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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 13:31

 

 

 

 

Le Monde.fr | 10.10.2014 à 12h20 • Mis à jour le 10.10.2014 à 12h31 |Par Cyril Bensimon

 

La nouvelle Mission des Nations unies en République centrafricaine (Minusca) vient de connaître son baptême du feu à Bangui et de subir sa première perte. Jeudi 9 octobre, un officier pakistanais a été tué et huit autres casques bleus blessés dans une embuscade. Depuis mercredi, la capitale de la Centrafrique est en ébullition, secouée par des rafales d’armes automatiques et parsemée de barricades qui interdisent toute circulation. Pour échapper à ce regain de violence, certains habitants ont repris le chemin du camp de déplacés jouxtant l’aéroport ou celui des églises qui, au plus fort de la crise, abritaient des dizaines de milliers de malheureux.

 

Tout a commencé mardi, lorsqu’un combattant de l’ex-Séléka a été lynché par des miliciens anti-balaka dans le quartier de Gobongo. Sa dépouille a été ramenée le lendemain dans le quartier du PK5, où sont concentrés les derniers musulmans de Bangui. Un vent de colère a aussitôt traversé la communauté islamique. Un chauffeur de taxi et son passager ont été tués en représailles. Une manifestation a pris la direction du siège de la Minusca. Des boutiques ont été saccagées, des maisons brûlées.

 

Sur le chemin du retour, les protestataires, qui pour certains étaient armés, se sont affrontés à d’autres hommes en arme. Les tirs ont retenti jusque dans la soirée avant de reprendre jeudi matin et de se poursuivre avec des degrés d’intensité variables tout au long de la journée. Plusieurs témoins disent avoir vu des anti-balaka circuler à moto l’arme au poing, imposant à tous une journée ville morte. Jeudi soir, la peur régnait sur le PK5. « Nous craignons de subir une offensive. Il y a des rumeurs d’arrivées d’anti-balaka venant de la province », s’inquiète Abdouramane Saoudi, dont les propos sont ponctués par des tirs d’intimidation des miliciens du quartier.

 

DÉPLOIEMENT DES FORCES INTERNATIONALES

 

Plusieurs sources évoquent un bilan des affrontements allant de sept à douze morts, mais la Croix-Rouge centrafricaine se disait, jeudi soir, dans l’impossibilité de donner le moindre chiffre. « Nos équipes ont été prises à partie. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas circuler et ramasser les corps des victimes et les blessés », déplore son président, Antoine Mbao Bogo. Parmi les victimes, un commerçant sénégalais a été affreusement mutilé.

 

Pour contenir cette flambée de violence, les forces internationales (casques bleus, soldats européens de l’Eufor et militaires français de Sangaris) ont été déployées dans Bangui, avec pour stratégie, selon une source militaire étrangère, d’« empêcher une jonction des différents groupes anti-balaka et des actions de représailles lancées depuis le PK5 ». Les forces de police de l’ONU ont fait usage de gaz lacrymogènes, mais les militaires n’ont pas hésité à user de leurs armes.

 

Ces nouveaux affrontements interviennent dans un contexte politique délétère, marqué par la polémique de l’« Angolagate », un don de 10 millions de dollars (7,9 millions d’euros) offert par Luanda, dont le quart du montant n’a jamais rejoint les caisses de l’Etat. La présidente de transition, Catherine Samba-Panza, s’est défendue de toute malversation et a menacé de révéler « la longue liste des bénéficiaires », mais le mal est fait. Le venin de la suspicion s’est répandu dans les esprits et profite à tous ceux qui espèrent un changement de régime. 

 

En début de semaine, le coordonnateur des anti-balaka, Patrice-Edouard Ngaïssona, a réclamé la démission de Mme Samba-Panza. Jeudi soir, son meilleur ennemi, le général Joseph Zoundeïko, le chef d’état-major des ex-Séléka, a repris cette demande en estimant que « depuis dix mois, la  dame” s’est montrée incapable de ramener la paix ». Désavouée par les groupes armés, Mme Samba-Panza est également en conflit ouvert avec le deuxième personnage de l’Etat, le président du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif intérimaire. Sous pression de milices qui ne veulent pas perdre leur influence et leurs prébendes, de politiques aux intérêts convergents, le pouvoir a dénoncé, jeudi, par la voix du premier ministre, Mahamat Kamoun, un  « grand complot contre le peuple centrafricain ».

 

Cyril Bensimon 


Journaliste au Monde

Lu pour vous : Centrafrique : la peur règne sur le PK5, quartier des derniers musulmans de Bangui
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