
Guinée: près de 60 tués après un rassemblement de l'opposition
Au moins 58 personnes ont été tuées dans la capitale guinéenne Conakry après un grand rassemblement de l'opposition réprimé par les forces de l'ordre, a-t-on appris de sources médicales. L'armée tenterait de "dissimuler" les corps des victimes.
Selon un membre de la Croix-Rouge, "les dirigeants de l'armée ont demandé que tous les cadavres collectés soient apportés au camp (militaire Alpha Yaya Diallo, siège de la junte, ndlr) et non pas dans les morgues". Pour cet humanitaire, il y a "une volonté de dissimuler les corps des victimes" de la répression.
Dans un autre établissement sanitaire de Conakry, l'hôpital Ignace Deen, une source médicale avait auparavant assuré qu'un camion militaire était venu pour ramasser des "dizaines de corps", emmenés vers "une destination inconnue".
(ats / 28 septembre 2009 19:49)
PARIS - La France a condamné lundi "avec la plus grande fermeté" la "répression violente" exercée par l'armée guinéenne au cours d'une manifestation pacifique à Conakry, et appelé les militaires à réaffirmer leur volonté de rendre le pouvoir aux civils.
"Si l'on ne veut pas que la situation dégénère, cela nécessite que soit réaffirmée par les militaires leur volonté de rendre le pouvoir aux civils le plus rapidement possible en organisant les élections et en n'y participant pas", a déclaré le secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie Alain Joyandet à l'AFP.
"La France condamne avec la plus grande fermeté la répression violente exercée par l'armée contre les forces vives de Guinée au cours d'une manifestation pacifique organisée à Conakry", selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères.
Le quai d'Orsay a relevé que "cette répression sanglante aurait fait plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants" et que "plusieurs responsables de l'opposition et de la société civile auraient été blessés".
La France appelle "à la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées au cours de cette manifestation".
Paris "consulte ses partenaires au sein de l'Union européenne et du Groupe international de contact sur la Guinée afin d'"étudier les conséquences à tirer rapidement de ces événements", a conclu le Quai d'Orsay.
(©AFP / 28 septembre 2009 19h52)
Guinée: Washington "inquiet" appelle la junte au pouvoir à la modération
WASHINGTON - Les Etats-Unis sont "profondément inquiets" des violences survenues lundi en Guinée et appellent la junte au pouvoir à faire preuve de modération, a indiqué un responsable du département d'Etat.
"Nous sommes avant tout profondément inquiets (...) nous demandons instamment au gouvernement guinéen de faire preuve de modération et d'assurer la sécurité des Guinéens et des étrangers", a déclaré à l'AFP un diplomate américain ne souhaitant pas être cité nommément.
"Nous appelons aussi les autorités à conduire une enquête crédible et, si les faits l'exigent, à punir les responsables de cet usage excessif de la force", a-t-il poursuivi.
"Finalement, nous appelons la junte à tenir sa promesse d'organiser dans le délai prévu des élections libres, justes et transparentes, auxquelles ne participera aucun membre de la junte", a conclu ce responsable américain.
Au moins cinquante-huit personnes hostiles à la junte au pouvoir en Guinée ont été tuées par balles lundi, selon une source médicale, et deux chefs de l'opposition blessés lors d'une sanglante répression par les forces de l'ordre d'une manifestation à Conakry.
Ces violences interviennent au moment où la communauté internationale fait pression sur le chef des putschistes, au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre 2008, pour qu'il respecte ses engagements de ne pas se présenter à l'élection et de laisser le pouvoir aux civils.
C'est la première fois que la junte militaire réprime dans le sang une manifestation d'opposants, depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf mois.
(©AFP / 28 septembre 2009 22h54)
Guinée: "je n'ai pas pris cette nation pour un affrontement"
DAKAR - Le capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête de la Guinée depuis neuf mois, a affirmé lundi qu'il n'avait pas pris le pouvoir pour aboutir "à un affrontement", après la répression sanglante de manifestations d'opposants ayant fait au moins 58 morts.
"Je voulais sortir pour aller (sur le terrain), tellement que j'étais vraiment écoeuré quand on m'a informé", a-t-il déclaré dans une interview accordée à la radio sénégalaise RFM.
"J'ai dit que je vais aller (sur le terrain) si effectivement les gens... je préfère alors mourir, parce que je n'ai pas pris cette Nation pour un affrontement", a dit le chef de la junte, qui s'exprimait d'une façon décousue et confuse, sans finir la plupart de ses phrases.
Sans pouvoir confirmer le bilan de 9 morts alors avancé par RFM, le capitaine a semblé dépassé par les évènements: "A un certain moment donné, j'ai demandé à aller sur le terrain pour voir ce qui s'est passé, mais les gens m'ont dit de rester et qu'ils sont en train de faire le point de la situation".
"Le matin, vers 10H00 (locales et GMT), je me réveille, j'apprends qu'il y a des gens qui sont en train d'aller vers le stade en masse (...) Ils ont défoncé le portail du stade du 28-septembre, ils ont saccagé le commissariat de police où ils ont pris même certaines armes" a-t-il dit.
"Les leaders (de l'opposition) sont tous partis pour le stade (...) Ils (les manifestants) ont saccagé, il n'y avait plus d'ordre (...) J'ai dit de ne rien faire à ces leaders, que je ne voudrais pas qu'il y ait une goutte de sang", a assuré le chef de la junte.
Un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers d'opposants, que la junte avait interdit, a été réprimé lundi dans le sang par les forces de l'ordre, dans le plus grand stade de Conakry.
Au moins 58 manifestants ont été tués par balles, selon une source hospitalière, et deux dirigeants de l'opposition blessés par les militaires.
La foule de manifestants exprimait notamment son opposition à une éventuelle candidature du capitaine Dadis Camara à la présidentielle prévue en janvier.
Le chef de la junte a jugé de son côté que le "seul problème, c'est le simple fait qu'une bonne partie de la population demande ma candidature: ça ne met pas à l'aise les leaders (de l'opposition) et c'est ce qui fait qu'ils ont coupé le dialogue".
"Ils disent que le président Dadis ne doit pas être candidat (...) mais je ne me suis même pas encore officiellement déclaré candidat" a-t-il insisté.
Ces derniers mois, le capitaine Dadis Camara soulignait sans cesse que l'armée avait pris le pouvoir "sans effusion de sang", le 23 décembre 2008, au lendemain du décès du président Lansana Conté qui régnait sans partage sur le pays depuis 1984.
(©AFP / 28 septembre 2009 21h50)