DECLARATION SUR L’ANNONCE PAR LE PRESIDENT BOZIZE DE LA TENUE DU DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF
Le vendredi 7 novembre 2008, au cours d'une réunion improvisée avec les corps constitués de l'État et les représentations diplomatiques, le président Bozizé a annoncé la date de la tenue du dialogue politique inclusif en Centrafrique pour le 05 jusqu’au 15 décembre 2008, décidée unilatéralement.
Au lieu d’une recomposition du Comité d'organisation du dialogue pour une représentation juste, équilibrée et équitable de toutes les entités avec surtout un coordonnateur impartial et neutre, seul le nombre des membres a été augmenté de 15 à 19, ce qui ne règle pas le problème qui est celui de la sur-représentation et de la domination du Comité d'organisation par des personnalités ou des groupes proches du pouvoir.
Quelques jours seulement après cette annonce, la situation sécuritaire du pays qui s'était relativement stabilisée, s'est brusquement et lourdement détériorée.
Les hostilités entre plusieurs groupes de l'opposition armée et les forces gouvernementales ont repris à Sam Ouandja dans le Nord-Est, à Sido dans le Nord et à Oumba dans le Sud en violation flagrante des accords de cessez-le feu.
Les dernières embuscades meurtrières de l'un des groupes de rébellion armée opérant dans le Nord du pays ont entraîné la mort de plusieurs soldats des Forces Armées Centrafricaines.
Tout cela n’augure guère du sérieux et de la sérénité qui doivent prévaloir au cours des débats du dialogue.
Le Bureau de Coordination des signataires du Manifeste pour un dialogue politique véritablement inclusif en Centrafrique considère que la reprise des hostilités dans certaines localités du territoire national et le risque réel de leur extension dans tout le pays est le résultat des petits calculs du Gouvernement qui ne joue pas franc jeu et son refus obstiné de rechercher un vrai consensus avec toutes les parties sur les conditions d'organisation du Dialogue Politique Inclusif.
En faisant adopter une loi d’amnistie inapplicable, en privilégiant la division des forces de l'opposition civile et armée pour parvenir à leur atomisation par le choix de ses interlocuteurs, en optant pour le pourrissement de la situation sociale et militaire et en entretenant le mensonge à l'endroit de la Communauté internationale, le régime du Général Bozizé entend arriver à ses fins : caporaliser le prochain dialogue politique dans le seul but de sa ré-légitimation.
Devant cette volonté du pouvoir de faire obstacle à la tenue d'un vrai dialogue politique en Centrafrique pour le retour définitif à la paix, à la sécurité et pour que les prochaines élections générales prévues en 2010 soient réellement libres, équitables, transparentes et démocratiques ; les revendications des signataires du Manifeste du 19 octobre 2007 sont plus que jamais fondées.
Le Bureau de Coordination des signataires du Manifeste pour un Dialogue politique véritablement Inclusif en Centrafrique réitère donc ses
revendications, à savoir :
la nécessité du caractère inclusif du dialogue, sa tenue à l'extérieur du pays et dans un État neutre, non impliqué dans les conflits politique et militaire en Centrafrique, son objet visant à aborder, entre autres, la question de la légitimité du pouvoir, le caractère exécutoire et l’opposabilité de toutes les recommandations qui en seront issues à toutes les parties prenantes et une plus forte implication de la communauté internationale.
Enfin, le Bureau de Coordination des signataires du Manifeste pour un Dialogue politique véritablement Inclusif en Centrafrique exhorte toutes les organisations sociale et politique du pays, tous les citoyens épris de paix, d'esprit de fraternité et de concorde nationale ainsi que tous les amis sincères du Centrafrique à refuser un « Dialogue National » bis, destiné à maintenir coûte que coûte au pouvoir tous ceux qui ont amené le pays dans la situation chaotique où il se trouve.
Bangui et Paris, le 18 novembre 2008
Pour le Bureau de Coordination des signataires du Manifeste,
Me Nganatouwa GOUNGAYE WANFIYO
Président.