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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 22:27





Source:
Aide Médicale Internationale (AMI)  Date: 25 Jun 2008


Depuis avril 2007, Aide Médicale Internationale (AMI) a mis en œuvre deux projets dans la préfecture de Bamingui Bangoran, au nord de la RCA afin de rétablir l'accès des populations aux soins de santé primaire et l'accès à l'information sur le VIH/SIDA. Sylvain Rouaud, responsable de projet pour AMI rappelle la situation sanitaire de la préfecture et revient en détail sur les activités en cours et les perspectives des équipes sur place.

 

Quelles sont les activités qu'Aide Médicale Internationale met en œuvre à N'Délé ?

 

Dans le Bamingui Bangoran, au nord de la RCA, AMI mène deux projets. L'un a pour objectif de rétablir l'accès aux soins de santé primaire, l'autre de permettre l'accès à l'information sur le VIH/SIDA.

Depuis fin 2007, AMI soutient l'hôpital préfectoral de N'Délé en soins de santé primaire, et appuie 15 maternités et centre PEV (programme élargi de vaccination) dans le cadre de la relance de la vaccination de routine et la réduction de la mortalité et morbidité materno-infantile.

 

En matière de VIH/SIDA, il importe de savoir que dans la préfecture du Bamingui Bangoran, la prévalence du VIH a atteint le taux alarmant de 10,7 %. Ce taux est estimé à 15,1% pour les femmes (enquête à indicateurs multiples MICS 2006). Par ailleurs, aucune structure d'accueil, de dépistage ou de prise en charge des personnes affectées n'est fonctionnelle sur le territoire de la préfecture. C'est dans ce contexte, qu'AMI a réalisé, en partenariat avec le CNLS (Comité National de Lutte contre le VIH/SIDA) et l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population), un diagnostic de l'état des connaissances, comportements et des réponses locales à la maladie. À la suite de cette étude, un projet de sensibilisation sur la problématique du VIH SIDA, destiné principalement aux jeunes et aux femmes du Bamingui Bangoran, a été initié au début de l'année 2008 auprès des habitants de 10 villages et de la ville de Ndélé

 

Dans le cadre de ce projet, AMI renforce les capacités des agents socio-sanitaires, matrones et infirmiers de trois centres de santé (CS) et de huit postes de santé (PS). Une attention particulière est portée à la transmission parent-enfant (PTPE). AMI a également procédé à la formation et à la sensibilisation des membres des comités de gestion (COGES) de cette même zone d'activité qui sont en charge de la gestion sanitaire des populations. Les membres de ces COGES peuvent ainsi jouer le rôle de relais d'information au sein de chaque village ciblé.

 

En dernier lieu, les capacités des pairs éducateurs des dix villages ciblés et de Ndélé, identifiés au sein des associations actives dans la lutte contre le VIH/SIDA, ont été renforcées. Ceci doit leur permettre de sensibiliser et d'appuyer les jeunes et les femmes en matière de prévention du VIH/SIDA. Dans ce cadre, AMI a doté ces organismes en matériels didactiques et en préservatifs.

L'ensemble de ce projet se déroule jusqu'à la fin juin 2008. AMI souhaite pouvoir assurer l'indispensable continuum des activités entreprises, et ce de manière beaucoup plus large en touchant l'ensemble de la préfecture. Nous avons déposé des projets en ce sens.

 

Comment évaluez vous les activités entreprises par AMI auprès de l'hôpital de N'Délé ?

 

À notre arrivée à N'Délé, la fréquentation de l'hôpital était quasi nulle. Ceci était majoritairement dû aux circonstances sécuritaires qui avaient contraint une partie de la population à se réfugier dans la brousse, et à l'impossibilité de la population de participer financièrement au système de recouvrement des coûts. En raison de cette situation, la population avait essentiellement recours à la médecine traditionnelle.

