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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 16:24

 

 

 

Bozizé Yangou

 


L’obstination de Bozizé à conserver coûte que coûte le ministère des mines dans le gouvernement Nicolas dont il continue de bloquer et retarder la parution est forcément quelque chose de suspect et plusieurs raisons peuvent l’expliquer.


La première est que grâce à sa mainmise sur ce ministère dont il a d’emblée confié les rênes à son proche parent Sylvain Ndoutingaï dès lendemain de son putsch du 15 mars 2003 – et celui-ci en demeurera le patron quasiment jusqu’à son limogeage en juillet 2012 - lui a permis de s’assurer un fulgurant enrichissement sans cause. L’homme va très rapidement se  métamorphoser. On n’a plus affaire au pauvret général qui, après son échec aux présidentielles de 2003 où il n’avait récolté qu’un ridicule 1 % de suffrages, et était réduit pendant cette traversée du désert à faire du taxi brousse pour joindre les deux bouts.


On doit maintenant  compter plutôt avec un nouveau riche qui se permet de distribuer à la volée par la fenêtre de sa voiture ou de son hélicoptère, des liasses de billets de 500 F CFA craquant et tout neufs aux badauds. D’où provient cette fortune subitement acquise ? Essentiellement de la contrepartie en dessous de table et bonus que lui et Ndoutingaï ont perçue pour la délivrance des permis miniers et autres licences d’exploitation délivrées aux bureaux d’achats et de collecteurs pour l’or, le diamant et l’uranium ainsi que pour l’exploitation des forêts centrafricaines.


Il faut ajouter à cela la véritable opération de gangstérisme d’état de novembre 2008 qui a consisté en un racket à une vaste échelle des diamantaires dans toutes les villes et zones minières que compte le pays. Un important butin en diamant et en espèces sonnantes et trébuchantes a été engrangé par Bozizé et son parent Ndoutingaï. Les diamants ont été naturellement écoulés à l’étranger et sans doute fait également l’objet de troc contre des armes de guerre dont raffole Bozizé, en Chine, en Ukraine et Afrique du Sud.


Les acquisitions immobilières qu’on attribue à Bozizé et Ndoutingaï au Burkina Faso, en Afrique du Sud, au Botswana et en France, n’ont été rendu possibles que grâce à cette manne gagnée par le biais du ministère des mines. Après la forêt, l’or, le diamant et l’uranium, les calculs à court terme de Bozizé reposent évidemment sur l’exploitation qu’il espère très prochaine du pétrole dont regorge aussi le sous-sol centrafricain tant sa partie septentrionale commune avec les gisements de Doba que dans le sud-ouest du pays. C’est aux Chinois qu’il a confié le chantier du pétrole centrafricain de Boromata-Gordil pour boucler la boucle.


Malheureusement pour lui, le déclenchement inattendu en décembre 2012 de la rébellion de Séléka de Michel Djotodia et la prise immédiate des villes situées précisément dans la zone pétrolifère, risque de compromettre ses prévisions financières alors qu’il n’arrête pas déjà de se pourlécher les babines. Sa crainte majeure à l’heure actuelle est qu’en raison de l’insécurité grandissante dans ce périmètre où travaillent les Chionis de la Chinese National Petroleum Company (CNPC), ces derniers ne puissent être contraints à plier définitivement bagage et que cette manne ne lui file sous le nez. D’où les multiples tentatives de Bozizé pour amadouer Michel Djotodia.  


La seconde raison pour laquelle il est crucial pour Bozizé de contrôler absolument le ministère des mines réside dans l’engagement qu’il a pris solennellement de ne pas se présenter à la présidentielle de 2016.  En clair, cette décision lui impose de s’en mettre les poches au maximum avant de quitter le fauteuil présidentiel faute de quoi, il risque de se retrouver à devoir faire encore du taxi brousse pour vivre, perspective si traumatisante à laquelle il n’ose plus imaginer. Pour s’en mettre plein les poches comme il le souhaite, seule l’exploitation du pétrole de la région de Birao pourrait lui permettre de le faire rapidement si les Chinois font jaillir les premiers barils.


D’où la campagne forcenée de Bozizé et ses partisans qu’il instrumentalise et manipule contre l’homme d’affaire américain Jack Grynberg et la France, injustement accusés tous les deux de financer et soutenir la rébellion de Séléka afin de compromettre l’exploitation du pétrole centrafricain. Bozizé dont le calamiteux bilan et la mauvaise gouvernance a plongé le pays dans les abysses du sous-développement, de l’extrême  pauvreté et de la misère crasse, retrouve des élans démagogiques, populistes et nationalistes avec ce thème du pétrole centrafricain autour duquel il veut rassembler le maximum des Centrafricains et faire oublier ses responsabilités et les conséquences désastreuses de sa gestion catastrophique du pays.


On le voit, le ministère des mines est pour Bozizé une véritable ruche qui permet de récolter à tout moment du miel à sucer. En perdre donc le contrôle au gouvernement est donc forcément synonyme de dèche et de perte de pouvoir. C’est cette logique et cette conception du ministère des mines qui conduisent Bozizé à refuser le projet de gouvernement que lui propose depuis plusieurs jours le Premier Ministre Tiangaye dans lequel ce portefeuille doit échoir à quelqu’un d’autre qu’un homme lige de son clan. Voilà les préoccupations réelles de Bozizé qui sont aux antipodes des problèmes du pays et des Centrafricains. Pour Bozizé, ne pas contrôler les ministères des finances et des mines reviendrait à lui couper les vivres en quelque sorte. Autant lui dire de quitter le pouvoir hic et nunc. C’est pourtant bien ce que Séléka et l’opposition démocratique lui exigeaient à Libreville avant de céder à la fin sous pression des chefs d’état de la CEEAC et signer les accords de la capitale gabonaise que Bozizé s’emploie méthodiquement à violer.  

 

La Rédaction

 

 

 

Lu pour vous  : Centrafrique : très chers diamants

http://www.lesafriques.com  28-01-2013

Les rebelles de la Séléka, qui ont envahi la RCA par le Nord, sont surveillés étroitement par le processus de Kimberly. Un éventuel classement de ces pierres précieuses dans la catégorie «diamants du sang» risque de contraindre François Bozizé à d’importantes révisions budgétaires. D’où cette pression discrète du Palais de Bangui via des réseaux de la société civile afin que le processus de Kimberly considère la situation dans toute sa dimension
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