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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 22:53

 

 

 

Adolphe Pakoua

 

 

La question posée comme titre de cet article ne peut surprendre tout âme connaissant l’histoire de l’Afrique pendant la saison pluvieuse des indépendances de ses différents pays, et plus particulièrement la « boutade » de celui-là qui fut considéré comme un oiseau de mauvaise augure lorsqu’il pronostiquait le mauvais départ de l’Afrique, avec l’accession à l’indépendance d’une très grande partie de ses territoires. René DUMONT fut cet oiseau qui avait lancé la célèbre phrase : « L’Afrique est mal partie. »

 

Sorti  des ténèbres de la colonisation à la suite de la lutte acharnée d’un de ses fils, celui-là même qui sera reconnu après sa mort accidentelle survenue le 29 mars 1959 comme père de la nation centrafricaine, le CENTRAFRIQUE a du mal à sortir de sa torpeur. Pendant la courte période de son existence qui lui avait permis de mener la lutte vers la liberté pour son peuple, Boganda a laissé à son pays,  un héritage qu’aucun de ses successeurs n’a pu se flatter d’avoir égalé ou surpassé. Nul  besoin de rappeler à la mémoire de chacun quels furent  ces différents successeurs et quel fut le palmarès de chacun d’eux. Aujourd’hui, les centrafricains restent divisés. Divisés à cause d’un fanatisme aveugle dont ils ont le plus grand mal à se sortir.

 

Nombreux sont les fanatiques de feu président Kolingba qui ont du mal à accepter les erreurs commises lors de la gouvernance de celui qui fut leur idole. Nombreux sont les fanatiques de feu président Patassé qui ont du mal à admettre les erreurs commises lors de la gouvernance de ce dernier. Nombreux sont les fanatiques du dernier président déchu François Bozizé qui ont et auront à leur tour beaucoup de mal à admettre les erreurs de gouvernance de ce dernier.

 

Est-ce parce que ces fanatiques étaient de la même tribu que ces différents présidents ? Est-ce parce qu’ils ont tiré grand profit des systèmes de gouvernance mis en place par ces différents leaders qu’ils ont été et qu’ils sont incapables de voir la réalité en face ? Et la réalité aujourd’hui, c’est que tout le monde s’accorde à se poser la question de savoir si le CENTRAFRIQUE serait dirigé de l’extérieur. Et si tel était le cas, ce serait admettre le fait que les Centrafricains ne seraient pas capables d’administrer leur pays et de gérer eux-mêmes leurs affaires internes. Triste constat, constat difficile à admettre et pourtant évident. 

 

Le 24 mars 2013, la Seleka faisait son entrée à Bangui, provoquant la désertion de son poste du président Bozizé, cela après de multiples tentatives de la part des partis de l’opposition démocratique, pour restaurer un climat de paix et de confiance dans la gestion du pays. Malheureusement, il fallait s’en remettre à l’évidence et reconnaître le coup de force de la Seleka comme un véritable coup d’Etat. Ce n’est pas le premier du genre. Le CENTRAFRIQUE en est habitué au point de ne plus rien connaître de démocratique en ce qui concerne l’accession à la Magistrature Suprême. Il suffit d’avoir une arme bien sophistiquée pour être sûr de s’asseoir un jour dans le fauteuil présidentiel ; qu’on ait un programme de développement ou pas pour le pays. L’essentiel est d’arriver à ses fins, tant pis pour la nation et son peuple.

 

L’action de la Seleka doit d’abord interpeller la Seleka elle-même pour constater que ce pays ne mérite pas le sort qu’on lui a réservé jusqu’ici et qu’une action en profondeur de l’éducation du peuple, de l’organisation administrative et de la protection du territoire doit être menée pour changer les comportements et ouvrir un horizon paisible et prospère à la communauté dans tout son ensemble. Ce travail ne peut pas se faire sur une courte période comme celle prévue pour une transition.

 

La tournure prise dans l’évolution politique du CENTRAFRIQUE après les accords de Libreville doit interpeller les partis politiques d’opposition démocratique. La transition politique de trois années reconnue dans les accords de Libreville pour permettre à Bozizé de terminer son mandat est caduque dans la mesure où le siège de président qui revenait à Bozizé a été abandonné par le titulaire. Ce qui soulève deux hypothèses : soit le premier ministre de la transition reconnu par les accords de Libreville conduit la transition jusqu’à  son terme, avec l’organisation d’élections présidentielle et législatives justes et transparentes ; soit on désigne de commun accord (Seleka et opposition démocratique) une autorité consensuelle chargée de mener cette transition jusqu’aux différentes élections prévues.

