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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 08:53

 

 

Nous publions ci-dessous la réaction de Serge BOZANGA, ancien DG de SOACATEL faisant suite à la réouverture du dossier de la faillite de cette société nationale. Les syndicats du personnel de cette boîte avaient récemment pointé du doigt la mauvaise gestion des deux anciens ministres des télécommunications qu'étaient Fidèle GOUANDJIKA alias "le milliardaire de Boy-Rabe" et Thierry MALEYOMBO contre lesquels les syndicats du personnel de ladite SOCATEL avaient décidé récemment de porter plainte en justice. 

 

La Rédaction de CAP

 

 

INTROSPECTION DE LA  SOCATEL

 

Il vous est déjà arrivé cette situation, vous êtes à Bangui, dans l’arrière pays ou à l’étranger et vous n’arrivez pas à joindre votre plus proche collaborateur pour une situation importante. En décrochant un jour votre téléphone vous avez dû certainement entendre ceci : « Désolé, par suite d’encombrements nous ne pouvons donner suite à votre appel. Veuillez réessayer plus tard. »

Quelques instants après vous réessayer et toujours le même message : « Désolé, par suite d’encombrement nous ne pouvons donner suite à votre appel. Veuillez réessayer plus tard. »

Vous décidez alors d’envoyer un fax pour faire passer votre message. Mais là encore vous avez le message suivant sur votre téléphone fax : « occupé….hors service. »

Vous tentez un ultime et dernier recours en essayant d’envoyer un e-mail (courrier électronique) là c’est votre ordinateur qui vous renvoie le message suivant : « erreur de connexion » ou tout simplement « pas de connexion. » Donc pas d’internet tout simplement.

Tel est la réalité des télécommunications en République Centrafricaine.

Ayant été responsabiliser par Son Excellence, Monsieur le Président de la République Chef de l’Etat, à la tête de la direction de la SOCATEL, alors en pleine crise en Août 2008, je m’étais fais un devoir d’enrayer les dysfonctionnements techniques que je viens de décrire plus haut. Malheureusement j’ai été confronté moi même à des problèmes d’encombrements ennemis, de réseaux de personnes hostiles ou alors de connexions haineuses qui ne m’ont pas permis d’atteindre les objectifs que je m’étais fixé.

Après la disparition de l’Office Centrafricaine des Postes et Télécommunications (OCPT), la SOCATEL est née en 1989 de la fusion de la Direction Général des Télécommunications (DGT), qui gérait le réseau national et la Société Centrafricaine des Télécommunications Internationales (SOCATI) qui s’occupait des communications entrantes et sortantes au niveau international.

La nouvelle Société issu de ces deux entités allait avoir une mission de service public qui a pour objet en République Centrafricaine l’étude, l’établissement, et l’exploitation de tout système de Télécommunications nationales et internationales, radioélectriques, terrestres, spatiales ou autres selon ses textes fondateurs ( loi, décret et statuts). L’Etat concède à la SOCATEL son monopole d’installation et d’exploitation d’infrastructures de télécommunications.

La Société Centrafricaine de Télécommunications (SOCATEL) était une société d’économie mixte créée en 1990 avec un capital d’un milliard cent vingt millions de FCFA (1.120.000.000) réparti à raison de 60 % pour l’Etat centrafricain et 40% de France Câble Radio, une filiale de France Télécom.

Après le retrait en 2005, de son partenaire Français France Câbles Radio pour aller créer sa nouvelle filiale Orange Centrafrique, la SOCATEL est aujourd’hui une Société Anonyme régit par le traité de l’OHADA et dont le capital est détenu à 100% par l’Etat Centrafricain.

C’est dire que la SOCATEL peut contribuer à garantir la mobilisation des ressources pour le compte de l’Etat Centrafricain. Dans le cas où le résultat net serait bénéficiaire, l’Etat Centrafricain détenteur à 100% des actions saura comment répartir ce bénéfice.

Mais avant d’atteindre ce stade, il serait judicieux de diagnostiquer l’état réel de cette Société d’Etat des télécommunications puis de proposer des pistes de réflexion pour sa sortie de crise.

I / DIAGNOSTIC DE LA SOCATEL.

Si aujourd’hui la SOCATEL traverse une crise financière aigüe cela n’est pas seulement dû à une mauvaise gestion de ses finances. Elle a obtenu des résultats bénéficiaires entre les années 1991 et 1995.