 

Dans ces conditions, le regain de fréquentation de l'hôpital est un premier élément d'évaluation de notre action. Actuellement, la population fréquente de nouveau l'hôpital et ce de manière importante (on comptabilise environ 800 consultations par mois, soit 7 fois plus qu'avant l'appui d'AMI). La nouvelle organisation de l'hôpital et la gratuité des médicaments ont permis de rétablir l'accès à des soins de santé primaire de qualité. Un véritable lien de confiance entre la population et le système de santé a été rétabli.

 

Toutefois, des difficultés, sur lesquelles AMI travaille, persistent. Ces difficultés sont :

- le faible niveau de formation des agents de santé, qui sont pour la plupart des infirmiers secouristes. Grâce à une action de plaidoyer importante auprès du ministère de la Santé, sept professionnels qualifiés, dont un médecin directeur de l'hôpital, ont été affectés à la préfecture du Bamingui Bangoran. Ceci reste encore insuffisant, mais permet de renouveler le personnel parti à la retraite. Parallèlement, les formations et supervisions organisées permettent d'actualiser le niveau de connaissance des agents de santé.

 

- des difficultés sanitaires telles que l'accès à l'eau persistent au niveau de l'hôpital. AMI, en collaboration avec l'ONG Solidarités, s'est fixé comme priorité l'amélioration de cette situation.

 

- le niveau d'équipement de l'hôpital. Celui-ci nécessite d'être réhabilité durablement et d'être davantage équipé.

 

- l'absence de services de dépistage et de traitement des personnes affectées par le VIH/SIDA

L'identification de ces difficultés permettra à l'avenir de lutter plus efficacement contre. À titre d'exemple, AMI met fortement l'accent sur la formation. L'objectif est de redynamiser le système de santé en l'accompagnant à chaque étape (urgence, transition, développement). Aujourd'hui, il reste beaucoup à faire, mais la collaboration avec la préfecture sanitaire permet réellement d'avancer et de progresser ensemble.

 

Comment l'action d'AMI s'inscrit-elle dans la réalité du territoire de N'Délé et des besoins des populations ?

 

AMI est une ONG spécialisée dans le domaine médical. Bien évidemment, pour atteindre une efficacité optimale, ses actions doivent être complétées par d'autres activités touchant à l'assainissement, à l'hygiène ou encore à la sécurité alimentaire, axes de travail qui sont tous inéluctablement rattachés au domaine sanitaire. Une récente coopération, entreprise avec l'ONG Solidarités s'inscrit dans ce sens pour le Bamingui Bangoran.

Suivant une même volonté d'initier des coopérations, AMI a réalisé un travail de plaidoyer en direction d'ONG spécialisées dans le domaine de la réfection des routes et des ouvrages. En effet, la préfecture souffre d'un véritable enclavement notamment dû au mauvais état des infrastructures routières.

 

Quelle est l'incidence des conditions sécuritaires sur la conduite de vos activités ?

 

L'aspect sécuritaire est un élément important dans la réalisation des activités d'AMI. La stratégie des projets mis en œuvre, qui met en exergue la formation et l'accompagnement par le biais des supervisions réalisées sur le terrain, au sein même des villages, implique un grand nombre de déplacements. À l'heure actuelle, les activités des braconniers, et plus récemment de coupeurs de route, posent problème et handicapent fortement les activités.

 

Ainsi, l'accès à certains villages très enclavés se révèle parfois impossible, privant la population de soins, d'information ou de matériel nécessaire à leur prise en charge.

Cela étant, et bien que l'intervention d'AMI dans les villages périphériques demande à être intensifiée (ce à quoi nous nous employons activement), l'action conjointe d'AMI et des autorités sanitaires dans le Bamingui Bangoran est efficace. La population a effectivement de plus en plus accès à des soins de santé primaire de qualité.

 

NB : ce texte a été rédigé sur la base d'une interview menée par et pour le bulletin d'information de HDPT-CAR (Humanitarian and Development Partnership Team – Central African Republic).

 

 

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