La lancinante et rampante stratégie de recolonisation et de conquête amorcée il y’a quelques années de l’Afrique et du Centrafrique par la Chine est-elle en train de passer à une vitesse supérieure ?
Le cas de la République centrafricaine est édifiant et interpelle à plusieurs égards. Les observateurs avertis n’hésitent plus à faire le parallèle entre cette stratégie venue de l’Est et celle qui a permis la colonisation de l’Afrique au début de l’ère industrielle. Il y’a un parfum du déjà vu, même si les anciens ne sont plus là pour témoigner dans un pays ou l’espérance moyenne de vie ne dépasse pas 40 ans.
Tous les ingrédients sont réunis pour que le grand rendez-vous de l’Afrique et de la Chine ait lieu dans un exercice de charme désuet.
Dons divers, construction de stades, d’écoles ou d’hôpitaux, emprunts sans conditions, promesses alléchantes. Dans un contexte de crise économique mondiale difficile, la Chine sait là où frapper en Centrafrique et elle le démontre d’une manière presque arrogante mais désintéressée dit-elle. Une manière de dire aux Centrafricains : « vous voyez de quoi nous sommes capables en si peu de temps. Avec nous, vous gagnez du temps. Ce que les autres, entendez les occidentaux ne vous ont pas fait en deux siècles de collaboration, nous pouvons vous le faire et ce gratuitement. »
Les Centrafricains sont conquis, le message est clair, ils sont conquis par tant de pragmatisme et de générosité au point que quelques uns de nos compatriotes pensent déjà sérieusement se reconvertir au confucianisme. Les gouvernants toujours opportunistes essaient de récupérer le retour de cette manne tant bien que mal pour faire oublier les affres d’une gestion aventureuse et irresponsable. Les élites et autres intellectuels en ont perdu de leur sens critique au point qu’ils attendent impatiemment les prochaines donations de la Chine pour s’en aller gaillardement et sans pudeur se rendre à l’ambassade de la Chine pour signer les protocoles d’un accord aliénant et servile.
Jamais un peuple à travers ces gouvernants que celui de la République centrafricaine et ses élites n’ont autant collaboré et participé à la recolonisation des leurs. Tous les moyens médiatiques et politiques sont mis au service de cette nouvelle reconquête, exactement comme les colons avaient autrefois utilisé et manipulé certains chefs traditionnels et coutumiers. Il ne se passe pas un jour dans les médias centrafricains où l’on ne parle des dons de la chine à la République centrafricaine. Radio Pékin n’aurait pas fait mieux. Pékin n’en espérait pas autant de cette propagande gratuite conduite par les autorités locales eux-mêmes à longueur de journée.
Confronté à un contexte mondial difficile et à une impérieuse nécessité de satisfaire ses besoins énergétiques dictées par une politique expansionniste, la Chine a besoin de la riche terre de l’Afrique et du Centrafrique.
A l’exemple
de la colonisation occidentale, la Chine emprunte les mêmes schémas. Les appellations ont changé mais le principe est resté le même, celui de
conquérir des territoires riches en matériaux de tout genre en usant de subterfuges ou des prétentions humanistes. Une fois conquis, de soumettre ses
populations afin de prendre ou confisquer ce dont la Chine a besoin. L’on se garde bien de faire dans cette démarche un transfert de technologie ou
de former du personnel d’encadrement compétent quelconque, qui pourrait plus tard susciter une velléité d’autonomie et à terme créer une situation de rivalité. Tout au plus quelques bourses
d’études accordées à quelques étudiants pour aller apprendre les rudiments du mandarin. Cela ne vous rappelle-t-il pas les fameux auxiliaires de l’administration coloniale ?
C’est ainsi que nous assistons sans aucune réaction ici et là, à la grande satisfaction de nos gouvernants à la construction gratuite des stades un peu partout en Afrique. L’objectif à court
terme est celui de mettre dans la poche et de distraire une jeunesse bourrée de potentialité qui s’ennuie. En offrant un stade, la Chine n’achète t’elle pas en même temps sa tranquillité auprès
d’une jeunesse désœuvrée et explosive ? Puisque, le centrafricain est joueur les chinois leur a offert un endroit pour jouer. Comme autrefois les colons ont compris qu’il fallait offrir des
brasseries aux autochtones pour noyer leurs ambitions, des produits manufacturiers du style casseroles, boites de conserves et autres quincailleries pour les amadouer contre des diamants, de
l’or…
Aujourd’hui, ce sont les Chinois, avec des dons sans condition politique préalable dit-on ; des téléviseurs, des ordinateurs voir des machettes, des pelles et des pioches. En fait une manière de se débarrasser à bon compte de la surproduction de son industrie dont elle ne sait quoi faire. Comme dirait l’autre une histoire de bon placement et de désintéressement n’est-ce-pas ?