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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 22:01

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République Centrafricaine : Tentative de coup d’Etat contre le Président BOZIZE : réalité ou manipulation ?

POUR EN PARLER : Martin ZIGUELE, président du Parti M.L.P.C. (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain), ancien Premier Ministre, à Bangui.

Un coup d’Etat est une chose sérieuse, surtout dans un pays comme la République centrafricaine. Comment avez-vous accueilli cette annonce faite ce week-end d’une tentative de coup de d’Etat par l’ancien président Ange Félix PATASSE ? Est-ce de la digression, de la manipulation ou une mauvaise plaisanterie ?

  Martin Ziguélé : Oui je pense que lorsqu’on parle de coup d’Etat, on est dans le registre de crimes c’est à dire d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Des dirigeants responsables, s’ils ont la preuve d’un coup d’Etat, ils devraient arrêter et les auteurs, et les commanditaires et surtout fournir les preuves. Je pense que ceux qui montent ce cinéma, j’appelle cela un cinéma et une fuite en avant pour justifier leur incapacité à organiser des élections consensuelles, cherchent des prétextes, des dirigeants responsables ne peuvent d’offrir un spectacle d’aussi mauvais goût parce ça fait de la mauvaise publicité pour notre pays. Voilà, moi je pense qu’il n’y a jamais eu de tentative de coup d’Etat mais les autorités veulent tout simplement noyer le poisson comme on le dit, c’est pour justifier de l’incurie à organiser des élections en trouvant ce qu’on pourrait qualifier de cas de force majeure qui les aurait obliger à ne pas travailler, qu’il y aurait des menaces sur la sécurité etc…C’est comme un enfant qui n’a pas fait son devoir et qui prétexte une maladie.

Africa n°1 : Alors justement vous êtes présent actuellement en Centrafrique, est-ce que la présence dans le pays d’Ange Félix PATASSE, de Jean Jacques DEMATOUTH, ancien ministre de la défense et de vous-même, ancien premier ministre et candidat à la présidentielle, cette triple présence n’exacerbe-t-elle pas le Président BOZIZE ?

MZ : Je vais parler de moi-même parce que je ne peux pas parler à la place des autres. Quand je suis à Bangui, je suis constamment accusé soit de distribuer des armes, soit de vouloir faire un coup d’Etat. Quand je suis en France, je suis accusé de m’entendre avec des officiels français pour faire un coup d’Etat en Centrafrique. C’est une véritable paranoïa que règne dans le pays. Je pense que le syndrome barracuda dont a parlé l’ancien Premier Ministre Ngoupandé dans son livre est réalité qui est devenue très forte aujourd’hui. Le Président Bozizé n’a jamais quitté dans sa tête son statut de militaire ; il a toujours l’état d’esprit de dire que lorsque quelqu’un n’est pas d’accord avec moi, donc il est contre moi donc il veut m’éliminer par coup d’Etat ou je ne sais quoi encore…

Je pense que tant qu’il y aura cette paranoïa, cette peur bleue, cette incapacité à vivre l’adversité, tant qu’il n’aura pas la capacité à vivre la diversité j’allais dire, à supporter la contradiction politique bref, tant qu’il ne sera pas un démocrate en seul mot, il y aura toujours des prétendus coup d’Etat qui seront dénoncés selon les occasions. Un ministre de l’intérieur, un général de division qui va dans un studio de radio et à la télévision parler de coup d’Etat et qui ne montre aucune preuve ni commencement de preuve, je pense que c’est une honte pour notre pays et il faut arrêter ça.

Le président BOZIZE a signé il y a quelques jours un décret fixant les élections présidentielles et législatives au 25 avril prochain. Quelle est votre réaction. Croyez-vous que cette date sera respectée ? Si non, pourquoi ?

MZ : Mme c’est dans le même registre de la fuite en avant, de la légèreté dans la gestion des affaires de l’Etat. Comment un dirigeant responsable peut convoquer des élections alors qu’il n’y a même pas de listes électorales. Au moment où je vous parle, Mme, il n’y a pas de listes électorales. Est ce qu’on peut aller aux élections sans listes électorales. C’est la seule question que je pose.

Africa n°1 : Mais qu’est ce que vous faites s’il maintient cette date ?

MZ : Il ne peut pas maintenir cette date puisqu’il ne peut pas avoir de listes électorales, pas distribuer de cartes d’électeurs, il ne peut pas réviser les listes électorales, il ne peut engager un processus électoral transparent, clair, avant cette date. C’est une question mathématique. Et en plus, nous sommes déjà en dehors de la période des dépôts de candidatures. Selon les dispositions du code électoral centrafricain, les candidatures aux élections législatives et présidentielles doivent être enregistrées trente jours avant le début de la campagne électorale. Nous sommes aujourd’hui le 15 mars c’est à dire ce délai a expiré depuis le 12 mars donc nous sommes dans l’illégalité la plus totale. C’est exactement la même chose pour les bureaux de vote. Il y a un chapelet d’irrégularités de ce genre. C’est de l’irresponsabilité politique due de parler pour le 25 avril. C’est impossible matériellement et irresponsable politiquement de vouloir faire croire le contraire.