Les facteurs à l’origine de ses difficultés financières de la SOCATEL sont tant exogènes qu’endogènes.


A / Les facteurs exogènes de la crise.

1 - Les crises militaro-politiques, reconnaissons-le, qui ont débuté en 1996 et qui connurent leurs points culminant avec le sursaut patriotique du 15 Mars 2003 ont grandement détruit le tissu économique de notre pays et la SOCATEL n’en a pas été épargnée.

Le pillage systématique des infrastructures et des installations à l’issu de ces évènements sont évalués à plus de trois milliards (3.000.000.000) de FCFA. La SOCATEL n’a nullement reçu les aides aux entreprises par les institutions financières internationales chargés d’intervenir dans les pays post-conflit.

2 – Le retrait de France Câbles Radio du capital social de la SOCATEL pour créer sa filiale Orange Centrafrique. La SOCATEL se retrouve seule à supporter le passif des 40% qui revenait à France Câbles Radio. A ce jour personne ne sait comment s’est effectué ce retrait du capital social de la SOCATEL en 2005, obligeant la SOCATEL à faire face à lourd ce passif.

3 – La perte de certains produits et services au profit de l’Agence de régulation des Télécommunications (ART). Le Service radiocom qui générait à lui seul un chiffre d’affaire annuel d’un milliard de FCFA. Il en va de même des V-SAT dont les revenus d’autorisation avoisinaient aussi le milliard par an. (Antennes internationales V-SAT KAJIMA, SOGESCA, SOCOCA, etc.).

4 – La perte du trafic des communications entrantes et sortantes dont la SOCATEL en avait la responsabilité au profit de la passerelle internationale unique, appelé communément GATEWAY Internationale. Les communications à l’internationales rapportaient à la SOCATEL au bas mot la bagatelle de trois cent millions de FCFA (300.000.000) par mois. D’abord, je vous laisse le soin de faire le calcul du manque à gagner pour la SOCATEL (3.600.000.000 FCFA) et ensuite de comprendre pourquoi les uns et les autres veulent à tous prix faire venir des sociétés étrangères pour gérer les communications internationales d’un pays souverain.

C’est ainsi que sous les pressions du Ministre de tutelle de l’époque le centre de transit de Bangui M’poko fût abandonné au profit d’une société dénommée TELSOFT GATEWAY INTERNATIONALE d’un certain Monsieur CHERMANN en 2005. Elle a exploité les communications internationales de notre pays sans être immatriculé au registre du commerce ni déclaré aux services fiscaux compétents. Finalement elle disparaîtra au profit de TELSOFT GATEWAY CENTRAFRIQUE dont elle détient encore10% du capital.

La loi 07.020 du 28 Décembre 2007 portant régulation des télécommunications en République Centrafricaine, une loi taillée sur mesure pour l’attribution de la GATEWAY à TELSOFT, renforcera cette décision Ministérielle qui plongera définitivement la situation financière de la SOCATEL dans le Gouffre.

5 – La Loi 07.020 du 28 Décembre 2007 portant régulation des télécommunications en République Centrafricaine ainsi que la Loi 07.021 fixant les taxes et redevances en matière d’établissement et/ou d’exploitation des réseaux et services des télécommunications applicables sur toute l’étendu du territoire national.

Ces Lois libéralisent totalement le secteur des télécommunications au profit des opérateurs de téléphonie mobile sans pour autant tenir compte de la SOCATEL pour la préparer financièrement et matériellement à affronter normalement la concurrence (perte de part de marché, coûts d’opportunités inexistants, réseau hors service.). La SOCATEL, Société Anonyme à 100% Etat, s’est vu imposer l’obligation de payer quatorze milliards de FCFA (14.000.000.000) pour l’obtention de sa licence.

Au vu de son objet dans ses textes fondateurs et de sa mission de service public, les deux lois susmentionnées devraient attribuer d’office la licence à la SOCATEL pour toutes ses activités de télécommunications.

6 – L’immixtion à tord ou à raison des chefs de département dans la gestion quotidienne des entreprises sous tutelle. En créant, par arrêté, divers types de comités (de surveillance, de gestion, de trésorerie etc.) ces derniers s’immiscent dans la gestion quotidienne de l’entreprise en en prenant la Présidence, empêchant du même coup les Directions Générales d’œuvrer efficacement, tout cela en violation flagrante de la Loi 08.011 portant organisation du cadre institutionnel et juridique applicable aux entreprises et offices publics.

