http://www.leparisien.fr 30.03.2013, 12h48
Une manifestation de soutien au nouveau pouvoir centrafricain était organisée samedi matin à Bangui, aux mains des rebelles depuis une semaine et qui attendait la nomination du gouvernement dans une situation normalisée.
Entre 2.000
et 3.000 personnes ont défilé jusqu'à la place centrale de Bangui, où devaient se rendre le président auto-proclamé Michel Djotodia et le Premier ministre Nicolas
Tiangaye.
"Qui fier comme Séléka", scandaient les manifestants, de toutes confessions, qui avaient répondu à l'appel du Séléka. Des rafales étaient tirées en l'air.
"Nous avons tant souffert depuis (l'empereur) Bokassa. Nous les musulmans on n'a fait que
souffrir, maintenant le jeu est fini, nous sommes tous égaux",clame Théodore Gangui, un commerçant qui brandit une pancarte
"Game over".
Pour Gratien Elmon, étudiant chrétien de 18 ans, "c'est la joie, la
dictature est terminée, le pouvoir de la famille Bozizé est terminé, la vie va changer!".
De confession musulmane, Djotodia avait voulu rassurer certains de ses concitoyens
vendredi, en se faisant le défenseur d'un "Etat laïc": "je ne suis pas venu pour les musulmans, (...) je suis venu pour tout le monde".
Après plusieurs jours de pillages, un calme relatif est revenu dans les rues du centre de la
capitale, globalement sécurisé par les patrouilles mixtes des rebelles et des éléments de la force africaine régionale. Ce retour à la normale devrait être facilité par le week-end de
Pâques.
Situation sanitaire difficile
Selon un responsable de la Croix-Rouge centrafricaine, Albert Yomba Eyamo, 78 corps
ont été "ramassés" dans les rues de Bangui depuis la prise de la capitale par la rébellion du Séléka.
La situation sanitaire reste difficile dans certains quartiers, plus particulièrement dans les
hôpitaux, du fait des coupures d'eau courante, d'électricité, et du manque d'approvisionnement en carburant.
De nombreux ressortissants français ont quitté le pays jeudi par un vol commercial d'Air France,
même si aucune consigne d'évacuation n'a été donnée par les autorités françaises.
Sur le plan politique, les Centrafricains restaient toujours dans l'attente de la nomination d'un
nouveau gouvernement, une semaine après la fuite au Cameroun du président François Bozizé.
Reconduit mercredi par M. Djotodia, le Premier ministre Tiangaye,
qui dirigeait le gouvernement d'union nationale depuis deux mois, a promis que toutes les tendances politiques seraient représentées dans son cabinet de
"transition".
Après une première offensive du Séléka en décembre, un accord de paix avait été signé le 11 janvier
à Libreville entre le pouvoir, la rébellion et l'opposition prévoyant la formation d'un gouvernement d'union nationale.
Dénonçant la "mauvaise volonté" de Bozizé à appliquer
certaines clauses de cet accord, les rebelles avaient repris les armes il y a une dizaine de jours et entamé leur marche victorieuse sur Bangui.
Nouveau président auto-proclamé du pays, Michel Djotodia, un ancien fonctionnaire
ayant basculé en 2005 dans la rébellion, a déclaré qu'il comptait diriger la Centrafrique pendant "trois ans", jusqu'à l'organisation d'élections.
Annonçant la suspension de la Constitution et la dissolution de l'Assemblée nationale, il a précisé
qu'il allait "légiférer par ordonnances".
Il a laissé entendre vendredi qu'il ne participerait pas à la présidentielle de 2016.
"Nous allons agir selon l'esprit des accords signés à
Libreville",stipulant "que ceux qui seront à la
commande de ce pays ne vont pas se présenter à l'élection présidentielle", a-t-il affirmé.
Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC)
consacré à la Centrafrique se tiendra le 3 avril à N'Djaména, au Tchad. Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé qu'il s'y rendrait, après un hommage aux 13 soldats tués en
tentant d'empêcher les rebelles d'entrer dans Bangui dimanche.
Centrafrique: pillages à Mbaïki
RFIvendredi 29 mars 2013
Les habitants de Mbaïki, dans la préfecture de Lobaye, évoquent depuis trois jours des pillages commis par des éléments identifiés comme étant des membres de la Séléka. Le défi de la sécurité à Bangui mais également dans tout le territoire centrafricain constitue une des priorités du nouveau président autoproclamé, Michel Djotodia. Lors de sa première conférence de presse, vendredi 29 mars, il a affirmé que ses troupes de la Séléka continuaient à sécuriser Bangui, la capitale, mais aussi l’intérieur du pays.
À Mbaïki, des pillages ont eu lieu dans la préfecture, la mairie, le Trésor public, l’hôpital, les commerces et même dans les résidences privées. Joint par RFI, vendredi 29 mars dans l’après-midi, un habitant affirmait que les pillages étaient toujours en cours et dénonçait l’absence de soutien des autorités qui, selon lui, ont quitté la ville.
Face à ce climat d’insécurité, une équipe de la Séléka s’est déplacée à Mbaïki pour transférer vers Bangui quatre ressortissants français et trois ressortissants belges qui se sentaient menacés, sans toutefois savoir s'il s'agissait des éléments de la Séléka ou bien des Forces armées centrafricaines (Faca).
De leur côté, des militaires français sont, quant à eux, partis extraire une dizaine de ressortissants français dans la localité de Batalimo, également dans la Lobaye.
Le défi de la sécurité : une des priorités
Face aux pillages qui ont semé également la panique à Bangui, après la chute du président François Bozizé, et face à une situation humanitaire qui s’aggrave, le nouvel homme fort de la République centrafricaine, le chef rebelle Michel Djotodia, s’efforce de ramener l’ordre.
Michel Djotodia Président autoproclamé de la République centrafricaine.
Par Hippolyte Donossio / RFI
« Nous sommes en mesure de sécuriser tout le pays »
Lors de sa toute première conférence de presse après son coup de force de dimanche dernier, Michel Djotodia a précisé, vendredi 29 mars, que le défi de la sécurité était une des priorités affichées du nouveau pouvoir. Il a notamment affirmé que ses hommes y travaillaient, à commencer par la capitale centrafricaine mais aussi à l’intérieur du pays.
Par ailleurs, il a évoqué la possibilité de demander l’aide de la France et des Etats-Unis pour réformer l’armée.
De son côté, la Croix-Rouge centrafricaine a fourni vendredi un bilan humain, en annonçant qu’elle avait retrouvé 78 corps dans les rues de la capitale, depuis la prise de Bangui, le 24 mars. Elle a également qualifié de « catastrophique » la situation notamment des hôpitaux de Bangui qui manquent toujours d’eau courante, d’électricité en continu et bientôt de carburant.