comme une sorte de fatalité qui fait que pratiquement tous les dix ans, on est rattrapé par des crises du même genre.

 

Comment expliquez-vous ces fréquents cycles d’offensives armées de la part de groupes rebelles en Centrafrique ?

 

Il faut qu’un jour on ait le courage d’aller jusqu’à la racine des maux qui touchent notre pays dans la manière dont nous gérons les rébellions chez nous. Prenons d’abord cette crise actuelle. Il y a un an de cela, j’avais sillonné cette partie septentrionale du pays d’où est partie la rébellion actuelle par une sorte de caravane de réconciliation.

Lorsque je suis revenu de ce long périple, j’avais retenu qu’il fallait qu’on aille tout de suite organiser l’opération de désarmement. Cela a pris un peu de temps. Il aurait fallu qu’on agisse vite, mais j’ajoute tout de suite que la faute ne revenait pas seulement aux autorités de Centrafrique. Parce que, à l’époque, on savait qu’il fallait beaucoup d’argent pour cela. Les partenaires qui nous aident souvent n’ont pas compris l’urgence.

 

Est-ce que le malaise actuel n’est pas lié aux dernières élections, en janvier 2010, qui ont été contestées par l’opposition ?

 

Dans un contexte pareil, les raisons sont complexes. Ceci explique cela.

 

Et aujourd’hui, quel est votre message aux parties au conflit ?

 

D’abord, je voudrais m’adresser à mes frères fâchés de la Seleka. Lorsque que quelqu’un prend des armes au bout de sa colère, c’est parce que cette personne a l’impression de ne pas se faire entendre suffisamment. Aujourd’hui, ça n’est plus le cas pour la Seleka parce que les revendications sont entendues par la communauté internationale et par la communauté régionale, par la CEEAC. Cette dernière leur tend une tribune inespérée.

 

On leur demande d’aller à Libreville pour parler des problèmes qui sont les leurs. On ne peut pas gouverner un pays comme le nôtre, qui est terriblement enclavé, en se dressant contre les Etats voisins de l’Afrique centrale. Ce n’est pas possible de prendre le pouvoir à Bangui et puis de se dresser contre les Etats d’Afrique centrale. Ce n’est pas possible.

 

Dans le même temps, le président François Bozizé n'a t-il pas trop attendu avant d'inviter les représentants de la rébellion à rejoindre un futur gouvernement d'union ?

 

On ne revient plus sur cela. Je voudrais saluer le courage du chef d’Etat parce que je l’ai entendu s’engager à partir sans conditions à Libreville pour aller participer aux négociations avec nos frères de la Seleka.

 

Vous avez justement participé à d'importants pourparlers par le passé. Quels enseignements en avez-vous tiré et comment peuvent-ils être mis à profit pour résoudre la crise actuelle en Centrafrique ?

 

La première chose, c’est qu’il faut avoir une capacité d’écoute extraordinaire. Je dis souvent que même dans le cœur du chef rebelle le plus endurci, il y a toujours quelque part un espace qui est à la recherche de la paix. Il faut savoir les écouter.

 

Mais pour le cas d’espèce, la Seleka semble avant tout animée par un désir de voir le président François Bozizé quitter le pouvoir.


Il y a un certain nombre de choses que l’on peut parfois obtenir plus par la force des arguments que par le fracas des armes. On a un cas précis : il y a eu deux armées qui sont allées pour chasser Baba Ladé [chef de la rébellion tchadienne du Front populaire pour le redressement (FPR) ndlr], mais nous, au niveau de la médiation, rien que par la force de la parole, nous avons pu non seulement faire repartir ce chef rebelle chez lui, mais nous avons également réussi à rapatrier tous ces éléments sans utiliser une fois une arme de guerre.

 

François Bozizé était chef rebelle en 2003 lorsqu'il a participé à des négociations avec feu le président Ange Félix Patassé. Vous étiez présent lors de ces pourparlers. Comment Bozizé s'était-il comporté ?