Un audit s’avère nécessaire pour clarifier et évaluer la gestion effectuée par ces comités d’une part mais aussi vérifier la sincérité, la fiabilité et la conformité des diverses conventions signées au nom de l’Etat conformément à l’instruction Présidentielle datée du 27 juillet 2009, je cite :

« Il m’a été donné de constater que des contrats, conventions ou protocoles d’accords en matières financières sont souvent signés au non de l’Etat par certains membres du Gouvernement ou hauts cadres de l’Administration, sans autorisation préalable du conseil des ministres, créant ainsi des dettes incontrôlées pour l’Etat.

Ces actes sont de nature à remettre en cause les efforts nationaux ayant conduit à l’atteinte par notre pays du point d’achèvement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés.

En conséquence, tous les contrats, conventions et protocoles d’accord antérieurement signés sans l’avis préalable du conseil des ministres sont considérés comme nuls et non avenus, susceptibles d’engager la responsabilité personnelle et pécuniaire de leurs auteurs.

Dorénavant, toute signature de contrats, conventions ou protocoles d’accord, ayant des indices financiers sur le budget de l’Etat, est subordonné à l’accord préalable du Conseil des Ministres, sous peine de nullité et/ou des poursuites pénales ou disciplinaires. »

Fait à Bangui, le 27 juillet 2009

Le général d’Armée

François BOZIZE

Fin de citation.

7- La non commercialisation du GSM WILL de la SOCATEL, le téléphone mobile et fixe sans fil depuis son lancement officiel le 29/11/2008, ce qui a constitué un manque financier important à gagner pour la SOCATEL.

A titre de rappel, c’est à travers la coopération SINO-CENTRAFRICAINE que la société chinoise ZTE corporation a doté la SOCATEL d’un équipement moderne de la deuxième génération afin de lui permettre l’amélioration et

l'extension de son réseau et ainsi désenclaver l’arrière pays mais aussi proposer l’internet haut débit au grand public.

Ce projet, d’un montant de 40 milliard de FCFA devrait avoir la participation de l’Etat centrafricain à hauteur de 15% soit 6 milliards de FCFA et le reste avec le concours d’une banque chinoise pour la construction d’un réseau mobile GSM d’une capacité de 150.000 lignes et un autre réseau fixe sans fil de 150.000 lignes aussi au niveau du même central.

Devant les difficultés à pouvoir réunir les 15% du montant du projet, un accord commercial d’un montant de 2 milliard FCFA a été signé entre ZTE corporation et l’Etat centrafricain à travers le Ministère des Postes et Télécommunications chargé des Nouvelles Technologies, assisté par la SOCATEL, pour la réalisation d’une phase pilote commercialisable d’une capacité de 15.000 lignes qui couvrira dans un premier temps, la ville de Bangui.

La Direction Générale d’alors, que je dirigeais, fit de gros sacrifices financiers, sur fonds propres, afin de procéder à l’inauguration officielle qui eut lieu le 29/11/2008 et lancer la commercialisation de cette phase pilote.

La première tranche de trois cent quarante cinq millions de FCFA (345.000.000) subventionnée par le Gouvernement avait permis d’acheter les terminaux, les cartes Sim, de régler certaines factures d’internet ADSL à ZTE mais aussi compléter les salaires. Les coupons de changement firent l’objet de négociation avec le fournisseur à Londres.

Les subventions attendues de la part du gouvernement pour l’achat des BTS supplémentaires (4) afin de renforcer la couverture du réseau GSM dans la ville de Bangui ne sont jamais arrivées

Malheureusement la commercialisation de tous ces équipements achetés fût purement et simplement interrompue après la cessation des activités de la Direction Générale au mois d’avril 2009. Ce qui entraîna aussi un manque à gagner énorme pour la SOCATEL.

Nos partenaires Chinois de la ZTE corporation attendent toujours d’accompagner la SOCATEL dans ce grand projet de désenclavement téléphonique et de réduction de la facture numérique de notre pays. Ils font confiance au gouvernement centrafricain dans la réussite de la réalisation de ce grand projet.

8 – La perte de la filiale mobile de la SOCATEL, CENTRAFRIQUE TELECOM PLUS, au profit d’Atlantique Télécom (A-CELL) dénommée aujourd’hui MOOV Centrafrique, en 2004.