 

Accepter l’auto-proclamation du chef de la Seleka comme président de la République c’est reconnaître la réalité d’un coup d’Etat avec bien évidemment les conséquences politiques qui en découlent et qui sont bien loin de traduire l’esprit des accords de Libreville. Les Centrafricains doivent savoir à quel repas ils vont être conviés pour ne pas se retrouver encore à voir des cadavres derrière leurs maisons, le long de leurs routes et dans leurs champs.

 

Il appartient aux partis politiques d’expression démocratique et aux dirigeants de la Seleka de savoir que le peuple Centrafricain a trop souffert et qu’il est fatigué. On ne doit plus reprendre, en dépit de la démocratie, les vers qui ont pourris les grains de maïs pour ensemencer un champ avec des grains pourris. Des Centrafricains ont aidé des pouvoirs à tuer d’autres Centrafricains. Ils se sont enrichis pendant que leurs sœurs et leurs frères Centrafricains mouraient sans être soignés. Ils prétendent revenir aux responsabilités en leurrant le peuple avec de faux costumes.


Les Centrafricains ont compris ça depuis. Même s’ils ont parfois réagi à travers leur indifférence et leur humour, c’était le cœur serré. En n’ayant pas compris cela, les dirigeants qui ont présidé aux responsabilités de ce pays, se sont tous trompés et ont fini par fuir les palais qui furent naguère les lieux de leurs réjouissances, sans se soucier comme ils l’avaient toujours fait, du misérable peuple CENTRAFRICAIN.

 

Au moment où nous reprenons ce billet que nous avons commencé avant la composition du nouveau gouvernement d’union nationale, nous apprenons que les partis de l’opposition démocratique au pouvoir de BOZIZE s’abstiennent de prendre part au gouvernement, compte tenu de la manière dont celui-ci a été composé puis diffusé.

 

L’on voit bien que la même démarche qu’avait prise BOZIZE pour composer son dernier gouvernement a inspiré les dirigeants de la SELEKA pour composer le leur.  Tout le comme le PREMIER MINISTRE  de la transition reconnu internationalement n’a pas eu de réaction ferme par rapport à l’attitude de BOZIZE, là encore il laisse passer une occasion où il aurait affirmé son autorité, avant même que le chef de la SELEKA ne s’autoproclame Président de la République.

 

A croire qu’en CENTRAFRIQUE, les PREMIERS MINISTRES sont des hommes de paille, qui ne doivent même pas broncher devant tous les dérapages. L’exemple du précédent PREMIER MINISTRE est encore vivace dans l’esprit de chacun.

 

« L’Afrique a besoin d’institutions fortes », disait  B. OBAMA. Le CENTRAFRIQUE a besoin d’hommes forts, pas forts dans l’usage de la force des armes, mais forts dans les idées, les convictions et les actions pour la mise en place d’une politique de développement réel.

 

Il ne suffit pas de composer un gouvernement saupoudré de quelques individus couvrant l’éventail régional du CENTRAFRIQUE pour croire qu’on mène une action réelle d’équilibre politique. Il ne suffit pas de composer un gouvernement pléthorique pour satisfaire les intérêts des uns et des autres pour se convaincre de mener une politique juste.

 

La politique juste, c’est de tenir compte des réalités du pays, d’avoir des idées claires et des objectifs bien précis et de s’entourer d’une équipe d’hommes valables, capables de conjuguer leurs forces vers les buts fixés. Cette politique permettra au peuple centrafricain de respirer enfin, de vraiment se sentir bien chez lui.


Malheureusement des exactions sont encore commises sur le peuple, les partis politiques manifestent déjà leur mécontentement, car l’évidence voudrait qu’une période de transition soit une réelle période de transition, courte mais efficace pour mener à terme les missions d’une transition. Et pour cela, un gouvernement de transition doit se passer de satisfaire les intérêts des uns et des autres pour ne se concentrer qu’à ses missions, qui ne sont pas celles d’un gouvernement mandaté par le peuple, un gouvernement élu pour appliquer la politique qui lui a valu le mandat du peuple.

 

Le changement est mal parti, il appartient aux chefs de la SELEKA de corriger la trajectoire, aux partis politiques de savoir qu’ils ont du pain sur la planche, un pain qu’il ne convient pas de percevoir au bout de son nez, mais qui nécessite une perspicacité et une clairvoyance politiques nécessaires si l’on ne veut pas continuer à voir le CENTRAFRIQUE poursuivre son « irrésistible » descente aux enfers.


 

ADOLPHE PAKOUA

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