 

A l’époque, on m’avait demandé de créer un espace de dialogue lorsque Bozizé arriverait par à la rébellion, toujours par la même voie, à partir du Nord. Alors aujourd’hui, je peux dire en toute humilité que l’on n’avait pas à réussir puisque le camp Bozizé à l’époque avait le choix de rentrer à Bangui et de prendre le pouvoir. Est-ce que c’était bien ? Est-ce que ce n’était pas bien ? Je crois que la mission de la médiation n’est pas de juger.

 

 

 

NDLR : Il n'y a absolument aucune fatalité qui tienne. La situation dans laquelle se trouve actuellement le pays est aussi un peu le résultat de la mauvaise méthode de médiation de Pomodimo et surtout de la nullité de Bozizé qui ne comprend que le langage des armes et la méthode forte.  Il se vante d'avoir chassé Baba Laddé du pays or il sait tr-s bien que les 3/4 de hommes de ce dernier sont tranquillement revenus dans leur sanctuaire sur le territoire centrafricain. Il n'y a donc pas de quoi pavoiser. 

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Centrafrique-Presse.com - dans Interview
1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 15:30

 

 

 

Néris Massi Eric

 

 

01 janvier 2013


En moins de 20 jours, une rébellion inconnue il y a encore quelques semaines, contrôle 85% de la Centrafrique et menace de renverser le président François Bozizé. Dans un entretien exclusif à Afrikarabia, un responsable du mouvement a accepté de lever le voile sur une partie des dessous de la coalition Séléka : le "réel" président du mouvement, leurs soutiens politiques, leur financement, mais aussi les premières mesures qu'ils prendront une fois au pouvoir.

 

 

Depuis le 10 décembre 2012, une coalition de plusieurs mouvements rebelles (UFDR, CPJP, FDPC, CPSK et A2R) mène une offensive éclair sur la capitale centrafricaine. Objectif : faire tomber le régime du président François Bozizé. Face à une armée régulière qui fuit les combats et une force d'interposition tchadienne passive, la rébellion du Séléka se retrouve en mesure de prendre le pouvoir à Bangui. De ces rebelles, venus de plusieurs formations hétéroclites, on connait peu de chose. Un membre important de la coalition a accepté de nous dévoiler quelques secrets du mouvement. Il n'a pas souhaité divulguer son identité.



- Afrikarabia : A quand remonte l'idée de la coalition du Séléka ?



- La coalition de tous ces mouvements rebelles date de moins de 4 mois. Tout a commencé à partir de fin octobre 2012. Nous étions conscients que pour renverser le président Bozizé, il fallait passer par le Tchad et d'autres pays de la sous-région. Nous avons constaté que les relations s'étaient fortement dégradées entre la Centrafrique (RCA) et le Tchad. Nous avons réussi à convaincre de notre démarche certains proches du président Idriss Déby, que nous avons rencontré à Paris… des officiels de hauts rangs et des membres de son cabinet. Ils nous ont expliqué qu'ils étaient déçus de l'attitude et de l'incompétence du président François Bozizé. Plusieurs accords avaient d'ailleurs été signés entre le Tchad et la RCA et les choses traînaient.

- Afrikarabia : Quel était votre projet ?



- En 2003, c'est nous (certains membres de la rébellion, ndlr), qui avons aidé Bozizé à prendre le pouvoir. Malheureusement, Bozizé est devenu fou avec le pouvoir. Il n'était donc plus un interlocuteur valable pour les intérêts de la Centrafrique mais aussi du Tchad. Nous voulions quelqu'un de responsable pour prendre la tête du pays. Pour réussir notre objectif, nous étions convaincus qu'il fallait une coordination entre tous ces chefs rebelles. Au début cela a été difficile à mettre en place. 



- Afrikarabia : Qui dirige ce mouvement ?



- Nous avons une stratégie au niveau de notre président. Pour l'instant, nous ne voulons pas que son nom soit connu. Nous n'avons pas voulu qu'il s'affiche tout de suite comme le porte-parole ou le coordinateur du mouvement. C'est donc pour cela que nous avons choisi, en accord avec le commandement militaire sur place, Eric Massi comme porte-parole de la coalition. Notre président sera connu une fois que le pouvoir sera tombé à Bangui. Je peux juste vous dire qu'il est très réservé et c'est un sage. La discipline, le respect des droits de l'homme et des populations civiles dans les rangs de nos militaires sont, par exemple, une stratégie mise en place par lui. Nous devons éviter toutes les erreurs commises par les autres mouvements rebelles en Afrique.