La Société CENTRAFRIQUE TELECOM PLUS avait cédé près des ¾ de ses actions à la Société Atlantique Télécom en mai 2004. Un mois plus tard les deux sociétés décidèrent de développer ensemble un partenariat stratégique autour de leur filiale commune CENTRAFRIQUE TELECOM PLUS.

Suite à un protocole d’accord signé en date du 21/06/04 pour la recapitalisation de CENTRAFRIQUE TELECOM PLUS la SOCATEL détiendra 45%. La SOCATEL aura participé à la recapitalisation de la nouvelle filiale dénommée A-CELL à hauteur de près de deux milliards huit cent millions de FCFA (2.800.000.000 FCFA)

Depuis 2008, la SOCATEL a demandé puis obtenu le droit de se retirer du capital social de MOOV CENTRAFRIQUE puis de vendre ses actions. Cette transaction se fait toujours attendre. Non seulement la SOCATEL a perdu sa filiale mais en plus elle a du mal à récupérer l’argent investi dans la recapitalisation de CENTRAFRIQUE TELECOM PLUS de l’époque.

Je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi la SOCATEL n’a-t-elle pas pu se développer efficacement malgré ses énormes potentialités et perspectives prometteuses ? J’avais vite compris que la raison étais toute simple : les intérêts égoïstes des un et des autres sont privilégiés au détriment de l’intérêt général. Tel a été le cas lors des privatisations des sociétés d’Etat et autres structures assimilées.

Analysons maintenant quelques facteurs endogènes au niveau des différentes directions liés aux difficultés financières de la SOCATEL.

B / Les facteurs endogènes de la crise.


1 – Au niveau de la Direction financière.

La mauvaise gestion qui se caractérise par des détournements de fonds, des primes et des indemnités en tous genres et à tour de bras, des surfacturations, des voyages en avions inappropriés et la mauvaise tenue de la comptabilité.
Des avances sur marchés ou des marchés intégralement payés dont les livraisons ne se sont jamais faites (porte blindé avec code).

Le non paiement des fournisseurs ainsi que le non respect des autres engagements financiers souscrits qui décrédibilisent la SOCATEL auprès de ces derniers.

Des investissements très couteux et inappropriés. (Ex. cas du logiciel de comptabilité).

Des décaissements fantaisistes sans pièces justificatifs.

Le désintéressement et la réticence des banquiers à accorder des crédits à la SOCATEL au vu des résultats des exercices comptables déficitaires et des comptes de la société régulièrement débiteurs dans leurs livres.

2 - Au niveau de la Direction Commerciale.

Le nouvel élan que j’avais impulsé au niveau de la Direction Générale au dernier trimestre 2008, avait maintenu le niveau des recettes au-delà 100 Millions de FCFA / mois malgré les pressions, manipulations et les mouvements sociaux en tous genres. Avec le lancement officiel des nouveaux produits G.S.M Will les perspectives d’avenir étaient prometteuses.

Le budget 2009, approuvé par le conseil d’Administration d’alors, viendra le confirmer avec un total prévisionnel des produits d’exploitation de sept milliards cinq cent vingt cinq millions de FCFA (7.525.000.000 FCFA) et de cinq milliards sept cent six millions deux cent soixante dix mille de FCFA pour le prévisionnel des charges d’exploitation. Ce qui aurait donné un résultat d’exploitation prévisionnel avant impôt pour l’année 2009 de un milliard huit cent dix huit millions sept cent trente mille FCFA (1.818.730.000 FCFA).

Malheureusement, la non commercialisation des produits nouveaux de la SOCATEL n’a pas pu permettre d’atteindre ces résultats escomptés.

Comme je l’avais expliqué plus haut, le blocage de la commercialisation de la phase pilote GSM WLL de ZTE, puis la baisse de l’antenne Israélienne de la société Daniel’s Investissement, qui devrait permettre à la SOCATEL d’avoir sa propre GATEWAY, de gérer ainsi le trafic à l’international et de proposer un service internet haut débit de qualité pour le grand public, n’ont pas permis à la SOCATEL d’améliorer le niveau de ses recettes.

Le faible taux de recouvrement des factures a contribué immanquablement à la chute du niveau des recettes.

C’est ici le lieu de rappeler que l’Etat est le client le plus gros consommateur des produits téléphoniques de la SOCATEL. Il représente 40 % du chiffre d’affaire soit près de deux milliards par an (2.000.000.000 FCFA).

