Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sommaire

  • : centrafrique-presse
  • : informations générales sur la république centrafricaine et l'Afrique centrale
  • Contact

Recherche

Liens

19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 15:27

 

 

 

RFI.JPG

 

Rolland-Marchal.JPG

 

Roland Marchal, chercheur au CNRS

 

RFI Invité Afrique  MARDI 19 MARS 2013 Par Nicolas Champeaux

 

La Centrafrique est de nouveau traversée par une crise. La rébellion Seleka, qui avait menacé la capitale Bangui en décembre, retient depuis ce dimanche 17 mars, cinq ministres du gouvernement et menace de reprendre les hostilités si ses revendications ne sont pas satisfaites en urgence. Une situation préoccupante qui risque de se dégrader selon Roland Marchal, ce chercheur au CNRS et spécialiste de la Centrafrique.

 

RFI : Roland Marchal Bonjour, la situation en Centrafrique se dégrade et vous êtes assez pessimiste à court terme ?

 

Roland Marchal : Je pense que les accords de Libreville signés au mois de janvier étaient incomplets, c’est-à-dire qu’il leur manque un peu des conditions additionnelles sur le fonctionnement courant de l’appareil de l’état et également une franchise beaucoup plus grande des acteurs politiques si bien qu’un certain nombre de conditions des clauses de l’accord ne peuvent être remplies aujourd’hui ou d’autres provoquent des tensions qui nous amènent à l’impasse actuelle.

 

RFI : Donc vous prenez au sérieux les menaces de la rébellion Séléka de reprendre les hostilités ?

 

RM : Très au sérieux

 

RFI : Vous ne croyez pas que la présence de 250 soldats sud-africains à Bangui va dissuader la Séléka,  ils ont été déployés en janvier à la demande du président Bozizé ?

 

RM : Alors le départ des troupes sud-africaines est l’une des conditions non remplies des accords de Libreville ; Je crois surtout qu’il faut se rappeler que les forces sud-africaines ne pourront pas intervenir dans un conflit entre Centrafricains, ce serait ruiner l’image politique de l’Afrique du Sud donc les forces sud-africaines peuvent protéger la présidence et peut-être dissuader des actions irresponsables dans Bangui certes et peut-être même c’est positif de ce point de vue-là, mais que sur le fond soit la Séléka est capable de prendre d’autres villes et de couper la route vers le Cameroun qui est quand même un axe essentiel d’un point de vue économique est menacé et que évidemment derrière cela, on a la perspective d’une crise humanitaire d’ampleur dans un pays qui a peine à attirer l’attention internationale. Donc ça risque d’être une catastrophe pour la population centrafricaine et tout cela dans une relative négligence internationale.

 

RFI : Quelle est la part de responsabilité du président Bozizé. Est-ce que cette situation le dessert vraiment ?


RM : Ecoutez je crois que l’une des ambiguïtés des accords de Libreville c’est qu’il n’est pas exactement dans la position d’un président honorifique et que rentré à Bangui après la signature des accords en janvier, il a usé de tous les pouvoirs qui lui restaient et ils sont considérables, pour se rétablir politiquement à la fois à l’intérieur du nouveau gouvernement, puisqu’il a toujours le contrôle des ministères importants ou il a des ministres délégués dans les autres ministères, et à la fois dans tout ce qui est de l’appareil de sécurité et puis également il a su jouer des divisions de ses adversaires pour largement regagner le terrain perdu. L’opposition lui reproche et avec raison donc d’une part de n’avoir pas respecté la lettre de l’accord sur la présence des troupes sud-africaines et surtout il y a une énorme inquiétude sur le statut des prisonniers politiques dont on ne sait pas aujourd’hui s’ils sont encore vivants ou s’ils auraient été exécutés dans un moment d’exaltation des soutiens du président.  

 

RFI : On reproche à la Séléka de ne pas avoir transmis la liste des détenus qu’elle souhaite voir élargis. La rébellion n’est-elle pas en partie responsable de la situation ?

 

RM : Elle est en partie responsable de la situation, d’abord dans sa désorganisation d’un point qu’on voit d’un point de vue militaire, qu’on a vue déjà dans la première phase du conflit, dans son traitement des civils et je crois aussi derrière il y a derrière ça, une forte désorganisation qui fait que eh bien les gens continuent d’être arrêtés dans Bangui et là aussi il faut remarquer que les Nations-Unies ne protestent pas et je crois que la Séléka a une aussi responsabilité pour ne pas et les lister et fournir ses listes aux médias centrafricains de façon à ce que la discussion avec le gouvernement et la présidence se passe non pas sur des dénonciations politiques mais sur le statut d’ individus disparus.

 

RFI : Est-ce que cette désorganisation déteint sur Martin Ziguélé pressenti pour représenter les mécontents et l’opposition lors de la prochaine présidentielle en 2016 ?

 

RM : Ecoutez je crois que 2016 c’est quand même très loin. Là on est dans une situation où dans deux mois la saison des pluies va commencer et disons que toutes les inquiétudes qu’on peut avoir sont dans les jours et les quelques semaines qui viennent avant la saison des pluies. Le premier ministre peut absolument rétablir son influence et son autorité. Peut-être que dans chacun des deux camps les gens qui sont les plus raisonnables peuvent faire valoir leurs arguments. Peut-être que les états de la région notamment le Congo Brazzaville qui est le médiateur et le Tchad joueront enfin le rôle qu’on attend d’eux comme facilitateur de cet accord de paix. Mais il faut aussi envoyer des messages et soutenir ce nouveau gouvernement d’union nationale mais est-ce que la France fait tout ce qu’elle peut, de ce point de vue là on peut se poser la question.

 

RFI : Paris aurait dû inviter le Premier Ministre de transition ?

RM : Ah oui je crois que non seulement il aurait dû l’inviter mais il aurait surtout dû le faire savoir. Paris est tout à fait sensible et voit ce Premier Ministre avec de la sympathie. Je crois qu’il est important que la population centrafricaine sache de ce point de vue-là ce n’est pas simplement une invitation formelle c’est aussi un message politique à son gouvernement tout entier au-delà du Premier Ministre, et puis évidemment la population centrafricaine qui entend tout et n’importe quoi sur le rôle de la France dans ce pays.

 

RFI Roland Marchal je vous remercie.

Partager cet article
Repost0
Centrafrique-Presse.com - dans Interview