- Afrikarabia : Avez-vous le soutien d'autres pays ? On parle duTchad évidemment, mais aussi du Congo Brazzaville et du Soudan ?



- Nous avons le soutien politique de proches d'Idriss Déby, mais cela ne veut pas dire qu'on a le soutien personnel du président Déby. Concernant Sassou Nguesso, cela fait longtemps qu'il ne s'entendait plus avec Bozizé. Il a joué un rôle important, notamment pour demander au président Déby de ne pas intervenir militairement contre la rébellion. Quant au Soudan, c'est très clair, il n'y a aucun élément soudanais dans notre mouvement. D'ailleurs vous savez très bien que les relations ne sont pas bonnes entre le Tchad et le Soudan, ce serait donc contradictoire.

- Afrikarabia : Comment êtes-vous financé ?



- Le financement repose uniquement sur des petites cotisations entre nous.

La rébellion vit très difficilement. Les hommes font des sacrifices énormes. C'est le patriotisme qui anime nos soldats. Nous avons des problèmes pour acheter des crédits de télécommunication. On se cotise ici en Europe pour envoyer des crédits téléphoniques sur place par exemple...



- Afrikarabia : …il y a pourtant des uniformes neufs, des armes… cela ne peut pas être financé par de simples cotisations ?



- Croyez-moi, nous avons commencé cette rébellion sans aucun moyen. Le matériel et la logistique viennent uniquement de ce que nous avons récupéré aux forces armées centrafricaines (FACA). Nous n'avons pas un centimes et aucun soutien extérieur. Si nous avions de réels moyens financiers, François Bozizé serait tombé depuis longtemps. 

- Afrikarabia : Quelles seront les premières mesures que vous prendrez si vous arrivez au pouvoir ?


- Si le régime de François Bozizé tombe, je peux vous annoncer que allons organiser une période de transition de 2 ans. Et ce délai ne sera pas dépassé. A la suite de cette transition, les responsables de la rébellion devront signer un amendement et s'engager à ne pas se représenter. Avant d'organiser les élections présidentielles, les élections municipales devront être organisées. Sur le plan politique, nous allons suspendre l'actuelle constitution, mais aussi le parlement, dans lequel règne en maître le clan Bozizé. Une Assemblée constituante sera nommée. Elle devra être représentative de toutes les forces vives de la RCA. Puis, nous allons mettre en place une commission des droits de l'homme, une commission de lutte contre la corruption, une commission des biens mal acquis et une commission vérité et réconciliation. François Bozizé a déchiré ce pays. Il est actuellement en train de monter des Centrafricains contre d'autres Centrafricains. Pour terminer, nous souhaitons également garantir la sécurité de tous nos voisins. 



Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

 

Source : http://afrikarabia.blogspirit.com/apps/m/archive/2013/01/01/centrafrique-rca-l-agenda-secret-de-la-rebellion.html

 

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 19:25

 

 

 

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BANGUI 31 déc (AFP) –  Le principal opposant centrafricain, Martin Ziguélé, a douté lundi des promesses du président François Bozizé qui a proposé un gouvernement d'union nationale et de quitter son poste à la fin de son mandat alors que la rébellion menace la capitale.


"Le problème ce sont les promesses de M. Bozizé. Il fait des promesses et ne les tient pas", a déclaré à l'AFP M. Ziguélé, ancien Premier ministre, candidat malheureux contre le président Bozizé à la présidentielle en 2005 et 2011.


"En 2003 (après sa prise du pouvoir par la force), il (Bozizé) avait dit qu'il n'était pas venu pour rester et il s'est présenté (à la présidence) en 2005. Lors du DPI (Dialogue politique inclusif en 2008, rassemblant pouvoir rebelles et opposition), il a fait des promesses non tenues. Il y a un problème de crédibilité", a-t-il expliqué.