A la fin du mois de Décembre 2008, les consommations de l’Etat atteignirent la somme d’un milliard sept cent soixante six millions de FCFA 1.766.000.000 FCFA) contre deux cent huit millions FCFA (208.000.000 FCFA) prévu dans le budget pour les consommations téléphoniques. L’Etat consomme huit (8) fois plus que ce qui est prévu dans la loi des finances. Quelle a été la consommation de l’Etat pour l’année 2009 ? La question reste posée.

Le dernier croisement des dettes ETAT / SOCATEL donnait un solde créditeur en faveur de la SOCATEL à hauteur de sept milliard de FCFA (7.000.000.000)

Plus de la moitié des mille (1000) télé centres privés sont en dérangements et ne peuvent être rétabli à cause du manque de matériels de réseaux. Ajouter à ça, les cabines et points phone détruits par la mairie de Bangui suite aux travaux de la voie publique.

Les activités de la téléphonie publique de la SOCATEL lui garantissaient des revenus annuels de plus d’un milliard de FCFA (1.000.000.000 FCFA). Aujourd’hui, vu le nombre restreint de télé centres et cabines, le chiffre d’affaire de la téléphonie publique a énormément chuté.

La nature, ayant horreur du vide, on assistera à une concurrence déloyale de la part des opérateurs de la téléphonie mobile qui développeront le système de mobile phone en lieu et place des télés centres et cabines de la SOCATEL.

La demande de dégrèvement sur le montant des factures, de plus en plus importante réclamée par les clients grands compte, les clients professionnels ainsi que les résidentiels. Ces derniers, victimes d’actes de vandalismes, pirateries et autres dysfonctionnements contestent régulièrement leurs factures.

D’autres clients, dépassés par la fréquence des dérangements dus à la vétusté du réseau, sollicitent purement et simplement la résiliation de leur abonnement.

La Direction Commerciale manque de moyens logistiques pour mener à bien ses activités. J’avais fait des efforts , en 2008, pour l’acquisition de quelques véhicules mais cela s’avère insuffisant pour la distribution de factures clients, le recouvrement des créances, le démarchage et le maintient des bonnes relations commerciales avec certains clients, les actions commerciales à mener pour des évènements promotionnels. Des projets d’achats de motos étaient en cours pour renforcer cette logistique.

3 – Au niveau de la Direction Technique.

Le manque cruel de matériel de production et de maintenance du réseau téléphonique. L’inexistence de ces différents types de câbles et matériel de réseaux dans les magasins de la SOCATEL sont un handicap sérieux pour offrir des nouvelles lignes téléphoniques aux abonnés, de rétablir les lignes en dérangements et d’améliorer l’internet haut débit par la technologie XDSL sur le réseau filaire.

Les techniciens, sur les multiples chantiers, manquent des équipements adéquats de sécurité, de petit outillage de service et un bleu de travail approprié pour accomplir leurs missions.

Les sites de provinces sont d’une vétusté criante. Les bâtiments sont en lambeaux et les installations techniques complètement dégradées. La plus part des sites de provinces sont fermés suites aux réseaux défectueux, le vol des panneaux solaires et autres installations techniques.

L’absence d’énergie pour faire fonctionner les centraux. Les groupes électrogènes utilisés pour pallier aux problèmes de délestage sont soit vétustes ou en panne. Les autres équipements nécessaires au maintient d’une bonne fonctionnalité énergétique sont aussi dans un état de délabrement avancé. Ce sont les batteries, redresseurs, modules, régulateurs et onduleurs.

Le Centre de Transit Satellitaire (CTS) de Bangui M’Poko est totalement hors service. Il permettait les communications à l’internationale et aussi avec les provinces.

Le problème de la logistique demeure préoccupant malgré les acquisitions faites par la Direction Générale d’alors pour remédier à cette situation. Le besoin se fait toujours sentir pour les déplacements sur le terrain pour les équipes de la production, de la maintenance, des officiels, de l’astreinte, du GSM ZTE et des sites de provinces.

4 – Au niveau de la Direction des Ressources humaines.