Africa n° 1 : Ange Félix Patassé semble avoir été l’instigateur de ce coup d’Etat présumé. Qu’est ce que vous en pensez ?

MZ : Il a répondu je crois. Il demande les preuves. Cela me rappelle la Guinée de Sékou Touré. Devant ses échecs économiques, devant les grandes promesses de transformation de la Guinée qu’il a faites et qu’il n’a pas réussies, il a passé son temps à éliminer ses compatriotes et a préféré une paranoïa qui a détruit ce pays. C’est ce qui se passe en Centrafrique à présent. Il y a des gens qui ont pris les armes ; lui Bozizé il a pris les armes pour arriver au pouvoir, et ça c’est un fait réel. Il est en train de fêter ses anniversaires  comme aujourd’hui le 15 mars. Et c’est lui qui a pris les armes qui accuse les gens qui ne font que de l’opposition démocratique, c’est l’hommage du vice à la vertu. Il faut lui dire clairement qu’il arrête ce cinéma. C’est insupportable, c’est une imposture !

Africa n° 1 : Alors on reparle d’Ange Félix Patassé. La FIDH – Fédération Internationale des Droits de l’Homme – par la voix de sa présidente, SOUHAYR BELHASSEN, sollicite depuis le 5 novembre 2009 que la Cour pénale internationale délivre d’autres mandats d’arrêt, en plus de l’arrestation de Jean-Pierre BEMBA, contre l’ancien président de la République et chef des armées, Ange-Félix PATASSE, au pouvoir lorsque des crimes d’une extrême gravité, notamment des viols massifs, ont été commis contre la population civile en 2002/2003. Qu’en pensez-vous ?

MZ : Je pense que j’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup payé à titre personnel, pour toute cette histoire parce que j’étais Premier Ministre au moment des faits. Mais je ne sais pas si vous le savez, il y a une particularité en RCA, le Premier Ministre ne fait pas partie de la chaîne de commandement militaire. Pourtant après le coup d’Etat de 2003, j’ai été poursuivi par le régime de Bozizé jusqu’en appel au motif que j’aurais aidé en tant que Premier Ministre et responsable des finances, à l’intendance de ces troupes. J’ai été blanchi en première instance, j’ai été blanchi en appel. Et pendant la campagne des élections de 2005, Bozizé a cru devoir revenir sur cette affaire alors que lui-même était chef d’état major des armées pendants les faits et c’est lui qui est allé accueillir les troupes de Bemba au beach de l’Oubangui et a manoeuvré avec eux avant qu’ils ne repartent de l’autre côté du fleuve.

Africa n° 1 : Je vous parle d’Ange Félix Patassé. Sa responsabilité.

MZ : Oui, je parle bien de ça. Dès l’instant où le gouvernement centrafricain a saisi la justice internationale, je n’ai pas de commentaires à faire. J’attends sereinement que la justice se prononce.

Question d’un auditeur, M. Grégoire posée à MZ : M. Ziguélé qui vient de donner l’exemple de Sékou Touré mais il y a eu aussi Bokassa. Que font les militaires étrangers français et autres, sur le territoire centrafricain ? Que font-ils dans le pays ?

MZ : Oui, je me pose les mêmes questions que M. Grégoire. Lors des élections de 2005, l’un des arguments principaux de mon adversaire qui était Bozizé était de dire que moi je suis civil et que je ne peux pas assurer la paix et la sécurité en Centrafrique. Et vous voyez l’histoire a plus d’un tours dans son sac. Un an après les élections de 2005, donc depuis 2006, notre pays est entré en rébellion et au moment où je vous parle, il y a à peu près cinq mouvements de rébellion qui occupent hui préfectures sur seize alors moi aussi je me pose la question de savoir notre pays est dirigé par un général d’armée, son propre fils est ministre de la défense, son ami était chef d’état major et ministre de la sécurité publique et c’est lui le grand Raspoutine qui fait des déclarations sur les ondes pour déjouer des tentatives de coup d’Etat. Nous sommes dans une situation ubuesque où nous ne pouvons pas assurer la sécurité sur notre territoire. Et naturellement dès lors que vous ne pouvez pas assurer votre sécurité vous déléguez cette tâche à d’autres forces, qu’elles soient françaises, tchadiennes ou ougandaises ou congolaises, ou FOMAC. Mais il ne faut pas s’en prendre aux forces qui viennent vous aider. Il faut s’en prendre à nos dirigeants qui sont militaires donc es qualité, dont on attend qu’ils fassent plus que les civils mais qui malheureusement font pire que les civils. Aujourd’hui la RCA est un état virtuel. C’est pour cela que les Nations Unies ont insisté pour que nous fassions le la démobilisation, le désarmement des rebelles avant de parler d’un processus électoral digne de ce nom, parce qu’on a pas d’Etat, c’est ça la réalité.

Africa n° 1 : Martin Ziguélé, est ce que vous pensez que la France va retirer ses bases militaires en Afrique ?

MZ : A ma connaissance, le Président Sarkozy avait dit qu’il allait reformater les bases militaires en Afrique, mais je pense que c’est dans le mouvement de l’histoire que cela appartient au passé.

Africa n° 1 : Martin Ziguélé merci.

 

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