Quant au gouvernement d'union nationale proposé par le président dimanche après une médiation de l'Union africaine, M. Ziguélé estime que "le débat n'est pas là."


"L'heure n'est pas à la distribution de postes. Il faut revoir les structures de la gouvernance, il faut des solutions structurantes aux grands problèmes de gouvernance. Il faut un dialogue", a-t-il dit.


M. Ziguélé s'est aussi interrogé sur la réelle portée des gages donnés par le président: "Quelle concession a-t-il fait? Ne pas se présenter en 2016?", le terme de son second mandat. "La Constitution dit bien qu'il n'a pas le droit de le faire!", a-t-il ajouté.


Le président centrafricain a été très critiqué ces derniers mois par l'opposition qui le soupçonnait de vouloir modifier la Constitution afin de briguer un troisième mandat.


Premier ministre du président Ange-Félix Patassé lors de la prise de pouvoir du général Bozizé en 2003, M. Ziguélé s'est toujours déclaré en faveur d'un dialogue politique. Il a estimé dimanche qu'"il n'y avait pas de solution militaire" à la crise actuelle.


Les promesses de M. Bozizé ont été accueillies dimanche avec prudence par les rebelles du Séléka, désormais maîtres de la majorité du pays après une offensive éclair de trois semaines. Ils ont dit vouloir s'assurer de leur "mise en oeuvre", tout en promettant de la retenue sur le terrain.


Le 10 décembre, la coalition rebelle du Séléka a pris les armes, réclamant notamment le "respect" d'accords de paix signés entre 2007 et 2011.

 

Copyright © 2012 AFP. Tous droits réservés. 

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 19:28

 

 

 

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BANGUI, 30 déc 2012 (AFP) - Le principal opposant centrafricain, l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, estime qu'il "n'y a pas de solution militaire" à la crise de son pays dont la capitale Bangui est menacée par les rebelles, tout en accusant le président François Bozizé d'être responsable de l'émergence de cette rébellion.


"Il n'y a pas de solution militaire. Aucune armée au monde ne peut amener les gens à se tolérer. Il n'y a que le dialogue", a-t-il déclaré à l'AFP.


"Il faut que les Centrafricains décident de se parler, d'avancer ensemble. On ne peut pas mettre un soldat de la paix derrière chaque Centrafricain", a-t-il poursuivi, confirmant que l'opposition participerait aux négociations de Libreville si elles ont lieu.


"Si la guerre était une solution à ce pays, on serait au paradis", a-t-il souligné, évoquant les années de rébellions et de putschs qui ont miné la vie de ce pays de cinq millions d'habitants parmi les plus pauvres de la planète.


"Les crises récurrentes, le problème de la sécurité, de l'économie ont une cause unique: la gouvernance", a-t-il ajouté, accusant le président Bozizé, qui avait renversé en 2003 le défunt président Ange-Félix Patassé, d'être à l'origine de l'émergence des rebelles.


"Il faut que les forces politiques soient représentées à l'Assemblée nationale. 2011 a marqué le refus d'aller plus loin dans la démocratie. C'était une mascarade", a-t-il dit.

 
En 2011, M. Bozizé avait remporté une victoire écrasante à la présidentielle et l'opposition avait boycotté le deuxième tour des législatives.


"Il y a une assemblée sans opposition dans un pays où il n'y a que des problèmes. C'était clair qu'on s'acheminait vers une crise. On nous interdit de manifester. Quand vous fermez les portes à l'expression des différences, ce sont les extrêmes qui s'expriment", a ajouté M. Ziguélé.

"Nous sommes pour la négociation mais contre la prise de pouvoir par les armes", a-t-il souligné.


    M. Ziguélé a rappelé qu'il était le Premier ministre de Patassé lorsque Bozizé avait pris le pouvoir par la force: "J'ai déja vécu cette situation en 2003. Le dernier carré autour du président joue le suicide", a-t-il commenté.


Il s'est toutefois refusé à toute prévision: "Je ne sais pas ce qui va se passer et c'est ça qui est grave. La réalité sur le terrain évolue très rapidement. Ce serait de la divination! Ce que j'espère, c'est que les affrontements cessent et que les Centrafricains se parlent".

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