L’effectif du personnel, évalué à plus de 300 personnes, est pléthorique par rapport au niveau des activités en régression. Durant l’année 2008, la masse salariale a atteint le montant d’un milliard six cent soixante quinze millions cinq cent quatre vint mille FCFA (1.675.580.000 FCFA) pour un chiffre d’affaire de près de quatre milliards cinq cent millions de FCFA (4.500.000.000 FCFA). Le ratio masse salariale sur le chiffre d’affaire qui est de 37 % reste élevé.

La démotivation du personnel suite au manque d’outil de travail, de formation adéquate et d’encadrement hiérarchique valable. Ajouter à cela la situation inquiétante de l’entreprise, les informations concernant la privatisation de la SOCATEL sans accord social, les arriérés de salaires et les grèves à répétitions.

Outre la démotivation, s’est aussi installé au sein de la société un comportement anti social, la guerre des chefs et des intellos, le non respect de la hiérarchie, des retards chroniques par rapport à l’heure d’ouverture des bureaux, l’absentéisme sans justification valable, la baisse de rendement ou disons-le franchement la fainéantise, des arnaques auprès des clients pour les dépannages, des installations abusives sur le dos de la société, des détournements de lignes, même des plus hautes autorités, qui causent du tord tant à la société qu’à ses clients.

Comme si cela ne suffisait pas, un climat malsain, de méfiance et de désunion s’est instauré parmi le personnel de la SOCATEL favorisé par le tribalisme, le népotisme, le clientélisme ou l’appartenance ethnique et politique au détriment de la culture d’entreprise. Une lutte sans merci s’ensuit pour l’obtention et la conservation à vie des postes de directions, de services ou d’autres responsabilités au sein de la société..

Le vieillissement du personnel et le manque de formation adéquate sont préoccupants. La SOCATEL n’a pas su adapter ni son organigramme ni son accord d’établissement aux réalités que traverse la société.

Face à tout cela, il était important de prendre les mesures appropriées pour pallier à ses dysfonctionnements tant exogènes qu’endogènes. Le bilan des activités à mi-parcours témoigne de la détermination de la Direction Générale d’alors d’améliorer, de promouvoir et de réduire la fracture numérique en République centrafricaine.


BILAN DES ACTIVITES A LA SOCATEL


I / ETAT DES LIEUX

A / La Société en déliquescence.

La SOCATEL était en pleine crise à ma nomination en Août 2008. La société était endettée à hauteur de douze milliards (12) de F CFA, le personnel accumulait quatre (4) mois d’arriérés de salaire, il y avait une absence totale de stratégie commerciale, un manque cruel de matériel de production et de moyens roulant et le projet GSM WLL était bloqué.

B / DIALOGUE ET NEGOCIATION : afin de désamorcer la crise et de permettre la reprise des activités.

Visite des différents services et prise en compte des requêtes des employés.
Dialogue avec les partenaires sociaux :
Apurement des arriérés de salaires et leurs paiements réguliers.
Paiement des droits légaux des retraités.
Aboutissement du projet du GSM de la SOCATEL
Dialogue avec le Ministre de tutelle pour l’analyse des propositions à la sortie de la crise.
Assemblée Générale avec tout le personnel pour exposer les objectifs suivants :
Résolution de la crise
Relance des activités

II / OBJECTIFS DE LA DIRECTION GENERALE.

A / Résolution de la crise

1 / Paiement immédiat de deux mois de salaires et apurement mensuel des arriérés.

2 / Paiement programmé des droits légaux des retraités.

3 / Amélioration des conditions de travail :

Achat des outils et des matériels de production.
Achats des moyens de production (véhicules, motos, vélos).
Réhabilitation des locaux pour certains services (internet, garage, magasin de stockage).

4 / Régularisation des stagiaires et des intérims de longue durée.

Fin des intérims et des cumuls des postes
Signatures de contrats de travail avec les stagiaires compétents.

5 / Renouvellement des délégués du personnel et des délégués syndicaux.

6 / Réduction de la masse salariale de 50% :

La société compte 348 salariés pour une masse salariale mensuelle de 103 Millions. Les prévisions du Chiffre d’Affaire pour l’année 2008 étaient de l’ordre de 5 milliards 843 millions de F CFA. Le ratio masse salariale sur le chiffre d’affaire pour cette période est de 35% ce qui est très élevé.

Mise en chômage technique du tiers du personnel pour une durée de 6 mois renouvelable une fois.
Retraite anticipée volontaire ou négociée.
Elaboration d’un nouvel organigramme adapté à la situation de crise.
Suppression de 3 Directions, 5 divisions et de 11 Chefs de quart soit une économie de 13 millions par mois.
Mise en place d’une nouvelle équipe restreinte et compétente.
Révision de l’accord d’établissement afin de réduire certains avantages.

7 / Relecture des Lois 07.020 et 07.21 relatives à la régulation, aux taxes et redevances des télécommunications en République Centrafricaine en faveur de la SOCATEL.

B / La Relance des activités.


1 / Les actions commerciales. Les recettes mensuelles s’élèvent à 156 Millions, d’où :

Offensives commerciales : actions publicitaires, promotion sur les produits, amélioration de la relation client.
Augmentation des ventes des produits téléphoniques : cartes téléphoniques, internet haut débit, télé centres privés.
Recouvrement dynamique : client Etat près de 2 milliards par an et les autres clients grands comptes (BEAC, CEMAC, AMBASSADES etc.).
Lancement du G.S.M de la SOCATEL le 29/11/2008, prévisions des recettes G.S.M WLL 1,175milliard :
Recettes des communications en prépaiement et des télés centres (900 Millions)
Téléphone fixe et mobile (255 Millions)
Les cartes SIMS (10 Millions)
Les coupons de rechargements (10 Millions)
Installation de la Gateway de la SOCATEL, prévision 2,695 milliard/ an :
Gestion du trafic des communications à l’internationale (150 Millions/mois)
Internet très haut débit (75 Millions/ Mois)

2 / La maîtrise de la situation financière :

La société centrafricaine de télécommunication était surendettée à hauteur de 14.710.674.864 FCFA décomposé comme suit :

Dettes financières (BANQUES & INTELSAT) : 2.954.051.790 F CFA
Dettes à court terme : 11.756.623.074 F CFA
Clients avances : 206.769.002 FCFA
Fournisseurs et assimilés : 5.646.807.841 FCFA
Dettes fiscales : 6.709.455.523 F CFA
Dettes sociales : 724.428.718 F CFA
Autres dettes : 1.603.496.069 F CFA

a) Amélioration de la situation financière :

Subvention de l’ETAT pour la réalisation du G.SM : 395 Millions
Nivellement des comptes bancaires.
Augmentation de la ligne de crédit.
Obtention d’un crédit de 150 Millions auprès d’ECOBANK pour achat de véhicules.
Annulation de la dette de la BAD : 2.417.550.051 F CFA

b) Réduction des dépenses :

Fermeture des sites de provinces improductifs.
Maîtrise des frais médicaux.
Suspension des recrutements, stages, formations et intérims.
Echelonnement du paiement des dettes internes et externes.

c) Evaluation du patrimoine de la SOCATEL en vue de sa privatisation

3 / La Direction Technique :

Rétablissements des lignes en dérangements : fixe, ADSL, Télé centres.
Vérification et amélioration du réseau GSM (renforcement des BTS).
Mise en place de la Gateway avec le partenaire Daniel’s Investissement.
Projet de réhabilitation et d'extension du réseau filaire.


LE BILAN DES ACQUIS A LA SOCATEL :

Dialogue social : réduction de la masse salariale, réaménagement de l’organigramme, nominations des cadres et autres personnels compétents.

Lancement du GSM WLL

Installation de la Gateway de la SOCATEL

Relecture des lois 07.020 et 07.021 en faveur de la SOCATEL.

Confiance avec les banques commerciales de la place retrouvée.


Malgré les nombreux encombrements sur la ligne SOCATEL et un dossier à charge monté de toutes pièces contre ma gestion de cette société d’état et des auditions faites par l'Inspection Générale d'Etat je n'ai jamais été inculpé par la justice centrafricaine. Je n'ai pas été soustrait à la justice de mon pays par clientélisme. Ce n'est pas moi non plus qui fait l'objet d'une plainte des syndicats de la SOCATEL. Bien au contraire en me limogeant mes arriérés de salaires et autres avantages, qui s’élèvent à des millions de F CFA ont purement et simplement été confisqués par la SOCATEL. Mais c'étais en homme libre et digne que je circulais à Bangui pendant deux ans et que j'avais pris l'avion en 2011, et non la pirogue ou le taxi brousse, pour retrouver ma famille.


Serge Simon BOZANGA, Ancien Directeur Général de la SOCATEL, MARS 2010
 

 

Affaire SOCATEL : Contribution de l'ancien DG Serge BOZANGA
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